La Couronne de Cuivre

RP : Retour à Luménis

Le rôdeur avait regardé l'officier droit dans les yeux pendant sa diatribe, pestant intérieurement et aussi furieux contre lui-même pour s'être laissé inutilement emporté que contre l'officier légèrement obtus et tout à fait intransigeant qui lui faisait face. Cependant, il n'avait pas l'intention de se laisser faire sans se défendre bec et ongles. Il répondit d'un ton plus calme, en faisant un gros effort de concentration. Peut être qu'une approche plus diplomatique aurait moins de conséquences fâcheuses :

- Je me suis mal exprimé et je m'en excuse. J'ai peut être donné à penser par arrogance que vous me devriez un traitement de faveur mais je n'en mérite pas, au nom de la justice. Je comprends donc votre point de vue en la matière. Vous seriez en droit d'appliquer toute sanction nécessaire sous votre juridiction. Mais comprenez aussi le mien : le soir même de mon arrivée, j'ai été accusé injustement par un villageois qui ne semblait pas sûr de lui-même et encore moins les autres témoins de la scène. Je vous ai accompagné en vos locaux quand vous l'avez sollicité en espérant faire la lumière sur cette histoire et en donnant de nombreux détails sur mes activités privées. Mais, au lieu de me considérer comme un témoin, vous m'avez emprisonné au milieu de délinquants en me séparant de ma compagne que j'ai du laisser seule en terres étrangères. Un citoyen qui a fait ses preuves à maintes reprises devraient bénéficier d'une once d'a priori positif et je n'en ai pas eue.

RP: Retour à Luménis

Des bruits de pas se faisaient entendre dans le couloir.
- Comment vouliez-vous que je vous accorde un a priori positif, répliqua le soldat, alors que vous m'étiez totalement inconnu et que je n'avais que votre parole et vos récits me répétant que vous êtes digne de confiance ? Je ne peux me baser que sur des faits dans mon métier, et je me dois de vérifier tout ce qu'un accusé prétend avant de le croire. Si je n'appliquais pas cette règle à la lettre, je me ferais emberlificoter par le premier beau parleur venu ! Et dans l'absolu, de toute façon, je m'efforce de ne jamais tenir compte du statut ou de la réputation des personnes lorsque j'enquête : je vous le répète, je dois m'en tenir aux faits, et vous pourriez être membre supérieur du conseil de Luménis que ça n'y changerait rien.
L'effort diplomatique de Kasumi avait toutefois calmé quelque peu sa colère.

Deux gardes entrèrent après un coup frappé à la porte.
- Raccompagnez-le en cellule.
Il leva la main dans un mouvement impératif, s'attendant à des protestations.
- Pour une heure ou deux seulement, précisa-t-il à Kasumi. Je dois vérifier cette histoire de médaillon, si vous voulez bien me le confier. Non que je ne sois pas enclin à vous croire, mais je connais le juge en poste : il lui faudra des indices sérieux de votre innocence, sans quoi il me reprochera de vous avoir libéré et pourrait même lancer un mandat d'arrêt contre vous. Si vraiment ce médaillon prouve que vous n'êtes pas un mauvais bougre, ce sera un argument convainquant de plus. Par contre, cela n'enlève rien à l'infraction dont vous vous êtes rendu coupable il y a quelques minutes...

RP : Retour à l'abri

Le rôdeur commençait à se trouver sérieusement agacé par l'attitude zélée de l'officier. Il ne put s'empêcher de sourire ironiquement en entendant ce que ce lieutenant réserverait au général Maelwedd, à l'archimage Lathiriel ou à l'amiral Theobald Longuehune si jamais l'un d'entre eux avait le malheur d'être accusé d'un crime par le premier paysan venu de la bourgade. Sans faire de geste vers le pendentif sous sa tunique, il répliqua d'un ton sarcastique :

- Je vous suis gré de vos efforts, officier. Malheureusement, si vous confier ce précieux médaillon confié par les gardiens de l'Aube ne me vaut "qu'un argument convaincant de plus", je ne sais pas si le jeu en vaut la chandelle. Après tout, les preuves relevées à mon encontre - ressembler vaguement à un elfe - sont suffisamment accablantes pour m'emprisonner de manière répétée. Ce temps sera-t-il au moins déduit de celui auquel vous m'avez déjà condamné ? Inutile de me montrer le chemin. Je connais l'emplacement des cellules.

