[Lieu] Aubépine

[Voyageuse]

Il ne surprit pas d'intrus, cette fois-ci. La résurgence était déserte. L'amoncellement de cadavres avait grandi, en revanche, du moins c'est ce qu'il lui semblait. Comme si quelqu'un en avait apporté deux ou trois supplémentaires. Il n'y avait pas trace de passage humain, tout était parfaitement calme et silencieux, mais il sentait une sorte de souillure dans l'air. Et comme la fois précédente, il surprit, à quelque distance de là, un petit groupe de morts-vivants qui se dirigeaient apparemment vers les lieux. Un blême et trois goules, cette fois-ci. Rien dont il ne puisse venir facilement à bout.

[Kasumi]

Il se montra prudent en essayant de diviser le groupe avant d'attaquer chacun de ses membres individuellement : il ne comptait toutefois pas perdre de temps avec cette engeance : juste ne prendre aucun risque pour éviter une nouvelle blessure qui serait un handicap pour sa quête de nourriture. Une fois les créatures éliminées, il avait l'intention de s'éloigner un peu de cet endroit souillé qui le mettait mal à l'aise et d'où il ne lui viendrait pas à l'esprit de prélever de la viande sans doute viciée.

[Voyageuse]

Il lui suffit de se faire remarquer de l'une des goules pour que celle-ci le suive, s'éloignant des autres sans que ceux-ci ne fassent mine de la suivre. Il l'acheva sans peine d'un coup d'épée bien tranchant. En revanche, il ne put réitérer sa stratégie. Les trois autres créatures avaient fini par prendre conscience de sa présence et le "chargeaient", si on peut dire, avec leur lenteur habituelle. Quoique... lent ou pas, le blême serait sur lui dans quelques instants.

[Kasumi]

Le rôdeur appliqua l'une des tactiques les plus simples mais aussi les plus fiables qu'il connaissait : après s'être fait prendre en chasse, il recula suffisamment pour que la différence dans la vitesse de déplacement de ses ennemis ne les isolent de plus en plus. Quand il fut certain d'avoir le temps de placer au moins deux coup d'épée au blême plus rapide, il s'attaqua à lui, assuré que les renforts des goules n'arriveraient que trop tard.

[Voyageuse]

Il vint à bout du blême sans peine -et sans la moindre égratignure. Vaincre les deux goules fut ensuite un jeu d'enfant. Il n'avait pas perdu la forme malgré ses journées d'inaction. Mais la présence de ces créatures confirmait son sentiment que la souillure de la résurgence avait un pouvoir attractif sur elles. Heureusement, le bosquet était bien caché et il était extrêmement peu probable qu'un mort-vivant puisse l'atteindre.
Nul autre danger ne menaçait, et il put sans peine s'adonner à l'activité qu'il avait prévue : le renouvellement de ses provisions. Il parvint à tirer un beau chevreuil qui lui fournirait de la viande pour quelques jours, et découvrit, de surcroît, profusion de champignons en tout genre ainsi que diverses herbes et salades sauvages. Il lui restait à trouver des œufs pour se concocter des galettes susceptible de remplacer le pain qu'il avait quasiment terminé, et il aurait de quoi tenir à nouveau trois ou quatre jours.
Lorsqu'il revint au bosquet, rien n'avait bougé. Une feuille supplémentaire était sur le point de s'ouvrir. Et une limace commençait à tenter d'escalader l'arbuste. Tout était normal.

[Kasumi]

Le demi-elfe déposa ses prises au niveau de son petit campement provisoire avant de focaliser son attention sur la jeune pousse. Il commença par la débarrasser de la limace importune qu'il rejeta au loin puis fit de même avec les autres limaces qu'il trouva à proximité. Etant donné leur vitesse de déplacement et les obstacles qui les ralentiraient, il pensait pouvoir être tranquille jusqu'au soir sinon le lendemain matin. Cela lui donnait en tous cas tous le temps de s'occuper de dépecer convenablement le chevreuil.

