La Couronne de Cuivre

RP : Retour à l'abri.

Astrée mit quelques instants avant de se rappeler où elle était... Elle dévorait le poisson, elle sentait une pression sur son épaule... Elle sépara les deux sensations l'une de l'autre, se coupa des perceptions du félin... et réintégra son corps.
Elle rouvrit les yeux, papillonna un instant, et parvint à fixer son regard sur Kasumi, et livra les quelques iformations qu'elle avait glanées, dans un discours un peu haché et décousu.

- La grotte est immense. Il y a tout un réseau je pense. Ils étaient six dans cette partie-là. J'ai entendu deux noms : Lax'l et Eddy. On dirait qu'ils préparent une nouvelle attaque de convoi, de grande envergure. Un groupe doit prendre les gardes à revers... Je ne sais pas quand ni où, bien sûr... Il y a une guilde, aussi, qui les paie... Mais tu m'as tirée de là avant que je puisse en apprendre davantage.

Elle se frotta les tempes, luttant contre le mal de tête qui menaçait de l'envahir. Kasumi n'avait peut-être pas eu tort. Elle s'était livrée à un exercice difficile et épuisant... Et il était peut-être temlps qu'elle réintègre son propre corps.

RP : Retour à l’abri

Le rôdeur se pencha vers elle pour lui caresser la joue avant de l’entraîner à l’écart en la soutenant un peu. Lorsqu’il fut certain qu’ils étaient hors de portée d’oreilles ennemies, il chuchota d’un ton un peu contrit :

- Excuse-moi de t’avoir interrompue mais je m’inquiétais de ne pas te voir réagir. Tu étais si… absente. Je ne voulais pas que tu prennes de risque inutile. Ce que tu as appris est déjà bien suffisant. Il nous faut immédiatement retourner au village pour prévenir le bourgmestre. Cette attaque peut avoir lieu à tout moment et il doit s’y préparer. Avec de la chance, ces nouveaux soldats pourront être identifiés tout comme les noms que tu as entendu ou les cavaliers que tu as vu.

Kasumi adressa un regard intense à la rôdeuse avant d’ajouter sur un ton adouci :

- Tu as été parfaite. Nous avons réussi notre mission, je suis si fier de toi… Il ne nous reste plus qu’à partir d’ici en évitant les guetteurs.

RP : Retour à l'abri.

Astrée avait un peu de mal à reprendre ses esprits. Elle acquiesça distraitement aux paroles de Kasumi avant même d'en saisir le sens. Elle se frotta les yeux, se massa les tempes. Puis comprit enfin. Ils allaient pouvoir repartir.
Et elle rougit, un peu à retardement, aux compliments de son compagnon.

- Oui... rentrons au village, fit-elle simplement, encore trop secouée pour bavarder davantage.
Mais avant de repartir, elle ne put résister au besoin soudain de se blottir dans les bras de son compagnon. Elle avait eu peur, malgré tout, peur qu'ils se retrouvent dans une situation trop dangereuse...

RP : Retour à l’abri

Kasumi répondit à son étreinte avec joie mais était encore trop inquiet pour l’embrasser comme il en avait tant envie. Tant qu’ils étaient dans les environs, ils couraient le risque d’être surpris par une sentinelle des brigands. Le rôdeur entraîna rapidement sa compagne à l’opposé du défilé, effectuant un long détour avant d’oser reprendre la direction des plateaux et du chemin qui les ramènerait à Haute Roche. Au bout d’une demi-heure, il osa parler à nouveau librement, assuré que Première Neige les avertirait si des hommes se trouvaient à proximité. La nuit sans Lune ne facilitait pas la progression d’Astrée et il lui offrit son bras.

- Ça va aller ma douce ? Nous allons devoir rentrer dès ce soir même si nous sommes encore loin du village. Ombrage nous portera dès que nous l’aurons rejoint.

Le bourgmestre devait être averti au plus tôt pour préparer sa défense face à cette nouvelle menace. Le rôdeur devinait que les cavaliers étaient venus avertir les brigands de l’imminence du nouveau convoi qu’il devait attaquer. Cette hypothèse confirmait la traîtrise de certains des gardes chargés de défendre les chargements mais cela signifiait aussi que les rôdeurs n’avaient pas été suivis.

RP : Retour à l'abri.

Astrée se sentait épuisée. La journée avait été longue... Mais Kasumi n'avait pas tort, il leur fallait avertir le village au plus tôt. Quoique... Ils seraient sans doute tous couchés quand ils arriveraient, vu l'heure tardive.

