[Lieu] Les habitations du Quartier Ouest

[Bat]

[Quête : l’invasion des ombres]



Dorian entendit les pas de ses poursuivants qui se rapprochaient de manière inquiétante: à en juger par l'intensité du bruit ,ils étaient à 100mètres,peut-être 200 au maximum.Le vampire ocmprit qu'il fallait réagir et se pencha vers Dedalus:

'Nos ennemis gagnent sur nous messire, ils nous auront rattrappé sous peu .Que suggérez vous?"

[QDI]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le gnome réfléchit quelques instants, son sourire avait disparu. Le ton de son interlocuteur ne lui plaisait plus ; il ne comprenait pas pourquoi il refusait de rencontrer les résistants et ce qu'il considérait comme une incohérence heurtait son bon sens de scientifique. En outre, les allusions à peine voilées de ce Taliesin sur ses actes que la morale désapprouverait avaient fait naître en lui une certaine méfiance. Il avait refusé de miner la base des résistants, ce n'était pas pour aider quelqu'un vraisemblablement prêt à tout et sans doute à tuer des innocents.

Mais que devait-il faire alors ? Rentrer aux égoûts et se terrer là ? Alors qu'une bataille faisait rage et que ses alliés étaient en danger ! Il se retrouvait devant un choix complexe, une réflexion bien éloignée de celles qu'il avait l'habitude de mener et s'y trouvait mal à l'aise. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis pensa-t-il, mais que faire si ce sont en même temps les ennemis de mes amis ? Les rouages de la société, de l'homme, de l'Histoire sont moins bien huilés que ceux d'une machine et il s'agit de domaines où plus aucune loi ne peut être établie. La décision était donc d'autant plus complexe que Dubnium était habitué à la simplicité (pour lui ! ) des lois naturelles et aux déductions logiques des démonstrations.

Mais il fallait choisir et le temps pressait. Le Prophète Gris le fixait d'un oeil où flambait une colère à peine dissimulée. C'est ce qui décida le gnome. Un ennemi ne pouvait pas être franc, il devait être sournois.

" - Je vous aiderai Messire Taliesin. Mais je vous préviens que si vous trahissez ma confiance, je vous rechercherai partout sur Toril, je vous retrouverai et ce que je vous ferai avaler vous fera passer l'envie de rire... Attendez-moi ici, je reviens bientôt. "

Dubnium partit alors dans le quartier désormais déserté par les gardes et se dirigea vers les égoûts.

Il revint une vingtaine de minutes plus tard, une lourde valise à la main et le sourire à nouveau sur les lèvres.

" - Bien le re-bonjour Prophète Gris, êtes vous prêt avec vos hommes ? Moi oui ! "

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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Si Dubnium avait jeté un coup d’œil en direction de la créature tandis qu’il s’en allait vers les égouts après avoir prononcé sa mise en garde, il aurait peut-être hésité à revenir. Le regard flamboyant, les dents découvertes en un rictus de haine, Taliesin serrait si fort la garde de son épée qu’on aurait pu voir blanchir les jointures de ses doigts… si la peau n’avait pas été recouverte par une épaisse couche de sang séché.
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L’ancien barde était dans une rage folle : comment cet impudent petit personnage avait-il osé proférer des menaces ? Personne n’avait le droit de lui parler ainsi sans en payer le prix ! Il bouillait de le rattraper, de le jeter au sol, et de lui ouvrir le ventre pour lui faire regretter ses paroles...
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Mais il avait besoin de Dubnium, il le savait. Sans lui, l’effet qu’il escomptait produire serait moins grand… Si le gnome s’acquittait bien de sa tâche, il ne lui ferait rien et le laisserait courir. Il aurait alors progressé vers son seul objectif, celui en dehors duquel rien n’avait vraiment d’importance…
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Lorsque l’alchimiste reparut, la créature lui adressa un sourire froid et lui parla d’une voix qui se voulait amicale… sans y parvenir complètement.
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-Nous sommes prêts. Suivez-moi, je vais vous présenter vos… patients.<o></o >>

Il précédait Dubnium dans une petite impasse débouchant sur une arrière cour crasseuse. Une dizaine d’hommes s’alignaient là, revêtus d’armures et de capes pourpres . Elles étaient déchirées, maculées de suie et de sang.
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-Vos amis ont éliminé un certain nombre des gardes d’élite de Nwalk… dit Taliesin. Nous avons récupéré leurs uniformes. Quoi de plus terrifiant pour des soldats que de voir leurs anciens compagnons revenir du royaume des trépassés pour les combattre ! Peur, terreur, voilà quelles seront nos armes aujourd’hui, Maître Dubnium ! Elles feront hésiter nos ennemis, rendront leurs bras tremblants, les pousseront peut-être à fuir…Ils ont semé l’horreur ? Ils la récolteront au centuple !
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[font=&quot]Il avait parlé avec un enthousiasme grandissant, avec une joie mauvaise qui, peu à peu, lui étirait les lèvres en un sourire dément, faisait vibrer sa voix sèche et froide.[/font]

[QDI]

[Quête : l’invasion des ombres]

Dubnium était un être gai et enjoué, toujours prêt à rire et à plaisanter. Pourtant, loin de le gagner, l'enthousiasme malsain de Taliesin le rebuta quelque peu et il repensa à son étrange contrat. Le rompre ne lui aurait pas posé le moindre problème moral mais sa décision avait été prise et rien de nouveau ne motivait pour lui un quelconque changement d'attitude.

