La Couronne de Cuivre

Maël ne s'était pas trompé. Joffren — un homme d'une quarantaine d'années à la moustache impressionnante — mit pied à terre et s'approcha d'Ashe. Il surveilla le loup d'un air hésitant puis haussa les épaules et sourit.
" Gente dame, mes hommages. Je me nomme Joffren et voici mon équipage. Nous cherchons une auberge pour la nuit, avant de reprendre notre route. Peut-être pouvez-vous nous renseigner ?"
Le dénommé Joffren était accompagné d'une halfeline, de deux jeunes gars qui semblaient frères, d'une magicienne — c'était impossible à manquer, vu son accoutrement — aux longues boucles rousses et du jeune homme qui l'avait dévisagée plus tôt.

La rôdeuse se fendit enfin d'un sourire et salua Joffren d'un signe de tête puis les membres de son "équipage". C'était une curieuse façon de désigner un groupe qui cheminait à dos de cheval et non par bateau, mais soit.

- Vous pouvez m'appeler Ashe, et voici Uska, dit-elle en désignant le loup qui se désintéressa de ces étrangers à l'instant même où la rôdeuse leur adressa la parole. Et derrière moi, il y a le village d'Hawkhurst. Il ne compte pas d'auberge mais la place du village est assez grande pour que vous vous y installiez cette nuit, si vous avez de quoi bivouaquer.

Et, chose rare, ils auraient même de la compagnie. La rôdeuse sembla hésiter un instant puis se risqua à poser la question qui lui brûlait les lèvres, et tant pis si cela passait pour de l'indiscrétion. L'homme à la moustache devait bien se douter qu'un village comme le leur n'avait pas l'habitude d'accueillir autant d'étrangers.

- Est-ce que... je peux vous demander ce que vous venez faire jusqu'ici ?

" Nous sommes de passage, dame. Nous allons jusqu'à Garvell, sur la Ronde, où nous devrions retrouver notre élément : l'eau."
Ashe connaissait le village de Garvell, situé à un peu plus de cinq lieues au sud, en bordure de la rivière qui émergeait de la Forêt Maudite. C'était un petit bourg sans grand intérêt, mais il y avait effectivement plusieurs quais où s'amarraient des barges marchandes, sillonnant la rivière jusqu'à la lisière ou jusqu'à la mer, transportant du bois dans un sens, et de fournitures de toutes sortes dans l'autre.

Bien, la destination immédiate du petit groupe était fixée : la place du village. Il ne devrait pas être trop dur de les y retrouver.

« Si vous voulez bien m'excuser, je vous rejoindrai d'ici un moment. J'aimerais prendre le temps de discuter un moment avec une autre adepte de la nature. »

Il avait parlé en direction de Joffren, mais se tourna immédiatement vers Ashe.

« Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, bien sûr. »

Il attendit poliment l'accord des uns et des autres avant de descendre de cheval.

Ses visites à Garvell se comptaient sur les doigts de la main et, effectivement, si ce n'était pour rejoindre quelque navire en partance pour elle-ne-savait-où, Ashe n'aurait pas vraiment vu l'intérêt pour ce curieux groupe de s'y rendre. Encore que cela restait tout de même bien mystérieux, mais elle musela sa curiosité pour le moment. L'intervention de celui qui était resté en retrait jusqu'ici lui fit de toute façon oublier toutes les questions qu'elle se posait. "Une adepte de la nature", hein ? L'avait-il reconnu rien qu'en posant les yeux sur elle ? Non, c'était ridicule, les rôdeurs n'avaient pas "d'aura de rôdeur", pas comme les paladins. Elle observa longuement son nouvel interlocuteur, comme pour déterminer quel genre "d'adepte de la nature" il était. Une certaine appréhension s'empara d'elle, comme si elle craignait d'être soumise à un autre interrogatoire, mais son intérêt finit par l'emporter.

- Euh, non, bien sûr que non, finit-elle par répondre après un instant de réflexion.

