La Couronne de Cuivre

Une ombre revint dans ses lieux si riche, dont elle commencait à prendre goût par leur saveur exotique, et l'adrénaline procurée par le devant de la scène, sans pour autant avoir les projecteurs fixés sur elle.

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Toi ! La ! Prêt de moi !
Ton souffle au doux parfum des lilas me traversant, me coupant, et me déchiquetant…
Sans palabre, sans soif, tu me séquestres dans ta prison rayonnante, incessant fantôme !
Tu obnubiles mes pensées, mon âme; tu me meurtris, me souris.
Toi ! Qui chancèle mon amour enfantin !
Tu reviens, me tortures, me brises, rien n’est vrai !
Seul ton image transportant mon ivresse à l’allégresse du bonheur, saisissant masque de douleur !
Tu hantes mes rêves de ton visage omnipotent, ayant la finesse d’une déesse au regard perdu dans les tréfonds obscurs;
abyme de la mémoire, de la miséricorde ! Caresse moi !
Toi ! qui titubes sur les sentiers idylliques !
Enlève cette lame pourfendant mon cœur de part en part, sort moi de l’illusoire, éclaire mon esprit de cette nuit d’ébène.
Traîne moi. Aime moi. A jamais ! Ne m’oublie pas ! Entends tu ?
Ta clémence me déchirant !
Ma démence assoiffée désirant moult saveur; le sucré reculant, et l’acide avançant !
Voulant maintes douceur !
Aime moi !
Moi je t’aimerais à jamais.

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Dans la cour de ton jardin, tu respires cette air du sud, ton insouciance battant la quintessence des lieux, le soleil frappant ton doux visage luisant les reflets abstraits. Tu regardes les fleurs vivant autour de toi, tu vois des roses, des tulipes d’un rouge flamboyant, des marguerites que tu saisis à plein poing pour savoir si tu es aimé. Nonchalamment, tu arraches avec douceur les pétales bleutées, et tu les comptes. Tu es heureux.

En face de ton regard d’enfant, tu vois la serre où tu as quelques oiseaux sifflotant la beauté de la journée. Tu l’ouvres et tu rentres ton bras fébrile à l’intérieur, un oiseaux se pose dessus et s’agrippe, tu le caresses du bout des doigts, de peur de lui faire mal. Il semble heureux aussi, et tu souris. Tu souris.

Tu cours, tu es libre, rien ne te retient, tu es l’air, tu voles comme l’air sur la terre. Tu déferles ta passion dans ton environnement. Rien ne pourrait t’enlever ce bonheur que tu détiens si précieusement dans tes mains. Tu l’enveloppes de ta douceur, de ton pragmatisme qui t’habites, de cette rage de vivre qui t’anime. Tu vis.

Contre le courant de la moisson, tu te bats, tu déchaînes ta ferveur menacée par le poison du monde ! Tu te bats. Tu sors de ta torpeur enfantine, tu lances des regards aguichants, montrant que tu es seul maître de ton destin, ton enfance épanouie virevolte au gré de la scintillante pluie, dessinant des arabesques dans le ciel grisé. Tu en veux.

Ô toi ! Qui coule sur mes formes, qui s’introduit en moi avec dureté, tu me pousses dans mes retranchements sordides ! Tu attends ma décrépitude langoureuse, patiente, tu attends ton moment. Tu es indicible, inexplicable par ta grandeur voilée.

Tu viendras, soudain, ma flamme s’éteindra !


Ô toi ! qui s’aventure dans mes épures, qui se glisse dans mon âme fébrile, tu m’agresses de ton air glacial et morbide ! Tu t’attaques à mon cœur déchiré par les incessantes brûlures du temps, espérant le faire céder, face à toi même, tu avances scellant ma vie.

Tu m’as tout prix, rien ne te suffisant, tu en as voulu toujours plus !

Rayon

Regarde! Regarde!
Lance ton appel divin!
Toi, aurore, aube du matin.
Toi qui lève ce rideau de ténèbre.
Qui arrête ce chant funèbre.
Qui dessine ses formes magiques.
Ô toi, quintessence merveilleuse;
Ô toi, essence même de la vie.
Chante! Chante!
Appel cette mélopée enivrante pour la vie!
Laisse nous danser sur ton flux sanguin!
Laisse nous contempler ta peau bleutée!
Cette fine coulée laiteuse en suspension.
Ô incandescente illusion illuminée;
Ô cohorte de fous déraisonnés.
Ne te laisse pas envahir par la noirceur!
Résiste! Résiste!