[Voyageuse]

Il n'eût aucun souci supplémentaire avec les limaces, ni avec les autres petits prédateurs. Le soleil déclinait peu à peu, dans un ciel redevenu sans nuage. Le chêne avait encore grandi, du moins c'est l'impression qu'il donnait. Il était en tout cas en pleine santé, mais il restait fragile : il suffirait qu'un chevreuil franchisse la barrière végétale et ait l'envie de le croquer...
Peu avant le coucher du soleil, Vif-Argent lui apporta un message de sa belle, un mot court mais enthousiaste dans lequel elle lui racontait qu'elle avait senti bouger le bébé pour la première fois !

[Kasumi]

Kasumi se sentit submergé par une émotion nouvelle à la lecture de ce message : leur enfant grandissait lui aussi et il avait encore de la peine à réaliser à quel point il allait venir chambouler et égayer leurs vies tout à la fois. Il se sentait en cet instant extrêmement heureux et fier mais aussi un peu désolé de n'avoir pas pu partager cet instant avec sa compagne. Dans ces conditions, son absence ne se faisait que plus rudement ressentir et il le transmit à travers la réponse qu'il inscrivit sur le petit bout de parchemin. Cela et son grand bonheur pour cette nouvelle formidable.

[Voyageuse]

Et Vif-Argent disparut dans le ciel orangé, le laissant seul en compagnie de son arbre, plus seul peut-être encore que d'habitude. Les pépiements des oiseaux déclinaient peu à peu, ceux-ci s'endormant tour à tour. Tout était parfaitement calme et serein : nulle menace ne planait sur la clairière, et il pouvait dormir tranquille.

Deux jours passèrent sans qu'il n'ait à s'éloigner de la clairière, puis il dut s'absenter à nouveau pour du ravitaillement, et profita de l'occasion pour tuer un petit groupe de morts-vivants. Il trouva à son retour un jeune cervidé à demi engagé dans le passage menant à la clairière, ce qui prouvait que celui-ci n'était nullement infranchissable. Le chêne était encore trop petit pour être laissé à la merci de l'appétit des bêtes, même s'il avait presque doublé de taille.

Et les jours se succédèrent, monotones et sereins. La résurgence était toujours souillée, attirant les morts-vivants, mais la clairière était protégée de son influence maléfique et il était peu probable que ces répugnantes créatures aient la tentation de s'approcher. La seule menace était naturelle, mais elle diminuait au fur et à mesure que l'arbuste grandissait, ce qu'il faisait à une vitesse fulgurante.
Il restait désormais une veille et demie environ avant la Longue Nuit, et le chêne avait atteint une demi-toise de haut. Il semblait de plus en plus apte à se défendre seul contre les menaces de la nature. Perdu dans ses prières matinales, le rôdeur ne perçut pas la présence de Vif-Argent, et sursauta lorsque ses serres se refermèrent sur son épaule. Ce n'était pas l'heure habituelle de sa visite.

[Kasumi]

Le demi-elfe sursauta en sentant la pression des serres sur la chair de son épaule. Il avait été totalement surpris sur le coup ! Mais en se remettant de cette prime émotion, il se sentit à la fois joyeux d'avoir des nouvelles de sa compagne et un tantinet inquiet de les recevoir à une heure aussi matinale : il avait du se passer quelque chose d'important pour que Sylvia se lève aussi tôt et il espérait que ce n'était pas grave...

[Voyageuse]

Le message qu'il détacha de la bague du faucon était aussi bref qu'alarmant.

" Reviens vite. Il y a eu un souci avec les loups."

Bien sûr, autour de lui, tout était parfaitement calme et serein. Le chêne avait épaissi, grandit, et même si des cervidés s'approchaient, ils ne pourraient guère faire plus que grignoter quelques jeunes feuilles. Un sanglier pourrait tenter de le déraciner, peut-être, s'il était de bonne taille, mais il n'en avait pas vu trace dans les environs. Il restait les morts-vivants, et la menace humaine...

[Kasumi]

Le chêne était et restait évidemment le plus important - du moins tant qu'il n'arrivait rien à Sylvia ou au bébé - mais Kasumi jugea qu'il pouvait décidément le laisser durant quelques heures sinon un peu plus.

