La Couronne de Cuivre

Et effectivement, que le sous-officier sache ce qu’il faisait où qu’il ait eu de la chance dans ses estimations, Galariel ne finit pas réduite en bouillie sanguinolente avant d’atteindre son nouvel abri bien précaire. Entre temps, le monstre s’était redressé et avait récolté une nouvelle salve de flèche plus ou moins bien ajustée qui le faisaient enrager à chaque impact. Sentant que la situation tournait à son désavantage ou mu par un instinct de destruction, le monstre abandonna les rochers épars autour de lui pour décrocher un immense gourdin tenant plus de souche pendant à sa ceinture. La terre se mit à trembler follement quand l’immense Ath-Atch se mit à charger en plein sur Galariel avec l’intention manifeste de ne pas donner dans la finesse.

Le gigantesque humanoïde par son action facilitait la tâche de Galariel, elle n'avait plus à se préoccuper d'approcher suffisamment près du monstre puisque celui-ci s'en chargeait. Nouvel écueil à passer, la jeune femme n'aurait qu'une fraction de seconde pour tirer avant de se prendre un gourdin sur la figure, toute proportion gardée...une mouche et une tapette. Elle allait devoir associer la précision de l'elfe avec l'agilité de l'halfelin, rien de plus facile se dit-elle en visant la grande face du monstre de son arbalète de poing. Elle adressa une prière muette à la Déesse pour que ... tout aille bien.

Guidée par sa seule rage de tout piétiner et réduire en charpie sanguinolente, le monstre ne se préoccupait même pas de se protéger ou d’esquiver les coups. Le carreau tiré par Galariel ne fit pas exception mais eut bien plus de conséquences que la dizaine de flèches l’ayant déjà atteint au torse, au ventre ou à ses cuisses presque aussi massives que la croupe d’un poney. Le monstre stoppa sa charge pour porter les mains à son visage et faillit bien s’assommer lui-même avec son gourdin dans la manœuvre. Mais s’il était stupide, il était au moins résistant et s’ébroua après à peine deux ou trois battements de cœur. Une partie de son visage et son œil droit avait souffert de la précision de l’arme mais cela semblait le rendre encore plus furieux contre l’origine de sa souffrance.

Il chargea de plus belle droit sur Galariel qui n’aurait ni le temps de recharger, ni d’esquiver cette fois. La jeune femme perçut la lueur mauvaise dans l’unique œil rescapé de l’Ath-Atch La guerrière ne pouvait maintenant qu’espérer au mieux blesser un peu le monstre avant de finir sa courte carrière. Mais que faisaient donc les soldats et la fameuse surprise du sergent ?

HRP : tu as le droit à une dernière action, introspection ou prière avant… la suite :diable :.

Galariel ne comprenait pas comment elle avait pu se tromper et envoyer un carreau explosif à la place d'un carreau aveuglant. Le résultat était que désormais toute l'attention et la rage du monstre était concentrés sur la jeune femme, ça allait faire mal. Tenant fermement son épée elle s'apprêta au choc en ayant l'impression d'être un moucheron en face d'une grosse hirondelle difforme.

Le monstre était presque sur elle et Galariel ne pouvait désormais entretenir d’autres vocation que de finir en hachis étalé sur un rocher. Mais soudain, le vacarme des pas du monstre fut remplacé par un autre. Celui de huit cavaliers chargeant au galop aux cris de « Pour Luménis ». Le monstre s’était arrêté pour fendre l’air de son immense gourdin, ne sachant pas quelle cible choisir et trop stupide ou sanguinaire pour fuir. Finalement, il tourna le dos à la guerrière et se précipita sur… Surya, fièrement dressée sur son poney au beau milieu du champ de bataille. Les cavaliers jetèrent des javelines sur l’humanoïde, le blessant sérieusement sans toutefois l’arrêter. Au moment où la créature abaissait son gourdin sur la jeune barde et sa monture en y mettant toute sa force, Galariel entendit le sergent hurler :

- Galariel, attaquez maintenant !

Et aussitôt d’appliquer son propre conseil en se portant au corps à corps.