Le rôdeur se plaça ensuite entre les gardes pour bien montrer qu'il ne voulait en aucun cas échapper à leur emprise et donner de nouvelles raisons de condamnations.

RP : retour à Luménis

L'officier haussa les épaules, avec un air presque... oui, presque amusé.
- Celui auquel je vous ai condamné ? Mais voyons, ne me dites pas qu'un héros comme vous ne dispose pas de 35 pièces d'or pour payer une contravention ? Surtout que j'aurais pu vous proposer un autre arrangement, mais visiblement vous n'êtes pas disposé à en discuter. Aller donc réfléchir au calme dans votre cellule !
Lui aussi avait pris un ton sarcastique.
- Et pour ce qui est du médaillon, à votre aise. Je dirai au juge que vous refusez de me le confier, cela jouera certainement grandement en votre faveur ! D'ici à ce qu'il vous prenne pour un menteur... Il a tendance à être un peu obtus parfois... oui, oui, encore plus que moi. Mais soit.
Il se tourna vers le garde.
- je vous laisse raccompagner cet homme en cellule jusqu'à mon retour de chez le juge.

RP : Retour à Luménis

Le demi-elfe ôta rageusement son médaillon avant de le déposer sur le bureau de l'officier.

- Je ne suis pas un menteur. Mais si vous pensez que ceci prouvera que je suis un "bon bougre", vous risquez d'être déçu. Je tiens à ce qu'il me soit restitué dans les meilleurs délais.

Puis, se tournant vers les gardes à nouveau, il s'adressa directement à eux :

- Votre officier vous a donné un ordre, ne le faisons pas attendre.

Il sortit de la pièce sans un regard en arrière pour permettre à l'officier de récupérer ou non le médaillon sans perdre la face.

RP : Retour à Luménis

Cette fois-ci, le séjour en cellule lui parut beaucoup plus court. Une heure au maximum, comme l'avait annoncé l'officier.
Deux gardes virent à nouveau l'escorter, le long du chemin qu'il commençait à trop bien connaître, et s'effacèrent pour le laisser entrer dans le bureau. A sa grande surprise, ce ne fut pas l'officier qu'il aperçut, du moins pas immédiatement. Il n'était en effet pas seul : Astrée était là, tournant le dos à la porte, en pleine discussion avec lui. Le ton était calme, mais il ne put connaître la teneur de la conversation puisqu'elle s'interrompit à son arrivée. Astrée se tourna immédiatement vers lui, avec un sourire soulagé et heureux, et un peu d'inquiétude dans le regard tout de même. Elle lui prit la main en silence pour la serrer de toutes ses forces.
L'officier, lui, se leva et eu même un semblant de sourire.
- Entrez, asseyez-vous. Je sors de chez le juge d'instruction, comme je l'expliquais à votre compagne, et vous serez certainement soulagé d'apprendre que vous êtes désormais libre. Voici votre médaillon, au fait.

RP : Retour à Luménis

Bien qu'il soit soulagé de voir Astrée et surtout qu'elle semblait aller bien, le demi-elfe entra dans le bureau avec méfiance et, après avoir dédié quelques mots chaleureux à sa compagne, s'assit comme demandé mais n'esquissa pas l'ombre d'un sourire à l'annonce que venait de faire l'officier. Il s'empara du médaillon et prit la peine de le vérifier avant de le remettre autour de son cou, caché sous sa tunique. Il finit par répondre d'un ton grave :

- Qu'en est-il de l'autre affaire qui nous occupe ? Je ne dispose pas de la somme que vous avez réclamé. Nous avons besoin de nos liquidités pour regagner la capitale. Même les "héros" comme vous m'avez appelé ironiquement tout à l'heure, se promène rarement avec de telles sommes. Ou ils finissent par attirer l'ombre des vautours.