L'obscurité était tombée, et elle n'y voyait goutte. Elle se raccrochait de son mieux au bras de Kasumi, mais les pierres roulaient sous ses pieds et elle faillit trébucher plusieurs fois. Impossible de rester discret, les bruits portaient loin...
Elle tentait de se remémorer le chemin suivi à l'aller, craignant de tomber par inadvertance dans une faille... La montagne est dangereuse en pleine nuit. Seule, elle n'aurait jamais osé poursuivre.

- Tu es sûr d'y voir assez pour continuer à avancer ? Moi je n'y vois absolument rien, j'ai peur qu'on finisse par tomber dans un précipice... Je ne peux pas me rendre compte de ce que tu vois, toi...

RP : Retour à l’abri

Kasumi s’arrêtait à chaque fois que les pieds d’Astrée buttaient dans un caillou ou une racine, visiblement inquiet et désolé à l’idée qu’elle puisse se faire mal. Les deux rôdeurs avaient déjà parcouru un petit tiers du chemin devant les mener à l’endroit où ils avaient laissé Ombrage. Cependant, ils n’avaient pas encore abordé les passages les plus escarpés et cheminaient pour le moment sur un terrain plus ou moins plat sans prendre la peine de chercher l’abri des bosquets épars. Le rôdeur en fit part à la rôdeuse :

- Ce que je vois moi, c’est la plus jolie des jeunes femmes, qu'il fasse jour ou nuit ! Ne t’inquiète pas pour le moment, je nous fais éviter les passages difficiles mais tu vas finir par te faire mal aux pieds. Souhaites-tu que je te porte un peu ?

Tous deux savaient qu’il ne pourrait pas la porter sur la distance restante mais au moins, pourrait-il la soutenir lorsqu’ils aborderaient les pentes les plus traîtresses.

RP : Retour à l'abri.

Les compliments de Kasumi arrachèrent un sourire à la rôdeuse. Il ne loupait jamais une occasion...
Mais elle refusa la proposition.
- Non, pas question que tu me portes. En cas de danger, on doit pouvoir réagir vite. Et puis, tu serais déséquilibré par mon poids, et je risque de te gêner pour voir les obstacles...

Elle secoua la tête, fataliste.
- Je vais devoir m'en remettre à ta vision nocturne... En espérant que tu n'en profiteras pas pour m'attirer dans un piège, fit-elle, malicieusement, faisant clairement référence à une embuscade amoureuse... Câline, elle se blottit encore un peu plus contre lui, l'enlaçant tendrement.

RP : Retour à l’abri

Kasumi rit de bon cœur et se défendit de ses intentions parfaitement honorables en toutes circonstances en reprenant sa marche nocturne avec Astrée accrochée à son bras. Ils reprirent leur progression laborieuse à travers la lande désolée. Kasumi indiquait à la rôdeuse chaque passage difficile et la soutenait à chaque fois qu’elle risquait de glisser, en profitant souvent pour laisser ses mains s’attarder autour de sa taille.

Bon gré mal gré, les deux rôdeurs et la love progressaient à un bon rythme malgré leur fatigue croissante. Les plaisanteries et les taquineries de Kasumi se faisaient progressivement plus rares à mesure qu’il devait lutter pour garder les yeux ouverts. Il n’avait guère dormi la nuit précédente et les dépenses d’énergie de la journée commençaient à se faire sentir sérieusement. Il se risqua à faire un peu de lumière à l’aide d’Etincelle lorsqu’ils abordèrent une pente caillouteuse qu’il n’était pas possible de contourner. Il poussa un soupir de soulagement lorsqu’Astrée parvint finalement en bas sans encombre. Elle aussi paraissait réellement épuisée mais ils ne devaient plus guère être éloignés de la route de Haute Roche maintenant. Kasumi rejoignit la jeune femme en glissant un peu moins gracieusement le long de la pente.

- Ombrage ne devrait pas être loin. Est-ce que tu parviens à sentir sa présence ?

RP : Retour à l'abri.

Astrée acquiesça sans un mot. Trop épuisée pour faire l'effort de parler.
Elle ferma les yeux, se concentra... pour la troisième fois de la soirée. Elle laissa vagabonder son esprit dans la direction approximative du village, à la recherche d'Ombrage.

Elle finit par le trouver, à moitié endormi au bord de la route. Il ne paraissait pas vraiment enchanté d'avoir été abandonné aussi longtemps, et parut soulagé de ressentir le contact de la rôdeuse - après un instant de surprise : il s'attendait sans doute à un contact de Kasumi.

Il n'était pas très loin, en effet, mais le terrain était trop escarpé pour qu'il les rejoigne. Et de toute façon, il faisait trop sombre pour qu'il puisse avancer sans eux pour le guider. Elle se contenta donc de leur annoncer leur arrivée imminente, et ils se hâtèrent de couper à travers les bosquets pour le rejoindre.