Galariel s'élança en jurant l'épée au clair, pourquoi Surya restait-elle ainsi en face du monstre? N'étant pas une guerrière elle allait se faire aplatir comme une crêpe des Moonshae. Mais elle était malgré tout contente que le géant lui tourne le dos exposant ainsi le points faibles de l'arrière de ses articulations, c'est à dire talons et creux des genoux. Son épée fendit l'air visant le talon d'achille de la jambe droite du monstre.

La terre trembla tellement qu’elle manqua déstabiliser Galariel quand le gourdin du monstre se fracassa sur le sol. Le choc n’avait pas même été amorti en frappant… le vide. A l’instant même où l’arme monumentale avait atteint Surya et son poney, l’illusion s’était dissipée laissant le monstre désorienté, son arme brisé et ses flancs exposés aux attaques conjuguées des luméniens. La lame de Galariel trancha les tendons du genou droit de l’immense Ath-Atch et celui-ci poussa un hurlement de rage avant de vaciller et de tomber à accroupi. Le sergent mania son sabre de cavalerie d’un geste preste pour lui laisser une longue entaille au flanc avant de se retirer aussi vite qu’il avait frappé. Le monstre accusa le coup. Immobilisé, il n’était pas encore vaincu et les luméniens continuèrent à le bombarder de javeline, détournant constamment son attention pour que Galariel puisse porter un nouveau coup.

L'odeur que dégageait la créature était affreuse, comme tout ses congénères elle ne se lavait jamais, mais Galariel se fit violence pour faire abstraction de cette nuisance - elle avait bien survécu à son expédition nauséabonde dans les égouts de Luménis. Le dos du grand humanoïde était à découvert prêt à subir la morsure de l'arme de la Sœur du Premier Sang, elle s'élança visant la colonne vertébrale du monstre dans le but de le mettre à bas de manière définitive.

La lame déchira le cuir squameux du monstre puis s’enfonça en un bruit de succion et de déchirure atroce à peine perceptible en contrepoint du hurlement qui mit à rude épreuve les tympans des chevaux comme des hommes – et des femmes – de l’expédition. Galariel, en première ligne, put percevoir toute la rage, la fureur, la détresse et la douleur que l’Ath-Atch exprima dans son cri. Nul doute que toutes les créatures situées à une lieue à la ronde l’auraient entendu aussi, annihilant toutes les chances restantes de ne pas être repéré par d’éventuels éclaireurs mélandiens.

Galariel dut choisir entre lâcher son arme coincée entre deux vertèbres ou se faire emporter dans la chute du monstre. Mais ce détail n’avait plus vraiment d’importance car il était déjà mort quand il s’affala sur le sol en soulevant un nuage de poussière. Par delà le tintement qui continuait à résonner dans ses oreilles, la jeune et fière guerrière perçut l’un des cavaliers qui élevait la voix de derrière la colline où s’était tenu le monstre au début de l’assaut :

- Sergent, vous devriez venir voir ça !

La jeune guerrière serait bien allée voir ce qui avait attiré l'attention du soldat luménien, mais sa raison lui dicta de récupérer son épée longue en premier. Heureusement le monstre ne s'était pas écroulé sur le dos, Galariel se voyait mal soulever le géant pour récupérer son bien mais malgré tout elle dut utiliser toute sa force pour arriver à retirer l'arme coincée entre les vertèbres du monstre, respirant par la bouche pour ne pas trop sentir l'odeur affreuse du géant.
Après avoir récupéré l'épée et l'avoir plus ou moins frotté sur l'espèce de pagne que portait sa victime pour la débarrasser des miasmes, elle rejoignit les quelques hommes de la troupe qui s'étaient rassemblés pour voir le nouveau centre d'intérêt.

Le sergent lança tout d’abord une série d’ordres et d’injonctions afin de s’assurer que personne, ni homme ni bête, n’avait été blessé dans l’escarmouche. Rassuré sur ce point, il envoya deux des cavaliers pour aider à ramener Surya et de ses deux gardes du corps enfuis au début de la bataille. Il en laissa deux autres en guetteurs avant d’ordonner aux deux hommes restants de l’accompagner jusqu’à celui ayant signalé une trouvaille.