A son ton, il était impossible de déterminer si cette dernière expression visait ou non l'officier.

RP : Retour à Luménis

Apparemment l'officier n'imaginait pas une seconde que la dernière phrase puisse le concerner.
- Je sais bien que vous n'avez pas une telle somme sur vous. Je viens justement d'en discuter avec votre compagne. Elle m'a attesté que elle et vous disposiez de cette somme à Luménis. Vous avez donc quatre mois pour revenir ici régler votre dette. Au-delà de ce délai, l'amende serait doublée, et je serais contraint de passer directement par votre hiérarchie pour en obtenir le recouvrement.
Il semblait certain de ne pas avoir à en arriver là, et poursuivit tout aussitôt, d'un ton soudain grave et sérieux, bien moins formel ni autoritaire.
- Je ne vous retiens pas davantage... mais avant que vous ne partiez, je me dois de vous mettre en garde. C'est peut-être inutile, car d'après les dires de votre compagne, vous êtes un habitué des dangers et des missions risquées, mais c'est quand même mon devoir. Vous avez selon toute vraisemblance un sosie, qui s'avère extrêmement dangereux. Il est probable qu'il ait d'autres faits à se reprocher, qu'il se soit fait d'autres ennemis qui pourraient eux aussi vous confondre. Je sais que vous saurez être prudent. Mais j'aimerais vous demander de bien avoir l'obligeance, pour faire avancer l'enquête qui vous concerne, de nous prévenir si vous trouvez des informations quelconques sur cet homme. C'est bien sûr dans votre intérêt, puisque cela prouvera définitivement votre innocence. En prime, une aide conséquente pourrait être considéré comme un grand service rendu à notre communauté, et par conséquent aboutir à l'annulation de l'amende que vous devez.
Un moyen peut-être, pour l'officier, d'annuler la contravention sans perdre la face ?

RP : Retour à Luménis

Le rôdeur répondit d'un ton sans chaleur mais plutôt neutre et ne comportant pas de trace de colère, plutôt de ressentiment :

- Vous ne faites que votre devoir en me prévenant mais merci tout de même. Si l'homme en question cause encore du tort, je saurai me rapprocher des autorités compétentes et collaborer éventuellement avec elles sur leur sollicitation. Pour ce qui est de la peine de prison, je souhaiterais qu'elle soit commuée à Luménis. Je ne pense pas avoir jamais l'occasion de revenir au Pont des Trois Sires.

RP : Retour à Luménis

Il y eut un instant de silence stupéfait. L'officier ouvrait des yeux ronds comme des soucoupes. Il voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Astrée le devança:
- Il est hors de question que tu fasses une seul journée de prison!, fit-elle d'un ton qui n'admettait aucune réplique. Elle paraissait complètement choquée par cette idée, réellement inconcevable pour elle. Réalisant qu'elle avait pour une fois parlé sans réfléchir, et qu'elle avait qui plus est contredit autoritairement son compagnon en public, elle rougit soudain et se tint coite.
- Je ne vois vraiment pas pourquoi vous devriez faire de la prison, renchérit l'officier. Cette peine de 7 jours n'est prévue que pour les personnes qui n'ont pas les moyens de payer les 35 pièces d'or, et ce n'est pas votre cas... mais vous aurez le temps d'y réfléchir dans les semaines à venir.