" Faites donc, ami des bêtes !" dit Joffren en remontant sur son cheval.
Il rassembla les rênes.
" Merci pour votre aide, dame, et courage avec vos oiseaux."
Il se tourna vers Maël.
" Maître Maëvian, je gage que vous pourrez nous trouver quand vous le souhaitez."
Puis, sur un geste, il entraîna le reste de son "équipage" à l'intérieur d'Hawkhurst et ils disparurent à la queue leu leu derrière les remparts, suivis par Sophia, passablement interloquée.

Après avoir salué ses compagnons, et, donc, être descendu de cheval, le druide adressa un sourire à son interlocutrice.

« Maël Maëviàn, druide de mon état. Me suis-je trompé en supposant avoir affaire à une rôdeuse ? »

Il tourna ensuite les yeux vers les corneilles.

« Une façon intéressante de les déloger. »

La rôdeuse se mit à rire, un rire plutôt nerveux d'ailleurs, comme si elle était tout à coup très gênée qu'un druide ait assisté à ce spectacle. Les druides et les rôdeurs avaient parfois des façons totalement différentes de gérer une même situation. Sans doute aurait-il agi différemment... et eu de meilleurs résultats. C'était plus que probable, à bien y réfléchir.

- J'ai... improvisé. Si je les laisse à leur festin, elles font faire beaucoup trop de dégâts.

Et elle n'avait aucune envie de les tuer, ce qu'il pourrait parfaitement comprendre.

- En tout cas, c'est un plaisir de vous rencontrer. Je n'ai pas croisé de druide depuis que j'ai posé le pied sur Hélonna. Je ne peux pas vous reprocher de ne pas vouloir vous installer dans la région : nous avons un voisinage très taquin et très... envahissant.

Cette fois, elle ne faisait pas référence aux corneilles mais plutôt aux morts-vivants qui peuplaient la Forêt Maudite, tout juste à proximité.

« Oui, il semble en effet que la forêt abrite quelques créatures assez joueuses. »

Ce n'était sans doute pas le terme adapté pour évoquer des zombies. Mais d'un autre côté, “taquin” ne l'était pas vraiment davantage.

« C'est un plaisir également. Puis-je vous demander d'où vous veniez avant Hélonna ? »

Puisqu'elle l'évoquait, après tout… lui-même avait vogué vers plusieurs côtes : il était possible qu'il connaisse le lieu d'où elle venait.

- De Féérune. J'ai grandi dans un petit village des Vaux, à la frontière du Cormyr. J'ai beaucoup voyagé ces dernières années et... j'ai fini par atterrir ici.

Bon, c'était un tout petit peu plus compliqué que ça, mais elle n'avait pas besoin d'entrer dans les détails. D'ailleurs, tout cela lui semblait bien lointain à présent, comme si cette vie et ces souvenirs n'étaient pas vraiment les siens ; un écho d'une époque différente, et peut-être un peu plus heureuse.

- Et vous, vous êtes originaire de l'île ?

Cormyr… non, il avait déjà appareillé vers Féérune, mais pas de ce côté-ci.

« Oui ; mais de plus au nord. C'est la première fois que je viens dans cette région. »

Il se pencha pour saluer le loup comme il se devait, chose qu'il n'avait pas encore faite. Naturellement, compte tenu de la situation, il n'avait aucune raison de supposer qu'il ne s'agissait pas du compagnon animal de la rôdeuse.

« C'est pour cette raison que j'ai souhaité parler un peu avec vous. En dehors de ce voisinage “taquin et envahissant”, y a-t-il des choses particulières à savoir concernant la faune locale ? »

Compte tenu de la nature énigmatique de sa mission, tout renseignement était bon à prendre.

Uska renifla la paume du druide puis posa sur lui un regard tranquille.

- La faune n'est pas différente de celle que vous avez rencontrée jusqu'ici mais la présence des morts-vivants peut rendre certaines espèces assez agressives ; c'est le cas des loups, notamment. Cela dit, vous remarquerez vite que c'est plutôt le calme plat par ici, côté zombie. Je pense que votre voyage se passera sans encombre, mais vous avez raison d'être prudent.

« À plus forte raison compte tenu de notre objectif. »

Joffren n'avait jamais demandé le silence, après tout ; et mettre une rôdeuse du coin dans la confidence n'aurait sans doute pas de graves conséquences.

