La Couronne de Cuivre

Quête : Equité

Les deux hommes s'entreregardèrent.
" Deux heures, je dirais, fit le premier.
— Oui, facilement. Mais en amazone, comme ça, elle ne peut pas aller très vite... Moins vite, en tout cas, qu'un cavalier à califourchon.
— Pour autant qu'elle soit restée dans cette position une fois les portes franchies..." intervint alors Maedron.
L'elfe noir venait d'entrer, en compagnie d'un homme plus âgé, barbe brune fournie et yeux clairs perçants, en armure ternie. Les gardes de Bortheias se raidirent et ceux qui étaient assis se levèrent. Astrée perçut un peu d'hostilité dans le regard de certains, mais elle était vraisemblablement destinée au drow, et pas à celui qui devait être leur officier.
" Avec tout le respect que je vous dois, messire, vu la robe qu'elle portait, je ne crois pas qu'elle ait eu le choix." dit le premier des témoins, les yeux baissés.
Maedron hocha la tête, songeur.
" Les patrouilles sont invitées à ouvrir l'oeil, dit le nouveau venu. Un cheval miel..."
A cette mention, l'expression des gardes se figea et la surprise bourgeonna sur les traits de la plupart. C'était une information qu'Astrée s'était bien gardée de fournir.
"... ne peut pas disparaître comme ça."

Quête : Equité

Astrée avait effectivement soigneusement évité de mentionner la couleur de son cheval. Un simple vol de monture les mettait déjà dans tous leurs état, mais un cheval miel... Et puis, cela faisait des jours qu'elle cherchait par tous les moyens à la dissimuler, elle avait du mal à se convaincre qu'elle devait désormais le crier sur les toits.
Elle hocha la tête pour confirmer ce que venait de leur révéler leur officier, puis se tourna vers Maedron.
- Il faut qu'on la rattrape... Et qu'on essaie de retrouver celui qui l'accompagnait, s'il est encore en ville.
C'était leur seule piste. Mais même en galopant aussi vite que possible, combien de temps leur faudrait-il pour la rejoindre ?

Quête : Equité

" Nous allons partir à sa poursuite, dit Maedron. Tybert en a encore pour un certain temps et nous devons tenter de la rattraper tant que nous en avons la possibilité. Les gardes de Bortheias chercheront à l'intérieur des murs."
L'officier opina du chef.
" Si nous devions tomber sur trop forte partie, en imaginant qu'elle ait rejoint des complices, nous aviserons. Le Fier Coursier vous a promis de l'aide et il honorera ses engagements. Venez, à présent."
Puis, sans attendre, le drow se dirigea vers la sortie.

Quête : Equité

Astrée emboîta immédiatement le pas au drow. Il y avait urgence...
Elle se remit en selle, et reprit la tête sans attendre qu'il le lui demande, se souvenant qu'elle devait servir d'yeux au drow. Ils allaient vers l'ouest, ce qui n'arrangeait guère les choses : il serait quasiment aveugle.
- Vous pourrez galoper, même en n'y voyant pas grand-chose ?

Quête : Equité

Le drow sourit et sortit une écharpe sombre de la poche de son manteau, qu'il se noua sur les yeux.
" Heureusement, gente dame, ce n'est pas moi qui galope, répondit-il avec une légère ironie. Et Huin a l'habitude de suivre son frère. Tant que vous ne nous envoyez pas dans un ravin, du moins."
Ils franchirent les portes et se retrouvèrent sur la route encombrée. Le hongre d'Astrée, toujours assuré et calme dans ces situations, louvoya efficacement entre les véhicules plus lents et les mules nonchalantes jusqu'à retrouver une section plus dégagée de la piste et s'élança ensuite au grand galop, Maedron sur ses traces.