RP : Retour à l'abri

Le rôdeur avait plissé les yeux et froncé les lèvres un instant devant la réaction des autres protagonistes. Mais il n'avait aucune intention de passer plus de temps que de nécessaire dans le bureau de l'officier et dans cette cité hostile. Il se tourna donc vers la porte sans répondre au représentant de l'ordre ni même lui adresser un mot d'au revoir. C'était une petite vengeance bien mesquine mais l'homme n'avait pas fait preuve de davantage de civilités jusque là.
Une fois dehors, le demi-elfe se tourna vers sa compagne :

- Je suis content de te voir. Première Neige m'a confié que tu avais quitté la ville pour dormir. As-tu ramené les chevaux ? Je n'ai pas envie de passer plus de temps dans cette bourgade de malheur.

Visiblement, il ne comptait pas aborder lui-même la question qui venait d'être soulevée dans le bureau de la milice.

RP : Retour à l'abri

- On en avait pourtant de bons souvenirs, fit remarquer pensivement Astrée.
Elle sourit à son compagnon, d'un sourire hésitant. Elle était pâle, visiblement perturbée par la mésaventure qui venait de leur arriver mais elle s'efforçait de faire bonne figure. Après tout, ce n'était pas elle qui venait de passer une nuit en cellule....
Avec tendresse, elle passa le bras autour de la taille de son compagnon, posant sa tête sur son épaule.
- Ca fait du bien de te retrouver. J'étais si inquiète... L'officier m'avait bien dit, hier, que tu serais libéré ce matin, mais te savoir en cellule pour rien, juste pour une accusation sans fondement, ça me brisait le coeur... Et tu me manquais tellement... C'est pour ça que je suis allée dormir dans les bois : je n'avais pas envie d'affronter les regards à l'auberge. J'ai juste récupéré nos affaires et les chevaux, ils nous attendent avec première neige dans une clairière tranquille.

RP : Retour à Luménis

La présence d'Astrée était apaisante et rendit le sourire au rôdeur. Cependant, il pressa légèrement le pas pour s'éloigner du poste de garde. Il avait bien l'intention de ne pas s'approcher non plus de l'auberge où il avait été accusé. Il n'avait aucune envie de subir de nouvelles péripéties s'il recroisait le père de la jeune fille disparue. Mais tout ceci était presque de l'histoire ancienne. Il préféra se consacrer au présent, bien plus réjouissant. Il répondit calmement à Astrée :

- Tu as très bien fait. J'étais en quelque sorte plus tranquille de te savoir dans ton élément. A quel point cette clairière est tranquille ? Enfin, mieux vaut se remettre vite en route. Je préfère m'éloigner d'ici le plus vite possible.

RP : Retour à Luménis

Astrée sourit.
- C'est de l'autre côté du Pont. je me suis dit que tu n'aurais aucune envie de retraverser le village. Ca a l'air d'avoir été éprouvant, ton séjour en prison. Moi qui déteste être enfermée... Ils t'ont donné à manger au moins ? Et c'est quoi, cette marque près de ton oeil ? On dirait que tu vas avoir un bleu ?
D'une main, elle caressa en douceur la contusion.
- Tu t'es cogné ? Ils ne t'ont quand même pas frappé ?

RP : Retour à Luménis

Le sourire de la jeune femme était communicatif mais il ne put s'empêcher de frémir quand elle effleura la zone sensible près de son œil. Il avait espéré, en vain, échapper au cocard mais Astrée avait fini par remarquer les séquelles de sa bagarre. Un peu honteux, il se concentra sur son autre question :

- En fait, je n'avais pas d'appétit hier soir. J'ai donné une partie de mon repas à un gnome. Mais le plus dur était de ne pas t'avoir à mes côtés. J'ai bien failli ne pas dormir. Mais aujourd'hui ça a changé ! C'est probablement parce que je me retrouve sous le soleil et en bien plus charmante compagnie. Mais je préfère que nous nous mettions en route quitte à faire une pause en chemin.