« Apparemment, il semble qu'il y ait quelque chose qui gêne le transport fluvial sur la Ronde. Nous n'avons pas encore beaucoup d'informations, pour l'heure ; mais les rumeurs parlent d'animaux qui s'en prendraient aux navires. D'où le fait qu'ils aient pensé à faire appel à un druide, j'imagine. »

Il était possible qu'Ashe ait entendu parler de la chose. Ou que, compte tenu de sa connaissance de la région, elle ait un avis sur la question.

- J'ignorais qu'ils rencontraient ce genre de problème, répondit la rôdeuse, les sourcils froncés.

À vrai dire, et elle avait un peu honte de l'admettre, elle s'était peu souciée de ce qui l'entourait ces derniers mois, exception faite des habitants d'Hawkhurst. Il n'était donc pas étonnant que ce genre de chose lui ait complètement échappé.

- Je suis désolée, je ne vais pas avoir plus d'informations à vous donner. On dirait que vous allez devoir attendre d'être sur place pour savoir vraiment de quoi il en retourne.

« C'est ce qui était prévu, de toute façon. Il faudra bien faire avec. »

Même si la chose n'avait, somme toute, rien de particulièrement surprenant, trouver une personne partageant quelques affinités communes avec lui était tout de même une bonne surprise, et obtenir une réponse négative n'était pas plus mal que de ne pas avoir pu poser la question.

« En attendant, tant que je suis ici, si je peux vous être d'une quelconque utilité, n'hésitez pas à me solliciter. »

Ce serait au moins une occasion d'exercer son métier.

Depuis qu'elle savait qu'il était druide, elle avait espéré l'entendre prononcer ces mots. Mais maintenant qu'il le faisait, elle se demandait si elle allait vraiment oser lui demander de l'aide pour quelque chose d'aussi... trivial.

- Eh bien, puisque vous proposez...

Oh, et puis après tout, qu'est-ce qu'elle risquait ? De passer pour quelqu'un qui n'était pas capable de gérer une bande de charognards toute seule ? Elle l'était, mais cela lui prendrait plus de temps, et elle commençait à mourir de faim.

Elle lui adressa un petit sourire.

- Vous ne vous y connaîtriez pas en corneilles, par hasard ?

HRP : désolé pour le délai, journées et soirées chargées en ce moment.

La remarque ne manqua pas de faire rire Maël. Évidemment, il aurait dû s'y attendre.

« Eh bien, pas spécifiquement, mais j'imagine que je dois pouvoir, au minimum, imiter votre façon de faire. Ce sera plus rapide à deux. »

À partir du moment où l'on avait une méthode qui fonctionnait pour une tâche ponctuelle, se creuser la tête pour en trouver une autre n'était pas forcément utile, après tout. Il y avait sans doute plus élégant, mais puisque la rôdeuse avait démarré les choses ainsi, autant les poursuivre de la même manière.

Ashe expliqua au druide sa méthode peu orthodoxe mais néanmoins efficace, enfin efficace jusqu'à un certain point. Si l'idée d'intimider des corneilles pour qu'elles délaissent le verger du village le gênait, il n'en montra rien. Au vu du tempérament belliqueux et peu farouche de ces oiseaux, elle lui conseilla de se montrer ferme. Conciliant, mais ferme.

Communiquer mentalement avec les corneilles n'était pas l'exercice le plus aisé qu'il soit, surtout quand on était un être humain. Mais sans doute les oiseaux finirent-ils par comprendre le message, à moins qu'ils ne soient simplement lassés des pommes, et ils s'envolèrent en un large nuage sombre sur le ciel qui grisait. Sophia, qui était restée en retrait, applaudit des deux mains à cette victoire inespérée. Elle se garda bien, cependant, d'aller interrompre le conciliabule des deux amis de la nature.