Ce fut Première Neige qui arriva la première à la route, bien sûr. En quelques minutes de course elle avait rejoint Ombrage, qui ne manifesta guère de joie à la vue de la louve, et se mit à bouder ostensiblement à l'arrivée des rôdeurs, visiblement mécontent de cette longue attente solitaire dans l'obscurité.

RP : Retour à l’abri

Kasumi s’empressa de vérifier que son cheval ne souffrait pas d’autre choses de plus grave que sa bouderie coutumière. Heureusement, il n’en était rien et après quelques cajoleries et lui avoir donné une pomme bien méritée, le demi-elfe entraîna sa monture vers la route. Il n’était pas question de le monter tant qu’ils n’auraient pas atteint la piste moins accidentée. Le risque d’un mauvais pas était trop grand à la faveur de la nuit et ne leur ferait pas rejoindre le village plus tôt.

Les rôdeurs s’autorisèrent une rapide collation avant de reprendre finalement la route sur le dos de l’animal encore un brin maussade. A leur grand soulagement, ils ne rencontrèrent aucune difficulté et parvinrent en vue des portes de Haute Roche peu après le milieu de la nuit. Ici, ils risquaient moins l’attaque de brigands mais si des traîtres se cachaient parmi les gardes, leur arrivée nocturne pouvait les alerter. De toute façon, les portes semblaient hermétiquement closes pour la nuit. Elles n’ouvriraient sans doute que pour laisser les premiers travailleurs rejoindre leurs pâturages ou emprunter le chemin menant à la fonderie dont avait parlé le bourgmestre. Dans un sursaut de lucidité, le rôdeur s’exclama :

- Leur objectif est de dérober les pièces que nous avons récupérées hier. Le bourgmestre a certainement décidé d’attendre l’aube pour les envoyer à la fonderie. Nous devons le prévenir avant qu’il se mette en route.

RP : Retour à l'abri

Astrée grimaça. Elle n'avait pas pensé à ça...
- Bien sûr qu'il faut le prévenir.. Mais comment ? Tout est fermé... Tu veux qu'on campe ici, et qu'on les empêche de prendre la route au petit matin ? Ou bien est-ce que tu aperçois un garde qui pourrait accepter de nous ouvrir ? Moi je n'y vois rien.... Et si ça se trouve, tout le monde dort profondément et je ne sais pas s'ils accepteront de se faire réveiller en pleine nuit... Mais on peut toujours essayer d'apercevoir un garde, cela dit. Tu vois quelque chose ?

RP : Retour à l’abri

Kasumi était indécis. Le bourgmestre n’avait certainement pas prévu qu’ils rentrent aussi rapidement et il ne serait peut être pas possible de le contacter avant le matin. De même, même si un garde acceptait de leur ouvrir la poterne à cette heure, il y avait un risque qu’il fasse partie des informateurs des brigands. Malgré tout, ils n’avaient guère le choix et le rôdeur s’approcha de la porte, laissant Ombrage et Astrée en arrière. Première Neige avait déjà confirmé qu’il n’y avait pas d’autres issues dans les défenses de Haute Roche.

Le demi-elfe dut frapper plusieurs fois à la poterne jouxtant la porte principale avant qu’un garde apparaisse au-dessus de la porte et l’invective :

- Qui va là ? Les portes de Haute Roche sont closes du crépuscule à l’aube.

Kasumi reconnut la voix de l’un des gardes qui les avait accompagnés lors de la récupération du chariot. Il décida de faire confiance à son instinct en répondant :

- Excusez-nous mais il est vital pour Haute Roche que je parle au bourgmestre. Dites-lui que c’est Kasumi et que l’affaire est urgente.

Le silence se fit jusqu’à ce qu’un volet ménagé dans la poterne soit ouvert par le garde.

- Oh, c’est vous ! Qu’est-ce qui vous amène ? Nous vous croyions que vous étiez partis avec votre dame.
- Je suis désolé de vous déranger à une heure pareille sans explication mais il est vraiment vital que nous parlions au bourgmestre. Pourriez-vous nous ouvrir ou aller le chercher ?

- Je n’ai pas le droit de quitter mon poste mais vous avez fait preuve de votre bonne foi. Attendez-une seconde que je vous ouvre.

