La Couronne de Cuivre

Elle sourit et s'installa, déboucha la bouteille qui laissa s'échapper un parfum d'alcool fort, aux pommes, et leur servit à chacun un verre.
" Vous formez un équipage des plus originaux... Le Manostien expert en vins... La voyante excentrique... L'elfe du soleil... Et le petit garçon endormi... Courez-vous de donjons en donjons ou êtes-vous une troupe de comédiens ?" s'enquit-elle, amusée.

Jusqu'ici, personne ne lui avait posé de question sur lui - en dehors d'Émeraude, évidemment. Mais il savait que la chose finirait par arriver. Il avait songé à ce qu'il répondrait, dans ces cas-là. Il devait se montrer discret, très discret, même. Il devait trouver un équilibre difficile : ne pas trop en dire, mais en dire assez pour ne pas laisser penser qu'il cachait quelque chose.
-Oh, nous ne sommes que des voyageurs réunis par les hasards de la route... et du seul coche quittant Loth Imarhil au moment où, nous, nous devions partir, répondit-il en gouttant l'alcool de pomme

Il était corsé mais pas désagréable. La jeune femme guetta sa réaction, souriante.
" Mais vous n'êtes pas de Loth Imharil. Si vous l'étiez, vous n'auriez sûrement pas traîné chez Borgporkniel. Et vous ne voyageriez pas entassé dans un coche plein d'humains."
Elle soupira et déroula ses épaules, qui paraissaient ankylosées. Elle avait probablement travaillé d'arrache-pied depuis le matin et s'offrait, enfin, un peu de détente.
" Mais je ne me suis pas présentée. Je suis Moïra."
Elle lui tendit la main par-dessus la table.

Ah, voilà une tuile à laquelle il s'était attendue : la question du nom. Il songea un instant a utiliser celui de Belenn, comme il l'avait fait lorsqu'il avait croisé les sentinelles du peuple du Griffon. Mais ç'aurait été une maladresse : Émeraude et Hans connaissaient son nom véritable; Il n'avait pas tenté de le leur cacher : ils avaient pu entendre parler de lui, à Loth Imarhil. Et, à présen, ils pouvaient très bien l'interpeller, à l'occasion... S'il mentait, sa duperie serait alors évidente, et la jeune femme ne pourrait manquer de s'interroger sur un mensonge aussi mal fagoté.
-Enchanté de faire votre connaissance, Moira... dit-il en lui serrant la main. Je me nomme Taliesin.

" Enchantée, moi aussi."
Elle se carra sur sa chaise et étouffa un petit bâillement dans le creux de sa main.
" Alors, comment se porte ce vieux Pitchou ? Il doit vous avoir eu à la bonne, pour vous avoir envoyé chez nous de la sorte... C'est une sorte de mot de passe pour se recommander les clients qu'on doit traiter avec soin. Bon, au départ, le mot de passe était beaucoup plus ésotérique, mais Borgporkniel trouvait ça pompeux, alors il a décidé d'en changer. Mon paternel a semi apprécié qu'il recoure à leurs vieux surnoms d'où sa réaction, mais notre demi-orque ne veut rien entendre et refuse de revenir à "L'hospitalité est le premier jalon de l'humanité", ou je ne sais quoi..."

Taliesin repensa au spectaculaire incident qui avait marqué leur arrivée dans l'auberge, et sourit largement.
-C'est sûr que ce n'est pas la même chose... J'espère cependant que Borgporkniel veille à prévenir les personnes fragiles de ce qui les attend : l'ire de votre père est pour le moins terrifiante... Enfin, ainsi, le fait qu'il s'agisse d'une recommandation est moins évident, moins visible. Aurais-je su qu'il s'agissait là d'un mot de passe, et non pas d'une simple commission, que j'aurais hésité à l'employer : le travail d'aubergiste est pour le moins harassant, et je suis désolé de vous avoir donné du travail supplémentaire.

