[Bâtiment] Temple d'Umberlie

[Zyl]

"Ghaia, je suis c'qu'ils ont dit... Heu... employée temporaire. Mer-ce-nai-reuh. M'ont dit de surveiller le temple à cause des fouineurs pendant l'attaque parce que leurs costauds habituels sont pas là. Ca fouine, ça?"
Fit-il, avançant la machoire et roulant des yeux féroces assortis de sourcils du même genre (et d'un "grrrr". Le marché du "grrr" était toujours florissant).
"Parce que si ça fouine, c'est mon boulot de taper dessus. Alors vaudrait mieux que ça fouine pas trop. Hein? Ca part et j'oublie que ça fouine les affaires des prêtres, hein..."
Elle se gratta le crâne, l'air pensif, dérangeant quelques mèches de ses cheveux châtains à la très entropique coupe.
"J'me serais pas souvenu longtemps que ça fouine, d'façon, mauvaise mémoire. Dégage!"

[Mornagest]

Le gamin rougit et bafouilla une réponse incompréhensible assortie de forces gestes de la main, puis, n'osant regarder dans la direction de la demi-orque plutôt effrayante, il lorgna désespérément vers la porte, ne sachant si elle lui laisserait l'occasion de sortir sans le tabasser...

Il se décida à s'enfuir, les jambes à son cou - ce qui était toujours aussi malpratique qu'auparavant, d'ailleurs - sans laisser à Sheaxie le temps de dire ouf !

La voie était libre pour une petite exploration... outre des parchemins au contenu douteux, elle pourrait peut-être trouver des indices sur cette fameuse offensive contre les aurilites, qui savait ?

La table de la chambre était vide de tout objet, mais visiblement, il y avait quelque chose sous le lit...

[Zyl]

C'est ça, abruti... Bon, je ferais tout aussi bien de me grouiller. La possibilité que l'andouille aille chercher les prêtres existe.
Soit il l'avait crue. Soit il avait simplement eu peur de rester devant une demi-orque menaçante (quoi que sans armes apparentes). Et dans le deuxième cas, il pouvait très bien aller demander aux prêtres la confirmation qu'on engageait bien des femmes vertes en haillons de mendiante, qui avait peu de chance de venir.
La demi-orque recula dans le couloir avec rapidité. Le novice avait disparu. La sorcière fronça les sourcils pour la n-ième fois de la journée puis lança un sort d'alarme mentale visant la porte qui menait à la nef.
Sheaxie>Alarme>Porte
Si un danger venait à surgir des autres chambres, elle ignorait ce qu'elle ferait. Probablement qu'elle courrait. La demi-orque inclina la tête et revint dans la pièce qu'elle avait quittée. Elle jeta un regard méprisant au plancher sous le lit. Un noeud du bois le lui renvoya. Avec un soupir (le n-ième aussi), elle s'accroupit et jeta un coup d'oeil sous le lit. Elle avait peut-être les épaules plus larges que celles de l'adolescent, mais aussi le bras beaucoup plus long. Se saisir de ce qui traînait n'avait aucune difficulté.

[Mornagest]

La large main de la demi-orque battit l'air sous le lit, cherchant peu ou prou à l'aveuglette un coffre, une boîte, ou même des documents intéressants. Et, comme d'habitude, lorsqu'on cherchait quelque chose, on le trouvait toujours au dernier endroit où l'on pensait à chercher... en l'occurrence, Sheaxie ne trouva ni coffre, ni boîte, ni même de document intéressant - oui, je me répète, je sais. Simplement parce qu'il n'y avait rien sous le lit. Frustrant...

C'est en se relevant que la demi-orque vit ce qu'elle aurait dû voir la première fois : une commode à deux tiroirs, jouxtant la table. Avec précaution, elle tenta d'ouvrir le premier tiroir... qui n'était pas fermé à clef ! Enfin un peu de chance. Elle tomba tout d'abord sur une petite bourse de cuir contenant quelques pièces d'argent - toujours bon à prendre - et, en-dessous, une petite pile de papiers à l'allure engageante. Un rapide examen laissa cependant comprendre à Sheaxie qu'il ne s'agissait que des fameux parchemins que l'adolescent acolyte cherchait sous le lit. Quelque peu surprise par certaines des images représentées sur les parchemins, elle les laissa à leur place, et passa à l'autre tiroir...

... qui était lui aussi rempli de papiers, mais cette fois-ci, couverts de notes rédigées à la hâte. Sheaxie prit le premier d'entre eux et déchiffra :

"... demain soir. Les Aurilites ne verront pas le coup arriver, trop occupés à tenter de se faire bien voir des fragments du culte de Talos. Avec tous nos hommes disponibles, l'attaque devrait se dérouler rapidement."

D'autres papiers semblaient traiter cet évènement, tandis que d'autres encore contenaient des notes, toujours de la même écriture, sur divers ragots et informations sur les divers cultes de Melandis. Aucune date, mais les renseignements mentionnaient quelquefois la récente destruction du temple de Talos.

Que faire de tout cela ?

