La Couronne de Cuivre

Eldurvellir était resté dans l'ombre. Il sortit lentement sa dague qu'il cacha derrière son dos, attendant un moment propice.

Tiamandis, installée sur l'épaule de son maître, huma l'odeur de sang. Soudain elle émit un sifflement quasi-inaudible, dans les ultrasons. Le mage crut le percevoir... Il se demanda si le sifflement serait audible par les gardiens.

- Chut ! murmura t-il à tout hasard, assurant la dague dans sa main.

[Quête : De flamme et d'os]

Convaincu à juste titre que l'élu divin leur avait tendu un piège, le deuxième archer lui décocha une flèche qui, cependant, le manqua de peu. Outre son échec, cette action se révéla être une grave erreur stratégique, car la sentinelle aurait mieux fait de prendre pour cible Silmandel, récemment apparu, afin d'interrompre son incantation. Peut-être y songea-t-il, d'ailleurs, après coup, mais il était déjà trop tard pour remédier à cette bévue : un rayons argenté, semblable à celui de quelque impressionnante pleine lune, jaillissait des mains de l'ensorceleur et venait le percuter, envoyant rouler au sol son corps agité de soubresauts.
L'homme à la torche fut un peu plus avisé. Ne se laissant pas entièrement obnubiler par les paroles de l'élu divin, il réagit avec assez de vivacité pour éviter le coup que lui porta Clémentine. L'instant suivant, il pivotait sur ses talons et tentait de prendre la fuite sans demander son reste.

Le combat se déroulait bien même si Asmodeus avait failli être blessé : une erreur des plus insupportables ! Mais voilà que l’un des gardes entendait leur fausser compagnie et sans doute appeler des renforts pour mettre un peu de piment dans cette escarmouche ! Là encore, c’était des plus inacceptables aussi l’élu divin entreprit d’y remédier :

Asmodeus -> Injonction « Halte ! » -> Garde en fuite

Si cela fonctionnait, il resterait à ses camarades à achever l’importun avant qu’il ne les mette en fâcheuse position.

Quête : de flamme et d’os

Dam ! L’une des sentinelles était en fuite. C’était bien vrai que la secte n’employait pas des incapables. Silmandel se disait, qu’avec une pareille manœuvre, nombre de fripouilles seraient mortes avant même de comprendre ce qui leur arrivait. En tout cas, il fallait éliminer ce fuyard, et vite ! L’ensorceleur enchaîna sur un autre sort.

Silmandel --> Projectiles magiques --> Sentinelle

Etant resté quelque peu en retrait, l’aventurier était déjà trop éloigné de sa cible pour recourir à un autre rayon ardent. De plus, si Clémentine lui courrait après, il ne voulait pas la toucher par erreur. Avec les projectiles magiques, aucun risque.

Eldurvellir avait vu le départ de la sentinelle ; il commença à courir vers elle, dague en avant, voyant Silmandel entamer une incantation. Prudemment, il ne traça pas une ligne droite, mais un arc de cercle, afin d'éviter de se trouver bêtement dans le champ d'action du sort lancé.

Tiamandis, déchaînée, vola vers le fuyard toutes canines dehors.

- Bon sang !

Le mage espéra que son familier ne se ferait pas tailler en pièces.

[Quête : De flamme et d'os]

Le sortilège d'Asmodeus fonctionna, obligeant le fuyard à stopper net sa course. L'instant suivant, les projectiles magiques de Silmandel le percutaient, le faisant vaciller.
Mais non tomber.
C'est alors que le combat prit un tour inattendu.
Eldurvellir, précédé par son familier, déboula sans crier gare, surprenant ses compagnons, qui n'auraient pu prévoir semblable action, mais non le garde, qui l'entendit venir. Malgré ses blessures, ce dernier pivota prestement, frappa de sa torche la chauve-souris, l'envoyant percuter un mur - ce qui la sonna pour un moment - et, de sa main libre, saisit le poignet du mage téméraire. S'ensuivit un bref corps-à-corps qui, comme on pouvait s'y attendre, tourna en défaveur de l'assaillant, lequel, évidemment, n'avait ni la force, ni l'expérience pour résister à un adversaire aguerri.
En l'espace de quelques fractions de secondes, la sentinelle en fuite s'était procuré un otage... et un bouclier humain. De son bras gauche, il immobilisait devant lui le praticien des arcanes ; de sa main droite, il appuyait légèrement, avec la dague dont il s'était emparé, sur la gorge de son prisonnier.
-Un pas, un geste, et je le tue, annonça-t-il aux autres membres du quatuor.