Le soldat retira le verrou qui barrait la poterne et laissa passer les deux rôdeurs et leur cheval avant de la refermer. L’ouverture de la poterne ne semblait pas avoir été remarquée par d’autres gardes et Kasumi se détendit tandis que l’homme qui leur avait ouvert lui indiquait la maison du bourgmestre, non loin de l’auberge. Les rôdeurs s'empressèrent de s'y rendre et frappèrent discrètement à l'huis. Le demi-elfe s'apprêtait à recommencer devant l'absence de réponse mais la porte s'ouvrit enfin, révélant le bourgemestre en chemise de nuit :

- Par tous les dieux, c'est vous ! Alors vous les avez trouvés ?

RP : Retour à l'abri

- Oui !
Astrée avait répondu en même temps que son compagnon.

Elle le laissa résumer leur découverte, préciser l'endroit où se trouvait le campement, la menace pesant sur les pièces de rechange. Elle ajouta quelques précisions, répétant avec exactitude les paroles entendues.

- J'ai entendu deux noms, Eddy et Lax'l. Ils parlaient d'un convoi à attaquer, d'une guilde également. Ils ont dit exactement ceci : "La guilde a les moyens de retrouver les traîtres et les déserteurs. Mes hommes prendront les gardes à revers dès que tu attaqueras leur convoi. Ces pièces ne doivent pas arriver à la fonderie. On s'est dit que c'était peut-être urgent, peut-être pour demain...."

RP : Retour à l’abri

Le bourgmestre clignait encore des yeux, s’efforçant de se réveiller lorsqu’il invita les rôdeurs à entrer. Malgré l’urgence de la situation et les implications des informations qu’ils avaient pu glaner, il n’en oublia pas la politesse et les invita à s’asseoir dans un petit salon douillet tandis qu’il mettait de l’eau à bouillir pour leur préparer une infusion.

- Ce que vous dites est très inquiétant. Je ne suis pas certain de quelle guilde il est question mais dans tous les cas, je ne sais pas si nous avons les moyens de nous défendre contre une telle organisation. J’avais espéré que nous avions affaire à un marchand influent mais isolé. Les deux noms que vous avez entendus ne m’évoquent rien mais c’est normal. Qu’une guilde soit impliquée explique pas mal de choses et j’aurais du le deviner depuis longtemps. Les brigands qui nous attaquent ne sont jamais les mêmes, ce sont probablement des troupes mercenaires. Quant aux cavaliers que vous avez aperçus, êtes-vous certaine de pouvoir les reconnaître s’ils se cachent parmi mes hommes ? Démasquer quelques traîtres pourrait être le premier pas…

Ce fut Kasumi qui répondit à la place de sa compagne :

- Je crains qu’il ne soit trop tard pour nous contenter de cela. Les brigands s’apprêtent à attaquer un nouvel objectif. Attendez-vous un nouveau convoi ?

Le bourgmestre réfléchit et fouilla dans sa mémoire encore embrumée avant de répondre :
- Non, le prochain convoi n’est pas attendu avant une semaine et il ne comportera pas de pièces mais du charbon. C’est bien le chariot que nous avons prévu d’envoyer demain matin jusqu’à la fonderie qu’ils prévoient d’attaquer. Mais ils n’ont jamais été aussi téméraires. La fonderie se situe à moins d’une heure de chariot du village sur un terrain principalement dégagé et à portée de la garnison. A moins d’une traîtrise parmi les gardes du convoi, ils n’ont que peu de chance de s’emparer du chargement.

RP : Retour à l'abri

Astrée intervint.
- Ne pourrait-on pas envisager de les prendre de vitesse ? Ils s'attendent à ce que le convoi parte demain matin à l'aube, j'imagine. Et s'il partait au milieu de la nuit, avec des gardes de confiance ? Ils n'auraient pas le temps de mettre en place la moindre embuscade... En espérant, bien sûr, que tous les gardes l'accompagnant ne soient pas des traitres...

RP : Retour à l’abri

Kasumi sourit à Astrée et observa la réaction du bourgmestre qui ne se fit pas attendre :

- Cette idée me plaît mais elle présente des inconvénients. Si nous ouvrons les portes pour envoyer le chariot, les informateurs de notre ennemi l’apprendront à coup sûr et nous risquons de les voir attaquer quand même à la faveur de la nuit s’ils se sont déjà mis en position.
Le rôdeur enchaîna, développant le plan de sa compagne :

- Les pièces ne m’ont pas semblé volumineuses. Peut être serait-il possible de les faire passer le mur d’enceinte autrement que par la porte et de les envoyer autrement qu’en chariot. Par ailleurs, pour la première fois vous avez l’avantage de savoir où est quand aura lieu une attaque et vos vrais ennemis ont prévu de se dévoiler. Il serait dommage de ne pas en profiter.

