La Couronne de Cuivre

HRP : un peu d’aventure pourrait être intéressant. Tu as toujours la main sur les éclaireurs sauf quand j’en aurai ponctuellement besoin pour amener un élément nouveau.

Au bout de deux heures à peu près, Dotha commençait à fatiguer nerveusement mais elle faisait toujours de son mieux pour suivre le rythme dans un maximum de silence. C’est alors que l’éclaireur de tête fit un geste discret pour faire ralentir le groupe : il venait de repérer quelque-chose de suspect ou en tous cas d’inhabituel.

Il s’avança au devant des autres pour vérifier sans les exposer et revint moins d’une minute plus tard pour faire un rapport silencieux dans la gestuelle propre aux patrouilleurs : il venait de sentir l’odeur caractéristique d’une colonie de champignons beaucoup trop proche de la route pour négliger un risque d’embuscade. Le groupe pouvait soit décider de poursuivre, soit revenir dans un tunnel précédent pour tenter d’éviter la zone.

Une anomalie ? Sur la route commerciale ? Les patrouilles qui passaient par là étaient fréquentes. La chose devait être nouvelle sans quoi, soit un rapport l’aurait mentionné, soit il y aurait eu des disparitions de patrouilleurs. Éviter la difficulté n’était pas la première priorité pour les cinq patrouilleurs qui escortaient Deskata, Dotha et les deux autres. Non, il devait identifier la menace et la rapporter à la ville. Voilà pourquoi le groupe fit halte. L’illusionniste lança sur un gnome un sort d’invisibilité afin de se rendre totalement indétectable, même pour des elfes noirs embusqués. L’éclaireur repartit en avant. Les champignons, tous les gnomes des profondeurs connaissaient. Si l’espèce était dangereuse, ce serait rapidement déterminé.

HRP : souviens-toi qu'on est encore très proche de la cité. Le territoire est connu sur le bout des doigts et les svirfnebelins peuvent rappliquer en nombre assez rapidement en cas de problème. Si des Drow sont vus en petits groupes, ils vont devenir des proies.

HRP : j’en ai bien conscience et c’est pourquoi les actions que je mets en place sont détournées et indirectes.

Les champignons en question étaient d’une espèce bien connue des svirfneblins : ils suffisaient de les toucher ou même de passer à trop grande proximité pour qu’ils explosent en dégageant une fumée hautement toxique. Il n’était pas rare d’en trouver un ou deux au hasard des tunnels mais il y en avait plusieurs dizaines dans l’une des petites grottes bordant la route. Nul doute que leur croissance avait été anormalement rapide pour qu’on n’ait pas signalé leur présence et envoyé un mage les détruire plus tôt.

La patrouille allait donc se mettre en devoir de fouiller les parages avec une extrême minutie. S’il y avait des ennemis dans le coin, il fallait les trouver et, si possible, les éliminer. S’il n’y avait personne, les champignons seraient détruis. Pendant ce temps, Dotha était invitée à rester en retrait avec Deskata. Tous les autres participaient.

D'ennemis, il ne trouvèrent pas de trace. D'autant plus que le sol entièrement pierreux ne facilitait pas le pistage. Mais ils trouvèrent en revanche des indices confirmant que des ennemis étaient passé par là : une odeur et des traces d'un produit puissant répandu au sol et qui avait indubitablement favorisé la croissance des champignons.

Si le but de cette manœuvre restait peu clair, il s'agissait peut-être d'une expérience ou d'une opération visant à retarder les patrouilles svirfneblines. Il ne fallut cependant qu'une demi-heure pour venir à bout des moisissures sans qu'aucun blessé ne fut à déplorer.

Ornegemme se tenait sur ses gardes mais nul doute que la multiplication des intrusions Drow sur son territoire allait la faire sous peu entrer en état de guerre. La surveillance des points stratégiques avait déjà été renforcée. Sur la route commerciale, les patrouilles étaient plus fréquentes. Si Lameroy n’avait pas dépêché de renforts à Belroc, les gnomes, eux, avait accru leur garnison. Les patrouilleurs accompagnants Dotha n’allaient donc en théorie pas tarder à croiser un groupe des leurs sur le retour. Ils leur transmettraient le rapport d’incident. En attendant, tout le monde s’était remis en marche.

