[Lieu-dit] Les ruelles interlopes du port

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

Berelda fut troublée par le changement d’attitude de son client. Elle le toisa avec une égale intensité, tout en gardant ses distances. Après un bref instant, elle sembla retrouver son calme qui peut-être n’était que de façade. N’en demeurait pas moins qu’elle s’adossa au mur, croisa les bras et répondit avec un rien d’agacement.

« Aucun, mais va droit au but. »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

La partie n'était pas gagnée, mais la rousse n'était pas directement hostile. Cependant, elle ne manifestait pas un grand enthousiasme face à cet inattendu. Elle ne devait pas s'être imaginé discuter avec un "client" en montant dans cette chambre.

Kededric prit le parti de mettre toutes les chances de son côté. Il ne souhaitait pas l'interroger dans la douleur pendant des heures, car il avait laissé Rowan en plan depuis un temps qui lui paraissait bien long désormais, et qu'il ne voulait pas devoir s'en aller rapidement en laissant un autre cadavre dans son sillage. D'autant que la femme pouvait bien être autre chose qu'elle voulait le laisser croire...

Kededric ---> charme-personne ---> la femme rousse

Avec un peu de chance, elle se montrerait plus coopérative et il pourrait en savoir un peu plus sans la brutaliser verbalement ou physiquement. Et même, elle ne parviendrait pas à se faire à l'idée que répondre à une ou deux questions indiscrètes pouvait lui causer quelque tort que ce fût. Kededric n'attendit pas de savoir si l'enchantement avait fonctionné. Si ce n'était pas le cas, tant pis... pour elle.

"J'ai une simple question. Pourquoi scrutiez-vous de façon si attentive le vaisseau nommé la "Dame Rouge" ?" Il souriait moins. Mais son ton demeurait agréable à l'oreille. Il s'en voudrait de brusquer sa cible...

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

L’enchantement sembla fonctionner car l’attitude de Berelda se modifia aussitôt. Elle sembla bien plus cordiale. Et d’ailleurs, elle ne fit aucune difficulté pour répondre à la question qu’on lui posait.

« Mon amant, Jack Gibet, je ne sais pas si vous le connaissez, a été emmené là-bas. Gertrude l’a vu accompagné d’un capitaine, elle me l’a dit. Il fallait que je vérifie, surtout que Jack m’a quelque fois parlé de son ancien patron, Gred de Gricieux, pas un tendre celui-là. Enfin bref. Je crois que c’était lui le capitaine. Alors je suis inquiète pour Jack. Il a plein de soucis en ce moment. »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Aie. Une histoire d'amour pour corser le tout ? C'était l'un des rares éléments manquant à l'affaire... ne manquait plus qu'un trésor caché et inconnu de tous pour parfaire le tableau. Kededric nota soigneusement l'information dans sa tête, et rebondit sur la dernière phrase de la rousse.

"Des ennuis ? Ciel ! J'espère qu'il n'a pas besoin d'aide... mais si tel était le cas, je me ferais une joie de l'aider. Vous comprenez, j'ai pour habitude de venir au secours de ceux qui sont dans le besoin."

Un mensonge éhonté ? Ou une semi-vérité ? Il aidait parfois les autres... à condition d'y trouver son propre intérêt, bien entendu. Or, sauver Jack Gibet d'ennuis pourrait lui permettre d'obtenir sa sympathie et, pourquoi pas, des renseignements concernant le domaine de Blancbouillon. Cela lui permettrait de se faire un éventuel allié pour la suite...

"Si vous le souhaitez, nous pourrions nous y rendre tous les deux...", ajouta-t-il malicieusement.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

« Ho, c’est très gentil à vous. Mais je doute qu’à nous deux, on puisse faire quoi que ce soit. C’est pas faute de le vouloir, mais le navire est si grand et il y a tant de monde à bord ! Et puis, le capitaine Griscieux est redoutable ! Jack m’a dit l’avoir vu tuer un dragon en duel ! »
Berelda marqua une brève pause, réfléchit puis reprit :
« Il faudrait plutôt m’aider à le convaincre de changer de travail. Je suis sûre que c’est à cause de ça ! Il a peur à chaque fois qu’il y va. Et puis, il y a à peine quelques jours, il m’a présenté un beau blond pour que je le conduise à travers les égouts jusqu’au manoir. Depuis, il n’arrête pas de dire que c’était une erreur. »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Évidemment. Un assaut frontal était inenvisageable, même pour des assassins aguerris comme pouvaient l'être Rowan et Kededric. Il restait donc à attendre le bon vouloir du capitaine pour qu'il voulût laisser repartir Gibet sans lui causer trop de dégâts. Rowan en saurait peut-être plus à ce propos. Mais en attendant... à mesure que la conversation avançait, Kededric pouvait en apprendre un peu plus à chaque phrase. Il insista donc encore un peu.