Après un instant d'hésitation, il ajouta d'un ton un peu piteux :

- En fait, j'ai eu une petite altercation avec un compagnon de cellule mais aucun de nous n'a été blessé sérieusement.

RP: retour à Luménis

Astrée hocha la tête. Elle lui avait pris la main, l'entraînant avec douceur en direction de la sortie de la bourgade.
- Oui, l'officier m'a expliqué, fit-elle simplement. Il m'a dit qu'il était obligé de te garder le reste de la nuit à cause de ça, que c'était le règlement, mais que tu serais libre ce matin. J'étais furieuse ! Et j'avais tellement peur de retourner toute seule à l'auberge... Il a dû le sentir, car il a même proposé de me faire accompagner par un de ses hommes... Je n'ai pas osé lui dire que je n'y dormirai pas, j'espère qu'il n'a pas été vérifier...
Elle soupira.
- Ne t'en fais pas, je vais te soigner ça dès qu'on sera hors du village. Décidément, la prison, c'est vraiment horrible... Heureusement, c'est fini, tu n'auras plus jamais à y mettre les pieds !
L'allusion à la discussion avec l'officier était évidente. Elle n'ajouta rien, attendant la réaction.

RP : Retour à Luménis

Kasumi sourit à la mention des soins dont il allait être l'objet mais il marqua un instant d'hésitation en comprenant où le discours d'Astrée était censé le mener. Elle avait diplomatiquement choisi d'aborder la question de façon détournée ce qui le mettait en mauvaise posture pour démentir son allégation. D'un ton incertain, il répondit en cherchant les mots qui expliqueraient le mieux ses motivations :

- On ne peut jamais en être certain à l'avance. Bien sûr, j'ai quelques liquidités qui peuvent me permettre d'éviter ce genre de situations dans une certaine mesure. Mais l'idée d'échapper à ma sentence sous prétexte que j'en ai les moyens me répugne un peu. Cela dit, il sera certainement possible de s'arranger avec les autorités luméniennes pour effectuer la peine sous la forme d'un travail d'intérêt général ou un service. Même si j'avais eu l'argent aujourd'hui, je n'aurais pas payé. Le risque est trop grand d'encourager les officiers zélés en mal de moyens à rançonner tous les aventuriers ayant un peu d'or sur eux.

RP: retour à Luménis

Astrée avait ouvert de grands yeux stupéfaits et mit quelques instants à trouver ses mots.
- Ce n'est pas du tout comme ça que l'officier m'a présenté les choses... Il m'a expliqué, attends, que je me souvienne... il m'a dit que tu devais payer une amende pour outrage à agent parce que tu as un peu dépassé les limites en maîtrisant mal ta colère... Et quand je lui ai fait remarquer que c'était quand même cher, il m'a expliqué qu'un tel montant était très efficace pour dissuader de recommencer, mais que pour les personnes qui ne pouvaient pas payer, on pouvait le commuer en une peine de prison. Je n'ai pas eu du tout l'impression qu'il rançonnait qui que ce soit ou que l'amende servait à échapper à la sentence... Et j'ai été soulagée de me dire qu'on pouvait payer, je n'ai pas du tout envie de te voir enfermé sept jours en prison ou même en Travail d'intérêt général ! Tu n'as rien fait de grave, rien qui mérite une telle sanction ! Une amende, c'est pas grand-chose, mais une peine de prison ou autre, c'est pour les criminels !
Son ton trahissait un certain emportement. Elle préféra revenir sur un terrain plus consensuel.
- Mais bon, je te sens remonté contre lui, donc j'imagine que ton "audition" s'est mal passée hier? Je comprends bien que que tu en veuille à quelqu'un qui t'as interrogé comme un criminel...