Il s'était absenté depuis bien plus longtemps qu'il ne l'avait initialement pensé aussi se décida-t-il rapidement pour retourner au village s'aviser de la situation et aussi revoir quelques instants sa belle. D'autant plus que Sylvia accepterait très certainement de renvoyer Vif-Argent pour surveiller la clairière et le prévenir de tout danger pouvant menacer l'arbre.

Pour faire bonne mesure, il adressa une fervente prière à Mielikki pour émettre le vœu qu'elle puisse veiller sur sa création pendant son absence puis il réunit ses armes en vue d'effectuer le court périple qui le ramènerait à Peyregorde. Il aurait alors maintes occasions d'imaginer ce qui avait pu se produire avec les loups, de l'attaque d'un villageois ou de bétail en passant par une expédition de ces derniers s'ils s'étaient finalement trop impatientés...

[Voyageuse]

Armé de ses épées et de son arc, il reprit le chemin du retour. Il ne l'avait pas parcouru depuis deux bonnes veilles, mais il n'hésita pas une seconde aux embranchements. Il ne vit rien de menaçant ou de dangereux sur son chemin, ni bête ni homme, même s'il devina la présence de quelques goules ou autres créatures similaires qu'il n'avait décidément pas le temps d'éliminer maintenant.
Vif-Argent s'était envolé sitôt qu'il l'avait vu se mettre en route, portant la nouvelle de son arrivée prochaine au village.

[Voyageuse]

En provenance d'ici.

Les minuscules feuilles de buis qui dissimulaient la source étaient déjà brunies par la chaleur trop proche. Il franchit la muraille de buis par le passage qu'il connaissait bien, atteignit la clairière, et fut aussitôt soulagé d'y trouver un peu de fraicheur - peut-être liée à la présence de l'eau.
Le chêne, en revanche, n'était plus là. Il découvrit un trou béant à l'endroit d'où il avait été déraciné...

[Kasumi]

En faisant cette découverte déprimante et révoltante, le rôdeur sentit ses dernières forces l'abandonner : il avait survécu à la nuit mais échoué dans tout le reste. Les Malarites étaient toujours en vie et continueraient à semer leur pestilence dans ces bois et à ruiner ses moindres efforts. Et il n'avait plus aucune arme à leur opposer désormais. Pire, il avait échoué dans la mission sacrée que lui avait confié Mielikki. Il n'osa pas même se tourner vers elle pour lui adresser une prière, ravagé par un sentiment de honte infinie. Non, la seule chose qui lui restait à faire était de gagner Peyregorde. De rassurer Sylvia et de l'emmener ailleurs. Dans un endroit moins sinistre.

[Voyageuse]

Mais il était épuisé par sa nuit de lutte, et l'incendie se dressait entre lui et le village. Il avait besoin de repos, il avait besoin de sécurité. Il n'était plus capable de penser, de comprendre, ou de prendre des décisions.
Première Neige le rejoignit alors qu'il ressortait de la clairière, assommé par sa découverte. Il sentit une interrogation dans son esprit alors qu'elle glissait son museau dans sa main, pour le consoler sans doute. Il perçut sa douleur aussi -elle avait probablement une entorse, sinon une fracture, à la patte.

[Kasumi]

Kasumi consacra toute son attention à prendre soin de sa louve en lui faisant un bandage à la patte. Au moins cela le détourna-t-il un court instant du désastre absolu. Ensuite, si la louve était capable de se déplacer, il chercherait à quitter cette clairière qu'il n'avait surtout plus envie de revoir tant elle lui rappelait son échec.

[Voyageuse]

La louve se laissa soigner sans protester, avec un réel soulagement. Mais il la devinait fébrile. L'incendie progressait dans leur direction, et son instinct animal l'enjoignait à se mettre à l'abri le plus vite possible. Comme Kasumi, elle n'avait qu'une envie, fuir la clairière. Mais pas pour les mêmes raisons...
" Tu ne dois plus t'attarder. Le feu approche..."
La voix, étrange et rocailleuse, lui parut provenir du sommet des buis derrière lui. Pourtant, il n'y avait personne : même les bêtes de la forêt avaient déserté les lieux, fuyant le feu. Il y avait juste... un arbre, un chêne, qu'il n'avait jamais repéré auparavant, juste au-delà du rideau de buis. Et qui le regardait de toute sa hauteur...