Comme prévu, ils croisèrent une autre patrouille venant en sens inverse moins d'une trentaine de minutes plus tard. Les nouveaux venus écoutèrent leur rapport avant de signaler qu'un important groupe de limons et de vases toxiques avait été éliminé à environ deux heures de marche de là. Si on ne pouvait pas attribuer cette prolifération aux drows, c'était tout de même un nouveau signe concordant étayant le faisceau d'inquiétudes. Surtout qu'on on savait que les champignons étaient la principale source d'alimentation des svirfneblins et qu'un siège était toujours possible.

Possible si la ville était localisée, ce qui n’était heureusement pas encore le cas. Les rapports échangés, chacun reprit sa route. Il y avait fort à parier qu’Alchem n’allait pas rester inactif en entendant les nouvelles fraiches. Le chef des patrouilleurs étant un fidèle de Baravar Sombretoge, attendre les ennuis n’était pas dans son genre. On leur tendait des pièges ? Ainsi soit-il ! Ils allaient en tendre aussi ! Sans compter que les gnomes allaient partir en chasse.

La peur était sans conteste une arme drow. Mais l’ennemi s’était découvert. A demi en tous cas. Et les svirfneblins connaissaient toute la valeur de la dissimulation et de l’effet de surprise. Les drows semblaient décidés à le leur laisser et payeraient cher cette erreur due à leur grande arrogance.

De son côté, le petit groupe mené par Deskata put progresser sans rencontrer de nouvelle perturbation. Ils atteignirent la zone depuis laquelle ils pouvaient envisager de se téléporter et rien ne s’y opposait plus. Restait à déterminer la destination exacte et les actions qu’ils entreprendraient à leur arrivée.

HRP : tu peux téléporter sans échec le groupe.

L’illusionniste fit un signe dès qu’il sut pouvoir transporter l’équipe de Dotha. Les autres patrouilleurs leur souhaitèrent bonne chance, puis s’en allèrent de leur côté. La téléportation transporta les quatre gnomes à proximité des portes souterraines de Lameroy. Ils n’eurent que quelques minutes de marche à faire avant de se présenter aux sentinelles. Sitôt entrée, Deskata envisageait de solliciter une audience face au Grand Conseil. Elle leur exposerait la situation, signalant que la guerre semblait inévitable, puis demanderait la permission d’accéder aux mines afin d’y prélever des cristaux.

Le troisième svirfneblin s'avéra nerveux durant tout le trajet menant l'escouade en dehors de Lameroy puis sur les premiers kilomètres après leur téléportation. Il semblait bel et bien décidé à leur fausser compagnie à la première occasion. Etre isolé en un lieu comme Ombreterre - même sur la route commerciale - était incroyablement dangereux mais il semblait tout prêt à prendre le risque.

Voilà un comportement suspect et pas besoin d’une petite voix malsaine pour s’en rendre compte. Alchem fut intrigué de ce constat. Si ce gnome était bien d’Ornegemme, ce que semblait confirmer son teint, pourquoi vouloir fuir ? Ce pouvait-il que la cité svirfnebelines comptent des traitres ? La communauté était soudée. Il pouvait, et il y avait des conflits sur bien des sujets, mais pas en ce qui concernait la sécurité. Pour preuve, les transgressions idéologiques de Téâya faisaient grincer des dents, mais lorsque la Grande Mystificatrice entrait dans son rôle protecteur, tout le monde était derrière elle. Quoi qu’il en soit, Alchem informa discrètement plusieurs membres de son escortes pour que ceux-ci gardent à l’œil le suspect. Alchem l’aurait bien de suite ligoté, mais il était presque curieux de voir si le gnome tenterait sa chance. Si oui, cela lui donnerait un argument de choix pour le questionner de façon très... convaincante.

Mais même s'il avait visiblement quelque-chose à se reprocher ou - à tout le moins - un secret à dissimuler, le svirfneblin n'était pas idiot : tenter d'échapper à une escouade d'éclaireurs menée par le célèbre Alchem aurait été immanquablement voué à l'échec. Leur "prisonnier" attendait donc son heure, espérant peut-être qu'une distraction extérieure au groupe lui fournisse une occasion. Et il semblait bien qu'elle ne dusse jamais avoir lieu car le groupe progressait vers un terrain qu'ils maîtrisaient de mieux en mieux.