HRP : Désolé, Féérune... je t'assure que je ne m'acharne pas sur toi

. Mais je suis un MJ qui tient beaucoup à la cohérence, à la logique des événements. Or, un mage de niveau 1 qui charge un combattant, alors même qu'on l'a informé que ledit combattant était expérimenté, c'est tout bonnement du suicide.

Eldurvellir jeta un oeil vers la pipistrelle. Bon sang, si ce salaud l'avait tuée... Il chuchota à l'adresse du garde.

- Vous vous y prenez mal, l'ami... Croyez-vous que ma vie intéresse le groupe ? Il m'ont pris avec eux juste pour être un peu plus nombreux, c'est tout... Par contre, vous feriez bien de ne pas me tuer, je suis extrêmement utile. Pas comme combattant, mais comme soutien logistique à un groupe de combattants.

Le mage tourna doucement la tête pour éviter la pointe de la dague et parvint à regarder de biais l'homme qui le tenait fermement.

- Cela ne présenterait guère d'intérêt de m'éliminer... Je suis beaucoup plus utile vivant que mort... Vraiment.

Eldurvellir essaya de ne pas penser à Tiamandis. Elle n'agonisait pas, il l'aurait senti. Mais il devait combattre l'inquiétude qui montait en lui. Seul un sang-froid exemplaire lui permettrait de s'en tirer.

Quête : de flamme et d’os

Fabuleux ! Cette action tenait du génie ! En voyant Eldurvellir agir ainsi, Silmandel ne put que se rappeler lui-même quand, lors de ses premières aventures, il chargeait des trolls à la rapière. Ha, le doux souvenir de l’insouciance, de l’inconscience... Enfin bon. Les souvenirs, c’était bien beau, mais quand était-il du présent ? L’ensorceleur, très surpris par le retournement de situation ne sut que faire dans l’immédiat. Il échangea juste un regard avec Clémentine et surtout Asmodeus, de loin le meilleur parleur.

Asmodeus avait failli se taper le front de stupeur et d’incrédulité en voyant le mage en goguette le dépasser pour… Pour charger un guerrier à la dague ! Même pas celui qui agonisait au sol dans le but de l’achever. Non, le jeune inconscient s’était tout simplement offert en tant qu’otage à l’ennemi. Et ne rêvait-il pas ou venait-il en outre d’offrir ses services dans une tentative de s’en sortir. L’élu divin croisa le regard de Silmandel puis celui de Clémentine avant de prendre la parole :

- Un coup de maître, mon brave ! Alors voilà comment Asmodeus voit les choses : vous tuez ce crétin, vous mourrez dans l’instant suivant. Vous appelez vos amis, vous serez mort dans le même délai. Et ne croyez pas que la peur que cet idiot soit blessé ou tué arrêtera Asmodeus. C’est un crétin, mais c’est un crétin honnête : il n’a pas menti sur le peu de valeur qu’il représente. Alors cette situation est plutôt bloquée selon la vision d’Asmodeus des choses. A moins que vous n’emmeniez sagement votre otage par le chemin par lequel nous sommes venus. Et que vous le relâchiez avant de battre en retraite définitivement. Toute autre action fera couler davantage de sang. Et pas de celui d’Asmodeus, ça aussi il le garantit.

[Quête : De flamme et d'os]

-Toi, tu ferais mieux de la boucler, si tu veux pas que je te fasses un deuxième sourire, dit la sentinelle à l'intention d'Eldurvellir. Puis, à Asmodus : Et toi aussi, t'as intérêt à la fermer. Je me laisserai pas embobiner deux fois par tes salades, tu peux en être sûr ! Déjà, si ce gars avait pas la moindre importance pour toi, ça fait belle lurette que t'aurais attaqué. Mais non, tu préfères blablater... Alors, toi et les autres, vous allez m'écouter. Bien m'écouter, même, ou votre sang, il va retapisser les murs... Parce que si j'appelle, vous oserez rien faire, et mes copains débarqueront fissa pour s'occuper de vous... Bref. Voilà comment ça va se passer : je vais reculer et amener ce mec avec moi. Vous, vous vous tirerez, vous repartirez d'où vous êtes venus. SI vous êtes sages, peut-être que j'oublierai de dire à mes potes de vous pourchasser. Et même si j'oubliais pas... Vous auriez de l'avance, et donc un peu d'espoir de vous en sortir...