RP : Retour à Luménis

Kasumi se trouvait un peu ébranlé par les arguments assénés avec conviction par sa compagne mais il préféra commencer par le terrain le moins dangereux pour ne pas s'avouer simplement vaincu. Il ne souhaitait en aucun cas aller à son encontre mais ses principes et sa fierté avaient déjà été suffisamment malmenés au cours des douze dernières heures. Il chercha avec soin ses mots et parla d'un ton apaisé mais décidé :

- Hier soir je ne m'imaginais pas une minute passer la nuit au poste quand j'ai suivi les gardes. J'ai pourtant donné le maximum de détails à cet officier mais il a cru bon de me mettre dans une cellule commune au lieu de me renvoyer auprès de toi. L'officier n'a même pas pris la peine de me dire pour combien de temps et on a mis un homme complètement ivre avec moi qui m'a invectivé. J'ai répondu mais ça m'a valu de me retrouver à l'isolement sans plus de nouvelle de l'officier qui pouvait probablement avoir remis l'affaire au lendemain. Alors ce matin quand il a tergiversé sans prendre la peine de s'expliquer, j'ai vraiment perdu mon calme. Alors je suis prêt à payer, quelque soit la forme, mais je ne compte pas rester silencieux une fois à Luménis sur les méthodes de cet homme. S'ils arrêtent et traitent ainsi tous ceux qui ressemblent vaguement à un elfe barde, ça pourrait mal se finir.

RP : Retour à Luménis

Astrée hocha la tête. Elle sentait que le sujet était sensible, et préféra ne pas insister davantage. Elle lui prit la main, la serra brièvement.
- Oublie tout ça pour le moment. Regarde, il fait un temps magnifique et nous serons à Luménis demain.
Ils venaient de traverser le pont, toujours aussi beau mais dont ils n'étaient guère d'humeur à apprécier la finesse. Personne ne semblait faire attention à eux de ce côté-ci, chacun vaquait à ses occupations sans se préoccuper des voyageurs isolés. Une caravane de commerçants, devant eux, marchandait le prix à payer pour le passage, mais eux-mêmes, simples piétons, ne furent pas inquiétés.
Quelques minutes plus tard, ils dépassaient les dernières maisons, et Astrée bifurquait dans un chemin de terre, conduisant Kasumi vers un petit bosquet tout proche. Leurs trois montures et Première neige étaient là, comme prévu, attendant paisiblement. Pour un peu, lerôdeur aurait pu oublier sa nuit en cellule.
- Fais-moi donc voir cet oeil blessé....

RP : Retour à Luménis

A mesure qu'ils s'éloignaient de la cité, le cœur de Kasumi se faisait plus léger et l'épisode semblait de plus en plus appartenir aux mauvais souvenirs. Le demi-elfe était soulagé de retrouver sa monture et sa louve apparemment en bonne santé bien qu'il n'eut aucun doute sur le fait qu'Astrée avait bien pris soin d'eux en son absence. Quand celle-ci l'interpella, il ne fit pas mine de résister et lui adressa un sourire en tournant son visage vers elle.

- Ce n'est pas si grave puisque je te vois toujours aussi belle.

RP:Retour à Luménis

Astrée rit... mais obligea tout de même son compagnon à rester parfaitement immobile pendant plusieurs minutes, un cataplasme posé sur l'hématome, sans tenir compte de ses tentatives pour l'amadouer. Même Première Neige semblait contempler d'un oeil narquois sa blessure...
- Je parie que tu meurs de faim, après ta nuit là-bas... mais j'ai tout prévu, j'ai pris le temps d'acheter du pain frais avant de te rejoindre ce matin !
Elle ne dit pas que ce geste lui avait coûté : il y avait foule au marché, et la promiscuité réveillait des souvenirs trop douloureux, trop récents. Mais elle savait bien qu'un bon repas aiderait à chasser les mauvais souvenirs.

Elle jeta un coup d'oeil au soleil, pas encore suffisamment haut.
- Mais je pense qu'on ferait mieux d'avancer un peu avant, si on veut arriver chez toi demain...
Le "chez toi" était tout théorique. Il était hors de question qu'ils dorment tous les deux à la garnison, et ils seraient forcés de trouver une auberge...