Quand elle les rejoints, les quatre hommes se tenaient devant ce qui ressemblait à l’entrée d’une petite grotte à l’odeur épouvantable. Des os parsemaient les alentours de l’abri, signifiant ce que le sergent énonça comme une évidence :

- C’est l’antre de la créature. Restez sur vos gardes ! Il faut savoir s’il y en a d’autres.

Le sergent avait raison, les ath-atchs sont solitaires mais peuvent aussi vivre en groupe de quelques individus voire même en tribu pouvant dépasser la douzaine de membres. Inutile de dire que cette dernière option n'était pas rassurante à voir la difficulté pour en tuer un seul.

Comme Galariel put vite le constater néanmoins, la grotte n’était pas suffisamment vaste pour abriter d’autres congénères de la créature massive. En revanche, elle n’était pas non plus vide ni sans le moindre intérêt : au-delà même de la découverte d’un bouquet d’odeurs unique à partir duquel un chercheur avisé pourrait sans doute déduire des particularités culturelles des plus édifiantes, notamment en matière de sanitaires, de stockage de la nourriture et même de coutumes mortuaires, ces deux derniers aspects se mêlant intimement dans l’esprit d’un Ath-Atch.

Pour néanmoins, en dehors du fatras accumulé par le monstre dans son antre, un détail retint immédiatement les intentions d’éventuelles explorations des luméniens : un cadavre, passablement déchiqueté, arborant les restes d’un uniforme de l’armée manostienne.

- A moins d’un hasard malencontreux, je crois que nous venons de résoudre le mystère concernant l’un des deux premiers éclaireurs. Voyons si nous pouvons trouver le second. Madame, si vous voulez nous laisser procéder, je n’y verrai pas d’objections.

Le regard de Galariel s'attarda sur le corps de l'infortuné éclaireur, triste façon d'en finir avec la vie, je ne voudrais pas mourir de cette manière. se dit-elle. En même temps elle ne voulait pas mourir du tout mais à choisir, servir de nourriture à une grosse bébête malodorante ne lui seyait guère.
Elle abandonna la vue macabre pour inspecter le reste de la grotte, il y avait peut-être des choses à récupérer. Son instinct d'aventurière reprenait le dessus.

La guerrière fut récompensée de ses efforts courageux visant à déplacer des monceaux de débris éculés, de reste de nourriture plus ou moins non identifiables – une chance – et d’équipements tellement abîmés qu’ils n’intéresseraient pas le dernier mendiant sans le sou. Au milieu de tout ce capharnaüm puant plus que le monstre si un tel exploit olfactif était possible, la jeune femme découvrit, précieusement conservés dans un petit bocal s’apparentant étrangement à un crâne évidé l’équivalent en monnaie diverses d’une cinquantaine de pièces d’or ainsi qu’une quantité non négligeable de quartz rose et autre fragments d’onyx qui pourraient atteindre la moitié de cette somme, à condition de trouver un acheteur intéressé dans ces steppes battues par les vents.

Un peu moins intéressés par les retombées pécunière de la fouille, le sous-officier luménien avait quant à lui mis la main sur une sacoche à l’aspect officiel. Sans doute les missives destinées au village de Chêne-des-clercs.

- De ce que je vois, ce messager-là n’a pas jamais atteint le village. Cela laisse le mystère entier d’autant qu’il n’y a pas trace de son collègue. Bref, nous remettrons ces plis aux autorités compétentes. Nous n’avons plus rien à faire ici…

HRP : Surya, tu réapparais dès que tu le souhaites : le combat t’aura laissé le temps de maîtriser un poney récalcitrant.

Surya, de son côté, avait d'abord maudit sa monture récalcitrante et trouillarde... avant de la remercier mentalement pour lui avoir fait éviter un combat à l'issue pour le moins douteuse. Elle n'avait rien à faire au milieu de tout ça, elle tenait à la vie, elle ! certes, elle aurait pu chanter pour soutenir le moral des troupes, mais ils n'en avaient nul besoin. Aussi la panique de son poney était finalement une bénédiction.
Néanmoins, une fois le monstre vaincu, et une fois certaine qu'il n'y en avait pas d'autres dans les parages, elle s'approcha à son tour de son antre, fronçant le nez - qu'est-ce que ça puait là-bas !
Elle jeta un coup d'oeil à la sacoche, brûlant de lire le contenu des missives - satanée curiosité qui finirait par la perdre. Et sourit en voyant ce que Galariel avait découvert.
- Le début de la richesse...