" Oh, ce n'était pas réellement du travail supplémentaire... Un métier est un métier ! Et la colère de mon père n'était pas dirigée contre vous. C'est impressionnant mais c'est comme certains animaux qui se donnent en spectacle : beaucoup de bruit pour rien."
Elle les resservit.
" Et qu'est-ce qui vous précipite sur les routes en cette fin d'hiver ? Avec un petit garçon, de surcroît ? Je ne lui vois aucun trait de demi-elfe... "
Son regard se fit un peu amusé.
" J'ai déjà entendu des clients jaser, sans vouloir vous offenser."

Il haussa les épaules.
-Oh, mais vous ne m'offensez pas : j'y suis relativement habitué, d'autant que, vous pouvez l'imaginer, la chose a fait sensation à Loth Imarhil. Cependant, je suis curieux de savoir ce que vos clients racontent...
C'était une façon de ne pas répondre à la question de la jeune femme. De ne pas y répondre tout de suite, en tout cas. Il se doutait qu'il devrait le faire d'ici peu, mais... Il savait aussi qu'il dirait une partie de la vérité. La partie concernant son métier : Émeraude et Hans pouvaient très bien avoir entendu parler de la représentation qu'il avait donnée aux Rendez-"Vous-des-Moins-que-Rien". Mentir, là encore, risquait plus d'être un inconvénient qu'un avantage.

" Oh, heu..."
Elle rougit et grimaça derrière son verre.
" Je pense que vous n'aimeriez pas trop ce qui se dit... Les habitués du Furet ne sont pas exactement..."
Elle se retourna pour vérifier que la salle était bien vide.
" Des mieux dégrossis... Si vous voyez ce que je veux dire."

Taliesin fronça les sourcils.
-Heu... Non, je dois avouer que non... fit-il. Enfin... A Loth Imarhil, je m'aattendais à ce que cela étonne, ou choque, même, que nous voyagions de concerve : les elfes ont une malheureuse tendance à se juger supérieurs aux autres races, et que l'on puisse s'attacher à des humains leur semble souvent inconcevable. Mais que cela puisse tant surprendre, ici... Je n'aurais pas imaginé. Murmure-t-on qu'il serait plus à sa place avec des humains, plutôt qu'avec un représentant de l'espèce aux oreilles pointues ?
Mieux valait qu'il soit fixé sur la question : le voyage était encore long, et savoir les bruits que pouvaient faire courir leur passage l'aiderait peut-être à trouver des moyens de passer plus inaperçu.

" Et bien..." commença Moïra, visiblement embarrassée. " Il est manifeste que ce n'est pas votre fils. Alors les gens... s'interrogent... mais en même temps, c'est surtout prétexte à faire de l'humeur gras. Mais on croise rarement... un enfant sans ses parents, accompagné d'un adulte qui ne lui est pas apparenté... Comme de surcroît, les elfes n'ont pas toujours bonne réputation, aussi près de Loth Imharil... Et bien... Mais je ne veux pas dire que j'y accorde le moindre crédit ! Simplement... Enfin... Hum."
Elle grimaça à nouveau, haussa les épaules.
" Ce sont juste des bavardages d'ivrognes."

Lorsqu'il saisit l'insinuation, le barde faillit avaler de travers et s'étrangler avec l'alcool de pomme.
Il avait tout imaginé, mais pas ça. Et songer, un seul instant, que l'on puisse penser de telles choses...
Il jeta un regard à Victor, puis secoua la tête, refoulant son indignation.
Il était heureux qu'ils aient gagné d'emblée leur chambre plutôt que de rester dans la grand-salle à l'heure d'affluence. Cela avait dû nourrir les plaisanteries, sans nul doute, mais, au moins, ils ne les avaient pas entendues. Si cela avait été le cas, il aurait probablement répondu du tac au tac, disant que les propos d'éleveurs demeurant enfermés bien plus longtemps que nécessaire dans leurs écuries ne l'atteignaient pas. Mais Victor... Ce n'était pas exactement le genre de choses qu'un gamin de son âge devait entendre.
Il soupira, sourit, un peu tristement.
-Ne vous inquiétez pas : je suis assez familier des auberges et des villages isolés pour savoir à quel point les étrangers font parler : nouvelles têtes, nouveaux ragots, de quoi alimenter de longues soirées arrosées... J'espère simplement que s'il y a des lèves-tôt, demain, ils se garderont de plaisanter devant le petit : je ne suis pas susceptible, mais je n'accepterai pas qu'on lui fasse du mal, même au travers de simples paroles.
Son sourire s'élargit, et il vida son verre.
-N'hésitez pas, cependant, à témoigner que nous avons fait lits séparés...