RP : Retour à Luménis

Kasumi déchanta bien vite : le traitement mis en œuvre par Astrée était bien moins amusant qu'il ne l'avait imaginé. Cependant il devait bien reconnaître que cela apaisait le tiraillement de sa pommette et de son arcade sourcilière. L'idée de faire un bon repas en apparaissait d'autant plus réjouissante. Il répliqua donc avec enthousiasme :

- Très bonne idée ! Je peux te cuisiner un petit plat de ma composition si tu es d'accord ! Après tout, on n'y a pas eu droit hier soir... On l'a bien mérité !

Les rôdeurs se remirent en route à un bon rythme leur permettant de s'éloigner rapidement du village. La route étant uniformément pavée leur permettait de pousser un galop léger. Alors que le demi-elfe allait suggérer de faire une pause pour prendre le repas promis, de l'agitation au bord de la route attira son regard. Une dizaine d'ouvriers s'affairaient avec des pioches et des pelles non loin de la route dans une sorte de champ recouvert de pierres de toutes tailles.

RP: Retour à Luménis

Un brin intriguée, Astrée ralentit le pas de sa monture pour observer la scène. Elle avait rarement vu autant de pierre dans un champ... à moins qu'il ne s'agisse des ruines d'une ancienne bâtisse ?
- Rien ne se perd, fit-elle remarquer comme pour elle-même. Ils vont en construire, des maisons, avec toutes ces pierres....
Elle sourit. Sa maison à elle ne comportait aucune pierre... et même si elle n'avait pas vécu dans une grotte, elle n'en aurait pas eu besoin, préférant la chaleur du bois à la dureté de la pierre.
Bien que n'y connaissant strictement rien en architecture, elle ne put s'empêcher, par curiosité, de chercher à identifier la nature du bâtiment qui devait être présent autrefois sur ce terrain.

RP : Retour à Luménis

Kasumi imita bien vite sa compagne et déporta même sa monture pour mieux voir le terrain. Il se fit songeur en voyant que les hommes ne cherchaient pas à extraire les blocs de pierre comme l'avait pensé sa compagne. En revanche, ils semblaient affairés à creuser tout autour, révélant des murets, des dalles présentant une régularité étonnante. Plus il s'approchait, plus l'ensemble lui apparaissait bien plus vaste qu'il ne l'avait pensé de prime abord. Un seul homme ne creusait pas : perché sur un bloc plat, il semblait plus agité et excité que tous les autres, donnant des ordres et des recommandations à tout va. Il sauta à pied joint de son éminence pour courir sans grande distinction malgré sa barbe blanche et ses vêtements raffinés.

- Faites un peu attention avec ces blocs ! Cette fresque est inestimable ! Elle est incontestablement elfique ! Du second âge selon toute vraisemblance ! Oh oui, l'académie devra bien le reconnaître !

Il se tourna vers Kasumi sans vraiment quitter des yeux son point d'attention d'origine :

- Hey vous, c'est un chantier privé, faîtes bien attention à ne pas quitter la route ! Il y a des vestiges antiques partout sur cette zone.

RP : Retour à Luménis

- Une ancienne cité... commenta Astrée, un brin songeuse.
Les villes, elle ne les aimait pas vraiment. Trop peu de nature préservée, trop de gens entassés. Mais là, c'était différent : la nature avait repris ses droits, et maintenant ces vieilles pierres faisaient désormais partie du monde minéral alentour. Elles n'étaient plus la "propriété" d'hommes, le symbole de leur puissance ou de leur richesse. Elles redevenaient simples objets, certes témoins du passé, mais désormais sans grande utilité. Même si l'homme qui supervisait les choses avait l'air de les considérer comme bien plus que des éléments du monde minéral...
- Nous ferons attention, promit-elle à l'inconnu avec un sourire. Mais pourquoi donc tenez-vous tant à déterrer ces vieilles pierres?