Un dernier coup d'oeil au monstre sanguinolent, et elle s'écarta à nouveau, désireuse de fuir l'odeur incommodante. Déjà, elle cherchait comment mettre l'incident en vers.
- Un gros monstre, au fond d'une grotte,
rageait de toute sa voix, prêt à tout dévorer,
mais il cachait dans sa p'tite grotte,
un joli trésor pour aventuriers.

c'est ainsi, que Dame Galariel,
armée de courage, et d'une belle épée,
a vaincu le monstre plein de fiel,
et a récolté des pierres et... du blé... Non, ça le fais pas...
et c'est couverte d'or qu'elle s'en est retournée... oui, c'est mieux.

Galariel se tourna vers le sergent pour donner l'explication qui lui venait à l'esprit:

- Il est clair que deux hommes seuls n'avaient aucune chance à vaincre ce monstre, à leur place j'aurais tenté de fuir et chacun de son côté pour maximiser les chances de survie. Je crois que le malheureux que nous avons trouvé est le perdant de l'histoire.

Laissant les hommes décider ce qu'ils allaient faire des restes de leur infortuné camarade, la jeune femme rejoignit Surya.

- Je paye la tournée à notre retour dit-elle en montrant ses possessions

Surya sourit joyeusement.
- J'espère bien !
Elle s'approcha et examina de plus près le butin.
- Jolies pierres. Tu vas les vendre ? Ou tu préfères, je ne sais pas... En faire sertir le pommeau de ta belle épée ? Ca en jetterai. Une vraie épée de roi ! Bon, certes, ça n'a aucune utilité, et j'imagine qu'une guerrière comme toi n'a pas vraiment de préoccupation esthétique...
Elle soupira.
- Quant à moi, je n'ai quasiment rien vu du combat, je n'arriverai jamais à en tirer une chanson digne de ce nom. Remarque, je peux toujours inventer... Alors... Voyons un peu...
Le monstre tournait, le gourdin frappait,
mais Galariel sans relâche, esquivait.
mais lorsque la fatigue ralentit les coups,
elle se précipita soudain, d'un bond subit,
Et porta de son épée un seul coup
qui traversa l'armure, déchira ses habits
Le sang gicla, le géant tituba,
et enfin, sans vie, s'écroula.

Hum... ca te va ?

La chanson de Surya amena un franc sourire sur le visage de Galariel qui se permit un rire cristallin avant de lâcher un:

- Tu composes une oeuvre sur ma modeste personne? Par la Déesse, chercherais tu à me faire du charme?

Bien sûr Galariel était flattée de l'attention de la chultienne et la taquinait, en revanche il n'était pas sur que Surya s'en rende compte et réagisse de la bonne façon.

Le sergent leva les yeux au ciel de dépit en entendant l’improvisation tout sauf fidèle à la réalité de Surya. Mais il se mit en devoir de répondre à Galariel concernant le second éclaireur :

- Non, cela m’étonnerait que nous trouvions le second manostien ici. Ils ont été envoyés à près de cinq jours d’intervalles et la steppe est vaste donc il serait improbable qu’ils aient été pris dans le même piège. Celui-ci n’a pas eu de chance mais qui sait si son collègue aura trouvé une mort aussi rapide… Il n’y a désormais qu’un moyen de nous en assurer et c’est de nous remettre en route maintenant que damoiselle Surya nous a retrouvé et ne semble pas blessée. Nous n’avons que trop tardé, le soleil baisse déjà et j’aimerais mettre autant de distance entre cette zone infestée de cavernes et nous avant la nuit.

Surya répliqua à Galariel par un battement de cil appuyé.
- Ce genre de charme-là ? Ah, désolée, je ne sais pas faire... Moi, je fais juste des chansons sur tout et sur tout le monde, et surtout sur les femmes guerrières, j'adore, ça change de ces complaintes où seuls les hommes ont le beau rôle !

Interrompue par le sergent, elle grimaça.
- Vous avez raison, remettons-nous en route. Je ne veux pas vous retarder davantage... Et je préfère ne pas faire d'hypothèse sur ce qui a pu arriver à l'autre messager... nous le saurons bien assez tôt je présume.