Il s'approcha donc de ses sujets d'expérience de la journée et son sourire revint. C'était bien la première fois qu'on lui confiait des cobayes consentants pour tester ses dernières inventions. Ceux-là n'allaient pas le regretter ! En chemin, plusieurs idées lui étaient venues pour rendre cette petite troupe aussi terrifiante que possible. Il vida sa valise sur le sol et se mit au travail. Le gnome commença par ouvrir deux pots d'une crème verdatre et nauséabonde. Il y mélangea une poudre blanche étrangement brillante et donna ses instructions aux hommes :

" - Appliquez cela sur chaque centimètre carré de votre peau qui sera à nue. Vous obtiendrez une teinte blafarde du plus bel effet associée à une odeur de chair morte. J'ai pensé à y adjoindre un peu de phosphore cristallisé afin de rendre votre épiderme luisant. Vous émettrez ainsi une inquiétante lumière. "

Ceci fait, il exhiba un petit flacon de liquide brun prolongé par un goutte-à-goutte et expliqua qu'il s'agissait d'un produit propre à dilater les vaisseaux sanguins. Il proposa aux hommes d'en verser quelques gouttes dans leurs yeux afin de les rendre presque entièrement rouges les rassurant sur la toxicité nulle de la substance. La dernière touche donnée au maquillage consista en une teinture des sourcils en rouge, "petit détail qui fait la différence" selon Dubnium... Avec leur peau verte émettant d'étranges lueurs et leurs yeux et sourcils rouges, les hommes aux armures écarlates et couverts de sang provoquaient déjà un certain effet mais le travail du gnome n'était pas terminé.

Il s'était en effet souvenu de l'enduit à torche qu'il avait mis au point et avait imaginé d'en recouvrir les armes des hommes. Il suffirait d'y mettre le feu au moment adéquat, juste avant l'attaque, pour disposer d'épées enflammées propres à terrifier l'ennemi ! Enfin, il enduit les armures d'une sorte de gel translucide qui eut pour effet de rendre le sang des armures visqueux leur donnant un aspect mouvant et changeant et des teintes noires et rouges brillant affreusement au soleil.

Le résultat final était horrible. Formidablement horrible. Les créations de l'alchimiste étonnèrent les hommes eux-mêmes qui ne proféraient plus un mot. Dubnium Nikelkadmium leur confia ensuite à chacun une petite balle de métal et en donna cinq à Taliesin.

" - Toutes mes réserves. Ce sont des bombinettes multi-effets. Elles projettent des étincelles rouges et oranges, émettent des vapeurs souffrées, dégagent des gaz lacrymogènes ainsi qu'un large panache de vapeurs colorées. Il suffit de les projeter avec force au sol pour les déclencher. "

Il respira un grand coup.

" - Vous êtes parés. Bonne chance. "

Il se tourna vers Taliesin.

" - Adieu. A moins que vous ne changiez d'une quelconque manière... "

Suite du parcours de Dubnium

[Althéa]

Quête : l'invasion des ombres

Ils étaient donc partis en direction des quais militaires. De nombreux civils fuyaient encore les lieux. Partout, Althéa put observer les dégâts causés par l'armée de Morféa : maisons brûlées, vitres cassées, portes béantes d'où sortaient quelques pilleurs. La ville entière était à la dérive. Elle mettrait du temps à panser ses plaies. Beaucoup de temps. Ils avaient remonté des rues mortes et désertées.