La puissance de l'écriture
De la vie face à la morsure
J'embrasse la brûlure
Je détruis les murs

Carpe Diem.

Ouverture de la Grande Loge

Depuis quelques temps, une certain agitation ébranlait l'immense et cossue bâtisse du Mélandinopole. Des ouvriers allaient et venaient, tailleurs de pierre, maçons, charpentiers, mais aussi des artistes, des marchands, des tisserands même.

Au bout de quelques temps, une petite batisse de belle facture se dressait à côté de l'imposant théatre. Au dessus de la petite porte en ébène tronait une pancarte finement cisellée annonçant "La Grande Loge, costume et accessoires"

Une vitrine de verre superbement ouvragée laissait entrevoir quelques magnifiques instruments de musique, mais aussi deux splendides costumes de scène.

Quiconque passe la porte est surpris par la chaleur et l'intimité se dégageant des lieux, les couleurs au dominantes rouges et orangées invitent à la détente, quelques fauteuils moelleux attendent les clients les plus indécis. Dans la salle plane une douce odeur, subtile mélange de café torréfié et du pin fraichement scié.

Partout sur les murs, mannequins et étagères sont dispercés au moins un exemplaire de tous les instruments existants sur Toril, et certains provenant même d'autres plans. Des magnifiques costumes, taillés par les plus talentueux artisants mélandiens sont en vente. Pour les bourses plus petites il y a également des instruments d'une qualité extraordinaire pour des prix défiant toute concurrence.

Ici peuvent être achetés n'importe quel article ayant trait à l'art, que ce soit parchemins, plumes, costume, accessoires, instruments, tout est disponnible et à la porté de toutes les bourses. Les plus aisés peuvent même aquérir ou commander ici les tenues les plus opulantes de la cité si tel était leur désir.

Tous sont bienvenus, simples curieux, ou experts consommés chacun a une place en ces lieux et y sera accueilli avec la plus grande cordialité.

Une main ferme se posa sur l'épaule de l'intrus alors qu'il s'apprêttait à sortir. Il avait suivi le petit manège de l'individu. Le vampire n'appréciait guère que l'on se serve de la sorte du bâtiment, le Mélandinopole n'était pas un vestiaire sportif, on n'y rentrait pas pour se changer, et encore moins sans la permission du maître des lieux et sans être acteur. Il entama d'une voix froide, sépulcrale.

Excusez-moi, mais je ne crois pas que nous ayons été présenté... Nathiel Ecthelion, je suis le Seigneur de ces lieux, et votre présence ainsi que votre attitude me... me courroucent, messire...

La figure d'Astaldo se décomposa et, se retournant, il apparut parfaitement gêné avec une pointe de frayeur dans les sourcils. Il ne connaissait pas le nouveau venu, pas encore, mais mieux valait garder un profil bas.

Je suis vraiment confus, monseigneur, je ne pensait pas à mal je vous l'assure. Je reviens d'un voyage éprouvant et, passant par le Mélandinopole je me suis dis, peut-être à tort, que je pourrais un instant abuser de cette remarquable bâtisse pour me mettre plus à l'aise.

Il effectua une révérence souple avant de poursuivre.

Je me nomme Etnad, conteur de mon métier. J'étais quelquefois venus admirer un spectacle en ces murs mais je dosi avouer que mes modestes talents ne me permettent que quelques tournées en province, voire des représentations privées pour qui aime mes services.

Heureusement qu'il en avait terminé avec son déguisement, son sac était à présent fermé et fermement tenu dans ses mains.

Lies entra dans l'immense bâtiment qu'elle aimait à visiter. Mais aujourd'hui, elle ne venait pas seulement flâner, elle venait déposer une requête. Elle voulait donner un concert, en effet, cela fesait longtemps qu'il n'y avait pas eu de tels événements en ces lieux. Elle voulait faire plaisir au peuple mais aussi aux nobles en leur offrant quelques chansons connues et inconnues.