"Je suis certain qu'un garçon aussi doué pourrait effectivement trouver quelque chose de plus à sa hauteur. Vous parliez d'une erreur ? D'un manoir ?"

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

« Oui, le manoir, c’est celui d’un vieux mage dément, Blancbouillon. Le beau blond, je ne sais pas comment il s’appelle celui-là, il voulait s’introduire chez ce mage. C’est pour ça que Jack me l’a présenté. C’était une erreur parce que depuis Visage de Fer, l’espèce de brute qui protège le mage, est sur les dents. Bon, en même temps, d’après Jack, Blancbouillon est complètement paranoïaque. Il voit des traîtres partout et Visage de Fer est pas du genre à l’apaiser. Faut vraiment qu’il se tire de cette maison de fou ! »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Hum. C'était logique : la précédente tentative ayant échoué, Blancbouillon se méfiait davantage encore. Il leur serait difficile de s'introduire là-dedans, décidément. Sans l'aide de Jack, en tout cas, cela paraissait réellement compliqué. Un défi comme il les aimait. Malheureusement, Éléna n'accepterait sans doute pas qu'ils prissent trop de temps pour agir efficacement. Aussi, Kededric devait se forcer à choisir des solutions plus rapides. Et donc... obtenir l'aide de Jack. Si ce dernier subissait des pressions de la part du capitaine, il leur serait peut-être assez simple de le convaincre de les aider, moyennant une récompense quelconque, par exemple...

"Je comprends, je comprends. Écoutez, je ne voudrais pas vous faire perdre davantage votre temps, que j'imagine très précieux. Cependant, si vous le souhaitez, nous pourrons reprendre bientôt notre discussion. J'entends bien secourir votre ami, qui paraît honnête, et surtout, dans une mauvaise posture." Il se leva et la salua avec distinction. Puis il esquissa un mouvement vers la porte, laissant un petit intervalle de temps à Berelda si elle souhaitait ajouter quelque chose.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

Mais Berelda se contenta de remercier cordialement Kededric. Celui-ci sortit donc. En bas des marches, il recroisa l’imposante Gertrude. Celle-ci s’étonna de le revoir si vite.
« Comment ? Déjà ? Ne me dites pas que vous avez fuit ! »
Elle eut un éclat de rire tonitruant.
« Il ne faut pas être aussi timide voyons ! Vous ne voulez pas être la risée de votre équipage, si ? Allons, vous avez payé, profitez-en ! »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Il simula adroitement une poussée pourpre au visage, puis jeta des regards nerveux autour de lui sans oser poser les yeux directement sur Gertrude.

"Oh ! Euh... si, si, c'est... déjà terminé. Je... Ça se passe vite, avec moi, en général, en fait..." Avancer de prétendus troubles d'ordre intime pour justifier la rapidité de son entrevue avec Berelda, voilà qui ne manquait pas de piquant.

"Mais je reviendrai sans doute. Sûrement. Ce... c'était très très bien, mais... enfin, vous voyez.."

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

« Ha, si c’est pas malheureux de voir ça ! Incapable de baiser correctement ! Mais où va le monde, j’vous dit ! Va falloir t’entrainer mon p’tit lapin ! T’as intérêt de revenir et vite pour que mes filles fasse de toi un homme, un vrai ! »
Gertrude avait gobé le mensonge. Kededric put sortir de "La Sirène Lubrique" sans autre encombre. Il croisa un client dans la première sale : un nain à l’air libidineux. Il l’entendit beugler :
« J’en veux une solide ! Très solide ! »
« Mais pas de souci mon petit chéri, mais c’est payable d’avance ! » rétorqua la grosse tenancière.
« Je sais morue, je suis au courant ! »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Sans demander son reste, Kededric fila en baissant la tête, sans faire plus attention au nain qui rouspétait avec énergie. Il était grand temps pour lui de retrouver Rowan, sur les quais. Il avait certainement passé bien plus d'une demi-heure à filer Berelda, discuter avec elle et mentir effrontément à Gertrude...

