La Couronne de Cuivre

-Oui, je crois pouvoir confirmer que, quand le cœur y est, tu es du genre consciencieux...
A l'instar de Damant, Adara avait fini par passer au tutoiement de façon fort naturelle.
-Méfie-toi tout de même d'eux, reprit-elle. Ils n'ont pas besoin de t'avoir face à eux pour te contacter ou te suggérer certaines choses. De surcroît, ils savent se montrer persuasifs, utiliser les ressorts les plus susceptibles de convaincre leur interlocuteur. Pour cela, comme pour le reste, il vaut mieux ne pas les sous-estimer. Néanmoins, et même si, comme tu l'avançais, tu ne me fais pas exactement l'effet d'être un mercenaire. réponds à cette dernière question. Ensuite, nous lèverons le camp : d'autres, sous peu, pourraient vouloir profiter de la rivière ou de ses abords.
A nouveau, elle le regarda droit dans les yeux.
-Si d'aventure les choses tournaient mal, si nos plans échouaient, si notre position devenait encore plus précaire qu'elle ne l'est à présent... Si, en résumé, survivre semblait devoir rimer avec alliance avec les mages, que ferais-tu, au cas où ils te proposeraient un accord ? Te compter dans leurs rangs serait, pour eux, un indéniable atout. Et accepter pourrait servir tes intérêts, au moins en préservant ton existence...

Il pencha la tête de côté, intrigué par sa façon d'insister sur ce point, puis répondit en souriant.

Une fois, sur la côté des épées, je m'était aventuré dans une vieille tour avec deux connaissances, un bon gros barbare bien humain et un demi-elfe.
Dans un couloir, l'un de nous à déclenché quelque chose... un sort pour nous endormir je suppose. Toujours est il qu'après que l'onde de ce sort nous aie touchée, la grosse brute est tombée comme une masse et des choses peu commodes lui sont tombées dessus toutes griffes dehors. J'ai eu le temps d'utiliser mon arbalète avant de sombrer. Quand je suis revenu à moi, le demi-elfe avait fait cramer les choses et m'avait trainé dehors. Il avait résisté au sort, et moi à moitié, enfin un instant.

Je ne sait pas si c'est à cause de la pierre dans mon crane ou parce que la mère de ma mère était une elfe, mais lorsque quelque chose se passe, je le sens.

Si jamais je ne me sentait plus maitre de mes pensées ou de mes actes, j'utiliserais le sort stocké dans mon oeil et advienne que pourras. Pour ce qui est de se laisser tenter, rien que parce que ce genre de personnes promet facilement mais se débarrasse généralement des temoins ensuite, je ne tomberais pas dans le panneau. Et s'ils arrivaient tout de même à me brider à leur volontée... Je compte sur toi pour ne pas les laisser profiter de ma carcasse.

Il sourit et haussa les épaules en énonçant cette éventualité. Puis il passa un bras derrière le dos de l'amazone et l'attira contre lui en la maintenant de la main par les hanches... et après un instant, sourire en coin, il se redressa d'une poussée, aidé par le sol en dénivelé devant lui ; les relevant tout deux dans le mouvement. Puis sans ôter son bras mais sans plus y mettre de pression, haussa un sourcil en lui souriant plus ouvertement.

Bien. Que faisons nous maintenant?

Elle se dégagea sans violence mais avec une indéniable fermeté.
-Ce n'est ni le lieu adéquat, ni le moment opportun pour ce genre de choses. D'autant que nous avons du pain sur la planche : devoir t'évaluer ne me dispense pas de mes tâches quotidiennes, et il me reste une demi douzaine d'arcs à terminer. Sans compter une myriade de flèches. Bien que nous nous efforcions de récupérer celles que nous utilisons - et nous y parvenons la plupart du temps -, on n'en a jamais assez. A traverser sans cesse cuirs épais et chairs dures, à se ficher dans les os, elles s'abîment relativement rapidement. Bref : rentrons.
L'instant suivant, elle rejoignait l'endroit où elle avait jeté ses vêtements - désormais secs - et se rhabillait prestement.

Il haussa les épaules en écartant les bras et alla chercher ses propres vêtements. Pour une fois qu'il ne sous entendait rien!

Je te posais la question sans arrière pensées.

Il sourit et enfila pantalon et bottes. Autant épargner à sa chemise les suées qu'apporteraient une telle chaleur pour l'instant.

Je te suis.

Il lui emboita le pas et vint à sa hauteur.

Ou trouvez vous le fer pour vos armes?