Quête : Equité

Astrée encouragea le hongre, de la voix, du geste, mais aussi par un bref contact d'esprit à esprit, à galoper de toute la vitesse qu'il pouvait. L'autre suivrait. Il fallait, coûte que coûte, retrouver cette femme avant qu'elle ne disparaisse.
Bien sûr, elle gardait les yeux ouverts, observant les bas-côtés, les quelques chemins qu'ils croisaient. Leur cible pouvait très bien avoir bifurqué sans qu'ils n'en sachent rien, auquel cas leur poursuite se révélerait peut-être vaine. Mais mieux valait ne pas y songer, il serait temps s'ils ne trouvaient rien.
Maedron n'avait pas tort, elle pouvait avoir rejoint des complices. Mais la disparition de Reynald et de Prince lui donnait des ailes, lui faisant négliger toute appréhension, au détriment peut-être de sa prudence habituelle. Elle devait les sortir de là coûte que coûte.

Quête : Equité

Comme l'avait dit Tybert plus tôt, les chevaux de Maedron étaient des bêtes de qualité et ils galopèrent à grand train, avalant les lieues pendant un certain temps avant de marquer des premiers signes de fatigue. La route était fréquentée et y déceler des traces relevait de l'impossible : la terre était malmenée, défoncée par mille sabots de toutes formes. Astrée prit le temps, cependant, d'examiner chacun des chemins de traverse qu'ils croisèrent, sans succès. Le ciel avait commencé à se couvrir, de gros nuages sombres avalèrent bientôt le soleil, tandis qu'ils ralentissaient. Le vent s'était levé.
" Llolth m'a entendu !" s'exclama joyeusement Maedron derrière elle, en retirant son bandeau protecteur.
Il grimpa ensuite à sa hauteur.
" Je pense qu'elle a dû déchirer sa robe. Ou alors elle a bifurqué à travers la plaine et nous ne la retrouverons pas. Si son comparse est resté en ville, elle a pu y retourner par une autre autre voie. Ou elle est partie prévenir leurs commanditaires. Je n'en sais rien. Il y a encore quelques routes secondaires sur la prochaine lieue, mais ensuite... Tybert doit s'inquiéter de notre disparition."

Quête : Equité

Astrée soupira. Maedron avait raison, bien sûr. Elle avait tellement espéré, pourtant... Ses épaules s'affaissèrent. Mais non, elle ne devait pas se laisser aller au découragement. Ce n'était qu'une piste envolée. Il y en aurait d'autres.
- Je pense qu'elle a bifurqué pour rejoindre ses complices, quelque part... Je n'ai rien remarqué à l'aller, et je doute de voir davantage de choses au retour. Mais je vais quand même observer du mieux possible. On ne pourra sans doute pas aller aussi vite, les chevaux sont fatigués, mais il vaudrait mieux, tout de même, ne pas traîner... Tybert a peut-être du nouveau...
S'il avait repéré Reynald... Son coeur bondit d'espoir. Mais ils devaient faire vite : Tybert était capable de se mettre en tête de le libérer seul...
- Et je ne voudrais pas qu'il se mette en danger.
Toute cette perte de temps pour rien... et chaque seconde qui passait augmentait les risques pour les disparus. Elle se maudissait d'avoir foncé sur la piste sans prévenir Tybert. Mais il y avait urgence. Et ce sentiment d'urgence qui ne faisait que s'accroître en elle l'empêchait de réfléchir sereinement.
Elle fit volte-face, un peu brutalement peut-être, et lança sa monture sur le chemin du retour, lui enjoignant de ralentir un peu l'allure pour économiser ses forces, tout en maintenant un rythme suffisamment soutenu.