HRP : peux-tu me faire un jet de dé ? Tu peux avancer mais pas jusqu'à la ville.

Le suspect ne voulant visiblement pas se faire la malle sans incident pour lui faciliter la vie, et aucun dit incident ne voulant visiblement se produire, ce dont personne, sauf peut-être le suspect, n’allait se plaindre, le groupe poursuivit sa progression. Alchem, fidèle à lui-même, demeurait sur ses gardes, sans rien dire, sans rien faire de particulier. Un visage impassible, un visage de pierre.

HRP : 1

Inconsciemment, la surveillance du suspect et les inquiétudes qu’il ramenait de son séjour à Lameroy pouvaient tout de même justifier une baisse d’attention. Une baisse d’attention qui ne lui fit remarquer que trop tard que leur petit groupe était suivi depuis un temps indéterminé. Car c’est un mouvement sur sa droite, maladresse presque imperceptible pour le commun des mortels qui enflamma l’instinct du svirfneblin.

Un battement de cœur plus tard et le claquement sinistre d’une corde d’arbalète se faisait entendre. Il était presque trop tard pour réagir à ce qui était une embuscade, ici, si près du cercle intérieur le mieux protégé d’Ombreterre.

Bon sang ! Son instinct était-il en train de s’émousser pour qu’il puisse ainsi se laisser surprendre ? Il était bien sûr trop tard pour se poser ce genre de question. Alchem se jeta au sol, comme le lui dicta son instinct.
« Attaque ! » cria-t-il.
Son groupe était entrainé, il n’avait pas besoin de leur dire quoi faire. Si à ce stade il n’avait pas un carreau d’arbalète planté dans le dos, il roulerait de côté pour ensuite faire face à l’ennemi.

Non, le carreau ne le visait pas. Ni même aucun membre de son escorte en réalité. Le trait mortel se dirigea vers un des svirfneblins qu'ils avaient escorté. Celui-là même qui avait désespérément cherché une échappatoire. Et qui venait de la trouver quoique sans doute pas de la manière qu'il aurait voulu.

Quant au tireur, Alchem reconnut sans tarder la silhouette d'un nain. Mais il ne s'agissait pas d'une trahison imputable à Lameroy car il s'agissait à n'en pas douter d'un duergar. Ou plutôt d'un groupe d'une dizaine de ces engeances.

L'escorte avait réagi aussitôt, se dispersant et se mettant à couvert pour trouver une bonne position de tir pour certains, mettant à l'abri les deux civils et incantant des sorts de protection et d'attaque. Ainsi, deux des nains noirs s'enflammèrent sous une colonne de feu tandis que tous les membres de la troupe, y compris Alchem, étaient entourés d'un bouclier protecteur.

« Tenez la position ! Repoussez-les ! »
Les ordres fusaient en langue gnome, prononcés avec ce ton neutre, désagréable qu’avait Alchem dans le feu de l’action. L’instant d’après, il se livrait à une incantation et devenait invisible. Ainsi camouflé, il plongea sur la cible du carreau qui en savait probablement beaucoup. Il supposait qu’elle était mortellement touchée, mais la magie permettait bien des guérisons miraculeuse. Pour l’instant, le chef des patrouilleurs entreprit simplement de tirer le corps à couvert pour que lui soit administré les premiers secours où que soit constaté son décès.

Aux tirs des duergars répondirent une volée de carreaux svirfneblins, une nuée de dards et plusieurs sortilèges offensifs qui eurent tôt fait d’envoyer deux autres nains rejoindre leur sinistre dieu. De leur côté, les gnomes s’étaient tous mis efficacement à couvert, restreignant les risques d’être touchés par l’attaque des nains qui n’allaient sans doute pas tarder à se resaisir.

En tirant le corps du prisonnier à couvert, Alchem fit une surprenante découverte. La chose la plus attendue était qu’il était inconscient, mort ou mourant. Mais le plus troublant était qu’il n’avait plus affaire à un svirfneblin mais au corps mou et longiligne d’une créature sans trait reconnaissable. De par son expérience, il pouvait fort bien s’agir d’un doppelganger ayant retrouvé sa forme « naturelle ».