Une lueur d’excitation traversa l’expression du bourgmestre alors qu’il servait le thé à ses invités :

- Nous pouvons retarder l’envoi de la plupart des pièces d’un jour ou deux mais pour que les travaux commencent comme prévu, il faut absolument que certaines d’entre elles soient livrées dans la matinée. Sans cela, nous devrons totalement arrêter la production pendant au moins une semaine, le temps qu’il nous faut pour réanimer les chaudières. Je m’arrangerai pour faire passer les pièces essentielles hors de l’enceinte de la ville par le livreur de lait qui débute aux aurores. J’apprécierai que vous le récupériez pour les mener jusqu’à la fonderie par un chemin détourné. Accepteriez-vous de me rendre ce service ?

RP : Retour à l'abri

Astrée réfléchissait, ses sourcils froncés en signe de concentration.
- Si nous partons à l'aube avec les pièces les plus importantes... C'est risqué. Ils seront déjà en place pour leur embuscade, on passera sans doute à peu près à l'heure ou le chariot était prévu. Ils risquent d'avoir des soupçons. Je ne sais pas si certains d'entre eux peuvent nous reconnaitre, ou avoir entendu parler de nous...

Elle but quelques gorgées de thé avant de poursuivre.
- Les pièces qui doivent absolument partir demain sont de quelle taille ? Peuvent-elles tenir dans nos sacs ? Elle y seraient mieux dissimulées.. Et je pense qu'il serait plus sage de partir au moins deux heures avant l'heure où ils attendent le chariot. Même si pour cela il faut partir avant l'aube.

Elle réfléchit, puis ajouta.
- Et rien ne vous empêche d'envoyer ensuite, plus tard, un chargement vide, qui se fera attaquer... il suffirait que vous ayez posté discrètement des hommes non loin du lieu de l'embuscade, ou qu'ils suivent, prêts à intervenir... Mais c'est risqué, on ne sait pas de combien d'hommes disposent vos ennemis, il ne faudrait pas que toute votre garnison se fasse éliminer...

RP : Retour à l’abri

Kasumi adressa un sourire rayonnant à la rôdeuse, savourant le fait qu’il allait lui-même proposé une idée similaire. Il laissa le bourgmestre répondre avant d’intervenir lui-même :

- Je sélectionnerai moi-même les pièces et elles ne devraient pas vous encombrer outre mesure. Pensez-vous pouvoir partir à pied cette nuit ? Je parie que vous n’avez même pas encore dormi. En coupant par la forêt, vous n’en aurez pas pour plus de trois quart d’heure et vous passerez loin de la route empruntée par les chariots et la plupart des travailleurs mais le sentier peut s’avérer traître dans le noir. Votre idée de laisser l’ennemi se découvrir pour attaquer un leurre me plait beaucoup. Habituellement, seule une demi-patrouille escorte les convois reliant le village à la fonderie mais nos ennemis s’attendent sans doute à un peu plus de vigilance de notre part. Quoiqu’il en soit, je ne pense pas qu’ils auraient pris le risque de déplacer une armée sinon j’en aurais été averti par nos postes avancés.

- Vous devrez agir vite pour ne pas exposer inutilement les hommes loyaux qui escorteront le leurre. Je vous suggère de placer un de vos officiers de confiance à leur tête et de lui faire passer la consigne d’ordonner la retraite dès que la seconde vague d’ennemis se sera montrée. Avec un peu de chance, certains des assaillants chercheront à les poursuivre droit vers votre piège pendant que vous organisez une contre attaque contre ceux qui s’empareront du chariot.

RP : Retour à l'abri

Astrée essayait de visualiser la scène, sans être certaine d'y parvenir.
- Ce sera dangereux tout de même... Ils comptent tendre une embuscade, et vous prendre ensuite à revers. Il me semble que vos hommes seront encerclés, je ne vois pas comment ils pourraient ordonner une retraite...
Elle haussa les épaules.
- Mais j'avoue être peu connaisseuse en matière de stratégie. En revanche, vous pouvez faire confiance à mon compagnon pour cela !
Elle sourit à Kasumi, complice.

- Quant à partir cette nuit... J'aurais personnellement bien besoin d'un peu de sommeil. mais si vous dites que c'est seulement à trois quart d'heure, on peut peut-être y aller dès maintenant. L'avantage c'est que nos ennemis ne sont certainement pas encore en place...
Elle fut interrompue par un baillement irrépressible.