[Zyl]

C'était toujours ça de pris, songea t-elle. C'était mieux que les croquis cléricaux de fesses , au moins. On verrait plus tard pour l'utilité que ça pourrait avoir. Elle fourra donc les papiers dans sa manche libre (comprendre celle qui ne contenait pas déjà sa dague), négligeant les poches trop trouées de son manteau. Puis l'orque se figea. Seules ses oreilles, pointues comme celles d'un elfe mais plus vertes et un peu plus poilues (et beaucoup plus jolies selon les critères des orques qui l'avaient élevée), bougeaient. Elle scruta également le couloir par l'embrasure de la porte. Ce n'était pas le fait de fouiller un des temples les plus puissants de la ville (voire le plus puissant puisque celui de Talos était tombé de son fait) qui la rendait à ce point paranoïaque, mais un peu beaucoup quand même. Ah, si elle avait eu des chausses-trappe à répandre, elle aurait bien préparé quelques pièges histoire de sauver sa peau, qui n'était certes pas très belle ni très propre mais à laquelle elle tenait vraiment malgré la tendance des gens à en désapprouver la couleur.
La demi-orque s'avança dans le couloir, sa longue silhouette baraquée courbée comme le dos d'une gargouille. Le fait que seulement peu de lumière filtrât en cette heure très matinale lui plaisait. Les ténèbres étaient pour elle des armes, des armures ou des chemins dérobés. Et le sang d'orque qui coulait dans ses veines lui permettait d'y voir presque aussi clair qu'en plein jour, les couleurs en moins. La nuit, tous les orques étaient gris et daltoniens; c'était mieux que d'être aveugle comme les humains. Le problème, c'est que les orques étaient aussi stupides la nuit que le jour, pour la plupart. Voire plus stupides. Elle-même ne buvait pas vraiment d'alcool (elle en offrait en revanche assez généreusement quand il le fallait), mais elle savait d'expérience qu'un orque ivre était plus crétin qu'un golem de morve, et il n'y avait guère qu'une dague plantée entre les deux yeux pour le calmer.

Poursuivant son inspection du couloir, Sheaxie passa à la chambre suivante. Si elle n'y trouvait rien, elle sortirait du temple. Elle n'avait aucune idée du temps qui avait pu s'écouler depuis son départ, mais agir lentement était autant nécessaire qu'agaçant. Et sortir avant le retour du gros des troupes était primordial pour continuer de garantir à son existence une longueur acceptable.

[Mornagest]

Le couloir était encore vide. Visiblement, la majorité des occupants du temple était vraiment parti pour celui d'Aurile, ou dormait quelque part, ici ou en ville. Presque trop facile...

La porte de la chambre suivante s'ouvrit sans soucis. À première vue, elle paraissait vide d'occupant ; la paillasse était libre, il n'y avait pas de bureau, en revanche, mais une énorme armoire qui devait contenir des choses intéressantes.

Voilà du moins ce que Sheaxie pouvait voir depuis le seuil de la porte.

[Lothringen]

En provenance de http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post198324

Il avait couru au hasard, s'empressant de mettre le plus de distance possible entre cette auberge indiscrète et ses propres soucis. Arraché à peine au sortilège par le hurlement de la femme de chambre, il s'était enfui par réflexe, et l'air frais du dehors n'avait pas suffi à lui rendre les idées plus claires. Il n'osait resonger au contenu de son cauchemar. Une chose était certaine, les cicatrices de son dos s'étaient rouvertes, plus profondément que jamais. Aucune artère vitale n'était touchée mais il n'en restait pas moins qu'il avait perdu et perdait encore beaucoup de sang, sur une appréciable surface. Il lui fallait trouver un temple, de toute urgence.

Tandis que la vie le quittait goutte à goutte, il s'était perdu. De l'antre des miséreux, il avait descendu les rues principales, pour aboutir enfin sur le port. Sa chemise collait sur les chairs à vif ; les relents de poiscaille et de son propre sang chaud lui donnaient la nausée. Le cœur battant, il continuait de chercher un temple. Il avisa alors un long bâtiment de pierres bleues au bord du fleuve. Umberlie... La Reine Garce avait la réputation de pratiquer des tarifs éhontés, mais il n'en était plus à de tels détails près.

Il passa le seuil, cherchant des yeux un prêtre, une prêtresse, une servante du temple, n'importe qui. Plusieurs personnes allaient et venaient mais aucune ne semblait prêter d'attention au semi-drow. Ce dernier s'appuya de l'épaule contre le mur, clignant des yeux pour essayer de dissiper le voile brumeux qui commençait d'affecter sa vision. Il avait le teint pâle, décoloré, pour autant que l'on puisse appliquer ces adjectifs à un elfe noir - pourtant, aucune blessure n'était visible à première vue.

"J'ai besoin de soins", grogna-t-il alors, suffisamment fort pour qu'il ne soit pas loisible de l'ignorer.

[Zyl]

Bien. Une armoire. Elle espérait secrètement y trouver des morceaux identifiables de cadavre-de-quelqu'un-qui-compte (un quelconque empereur pouvait faire l'affaire, elle n'était pas difficile sur ce point), ou alors des preuves irréfutables que le grand-prêtre trempait dans une affaire de trafic de biscuits au chocolat: quelque chose de plus palpitant que de la paperasse, quoi.

Elle se frappa le front du plat de la main. Son romantisme adolescent la reprenait (les orques avaient une notion du romantisme particulière). Il n'y avait pas de belles preuves bien propres (enfin propres, concernant les pièces détachées de cadavres célèbres, ça n'était pas trop ça), jamais. Le mieux, c'était de faire parler les gens, de préférence autour d'une chope de bière, mais elle n'avait eu aucune envie d'aller questionner un prêtre et se faire repérer par sa maladresse et sa méconnaissance des cultes humains. En une dizaine d'années passée à fouiner tout ce qui était fouinable (et susceptible de rapporter de cet argent qui était décidément beaucoup trop rare), elle n'avait encore jamais trouvé de journal intime d'assassins. Trop facile, ça aussi. "Avec l'aide de nos complices machin et bidules, nous planifions l'attaque du temple de Talos pour cette nuit, à telle heure pile. Ils ne sauront jamais qui sont les responsables, hahahaha! Notre stratégie précise sera..." Tu parles.