Galariel se tourna vers le sergent en masquant mal son envie d'éclater de rire aux pensées qui lui tournaient dans la tête pour le moment, elle imaginait ce que devait donner une séance de flirt entre Surya et un soupirant. Ça devait valoir de l'or:

[color=#c9001]- Vous avez raison sergent, remettons nous en route au plus vite.[/color]

Son sourire s'atténua à la vue de sa monture, elle s'était habituée à monter mais elle avait encore peu de mal à grimper dessus.

L’animal était pourtant placide et Galariel parvint donc à ses fins sans avoir à se ridiculiser devant tant de cavaliers plus expérimentés et surtout du genre masculin. Le sergent avait ordonné à quatre de ses hommes de recouvrir le cadavre du messager manostien à l’aide d’un pan d’un drap tiré d’une des fontes de selle des cavaliers. L’homme devrait patienter encore un peu pour avoir droit à des funérailles décentes. Toutefois, un des luméniens récita une rapide homélie, un cavalier du nom de Tristan apparemment. Celui-là même qui avait créé l’illusion de Surya permettant d’achever le monstre. La troupe disposait donc du soutien d’un clerc versé dans la magie d’illusion. Une demi-surprise sur laquelle les jeunes femmes n’eurent pas le temps de s’interroger avant que le signal de départ n’ait été donné.

Trois heures plus tard passées à un bon train dissuadant d’entamer des conversations, le sergent ordonna à deux de ses hommes d’aller reconnaître un petit bosquet avant de révéler la suite des réjouissances :

[color=#orange]- Si Hans et Hubert ne détectent rien d’inquiétant, nous passerons la nuit à l’abri de ses arbres. C’est toujours moins désagréable et plus discret qu’en plein vent. Nous sommes toutefois trop proches de notre destination pour que j’autorise à allumer un feu. Des guetteurs ennemis auraient beau jeu de nous repérer dans le cas contraire.[/color]

Galariel assura au sergent que cela ne la gênerait pas, qui avait connu les rafales hivernales glaciales du Nord ne devait pas avoir craindre grand chose sous ces latitudes méridionales. Elle attendit, tous les sens aux aguets, le retour des deux hommes envoyés en avant.

Pas de feu ? Brrrr.... Cela signifiait qu'elle n'aurait pas d'infusion bouillante pour se réchauffer le corps et l'âme, pas de flammes orangées à contempler rêveusement en se remémorant la journée... Et surtout, que l'humidité allait s'infiltrer partout, apportant une fraîcheur dont elle se serait bien passé. On était loin d'être en été, et même l'été lui avait toujours paru, sous ces latitudes, d'une fraicheur bien agréable... Alors que les autres saisons étaient bien trop froides pour elle !
Elle fit mentalement l'inventaire des vêtements chauds et des couvertures dont elle disposait... Serait-ce suffisant ? Il faudrait bien.
Et en plus, ils allaient sans doute une fois encore manger uniquement un bout de semelle - qui soi-disant était de la viande séchée - et quelques biscuits et fruits secs. Il manbquait décidément quelqu'un d'essentiel à leur expédition : un bon cuisinier...

Le sergent n’exprima guère de considération pour le confort des deux aventurières, les jugeant manifestement capables de prendre soin d’elles-mêmes étant donné la vie qu’elles avaient choisie de mener. Il se contenta donc de leur faire part de ses consignes quand les deux éclaireurs revinrent annoncer que les lieux étaient sûrs et propices à un bivouac.

- Ne vous fiez pas à l’apparence idyllique des lieux surtout ! Nous ne savons pas ce qui est arrivé à l’autre éclaireur. Peut-être d’autres prédateurs rôdent dans ces contrées, sans avoir à y voir la main putride de Melandis. Et évitez aussi de discuter trop tard la nuit, nous devrons être en selle dès l’aube.