Voilà qui expliquait bien des choses... mais qui ne changea rien au comportement d’Alchem. Une fois correctement mis à couvert, il interpela un de ses clercs.
« Le suspect était probablement un doppelganger. S’il était encore possible de faire quelque chose pour lui, faite-le. Sinon veillez sur le corps. On devra le ramener. »
Et l’interroger par d’autres procédés. Pour l’instant, le chef des patrouilleurs reporta son attention sur le combat. Il était de ceux qui pensait que la meilleure défense était l’attaque. Aussi entreprit-il de mener l’offensive.

Les duergars étaient de solides adversaires, il fallait en convenir. Mais ils avaient perdu l'avantage de leur embuscade et l'escouade d'Alchem était bien trop expérimentée pour qu'ils puissent lutter à armes égales.

Le combat tourna donc court, se soldant rapidement par la mort de tous les duergars qui ne firent jamais mine de vouloir se rendre. Du côté des svirfneblins, il y eut deux blessés mais les clercs qui les accompagnaient eurent tôt fait d'y remédier.

Après l'escarmouche, le clerc qu'avait désigné Alchem vint lui apprendre que la créature était morte mais qu'il allait le mettre en stase pour préserver son corps pendant le reste du voyage.

« Parfait. Il faudra interroger ce mort par magie. C’est capital. Il en sait beaucoup. Mais en attendant, on reprend la route. Tâchons de ne pas être surpris deux fois. C’aurait pu mal tourner. »
Avant de partir, Alchem prit tout de même le temps de faire fouiller les nains gris, en quête d’éventuels indices. Mais il était persuadé que cela ne donnerait rien. Non, il fallait vite gagner Belroc.

Comme l’avait anticipé Alchem, la fouille des duergars ne donna rien : ils portaient tous des tenues passe-partout et des armes conventionnelles que rien ne permettait de distinguer. Par ailleurs, hormis quelques vivres – pour deux jours de voyage au maximum et dont il valait mieux ne pas identifier la provenance – ils ne transportaient rien sur eux.

Il ne semblait pas prudent de rester dans ce secteur où beaucoup d’incidents pouvaient avoir lieu et la faune et la flore d’Ombreterre se chargeraient bien vite de faire disparaître les traces de l’escarmouche. Le convoi svirfneblin se remit donc en marche, plus attentif que jamais.

C’est peut-être cette attention extrême qui donnait des hallucinations au chef des patrouilleurs, mais il ressentit un violent frisson et des picotements sur sa peau, signe physique qu’un danger était proche. Ils n’avaient pas parcouru plus de quelques centaines des mètres depuis le lieu de l’embuscade…

Allons bon, de quoi pouvait-il encore s’agir ? Alchem adressa un signe à son escorte, celui d’une menace en approche. Puis il désigna un tunnel annexe. Il fallait quitter la voie marchande. Il aurait dû le faire plus tôt et il se le reprocha. Cet endroit, sensé être le plus sûr, l’était sûrement le moins présentement. En tout cas, quoi qu’il arrive, ils étaient prêt à y faire face. C’est-à-dire que le groupe se fit le plus discret possible. C’était eux qui devaient voir sans être vu. C’était leur philosophie.

S'ils ne repérèrent personne essayant de les observer ou de leur tendre une embuscade, les svirfneblins assistèrent tout de même à un phénomène étrange et déroutant. Le sol commença à trembler sous leurs pieds, laissant craindre l'une des ires menaces qui soit en Ombreterre : un tremblement de terre. Mais l'environnement n'était pas agité de façon homogène : certaines parties du sol se soulevaient ou s'affaissaient - de même qu'au plafond de la caverne dans laquelle ils se trouvaient mais d'autres endroits semblaient parfaitement calmes. Alchem ressentit à nouveau un violent frisson comme s'il était parcouru par une vague d'énergie. Il se retrouva en outre soulevé de terre par un monticule qui se forma juste sous ses pieds.