-Nous le récupérons, répondit-elle en prenant la direction de sa demeure. Il y a sans doute du minerai dans les montagnes, mais nous n'avons jamais effectué de repérage : les mines, c'est bon pour les nains. Et puis, pourquoi nous embêterions-nous ? Au nord-est de l'île, il y a des falaises protégées par de dangereux récifs. Là s'empilent des monceaux d'ossements. C'est comme si toutes les victimes de tous les naufrages ayant eu lieu sur Toril se rassemblaient ici, alors qu'on ne voit jamais de bateau. De vrai bateau, veux-je dire. Quoi qu'il en soit, en plus des squelettes, il y a des vestiges de bâtiments, de l'équipement... et des armes. Nous n'avons qu'à nous servir, puis à refondre tout ça, et le tour est joué.

Effectivement, c'est assez simple. acquiesca t-il en renouant ensemble les longues mèches qui lui tombaient dans le dos, laissant les autres encadrer son visage et cacher en partie la cicatrice qui courait du haut de sa pommette jusqu'à la racine de ses cheveux. Il se morigéna de n'avoir pas pensé à prendre son bandeau.

Somme toute, ces exercices et ce bain l'avaient détendu. Et lui avaient ouvert l'appetit.
Sans qu'il aie aperçu qui que ce soit alors qu'ils cheminaient encore dans la forêt. Une odeur de viande cuite lui assaillit agréablement les narine alors qu'il s'étirait les muscles du dos en passant le petit pont qui enjambait le ruisseau marquant l'entrée du village en lui même.

Tu as faim Adara?

-L'escalade, la course et la natation, ça creuse, n'est-ce pas ? s'exclama Adara, Joyeuse. Je l'ai toujours dit : l'exercice aiguise l'appétit là où l'oisiveté l'émousse. Et c'est alors un cercle vicieux : on mange moins, donc on a moins d'énergie pour bouger, on bouge encore moins, donc on mange encore moins... Il n'y a pas à chercher plus loin la maigreur évanescente de tant d'elfes de par le monde : ils préfèrent la contemplation à l'action, ils aiment tant les livres et les arts qu'ils oublient de sortir de chez eux. Mais rassurez-vous : je ne suis pas de ces elfes là. Il y a de quoi se sustenter à loisir, en ma demeure.
Ils étaient parvenus au pied de l'arbre.
-Ce sera d'ailleurs pour moi une excellente occasion de découvrir la qualité de votre cuisine, lança-t-elle par dessus son épaule.
L'instant suivant, elle entamait l'ascension.

Il la suivi de près après un sourire en coin, certain qu'il allait lui échoir la responsabilité du repas.
L'elfe qui avait prise en charge le coq ne serait pas déçue sur ce point.Pour sa part cependant, s'il avait plus l'habitude de cuire viande sur feu de camp avec un peu de pain et de fruits, ou de manger en tavernes ; il se rappelait d'une recette assez simple qu'il avait apprise un peu plus au sud, lors d'une escale de corsaires sur un archipel dont les plantes ressemblaient à celle de la jungle environnante.

Une fois qu'ils furent arrivés en haut, il s'assit un instant, les pieds dans le vide pour enfiler sa chemise. Tapotant des doigts la cicatrice qu'il s'était faite sur la nébuleuse, qui s'était résorbée inhabituellement vite depuis son arrivée sur l'île.

Et bien... je comptais te le proposer.

Il se rappela le pain, le sel et les légumes ressemblant fortement à des poivrons dans le buffet d'Adara. Il espérait que s'en était, malgré leur taille inhabituelle.

Si tu as de la viande, quelques épices relevées pour l'assaisonner et de l'huile... j'ai bien une idée qui me paraîtrait sympathique de partager avec toi.

-Je dois avoir ce qu'il faut... Et tu as de la chance : d'ordinaire, nous ne conservons que de la viande séchée ou salée, mais il s'avère qu'il me reste un peu de ce que j'ai chassé hier.
Elle le précéda à l'intérieur et s'en fut lui chercher ce qu'elle qualifiait de restes : en réalité, il s'agissait d'un cuissot de bonne taille ayant probablement appartenu à un cervidé. Vu l'appétit de l'amazone, cependant, il n'était pas impossible que cet imposant morceau lui suffise à peine pour un repas digne de ce nom.
Elle gagna ensuite sa table de travail et se consacra à ses arcs. Damant eut donc tout le loisir d'observer ses réserves de vivres : il y avait de l'huile, oui, mais impossible de dire avec quoi elle avait été faite. En matière de légumes et de fruits, il naviguait également dans l'inconnu : si certains lui rappelaient des variétés familières, ils en différaient par leur taille ou leur conformité. D'autres étaient totalement inidentifiables. Même problème en matière de plantes aromatiques ou d'épices...