Elle posa la main sur son front. Elle s'énervait. Ses pensées devenaient confuses. Elle réfléchissait trop, s'insultait mentalement, se reprochait sa propre incapacité à trouver des trucs croustillants. Elle succombait à une petite folie, celle de l'agacement et l'impatience. Elle eut un long soupir. Ce sang sauvage et sombre était imbécile. Elle se sentait sous pression. Cela passerai, elle le savait. Mais sentir bouillir quelque chose d'aussi... Primitif? Sous le verni de bon sens férocement appliqué sur ses pensées était désagréable. Elle ne voulait pas être l'idiote du village, sous prétexte qu'elle était demi-orque. Elle avait tout fait pour être au dessus des orques qui l'avait élevée, pour les piétiner, pour effacer ce qu'elle avait en commun avec eux. Et dans sa quête de pouvoir, son ambition, elle se montrait aussi balourde que le pire des guerriers; elle frappait ses contacts, elle usait de mensonges hideux, et surtout, elle travaillait pour les autres.

Elle secoua la tête comme pour chasser ses réflexions entremêlées. Tout cela n'avait aucun sens. Ses tempes chauffaient, et de la sueur suintant de sa nuque rendait le contact du col de toile très désagréable. Elle devait être tombée malade.

D'un pas énergique, elle gomma la distance entre elle et l'armoire, et procéda à son inspection pour vérifier qu'elle n'était ni piégée ni verrouillée.

[Mornagest]

Preste, leste et imprudente, la demi-orque s'était précipitée sur l'armoire afin d'en examiner d'un œil expert la serrure - qui s'avérera plus tard n'être pas fermée à clef - sans prêter la moindre attention au reste de la cellule. Tant et si bien qu'elle reçut un formidable coup sur l'arrière de la tête, avec un objet pour le moins dur et lourd.

Elle se retourna et fit face à quelque chose de flou, un peu plus petit qu'elle, et se souvint alors qu'elle devait s'évanouir sous le choc. Ce qu'elle fit aussitôt.

Sheaxie se réveilla assise sur une confortable chaise en bois dur, doucement attachée par une corde qui lui mordait la chair des poignets et des chevilles. Son crâne l'élançait, sa vue était brouillée, son souffle était court et son esprit divaguait sur la meilleure façon de préparer du lapin bouilli aux navets.

"Une espionne, hein ?", gronda une voix derrière elle.

[Zyl]

Elle voulut procéder, réflexe antédiluvien, à l'inventaire de ses doigts et orteils, sans y parvenir. Elle ne sentait que trop bien le contact rêche des cordes sur sa peau, un contact qui brûlait et sciait, mais quand à ce qu'il y avait après, c'était une autre paire de manches. Le sang ne circulait pas plus dans ses mains blêmes que dans ses pieds inertes. Sa nuque la lançait trop pour pouvoir bouger la tête, et même si elle avait pu le faire, elle n'aurait rien vu. Des taches noires et blanches indéfinies dansaient devant ses yeux en cachant tout le reste, qui de toutes manières était flou, et restaient quand elle tentait de fermer ses paupières irritées par une sueur aigre. Elle était aussi à l'aise dans la chaise qu'un poisson vidé de ses entrailles sur de la glace pilée. D'ailleurs le bois dur lui évoquait un billot. Ses oreilles sifflaient comme si on lui avait coincé une banshee dans chaque tympan. L'angoisse rafraîchit sa fièvre, en abattant une chape glacée sur l'ensemble de son corps, et elle se mit à trembler violemment, de spasmes incontrôlables qui torturèrent encore un peu plus la peau de ses poignets et ses chevilles. Elle ne pouvait pas poser le crâne sur le dossier de bois sans revivre le coup qui l'avait assommée, et resta donc, faute de trouver une position plus confortable, la nuque raidie vers le plafond. Elle songea avec cynisme que si on voulait l'égorger, c'était le moment d'en profiter.Quelque chose de poisseux et d'acide collait à ses cheveux, et coulait avec lenteur dans son cou en lui donnant envie de s'arracher la peau. Sueur? Sang? Sûrement un mélange des deux.

Ses oreilles effectuèrent un retour arrière. Quelqu'un avait parlé. Son esprit délirait, mais son sens de l'ouïe, quoique parasité par les tambourins funestes du sang qui martelaient sans discontinuer, était toujours actif. Elle mit un temps à interpréter la question. Elle se sentait affreusement mal. C'était déjà arrivé. Stupide, stupide, stupide! La dernière fois, elle avait perdu un index et un majeur. Et elle avait persisté. Qu'est-ce-qu'elle avait cru? Oh, comme elle était dangereuse, cette passion de l'intrigue qui la poussait toujours plus avant. Plus dangereuse même que ce orque sang barbare et grotesque qui l'avait rendue imprudente à un moment critique.

Elle voulu articuler une réponse, mais sa salive était visqueuse et sa bouche pâteuse, et la douleur lui arracha un grognement désespéré. Elle n'était pas en état de mentir, peut-être même pas en celui de se souvenir de la construction d'une phrase simple.

[Duo]

HRP: Mais ôtez vous donc de là, malotru !

Cela faisait quelques heures que Duorok était là. Portant fièrement sa bure d'adepte d'Umberlie, il avait aidé les prêtres et les novices dans un certain nombre de tâches subalternes. Mais depuis une bonne heure, il faisait le pied de grue dans la grande salle du Temple, s'ennuyant ferme. Pas de fidèle demandant conseil, ni d'office à assister.

Aussi, bondit-il en direction du malheureux venant de demander des soins, heureux de tromper ainsi son ennui. Quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu'il reconnut celui qui s'était présenté comme Le Drow. Le problème était que Duorok ne voulait plus jamais avoir affaire aux conspirateurs. C'était déjà assez ennuyeux d'avoir à traiter avec Chalindra... Il ralentit le pas et rabattit son capuchon de novice. Lorsqu'il fut devant le Drow, il l'examina.