Que faire ? songeait Eldurvellir. Que dire, c'était tout vu : rien. Il valait mieux se contenter de penser. Déjà, le garde n'avait pas l'intention de le tuer tout de suite. C'était mieux qu'il y a un instant. Et, après tout, voilà un moyen intéressant - même s'il était dangereux - de voir la secte de près.

Le mage imprudent se contenta donc de se taire, de ne pas bouger et d'entrer en liaison mentale avec la petite Tiamandis qui gisait quelques pieds plus loin.

La pipistrelle semblait bouger légèrement. Ses ailes griffues s'étaient écartées et Eldurvellir entendit confusément son souffle.

Quête : de flamme et d’os

« Bon, navré, mais je ne l’entends pas de cette oreille. Cet abruti s’est mis tout seul dans la merde, c’est pas vraiment mes affaires. Toi, le garde, soit tu fais ce que te dis Asmodeus, soit dans dix secondes je fais le ménage. C’est pas négociable », déclara Silmandel.

Il bluffait bien sûr. Quoi que, en fait, il n’en était pas vraiment sûr. Il devait y avoir dans son mensonge une petite partie de vérité qui du coup, enfin de son avis, le rendait très convainquant. Il avait déjà fait ses preuves en tuant l’une des sentinelles et blessant son présent interlocuteur.

Il n’osa ni tourner la tête, ni murmurer quoi que ce soit, mais en devenant si menaçant, il avait également l’espoir que Clémentine pourrait être oubliée ce qui lui permettrait d’agir.

Asmodeus décida de soutenir la stratégie de son comparse tout en essayant de fournir une explication crédible au gardien pour les tergiversations précédentes. Il parla en adoptant un ton détaché, essayant de faire croire qu’il se moquait de la vie du mage :

- Silmandel, vous avez le feu vert d’Asmodeus : faites simplement attention à ne pas abîmer les potions que cet imbécile transportait. Nous pourrions en avoir encore besoin.

Voilà qui mêlait un peu de vrai au faux, de quoi rendre le mensonge plus crédible. D’autant qu’Eldurvellir pouvait fort bien se méprendre et ainsi se prêter au jeu sans même s’en rendre compte.

[Quête : De flamme et d'os]

Mais s'ils ne pouvaient accepter les conditions que tentait de leur imposer le garde, celui-ci ne pouvait davantage se plier aux leurs : passer devant eux puis s'éloigner dans la direction qu'ils avaient empruntée pour venir, c'était non seulement se couper de ses alliés, mais aussi avoir des ennemis sur les talons. Bref, la situation était bloquée, ils en avaient tous conscience, et puisque l'homme prenait soin d'observer tous les adversaires qui lui faisaient face, Clémentine n'était pas en mesure de tenter quoi que ce soit....
C'est alors que, derrière le trio, à une courte distance, retentirent de sinistres grognements. Deux conclusions s'imposèrent aussitôt : d'abord, l'odeur du sang avait attiré certains des habitants des cryptes, à une vitesse incroyable ; ensuite, lesdits habitants n'étaient pas des zombies, car les sons qu'ils émettaient s'avéraient bien différents...
Quant à Eldurvellir, s'il constata avec soulagement que son familier revenait lentement à lui, il comprit qu'il faudrait encore plusieurs minutes à la chauve-souris avant qu'elle ne puisse tenter de le secourir.

L’élu divin fit mine de se retourner d’un air angoissé et poussa un juron avant de parler à voix haute et paniquée comme s’il s’adressait à ses compagnons :

- Il faut qu’Asmodeus parte d’ici et vite !