[Kasumi]

Cette rencontre inattendue aurait certainement réjoui le rôdeur si les circonstances n'avaient pas été aussi catastrophiques. Mais c'était bien le découragement qui prédominait. Plus encore que son instinct de survie ou la volonté de vengeance : il était bien trop épuisé par sa nuit atroce et par le fait d'assister à la destruction de ce pourquoi il avait tant œuvré au cours de veilles et même des mois précédents. Alors, obéissant et dépourvu de la moindre volonté, il réunit rapidement les affaires qu'il pouvait espérer transporter et s'en fut, voûté sous un fardeau qui n'était pas que physique.

[Voyageuse]

" Non, pas de ce côté-ci, intervint cependant l'étrange créature en le voyant s'éloigner. Le vent est en train de tourner, et la pluie ne tardera guère. Mais auparavant, il y aura de violentes rafales qui vont porter le feu plus au nord-est. Tu dois le contourner par le sud pour ne pas te retrouver piégé..."
En quelques enjambées, le sylvanien l'avait rejoint. Il était plus grand, plus imposant encore, que le vénérable Celd, et c'était étrange de voir ses jambes s'arracher au sol et s'y reposer, énormes masses pesantes, sans abîmer le moins du monde la végétation.
" Et ne fais pas cette tête. On croirait que tu viens de voir brûler ton meilleur ami... L'eau chassera les flammes avant ce soir, et la vie reprendra ses droits. Comme toujours. Le buis est vigoureux, il retrouvera vite sa santé. Et le chêne est sauf..."

[Kasumi]

Kasumi avait à peine écouté d'une oreille les paroles du sylvanien, tout absorbé qu'il était par son affliction. Mais quelque-chose dans le ton de se dernier le secoua et le fit se remuer. Assez en tous cas pour réagir à ses derniers mots. Sentant naître un espoir fou qui avait toutes les chances d'être déçu, le demi-elfe le réprima mais demanda tout de même d'une voix incrédule :

- Avez-vous vu ceux qui l'ont déraciné ? Les malarites vont le détruire si ce n'est pas déjà fait...

[Voyageuse]

" Les malarites ?"
Le sylvanien le regarda sans comprendre.
" Cette secte cruelle et honnie ? Qu'ont-ils à voir là-dedans ? C'est eux que vous étiez en train de fuir, c'est ça ? Ah, et vous imaginez..."
Il y eut un étrange son ressemblant au sifflement du vent dans des branches, et qui devait être un rire. Le tronc du sylvanien tressauta légèrement, et il reprit.
" Non, ça n'est pas eux ! En réalité, personne n'a déraciné le chêne. Je lui ai simplement insufflé la vie pendant quelques minutes, suffisamment pour qu'il puisse s'éloigner et se mettre à l'abri des flammes. Ce genre de chose fait partie des attributions des membres de ma race. Normalement, je ne puis le faire qu'avec des arbres ordinaires, mais heureusement , il n'était pas encore mature et sa magie ne l'isolait pas de mes pouvoirs. Je le ferai réintégrer son trou dès que le feu sera éteint..."

[Kasumi]

Kasumi était plongé dans l'incrédulité la plus totale à présent : sans doute subissait-il le contrecoup de ses émotions de la nuit et de la matinée. Mais il ne s'était vraiment pas attendu à recevoir une aide aussi providentielle alors qu'il était seul contre tous. Alors qu'il pensait avoir échoué lamentablement dans tous ses objectifs. Mille questions lui venaient à l'esprit mais il devait fuir l'incendie pour ne pas s'y faire bêtement piéger. Mais avant de se remettre en route fort de son nouvel élan, il demanda tout de même à la créature sylvestre :

- Je ne sais comment vous remercier. Pour avoir sauvé le chêne. Et ma vie aussi l'autre jour. C'était bien vous, n'est-ce pas ? Près de la résurgence ?