Ils croisèrent des groupes de gardes isolés. Visiblement, la plupart s'étaient dispersés sous le coup des ordres donnés par le seigneur noir. Desmoulins parlementa avec eux. Quelques uns s'en furent en haussant les épaules, d'autres allèrent presque jusqu'à tirer l'épée mais la plupart accepta de se joindre au groupe. C'est ainsi qu'ils gagnèrent les quais militaires.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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Dans la petite cour, Taliesin s’était raidi, et une expression de haine déforma ses traits ravagés. Comment le gnome osait-il lui parler ainsi ? Ne savait-il pas à qui il avait affaire ? Sa main se porta vers la garde de son épée, mais il interrompit son geste, comme une image surgissait dans son esprit. Un image surgie tout droit d’un passé révolu, ici, au milieu du massacre… Tous n’était donc pas morts ? Il fallait croire que non. Lui l’était, cependant, et cela n’avait donc plus aucune importance. A moins que vous ne changiez, venait de dire Dubnium. Celui-ci ne pouvait savoir à quel point il avait changé, déjà… A quel point tout avait changé. Plus rien n’était comme à cette époque où, pour la dernière fois, il avait vu ce visage…
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-Le seul changement que l’on puisse espérer, maître Dubnium, c’est que je sois rappelé au néant dont l’on m’a arraché, souffla-t-il, son visage soudain creusé par une indicible tristesse. Les morts ne sont pas faits pour marcher sous le soleil…
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Il se leva et secoua violemment la tête, pour chasser les pensées qui l’assaillaient. Il n’était plus temps de songer à cela. Celui qu’il était autrefois s’était trop souvent laissé gagner par des doutes, des craintes, des remords. Cet autre n’était plus. A présent, seule comptait la mission pour laquelle il était revenu en ce monde. Seule comptait la fureur qui l’habitait et lui permettait encore d’avancer… Lorsque la tâche serait accomplie, lorsque le sang du tyran aurait été répandu, par sa main… Alors viendrait le temps du repos, de l’oubli. Les images du passé n’étaient que des souvenirs qui se fondraient à jamais dans la nuit en même temps que son esprit trouverait enfin la paix.
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-Alors adieu, maître Dubnium !lança-t-il d’une voix qui avait retrouvé sa force. Vous avez fait du bon travail. Et dire que j’avais songé à vous tuer pour votre impudence… Mais ç’aurait été bien dommage de me priver de votre talent ! Allez, à présent. Puissent vos pas vous mener sous des cieux plus cléments !
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[font=&quot]Puis, sans un regard pour l’alchimiste, il fit signe à ses hommes de le suivre et s’éloigna en direction des quais militaires.[/font]

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le rôdeur avait effectué un bref détour par la Capitainerie du Port où il n’avait pas pu obtenir d’audience auprès de Grégoire ou des instances de la résistance, occupés à leurs préparatifs respectifs dans tout le quartier ouest. Rendez-vous était donné pour y retourner plus tard dans l’après-midi et le rôdeur avait néanmoins été reçu avec beaucoup d’aménité par un officier Luménien. Celui-ci lui avait appris où avait été affecté le contingent d’anciens gardes de la cité ayant rejoint leur camp lors de la bataille du quartier ouest. Ceux-ci avaient en charge la protection d’un système de barricades dressées à la hâte pour fortifier la position de la coalition au nord du quartier ouest.

C’est dans l’espoir de trouver quelqu’un capable de le renseigner sur le destin de feu le sergent Desmoulins que le demi-elfe gagna aussitôt le lieu supposé où s’étaient rendus les anciens compagnons du père de Victor. Il constata en chemin que l’on s’était efforcé, ici aussi, de balayer les souillures laissées par la bataille : les corps des morts avaient depuis longtemps été confiés aux bons offices des prêtres.

En progressant vers le nord, Kasumi ne tarda pas à apercevoir les barricades qui marquaient la limite du périmètre sous contrôle. Des matériaux avaient été entassés aux endroits aisément défendables, des rangées de pieux effilées pointaient leur défi à la face d’éventuels assaillants, des hommes derrière chaque barrage se tenaient prêts à repousser quiconque prétendrait attaquer la zone libérée. Tous portaient en permanence leur armure et, en plus des épées qui ceignaient leur taille ou des arcs qu’ils tenaient en main, des lances avaient été alignées le long des façades des bâtiments. Des archers avaient pris position sur les toits bordant ces défenses et ils repérèrent rapidement le rodeur qui approchait. L’un d’entre eux devait avoir averti les hommes au sol car un homme se porta bientôt à la rencontre de Kasumi.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le soldat – un grand gaillard d’âge mur portant un uniforme de sous-officier – détailla attentivement le nouveau venu. sitôt parvenu à sa hauteur On avait beau être du bon côté des barricades, on était jamais trop prudent, vu les circonstances.

-Salutations ! dit-il finalement. Je suis le lieutenant Lamark; Puis-je m’enquérir des raisons de votre présence en ces lieux ?

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres ; trouver une famille à Victor]

Le rôdeur inclina la tête en signe de salut, ne pouvant s’empêcher de remarquer que certains archers postés sur les toits s’étaient tourné vers lui, une flèche encochée sur la corde encore détendue de leur arc. La tension semblait palpable à proximité de la frontière avec la partie encore occupée de Luménis. Le rôdeur maintint ostensiblement ses mains éloignées des poignées de ses épées dans un geste d’apaisement. Il répondit au lieutenant d’un ton assuré :

- Enchanté Lieutenant Lamark. Je me prénomme Kasumi et j’accompagne le contingent Manostien. On m’a laissé entendre que vous ou certains de vos hommes auriez accompagné un certain sergent Desmoulins lors de la bataille des quais militaires. Est-ce exact ? Avez-vous assisté à sa fin ?