Elle s'avança vers le devant du bâtiment et interpela un homme occupé à trier divers papiers :
"Bonjour cher monsieur. Je me présente à vous pour une demande.
- Bonjour madame, en quoi puis-je vous aider?
- Je voudrais louer le Mélandinopole pour donner un concert. Auriez-vous une date de libre?"
L'homme regarda dans ses registres et lui annonça que le samedi prochain était libre, il y inscrit donc le concert à 22h tapante. Puis, il ordonna à un serviteur de se rendre à l'imprimerie pour faire diffuser des tracts.

Lies régla la note et précisa :
"J’espère que vous y serez avec votre famille, je tiens à vous aussi"
L'homme n'eut pas le temps de répondre que Lies était déjà repartie.

Le vampire leva la tête... Une visite voila qui était inhabituel en cette période relativement creuse de fréquentation... Enfin. D'un simple mot de pouvoir il fit s'embraser la mèche d'une petite lampe à huile posée sur le bureau, si l'obscurité ne lui posait aucun problème, il était peu probable qu'il en aille de même pour son visiteur. Il balaya la salle du regard vérifiant que tout était plus ou moins à sa place avant de parler d'une voix forte afin qu'on l'entende de l'autre côté de la porte capitonnée.

Oui? Entrez !

Le barde pu découvrir une petite pièce coquette et cossue, meublée avec goût de bois sombre, du meurisier sans doute, la pourpre et les tons cramoisis dominaient largement. Au mur du fond était accroché une immense tapisserie aux figures complexes, une forme d'art provenant d'Eau Profonde, que l'on qualifiait d'abstrait. Sous cette tenture tronait un grand bureau magnifiquement ouvragé, derrière lequel était installé le vampire qui le fixait de ses yeux rouges.

Bienvenu Messire, je suis le sieur Ecthelion, propriétaire de cet établissement, ce que vous devez déjà savoir, c'est à quel sujet.

Taliesin dévisagea un instant son interlocuteur : il n’y avait pas à se tromper, c’était un vampire. La dernière expérience du barde avec de tels êtres, c’était dans une crypte, à Manost. Et la conclusion en avait été des plus sanglantes… Cependant, le sieur Ecthelion ne paraissait nullement avoir envie de lui sauter à la gorge ; le barde le salua donc courtoisement et s’adressa à lui d’un ton amical.

-Salutations, messire. Veuillez pardonner ma visite impromptue mais l’on m’a conseillerl de venir vous trouver. Je me nomme Taliesin et j’exerce la profession de barde. Arrivé depuis peu à Mélandis, je désirerais y exercer mon art. D'après ce que j'en ai entendu dire, le Mélandinopole pourrait offrir de telles opportunités...

Le vampire haussa un sourcil, le barde qui se présentait à lui n'avait pas la livrée habituelle de la plupart des manants se prétendant chanteurs ou hommes de scène qui venaient habituellement à lui. Il avait ce petit quelque chose en plus, un peu comme un cafard (private joke comprendra qui pourra)

Les opportunités ce n'est en effet pas ce qui manque ces derniers temps. Comme vous aurez pu le remarquer le Mélandinopole n'est pas particulièrement fréquenté ces temps-ci, mais si vous produire devant une salle presque vide dont un tiers du publique est ivre ne vous pose pas de problème mon cher je vous accorde tout le temps et toute la place qui vous seront nécessaires pour redonner un peu de vie à cet établissement.

Taliesin eut un large sourire :

-J'en serai fort heureux, messire. En ce qui concerne les spectateurs ivres, ils ne posent pas de problème : j’ai maintes fois eu l’occasion de jouer dans des auberges. Le tout est de couvrir leurs braillements avinés et d’éviter les objets qui ont parfois tendance à voler un peu partout… Quant aux salles presque vides, et bien, tenter de les remplir est un défi des plus intéressants !

Le vampire hocha discrètement de la tête, l'individu lui semblait prometteur, et en tout cas, relativement sympathique.

Dans ce Messire Taliesin, je serais ravi de vous employer, nous pourrons discuter des quelques modalités plus tard si vous le désirez. La paye standard des artistes est de deux pièces d'or par représentation, avec naturellement un petit bonus à la clef si la salle est comble, vous vous présenterez, disons deux soirs par semaines durant environ deux heures. De plus si vous le désirez, nous seront fort aises de vous procurer un abris, nous disposons de petites chambres, qui si elles ne sont pas royales, vallent toujours mieux que les auberges miteuses des bas quartiers. J'espère que cela vous satisfera, qu'en dites-vous alors?