Il était très rare qu’Alchem soit confronté à l’inconnu dans l’Outreterre. À chaque fois que cela lui arrivait, et que cela se passait en situation de danger, il ne pouvait que se sentir mal à l’aise. Comment se préparer à l’imprévisible ? L’improvisation était une sorte de dernier recours, selon lui. Un dernier recours qu’il fallait hélas maîtriser autant que possible, car même le plus ingénieux des plans pouvait échouer. Le hasard pouvait se montrer impérieux. Le gnome des profondeurs songea immédiatement à une machination Drow. Ils avaient dû mettre au point un nouveau sort, un nouveau piège. Maudit soit leur inventivité !
« Qu’est-ce qui se passe ? Je sens des trucs tout bizarres ! » dit Dalius, en sortant la tête de la poche de son maître.
Ce dernier sauta de côté pour se soustraire à ce qui le soulevait.
« On reste regroupé ! Et on se trouve un espace aussi dégagé que possible ! » ordonna-t-il.
Il se tourna ensuite vers les clercs :
« J’ai l’impression qu’on est exposé à une sorte d’onde. Il faut essayer de s’en prémunir ! »
Dans le même temps, il cherchait à vérifier le plafond et le sol, pour éviter une chute de pierre ou une crevasse. En fait, il se méfiait de tout. Quel dommage qu’il ne puisse pas faire attention à tout. Son familier, comprenant le danger, fit de son mieux pour jouer les guetteurs. Deux paires d’yeux valent mieux qu’une.

Deux paires d'yeux valaient bien mieux qu'une et Alchem sentit que sa perception de l'environnement et du danger s'accroissait au-delà du naturel - ou même de l'habituel - et que l'onde avait un étrange effet sur son corps, engourdissant ses muscles, ralentissant ses réflexes à mesure que son esprit s'affinait. Il parvint à sauter à bas de son monticule, vit ses compagnons se diriger vers la sortie de la grotte, tenta de les suivre. Mais l'onde le perturbait tant qu'il avait du mal à les suivre. il perçut les voix affolés des membres d'escorte les plus proches mais elles semblaient déformées et lointaines. Comme si le temps se ralentissait, se fracturait. Comme dans l'étrange bulle du Despote...

Le Despote, tiens. Peut-être que c’était un coup à lui ? Avait-il réussi à retrouver un moyen d’action en dépit de sa prison ? Le moment était mal choisi pour se poser des questions. Alchem avait besoin de concret. Il essayait d’identifier la nature des événements tout en s’efforçant de suivre le groupe. Plus la situation allait mal, plus il fallait se focaliser sur l’essentiel et tenter d’ignorer le reste.

Mais le phénomène était si illisible, si imprévisible, qu'Alchem ne tarda pas à considérer l'hypothèse qu'il était centré sur lui-même. Ou qu'il était victime d'hallucinations mêlées à d'étranges réminiscences. Au hasard de ses observations, il vit l'un des grands prêtres se mettre à léviter, un des éclaireurs prendre les traits de Dotha et se tourner vers lui en prenant un air indigné, puis une version lumineuse de sa mère lui désignant une direction avec insistance. Certaines visions étaient plus troublantes encore : un Dallius de couleur rose, son ami du Filon Aurifère glabre et chauve comme un svirfneblin. Et la tête lui tournait et lui tournait encore. Alchem était au bord de la nausée.

« Par la dague du cauteleux, qu’est-ce qui se passe ? » marmonna, tout bas, Alchem.
Il se prit la tête à deux mains, tentant de se ressaisir.
« Holala, mon lait était peut-être trop alcoolisé ! » déclara Dalius, plutôt fasciné par ces visions déroutantes.
Le gnome ne savait plus vraiment où étaient les autres. Il n’était de toute façon plus en mesure de les commander. Nul doute qu’un des svirfnebelins prendrait sa place à la tête du groupe. Ils étaient tous entraînés à cela. En attendant, une vision, parmi toutes les autres, attira l’attention d’Alchem, celle de sa mère, silhouette lumineuse, lui désignant une direction. Était-ce un signe ? La lumière avait toujours été un symbole fort pour lui et sa famille. Et puis il avait servit les êtres de lumière, adversaires du Despote. Il décida d’aller dans cette direction. Rester sur place n’était pas une solution. Le coin était dangereux.

La Couronne de Cuivre

Ornegemme, cité svirfnebline