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le lieutenant, un peu étonné par la question, opina cependant du chef.

-Oui, j’ai eu l’honneur de servir sous ses ordres, même si cela n’a duré que trop peu de temps. Après qu’il nous eut rassemblés, nous avons gagné les abords de l’esplanade et nous sommes positionnés de manière à intercepter d’éventuels renforts morféens. Au lieu de cela arriva un contingent de résistants menés par une rôdeuse et un dénommé Magariz. Lorsque le Monstre est intervenu, nous avont commencé à harceler les rangs arrières des Morféens… A un moment, la rôdeuse a rompu les rangs. Desmoulins et une jeune femme – Althéa, je crois – lui ont couru après. Magariz nous a ensuite ordonné de nous jeter dans la mêlée pour accroître le désarroi de nos adversaires. Nous avions quasiment rejoint Desmoulins lorsqu’un Morféen lui a passé sa lame au travers du corps. Le sergent a eu le temps de faucher l’homme et de nous demander de pousser l’assaut avant de s'effondrer.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Des sentiments contradictoires assaillirent le rôdeur au récit du lieutenant Luménien. Le sergent Desmoulins avait gagné l’admiration des hommes qu’il avait ralliés à leur cause. Grâce à ses actions, il avait non seulement contribué à la victoire des quais mais avait également permis à ces hommes de survivre à cette terrible journée. S’il était mort en laissant derrière lui un orphelin de huit ans, le demi elfe se plaisait à penser que le lieutenant ou certains des gardes lui faisant face seraient peut être tombés sous les coups des résistants, sous ses propres flèches s'ils n'avaient pas été ramenés à la raison. Peut être des familles étaient encore réunies aujourd’hui grâce au geste du sergent que le rôdeur avait fait prisonnier mais qui s’était révélé un allié digne de louanges. Kasumi ne put s’empêcher de ressentir un léger pincement au cœur à la mention de la rôdeuse. Ainsi Galathée, cela ne pouvait être qu'elle, s’était retrouvée impliquée dans la mort du sergent… Le rôdeur comprenait mieux la profonde tristesse qu’il avait lue dans ses yeux quand elle lui avait annoncé la mort du père de Victor.

Le demi elfe se sentait investi d’une responsabilité envers l’orphelin. Comme il l‘avait fait pour sa mère, il chercha à en apprendre plus sur ce qu’il était advenu du sergent après sa mort :

Les questions que je vous pose doivent vous paraître étranges et je vous remercie de me confier ce que vous savez. Je réunis ces informations pour le fils que le sergent a laissé derrière lui. Le petit a le droit de savoir que son père est mort en héros et ce qui s'est passé sur les quais. Il n’est pas de pire deuil que celui de l’incertitude. Auriez-vous aperçu le corps du sergent après la bataille, savez-vous ce qu’il est advenu de lui ?

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]

Lamark acquiesça gravement.

-Votre démarche est louable, messire. Le sergent Desmoulins était très respecté dans la garde. Il a refusé la promotion que lui offrait l’exécution par le tyran de son supérieur. Mais il est resté dans nos rangs pour encadrer les nouvelles recrues qui songeaient surtout à profiter de leur pouvoir… Son ralliement à la résistance ne sera pas vain et je gage que son exemple et son sacrifice feront des émules parmi les soldats encore loyaux. Je voudrais pouvoir vous aider, mais je ne sais ce qu’il est advenu de son corps. Nous l’avons cherché, après la bataille. Si nous avons pu retrouver celui de Magariz, le sien semblait avoir proprement disparu. Nous pouvons cependant tenter d’interroger les personnes présentes dans les environs. Peut-être en auront-elles vu davantage que moi.

Il entraîna Kasumi en direction des barrages et, ensemble, ils questionnèrent tous ceux qui avaient servi sous les ordres de Desmoulins. Aucun ne put répondre à leurs interrogations, et le rôdeur craignait de rentrer bredouille lorsqu’un homme apporta une étonnante précision.

-Me semble avoir vu un tout p’tit bonhomme se pencher sur le corps… Un gnome, je crois bien, mais j’peux pas être sûr, j’étais un peu loin… Me semble qu’il l’examinait. Ensuite, j’ai dû me défaire d’un Morféen, et quand j’ai pu à nouveau regarder, l’gnome et le sergent étaient plus là.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi écouta avec une pointe d’incrédulité le récit des évènements entourant la mort du sergent. Que l’on n’ait pas retrouvé son cadavre au milieu de centaines de morts après une bataille remportée de haute lutte n’aurait rien eu de vraiment surprenant. Il y a avait eu tant de blessés à soigner, tant de plans à préparer et le cadavre d’un homme, même aussi héroïque et symbolique que celui du sergent Desmoulins aurait bien pu être emporté parmi ceux des anonymes victimes.