Il alla remetre son bandeau en place et se placa devant le plan de travail après un coup d'oeil à la jeune femme à la chevelure flamboyante.

Le morceau était imposant, mais pour une elfe, Adara était sacrément musclée. Elle devait avoir un bon appétit.
Il découpa dans la viande fraiche deux bons gros steack puis les posa à côté et attrapa deux assiettes de bois et un couteau.
Il déposa une large tranche de pain au fond de chacune d'elle et se tourna vers ce qui ressemblait aux poivrons, si ce n'était qu'ils étaient gros comme des citrouilles ; après un instant à les renifler, il haussa les épaules et en découpa un morceau pour le goûter et voir si cela y ressembalit également au niveau gustatif.

Tout en le mâchonnant, il alla renifler l'huile, qui lui parût de bonne facture, comme celle tirée des fruits de ces arbres qui étaient soit noir soit vert selon l'endroit ; puis se tourna vers les épices et herbes aromatiques qui pendaient au murs de la cabane et pris celles qui lui semblaient les plus similaires à celles qu'il connaissait lui même.
Elles seraient valable tant pour la viande que pour les légumes.

Il se tourna vers Adara en avalant le morceau de "poivron" géant.

Tu as un endroit pour faire cuire ta viande?

Adara releva la tête de l'arc qu'elle était en train de terminer.
-D'ordinaire, je redescends, et je profite des feux collectifs, ou j'installe un petit foyer entre les racines de l'arbre. Cependant, si descendre et remonter t'ennuie trop... J'ai une espèce de petit brasero qui me sert si d'aventure je suis débordée au point de ne pas pouvoir quitter ma demeure.
Elle lui désigna l'objet, déposé dans un coin. Un petit bassin de métal muni de chaînes.
-Le mieux, c'est de le suspendre. Soit à une poutre du toit, soit à une branche au dehors...

Non, ne t'inquiète pas, les racines seront parfaites.

Il découpa le reste du poivron géant et en disposa de larges lamelles sur le pain, assaisonnant l'ensemble d'herbes arômatisées et y versant une bonne lampée d'huile qui ramollirait le légume pendant que la viande cuirait.

Il attrapa un silex dans son sac et pris les deux morceaux de viande dans un linge sous son bras puis se dirigea vers la sortie de la cabane.

Si jamais tu me retrouve épinglé au tronc, je te lègue mes affaires!

ajouta t-il avec un sourire avant de gagner le bord de la plate forme et d'entamer sa descente.

-Tant que tu ne fais rien d'irréfléchi, il n'y a aucune raison que tu sois victime d'un malheureux incident... entendit-il provenir de l'intérieur de la maison.
De fait, tandis qu'il descendait le long de l'immense tronc, tandis qu'il prenait pied entre ses racines gigantesques, aucun trait ne vint l'assaillir. En réalité, aucune sentinelle ou elfe armée n'était même en vue. Le village bruissait en revanche de vie, de discussions, de bruits de pas, de chansons... Il était plus animé que jamais, à l'exception des abords de l'arbre choisi comme résidence par Adara, lesquels étaient pour l'heure déserts.

Il mit enfin pied au sol avec un sourire. Monter et descendre ainsi plusieurs fois par jour, voila qui expliquait un dos si bien taillé pour une femme, et une elfe de surcroit!

Il avisa les alentours et remarqua les traces d'un feu récent, rien pour en refaire cependant.

De plus, sa curiosité attisée par les bruits de la ville, il se détourna du tronc et se dirigea donc avec un sourire vers l'intérieur du village et ces feux communs dont Adara avait parlée

Il lui suffit de se guider à l'odeur : un agréable fumet de viande grillée ne tarda guère à lui chatouiller les narines et à le conduire en direction de la place centrale. Chemin faisant, il croisa des amazones, jeunes ou vieilles, enfants ou adultes, qui le gratifièrent de regards inquisiteurs sans pour autant chercher à l'intercepter ou, simplement, à interagir avec lui.
Il finit donc par gagner la placette : plusieurs guerrières y étaient affairées à tourner, au dessus de flammes nourries, de longues broches sur lesquelles étaient enfilées d'imposantes pièces de gibier. D'autres femmes faisaient cuire de la pâte ou des légumes sur des braises rougeoyantes.
Bref : Damant pourrait sans mal trouver de la place pour la viande dont il était porteur.