Quête : Equité

Mais alors que, dépitée, Astrée repartait dans le sens inverse, sollicitant un animal déjà bien fatigué, elle aperçut du coin de l'oeil, dans la prairie voisine, un bleuet un peu trop vif. Ce n'était pas grand chose, juste une tache de couleur trop fantastique pour appartenir à l'environnement. La jeune femme obliqua donc, par acquis de conscience, jusque là et mit pied à terre. Il se mit doucement à pleuvoir au-dessus d'elle, une de ces bruines printanières qui ne durent pas. Maedron était dans son ombre.
" Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il.
C'était un morceau d'étoffe satinée, couleur saphir, sans doute le vestige d'un vêtement qu'on avait déchiré. Dans le sol meuble, autour de sa trouvaille, Astrée distingua des empreintes de bottes, à l'endroit où quelqu'un s'était enfoncé dans la terre au moment de descendre de cheval.

Quête : Equité

- Ce n'est pas forcément elle, mais... commença Astrée, refrénant l'espoir qui commençait à l'envahir.
Mais elle se devait de suivre la piste, juste au cas où.
- Il faut au moins qu'on aille voir de quoi il retourne. Je vais tenter de suivre les traces...
Elle soupira.
- Il aurais fallu pouvoir prévenir Tybert...
Maedron aurait pu... mais elle renonça à cette idée aussitôt. Si la femme avait bifurqué, c'était pour retrouver des complices, et elle ne serait pas de taille si elle était seule à les affronter. Ils ne seraient peut-être pas de taille non plus à deux, mais elle préféra ne pas creuser cette idée.
- J'espère qu'il ne fera rien d'inconsidéré... Mais la piste est trop fraiche pour qu'on laisse passer cette chance. Si c'est bien elle.
Elle se mit à examiner soigneusement les traces, déterminant où elles allaient, observant aussi les alentours. Il aurait été trop stupide de se faire repérer.

Quête : Equité.

Il n'y avait pas d'autres traces de pas : une fois au sol, la personne était trop légère pour marquer les herbes hautes, et elle était probablement remontée en selle peu après. Par contre, il serait probablement possible de retrouver des empreintes de sabot... mais il faudrait chercher des endroits où le couvert végétal laissait place à de la terre ou de la boue.
" Astrée, je comprends votre désir mais... Nous devrions retourner chercher Tybert. Nous n'en sommes plus à une heure près, désormais, dit Maedron. En croisant ses informations avec ce que vous pourrez tirer du terrain..."
Le drow posa une main sur son épaule.
" D'autant que s'il est arrivé quelque chose à Reynald... Il ne faut pas que Tybert soit seul quand il le découvrira."

Quête : Equité

Astrée soupira, baissa la tête, puis serra les poings. Rentrer était frustrant... Mais chercher des traces dans la prairie lui prendrait un temps fou, et Maedron avait raison. Il ne fallait pas laisser Tybert seul. Surtout pas.
S'il est arrivé quelque chose à Reynald... Non, elle se refusait d'y penser. Il était vivant. torturé, peut-être, mais vivant. Ils chercheraient la pire des tortures pour un sorlyn -elle s'interdit d'imaginer laquelle pour ne pas s'effondrer-, mais ils le laisseraient peut-être vivre. Il suffisait qu'ils le retrouvent à temps... avant que ce ne soit irrémédiable, que Tybert ne puisse le sauver... Il le fallait.
- Vous avez raison. Ne trainons pas plus, cela prendra des heures pour retrouver sa trace. Nous reviendrons avec Tybert, sauf s'il a trouvé une meilleure piste...

Quête : Equité

Le chemin du retour leur prit plus de temps car il leur fallut ménager leurs montures éprouvées par la cavalcade. Ils gagnèrent Bortheias en fin de journée, nimbé par un soleil déclinant qui leur gardait le visage dans l'ombre, à la plus grande satisfaction de Maedron. Ils se glissèrent sous les portes, l'elfe noir s'arrêta un moment pour aller quérir quelques informations auprès des gardes, puis repartirent vers l'Auberge des Champs. On n'avait pas trouvé trace du grand homme sur son destrier ni, bien sûr, de Prince des Frelons.
Ils mirent pied à terre dans l'écurie, le palefrenier prit les chevaux en charge et Astrée et Maedron regagnèrent la grande salle. Leurs efforts n'étaient pas terminés pour autant car Tybert les attendait, selon une servante, à l'étage, et il leur fallut encore gravir les trois volées d'escalier avant de parvenir à bon port. Astrée dut bien reconnaître qu'avec le peu qu'elle avait mangé ces derniers jours, sa nuit blanche et toutes les émotions de la journée, elle était désormais sur des réserves d'énergie bien fragiles.
L'Eldathien était dans la chambre bleue, assis en tailleur sur son lit. Il ouvrit des yeux brillants à leur apparition, se fendit d'un sourire un peu tremblant.
" Il est vivant." dit-il avant tout.
Maedron se laissa choir sur une chaise avec un soupir formidable.
" Et il est où ?
— Je ne sais pas."