[Voyageuse]

" Oui, c'était moi, confirma le sylvanien. Vous avez eu de la chance ce jour-là, car je suis rarement dans les parages. Je vis plus au sud, d'ordinaire. Mais j'ai senti des changements dans l'équilibre des forces, ici... et je suis venu voir. Mais nous parlerons demain. Vous devez fuir les flammes tant qu'il en est encore temps."
Première Neige avait pris les devants : il sentait qu'elle s'éloignait de lui.
" A demain", fit encore son interlocuteur avant de faire volte-face et de partir à grandes enjambées vers l'ouest et la rivière.
La chaleur devenait intense, et les flammes s'approchaient, venant approximativement de l'est. Mais le sylvanien avait raison : il sentait le vent tourner et devait les contourner par le sud, en revenant vers la résurgence.

[Kasumi]

Hébété, le demi-elfe salua tout de même le vénérable sylvanien avant de se précipiter à la suite de Première Neige. Ils n'avaient malheureusement pas le choix de leur itinéraire et celui allait les rapprocher dangereusement du loup garou et des cultistes aussi enjoignit-il sa louve à la prudence tandis que lui-même préparait son arc et une flèche.

[Voyageuse]

L'équilibre n'était pas facile à trouver, entre la nécessité de fuir rapidement les flammes et celle de se montrer prudent. Il avançait aussi vite qu'il l'osait. Le crépitement des flammes toutes proches masquait tout autre bruit, mais le vent poussait la fumée dans la direction opposée, lui permettant de garder une bonne visibilité et lui évitant de s'asphyxier.
Il atteignit les abords de la résurgence sans rencontrer âme qui vive.

[Voyageuse]

Se dirigeant vers le nord-est, il traversa tout d'abord une zone entièrement calcinée. Là où l'avant-veille encore se trouvait un sous-bois dense et presque impénétrable ne subsistaient que de maigres troncs calcinés. Le rideau de buis qui dissimulait auparavant la clairière avait été sérieusement endommagé par l'incendie, lui aussi, mais il se trouvait en bordure de la zone sinistré et seule la partie supérieure avait brûlé. Il subsistait des troncs à demi noircis, quelques branches où s'accrochaient quelques feuilles brunies, jusqu'à un mètre de hauteur environ. Et, clairement visible à des toises à la ronde, se trouvait le jeune chêne, exactement là où il l'avait planté. Ainsi qu'un second chêne, non loin, bien plus vieux et bien plus haut : le sylvanien.

[Kasumi]

Après la découverte bouleversante des destructions provoquées par les malarites et ses angoisses nocturnes, la vue de l’arbre fermement enraciné lui apporta aussitôt un immense soulagement. Finalement, il semblait que ce qu’il avait ressenti n’était qu’un mauvais rêve. Il n’était toutefois pas encore pleinement rassuré aussi il se rapprocha néanmoins du chêne et du vénérable sylvanien qui semblait veiller sur lui.

Et pour tenter de rattraper la lamentable impression qu’il avait dû lui laisser la veille, il s’approcha en manifestant de la déférence et s’inclina en face de lui en guise de salut.

- Bonjour, Vénérable. Je vois que vous avez ramené le jeune chêne à sa place…

[Voyageuse]

L'écorce de l'arbre bougea, révélant deux yeux et un sourire.
" Bonjour, jeune humain. Oui, comme tu le vois, le chêne est de retour et en bonne santé. Mais plus vulnérable qu'auparavant..."
Il bougea légèrement, et son regard effleura la zone sinistrée. Au sud et à l'ouest de la clairière, le regard portait loin, désormais. Kasumi apercevait même la petite colline où se trouvait le refuge des malarites.
" Tu as eu tôt fait de revenir..., commenta-t-il. Y a-t-il une raison à cette précipitation ?"

[Kasumi]

Le regard du rôdeur se perdit quelques instants dans le vague après s’être tourné dans la direction de la colline de sinistre mémoire. Des images de la nuit lui revinrent à l’esprit mais il tâcha de les chasser de son esprit pour se consacrer tout entier à sa conversation avec la fabuleuse créature de la forêt.

- J’ai fait de nombreux cauchemars cette nuit. Et je me suis réveillé avec la sensation dérangeante que le chêne était en danger. Cela doit vous paraître stupide, d’autant que je savais que vous en prendriez soin. Mais voilà, le fait d’avoir tant veillé sur lui ces dernières semaines et mon angoisse d’hier a dû ressortir…