Cependant, la précision fournie par l’un des soldats le fit tiquer. Le demi-elfe avait déjà eu affaire à un gnome des plus fourbes dès sa première nuit sur Dorrandin. De plus, il se devait de faire toute la lumière sur le destin du père de Victor. Il lui devait cette maigre compensation pour ses propres fautes dans la succession tragique d’évènements qui avait conduit un garçon de huit ans à tout perdre en une seule journée. Son cœur de rôdeur ne pouvait permettre de laisser le sergent, même mort, aux mains d’un nécromancien où d’un quelconque suppôt de l’ennemi. Son ton se fit un peu plus pressant, marqué par une angoisse croissante lorsqu’il s’adressa à l’homme qui avait été témoin de l’étrange scène :

- Vous rappelez vous quoique ce soit d’autre à propos de ce gnome ? Les vêtements qu’il portait ? Son attitude lorsque vous l’avez vu penché sur le corps ? Vous a-t-il donné l’impression d’être allié avec nos ennemis ?

[Taliesin]

[Quête : l’invasion desconcombres]

Le soldat fronça les sourcils.

-Saurait pas vous dire à quoi y r’semblait. Brun, p’t’ête benn, les ch’veux en bataille. Quant à c’qui f’sait… Maintenant qu’vous m’y faites penser, me semble bien l’avoir vu penché sur d’autres cadavres. C’était p’têtre juste un détrousseur de cadavres. J’peux pas vous en dire plus, messire.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi sentit qu’il n’obtiendrait pas davantage de précisions. Les gardes avaient parlé avec honnêteté, faisant un effort visible pour se souvenir précisément de tout ce dont ils avaient pu être témoins. L’hypothèse d’un détrousseur de cadavre était loin d’être saugrenue. Les batailles attiraient bien souvent ce genre de charognards dénués de morale considérant que dépouiller les morts était moins dangereux que voler les vivants. La misère qui frappait Luménis avait du voir ce genre de désespérés se multiplier au cours des derniers mois. Toutefois, il détenait une piste et ne manquerait pas de tenter d’en apprendre davantage par la suite concernant l'étrange gnome. Le rôdeur salua chaleureusement les hommes avant de prendre congé :

- Messieurs, je vous remercie de m’avoir accordé votre temps et votre confiance. Puisse Lathandre veiller sur vous en cette heure sombre. S’il n’est nulle joie dans la bataille, j’aurais tout de même grande satisfaction à combattre à vos côtés.

Le rôdeur se hâta ensuite dans les ruelles du quartier ouest. L’heure de la réunion approchait et il l’attendait avec impatience.