Puis il enchaîna sans aucune pause des paroles incantatoires, tentant de surprendre leur adversaire penserait peut-être qu’il tentait tout simplement une incantation pour fuir :

- Asmodeus -> Injonction « Lâche » -> Garde

Quête : de flamme et d’os

Un garde déterminé devant, des monstres derrière, la réaction de Silmandel ne se fit pas attendre. Sans se concerter le moins du monde avec Asmodeus, il prit le partie de faire, comme il l’avait dit, le ménage. La patience n’était pas son fort et il pensait avant tout à la sécurité de Clémentine, à la sienne et au but de sa présence en ces lieux. Dans l’urgence, le reste devint secondaire.

Silmandel --> Projectiles Magiques --> La sentinelle

Eldurvellir continuait à ne rien faire... Pas son genre, mais les incantations de Silmandel et d'Asmodeus devaient en principe viser à toucher la sentinelle. Enfin, si ses deux compagnons étaient plus logiques que lui-même l'avait été jusqu'à présent.

Il regarda Tiamandis. Elle aurait besoin d'un peu de potion de soins. Sa petite taille rendait la médication difficile à doser, mais il saurait la soigner sans problème. Il fallait juste qu'elle tienne le coup...

Une pensée lui traversa l'esprit : où donc était Clémentine ? Son champ de vision était réduit par la poigne du garde, qui l'empêchait de tourner la tête. La jeune fille ne disait donc rien ? Et ce curieux grognement, qu'on percevait au loin, qu'était-ce donc encore ?

[Quête : De flamme et d'os]

Longtemps figée, la situation se débloqua enfin, et les événements s’enchainèrent alors à une vitesse déconcertante.
Le garde lâcha la dague ; une fraction de seconde plus tard, le sortilège lancé par Silmandel le percutait, le faisant lâcher son étage et vaciller en arrière. C'est ce moment que choisit Clémentine pour intervenir : elle bondit, contourna Eldurvellir, se rua sur la sentinelle et, d'un coup bien placé de son épée, l'acheva pour de bon.
Pendant ce temps, les grognements s'étaient rapprochés, étaient devenus plus distincts.
-Des goules... fit la jeune fille en se redressant, sa lame ensanglantée toujours brandie.

Asmodeus était rassuré de voir que la situation avait finalement tourné à leur avantage sans trop de casse. Pour l’instant du moins. Car la mauvaise nouvelle se répandait au rythme d’une rumeur répugnante et gémissante : la voie qu’il avait empruntée pour venir se bouchait. La seule autre issue était probablement occupée par d’autres gardiens revanchards qui ne leur réserverait pas meilleur accueil que les morts-vivants.

- Asmodeus suggère de laisser ces inférieurs se régaler de leur festin et de se cacher en attendant de connaître leur nombre.

Après tout, le couloir devant eux fournirait peut-être une cachette acceptable à condition de ne pas trop s’y avancer. Et serait une position aussi défendable qu’une autre en cas de nouvelle confrontation.

Eldurvellir se précipita vers Tiamandis, la souleva délicatement, la serra tendrement contre lui et courut se cacher avec les autres. Le petit animal était encore inconscient. Le mage cracha sur la lame de sa dague et l'essuya sur sa cape, se piqua le poignet et mêla un peu de potion de soin au sang qui en perlait. Il plaça le museau de Tiamandis sur son poignet, lui fit ouvrir la bouche et parvint à lui faire avaler sa mixture. L'effet fut immédiat et la pipistrelle se blottit contre le cou du mage, calée par son écharpe.

Le mage sentit qu'il devait faire son autocritique, comme on disait dans un autre Plan. Analyser pourquoi il avait été si imprudent, pourquoi le danger semblait l'empêcher de réagir d'une manière efficace, lui faisant prendre des risques inutiles et éminemment dangereux pour sa vie, pour celle de Tiamandis, pour la survie du groupe. Etait-il à ce point revenu à un jeune âge qu'il soit incapable de prendre les bonnes décisions ? Etait-il revenu à l'âge de jeune adulte physiquement, mais à un âge adolescent au niveau mental ? Ce qui expliquerait non seulement son imprudence, mais aussi sa virilité débordante. Son esprit vagabonda quelques secondes au souvenir des gestes guerriers mais gracieux de Clémentine.