" Je suis désolée, je vous avais prévenu que les racontars n'étaient pas très enlevés." fit-elle. " Mais je leur dirai que je n'ai rien vu d'étrange se produire entre vous et que vous dormez séparément, oui. Et vous ne risquez pas de les croiser demain matin... Ils n'arrivent qu'à la mi-journée. Ils sont travailleurs, sous leurs dehors rustres."
Elle sourit.
" Et que faites-vous dans la vie, alors, à arpenter les routes ? Loth Imharil renferme plus de richesses et beautés que Rohan ou Bortheias, à n'en pas douter."

Il haussa les épaules à son tour.
-Richesses et beauté sont des notions bien subjectives, et on peut les trouver là où on s'y attend le moins, selon ses goûts, ses affinités. Loth Imarhil n'en manque pas, c'est vrai, mais tout Hélonna en regorge, J'aime les découvrir, les croiser au hasard de la route, et comme je suis barde itinérant... Les occasions ne manquent pas.

" Vous êtes barde !" s'exclama Moïra. " Petit cachotier ! Nous aurions pourtant pu vous exploiter ce soir !"
Elle rit de bon coeur.
" Pour un barde itinérant, vous n'avez pas l'air très motivé... A moins que les elfes de Loth Imharil ne vous aient déjà comblé pour l'année... Ou que le Furet ne soit pas de votre niveau. Je comprendrais. A part les chants guerriers et salaces, nos clients n'apprécient rien. Mais ils ont du coffre..."
Elle lui sourit doucement, mutine.
" Je donnerais cher pour entendre votre voix, cependant... Je me demande si elle est aussi séduisante que ce qui l'abrite."

Taliesin lui rendit son sourire, amusé.
-Ecoutez... Il n'est pas impossible que je sois amené à revenir dans la région, d'ici quelques temps. Alors, je vous promets que je viendrai jouer au Furet. Je ne suis pas élitiste et, pour parler franc, je préfère de loin les auberges villageoises aux établissements guindés ou aux cours seigneuriales. Ballades grivoises, chansons à boire ou gestes épiques, peu m'importe, du moment que les gens y trouvent du plaisir. Et c'est encore plus joyeux s'ils ont du coffre !
Il étouffa un bâillement.
-Si je me suis gardé d'évoquer mon métier, c'est... que je me considère en congé, disons. Il faut bien se ressourcer, de temps à autre, trouver de nouvelles sources d'inspiration.

Moïra fit mine de chercher quelque chose dans la poche de son tablier.
" Vite, je dois vous faire signer !" s'exclama-t-elle. " Je vais pouvoir faire mousser mes habitués des années à l'avance. J'espère que vous reviendrez avant que je ne sois devenue une vieille mégère toute racrapotée... Avec vous autres, on ne sait jamais..."
Elle se redressa et haussa les épaules.
" Je me contenterai de votre parole. Et je comprends que vous preniez des vacances. Malheureusement, certains d'entre nous n'y ont jamais droit. Mais c'est la vie !"

Il acquiesça.
-Je sais combien votre métier est rude. Parfois, je rêve d'ouvrir une auberge, mais... Je suis trop habitué à paresser pendant les voyages : même marcher des heures durant est moins éprouvant que servir continuellement des clients.
Il jeta un nouveau coup d'œil à Victor, qui dormait toujours.
-Et quand je dis que je reviendrai... C'est au pire dans quelques mois. Je ne vis que parmi les humains, et... j'ai adopté votre manière de mesurer le temps. Alors, vous pouvez m'en croire, je serai là bien avant que ce garçon ne soit devenu un adolescent insupportable. Émeraude m'a prévenu que ce sera infernal, quand il aura passé douze ans...