Taliesin réfléchit quelques instants.

-Le tarif et l’emploi du temps me conviennent très bien ! En ce qui concerne votre offre de logement, je vous en remercie grandement, mais j’ai déjà loué des chambres pour moi et mon garde du corps à la Mélandienne d’Argent, et ce, pour plusieurs semaines… Le tenancier n’apprécierait peut-être pas trop de me voir faire mes valises si rapidement…

Le barde n’avait pas envie de se froisser avec qui que ce soit alors qu’il venait à peine d'arriver.

Hochant doucement de la tête le vampire répondit.

Très bien, si cela ne vous pose aucun problème vous pourriez commencer dès ce soir et vous représenter à nouveaux dans deux jours, ainsi de suite chaque semaine.

Concernant votre logement, je crois savoir que vous n'êtes pas originaires de Melandis, je ne saurais que vous recommander chaudement de rester sur vos gardes, les... "accidents" sont fréquents, surtout aux gens de votre espèce. Si jamais vous veniez à... vous sentir menacés plus que de raison à l'avenir, sachez que mon offre d'hébergement sera toujours de rigueur, pour vous, comme pour votre compagnon de route, vous serez en sécurité autant que l'on puisse l'être au théatre. Sur ce, il me reste plusieurs affaires à regler avant la fin de la nuit et je vais donc devoir vous congédier, je vous souhaite une agréable fin de... nuit mon cher Taliesin, à bientôt j'ose espèrer.

A l’heure dite, Taliesin se présenta à nouveau. Les employés le menèrent vers l’amphithéâtre où il devait officier et il put constater que, comme l’avait indiqué Nathiel Ecthelion, les imposants gradins étaient plus qu’à moitié vides. Lorsqu’il fut monté sur scène et qu’il eut commencé à jouer, il eut tout le loisir d’observer l’agitation et l’inattention de l’assistance : certains spectateurs étaient occupés à boire ou à manger, d’autres semblaient tout juste avoir terminé et bavardaient allègrement. Au final, très peu de monte lui prêtait vraiment attention.

Sans s’en formaliser, le barde poursuivit sereinement sa représentation. Pour les premiers morceaux, il chanta en s’accompagnant de sa seule harpe, puis, il lança discrètement quelques tours de magie.

Taliesin --> Percussions --> Amphithéâtre
Taliesin --> Son imaginaire --> Amphithéâtre

La musique prit alors une autre dimension. Progressivement, de nouveaux instruments se firent entendre et se mêlèrent jusqu’à former un véritable orchestre. Puis ce furent d’invisibles choristes qui joignirent leurs voix à celle du barde. L’effet était pour le moins saisissant.

Après deux heures ininterrompues de ballades, de danses et de gestes épiques, Taliesin se leva et s’inclina profondément. Il était couvert de sueur et complètement épuisé : il n’avait pas ménagé ses efforts, bien au contraire. Restait à voir si les spectateurs avaient apprécié.

[HRP : bonjour c'est moi l'homme en retard !]

Dans la salle quelques ivrognes avaient roulé sous la table pendant la représentation, mais la majeure partie de l'auditorium était resté immobile et attentif au spectacle qui réjouissait leur ouïe de même que leur vue. Rarement on leur avait servit un artiste pareil.

Quelques uns s'en allèrent naturellement déçus de ne pas retrouver les gestes épiques mais surtout cruelles qu'on pouvait parfois entendre, mais la plupart restèrent dans la salle jusqu'à la fin pour faliciter le barde d'une salve d'applaudissements.

En hauteur à l'abris des regards sur un balcon, Nathiel avait tout suivit d'un oeil attentif, il était particulièrement satisfait du résultat, le barde n'avait pas l'attitude hautaine ou mesquine des grands de sa caste, mais il en avait le talent, ce qui le rendait d'autant plus sympathique. Réjouit et ravi d'avoir engagé un aussi bon parti, le vampire reprit sa route vers sion bureau en trainant dans les couloirs.