À grandes enjambées, il rejoignit le quai à proximité de la Dame Rouge, là où il avait laissé un mot à l'adresse de l'assassine.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

Alors que Kededric s’approchait des quais, il ne put que remarquer un menaçant trio d’individus qui allaient dans le sens inverses et d’un pas tout aussi pressé. En premier lieu, il y avait un homme à la peau extrêmement bronzée, presque noire. Son torse nu et musculeux laissait voir des tatouages étranges. Mis à part cela, l’homme était chauve et portait à son côté un lourd cimeterre. Le deuxième personnage était plus commun. Une fourberie certaine émanait de son regard vif. Le troisième était un demi-orque encore plus massif que le noir. A sa seule expression faciale, on le devinait sanguinaire. Il s’agissait de l’un des deux gardiens surveillant la passerelle de la Dame Rouge, l’assassin en aurait mis sa main à coupée.

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Allons bon. Encore un imprévu ? Décidément, il n'avait pas estimé perdre autant de temps pour revenir auprès de Rowan. Si celle-ci avait besoin d'aide, il lui faudrait s'armer de patience, car Kededric, curieux de nature, n'était pas enclin à laisser passer une occasion d'en apprendre davantage sur l'équipage de la Dame Rouge... même si cela ne lui apprendrait rien de probant.

Il se fixa mentalement un délai raisonnable pour filer ces trois-là avant de revenir en vitesse sur les quais. Après tout, Rowan était expérimentée, et avec un peu de chance, elle reviendrait saine et sauve - voire l'attendait de pied ferme pour le réprimander copieusement sur son absence prolongée.

Kededric se promit d'user d'un sortilège pour rester en contact oral, même à distance, la prochaine fois. C'était essentiel pour éviter de se perdre. Il laissa passer les trois hommes, attendit un instant avant de se retourner, et entreprit de les suivre à distance respectable.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

Quel ne fut sans doute pas la surprise de Kededric lorsqu’il constata que le trio de corsaires se rendit tout droit à La Sirène Lubrique. Enfin, tout droit, pas exactement. Quelques hésitations prouvèrent qu’ils connaissaient peu la ville. Une fois devant l’établissement, une discussion s’engagea. L’assassin parvint à s’approcher assez pour l’entendre.
« Bon, vous deux, vous me laissez faire, disait le plus fourbe et le moins Barraqué des trois. Avec vous, on va vite se retrouver avec le guet sur le dos.
- Ok, mais grouille-toi, grogna le noir.
- Comment qu’elle s’appelle déjà la poufiasse que je dois embobiner, reprit le fourbe.
- Berelda, répondit le noir. Une rousse plutôt pas mal. Elle est folle amoureuse de cette loque de Gibet, allez savoir pourquoi. Joue là-dessus, ça devrait pas être trop dur. »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Ainsi donc, Berelda était connue de l'équipage de la Dame Rouge. Gibet venait peut-être de cracher le morceau après avoir été soumis à la question ? Ils parlaient de l'embobiner, peut-être en l'amadouant avec le fait que son amant était maintenu prisonnier sur le vaisseau... Assez de supputations. Kededric devait agir dès maintenant pour pouvoir surprendre l'échange qu'aurait cet homme avec la rousse qu'il venait de quitter... trop tôt.

Il envisagea plusieurs possibilités, mais la plus adaptée et rapide lui vint spontanément en tête : se fondre en brume pour pouvoir entrer par un quelconque interstice du bâtiment et rejoindre rapidement la chambrée de Berelda. Il n'aurait pas le temps de changer de déguisement, ni de parlementer avec Gertrude... et prendre le risque que Berelda fût enlevée, sinon assassinée. Ces types-là ne paraissaient guère faire dans la subtilité.

Les rues n'étaient pas trop animées, mais Kededric chercha un porche où se dissimuler le temps de lancer son incantation. Sitôt cela fait, il se précipiterait à la Sirène Lubrique.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

Kededric trouva un lieu tranquille où lancer son sortilège. Dès lors sous forme de brume, il revint vers la Sirène Lubrique et se mit en quête d’un passage où se faufiler. Après quelques minutes de recherche, il en dénicha un. Le voilà dans une chambre vide, pour l’heure. La porte ouverte donnait sur un couloir qui lui disait quelque chose. L’assassin était juste à côté de la chambre de Berelda. Cette constatation faite, il perçut la voix de la rousse.
« Ainsi donc, vous avez entendu parlé de moi ? Je suis flatté ! »
« Oui, en effet, en effet. Et je suis heureux de pouvoir enfin vous rencontrer ! »
La seconde voix était celle du fourbe corsaire. Lui et la prostituée étaient en train de monter les escaliers menant au premier étage, là où était déjà l’assassin.