RP : Retour à l’abri

Kasumi songea un moment à proposer à Astrée de se rendre seul à la fonderie mais il se ravisa, connaissant déjà sa réponse. Même si le chemin escarpé s’avérerait dangereux pour elle en pleine nuit, il savait qu’elle ne le laisserait pas partir seul. Et quitte à partir, autant le faire dès maintenant alors que les risques d’embuscade étaient limités. Dormir une heure ou deux avant de parcourir la route ne ferait que les épuiser davantage.

- Les brigands s’attendront à de la résistance étant donné l’importance du convoi. Si vos hommes fuient immédiatement et vers la ville, les assaillants penseront qu’ils paniquent et tentent de se disperser. Ils ne prendront pas le risque qu’ils donnent l’alerte et devront diviser leurs forces. C’est votre chance. Quant à nous, nous allons partir immédiatement. Connaissez-vous un moyen discret de quitter le village ?

Il fallut tout de même une demi-heure pour que les rôdeurs puissent prendre la route avec les précieuses pièces métalliques réparties dans deux sacs. Le bourgmestre avait préféré leur faire éviter de sortir par les portes et les avait escortés jusqu’au mur d’enceinte avec une corde à nœud pour leur permettre de descendre sans danger. Après leur avoir souhaité bonne chance, il s’en retourna pour préparer la supercherie et prévenir ses officiers loyaux de ses plans pour le lendemain matin. Ceux-ci ne seraient révélés qu’à la dernière minute aux hommes de rang afin d’éviter les fuites.

Au pied des remparts, Astrée avait du mal à accorder sa vue à la pénombre de la nuit à peine brisée par le reflet de quelques étoiles. Kasumi lui offrit galamment son bras pour la guider vers le sentier forestier. Avec un peu de chance, toute cette affaire serait réglée en moins d'une heure et les rôdeurs pourraient revenir récupérer Ombrage.

RP : Retour à l'abri

Astrée saisit avec soulagement le bras de son compagnon et s'efforça de se laisser guider, ressentant dans la démarche du rôdeur les principales irrégularités du terrain. Première Neige les précédait, et elle enviait la capacité de ses deux compagnons à pouvoir ainsi se repérer dans l'obscurité.

Elle réistait à l'envie de bailler. Le sac pesai anormalement lourd dans son dos, trahissant sa fatigue. Mais avec un peu de chance, tout cela ne serait qu'une promenade de santé : dans moins d'une heure ils seraient arrivés. Et ensuite elle pourrait enfin dormir...

RP : Retour à l’abri

Kasumi et Astrée progressèrent en buttant parfois dans une racine alors que la fatigue et leur chargement les rendait tous deux maladroits. Un peu plu tôt, ils avaient atteint sans encombre la forêt que contournait la route fréquentée par les caravanes menant à la fonderie. Le petit sentier qu’ils remontaient à présent était tout juste praticable pour le rôdeur et il devait souvent s’arrêter pour guider Astrée afin d’éviter qu’elle ne s’en écarte lorsqu’il longeait une paroi abrupte.

Les deux rôdeurs marchèrent cependant sans incident notable pendant ce qui leur parut une éternité mais probablement pas plus d’une petite demi-heure. Première Neige rebroussa alors chemin pour les avertir qu’elle avait senti la présence de plusieurs hommes non loin devant eux.

RP : retour à l'abri

Astrée avait toutes les peines du monde à garder l'esprit clair tant le besoin de sommeil était impérieux. Elle ne réagit pas immédiatement à l'information donnée par la louve, et faillit s'entraver avant de réaliser que son compagnon avait stoppé net.

Des hommes.... Cela ne pouvait tout de même pas être ceux de l'embuscade, il était trop tôt... A moins qu'ils ne dorment sur place ? L'idée était peut-être absurde, mais après tout, pourquoi pas... Ou alors c'était autre chose, des personnes qui n'avaient rien à voir avec l'affaire. Peu probable, en pleine nuit...

De toute façons, ils ne pouvaient pas prendre le risque de continuer sur le chemin. Astrée entraîna son compagnon à l'abri de la végétation - ou plutôt elle lui fit comprendre son intention et se laissa entraîner, elle n'y voyait goutte. Et par geste, elle lui demanda d'envoyer la louve en éclaireur pour tenter d'en savoir plus.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

La louve ne tarda pas à revenir vers les rôdeurs qui avaient trouvé un abri derrière un buisson de houx. Elle avait repéré un groupe de deux hommes qui se déplaçaient rapidement dans leur direction. Les rôdeurs avaient bien fait de quitter le sentier car moins d’une minute plus tard, deux silhouettes passèrent à proximité du buisson en discutant nerveusement à mi-voix.

