[Lieu] Une ruine perdue dans la forêt

[Voyageuse]

Il sentit la légère vibration qui émanait de l'épée lorsqu'il posa la main sur la garde. L'arme était probablement enchantée, d'une façon ou d'une autre. Et elle semblait faite de ce métal qui se désagrégeait à la lumière du soleil, bien qu'il ne puisse en avoir la certitude qu'en l'emmenant au-dehors. Il ne vit, en revanche, ni rune ni aucun signe particulier. Elle était simplement d'un tranchant trop bien préservé du passage du temps.
Bruno, de son côté, osait à peine toucher les autres épées.
"Ce n'est pas du métal ordinaire", fit-il simplement.
Quant aux inscriptions sur les bols, elles ne lui avaient pas appris grand-chose. Les runes se réduisaient à deux initiales, différentes sur chaque bol. Les symboles gravés -et probablement, autrefois, peints- étaient identiques cependant : ils représentaient probablement un soleil stylisé.

[Kmir Tailleroc]

Un soleil...
Encore cette référence...
Il l’avait gardé dans un coin de son esprit, désormais intéressé par l’épée courte. Mettre la main sur une arme magique serait une bonne chose, seulement il vivait à la surface, l’objet risquait fort d’être inutile. Le seul côté positif, c’était qu’il n’avait guère à craindre une malédiction, puisqu’il lui suffisait de sortir dehors pour détruire la source de ladite malédiction.
« Non, pas du métal ordinaire, je confirme. J’ai peur que ces armes se désintègrent au soleil. Les drow travaillent des métaux qui ont ce genre de spécificité. On peut faire le test. On trouvera bien un rayon de soleil dehors. L’épée courte à l’air magique sinon. On peut prendre une des épées longues pour tester. »
Il chercha à vérifier si les matières de toutes les armes correspondaient.

[Voyageuse]

Les épées semblaient faite du même métal, léger, incroyablement tranchant, luisant d'un reflet métallique étonnamment sombre. Il ressentit, dans toutes, une légère magie, à peine perceptible. Rien ne se produisit cependant lorsqu'il les prit en main. Leur magie, quelle qu'elle soit, ne devait s'activer que lorsqu'on s'en servait. Bruno s'enhardit également à soupeser une épée longue.
" Ça doit nécessiter un peu d’entraînement pour s'en servir, fit-il, songeur. C'est tellement léger... Mais vous voulez jeter un coup d’œil au couloir suivant, ou d'abord aller voir dehors si elle se désagrège ?"

[Kmir Tailleroc]

Kmir donna quelques coups dans le vide, pour éprouver l’épée courte. Effectivement, sa légèreté était un peu déroutante. Mais dans le fond, ce pouvait être une bonne arme. Dommage qu’il soit quasiment certain qu’elle allait se désintégrer au soleil.
« Allons d’abord dehors. En plus de nous permettre de faire notre petit test, nous pourrons vérifier que nous pouvons toujours sortir. »
Ce n’était pas parce qu’il se sentait attiré en avant par sa curiosité que sa prudence instinctive ne lui murmurait pas de vérifier s’il pouvait toujours reculer. Avoir ou non une échappatoire changeait les situations de manière très sensibles, pour ne pas dire radicale.

[Voyageuse]

Ils revinrent donc sur leurs pas, rejoignant la grande salle où se trouvait le mur de marbre rougeoyant. L'arche de pierre en son centre était toujours ouverte, donnant sur la salle d'où partait l'escalier de pierre effondré, sur leur gauche. En face se trouvait la première porte secrète, découverte par Maevion et Bruno, que celui-ci savait parfaitement ouvrir : les runes étaient gravées dans la roche à la hauteur de ses mains écartées.
La lumière entra à flot, éblouissante après ce court séjour dans l'obscurité. Ils entendirent immédiatement un bruit sourd, comme l'arche de pierre se refermait aussitôt derrière eux. Et l'épée longue qu'ils avaient amenée, comme pressenti, se réduisit à un tas de poussière grise.

[Kmir Tailleroc]

« Et bien, nous voilà fixé. Laissons ces armes où elles sont. Nous ne pourrons pas en faire grand-chose. »
Mensonge ! Il pouvait revenir plus tard, les transporter à l’abri de la lumière et les vendre à des personnes des profondeurs qui pourraient être intéressées. Mais inutile de rentrer dans les détails. Kmir fit volte-face.
« Retournons-y, il y a des couloirs qui nous attendent. »
Il faudrait refermer la première porte pour pouvoir ouvrir la seconde. Mais ils n’étaient pas enfermés, ils pouvaient aborder l’exploration sans trop se sentir pressés.