[Quête — Doublons et démons]

Frenold avait reçu personnellement la demande de Trajnik ... en pleine figure. En effet le petit homme mal rasé lui avait flanqué une sacré dérouillée, et il la sentait encore dans son cou quand il entra dans le Mélandinopole.
Il avait simplement eu le malheur de dire qu'il n'était pas disponible, et voilà le résultat ... il avait donc pris son poignard et une grosse bouteille de tord-boyaux pour se donner du courage.
Le poignard dans sa botte, la bouteille depuis longtemps vidée et perdue sur la route, c'est un homme de taille moyenne, aux cheveux blonds et aux yeux noirs qui entra dans le Mélandinopole. Ses vêtements trahissaient des origines sociales modestes et son visage aux aguets le fait qu'il n'avait pas la conscience tranquille, mais aussi que rien ne le surprendrait. Ce n'était pas une heure de représentation, plutôt de répétition, et il attendit que quelqu'un vint le trouver.

[Quête : le prophête gris]

Le trajet dans les rues animées depuis la Mélandienne d'Argent s’était déroulé sans anicroches et le barde s’engagea sous les arcades du Mélandinopole. Saluant les employés, il suivit les couloirs jusqu’à sa loge où il s’installa pour se préparer. Après avoir passé mentalement en revue, une ultime fois, les morceaux de son programme et soigneusement vérifié sa harpe – la précaution n’était guère utile, vu la qualité exceptionnelle de l’instrument, mais on n’était jamais trop prudent -, le barde quitta la petite salle et s’avança sur la scène dominée par les immenses gradins. Etait-ce une impression due à la disposition anarchique des spectateurs ? Toujours est-ils qu’ils lui semblaient légèrement plus nombreux que lors de la dernière représentation.

Encouragé, l’elfe joua longuement, n’épargnant pas sa peine, et lorsqu’il regagna sa loge, il était épuisé. Il s’assit sur son fauteuil, s’épongea la sueur qui coulait de son front, et se fiant aux réactions qu’avaient eu le public pendant le concert, il nota soigneusement ce qui avait le plus soulevé leur enthousiasme, afin de les satisfaire encore d’avantage à la prochaine séance. Peut-être que s’il devenait assez connu, de hauts dignitaires le remarqueraient, lui ouvrant les portes des hautes sphères où évoluait celui qu’il voulait rencontrer.

[Quête : le prophète gris]

Après un concert, la plupart des artistes aimaient à discuter un peu de la soirée avec l'un ou l'autre des spectateurs, afin de mieux juger de l'impression rendue au long du spectacle.

Taliesin ne dérogeait pas à cette règle, aussi, lorsqu'un représentant des hautes sphères de la société mélandienne vint demander une entrevue avec lui, le barde n'hésita pas et accepta avec enthousiasme. L'occasion était intéressante.

L'homme en question entra dans la loge du barde après avoir frappé doucement. Grand, maigre et l'air sévère, il ne donnait pas envie qu'on lui parle souvent. Mais lorsqu'il se présenta, il sourit, ce qui dérida fortement son visage parcheminé et lugubre.

"Mes hommages, messire. J'ai assisté à votre prestation, et je me permets de vous féliciter pour votre maîtrise. Vous maniez les cordes de votre harpe avec un brio que je n'ai jamais rencontré auparavant !"

Il sourit à nouveau, serrant la main de Taliesin.

"Mais je suis impardonable, je ne me suis même pas présenté ! Je m'appelle Leath, et je suis en réalité venu juger de vos qualités de musicien dans un but précis. Ce qui ne m'empêche pas de les apprécier à leur juste valeur.

J'irai droit au but. Mon maître m'a chargé de trouver la perle rare qui serait à même d'animer le festival qu'il a organisé en ville, et qui se déroulera dans une semaine. Et me voici donc à venir humblement vous demander si la perspective de jouer devant une grande partie des nobles de Melandis vous intéresserait ?"

Il sourit à nouveau, d'une façon amène et franche. Mais bien des gens savaient afficher des expressions qui ne dénotaient absolument pas leurs sentiments.