Il hocha la tête avec un sourire, en guise de salut lorsqu'il croisa un nouveau regard dardé sur lui avec méfiance. puis il posa son linge sur la margelle qui entourait les flammes et sorti les morceaux de viande qu'il piqua sur une broche posée non loin. Puis il se mit à les faire lentement tourner au dessus du feu, après les avoir tartinées de la poignée d'herbes et de sel qu'il avait emporté dans le linge également.

Ce faisant, il regardait autour de lui d'un air serein, saluant encore de la tête les femmes qui le fixaient avec le plus d'insistance. Faisant même un signe de main à une paire de gamines qui l'espionnaient derrière les jambes de leurs ainées.

Personne ne lui parla ou ne répondit simplement à ses saluts. Sans doute les amazones étaient-elles déjà bien occupées avec leur propre labeur. Il était également probable qu'elles aient reçu pour consigne de ne pas interagir avec les rescapés tant qu'un jugement définitif n'aurait pas été rendu les concernant. Elles devaient en revanche estimer que s'il était là, c'était qu'on l'y avait envoyé et qu'elles n'avaient donc pas à intervenir.

Il haussa les épaules après un temps en se retournant vers sa viande qui achevaiet de cuire. Une fois celle ci prête, il la remballa prestement dans le linge et reparti d'un bon pas vers l'arbre, grimpa le tronc et se retrouva enfin dans la cabane.

Après un coup d'oeil à Adara qui travaillait de dos, il alla disposer les tranches de viandes à côté des "tartines" de poivrons à l'huile, pris les assiettes sur un bras, les couverts dans la main et alla se pencher par dessus l'épaule de l'elfe, souriant.

Madame est servie! ................................................................................................................................................................................................................................................................................(

)

Puis de se redresser en attendant de voir si elle voulait manger ici, ailleurs ou que savait t-il encore.

-Mademoiselle, corrigea-t-elle d'un ton léger.
Puis elle dégagea un espace suffisant sur son plan de travail, tira un tabouret à son intention et observa le repas.
-Ma foi, si le goût de ce plat est à l'image de votre promptitude d'exécution, vous me rappelleriez fort ce Toëniel Myccellyenwë de nos légendes...
Elle se leva, alla dénicher un pichet de vin sur une étagère, accompagné de deux gobelets de bois, puis revint s'assoir. Quelques instants plus tard, sans faire de manière, elle entreprit de se sustenter avec appétit.

Avec une révérence amusée.

Tu m'en vois ravi.

Il prit place sur le siège qu'elle avait tirée à son attention en la remerciant d'un nouveau sourire.

J'espère que c'est aussi bon que dans mon souvenir! je suis plus habitué aux grillades rapides des bivouacs qu'à la grande cuisine. Cependant...

Porte une portion a sa bouche, la mâchonnant un moment en réfléchissant, avant de l'avaler

... cela ne me parait plutôt réussi...

Il posa sa fourchette le temps de remplir leurs gobelets

-Je trouve aussi, fit-elle après avoir avalé une copieuse bouchée. Et ce plat est d'autant plus bienvenue qu'il est original. Or, l'originalité, on ne la voit guère ici, en matière culinaire. D'abord, en dehors des fêtes et des cérémonies, nous ne pouvons pas vraiment nous permettre de préparer des mets élaborés : nous n'en avons pas le temps, il faut aller à l'essentiel. Ensuite, si l'île ne manque pas de plantes, de légumes, de fruits ou de viandes... originales, il est hasardeux de s'en servir pour les repas. Certains sont toxiques au point de vous tuer presque sur le coup ; d'autres peuvent "juste" vous rendre terriblement malade. Évidemment, il y a aussi de bonnes surprises, mais il faut de l'expérience pour les repérer. Ah, et certains produits connus mutent aussi... Bref, rares sont celles d'entre nous qui s'aventurent sur semblables terrains.

En avalant sa bouchée.

Je suis bien aise de n'avoir pas sû cela avant de me mettre à manger...
De toute façon, puisque tout se trouvait ici même dans tes placards, je ne me serais même pas posé la question.

Pourtant, le fait que tu fasse un parrallèle entre ce qu'on peut se permettre et ce que vous faites ici m'intrigue.
D'où veniez vous avant d'être sur cette île? Quelles sont les fêtes de vôtre peuple? Celles de Corellon?