Quête : Equité

Vivant... Un sourire radieux éclaira subitement le visage d'Astrée. Juste un instant. Vivant... Puis la fatigue, l'anxiété, les émotions accumulées, reprirent le dessus et elle se laissa tomber à son tour sur une chaise, un peu tremblante.
- Et... comment va-t-il, est-ce que vous avez pu le sentir ? questionna-t-elle d'un ton fébrile. Ou lui parler ? Est-ce qu'il a pu vous dire quelque chose ?
Il était vivant. C'était tout ce qui comptait. Elle ne pouvait effacer le sourire d'espoir -bien mince- qui s'était affiché sur son visage. Ils allaient le sortir de là. Lui... et Prince. Elle ne pouvait s'empêcher de se dire que peut-être, leur mystérieux rituel attendait juste le crépuscule, qu'il fallait agir vite. Le sentiment d'urgence était toujours là. Mais elle se sentait tellement épuisée. A la fois soulagée et vidée de toute énergie. Il était vivant.

Quête : Equité

" Il était conscient quand je l'ai vu. Enchaîné dans une grotte aménagée, de ce que j'ai pu en voir. Pas grand chose d'autre, malheureusement.
— Chic, une grotte ! s'exclama le drow, s'attirant un regard courroucé de l'Eldathien.
— Bâillonné aussi. J'imagine qu'ils ont dû réaliser qu'il valait mieux ne pas le laisser parler...
— A mon avis, assez vite, même."
Maedron avait l'air d'assez bonne humeur.
" Tu as pu lui passer un message ?
— Court. Que nous cherchions, que nous allions venir.
— Et lui ?
— Il m'a dit de me grouiller, en gros. Qu'apparemment, ses ravisseurs avaient un programme plutôt désagréable pour les jours à venir. Et il a confirmé qu'il s'agissait d'adeptes de l'Hippogriffe."
Il se tourna vers Astrée.
" Il a dit que Prince allait bien, la dernière fois qu'il l'avait vu, mais qu'ils avaient été séparés. Il n'a pas pu me donner d'informations sur l'endroit où il était, mais j'ai promis de le recontacter et il m'a dit qu'il essaierait de leur tirer les vers du nez... S'ils lui permettent de dire quelque chose."

Quête : Equité

Les nouvelles étaient rassurantes, finalement. Même si Astrée ne partageait pas tout à fait la joie apparente du drow, elle se sentait nettement soulagée. A un petit détail près cependant :
- J'espère juste que leur rituel pour Prince n'est pas sensé avoir lieu ce soir au crépuscule, ou quelque chose de ce genre, fit-elle d'un ton sombre, verbalisant enfin la crainte qui ne l'avaient pas quittée de la journée.
Mais tout de même, ce n'était pas le moment de se décourager, pas après d'aussi bonnes nouvelles. Goran avait laissé entendre que le rituel était complexe... Non, elle ne devait pas y penser
- Il y a beaucoup de grottes dans la région ? demanda-t-elle en se tournant vers Maedron. Et surtout, y en aurait-il une plus ou moins dans la direction où semblait se diriger notre piste de tout à l'heure ? Ou peut-être une zone calcaire susceptible d'abriter des excavations de ce genre ?