[Voyageuse]

Ils refermèrent la première porte, retrouvèrent les deux caches et leurs runes de lumière, et virent apparaître à nouveau le message d'avertissement lorsque la première rune fut effleurée. La porte s'ouvrit lorsque les deux runes furent touchées simultanément, exactement comme la première fois.
Ils se retrouvèrent dans la grande salle, dont il ne restait désormais que deux issues à explorer. L'une à droite, l'autre à gauche. Ils savaient déjà, pour la seconde, qu'il s'agissait d'un tunnel tortueux descendant en pente douce.

[Kmir Tailleroc]

Kmir se dirigea vers la droite, vers le seul passage qui n’avait pas encore été examiné.
« Si le couloir va loin, cette fois, on peut se permettre d’avancer pas mal. Après, il y a loin et loin. J’imagine qu’on va rester dans ce... sanctuaire, accéder à d’autres salles. Mais dans l’absolu, il faut savoir, comme je vous l’ai déjà dit, que l’Outreterre est plus vaste que toute la surface, les océans et les déserts inclus. »
Enfin, il évoquait l’Outreterre, car il était certain qu’un passage y menait, mais là, ils se trouvaient juste dans la falaise. Il fallait descendre sous terre pendant deux, trois heures pour considérer avoir atteint l’Outreterre.

[Voyageuse]

" J'espère bien qu'on ne va pas se retrouver en Outreterre, grommela Bruno. Non que je ne veuille pas découvrir de nouveaux territoires ou visiter votre contrée d'origine, mais... ce n'est définitivement pas mon terrain de prédilection."
Comme Kmir l'avait remarqué, il y avait une certaine symétrie dans la disposition des lieux. Ils se retrouvèrent donc, à nouveau, dans un conduit étroit et tortueux, où il n'était pas facile de deviner ce qui se trouvait au-delà du virage suivant. Ils tournèrent à gauche, puis à droite. Le tunnel devint plus bas, obligeant Bruno à courber la tête. Aucun embranchement ne semblait se profiler pour le moment : l'itinéraire à suivre était clair.
Il y eut cependant un bruit, subitement, qui ressemblait au frottement de quelque chose sur la roche. Quelque chose bougeait dans le tunnel, au-delà du prochain virage, ou même du suivant.

[Kmir Tailleroc]

Kmir fit halte et invita Bruno à en faire autant. Du bruit, ici ? Il y avait forte chance que ce ne serait pas une rencontre très amicale. Le gnome se tenait à quelques mètres du prochain virage, une distance de sécurité qu’il ne souhaitait pas réduire. Il comptait attendre, arme au poing, que l’origine du bruit arrive en visuel. Si cela ne se produisait pas, alors il ferait signe à Bruno d’attendre et avancerait discrètement.
Sous terre, il était chez lui. Bien malin celui qui parvenait à le repérer !

[Voyageuse]

Le bruit se fit entendre, à nouveau. Comme si quelque chose de dur raclait la roche. Quelque chose.... de métallique, peut-être. Mais le bruit n'approcha pas.
Bruno écoutait également, concentré, attentif. Il avait la démarche souple et discrète des rôdeurs, et il était probable que la créature à l'origine du bruit, s'il y en avait une, ne les avait pas entendus approcher.
Bruno fronça les sourcils, et prit sa masse en main, mais, obéissant à l'injonction muette de Kmir, ne fit pas un pas.
Kmir put avancer jusqu'au virage, derrière lequel il ne vit rien. Rien de vivant, du moins. L'origine du bruit était plus lointaine. En revanche, le sol présentait un aspect inhabituel, comme si une dalle trop plate, trop lisse, avait été rajoutée par-dessous la pierre naturelle.

[Kmir Tailleroc]

Kmir revint vers Bruno et lui murmura :
« J’ai vu personne, mais je suspecte un piège. Suivez-moi. »
Il retourna en avant, jusqu’à ce sol suspect, le désigna à son compagnon puis entreprit d’examiner minutieusement l’endroit. Il devait y avoir un mécanisme quelque part. S’agissait-il d’une dalle de pression ? D’autres éléments insolites pouvaient-ils l’aider à comprendre ce à quoi il était confronté ?