"Bonjour à vous, visiteur. Vous semblez faible. Permettez-moi de vous offrir les soins de la Dame des Flots."

Duorok---->Soins des blessures graves---->Lothringen

[Lothringen]

C'était une étrange sensation que de deviner sans pouvoir le constater de ses yeux que les plaies se nettoyaient, que leurs lèvres se ressoudaient, et que la peau jeune se reformait déjà sous les cicatrices...

Le semi-drow cligna des yeux à plusieurs reprises, soulagé de constater que le sort lancé par cet adepte était puissant, et plus que suffisant pour stopper l'hémorragie et lui permettre de poursuivre sa route sans périls. Le voile qui brouillait sa vue s'étant dissipé, il put mieux distinguer les traits de ce prêtre, pour reconnaître en lui le semi-orc instigateur de l'attaque du temple de Talos. Il fallait croire que les choses avaient tourné comme il voulait, puisqu'il n'était pas déjà à des lieux de Melandis, en train d'en fuir les conséquences.

"Vous êtes bien aimable, sire... Et cette cité, beaucoup trop petite."

Il sourit. Ils étaient aussi compromis l'un que l'autre dans cette affaire, ce qui garantissait en principe les mutismes respectifs. Mais Lothringen se demanda l'espace d'un instant ce que penserait Mornagest de l'implication umberlite dans l'attentat... S'il n'était pas déjà au courant, du reste.

[Duo]

L'angoisse gagna rapidement Duorok lorsqu'il comprit que le drow l'avait reconnu malgré son capuchon. Il tenta de son mieux de n'en laisser rien paraitre. Il s'inclina légèrement et dit.

"En effet, messire. Je suis heureux de vous offrir gracieusement ces soins."

Il fit un pas en arrière et déclara.

"Que la protection de la Dame vous accompagne."

Puis à demi-mot, il ajouta.

"Et que cela soit notre dernière rencontre."

Il attendit que Lothringen s'en fut parti avant de quitter le temple à son tour.

[Lothringen]

Le semi-drow salua à son tour.

"Que la Dame vous sourie de même..."

Je crains que nous ne parlions pas de la même, voilà tout.

"... et soyez assuré que rien ne me plairait davantage", ajouta-t-il, sur le ton dont il aurait répondu à une invitation à dîner. Il savait trop s'il est désagréable de laisser derrière soi trop de secrets en circulation. Pour l'heure, il en savait plus sur ce prêtre que ce dernier sur lui, et il entendait que cela dure. Longtemps.

Faisant marche arrière à son tour, il quitta aussitôt le temple, satisfait d'avoir si peu dépensé, et bien décidé à filer droit, droit vers l'oubli. Il vérifierait que nul ne le suive, en s'éloignant du bâtiment.

Suite :
http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post199956

[Mornagest]

La voix parla de nouveau, derrière elle, mais comme si l'homme qui la possédait parlait avec un mouchoir sur la bouche. Cotonneuse, presque irréelle, elle parlait de menaces.

"Je vous préviens, je ne vous laisserai pas partir d'ici vivante sans que vous m'ayez répondu."

L'homme marcha, elle entendit vaguement des bruits de pas autour d'elle. Elle entrevit une paire de sandales sur les pavés devant elle, puis, relevant péniblement la tête, aperçut entre ses paupières à moitié fermée d'étourdissement, une espèce de robe de bure. Un religieux ? Rien d'improbable à cela, dans un temple d'Umberlie.

Une main lui saisit brusquement le menton et lui releva carrément le crâne afin de la forcer à regarder le visage de celui qui s'adressait à elle.

"Alors... qui êtes-vous ? Et pas de mensonges inutiles, j'ai lancé un sortilège de détection..."

Son visage était dur, comme taillé dans la pierre. Il n'était pas à proprement parler beau, mais ses traits étaient réguliers et lui donnaient une apparence d'autorité incontestable. Ses longs cheveux blancs étaient maintenus attachés et pendaient le long de son dos. Sa carrure, bien que celle d'un homme mûr, était encore impressionnante. Pas étonnant qu'elle mît du temps à reprendre ses esprits... mais la voix de l'homme était sans doute ce qu'il avait de plus autoritaire. Il commandait, très certainement, ici.

[Zyl]

Ah. Sortilège, sortilège. C'était nouveau pour la demi-orque. Elle avait atteint le niveau suivant dans l'échelle des interrogatoires pénibles. Bien sûr. Elle était à Mélandis, après tout, cité des merveilles. Elle n'était pas cuite, ni même grillée, elle était carbonisée, oubliée sur le feu pendant vingt-quatre heures, songea t-elle avec une désinvolture qui terrifia cette partie d'elle qui essayait vainement de se convaincre qu'il n'y avait pas de cordes et qu'elle pouvait parfaitement s'enfuir au galop.

"Je..."
Elle déglutit péniblement. Sheaxie avait les poumons oppressés comme si un troll s'était servi de son thorax comme fauteuil pendant trois heures. Mais il n'y avait guère que la peur de présente, qui la paralysait tout en l'agitant de spasmes qui ne faisaient que raviver la douleur des cordes trop serrées sur ses chairs.
"Suis... Aïe!"