Quête : Equité

" On devrait trouver ça dans nos cartes... dit Tybert. Je ne sais plus de mémoire, mais au fil des années, nous avons rajouté vraiment tous les détails du terrain..."
Il se leva et alla jusqu'à ses fontes, puis s'accroupit pour y fouiner.
" Si c'était le cas... Nous devons décider du moment opportun pour bouger. Les gardes de Bortheias ne nous aideront pas aussi loin de la ville, et le temps d'obtenir un ordre de mission officiel, Prince sera cuit et Reynald écartelé, mais Goran vous a promis un soutien, donc nous pouvons lui demander un peu de cavaliers."
Le drow retira son manteau, révélant son armure noire. Il était armé de deux épées courtes, au manche ouvragé.
" J'aurais bien proposé d'y aller dès ce soir, mais vous êtes humains et vous n'y verrez rien. De plus, de mon expérience, les brigands et autres adeptes maléfiques ont tendance à être nocturnes. Les ténèbres, tout le tralala : ça risque de grouiller dans les cavernes. Par contre, à l'aube, ils sont généralement crevés après leurs agapes de la nuit. Je serais donc, si Reynald pense qu'ils survivront à la nuit, pour attendre demain."
Tybert revint avec un parchemin plié qu'il ouvrit précautionneusement sur la table.
" Comment veux-tu qu'il sache une chose pareille ?
— S'il ne peut te répondre, nous devrions aller interroger un adepte à la caserne."

Quête : Equité

- Il faut savoir, intervint Astrée. On ne peut pas prendre le moindre risque. On ne peut pas décider d'attendre demain si on n'est pas absolument certain qu'il ne vont pas... qu'ils ne vont rien leur faire cette nuit.
Elle soupira.
- Je n'ai qu'une envie, foncer tout de suite là-bas... Mais pourtant, je sais bien que vous avez raison, nous n'y verrons rien, et de plus nous sommes épuisés. Le plus raisonnable est sans doute d'aller d'abord interroger un adepte de leur secte, comme vous le suggérez, en espérant en tirer une information utile, rassurante. Mais j'ai tellement la sensation que chaque minute passée est une minute perdue, tellement peur d'arriver trop tard, que je n'arrive pas à me résoudre à laisser passer la nuit pour agir, avoua-t-elle en secouant la tête.
Et puis, comment obtenir d'un adepte une information fiable ? Il pouvait leur mentir...
Elle se pencha sur la carte, indiquant à Tybert l'endroit où ils avaient vu un début de piste incertain, à la recherche d'une éventuelle grotte à l'écart de la route.

Quête : Equité

Il y avait effectivement un repli rocheux, relativement étendu, à une distance moyenne de l'endroit où ils avaient quitté la route principale.
" Nous n'avons jamais été jusqu'au pied de ce massif, dit Tybert en posant le doigt sur le dessin de la petite falaise. Il y a peut-être plusieurs grottes. Goran pourrait le savoir, probablement.
— Je vais aller à la caserne, fit alors Maedron en se levant. Finkus me doit une faveur, il oubliera sûrement de fermer la porte d'une cellule pour moi."
Il regarda Astrée.
" Voulez-vous m'accompagner ou préférez-vous en profiter pour vous reposer ?"

Quête : Equité

Se reposer... elle en avait besoin, impérativement et désespérément besoin. Mais elle se savait absolument incapable de fermer l'oeil tant qu'elle n'aurait pas la certitude absolue de pouvoir le faire sans risque. Elle allait tourner en rond dans sa chambre, encore et encore, à se rendre malade d'inquiétude, en attendant son retour.
- Je vous accompagne, fit-elle avec un soupir après un instant d'hésitation.
Ce n'était pas raisonnable, vraiment pas, elle le savait. Mais elle était décidément incapable d'être raisonnable, aujourd'hui.