[Voyageuse]

Bruno le suivit et acquiesça silencieusement lorsqu'il lui montra le piège en question. Levant sa torche, il s'efforça d'éclairer au mieux les lieux pour permettre à Kmir de mieux voir.
L'examen minutieux ne lui apprit pas grand-chose de plus. Il semblait bien y avoir une dalle artificielle, posée sur le sol. Mais si mécanisme il y avait, il était très certainement dessous, inaccessible. Il ne voyait aucun autre indice susceptible de l'aiguiller sur la nature du piège. Mais par chance, la dalle n'occupait que les deux tiers de la largeur du couloir, et il était possible, en se contorsionnant un peu, de passer à côté.

[Kmir Tailleroc]

Kmir indiqua le passage à emprunter à Bruno et s’y engagea. Autant éviter de s’exposer de suite à des surprises. Il restait très intrigué au sujet du son. Ce pouvait-il que ce soit une mécanique ? Quelque chose pouvait-il encore fonctionner dans un lieu aussi ancien ? Où était-ce un ajout plus récent ? Il se pouvait aussi que ce soit une créature artificielle.
Quoi qu’il en soit, il voulait savoir ce que c’était, tout comme il voulait savoir où menait ce couloir.

[Voyageuse]

Le couloir devenait encore plus étroit, et bifurquait à nouveau, vers la droite.
A peine eut-il franchi le coude que Kmir, qui marchait en tête, comprit d'où venait le son.
Devant lui se trouvait un cadavre. Pas un squelette banal comme ceux qu'il avait combattus la nuit précédente. Non. Celui-ci portait une armure, qu'il reconnut aussitôt comme étant de facture drow. C'était d'ailleurs presque la même que celle qu'ils avaient découverte dans la salle voisine. Il avait également deux épées longues.
Il ne regardait pas dans sa direction, ne l'ayant visiblement pas entendu approcher.

[Kmir Tailleroc]

Ça, c’était encore du travail pour Bruno et sa masse. Kmir étant en tête et le chemin devenant étroit, il opta pour une stratégie un rien dangereuse mais qui pouvait vite régler le problème. Il signala d’un geste au rôdeur le mort-vivant, puis, jouant à la fois de sa petite taille et de sa force, le gnome entreprit de passer devant le monstre, donc de le dépasser. Il se ferait bien sûr remarquer, mais tant pis, il estimait qu’attaquer dans le dos ce genre d’abomination ne ferait pas grand-chose. Une fois devant lui, il adopterait une attitude purement défensive. Bruno, lui, aurait le champ libre pour l’attaquer et donc rapidement le déstabiliser.

[Voyageuse]

La créature le vit, bien entendu, et bondit aussitôt à l'attaque, une épée levée. Kmir n'eut aucune difficulté à esquiver : le squelette en armure était certes d'apparence costaud et bien protégé, mais ses gestes étaient un peu plus lents que ne l'auraient été ceux d'un combattant vivant. Il demeurait dangereux, mais le gnome savait éviter les coups. Du reste, Bruno fit aussitôt son apparition, abattant sa lourde masse sur le squelette. Celui-ci, déstabilisé, roula au sol et se releva, pour cueillir le coup suivant qu'il parvint à dévier avec une force stupéfiante. Il ne semblait pas avoir été véritablement blessé par le coup de masse qu'il avait reçu.

[Kmir Tailleroc]

Kmir, sitôt qu’il ne fut plus la cible du squelette, passa à l’attaque. Saisir les opportunité, il ne le faisait pas qu’au quotidien, c’était sa manière de se battre. Les automatismes s’imposant, il frappa aux défauts de l’armure. Il ne savait pas s’il ferait mal, mais il savait que c’était la seule méthode qui avait le plus de chance de produire un résultat.
Il allait attaquer jusqu’à ce qu’il redevienne la cible du monstre pour ensuite repasser sur la défensive et laisser Bruno attaquer. Et ainsi de suite. Les morts-vivants étaient sans doute assez stupides pour que ce genre de stratégie fonctionne.