[Quête : le prophète gris]

Depuis qu’il était à Mélandis, Taliesin avait eu maintes occasions de s’entraîner à cet art subtil de la dissimulation des sentiments. Cependant, Cependant, la proposition le prit au dépourvu et il dut faire effort pour masquer sa totale surprise. Une telle opportunité, si rapidement ? Cela tenait du miracle et ce brusque enchaînement des événements l’effrayait quelque peu : c’était presque trop facile, trop beau pour être vrai.

Mais il ne pouvait refuser une telle offre, et il balaya ses inquiétudes. Souriant à son tour, il se composa l’expression mi-flattée, mi-indifférente de ceux qui ont l’habitude de côtoyer les puissants, mais qui savent apprécier à leur juste valeur les bénéfices qu’ils peuvent en retirer.

-Je suis honoré d’avoir attiré votre attention, messire Leath, et la perspective que vous me faites entrevoir est plus qu’alléchante ! Cependant, pourriez-vous m’en apprendre d’avantage sur celui pour qui j’aurais le plaisir de travailler, et sur ce festival qu’il organise ? Ceci afin de savoir quels types de musique conviendrait à l’événement, et surtout à son auguste assistance.

[Quête : le prophète gris]

Leath sourit en retour. Le barde semblait attiré par la perspective de jouer devant un véritable public, et non devant les pouilleux qui avaient coutume d'assister aux représentations au Mélandinopole. Excellente nouvelle ; un tel gaspillage de talent était inacceptable !

"Mon maître est le seigneur Dilech, il est à la tête d'une coopérative marchande qui a prospéré à Melandis et dans les environs. Mais je ne vais pas développer davantage sa réussite professionnelle. Vous me demandiez quel instrument jouer ? J'ai vraiment apprécié votre façon de manipuler la harpe, et je suis convaincu que mon maître sera du même avis."

Il toussota, s'excusa poliment, puis reprit sur sa lancée :

"Le festival sera organisé sur toute une journée. Outre un banquet, il y aura moults attractions disponibles dans tout le quartier commerçant. La scène sur laquelle vous joueriez sera au centre de la place..."

Il reprit lentement son souffle. L'homme accusait son âge, par cela. Son physique, si effrayant soit-il, ne laissait guère deviner sa vieillesse réelle.

[Quête : le prophête gris]

Le barde acquiesça d’un air approbateur : l’offre semblait vraiment intéressante. Quant à Leath, il paraissait se fatiguer ; l’elfe décida donc de ne pas éterniser outre mesure l’entretien et, mine de rien, il l’orienta vers sa conclusion.

-Très bien, vous pouvez assurer le seigneur Dilech de ma participation, et lui transmettre mes remerciements pour cette opportunité. Y a-t-il des formalités à remplir ? Dois-je me présenter à son domaine, par exemple, ou bien suffit-il que je sois présent le jour du festival ?

[Quête : le prophète gris]

L'homme se refit une contenance, et déclara au barde :

"Fort bien. J'annoncerai à mon maître votre participation à ses divertissements. Ne prenez pas la peine de vous déplacer, il saura que vous viendrez. Je serai présent, mon cher, aussi, venez directement sur la place marchande, quand vous le voudrez."

Leath jeta un petit coup d'oeil alentour dans la loge, distraitement, puis reporta ses yeux sur Taliesin.

"Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, nul doute que vous devez avoir d'autres occupations que discuter avec un vieil homme comme moi. Mes hommages, messire, et à bientôt, dans une semaine !"

Il s'inclina lentement, puis s'en fut tranquillement de la loge de l'artiste.

Lies entra dans le mélandinopole avec un épais dossier. Elle seule savait ce qu'il contenait et, comme à son habitude, elle allait poser ca, non signé bien sur, et repartir vite fait. Mais ce coup ci, quelque chose gêna sa course jusqu'à un pupitre. Elle se cogna à quelque chose...ou plutôt quelqu'un...Et toutes ses feuilles tombèrent sur le sol. Décidément, les feuillets n'étaient vraiment pas très solides. Elle regarde la personne dans laquelle elle venait de se jeter à corps perdu. La capuche un peu de travers, elle tenta de voir ce à quoi il ressemblait.

"Excusez moi...Je ne voulais pas vous foncer dedans...J'étais pressée et d'habitude, il n'y a jamais personne en ces lieux...Je m'appelle Lies Ecthelion."