RP : Retour à Luménis

L'homme parut tout d'abord soulagé vis à vis des intentions des intrus mais il répondit d'un ton offusqué à la question d'Astrée :

- De vieilles pierres ? Vous plaisantez ? Il s'agit là d'un trésor architectural. Une occasion unique nous est donnée de valider toutes nos théories sur la civilisation précoloniale sur la côte des lumières. Selon les bien pensants, ces vieilles pierres comme vous dites ne devraient pas se trouver là. Regardez donc leur agencement qui suggère une organisation sociale avancée ! Il y a les vestiges d'au moins six bâtiments publics rien que dans ce champ. Et la qualité de ces fresques est tout bonnement remarquable. Qui sait quels secrets elles nous révéleront. J'espère bien découvrir comment ces gens vivaient ici.

RP: Retour à Luménis

Astrée avait écouté avec attention et hocha la tête pour montrer à l'inconnu qu'elle comprenait son point de vue... tout en s'avouant qu'elle n'y connaissait pas grand-chose en histoire, encore moins en architecture et strictement rien en archéologie. Visiblement, l'homme, lui, était passionné par le sujet, et ravi 'avoir des interlocuteurs. Donc, un peu par politesse, un peu aussi par curiosité, elle poursuivit la conversation.
- Je comprends... Mais elles sont si vieilles que ça, ces fresques ? Ce que vous appelez la civilisation précoloniale, ça remonte à quand ? Est-ce encore plus ancien que le pont des Trois Sires ? Et pourquoi vous dites qu'elles ne devraient pas se trouver là ?

RP : Retour à Luménis

Kasumi, bien que silencieux, semblait s'amuser de la situation mais montrer la même curiosité que sa compagne pour les vestiges en cours d'excavation. L'archéologue en chef quant à lui, manifesta par un sourire ravi l'intérêt que portait la jeune femme pour ses recherches. Il répliqua avec enthousiasme :

- Madame, cette découverte va reléguer le Pont des trois sires au rang des constructions modernes. Le Pont a à peine quelques siècles d'existence alors que ces ruines datent d'au moins un millier d'années d'après mes premières estimations. Et c'est bien leur âge qui en fait un trésor : si près de Luménis, c'est un miracle qu'elles n'aient pas été découvertes ou détruites plus tôt. De plus, les scientifiques semblaient tous s'accorder - tous sauf moi bien sûr - à penser qu'aucune civilisation avancée n'avait résidé ici avant le grand débarquement colonial. En plus, ces runes d'apparence elfique sont étranges. Elles ne semblent pas correspondre aux inscriptions communes des communautés du centre du continent. C'est peut être là la preuve de l'existence d'une civilisation florissante encore totalement inconnue.

RP : retour à Luménis

Astrée haussa un sourcil, dubitative.
- Le pont n'a que quelques siècles seulement ? Mais alors, ça voudrait dire que ses bâtisseurs sont peut-être encore en vie, puisque les elfes vivent plusieurs siècles... Et dans ce cas, si on les retrouvait, ils pourraient sûrement vous renseigner bien davantage que ces vieilles fresques ! Moi je croyais que le Pont avait, je ne sais pas, au moins plusieurs millénaires. Mais j'avoue que je n'y connais pas grand-chose en histoire...ni en elfe d'ailleurs. Elle rougit et évita de regarder Kasumi alors qu'elle affichait ainsi son ignorance. Peut-être qu'ils ne vivent pas si longtemps, ou que chaque génération vit dans un lieu différent, ou...je ne sais pas...
Elle était presque certaine que ce n'était pas cela, puisqu'on parlait de grandes cités elfiques... mais puisqu'elle venait de contredire impulsivement un homme apparemment très savant, mieux valait le faire dans les formes - humblement.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Le Pont des trois Sires