" J'AI ENTENDU !" glapit alors Victor en se redressant, arrachant un cri de surprise sonore à Moïra. " Je t'ai entendu ! Vile créature !"
La jeune femme éclata de rire, remise de ses émotions.
" Et toi, jeune apprenti, quelle est ta spécialité ?"
" Le pipeau. D'ailleurs, je connais un chouette morceau..."
Et de sortir la flûte de Belenn...

La première impulsion de Taliesin fut de prendre l'instrument des mains de l'enfant avant qu'il ne soit trop tard. Mais... Il s'abstint et sourit.
Victor n'allait pas convoquer un petit déjeuner. Ni de lumière. Ni user des "Damoiselles d'Eauprofonde", à moins qu'il ne veuille l'embarrasser en se fendant d'un air qu'il savait grivois. Non. De l'avis du barde, il allait jouer "La princesse et le troubadour", espérant que l'aubergiste tomberait aussitôt sous son propre charme. Manière de se venger de ce qu'il venait de dire... ou d'autre mauvais tours plus anciens.
Mais ce qu'avait oublié le garnement - du moins, l'elfe le pensait-il -, c'est que le sortilège ne fonctionnait que pour son porteur. Ainsi, Moira s'enticherait aussitôt de lui... et il serait bien pris. Elle voudrait peut-être le peigner, qui sait. Lui essayer des vêetements. Vérifierait qu'il se soit bien lavé derrière les oreilles avant d'insister pour le border, lui raconter une histoire...
-Nous t'écoutons ! fit Taliesin, un large sourire aux lèvres, en se carrant sur sa chaise.

Victor prit un air extrêmement inspiré, fixant les deux adultes d'un regard qu'il espérait probablement ténébreux, mais qui fit glousser l'aubergiste. Il porta ensuite l'instrument à ses lèvres, inspira un bon coup et produisit une suite de sons désarticulés, discordants, les enchaînant sans rythme ni structure, mais avec force !
Moïra porta les mains à ses oreilles.
" Pitié ! Silence ! Silence ! Tu vas réveiller tous les clients !" s'exclama-t-elle.
Victor s'interrompit et la dévisagea, penaud.
" Je suis désolé." balbutia-t-il. " C'est seulement le début de mon apprentissage."
" Non, mais je comprends, je ne voulais pas t'empêcher..."
" Je voulais jouer La Princesse et Le Troubadour, mais je m'en souviens mal..."
Il se tourna vers Taliesin, dissimulant à peine son sourire.
" Tu ne voudrais pas le jouer, toi ? Pour me le rappeler ?"
" Oh oui, faites donc, j'adore ce morceau !"

Taliesin resta un instant à observer le petit garçon.
S'ils étaient en train de mener une partie du jeu de stratégie auquel les avait initiés le marchand manostien, lui-même serait sur le point de perdre la partie face à un adversaire aussi malin que retors.
Une vraie déculottée.
Mais il n'avait peut-être pas encore dit son dernier mot.
Notant dans un coin de sa tête de ne plus jamais, jamais sous-estimer Victor, Taliesin acquiesça, porta le pipeau à ses lèvres, et entreprit de faire ce que l'on attendait de lui.
A une exception près : il modifia l'air, veillant à ce que pas plus de deux ou trois notes du morceau original ne s'enchaînent consécutivement. Il ne chamboula pas tout, mais fit en sorte que l'on reconnaisse "La Princesse et le Troubadour" sans que ce fut réellement cette chanson.
Il espérait qu'ainsi, le charme ne fonctionnerait pas. Avait tout lieu de le croire, vu les changements apportés...