[Voyageuse]

La stratégie fonctionna : le mort-vivant ne brillait décidément pas par son intelligence, et passa de Bruno à Kmir, puis de Kmir à Bruno, sans paraître s'en formaliser. Mais son armure le protégeait si bien que leurs coups paraissaient inefficaces. Le métal brillait, comme neuf, sans guère présenter de défaut dont Kmir aurait pu profitere. Il parvint, une fois ou deux, à glisser sa lame à une jointure au niveau de la hanche, et même à lui causer une certaine douleur. Une seule fois. Et Bruno avait beau s'escrimer, sa masse ne faisait que déséquilibrer leur adversaire sans jamais déformer son armure. Seul un coup violent à la tête parvint à l'assomer à demi, permettant à Kmir de porter un second coup particulièrement bien ajusté qui fit mouche également. Mais pas autant qu'il l'aurait dû. C'était c omme si une magie quelconque renforçait la protection de l'armure.

[Kmir Tailleroc]

Saleté ! Il fallait faire quelque chose avant qu’ils ne se fatiguent car le squelette, lui, était inépuisable par nature.
« Monsieur Desplaces, reculez, on va l’entraîner sur la dalle plate ! Avec un peu de chance, ça déclenchera un piège capable de lui faire sa fête ! »
Sitôt que Bruno se serait reculé, Kmir le rejoindrait et ils n’auraient plus qu’à se déplacer pour être suivi par le monstre. Mieux valait respecter une distance de sécurité avec lui pour se prémunir au mieux de l’éventuel piège. Et si c’était inefficace, peut-être faudrait-il retourner en arrière et recourir aux armes magiques qu’ils avaient trouvées.

[Voyageuse]

Bruno recula le premier, tournant le dos au combat dès qu'il eut franchi le coude. Il se coula contre le mur pour éviter la trappe.
Kmir n'eut pas de difficulté à le suivre : son adversaire était relativement lent et il pouvait sans peine garder une longueur d'avance dans son déplacement.
Et le squelette en armure, bien évidemment, les suivit, et posa son pied sur la plaque.
Kmir entendit alors un bruit sourd, plus loin sous la terre, comme celui d'une masse rocheuse frottant contre le sol. Et simultanément, il y eut une sorte de sifflement, et des volutes verdâtres descendirent du plafond, envahissant la galerie.
Les deux explorateurs eurent juste le temps de se mettre hors de portée. Le squelette, quant à lui, poussa des cris de douleur inarticulés tout en continuant d'avancer.
" Il nous faut les épées..."

[Kmir Tailleroc]

« Vous avez raison, il nous les faut. Ce squelette est tenace, je n’en ai jamais rencontré de tel ! »
Kmir commença à retourner en arrière. À priori, rien n’allait s’opposer à leur progression, mais mieux valait être prudent. Sitôt de retour dans la pièce de droite, il récupérerait l’épée courte. Il n’aurait pas vraiment le temps de s’entrainer, il la testerait sur le squelette en employant la même tactique qu’un peu plus tôt.

[Voyageuse]

Le squelette les suivit jusqu'à la grande pièce, et s'engouffra avec eux dans la salle voisine où se trouvaient les deux épées. Son passage dans le nuage verdâtre l'avait néanmoins affaibli : ses gestes étaient plus lents, ses frappes moins fortes... mais dangereuses tout de même.
Mais ce qui rééquilibra véritablement le combat, ce fut les épées. Avec celles-ci, leurs coups portaient -du moins, comme le faisaient les coups de leurs armes ordinaires contre des squelettes ordinaires. Bruno, même s'il maîtrisait mal cette arme trop légère, portait des coups d'une force stupéfiante. Kmir parvint sans trop de peine à s'habituer au poids plus léger de cette arme : ses coups, un peu approximatifs au départ, gagnèrent rapidement en précision. Et les esquives étaient facilitées par ce poids moindre.
Il ne fallut que quelques minutes pour vaincre leur adversaire.

[Kmir Tailleroc]

Kmir observa, satisfait, le squelette défait, puis baissa les yeux sur son épée. Enfin, non, pas la sienne, l’épée courte drow. Pareille lame allait leur rendre service, ici. Cela avait déjà été le cas.
« N’oublions pas que le soleil peut désintégrer ces armes. Mais ça tombe bien, on ne devrait pas trop en croiser là où on va fouiller. On y retourne ? »
Ils commençaient à connaître le chemin à force de le faire dans tous les sens. Le nuage vert avait dû se dissiper depuis le temps. Peut-être arriveraient-ils à la fin du couloir, cette fois.