Eldurvellir grimaça. Il lui faudrait faire des exercices de méditation, qui mettaient d'ordinaire à mal sa patience. Il avait du mal à se concentrer, même si ses résultats à l'examen de Mage Extérieur de l'Ecole du Necronomicon avaient prouvé que ses facultés intellectuelles étaient intactes.

Que pensaient les autres membres du groupe de sa tentative désespérée de sauver sa vie en tentant de discuter avec l'ennemi ? Probablement aucun bien. Cela aussi, il faudrait parvenir à le faire comprendre... Ou l'oublier. Ou plutôt le faire oublier.

Le reste du groupe ne pouvait comprendre que sa mission auprès de l'Ecole du Necronomicon primait sur toute autre mission. Sa nationalisation était en jeu. Et c'était le plus important. Après tout, avoir des informations sur la secte était son seul but. Qu'il les obtienne avec le groupe ou en suivant les gardes...

Il soupira. C'était là encore un exemple de réflexion immature et dangereuse. Il devrait se racheter dignement auprès de tout le groupe, point.

Quête : de flamme et d’os

« Des goules... Oui, en effet, mieux vaut s’éclipser. »

La situation avait, pour l’instant, tourné à leur avantage mais ils n’étaient pas sortis d’affaire pour autant. L’elfe suivit le mouvement, rapière au poing. Ses ressources magiques s’amenuisaient et ils n’en étaient qu’aux niveau des premières sentinelles. Il faudrait par la suite réussir à être économe d’efforts, privilégié la ruse, sans quoi... ho et puis zut, on verra bien...

[Quête : De flamme et d'os]

Clémentine les avait conduits jusqu'à une petite pièce, dépourvue d'autre issue, qui s'ouvrait une dizaine de mètres plus loin, dans le mur gauche du couloir.
-Nous ne pouvons malheureusement pas nous attarder ici, dit-elle. Si les goules nous sentent, si des membres du cultes arrivent, nous serons faits comme des rats. Nous n'avons le choix qu'entre continuer à avancer, sachant qu'il y aura d'autres sentinelles au bout du passages et qu'elles pourront compter sur de prompts renforts si nous nous y prenons mal, ou essayer de nous débarrasser des monstres, ce qui nous affaiblira encore et n'avancera guère nos affaires...

L’élu divin croisa le regard de ses compagnons : tous étaient éprouvés ou diminués, sauuf peut-être Clémentine. Dans ces conditions, poursuivre en frappant tout ce qui bougeait avait peu de chance de se conclure autrement que par leur défaite, leur mort ou même les deux. L’affaire était bien mal engagée mais Asmodeus refusait de se laisser aller à un désespoir inhibant :

- Asmodeus entrevoit une autre possibilité mais c’est à vous de lui dire si elle est faisable : plutôt que d’amoindrir nos forces en combattant ces monstres, pourquoi ne pas tenter d’amoindrir celles de ceux qui nous barrent le chemin. En attirant les goules à eux par l’odeur du sang peut être. Asmodeus a en outre quelques tours pour les rendre plus coriaces qu’elles en ont l’air.

Eldurvellir ne put que murmurer :

- C'est une excellente idée...

Peut-être pourrait-il utiliser Message à distance, pour attirer les gardes dans la direction des goules. Oh bon sang, pensa t-il, tout pour rattraper l'impression désastreuse que je leur ai faite !

Le mage avait du mal à sortir des idées noires qui lui tournaient dans la tête.

Quête : de flamme et d’os

HRP : navré pour le retard. Internet m’a fait défaut.

Silmandel n’avait, en cet instant, aucune idée pour arranger leur situation plutôt délicate. La planification, ce n’était pas son fort. Il avait toujours été un fervent adepte de l’improvisation. Aussi, quand Asmodeus proposa quelque chose, il jugea préférable d’aller dans son sens.

« On pourrait essayer. S’il le faut, Clémentine ou moi pouvons discrètement créer une sorte de piste sanglante en se servant d’un morceau de cadavre. »

En disant cela, il s’imagina la scène et ne fut pas très convaincu. Au pire, le coup de l’embuscade sur les gardes, ils pouvaient encore le faire, mais après, les ressources magiques viendraient à manquer. Parfois, un bon guerrier, c’était bien utile... Les coups d’épée, c’était illimité.