-Pas exactement... Il est le dieu de tous les elfes, évidemment. Et avec lui la Seldarine. Néanmoins, parmi ce panthéon, notre préférence va à Rillifane Rallathil. Et nous nous sommes de plus tournés, depuis bien longtemps, vers des esprits naturels avec qui nous communions plus aisément. Enfin, pour être franc, chacun a sa propre foi, ici. Nous nous retrouvons surtout sur les esprits que je viens d'évoquer. Quant à notre origine... Elle se perd dans l'aube des temps, car, tout au long de leur histoire, les Elfes sauvages n'ont connu que repli et exodes. Avant de venir ici, nous étions établis dans une forêt profonde, au sud de Féérune.

Il lui sourit et avala deux autres bouchées en silence, avant de reprendre.

Je te demandais ça par rapport au fêtes dont tu parlais, que fêtez vous donc?

-Ce que fête toute communauté, j'imagine... répondit-elle. Les naissances, les mariages, les entrées dans l'âge adulte. Mais je crains que la situation ne favorise pas ces réjouissances dans les mois ou les années à venir. Pour le reste, nous rendons grâce aux esprits de la nature quand la chasse ou la cueillette sont bonnes, quand nous trouvons une plante appropriée pour soigner un mal nouveau, une essence adéquate pour une travail dont nous avons besoin. Le reste de nos cérémonies ne sont pas vraiment des fêtes : adieux aux trépassés, rappels de notre passé... Rien d'extraordinaire, tu peux le constater.

Il appuya son menton sur ses phalanges après une grogée de vin, pensif.
Puis sourit en haussant les épaules.

Ce genre de manifestations est au coeur même de chaque peuplade. Pour vivre ensemble les gens doivent partager des choses, sinon il n'ya pas d'intérêt et dans ce cas, chacun chez soi et personne ne connait personne.
Mais ces regroupements autour d'évènements communautaire en dit toujours beaucoup sur ceux qui les pratiquent. On peut y voir comment et à quel point les gens partagent leurs croyances, l'esprit communautaire dans lequel ils vivent ou meurent.

Moi je trouve ça extraordinaire... Rien ne se ressemble jamais, chez les humains, les elfes, les halfelin... voire au sein même des communeautées. Aucune n'a la même façon de fêter la vie en général

Avec un nouveau sourire en sortant de ses souvenirs, il se repencha sur son assiette et englouti le dernier morceau de son steack.

Elle le dévisagea, fronça des sourcils dubitatifs.
-Ne croyez-vous pas que cette diversité soit trompeuse ? Qu'elle ne soit qu'une façade ? Bien sûr, il existe d'immenses différences entre races. Et des différences entre les peuplades appartenant à la même race mais vivant très éloignées les unes des autres. Néanmoins... Concernant la même race, disons. Sinon la même sous-race. Au-delà des détails qui peuvent varier, du folklore local, les choses ne sont-elles pas exactement les mêmes ? Habillées différemment, peut-être, mais fondamentalement identiques ? Et au-delà... Il y a plus de traits d'unions, de points communs que de différences. Du moins en ais-je l'impression

Bien sur! C'est ces points communs qui permettent de les reconnaitres en tant qu'elfe sauvages, nain gris ou hommes des déserts. Je parlais cependant de ces subtiles différences qui rendent unique chaque tribu, chaque peuple, dans sa façon de célébrer les évenements communeautaireµ. Ce qui rend toujours plus interressant un voyage que d'aller de ville en ville pour retrouver toujours les mêmes choses.

Il finit son gobelet d'une traite.

Pour le reste, nous partageons tous plus ou moins les mêmes coryances ou habitudes.
Nous fêtons une année qui passe, nous fêtons l'hiver, ou le printemps. Les mariages, les naissances, les morts, ou une année de plus dans notre vie. Et nous avons tous un dieu de la magie, un dieu du "bien" un dieu du "mal"...

Souriant

C'est cette façon d'avoir tant de pratiques en commun même si l'un rejette l'autre ou que l'autre n'aime pas l'un qui m'amuse le plus.

Avec un haussement de sourcil bref.

Moins amusant lorsque des guerres font rage pour que l'un ou l'autre parvienne au même résultat, avec le même désir, mais chacun dans son coin sans chercher alliance ou conciliation.

Mais assez parlé dogme et traditions, nous ne sommes pas là pour tergiverser sur ce qui devrait ou sur ce qui pourrait.
Les choses sont comme elles sont après tout!