- Ce n’est pas ton rôle de discuter ces ordres Heliot. De toute façon, les idiots de Haute Roche seront bien trop confiants après leur succès d’hier face à la bande d’incapables d’Eddy. Nous n’aurons aucun mal à nous emparer de leur précieux chargement en laissant les mercenaires prendre tous les risques… Envoie ta compagnie s’emparer de la fonderie dans une heure comme prévu. Eddy sera mis devant le fait accompli. Débarasse-toi des témoins. Les ouvriers sont remplaçables eux aussi mais prends garde à ne pas abîmer le matériel. La guilde s’est engagée à livrer les premiers chargements à Ithilion avant l’automne et ce sera impossible s’il faut tout réparer.

Les voix s’estompèrent alors que les hommes s’éloignaient du chemin. Kasumi retint un moment encore son souffle jusqu’à être certain qu’ils ne soient plus à portée de voix avant de soupirer et chuchoter d’une voix angoissée.

- Il ne nous reste plus assez de temps pour prévenir le bourgmestre et ensuite arriver à temps pour empêcher l'attaque… Mais nous pouvons peut être encore sauver la vie des ouvriers si nous allons directement à la fonderie.

RP : Retour à l'abri

Une concurrence, une dissension entre les mercenaires et les membres de la guilde ? Et les mercenaires étaient en train de se faire "doubler", en quelque sorte... Voilà qui pouvait être intéressant. Même si elle ne voyait pas trop quel parti en tirer, pour l'instant... L'urgence était d'aider les ouvriers, comme Kasumi l'avait dit. Mais elle avait beau se creuser la cervelle, elle ne comprenait pas l'objectif des bandits. S'ils s'emparaient de la fonderie par la force, ils devaient bien se douter que le village porterait plainte, que Luménis interviendrait, et qu'ils ne feraient pas le poids... Vraiment... Elle ne comprenait pas...

Mais peu importe les raisons, cela ne changeait rien à l'urgence de la situation.
- Tu as raison, il faut qu'on y aille. Tout ce qu'on peut faire, c'est faire évacuer la fonderie pour éviter que les ouvriers ne se fassent tuer. Mais cela va leur faciliter la tâche pour s'emparer de la fonderie, au fond. Je ne comprends pas leur objectif. S'ils font cela, il est clair qu'ils auront les autorités de Luménis aux trousses, non ? Qu'espèrent-ils ?

RP : Retour à l’abri

Kasumi, aux aguets et à l’écoute de sa louve qu’il ouvrait discrètement la voie, ne parut pas entendre immédiatement à la question. Il répondit finalement à mi-voix :

- Je ne sais pas ce qu’ils trament mais il n’en ressortira rien de bon si la garnison ne peut pas être avertie rapidement. Peut être en ont-ils eu assez d’attendre et sont-ils pressés par les délais. Peut être encore ont-ils l’intention de prendre la fonderie en otage pour prendre le contrôle de la ville. Luménis n’a plus vraiment assez d’hommes pour maintenir son influence partout et, dans le meilleur des cas, ils mettront des semaines avant d’envoyer un contingent. S’ils sont prévenus…

Le demi-elfe rajusta le sac sur son épaule et repartit en guidant Astrée, une résolution ferme dans le regard :

- La première chose que nous pouvons faire est de prévenir les ouvriers. Peut-être ont-ils un moyen de barricader le bâtiment pour retarder les soldats…

RP : Retour à l'abri

Astrée avait du mal à concevoir que Luménis puisse mettre autant de temps à venir au secours d'un village dépendant de sa juridiction. Mais Kasumi connaissait certainement mieux qu'elle la situation militaire de la ville, après tout. Et puis, au fond, ce n'était pas vraiment son problème. Pour le moment, l'essentiel était d'éviter des morts. Elle ne savait pas non plus s'il serait possible de barricader la fonderie, ni si cela pouvait réellement sauver la situation. Mais elle faisait confiance aux talents de stratège de son compagnon.

Elle le suivit donc quelques minutes encore, s'accrochant à son bras pour ne pas trébucher. Puis, fronçant les sourcils, elle murmura :
- Et si on envoyait première Neige avertir le bourgmestre ? En lui accrochant un message avec de la ficelle autour du cou ? Tu crois qu'elle arriverait à passer l'enceinte, en agrandissant un trou avec ses pattes par exemple ?
L'idée était sans doute stupide, elle s'en rendit compte au moment où les paroles franchissaient ses lèvres.