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée avança au hasard des rues du Quartier Ouest, à la recherche d’un endroit propice aux rats. En réalité, les massacres avaient transformé la plupart des rues en garde-manger à ciel ouvert et les rongeurs abondaient. Les corps humains avaient été enlevés, mais il restait ceux des animaux, et puis des monceaux de victuailles diverses, déversées sur la chaussée, piétinées, oubliées. Les rats circulaient sans inquiétude, repus, et elle réalisa qu’ils seraient difficilement réceptifs à ses propositions. De temps à temps, ils s’égaillaient lorsqu’un vol de corbeaux venait se poser à proximité, mais il y avait suffisamment à manger pour tout le monde. En déambulant, la rôdeuse prit conscience que les Gardes Rouges avaient tué tout ce qui respirait, comme s’ils avaient eu un désir profond de laisser le désert derrière eux. Ils avaient dû être habités par quelque chose d’irrépressible. Quel était le sens d’abattre une chèvre ou un cheval ? Ils avaient plus de valeur debout qu’écroulés dans la poussière, livrés à l’appétit facile des charognards. Pourtant, les épées n’avaient épargnés ni la volaille, ni les fidèles compagnons, ni le bétail ou les bêtes de bat. L’odeur devait être épouvantable et l’air chargé de miasmes. Mais le travail diligent des gourmands contiendrait les épidémies : il ne restait plus assez de corps pour mettre en danger le quartier.
Après avoir tenté d’aborder une demi-douzaine de rongeurs, Galathée renonça. Leur instinct était plus fort que ses tentatives de persuasion, et elle ne pouvait pas se concentrer sur un seul rat, il lui fallait un groupe... Elle ferma les yeux, debout dans une rue, et laissa son esprit vagabonder parmi la vermine, sondant les consciences, à la recherche de la plus réceptive. Mais de la mouche au renard, ils ne voyaient pas l’intérêt de se détourner du festin, d’autant qu’ils avaient une étrange perception de son caractère exceptionnel et de l’imminence de l’intervention humaine qui y mettrait fin.
Il y eut un léger frou-frou, et le poids d’un oiseau sur son épaule lui fit rouvrir les yeux. C’était un corbeau non identifié, pas son estropié coutumier, mais il semblait la reconnaître et machinalement, elle posa les doigts sur son dos, lui confiant au passage son problème du moment. Sa suggestion la fit rire.
« Tu es gentil, mais ce n’est pas mon genre... » lui murmura-t-elle.
Il croassa, satisfait de lui-même.
« Mais tu peux demander aux oiseaux, ce serait gentil... »
L’animal lui malaxa une seconde l’épaule de ses pattes, puis prit son envol dans le ciel radieux. Un instant, elle garda la main à l’endroit qu’il venait de quitter. Avoir un compagnon lui manquait cruellement, pourtant elle ne pouvait se résoudre à remplacer le hibou. Pas encore.
Finalement, au bout de son errance, elle finit par rassembler une équipe disparate de créatures volontaires, un peu au petit bonheur la chance. Une dizaine de souris affamées qui n’avaient osé quitter leur trou depuis le débarquement militaire des gros rats noirs, un chat blessé qu’elle avait remis sur pattes, un surmulot qu’elle avait sorti d’un tonneau, deux loirs curieux (elle avait des doutes sur leur ardeur à la tâche mais n’était pas prête à repousser la moindre offre !), un jeune chien en quête de compagnie, un furet qu’elle avait sauvé des serres d’un faucon mal embouché.
Après les avoir envoyés sur la piste du Monstre, les enjoignant de la retrouver à la nuit tombante à la Bienveillance, elle remit le cap sur la Taverne, un peu moins fébrile d’avoir un instant retrouvé ce qu’elle était.

[Théobald Longuehune]

La reconstruction du quartier martyrisé avait été l'une des priorités du gouvernement provisoire, et le conseil issu des premières élections libres après la chute du tyran avait poursuivi cette œuvre. On avait déblayé les rues, dégagé les gravats des maisons incendiées, démoli les ruines branlantes puis rebâti de nouvelles demeures. On en avait profité pour revoir le tracé de certaines rues et en élargir d'autres, pour ménager des places et, au final, le nouveau quartier qui sortit de terre était bien plus salubre que l'ancien.
Au milieu des habitations neuves, une petite esplanade s'étendait, bordée d'arbres. En son centre, on avait dressé un socle de marbre blanc veiné de rose, un piédestal destiné à recevoir la statue forgée par Dorian.

En cette fin d'après-midi, la carriole provenant tout droit de la Forge s'arrêta aussi près que possible du socle vide. Quatre hommes en descendirent, s'entreregardèrent un moment, puis, avec un soupir, se mirent à l'ouvrage. Cela leur prit près d'une heure et les laissa complètement épuisés, pour le coup. Mais au moins, la statue trônait à présent en bonne place. La cérémonie d'inauguration pourrait donc avoir lieu comme prévu le surlendemain...

[Bat]

Le surlendemain quelques minutes avant l'inauguration, fit son apparition un vampire à cheval.Vêtu d'un superbe pourpoint de cuir ,blanc et or, il chevauchait tranquillement, saluant de ci, delà, les gens qu'il connaissait. Arrivé à proximité de la statue, il mit pied à terre et se présenta aux personnes déjà présentes qui comme lui attendaient l'inauguration. Dorian était impatient de voir la réaction de la foule, en découvrant l'oeuvre de lui-même et de son équipe ( chacun a son petit orgueil).

[Kasumi]

En provenance d'ici.

Loin du centre de la place et de l’attention, une silhouette encapuchonnée était venue observer la présentation d’un monument forgé à la mémoire du quartier martyrisé dans lequel il avait été érigé. Les images du combat et de la destruction voilèrent un moment le regard du rôdeur anonyme avant que les rires d’un enfant, quelque part dans la foule, ne le ramènent à l’instant présent. La ville s’était relevée, les atrocités sans nom avaient été lavées et reléguaient à un pesant passé qui perdait peu à peu de sa consistance. Et pourtant, un symbole allait être offert à la vue de tous pour rappeler le sacrifice d’une population civile qui s’était sacrifiée et s’était dressée contre l’oppression et les crimes indicibles pour les balayer. La reconstruction avait redonné une allure paisible aux rues que le demi-elfe avait traversées pour venir participer discrètement à la cérémonie commémorative. Pourtant, il restait des traces des combats sur les bâtiments anciens qui avaient été sauvés de la destruction totale tout comme dans le cœur de Kasumi.