Les larmes lui étaient montées au yeux, et elles brouillaient encore plus sa vue. Elle ne voulait pas mourir. La sorcière pensait tout le temps à la mort; plus précisément la sienne. Elle vivait une vie dangereuse. Elle voulait la garder, bon sang. Elle lui appartenait. Pourquoi est-ce-que tout le monde semblait lui en vouloir? Elle ne faisait que son travail, avec amour. Sheaxie ne défonçait pas les portes à grands coups d'épaule. D'accord, elle ne laissait pas non plus de mot d'excuse derrière elle, mais personne ne perdait au change puisqu'elle avait une écriture exécrable. Shea s'en voulait de tout prendre avec ce pessimisme morbide qui lui susurrait que, quoi qu'elle dise, elle finirait égorgée par des prêtres, et que le seul choix qu'elle avait était la couleur de leur bure.
Elle pleurait comme une enfant, mais avec des hoquets remarquablement silencieux; le souffle lui manquait trop pour pouvoir piquer une vraie crise de larmes. Elle avait honte, quelque part, mais elle n'était pas une dure, malgré une enfance rude, et ne le serait probablement jamais. Elle songea que l'imposante femme qu'elle était devait offrir un spectacle risible. Elle était abattue, courbée, morte avec sursis, comme elle l'avait déjà été, et des souvenirs de moments guère plus heureux vinrent se superposer à la douleur du moment, pour saper ce qui lui restait de force morale.

"Sh-Sheax-xie. C'est m-mon nom..."
Elle n'aimait pas sa voix, trop creuse, trop chuintante, trop pitoyable et larmoyante. Elle écorchait son propre prénom, qui ne voulait rien dire.
"Mais c'est pas ce que vous vouliez..."

[Mornagest]

L'homme fronça les sourcils en signe d'impatience. Il déclara d'un ton froid, sans agressivité cependant :

"En effet... peu m'importe votre nom. Que faites-vous ici ? Vous vouliez fouiller mes affaires... en ce moment, les complots ou les vols dans les temples sont plutôt mal vus, à Melandis. Vous l'ignoriez ? Pour qui travaillez-vous ?"

Il était à un bon pas d'elle, maintenant, et s'accroupit pour lui faire face directement. La demi-orque était encore trop sonnée pour garder la tête haute, mais cela reviendrait avec les minutes qui passeraient. Si elle survivait à cet interrogatoire.

[Zyl]

Elle releva la tête, très légèrement, laissa s'écouler quelques secondes, avala sa salive. Elle battit des paupières pour en chasser les larmes, eut un soupir coupé en deux par un hoquet. Les trois doigts de sa main blessée tressaillirent sur l'accoudoir où son poignet avait été férocement saucissonné. Si elle avait eu l'estomac plein, elle aurait bien vomi, tiens. Juste pour profiter du fait qu'elle le pouvait encore. Elle se força à respirer calmement, ce qui, avec les tremblements qui la parcouraient et les hoquets qui la secouaient, n'était pas évident. L'homme n'avait peut-être pas tout son temps, mais elle, elle n'était pas pressée.

Relever la tête. Si elle avait pu seulement relever la tête. Oh, pas de beaucoup, juste de quoi abandonner cette posture courbée et suppliante. Mais elle avait trop mal au crâne pour ça.
"H. V-vous savez déjà. V-vous... Écrasez tout. Combien d-d'autres temples à rester debout... H."
Elle parut se mettre à réfléchir, les sourcils froncés. Un filet de sueur sale coulait sur sa tempe, depuis une mèche de cheveux détrempée qui y était collée.
"... En ville? Hein? Vous savez..."
Chaque mot lui coûtait cher, mais ce n'était plus une affaire de souffle. Elle allait se faire proprement étriper. Elle aurait aimé pouvoir suggérer à l'homme que l'interrogatoire n'était qu'une formalité et qu'il n'apprendrait pas grand-chose d'elle, mais il semblait malheureusement qu'elle n'y couperait pas. L'administration devait être particulièrement pointilleuse sur ça. Non vraiment, elle n'avait aucun mal à imaginer un règlement intérieur stipulant que les maraudeurs nocturnes devaient repartir avec un bordereau (fiché sur un pieu planté dans l'estomac) frappé du sceau du bureau du bourreau, ou quelque chose dans ce genre.
"H."
Elle laissa la terreur retomber. Elle avait toujours extrêmement, affreusement peur, mais ses pleurs ne la sauveraient pas. Pourquoi fallait-il qu'elle bégaie? Lentement, elle remit sa machine cérébrale en marche. Trouver quelque chose, et vite, en se passant de mensonges directs. Le sang dans son corps battait aussi fort qu'un tambour et marquait un rythme qui allait en s'accélérant. Il devait s'en rendre compte, il s'en rendait forcément compte.
Oh, et puis, après tout, fit la voix du sarcasme, elle n'avait rien d'autre à perdre que la vie, ou quelques morceaux d'anatomie. Ou la raison.

[Mornagest]

Visiblement ennuyé par la lenteur et les approximations de Sheaxie, le prêtre décida d'accélérer la chose.

Prêtre ---> soins des blessures légères ---> demi-orquette velue ( )

Aussitôt, la voleuse se sentit mieux. Elle ne souffrait plus de la nuque, et ses yeux n'avaient plus ce voile d'un blanc laiteux devant eux. Elle voyait clairement et pouvait désormais parler sans plus de soucis.

"Vous ne m'avez peut-être pas bien compris, la première fois... pour qui travaillez-vous ?", répéta-t-il d'un ton quelque peu agacé.

[Zyl]

"Aouch... Me... Merci."
Bredouilla t-elle d'un ton peu convaincu. Elle ignorait s'il était d'usage de remercier quelqu'un qui vous soigne lors d'un interrogatoire. Elle secoua la tête. Sa nuque avait l'air d'être en état de fonctionner. Elle ne pouvait toujours pas en dire autant de ses pieds et ses mains, mais c'était une autre affaire. Le prêtre l'avait soignée, il ne devait donc pas avoir l'intention de la frapper à nouveau, mais il n'allait sûrement pas la libérer. Elle leva les yeux, évitant toutefois de croiser le regard de l'homme.