Victor demeura interdit, la bouche entrouverte.
" Mais c'était quoi, ça ?" demanda-t-il, incrédule.
" Une interprétation peu ordinaire, c'est certain. Pas désagréable, cependant. J'imagine que c'est la version elfique ? Ça sonne tout de suite plus raffiné que l'original."
Le petit garçon regarda l'aubergiste, revint au barde, puis secoua la tête avec une petite moue.
" Mais tu ferais mieux d'aller te coucher, mon garçon, non ? Le bois de mes tables n'est pas si confortable..."

Taliesin adressa au gamin un sourire triomphant, puis se tourna vers Moira.
-Votre conseil est judicieux... Et je crois que je vais le suivre moi aussi. On ne dirait pas, mais... Les voyages, même en coche, fatiguent aussi.
Il repoussa sa chaise, se leva.
-Merci pour le verre, en tout cas. Et... La prochaine fois que je viendrai, je vous interpréterai la version classique de "La Princesse et le Troubadour". A la harpe. J'y suis un peu moins mauvais qu'au pipeau...

Victor se leva et trottina vers l'escalier.
" Bonne nuit !" lança-t-il, sans rancune.
Moïra sourit à Taliesin, le regard un peu vague, et eut une petite moue pensive, une seconde.
" Bon, bonne nuit alors." fit-elle en se redressant à son tour. " Je n'oublierai pas."
Puis elle se saisit des deux verres, de la bouteille, et repartit vers son comptoir.

Taliesin lui adressa un signe amical de la main, puis suivit Victor vers l'étage.
Il n'était pas peu fier de son coup. Pas peu soulagé, aussi, d'avoir échappé au piège que lui avait tendu le gamin. Il espérait tout de même que celui-ci ne lui en voudrait pas. Aurait-il s'agit d'autre chose qu'il se serait laissé prendre volontairement : après tout, il lui devait bien ça. Mais... Tout de même, ensorceler quelqu'un, ce n'était pas rien.
Bah, de toute façon, le petit garçon aurait d'autres occasion de lui jouer de mauvais tours. Et saisirait la chance au bond. Il ne se faisait pas de souci pour ça.

Une fois dans la chambre, Victor déplaça soigneusement sa cotte de mailles elfique, la regardant, hypnotisé, comme s'il se fut agi d'un trésor fragile, puis se changea rapidement et sauta entre ses couvertures. Il poussa un soupir d'aise : même si l'auberge était rustique, le lit était meilleur que la veille, la couverture grattait moins et on s'habituait finalement à l'odeur de cheval omniprésente.
Il souffla sa bougie et attendit en silence que Taliesin s'installe à son tour.

Ce qu'il fait avec un plaisir non dissimulé : il ne mentait pas lorsqu'il arguait que le voyage en coche était fatiguant. Certes, cette fois-ci, Émeraude s'était assoupie, n'avait quasiment pas parlé. Mais il n'en avait pas pour autant eu l'occasion de somnoler lui-même, absorbé qu'il était dans ses multiples parties avec le Manostien.
Il moucha sa propre bougie, les plongeant dans les ténèbres, puis poussa un profond soupir de contentement. L'alcool aidant, il n'allait pas faire long feu...
-Bonne nuit, bonhomme... Ah, et... bravo pour le piège que tu m'as tendu. Tu es d'une intelligence redoutable. Je ne plaisante pas. souffla-t-il.

Victor ricana en se retournant dans ses couvertures.
" Bah, de toute façon, ça n'aurait pas rajouté grand chose à la situation, si ça avait marché... Contrairement à moi, tu n'as pas besoin de Princesse ou de Troubadour pour que les demoiselles essaient d'attirer ton attention..."
Il bâilla.
" Mais bonne nuit, et merci pour le compliment."

Le barde sourit dans le noir.
-Tu parles d'une chance : même les vieilles dames sont conquises, ce dont je me passerai bien... Mais attends donc quelques années, Victor, et tu verras que toi non plus, tu n'auras pas besoin d'enchantement pour séduire la gente masculine.
Il se tut, bâilla à s'en décrocher la mâchoire, puis se détendit, s'offrant sans résistance au sommeil qui, déjà, faisait son approche.

La Couronne de Cuivre

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