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Il avait de la chance. Il comptait rarement sur elle, préférant se fier à son expérience, sa prudence, ses capacités à berner les gens ou à les éliminer le cas échéant. Mais trouver un espace ouvert dans ce bâtiment, aussi rapidement, c'était de la chance... heureusement que les fenêtres n'étaient pas toutes fermées. Il aboutit dans le couloir qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt, seulement. Le silence était total, jusqu'à ce qu'il perçoive, de manière étouffée par son statut gazeux, la voix de Berelda lui parvenir.

Kededric songea que son sortilège d'enchantement devait toujours fonctionner sur la belle rousse. Cela pourrait lui servir, s'il devait revenir sous sa forme humaine, et tenter de la convaincre de ne pas suivre la brute. Il fallait tenter de ne pas laisser trop de morts dans son sillage, pour l'heure, car chacun pouvait détenir des informations capitales. Notamment Berelda, évidemment... mais elle ne les donnerait pas forcément de bon gré.

Pour l'heure, l'assassin se faufila par le trou de la serrure de la chambre de la prostituée et alla se loger sous le lit, où il pourrait écouter leur échange tout à loisir.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

Peu après Kededric, Berelda entra dans la chambre, accompagné de son second faux client de la journée. Le pirate, contrairement à l’assassin, et n’ayant visiblement que faire de forcer ses deux collègues à attendre dehors, n’hésita pas à profiter de la situation. Après tout, il avait payé Gertrude pour arriver jusqu’ici. Aussi Kededric eut-il tout le loisir d’entendre les deux individus faire l’amour comme des bêtes. Ce n’était guère instructif pour sa mission, c’était le moins qu’on puisse dire. Une fois satisfait, l’homme tout en sueur passa aux choses sérieuses, alors qu’il se rhabillait.
« Au fait, belle Rousse, il me faut vous avouer connaitre votre amant. »
« ... »
« Jack, c’est ça ? Jack Gibet ? »
La femme sortit du lit. L’insouciante atmosphère se dissipa.
« Allons, ne soyez pas aussi méfiante ! Et rangez donc ce poignard, vous pourriez vous faire mal ! Je vous apporte une bonne nouvelle ! Il a faussé compagnie au capitaine Griscieux. Il m’a payé pour vous conduire vers lui. »
« Où il est ? »
« Quelque part dans les docks, pas loin. »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Peste, que le temps pouvait paraître long, à écouter deux enragés forniquer sauvagement... pour essayer de ne pas s'ennuyer, Kededric essayait de rassembler les indices qu'il avait pu collecter jusqu'à présent. C'était plutôt maigre... leur seule piste valable restait celle de Jack Gibet, donc le sort paraissait bien incertain, et les alliés, plutôt versatiles, à en juger par les soupirs de sa maîtresse prostituée.

Enfin, les ébats s'arrêtèrent. L'homme reprit la parole. Gibet, libéré ? Cela sentait le piège à plein nez. Berelda allait être emmenée dans un quelconque endroit pour être détenue, assassinée, violée... peu importait, au fond. Il fallait qu'elle restât libre et capable de leur parler.

Kededric s'impatientait de plus en plus. Et, ce qui devait arriver se produisit : son sortilège prit fin. Il fut de nouveau sous forme humaine, sous le lit. Plus un geste, plus un bruit : il lui fallait ne pas se faire repérer, sans quoi... tant pis pour le type. Quant à Berelda...

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

« Dans les docks, vraiment ? » fit Berelda, avec espoir.
« Vraiment. Allez, dépêchez-vous, on a peu de temps devant nous. »
L’homme et la femme se rhabillèrent. La rousse contourna le lit, s’approchant du pirate. Kededric voyait juste les pieds des protagonistes.
« Le capitaine n’a pas trop malmené Jack ? »
« Un peu, mais... »
Il y eut de l’agitation, une empoignade, un cri. Berelda reprit la parole. Son ton était devenu menaçant :
« Jack, fausser compagnie au capitaine Griscieux. Tu me prends vraiment pour une conne ! Il est pas taillé pour ça ! Non, c’est plutôt le capitaine qui t’envoie ! Réponds ou je te saigne comme un porc ! »
Il y eut encore de l’agitation. Le pirate grogna. Sous le lit, l’assassin vit des gouttes de sang tomber sur le plancher.
« Salope, tu joues avec le feu ! »
« J’ai l’habitude, ça tombe bien. Maintenant réponds ou t’es mort ! T’es de l’équipage de la Dame Rouge ! »
« Ouais, et j’ai deux gars dehors, beaucoup moins sympa que moi ! »
« Jack a parlé ? »
« Oui. Il a dit que c’était toi qui pouvait conduire chez Blancbouillon. Par les égouts. T’as intérêt de collaborer, ma jolie ! »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