Lies ne savait pas trop comment réagir face à ce qui semblait être un homme. Il faudrait vraiment qu'elle songe un jour à raccourcir cette fichue capuche. Elle baissa un peu plus la tête car elle était vraiment honteuse de toujours foncer dans des inconnus. Après Nathiel, voilà qu'elle recommençait avec un autre homme. Puis, elle se dit comme pour elle même :

"Je devrai me lancer dans le théatre plutôt que le chant, je fais de si belles entrées théâtrales..."

[Quête : le prophète gris]

Taliesin avait quitté sa loge peu après le départ de Leath et, plongé dans les pensées qu’avait suscité cet entretien, il ne vit pas approcher la silhouette encapuchonnée et fut tout aussi surpris qu’elle par leur brutale rencontre.

Restant un instant immobile, à la fois dérouté et confus, il écouta parler la jeune femme. Lies Ecthelion… A n’en pas douter, c’était une parente de Nathiel, et cette collision avait bien l’air d’une bourde qu’il aurait tout lieu de regretter par la suite. Cependant, son interlocutrice ne paraissait pas scandalisée. Au contraire, elle semblait même tout aussi gênée que lui.

-Ce n’est pas votre faute, madame : j’avais la tête ailleurs et je n’ai pas vraiment pris garde à ce qu’il y avait devant moi… dit-il courtoisement. Je vous prie de bien vouloir m’en excuser. Je me nomme Taliesin et, même si les circonstances sont pour le moins inhabituelles, je suis enchanté de faire votre rencontre.

Sur ces mots, il s’inclina avec déférence et remarqua alors les feuillets gisant, épars, sur le sol.

-Permettez que j'essaie de réparer ma maladresse…

Sans attendre la réponse de Lies, il s’agenouilla et commença à rassembler les papiers.

[Quête : Le prophète gris, inscrutage de Lies !]

[color= #FFFF66]-Permettez que j'essaie de réparer ma maladresse…[/color] Le barde était agenouillé entrain de ramasser les feuilles, Lies se baissa et l'aida. Ils ramassèrent toutes les feuilles et arrivé à la dernière, tous deux cherchèrent à la prendre en main...Mais l'un l'autre se touchèrent la main et non la feuille. Lies retira sa main et regarda le barde. Il semblait tout aussi gêné qu'elle. Alors, comme pour rompre un silence trop malsain, Lies s'entendit demander au barde ce qu'il faisait en ces lieux :

"Vous n'êtes pas du coin n'est ce pas? Vous êtes en ces lieux pour affaire? J'y viens assez régulièrement pour déposer chansons et poèmes, j'aimerai tant faire découvrir le chant et la poésie aux gens de cette contrée. Mais ils ne semblent pas être attentif à ce genre d'activités." Elle lui sourit tout en attendant sa réponse, tout deux étaient encore baissés et aucun ne songeait, à ce moment là, à ramasser la dernière feuille.

Taliesin lui rendit son sourire.

-Vous ne vous trompez pas : je suis étranger à la ville, et je ne suis en ses murs que depuis une semaine. J’exercer la profession de barde, et, à mon arrivée, le directeur de cet établissement m’a engagé pour donner des concerts… Aujourd’hui, c’était ma deuxième représentation. Mais assez parlé de moi… Vous pratiquez le chant et la poésie, m’avez-vous dit ? Et bien, vous ne devriez pas désespérer de vos concitoyens : à ma grande surprise, certains se sont montrés particulièrement mélomanes !

[...]"à ma grande surprise, certains se sont montrés particulièrement mélomanes !
- Oh? Mais j'ai voulu donner une représentation, et personne n'est venue, pas même le gérant des locaux. Seul Sir Ecthelion est venu. J'aimerai fort bien retenter quelque chose, j'aimerai faire du théatre chantant mais je n'ai que trop peu d'artistes. J'aime chanter mais je ne me suis jamais produite devant des spectateurs autre que mon fils et mes animaux.
Vous êtes étrangers à la ville? D'où venez-vous? J'ai entendu parler de nombreuses villes aux abords de Melandis, mais je n'en ai jamais visité aucune."

Lies regarda le jeune homme, il était plutôt beau gosse et il avait de magnifiques cheveux longs. elle regarda en souriant, elle espérait qu'il lui proposerait quelque chose.