Maël s'était plié à l'exercice avec bonne volonté. Peut-être aurait-il fait différemment s'il avait été seul ; mais il avait pour règle, quand il se trouvait sur le territoire de quelqu'un exerçant un métier proche du sien, de se conformer aux méthodes locales.
Il ne remarqua vraiment l'autre personne que lorsque celle-ci se mit à applaudir ; et laissa alors la rôdeuse en tirer bénéfice, se contentant de demander s'il y avait autre chose qu'il puisse faire pour se rendre utile.

Les corneilles déguerpirent plus rapidement qu'elle ne l'aurait cru ; certaines reviendraient sans doute, et les dégâts étaient conséquents, mais c'était une victoire malgré tout. Elle rejoignit Sophia, le druide sur les talons, et en profita pour faire les présentations.

- Voilà, le cidre est sauvé. Une très bonne nouvelle pour tout le village, j'en suis sûre.

Elle reporta son attention sur Maël et lui sourit.

- Merci encore pour votre aide. Je ne vais pas accaparer votre temps plus longtemps, vous avez sûrement hâte de rejoindre vos camarades.

Ou de simplement manger ou se reposer, après toute cette route. Et elle allait sans doute l'imiter, maintenant qu'elle n'avait plus rien d'urgent à faire.

" Merci beaucoup pour votre aide, dit Sophia, poliment. Je vais aller... faire un tour sur les lieux... voir ce qui peut être sauvé."
Elle se tourna vers Ashe et lui décocha un sourire plus détendu.
" Merci, Ashe. Je savais que tu trouverais une solution."
Puis elle s'en fut entre les pommiers.

« Oh, je suis sûr qu'ils savent se débrouiller sans moi. »

Une fois l'autre demoiselle éloignée, le druide adressa à la rôdeuse une sorte de salut.

« Mais si je n'ai rien de plus utile à faire ici, je vais tout de même aller m'en assurer. Si d'aventure vous aviez de nouveau besoin de mon concours, n'hésitez pas à faire de nouveau appel à moi. »

Et, à moins qu'Ashe, ou qui que ce soit d'autre, ne le retienne, Maël remonterait sur son cheval pour se rendre là où le reste de “l'équipage” devait se trouver.

[HRP : Et bonne année ! Que votre santé soit meilleure que la mienne.]

Plutôt que de suivre les pas du druide, Ashe resta à l'ombre du verger. Elle n'avait aucune envie d'être la proie des rayons ardents et impitoyables du soleil ou de retourner sur la place du village où, elle le devinait, l'agitation devait régner. Elle s'installa donc au pied d'un pommier, sortit son outre à eau ainsi que son repas, composé d'un morceau de pain un peu trop dur, de viande séchée, de baies et de quelques noix sèches. Les minutes s'égrenèrent et elle se surprit même un instant à somnoler doucement, alors que ses doigts passaient machinalement dans la fourrure d'Uska.

Le soleil était désormais plus bas sur l'horizon et nimbait la campagne environnante de rayons flamboyants, allongeant les ombres des pommiers en un dédale fantastique. Autour d'Ashe, l'herbe bruissait d'insectes et elle entendit, un peu plus loin vers l'ouest, la première vocalise d'une grenouille enamourée. C'était l'été, bien sûr, il ferait relativement clair pendant encore de longues heures, et la température resterait agréable. Uska, à ses côtés, roula sur le dos, offrant son ventre au ciel.

De son côté, Maël fut guidé vers le centre du village par un local aimable : les cavaliers s'étaient rendus à la salle communautaire, mais le druide apprit qu'il n'y avait pas d'auberge à Hawkhurst. Il y avait un espace pour planter sa tente, cependant, et c'était sans doute là qu'ils termineraient tous, si ce n'était pas déjà le cas. Le druide retrouva la petite compagnie, pied à terre, un peu plus loin. Le capitaine était entré à l'intérieur d'un bâtiment à un étage, vaste selon les critères locaux, petit selon ceux de la capitale qu'ils avaient quittée quelques jours plus tôt.

HRP : n'hésitez pas à mettre vos posts entre balises Spoiler si nécessaire... mais ce n'est pas forcément nécessaire, à moins de grands secrets.