-C'est une approche un peu pessimiste, non ? s'étonna l'amazone. Sinon complètement fataliste... Je suis d'avis que les structures profondes du monde sont difficilement transformable, et certainement pas d'un coup de baguette magique, surtout si on les envisage à grande échelle. Et puis, je suis tributaire de mon héritage, j'appartiens à un peuple qui a souffert, qui a dû sans cesse s'exiler. Mais qui a survécu, malgré tout, ce qui n'était pas gagné d'avance. De surcroît, les événements récents ont montré que ce que nous croyions avoir changé est redevenu tel que c'était à l'origine, tel que cela est de par Toril. Néanmoins... Je ne sais pas, j'ai l'impression que la fougue de la jeunesse s'accompagne normalement d'un sentiment de capacité à faire changer les choses, moteur nécessaire de l'évolution, sinon de révolutions. Si on part du principe que rien n'est changeable, pourquoi tenter de lutter contre ces mages ? Enfin, comme vous l'avez dit, vous n'êtes pas ici uniquement, ni avant tout pour cette mission. Vous ne me paraissez pas non plus être un idéaliste. Contrairement, peut-être, à certains de vos compagnons.

Il haussa les épaules

Tout le monde n'à pas vocation à véhiculer et entretenir les fondements de sa patrie. Je respecte ceux qui le font, car c'est important et nécéssaire, mais cela ne me correspond pas. J'ai quitté le désert parce que je ne me reconnais pas dans ce genre de choses, mais ce n'est qu'un point de vue.

De plus je crois également que les fondements du monde et de chaque société sont indisociables et inhérent à cette idée même de société. Quand je dis que les choses sont ce qu'elles sont, ce n'est pas pour dire qu'il faut laisser faire, mais plutôt que le fait de se demander pourquoi les choses arrivent n'est pas "utile".

Les choses arrivent parce qu'elles arrivent, ce qu'il faut savoir c'est de quelle façon arrivent-elle? et ensuite que faut-il faire pour y remédier?
Je veux dire que se demander pourquoi les choses ici ont dégénérées, au sens "pourquoi cela arrive" ne mène à rien. C'est une façon de stagner, c'est comme "pourquoi est-il mort? Pourquoi me faites vous ça à moi, que vous ai-je fais?"
Ce qu'il faut savoir et faire, c'est comprendre de quelle façon les choses ont pris cette tournure, ce qui en est la cause et rétablir... heu... l'équilibre... Oui, encore une fois c'est le mot le plus juste.
ces mages ont fait pencher la balance d'un côté, en apportant leur lot de souffrance à ta tribue. Pour préserver ce qui est juste, pour que ce côté qui est le leur ne prenne pas le pas sur le bon. Ils devront faire face à notre cause.

La vie trouve toujours un chemin, pour se faire comprendre.
Les guerres font des victimes, ce qui nous rassemble autour de nos pairs, nous fait faire front et nous donne envie de repartir d'un meilleur pied par la suite. C'est triste, souvent injuste, mais parfois nécéssaire.
La vie, c'est comme les sentiments, rien n'est jamais acquis et en "rétablissant la démographie" par maladies, guerre ou accidents, elle nous le rappelle et nous nous astreignont tous à en retirer le meilleur par la suite.

J'ai cru que je pourrais changer bien des choses, user du pouvoir de ma famille et tout ce genre de bétises. Au final, j'ai appris que ce n'était pas ma voie que de m'engager en ce sens, que cela ne me correspond pas du tout.
Je n'ai rien d'un idéaliste en effet. J'aime voyager et découvrir des choses, consigner tout cela dans mes carnets et mes cartes. Si cela profite à de futures générations, tant mieux, mais ce n'est pas l'intention derrière mes actes.
Je suis un humain et disons que si le quart de sang elfe qui coule dans mes veines à d'autres effets que de m'avoir donné des yeux clairs ou des oreilles moins rondes que la normale, j'ai peut être disons, vingts années de plus à espérer?

Souriant

Le monde est grand, très grand ; et même avec un bénéfice de ce genre, ma vie entière ne pourras me permettre de contempler toute les choses qu'il recèle et de prendre le temps de les apprécier toutes comme elles le méritent.
Et je n'ai pas de peuple au côté duquel me ranger pour discuter du bien fondé des choses.
Alors je voyage, j'observe et j'apprend. Et parfois, si d'aventure cela se produit, j'apporte ma contribution à ce qui me semble juste.

La Couronne de Cuivre

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