[Voyageuse]

Le nuage vert s'était dissipé, en effet. Mais Bruno fut d'avis de contourner encore une fois la dalle plutôt que marcher dessus, juste au cas où le même piège puisse se déclencher plusieurs fois.
Ils poursuivirent leur exploration dans ce couloir tortueux, pendant quelques dizaines de toises encore. Et subitement, le tunnel déboucha sur une salle souterraine de grande dimension, d'origine naturelle à en juger par les concrétions qui s'y étaient formées. Le plafond, en particulier, était à une hauteur vertigineuse. Leur attention fut attirée par deux "anomalies". Un mur, sur leur gauche, ne paraissait absolument pas naturel. Bien trop rectiligne, il était percé d'une ouverture en son centre. Et en face d'eux, mais nettement trop haut pour être atteint facilement, se trouvait l'entrée d'un autre tunnel, duquel émanait une lueur rougeâtre.
C'étaient, apparemment, les deux seules issues de la salle.

[Kmir Tailleroc]

Une lueur rougeâtre ? De quoi pouvait-il s’agir ? Kmir disposait peut-être d’un moyen pour atteindre cette ouverture en hauteur : sa corde magique. Mais il sut réprimer sa curiosité assez pour se tourner vers le passage à leur portée.
Il progressait discrètement l’épée magique au poing, légèrement en tête par rapport à Bruno.
De nouveau, ils découvraient, de nouveau le gnome souriait intérieurement. Il finirait bien par trouver des choses de grande valeur, quelque chose à la hauteur de ses ruines vénérables.

[Voyageuse]

Ils approchèrent lentement du mur situé à leur gauche. Le plafond à cet endroit était un peu moins haut, mais toujours riche en stalactites de tailles impressionnantes, certainement naturelles.
L'ouverture était une simple porte rectangulaire. Mais bizarrement, Kmir distingua la trace de frottements sur la pierre du sol, au-delà de l'encadrement, comme si une porte, de pierre peut-être, s'était ouverte tout récemment. L'intérieur, cependant, paraissait vide, pour autant qu'il put en juger depuis l'extérieur. Et il ne voyait rien qui puisse évoquer un quelconque mécanisme ou piège.
Il ne se passa d'ailleurs rien quand il entra.

Mais un instant plus tard, il devina un mouvement derrière lui et entendit un cri étranglé. Se retournant, il vit Bruno, juste de l'autre côté de la porte, aux prises avec une étrange créature, qui lui évoqua une sorte de pieuvre dont la peau serait de pierre. Elle devait être à peine plus grande que lui-même, et ses tentacules, enroulées autour de la gorge et de la tête du rôdeur, l’asphyxiaient rapidement.

[Kmir Tailleroc]

Kmir ne tergiversa pas. Il avait déjà l’épée drow en main. Il vola donc au secours de Bruno.
« Ne bougez pas ! » lui cria-t-il alors qu’il portait le premier coup. Il allait tout d’abord tenter de trancher les tentacules. Si elles étaient trop résistantes, il frapperait les endroits de la créature qui lui semblait les plus vulnérables. En tout cas, il fallait faire vite et bien, comme souvent.

[Voyageuse]

Les tentacules, tout comme le corps de l'animal, ne présentaient pas de forte résistance. Un seul coup d'épée suffit pour que la créature se crispe subitement, lâchant sa proie. Bruno tomba à genoux, cherchant à retrouver son souffle, et Kmir vit la bête se précipiter contre le mur pour tenter de l'escalader et se réfugier dans les hauteurs. Il eut le temps de frapper à nouveau, l'arrachant à sa fuite. Elle roula à terre, peut-être morte... Mais subitement ce fut l'obscurité totale, que même ses yeux ne pouvaient percer.

[Kmir Tailleroc]

Obscurité magique ? Sortilège de cécité ? Toujours est-il que Kmir ne perdit pas une seconde. Il devait s’agir d’une manœuvre désespérée de la créature. Il savait encore où elle était et il frappa donc sur le champ. Les bruits et la résistance qu’allait rencontrer son arme lui indiqueraient s’il avait fait mouche. Il n’allait pas se limiter à un seul coup, il en donnerait plusieurs, au même endroit si c’était bon, au hasard dans le cas contraire.
Quoi qu’il en soit, après cet enchaînement à l’aveuglette, il allait se reculer et avertir Bruno de sa condition. Il fallait croiser les doigts pour que la vue lui revienne et que le rôdeur se remette vite.