"Je travaille p-pour..."
Sa gorge était nouée, mais ce n'était pas pour cette raison qu'elle avait interrompu sa phrase. Une ombre passa dans ses yeux gris, puis ils prirent un éclat plus brillant. Elle parut réfléchir un moment.
"Non-non, vraiment. Ce n'est p-pas une bonne idée que je vous le dise."
Elle s'efforçait de ne pas bégayer. Ce n'était pas évident. A moins de lui administrer une dose vraiment massive de lotus noir, le prêtre ne pouvait pas faire grand-chose contre les tremblements qui agitaient la demi-orque. Elle le soupçonnait également de s'en foutre royalement.

"Vos semblables au service du dieu le plus dément m'ont engagée. Je m'excuse de p-procéder par devinettes, mais il y a des choses que je ferais mieux de ne p-pas dire directement."
Il allait la prendre pour une folle, si ce n'était pas déjà le cas. Quelle importance? Elle avait une idée en tête, très floue, très fragile, mais une idée tout de même. Peut-être un dernier espoir avant l'échafaud. Elle ne voulait pas, ne voulait pas, ne voulait pas crever. Peu lui importait de finir vraiment manchote, si au final il lui restait assez de vie pour pouvoir s'en plaindre.

"Vous... Vous savez mieux que moi ce qui se passe en ce moment. Des temples s'effondrent, et d'autres... Chaos, quoi. Vous êtes pas les seuls à vouloir tirer votre épingle du jeu. C'est pas moi qu'il faudrait assommer."
Sa dernière phrase sous-entendait, grossièrement, "libérez-moi, par pitié, mes nerfs ne vont pas tenir le coup". Elle n'avait pas pu s'empêcher de la glisser dans ses mots hasardeux, et se mordit la langue de regret (ce qui lui rappela au passage qu'elle n'avait rien mangé depuis des heures).

[Mornagest]

L'homme haussa brièvement les épaules, puis considéra la demi-orque un long moment sans mot dire. Qu'allait-il faire d'une espionne de Cyric ? Fâcher le dieu fou n'était sûrement pas une bonne chose, mais en l'occurrence, il y avait motif à sanction... fut-elle simplement dirigée sur cette stupide femelle.

"Folle, non. Inconsciente, sûrement. Qu'espériez-vous trouver ici, au beau milieu de votre ennemi ?"

Il se caressa pensivement le menton, avant de reprendre :

"Ne pas vous assommer... j'estime avoir le droit de me défendre lorsqu'on pénètre ainsi chez moi. Et de ne relâcher cet intrus que quand je me suis assuré qu'il ne représentait aucun danger pour moi..." Ce qui laissait envisager beaucoup de choses quant à la façon de s'en assurer. "Que cherchiez-vous ici ? Des informations ? Un butin ? Vous n'êtes pas suffisamment stupide pour être venue ici sans motif, n'est-ce pas ?"

[Zyl]

"Stupide? Peut-être que je le suis, en fin de compte. Dangereuse? Je ne le suis pas au sens où on l'entend, peut-être ne le suis-je même jamais. Vous pourriez me lâcher, je suis déjà un cadavre sur pattes."
Elle soupira. Ce n'était pas que tailler une bavette dans une position aussi inconfortable que la sienne lui déplaisait, mais presque. Quelques larmes lui montaient toujours aux yeux. Sa chair souffrait. Elle avait, de nouveau, l'impression d'avoir les mains tranchées. Elle pouvait à peine bouger. Et même si elle parvenait à contenir les sanglots, il y avait toujours cette peur qui avait remplacé le sang coulant dans ses veines. Elle était fièvreuse, et se sentait glacée en même temps.

"Je cherchais des documents sur les activités de votre temple. N'importe quoi. Enfin, plus ou moins n'importe quoi, il y en a que je pouvais me passer de voir. Quelle importance? J'ai rien. Vous devez le savoir. Présentement, je ne suis rien de plus qu'une loque désarmée, comme vous l'avez vous-même constaté." Fit-elle d'un ton aigre.

Elle leva les yeux au plafond (qui n'avait rien de notable) puis referma lentement sa frange de cils trempés sur eux, et prit une longue inspiration avant d'entamer sa tirade suivante d'une voix eraillée:
"Vos 'conccurents' se méfient de vous. Comme j'imagine que vous vous méfiez d'eux, pas vrai? C'est pas la peine de faire morfler la main -moi en l'occurence-, prêtre, et je ne dis pas ça seulement parce que ça me ferait *très* mal de crever."

[Mornagest]

Une espionne, réellement. Qu'en faire ? Le prêtre était hésitant sur la question. La tuer était évidemment le plus simple, mais il réfléchissait à une autre possibilité. La retourner contre ses anciens employeurs... si elle acceptait. Sauf qu'il n'était pas obligé de lui demander son avis, évidemment. Un simple sort de quête ne lui laisserait aucune marge de manœuvre. Mais il préférait d'abord l'en avertir.

"Nos ennemis... Cyric ? Aurile ? Pour qui travaillez-vous, femme ?"

Il n'allait pas lui faire comprendre qu'elle aurait la vie sauve, pas avant d'avoir obtenu ce qu'il voulait d'elle.

[Zyl]

"Le plus fou des deux, je vous l'ai déjà dit. Je n'ai pas vraiment de sympathie pour ses serviteurs, et surtout pas au point de me sacrifier pour eux -considérez ça comme une 'chance'-, mais les temps sont durs, surtout pour ceux qui n'ont pas la chance d'avoir votre jolie peau rose et vos oreilles rondes. N'importe quel employeur fait l'affaire."