RP : Retour à l’abri

Kasumi jeta un regard pénétrant à Astrée tout en réfléchissant à son idée. Il ne serait pas facile de convaincre Première Neige de s’approcher ainsi du village sans répondre à la peur des gardes. De plus, la base de l’enceinte en pierre rendait illusoire tout travail de sape de la louve et elle devrait attendre l’ouverture des portes à l’aube pour espérer se glisser jusqu’au bourgmestre. Le rôdeur répondit, indécis :

- Première Neige pourrait porter un message mais je crains qu’il ne l’ait pas avant l’aube. Ce serait beaucoup trop tard pour organiser une défense mas peut être utile si nous ne trouvons pas d’autre moyen d’avertir la garnison de l’attaque. Avec un peu de chance, il sera possible d’attirer son attention en allumant un feu ou en y allant nous même une fois les ouvriers prévenus. J’ai confiance en Première Neige pour amener le message mais elle pourrait être prise pour un animal sauvage par les gardes. A part ceux qui nous ont accompagnés au chariot, personne ne l’a vu.

Quelques minutes plus tard, les rôdeurs débouchèrent de la forêt sans amélioration notable de la vision pour Astrée. Kasumi la guida sur le petit sentier caillouteux qui s’enroulait à flanc de coteau. Des bruits de métaux s’entrechoquant se firent bientôt entendre malgré l’heure matinale. L’oreille exercée du demi-elfe lui permit de se rassurer rapidement. Ils n’arrivaient pas trop tard pour prévenir les ouvriers déjà à l’œuvre dans la fonderie ou dans la petite forge attenante.

Après avoir vérifié qu’aucun soldat ne guettait le chemin, les deux rôdeurs se précipitèrent sur la route principale menant au complexe composé de trois bâtiments de taille inégale dont un seul laissait échapper la lueur d’une torche et les bruits de marteau qu’ils avaient entendu. Les deux autres bâtisses, plus imposantes abritaient certainement la fonderie dont le toit était surmonté de plusieurs cheminées de briques et un dortoir destiné à accueillir une quinzaine d’ouvriers lorsque la route était rendue impraticable par les intempéries hivernales. Le tout était protégé par une palissade de bois de deux mères de haut et une porte à l’aspect dérisoire, sans doute davantage destiné à dissuader les animaux en maraude qu’à repousser une attaque en règle.

Kasumi n’hésita pas à pousser l’un des battants de la porte en bois et à s’introduire dans la petite cour desservant les trois bâtiments. Une voix bourrue ne tarda pas à se faire entendre par-dessus le grincement des gonds rouillés.

- Qui va là ?

RP : Retour à l'abri.

Astrée était intimidée. Elle laissa Kasumi décliner leur identité et annoncer que c'était le bourgmestre qui les envoyait.

Puis, s'enhardissant, elle ajouta :
- Nous vous apportons certaines pièces qui ont été livrées récemment, et dont vous avez un besoin urgent... Nous avons préféré les livrer tout de suite pour éviter toute embuscade...

Elle attendit que l'homme leur ouvre pour donner davantage d'explication, laissant la parole à Kasumi.

RP : Retour à l’abri

L’ouvrier apparut une torche à la main et Astrée put constater qu’il s’agissait d’un nain à la mine à la fois incrédule et méfiante. Il détailla les deux rôdeurs en cherchant manifestement à les jauger avant de répondre :

- Je ne vous ai jamais vu avant. Quelle mouche a piqué le bourgmestre de m’envoyer deux étrangers au milieu de la nuit ?

Alors que Kasumi ouvrait la bouche pour lui répondre, le nain s’empara du sac et fouilla son contenu, relevant une mine soulagée vers le demi-elfe :

- Ah, il était temps ! Alors, du nerf ! Vous m’avez l’air endormi vous deux.

Kasumi put enfin placer un mot après s’être retourné d’un air inquiet.

- Je crains que vous ne soyez en grand danger. Le bourgmestre a du prendre des mesures extrêmes mais il ne sait pas encore que votre fonderie est sur le point d’être attaquée.

- Qu’est-ce que c’est que cette fable, expliquez-vous !

- Nous n’avons pas le temps de vous expliquer en détail. Nous avons aidé le bourgmestre à récupérer le chargement volé hier et à espionner les brigands qui vous harcèlent. Mais nous venons d’apprendre qu’une compagnie de soldats a prévu de s’emparer de votre fonderie dans moins d’une heure maintenant. Y a-t-il un moyen de prévenir la ville et de barricader l’entrée ? Vous devez fuir avant qu’il ne soit trop tard.

Le nain leva un regard plein de mépris et de détermination avant de répondre d’un ton bourru :

- Vous avez amené les pièces, vous êtes libre de fuir autant que vous voulez mais moi je reste. Et mes gars savent se défendre contre les brigands. Qui me dit que ce n’est pas une ruse pour nous faire abandonner notre poste de toute façon ?

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Haute-Roche

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