Quête : Equité

Maedron acquiesça puis jeta un oeil vers Tybert, par dessus l'épaule de la jeune femme.
" Nous ne serons pas longs. Mais il vaut mieux recontacter Reynald avant la nuit, si nous devions bouger à nouveau..."
L'Eldathien pinça les lèvres.
" Il me restera une dernière opportunité de lui parler, s'il faut lui communiquer quoi que ce soit... Ensuite... Ensuite, je devrai attendre demain et reprendre le temps de me préparer.
— Fais ce qui t'apporte la paix."
Tybert eut un sourire désolé, qui valait tous les discours. Le drow poussa un bref soupir puis se dirigea vers la porte, l'ouvrant pour Astrée. Il la précéda ensuite dans le couloir.
" Je vous ferai sortir si je vois qu'il faut un peu trop insister... Je ne pense pas que vous aimerez les méthodes d'Ombreterre, fit-il. Ensuite, s'il nous rassure, vous mangerez puis vous irez dormir. Je ne peux pas croire qu'une herboriste n'ait pas à sa disposition de quoi ouvrir l'appétit et favoriser le sommeil."

Quête : Equité

Astrée grimaça.
- Je dois avouer que je garde généralement ce genre de remèdes pour les autres... Je n'aime pas droguer mon corps sans nécessité absolue. Mais vous avez raison, je crois que je n'aurai pas le choix ce soir, si on veut pouvoir agir efficacement demain...
Elle soupira. Et elle se dit que non, elle n'aimerait pas les méthodes d'Ombreterre. Qu'elle haïssait tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une forme de torture. Mais ils n'avaient pas le choix. Pour sauver Reynald et Prince, elle se sentait capable de tout affronter..
Cela ne lui ressemblait pas, elle n'était décidément pas elle-même depuis ce matin. Et elle aurait mieux fait, sans doute, de rester tranquillement à se reposer pour ne pas avoir de tels actes sur la conscience. Mais savoir que quelqu'un d'autre le faisait pour elle n'était-il pas aussi lourd à porter ? Non, elle devait y aller. Pour savoir. En espérant... que ça n'irait pas trop loin.

Quête : Equité (on est vraiment obligées de mettre le titre chaque fois ?!)

Maedron s'arrêta cette fois dans la grande salle et échangea un moment avec son équipe. Personne parmi le personnel ne parut particulièrement surpris de le voir dans son armure sinistre, mais plusieurs des clients lui jetèrent des regards interloqués voire inquiets. Il faut dire qu'il détonait dans le décor soigné de son établissement : on l'aurait dit revenu du front, couvert de la poussière de la route. Une fois satisfait des consignes qu'il avait pu donner, il rejoignit Astrée devant la porte qui menait aux écuries.
" J'imagine que vous montez facilement à cru ? Nous irons plus vite en enfourchant nos bestioles au plus vite. Si ce n'est pas votre truc, prenez la selle qui vous plait. Les gris sont morts, mais il me reste une paire de rouans qui ne demanderont pas mieux que de sortir."
Il désigna sa monture à la jeune femme et ouvrit la stalle de la sienne. Il était prêt à partir une minute plus tard et guida l'animal vers la sortie.
Tandis qu'ils cheminaient dans les rues encombrées, Maedron se hissa à la hauteur de la jeune femme.
" N'aviez-vous pas un autre cheval pour faire ce voyage ? Reynald a dû vous dire combien il était risqué de s'aventurer dans la Trouée avec pareil canasson..."

pas obligées... bon, de temps en temps quand même pour nos lecteurs assidus et ceux qui tombent dessus par hasard en réutilisant le sujet