[Théobald Longuehune]

Malgré l'heure matinale - le soleil n'était pas encore levé - il y avait foule, sur la petite place. Le Conseil avait décidé, à l'unanimité, qu'il n'y avait pas de meilleur moment que l'aube pour la cérémonie, et personne n'avait songé à protester. La commémoration était douloureuse, difficile, ravivant des blessures à peine cicatrisées : le chagrin se peignait sur maint visage, le souvenir des atrocités commises hantaient maint regard. Beaucoup de ceux qui étaient venus étaient des survivants, des parents ou des amis des victimes du massacre. Leur perte était énorme, indicible, mais la vie continuait et, a travers l'hommage qu'on s'apprêtait à rendre aux morts, on voulait aussi témoigner de cela. Qu'il y avait encore de l'espoir, que les vivants continueraient à lutter, la mémoire des disparus chevillée au corps, pour que leur trépas n'ait pas été vain. Pour que les ténèbres ne triomphent pas de la lumière.
Et comme s'il avait voulu adresser un signe aux Luméniens, le ciel s'était découvert. Il avait plu toute la nuit, et les pavés étaient encore glissants : mais les derniers bancs de nuages s'étiolaient, se déchiraient, dévoilant un ciel d'un bleu de cobalt, à l'ouest ; d'azur s'éclaircissant chaque instant un peu plus, au levant.

Lorsqu'il remarqua la venue de Dorian, Théobald Longuehune lui fit signe de s'approcher, le salua gravement - la gravité était une expression si peu courante sur son visage que c'était peut-être là le signe le plus flagrant de la solennité de l'instant - et le présenta rapidement à ses collègues du Conseil. Tous trois étaient vêtus sobrement : même dame Lathiriel, d'ordinaire pimpante, avait opté pour une tenue des plus discrètes.
Quant à la statue, elle était déjà dévoilée à tous les regards et, à voir la manière dont l'assistance l'observait, il était évident qu'elle remplissait son objectif. Délicate, chargée d'émotion contenue, elle pouvait rappeler les traits de beaucoup de victimes. Mais point de félicitations, pour l'heure. Elles viendraient plus tard. Pas de drap que l'on ferait tomber sous des applaudissements : le moment était au recueillement. Chacun le comprenait et le silence se fit peu à peu, jusqu'à devenir presque assourdissant.

L'horizon rosissait. Le soleil ne tarderait plus.

[Bat]

Dorian appercut son nouvel ami ( il pouvait bien le considérer ainsi ), Théobald Longuehunes. Il s'approcha, surpris par l'air grave sur le visage habituellement réjoui du vieux marin. Sans doute était-ce la solennité de l'instant qui impressionnait quelque peu messire Théobald. Ce dernier présenta le forgeron aux autres membres du Conseil de Luménis. Dorian s'onclina fort civilement devant chacun d'entre eux et posa ses lèvres sur la main de dame Lathiriel visiblement un peu démue devant cet hommage inattendu.

Ensuite Dorian prit place à côté des membres du Cnoseil et pensa à ses camares de la Résistance, tombé(e)s par la faute du tyran et de sa bande....

[Théobald Longuehune]

Le soleil se leva enfin, illuminant la place d'une belle lueur orangée. Alors, Albérich Garde-Pensée entama un hymne à l'aube. Quelque chose de simple mais de profond, de vrai, empli d'une espérance diffuse. L'assistance l'écouta un moment dans un silence complet puis, peu à peu, des voix se joignirent à celle du clerc. Y compris, chose étonnante, celle de Théobald Longuehune.
Enfin, le chant se tut. La cérémonie était terminée : il n'y avait pas besoin de grand discours, de déclaration enflammée. Cet instant de recueillement avait suffi, sans doute bien plus juste qu'un long et pimpant cérémonial. L'assemblée demeura quelques minutes encore immobile, silencieuse, puis les conversation reprirent une à une, emplissant bientôt la place d'un bruissement constant. Puis les gens commencèrent à se disperser, tandis que les membres du conseil discutaient à mi voix.

[Galathée]

Quête : Une envie de crépuscule

Quittant la Taverne de la Bienveillance, Taliesin espérait sans doute rentrer au plus vite vers sa demeure. Il dut cependant déchanter rapidement. Si la tempête s’était réduite à un crachin glacé tout au plus désagréable, les rues étaient effectivement parsemée de flaques, et il arriva bientôt à un carrefour éclairé vivement par les torches de quelques gardes engoncés dans leurs uniformes trempés.
« On ne peut pas passer par ici, messire, désolé. » fit une voix sous un capuchon, s’adressant à l’elfe.
Derrière le jeune homme, un empilement étrange formé de tonneaux brisés et de la structure d’une charrette bloquait le passage, trônant au milieu d’un torrent bouillonnant qui s’écoulait dans la rue transversale, comme si cela avait été son lit habituel.
« Où devez-vous vous rendre ? »

[Taliesin]

-Rue de l'Orme Creux... Ce n'est pas très loin, et j'imagine qu'en faisant un petit détour, je devrais pouvoir passer ce... torrent.
Il lorgna à nouveau l'empilement de débris et l'eau grondante. Les égouts devaient avoir débordé depuis longtemps, déjà. Sinon, ils auraient absorbé ce flot écumant... Mais les choses n'empireraient peut-être pas : si la pluie se calmait assez longtemps, le trop plain irait se vider dans le port, et la situation reviendrait à la normale.