L'assassin sourit, toujours tapi sous le lit. Berelda lui plaisait décidément : elle jouait bien la comédie, et était capable de beaucoup pour arriver à ses fins... De plus, elle possédait l'information dont ils avaient besoin, et c'était une excellente raison pour tenter le maximum afin de la garder en vie. Heureusement, le trio de bras cassés envoyés par Griscieux avait la même motivation pour ne pas la blesser trop mortellement...

Il ne restait qu'à les suivre et se débarrasser de ces marins d'eau douce le moment venu, et "libérer" Berelda de leurs menaces. Ensuite, elle les mènerait, Rowan et lui, jusque chez Blancbouillon. En échange d'une libération de son amant... ce serait un marché équitable.

Pour l'heure, il se contenta de rester à sa place et d'écouter la suite de la conversation, s'il devait y en avoir une. Après tout... la jeune femme pouvait répondre ce qu'elle voudrait : elle bluffait très bien.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

« Je collabore avec qui je veux. Et si y’a bien un truc que j’aime pas, c’est qu’on me force la main ! » lâcha froidement Berelda.
Le pirate émit une sorte de gargouillis. Kededric vit du sang se répandre abondamment sur le plancher, puis le corps de l’homme s’effondra, encore parcouru par quelques spasmes. Le visage du mourant se retrouva pile face à celui de l’assassin. Il cligna des yeux, ouvrit la bouche... la vie le quitta l’instant d’après.
« Et merde... merde... merde... » jura tout bas la rousse, qui ne semblait plus si assurée désormais.
Elle se rendit vers la fenêtre, certainement pour observer la rue, puis elle se glissa hors de la chambre, en prenant soin de fermer la porte derrière elle. Elle ne la verrouilla pas néanmoins. Ses pas s’éloignèrent dans le couloir.

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Berelda n'avait pas froid aux yeux. Mais elle semblait un peu tête brûlée... elle risquait de se faire repérer par les deux malandrins qui guettaient à la porte du bordel, et se ferait cueillir comme une fleur. Et maltraiter comme une putain qui venait d'assassiner leur comparse... mieux valait la rattraper avant qu'elle ne commît l'irréparable.

Kededric s'extirpa de sa cachette, évitant soigneusement de souiller ses vêtements du sang du pirate rustre. Pfeh. Il manquait de délicatesse... tant pis pour lui. L'assassin sortit de la chambre à pas rapides, et continua sur sa lancée en direction des escaliers. Nul doute que la femme rousse chercherait à s'enfuir. Il l'appela, sans crier.

"Berelda ?"

Il espérait qu'elle l'entendrait, et qu'elle reconnaîtrait sa voix. Son charme pouvait peut-être encore opérer, malgré l'incident. Sinon, il était doué pour convaincre les gens... et il ne lui voulait pas de mal, lui.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

Mais Berelda n’entendit pas. Elle était déjà en bas de l’escalier en train de discuter avec Gertrude. Encore un instant et les deux femmes se mirent à gravir les marches.
« Holala ! Que d’histoires ! Que d’histoires ! se plaignait la grosse. Heureusement que c’est en heure creuse, sinon j’imagine même pas le boxon ! »
« Je suis désolé. »
« C’est pas ta faute ! C’est celle de ce clown de Gibet ! Il faut toujours que ses problèmes retombent sur les autres ! Laisse-le tomber et trouve-toi un vrai mec ! J’te l’ai dit cent fois ! C’estquand même dingue que ce soit à la femme de protéger l’homme ! Le monde à l’envers ! »
« Qu’est-ce qu’on va faire ? »
« Se débarrasser du corps. Tu vas t’en charger et tu vas passer par la porte arrière. J’m’occupe du reste. »
Kededric avait encore le temps de se cacher, s’il le désirait.

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Allons bon. Berelda racontait tout à sa patronne ? Elle devait avoir eu plus peur qu'elle ne l'avait montré. Ou elle lui faisait une confiance aveugle... ce qui s'avéra payant, lorsque Gertrude proposa de faire disparaître le corps du malandrin. La solidarité se nichait parfois dans les personnages les plus inattendus...