Elle avait un regard curieux, qui avait cessé de laisser transparaître sa terreur, même si des larmes brillaient encore sur sa peau brun-vert.
"Vous pouvez me prendre pour une imbécile si cela vous plaît. Je suis nouvelle en ville, mais votre situation n'est pas très dure à comprendre. Le culte majoritaire est tombé. Maintenant, chacun va y aller de sa petite touche de sape personnelle. Et il faut des intérims pour ne pas salir vos jolies robes de prêtre dans la boue des autres temples."
Elle avait un ton plus las qu'accusateur. Elle n'avait ni la force ni l'envie de lui crier dessus: Cela ne lui aurait servi à rien et elle avait son idée. C'était bien la dernière.

"Je vais arrêter de tourner autour du pot. J'imagine que me libérer sans condition serait beaucoup trop demander. Alors c'est le moment de me dire si me jetez au p'tits poissons du bassin dans votre hall, ou si vous me demandez un léger service. Je serais bien en mal de vous le refuser."

[Mornagest]

L'homme sourit narquoisement, puis répondit aussitôt :

"Surtout que je ne vais pas m'en tenir à votre parole quant à votre loyauté envers moi. Si vous êtes aussi prompte à accepter un changement de bord, rien ne dit que l'inverse ne se reproduira pas..."

Il ferma les yeux, murmura quelque chose dans une langue incompréhensible aux oreilles de Sheaxie, puis posa la main sur le front de la jeune femme avant de rouvrir les yeux puis conclure :

"Bien. Je crains devoir vous laisser ici un petit moment... le temps de préparer mon sortilège qui vous liera à moi. N'est-ce point charmant ? Je gage que vous ne partagiez mon avis... toute désobéissance de votre part se traduira par votre mort inexorable..."

Il la contempla un instant encore puis sortit de sa cellule et referma la porte derrière lui. La demi-orque resta là sans pouvoir bouger, ou si peu... elle jouait avec ses poignets, cherchant à trouver une faille dans les nœuds si cruellement serrés. Mais elle eut beau les tourner dans tous les sens, grimacer en sentant sa peau se faire pincer entre deux faisceaux de chanvre, entamant la chair irritée par les frottements et provoquant de nouveaux saignements, elle n'arriva à rien...

Et déjà, le prêtre revint, un petit accessoire indéfini en main. Il poursuivit sans ajouter un mot son incantation, qui prenait maintenant des sonorités inquiétantes. Il maintint l'objet entre son index et son pouce, puis le posa un court instant sur le crâne de Sheaxie, puis cessa le tout, remit la chose en poche, et conclut :

"Bien. Je vous avertis que vous êtes désormais sous mon emprise directe. Un faux-pas, et c'est la mort. Sans condition."

[Zyl]

"Alors nous sommes liés? Un sortilège de... Quête, c'est bien ça? Rien que pour moi? C'est adorable de votre part. Vous prenez les choses bien à coeur, je suis une espionne, pas la réincarnation de Bhaal."
Elle montra les dents, qu'elle avait plus pointues que la plupart des humains, en une grimace moqueuse.
"Je ne vais pas vous sauter à la gorge, je vous assure que même moi je peux être civilisée. Enfin."
Malgré son ton désinvolte, Sheaxie se sentait mal. Très mal. La magie ne devait pas se mêler des affaires d'espionnage (sauf si c'était elle qui l'utilisait, évidemment). C'était... Tricher. Où allait le monde si on était obligé de rester fidèle à un seul maître?
"Alors, si, mettons, je raconte à mes 'employeurs' ce qui vient de se passer, je mourrais, comme ça, paf? Au moins, ça sera plus propre que s'ils me torturent pour savoir."
Nouvelle grimace.
"Quoique."
Elle ne put s'empêcher de se questionner sur les limites d'un tel sort. Tout était forcément question de perception. Il n'y avait pas de situation de trahison absolue, pas plus que de fidélité absolue. Elle n'aimait pas remettre sa vie au hasard. Elle se lançait sur quelque chose de beaucoup plus gros qu'elle, cette fois.
Et pour le moment, elle voulait prendre un bain, se débarrasser de cette sueur qui l'irritait, et du sang séché qui poissait encore un peu à l'arrière de son crâne. Oh, et grignoter un bout de pain -elle se sentait vide de toute énergie-. Remettre les choses à plat, quoi. Mais ce n'était pas possible, et elle pourrait sûrement s'estimer heureuse si elle sortait capable de marcher. Le prêtre avait serré ses liens de manière professionnelle: peut-être un ancien garçon boucher spécialisé dans l'entortillage de rôti?

[Mornagest]

Le prêtre haussa les épaules avant de répondre, glacial :

"Ne le prenez pas à la légère. Mourir n'est pas chose si anodine que cela, même dans les Royaumes... du reste, ce sortilège vous enlève la possibilité d'être ressuscitée, si vous espériez vous en sortir de la sorte. Je vous conseille donc de réfléchir à deux fois avant de tenter quoi que ce soit de... disconvenu."

Il la détacha puis lui fit signe de le suivre et sortit dans le couloir. Ils marchèrent un moment, silencieusement, tandis qu'il regardait sans les voir les décorations du temple, qu'il connaissait dans ses moindres recoins.

"Vous devez vous demander ce qui nous pousse à attaquer Aurile... une question légitime. Elle fut, elle aussi, alliée de Talos, mais depuis sa chute, les rapports ont grandement changé. Cyric, ah... Il a l'avantage, pour l'instant, et risque bien de le conserver. Mais, voyez-vous, si on lui laisse la suprématie comme il risque de toute façon de l'obtenir, il reste à déterminer, qui, dans les divinités moindres, gardera son droit de culte à Melandis. Notre clergé se bat pour sa survie, tout simplement. Or, la meilleure défense est l'attaque... comprenez-vous ?"

[Zyl]

"Je ne prends jamais ma propre existence à la légère. Je me demandais simplement pourquoi gaspiller un sort semblable sur moi. Je veux dire, ça m'étonnerait que vous m'investissiez d'une mission d'une importance capitale. Vous procédez toujours ainsi, ou juste parce que j'ai le malheur de venir de l'autre bord?"