[Galathée]

Le garde acquiesça.
« Vous en êtes quitte pour une petite trotte. Il va falloir partir vers l’est, jusqu’à la statue commémorative, plus ou moins. Là, ne prenez pas directement vers la rue qui vous intéresse, ou bien vous allez retomber sur une rivière. Moins agitée, mais plus profonde. Le plus simple serait de vous déporter vers le sud, pas jusqu’au Parc mais presque. Il y a là une artère, celle des Chênes Verts, qui est encore praticable. Ensuite, vous saurez comment rentrer. L’Orme Creux était au sec, jusqu’aux dernières nouvelles, et il ne pleut plus. »

[Taliesin]

Taliesin acquiesça, remercia le garde puis s'en fut à grandes enjambées. Cinq minutes, avait-il benoîtement pensé. Mouais. Il était parti pour une bonne demi heure de marche, au bas mot... Il se demanda brièvement s'il n'aurait pas mieux fait de demeurer à la taverne encore un peu, mais chassa vite cette pensée : il allait peut-être se remettre à pleuvoir, et mieux vaudrait alors avoir fait la plus grosse partie du chemin. Sous peine de ne pouvoir arriver à destination. Du moins, de ne pouvoir y arriver autrement qu'à la nage.

[Galathée]

Pendant les premières minutes de son périple, Taliesin ne vit personne, et seul le son régulier de la pluie fine crépitant sur le sol humide rythmait ses pensées noires. Sa vision d’elfe lui permettait de voir relativement clair dans l’obscurité, comme si la nuit n’avait été que pénombre. Il faisait cependant très sombre, rares étaient les fenêtres encore illuminées à cette heure tardive.
Soudain, un éclair violacé traversa le ciel, très proche, et un sifflement emplit l’air froid, strident, avant de s’éteindre. Une lumière blanche, aveuglante, rayonna entre les toits, à quelques blocs de distance, vers l’est, il y eut une clameur, sourde, lointaine, à nouveau un éclair pourpre, et Taliesin devina qu’il devait avoir frappé le sol, et qu’il n’était certainement pas dû à un simple phénomène climatique.

[Taliesin]

L'elfe demeura immobile, incrédule, regardant dans la direction où était tombé le dernier éclair. Si ce n'était pas simplement de l'orage, il y avait fort à penser que le phénomène avait des origines magiques, ce qui était rien moins qu'inquiétant. Peut-être y avait-il eu un accident, des victimes... Il avait cru entendre des cris... Mais quoi qu'il en soit, ce n'était pas ses affaires : dans sa situation, avec les soupçons qui pesaient sur lui, il valait mieux qu'il ne se mêle pas de ce qui ne le regardait en aucune manière. Il pouvait vouloir aider, mais qui sait si on ne l'accuserait pas d'être responsable de ce qui s'était produit, quoi que ce fût ?
Mieux valait, dès lors, poursuivre sa route. Et c'est ce qu'il fit, sans trop presser l'allure.

[Galathée]

La pluie tomba un instant plus drue, brouillant la vue de l’elfe, lui martelant les épaules et le capuchon. La nuit était redevenue noire et inerte sous son rideau glacé. Un son lancinant creva les ténèbres, puis une battue… une respiration… Ou bien pas. Les larmes du ciel étouffaient tous les autres bruits, réduisant l’univers à un martèlement humide, répétitif, assourdissant.

[Taliesin]

Il aurait mieux fait de rester à l'auberge. C'était une certitude, à présent. Même s'il avait dû y passer toute la nuit. Au pire, Galathée se serait un peu inquiétée, mais il aurait fini par arriver, et la rôdeuse en aurait été quitte pour un petit retard au travail. Au lieu de cela, il avait foncé dans la cité noyée sous la pluie, s'était vu forcé de faire un détour, avait assisté à un étrange phénomène... Et voilà qu'il ne se sentait plus seul, tout à coup.
Ce devait être un passant. Quelqu'un comme lui, qui cherchait juste à regagner son domicile. Et si ce n'était pas le cas... Mieux valait faire semblant de n'avoir rien vu ni entendu.
Le regard résolument fixé devant lui mais l'oreille aux aguets, le barde pressa le pas.