[Quête : De flamme et d'os]

-Je trouve votre idée très bonne, messire Asmodeus, intervint la jeune fille. Dans l'absolu, il suffirait que l'un d'entre nous se montre aux goules puis les pousse à le suivre jusqu'aux gardes, qui sont tout droit, à l'autre bout du couloir. Le risque, c'est qu'en chemin, elles remarquent les membres de notre groupe qui resteront ici et les trouvent appétissants. Il faudrait alors que vous lanciez à ces derniers le sortilège de protection dont vous avez usé lors de notre combat contre les zombies. L'autre solution, comme proposé par Silmandel, serait de chiper aux monstres un... hum... morceau de choi et d'espérer que la frustration et la faim les empêcheront de songer à quoi que ce soit d'autre qu'à tenter de récupérer ce que nous leur auront dérobé...

Asmodeus se permit un petit sourire en coin mais secoua la tête en entendant la première proposition de Clémentine. Il lança un regard pénétrant en direction d’Eldurvellir et ne le quitta pas un instant des yeux tandis qu’il répondait d’un ton exempt de modestie ou de contrition :

- Asmodeus arrive à court de sortilèges de ce type : il ne pourra utiliser qu’une dernière fois cet artifice. Mais ses ressources sont loin d’être épuisées pour ce qui est de renforcer les morts-vivants ou achever les blessés parmi nos ennemis. Il faudra donc opter pour le plan suggéré par Silmandel et dérober une des carcasses.

Eldurvellir soutint le regard d'Asmodeus. Sans aménité : s'il avait eu des torts, il n'avait pas l'intention de faire un acte de contrition. Même s'il était conscient de ses manquements vis à vis du groupe.

Tiamandis pouvait fort bien voler un morceau de chair, pourvu qu'il soit de taille suffisamment réduite... Mais un petit morceau pouvait-il paraître appétissant pour ces êtres notoirement goulus ? Oserait-il exposer sa petite chauve-souris au danger ?

- Je pense avoir une idée... Mais elle implique de tabler davantage sur le sentiment d'envie et d'âpreté que sur la voracité des goules. Un "morceau de choix", comme dit damoiselle Clémentine, est-il un gros morceau, ou juste le morceau qu'un adversaire vole et qui devient par ceci même extrêmement désirable ?

Le mage prit doucement la pipistrelle dans sa main.

- Tiamandis est petite mais forte. Elle peux emporter un morceau quasiment aussi gros qu'elle. Je propose qu'on tente un vol par mon familier. Elle comprendra parfaitement son rôle si je le lui explique à ma manière. Si ce plan fonctionne, Tiamandis attirera les goules vers les gardiens et nous aurons la vie sauve... A condition de nous cacher efficacement.

Quête : de flamme et d’os

« Eldurvellir, aucune des sentinelles n’a été taillée en pièces. J’ai bien peur que votre familier n’ai rien à voler. L’un de nous doit y aller. Je me propose. Sous couvert d’un sort d’invisibilité, je devrais pouvoir attraper ou arracher, voir trainer quelque chose. Par contre, pendant que je le ferais, je veux bien que la chauve-souris fasse un soupçon de diversion, juste histoire de me faciliter la tâche. »

Silmandel poursuivit, cette fois en regardant tout le groupe.

« Je vais disposer de quelques minutes. Ce devrait être assez pour conduire les goules à bon port et m’éclipser. Pendant ce temps, soyez le plus discret possible et, à tout hasard, prêt à vous défendre. Si les morts-vivants viennent à vous, je me joindrais à vos efforts pour les éliminer. On fait comme ça ? »

L’affaire était périlleuse mais l’ensorceleur n’en montrait rien. Tension, suspens, il était dans son élément. La mort partout... ha, oui, il vivait ! Il s’épanouissait !

Asmodeus approuva le plan d’un hochement de tête satisfait et se permit même l’ombre d’un sourire :

- Asmodeus se tiendra prêt à lancer ses sortilèges uniquement si votre plan fonctionne et attire les goules contre les guetteurs. Asmodeus espère que quelqu’un ne vienne pas gâcher vos efforts !

Inutile de jeter un regard au mage pour que tout le monde comprenne l’allusion cette fois. L’élu divin semblait mériter le qualificatif de rancunier en plus de la somme innombrable de ses autres qualités.

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