Elle trottinait et clopinait pour se maintenir à la hauteur du prêtre, qui avait un pas vif, tout en massant ses poignets endoloris et écorchés par les cordes.
"Mes... Les autres risque de me tailler en pièce. Je ne peux pas retourner les voir ainsi, vous comprenez? Ce n'est pas de la mauvaise volonté, mais il me faut... Quelque chose. Il n'est pas dit que je conserve la confiance qu'ils m'avaient accordée si je ne rapporte rien."
Elle eut un sourire mince, et se passa la main dans la nuque. Le prêtre l'avait soignée mais elle n'échapperait pas au bleu.

"La lutte pour l'existence? Je comprends. Les actes de votre temple ont fait naître en moi une certaine... Admiration? Le chaos domine cette cité, du moins du côté religieux, et il est normal que vous vouliez vous en sortir."
Elle eut une légère grimace, et détourna le regard.

"J'ai peut-être eu de la chance de tomber sur vous. Peut-être. Peut-être en avez-vous aussi de m'être tombée dessus (à bras raccourcis). Mais..."
Elle soupira. Elle se sentait très fatiguée. Ses journées n'étaient pas normales. Elle travaillait la nuit, le jour, dormait quand elle pouvait, ou pas du tout, et ne mangeait que quand ça faisait partie de son rôle. Elle ne pouvait pas vraiment compter le temps qu'elle avait passé inconsciente comme des heures de sommeil. Il lui restait des sorts. Voilà aussi pourquoi il lui fallait du calme. La magie nécessitait un peu de concentration, même la magie instinctive. Elle se rendit compte qu'elle n'avait rien dit au prêtre à propos de ses capacités auxiliaires. Tant mieux.
"Il va falloir que je me prépare. Qu'est-ce-que vous attendez de moi exactement?"

Elle se gratta le crâne de sa main estropiée, et entreprit de se repeigner les cheveux avec les doigts.

[Mornagest]

Il réfléchit quelques instants. Revenir les mains vides risquait effectivement de lui coûter... mais qu'en avait-il à faire, au fond ? Néanmoins, il pensait pouvoir lui trouver une quelconque utilité...

"Vous allez leur rapporter quelque chose que je vous donnerai. Des notes de ma part... entre autres. Concernant nos intentions. Ils ne pourront pas dire que ça n'a aucune valeur, n'est-ce pas ? Ils vous récompenseront d'une manière ou d'une autre, et vous serez déliée d'eux. À moins qu'ils ne vous acceptent parmi eux, et dans ce cas, tant pis pour vous..."

Il s'arrêta de marcher, puis reprit tranquillement :

"Allez vous reposer. Vous êtes libre de vous promener dans le temple pour l'instant. Ensuite, vous repartiez d'où vous venez. Leur porter ces notes suffira... lorsque vous en aurez terminé, vous serez libre. Mais que je vous revoie ici, et vous ressortirez les pieds devant..."

Il la congédia d'un geste, puis retourna vers sa cellule d'un pas assuré, laissant la demi-orque seule avec ses interrogations. Dans l'immédiat, elle pouvait au moins se reposer... à même le sol.

[Zyl]

Elle poussa un soupir excédé. Le prêtre était déjà loin. Elle aurait bien donné un coup de poing dans le mur pour se débarrasser de la colère qui frissonnait dans sa chair. Mais elle avait fait assez d'erreurs pour aujourd'hui, estima t-elle. Le prêtre n'aurait pu se montrer plus désagréable avec elle. Il était peut-être dans son droit, mais elle ne supportait pas la manière qu'il avait eu d'agir. Sans pouvoir exactement mettre le doigt dessus, il y avait quelque chose qui l'horripilait chez lui, et c'était plus que la colère liée au fait qu'il l'ait maudite.
Elle n'avait jamais vraiment apprécié les clercs. Elle se moquait des dieux comme ils se moquaient d'elle, et par voie de conséquent les prêtres étaient des inutiles, de son point de vue. Des inutiles puissants, cela dit. Est-ce-que son sort lui permettait de la surveiller? Elle n'en savait rien.
Il ne lui avait même pas rendu sa dague. Il allait falloir qu'elle en trouve une autre, ou qu'elle la récupère de quelque manière que ce soit, s'il ne se décidait pas à la lui rendre. Le problème, c'était que "quelque manière que ce soit" n'était plus très ouvert dans son cas, justement à cause de ce maudit sort.
Elle aimait bien sa dague. C'était une arme de bonne facture, et utile avec ça. Elle pouvait rester à distance avec elle. Elle espérait vraiment la retrouver, mais c'était sûrement peine perdue.
Elle avait de nouveau envie de pleurer. Elle voulait tout contrôler, mais n'en avait pas les moyens. Et maintenant, même sa vie n'était plus à sa disposition. Elle était ENCORE perdante. Et même si elle était trop fatiguée pour se laisser aller à une fureur véritable, l'envie lui venait vraiment d'aller briser quelques mâchoires.
Elle s'assit en tailleur et se concentra sur sa respiration. Calme. Tranquillité. Apaisement. Mal de tête. Ecoeurement. Non. Ça ne lui venait pas. Elle était trop frustrée pour pouvoir se calmer. Elle fronça les sourcils, et siffla doucement, le regard fixé sur sa main blessée. Quelques étincelles verdâtres crépitèrent, tournoyèrent un instant avec lenteur autour de ses moignons de doigts, et s'y fixèrent pour former deux doigts illusoires, d'un vert vif un peu transparent. Elle secoua la main et dissipa l'illusion. Ça, ça marchait toujours, au moins.