Kededric ne perdit pas une miette de leur conversation. La rousse devait filer par la porte arrière... Il allait l'y précéder, s'assurer qu'aucun importun ne s'y trouvait, puis l'intercepterait pour lui proposer son aide en échange de la sienne. C'était gagnant-gagnant, après tout. Et puis, il pourrait toujours user d'un autre sortilège si elle se montrait réticente. Mais vu sa situation, Berelda n'aurait sans doute pas le choix. Kededric pourrait arguer qu'il est largement capable de se défendre contre plusieurs pirates à la fois, ce qui était plutôt vrai. Un bon garde du corps pourrait lui être très utile dans les heures à venir.

Ainsi, l'assassin prit-il les devants pour sortir du bordel et guetter la présence de bandits éventuels.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

Kededric dénicha sans trop de difficulté la porte arrière du bordel. Elle donnait sur une venelle étroite et ombragée, un véritable coupe-gorge. Mais l’endroit semblait parfaitement désert, exception faite d’un chat errant. Celui-ci, sans demander son reste, fila plus loin.

Environ cinq minutes plus tard, Berelda faisait son apparition, drapée dans son grand manteau. Elle était chargé d’un gros sac à patates qui semblait très lourd pour elle. Cependant énergique, elle arrivait quand même à le supporter. Elle allait s’éloigner lorsqu’elle remarqua l’assassin. Elle eut un geste de recul, puis le reconnu.

« Ha, c’est vous... Ne me dites pas que vous êtes aussi à la solde du capitaine Griscieux ! » dit-elle, méfiante.

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Le charme semblait avoir été dissipé dans la bagarre. Vu l'émotion causée par les quelques menus tracas de la demoiselle, cela pouvait se comprendre aisément. Kededric ne lui en tint pas rigueur, et sa méfiance était légitime. Il sourit - une habitude bien ancrée chez lui - tout en lui répondant :

"Ne vous inquiétez pas. Je ne suis à la solde de personne, je cherche simplement à demander de l'aide à Jack. Vous comprendrez facilement que, dans ces conditions, nous avons tout intérêt à nous liguer pour délivrer votre ami." Il préféra éviter de révéler qu'il venait d'être témoin d'ébats frénétiques suivis d'un meurtre en bonne et due forme. Cela regardait Berelda, et elle seule. Il avait horreur de s'insinuer dans la vie privée des gens si sa mission ne l'y obligeait pas, et ce cas-ci était à la limite de sa "frontière morale" - frontière qu'il ne souhaitait dépasser que par pur sport, plutôt que par réels scrupules.

"Si je puis vous décharger de ce poids..." ajouta-t-il en indiquant d'un geste vague le corps emballé qu'elle tenait difficilement sur son épaule.

[Manfred]

Quête : l’affaire Blancbouillon

Berelda demeura un instant silencieuse. Elle scrutait avec attention le faux marin qui lui faisait face, cherchant sans doute à voir clair dans son jeu. Elle finit par répondre d’un ton toujours marqué par la méfiance :

« Ni vous, ni moi ne peut aider Jack. Il m’a assez parlé du capitaine Griscieux pour que je sache de quel genre de type il s’agit... et de quelle genre de monstres il s’entoure. Je ne suis pas de celles que l’amour rend aveugle. »

Elle laissa tomber au sol le cadavre empaqueté et reprit la parole :

« Soyez franc : ce qui vous intéresse, c’est l’or. L’or de Blancbouillon, comme Griscieux, comme le type blond qui est venu avant vous. Et si vous êtes là, c’est parce que je connais le moyen d’entrer chez ce fou. »

[Kededric]

Quête : l'affaire Blancbouillon

Kededric grimaça. Elle en savait long, et n'avait pas froid aux yeux... mieux valait jouer franc-jeu avec elle, car elle paraissait méfiante, à raison d'ailleurs. La braquer avec de semi-vérités risquait d'éveiller d'autres soupçons en elle, et elle s'enfuirait dès que possible. Non... c'était apparemment le seul moyen qu'ils avaient de pénétrer dans le domaine de Blancbouillon, ils n'avaient pas le droit à l'erreur.

"L'or ne m'intéresse pas. Vous avez raison, je cherche à m'introduire chez Blancbouillon. J'ignore ce que mon prédécesseur a pu vous raconter, mais ce n'est pas à des fins lucratives. J'ai pour but de l'assassiner."

Après tout, elle venait bien d'égorger un type de sang-froid. Elle n'allait pas s'effaroucher pour si peu...