Astrée avait bien entendu décliné la proposition de seller le cheval : elle montait le plus souvent Prince à cru.
Elle secoua la tête à la question de Maedron.
- Non, je n'ai pas d'autre monture. A part un vieux cheval que je juge trop âgé pour ce genre de voyage désormais. Et puis, il y a un lien si fort entre Prince et moi... je n'aurais pas voulu partir sans lui. Il faut dire que je ne savais absolument pas ce qui m'attendait ici en quittant Luménis, sinon je crois que j'aurais peut-être remis mon voyage à une autre date. Enfin, ce n'est pas certain après tout, je n'aurai sans doute pas imaginé que c'était à ce point, j'ai l'habitude de voyager et de me débrouiller seule d'ordinaire, je n'aurais pas voulu croire au danger. Et puis, une fois à Rohan, quand Reynald m'a expliqué et qu'il a proposé de m'accompagner avec Tybert, je n'ai pas voulu faire demi-tour...
Et en présence des deux clercs, pas moyen de convaincre Prince de se faire discret, alors que ça leur aurait épargné tellement d'ennuis...
- Enfin, voilà, ce qui est fait est fait de toute façon. Si j'avais su que Reynald se mettrait en danger à cause de moi, j'aurais... j'aurais fait demi-tour sans doute, refusé qu'il m'escorte...

Maedron pinça les lèvres.
" Ne vous inquiétez pas trop pour Reynald. C'est un grand garçon et il en a vu d'autres, dit-il tranquillement. Il aime l'aventure, sinon il ne serait pas sur les routes continuellement... Et il aime aller fourrer son nez dans les affaires des autres. Ou les aider, si on veut dire les choses plus joliment. C'est le propre du barde, même s'il est clerc : quand on ne vit rien, on n'a rien à raconter. Vous verrez, il en tirera une chanson où il réussira encore à s'attribuer le beau rôle. Je le connais bien."
Il tira doucement sur les rênes et immobilisa son cheval devant la façade grise des casernes. La porte ouest était à seulement quelques mètres, encore ouverte dans le crépuscule. Ils démontèrent et attachèrent leurs animaux dans l'ombre du porche, puis s'engagèrent dans une ruelle qui contournait le bâtiment.
" Nous allons entrer par derrière. J'ai prévenu Finkus que nous risquions de revenir et je sais où est l'adepte. Vous êtes toujours sûre que vous êtes d'attaque ?"

Astrée grimaça.
- Sûre, non. Mais j'ai besoin de... de ne pas rester inactive, de savoir que je fais tout ce que je peux pour les tirer de là.
Se sentant hésiter, peut-être sur le point de flancher, elle se concentra sur l'image de Prince bientôt mort peut-être, de Reynald enchaîné, torturé... Il y avait urgence, il fallait les sortir de là, et elle n'avait pas le droit de se permettre d'être faible. Ces types étaient des monstres.
- Je ne serai peut-être pas utile à grand-chose, j'imagine, mais je viens, conclut-elle d'un ton plus ferme. Vous me direz si ma présence vous gêne plus qu'autre chose...

Maedron sourit.
" Je vous dirai si je pense qu'il vaut mieux que vous sortiez." dit-il en saluant un garde et lui ouvrant une petite porte noire au sommet de quelques marches.
Ils arrivèrent tout de suite dans un couloir sombre, faiblement éclairé, de torches suintantes.
" Autrefois les condamnés sortaient par ici pour rencontrer la hache du bourreau, expliqua le drow. Mais les Luméniens n'aiment pas ça, alors ça ne se fait plus vraiment. Quand on doit pendre quelqu'un, on le fait à Edhoras. Depuis, c'est surtout la sortie de service : on y convoie la paille, les repas, ce genre de choses."
Il tourna dans un premier couloir, manifestement très à l'aise.
" Je n'ai plus dû faire parler quelqu'un contre son gré depuis très très longtemps. Mais dans mon souvenir, ma face d'elfe noir suffit généralement à faire craquer les humains. Je n'ai quasiment rien à dire. Un bon regard noir et le tour est joué. De surcroît, nous n'avons pas besoin de connaître des détails, nous n'allons pas lui demander de nous révéler les secrets de son organisation, ni le nom de ses comparses..."
Il s'immobilisa devant une porte et la poussa du doigt. Elle s'ouvrit en grinçant.
" Prenez une mine à faire peur, ça aidera." dit-il avec un dernier sourire, avant d'entrer dans la cellule.