En dehors de ces paroles de chaleureuse convivialité, un des soldats, le dénommé Tristan, vint leur porter leur part du dîner. Il ne dérogeait hélas pas guère de l’idée que s’en faisait Surya si ce n’est qu’il était composé d’une généreuse tranche de fromage et de deux belles tranches de jambon pour chacune. En sus, elles eurent droit à une petite outre de vin. L’homme s’autorisa également d’ajouter d’un ton plaisantin :

- Spécialités luméniennes ! Le dernier repas du condamné alors appréciez-le, mesdames.

Les deux femmes remercièrent le cuisinier qui s'en alla terminer sa tournée, humant son souper qui n'était pas le pire qu'elle eut à manger Galariel déclara:

-Au moins si on meurt cette nuit ce sera le ventre plein, bon appétit Surya

La jeune femme fit honneur au repas en cinq minutes. Pendant qu'elle se massait le ventre, repue, en sirotant sa ration de vin elle eut le temps de repenser à la mission qui lui avait été confiée par ses soeurs. Pour le moment le seul fait qui lui venait en tête était qu'elle allait dans la direction opposée de l'homme sur lequel elle était chargée de se renseigner, autant dire que ça commençait mal.

Dernier repas du condamné... Dans la bouche d'un prêtre, cela avait une signification un peu trop funeste à son goût. Mais c'était sans doute sensé être une plaisanterie...
Elle salua néanmoins l'homme d'un large sourire, affectant une confiance qu'elle était loin d'avoir. Ou plutôt, si, elle avait confiance... mais pas pour les mêmes raisons que la plupart des soldats. Son objectif à elle, après tout, était de rester envie et de ramener de son aventure de belles chansons. Pas de prendre des risques inconsidérés. Or, si elle restait suffisamment prudente, si elle se contentait d'observer les autres prendre des risques, il n'y avait aucune raison qu'il lui arrive quoi que ce soit, non ? Donc elle n'avait pas à s'inquiéter.

C'est sur ces pensées optimistes qu'elle termina, sans même se souvenir l'avoir entamée, sa deuxième tranche de jambon. Bah, c'était plutôt moins pire que la viande séchée de midi. Et le fromage n'était pas mauvais, de surcroît. Et puis, elle aurait des centaines d'occasion d'avoir d'autres dîners dignes de ce nom une fois cette aventure terminée !

Elle sortit sa petite flûte, puis la rangea aussitôt : le sergent avait parlé de discrétion, il risquait de ne pas tolérer un récital improvisé. Avec un soupir, elle se contenta donc de s'allonger sur sa couche. Galariel n'était pas bavarde, et, une fois n'était pas coutume, aucune question ne lui venait à l'esprit. A croire que finalement, elle se faisait tout de même un peu de mauvais sang pour le lendemain. Un tout petit peu, alors.

La nuit se déroula sans incident mais les jeunes femmes se réveillèrent tout sauf reposées, en particulier Surya. La température avait baissé plus que prévu, au contraire de l’humidité de l’air. Alors que le campement s’agitait de soldats préparant le petit-déjeuner, s’occupant des chevaux ou commençant déjà à rempaqueter leur matériel, la petite barde eut la désagréable impression d’avoir la gorge trop sèche, irritée. Puis son organisme désormais éveillé, elle éternua bruyamment. Puis ne put contrôler une crise de toux.

HRP : Surya ne supporte pas ces latitudes et a attrapé un léger refroidissement, désolé

Au troisième éternuement, Surya se mit en quête d'un mouchoir. Elle en avait toujours dans ses bagages : depuis qu'elle écumait les routes de ces hautes latitudes, elle n'en était pas à son premier rhume. Mais tout de même, ce n'était pas le moment. Le sergent avait demandé de la discrétion : elle ne pouvait pas se permettre d'éternuer au moment fatidique et les faire tous repérer !

Elle soupira en se mouchant le plus discrètement possible. Elle frissonnait. Le froid sans doute. Pourvu qu'elle n'ait pas trop de fièvre, en plus...
Bon. Elle allait commencer par avaler un bon bol d'infusion. Elle devait avoir ça en réserve, et peut-être que cela suffirait. Sinon... et bien il faudrait qu'elle aille voir ce prêtre qui faisait des plaisanteries d'un goût douteux. Mais si elle pouvait se débrouiller seule, ce n'était pas plus mal...

La Couronne de Cuivre

Quête : Guerre des Plaines Brûlantes – Galariel et Surya