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Maël rejoignit les autres sans mot dire, attendant que le capitaine en ait terminé avec sa tâche actuelle. Le manque d'auberge ne l'avait jamais dérangé en pareille circonstance. Il préférait habituellement dormir plus à l'écart des lieux de vie humains, mais compte tenu de la proximité de la forêt, ne pas trop s'éloigner était sans doute préférable pour cette nuit. Observant ses compagnons de routes, le druide se fit la réflexion qu'il n'avait plus guère côtoyé d'autres adeptes de la nature depuis des lustres, et encore moins travaillé de concert avec eux. Cela lui manquait, quelque part. Au moins, cet intermède avait-il été intéressant et amusant – plutôt surprenant si l'on considérait qu'il s'était agit, presque littéralement, de bayer aux corneilles.

La chaleur l'avait toujours poussée à la plus grande oisiveté, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle préférait la forêt, il y faisait toujours plus frais. Mais maintenant que le soleil n'était plus vraiment menaçant au dessus de sa tête, elle en profita pour se dégourdir un peu les jambes. Ses pas la menèrent bien au delà du verger puis de nouveau vers le village. S'occuper l'esprit aujourd'hui pour ne pas ruminer de sombres pensées... c'était raté. Elle commençait déjà à regretter d'avoir accepté d'emmener Eve et Perran dans la forêt et imagina tout un tas de scénarios catastrophes dans lesquels leur glorieuse équipée trouvait la mort -de façon abominable et définitive, cela va sans dire. Ses propres préparatifs étaient pour ainsi dire inexistants puisqu'elle savait très bien trouver sa nourriture et tout ce qui était susceptible de lui manquer en forêt ; errer sans but semblait donc être sa seule option. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit la plupart du temps, mais prit une attention toute particulière à avoir l'air extrêmement occupée pour ne pas être dérangée. Ce n'est qu'au bout d'une bonne heure, agacée par l'absurdité de son propre comportement, qu'elle franchit à nouveau les portes du moulin, avec cette fois l'intention de commander autre chose que du cidre.

Ashe constata alors que c'était au final le lieu où s'étaient rassemblés tous les voyageurs du jour, à l'exception du prêtre de Lathandre.

En effet, le capitaine Joffren avait annoncé à son équipage qu'ils étaient invités à camper dans le pré voisin, à l'abri des remparts, mais que, compte tenu de l'affluence, les villageois avaient décidé de leur préparer un bon repas à tous. Ils n'étaient en effet pas les seuls à s'être arrêtés à Hawkhurst pour la nuit, comme l'indiquait une autre tente plantée non loin. Maël, qui avait déjà voyagé avec un paladin lathandrite, n'eut aucun mal à en identifier la propriétaire. Il s'avéra qu'en plus de la paladine et des marins, une bonne vingtaine de locaux s'invitèrent au festin, jeunes et vieux, hommes et femmes, curieux pour la plupart d'avoir des nouvelles de la capitale et du monde, en général, lesquelles n'arrivaient dans leur coin de campagne reculé qu'avec les éventuels (et très rares) voyageurs.

Maël n'avait pas spécialement de nouvelles à donner, et était resté plutôt en retrait des conversations, à moins qu'on ne l'ait sollicité directement – il était capable de se montrer fort sociable au cours d'une soirée de beuverie au port lors d'un retour à terre, mais une auberge campagnarde n'offrait assurément pas la même ambiance, et il fallait bien préserver un peu du mystère qui entourait habituellement les druides, non ?
Il ne manqua toutefois pas de saluer d'un signe de tête la rôdeuse en la voyant entrer.

Ashe sourit timidement au druide en retour puis s'en alla saluer toutes les têtes qu'elle n'avait pas croisées aujourd'hui, s'attardant parfois pour échanger quelques banalités au sujet de la météo, ou pour répondre à quelques questions. Mais, une fois n'est pas coutume, ce n'était pas elle qui était au centre de l'attention ce soir-là, et c'était une bonne chose car sa sombre humeur aurait fini par contaminer toute l'assemblée. Elle s'installa un peu en retrait des autres mais suffisamment près pour écouter d'une oreille distraite ce que le capitaine Joffren avait à raconter.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Hawkhurst