Une mine à faire peur...
Elle ferma les yeux un bref instant. Songea à Prince en danger, dont elle n'avait plus perçu le moindre signe de vie depuis trop longtemps, et qu'ils allaient manger parce qu'ils croyaient bêtement à un pouvoir imaginaire qu'il devait leur apporter. A Reynald, qui souffrait à cause d'elle, juste pour avoir voulu l'aider, et peu importait si se mettre en danger était apparemment son passe-temps favori. Ils allaient le torturer, simplement parce qu'il vénérait l'un des dieux fééruniens. Elle imaginait trop bien ce qu'ils pouvaient lui faire. Des monstres... Ils n'auraient pas la moindre pitié pour lui, elle ne devait pas en avoir pour eux. Elle se répéta, pour la millième fois au moins, qu'elle devait les sortir de là, peu importait le prix à payer. Elle n'avait pas d'autre choix.
Elle serra les lèvres, et son expression se ferma. Devint plus dure, résolue. Il fallait à tout prix faire parler cet homme. Ne songer à rien d'autre qu'à leur objectif.
Elle entra dans la cellule à la suite de Maedron.

HRP : je pars demain en début d'après-midi (je suis un petit peu là le matin), je reviens en cours de soirée

L'homme qui était attaché dans la cellule avait une trentaine d'années, les cheveux trop longs et le visage mangé par une barbe de plusieurs semaines. La lumière qui filtrait par le soupirail était grise, le soleil terminait de se coucher, il ferait bientôt nuit, mais ce n'était évidemment pas pour déplaire à Maedron. Le prisonnier était assis dans une paille encore relativement fraîche, les pieds et les poignets entravés par une chaîne lâche, qui n'était fixée à rien. Quand il vit entrer Astrée et le drow, il tenta de se relever, mais l'elfe noir posa un pied sur ses liens, le forçant à rester assis. Puis il s'accroupit juste devant lui.
" Bonsoir Lucas, dit-il doucement. Le commandement Finkus m'a dit que tu t'ennuyais et m'a donc demandé de venir te rendre une petite visite. Vois-tu, moi et mon assistante travaillons sur un livre qui décrit les traditions de la Trouée, et nous en sommes justement au passage sur la secte de l'Hippogriffe."
L'homme se raidit et se plaqua contre le mur.
" Je sais rien !
— Allons. Est-ce qu'il faut que je te retourne pour montrer à la dame ici le tatouage que tu as sur le dos ? Elle s'y connait pas mal en créatures bizarres. Je parie qu'elle n'y verra nulle licorne.
— J'étais juste un coursier...
— Ça tombe bien, on aime les coursiers à Bortheias. Mais on en a déjà un qui prend beaucoup de place.
— J'voulais pas dire que...
— Lucas, quand vous aurez trouvé le cheval, vous allez faire quoi ?
— Le cheval ?
— Le cheval, ne fais pas l'imbécile avec moi.
— On va le... Vous le savez !
— Je veux savoir comment ça se passe.
— Vous avez trouvé le cheval ? Vous voulez le garder pour vous ?"

Astrée s'était avancée à son tour, le visage dur.
- Ne détourne pas la conversation. On te demande juste ce que vous ferez, exactement, si vous trouvez ce cheval. Et on n'a pas toute la nuit devant nous... Donc soit tu nous explique tout, tout de suite, sans discuter. Soit... je laisse mon camarade drow s'occuper de toi. A sa façon.
Elle n'avait eu aucun mal à parler d'une voix sèche et menaçante. Le soleil se couchait, et à nouveau elle ressentait ce sentiment d'urgence. Le crépuscule était un moment idéal pour une cérémonie noire. Et elle préférait ne pas songer que si c'était bien leur projet... elle ne pourrait pas arriver à temps.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Bortheias