La Couronne de Cuivre

[Quête : l’invasion des ombres]

Iluvatar faisait les cent pas : pourquoi n'avait-il toujours aucun signe pour lancer l'assaut? Y avait il un problème quelconque?

Ce retard ne pouvait signifier qu'une chose : un imprévu assez dérangeant pour que les résistants décident de rester dans l'ombre à attendre.

Un de ses éclaireurs lui rapporta qu'il avait vu des troupes d'hommes armés converger vers les quais militaires. Le paladin palît à cette annonce. Il ordonna immédiatement que ses hommes se tiennent prêts à tout moment : il avait bien l'intention de retourner aux égoûts marins pour obtenir des explications.

Si un seul élément clochait, lui et sa troupe risquait d'y passer, il alla donc à grands pas, passant par des endroits sombres et peu fréquentés, dans les égoûts.

[Quête : l’invasion des ombres]

Le paladin venant tout droit du parc, il déboula dans le "petit campement" formé par ses hommes. Ils se levèrent tous à son arrivée, les yeux rivés sur lui.

Messieurs, préparez vous, nous partons combattre l'ennemi qui a encerclé les quartiers ouest...

Les hommes auraient hurlé de joie si plusieurs jours auparavant, il n'avait pas appris que la force qui s'opposait à eux et plus de dix fois leur taille... Ils se préparèrent tous avec une certaine excitation néanmoins et furent prêts en quelques minutes.

En route, vers les habitations du quartier ouest...

HRP : Il ne s’agit pas de l’entrepôt où Iluvatar a cantonné ses troupes mais on peut raisonnablement penser que les entrepôts des esclaves se situent dans le même secteur.

[Quête : l’invasion des ombres]

La petite troupe en provenance du parc s’était déplacée sans bruit et sans heurt à travers les rues désertes de la Cité blessée. Plus loin sur leur droite, les insurgés pouvaient voir les fumées de multiples incendies achever de consumer leurs habitations et leurs voisins infortunés. Ce n’est pourtant pas dans cette direction que le rôdeur portait ses pas. Il conduisait les hommes et les femmes en armes vers un complexe de bâtiments hauts aux façades aveugles. Les allées qui séparaient les bâtiments n’étaient pas pavées pour la plupart et il aurait fallu une définition large et accommodante pour les qualifier de rues.

Le demi-elfe fit signe à la petite quarantaine de combattants de se cacher tandis qu’il partait en reconnaissance avec Galathée afin de détecter une première cible et de prendre la mesure des moyens de surveillance dont disposaient les entrepôts.

[Quête : l’invasion des ombres]
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Les rôdeurs furent surpris par l’atmosphère qui régnait aux abords des entrepôts. Tout était calme et bien organisé, comme s’il n’y avait pas un massacre en cours à seulement quelques centaines de mètres. De petits groupes de gardes étaient postés ça et là, discutant nonchalamment avec des marins tout en transportant du coin de l’œil les esclaves en train de charger et décharger des ballots et des caisses. Le dispositif de sécurité avait peut-être été renforcé ; probablement, même. Mais en dehors de cela, l’activité commerciale battait son plein. en se moquant bien du tumulte des combats.
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   [font=&quot]Il était difficile de déterminer exactement le nombre de Luméniens protégeant les environs. En comptant les surveillants et les matelots visibles, le chiffre s’élevait à une trentaine d’individus. Mais il y en avait peut-être d’autres à l’intérieur des bâtiments, et pus sûrement encore à proximité des doks, à peu de distance de là.
[/font]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi observa les marins. La plupart ne portaient pas d’armures et peu d’entre eux étaient vraiment armés. Il s’agissait certainement d’hommes d’équipages de bâtiment marchands aidant à la manœuvre. Les gardes posaient toutefois un vrai problème : sans faire partie de l’élite, loin de là, ils étaient tous correctement équipés. Le rôdeur ne voulait pas risquer de perdre trop de monde dans la libération des esclaves. Les volontaires qui l’accompagnaient en étaient presque tous à leur premier combat et ils avaient besoin d’une victoire facile pour prendre confiance en leurs capacités.

Les deux rôdeurs se dirigèrent vers l’arrière d’un petit bâtiment à la périphérie du complexe. De petites lucarnes se découpaient juste sous le toit à trois mètres de hauteur. Le bâtiment ne semblait pas intéresser les gardes et aucune activité n’était visible autour. Kasumi se plaqua contre la façade arrière et joignit ses deux mains devant lui pour faire la courte échelle à Galathée. Il lui chuchota :

- A vous l’honneur ! Dîtes-moi ce que vous voyez.

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée se hissa jusqu'à la petite fenêtre, espérant de pas trop peser sur son compagnon, et en frotta la vitre de sa manche. La pénombre régnait dans le petit entrepôt, mais il était désert. Quelques caisses éparses traînaient sur la terre battue, leur couvercle entrouvert les révélant vides. Dans un coin, un monceau de planches vermoulues, débris non identifiables, trônait, abandonné. Les traces de pas dans la poussière semblaient cependant récentes. Quoi qu'il y ait eu dans ce hangar, ce n'était plus là, et sans doute désormais à bord d'un navire.
" Il n'y a rien du tout..." souffla Galathée à Kasumi, avant de redescendre. " Songiez-vous à vous y introduire pour investir ensuite les autres parties du complexe? Je pense avoir vu des portes sur le mur du fond, mais évidemment, je ne sais pas où elles mènent... Si ça se trouve, elles nous feront regagner les quais."

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi accompagna le mouvement de la rôdeuse lorsqu’elle redescendit de sa position perchée. Il hocha la tête pour lui faire signe qu’il avait compris. Il se rapprocha d’elle de manière à chuchoter le plus discrètement possible.

- Cet entrepôt fera un excellent abri pour une trentaine de nos hommes. Ils seront ainsi moins exposés à une patrouille inopportune et cela les rapproche de notre objectif. Pourriez-vous aller les chercher et me les envoyer par groupes de cinq ?

La rôdeuse s’exécuta de bonne grâce avec la discrétion d’une ombre. Kasumi contourna le bâtiment pour trouver une petite porte menant à l’intérieur. Il vérifia que personne ne rôdait autour avant de tenter de l’ouvrir. Fort heureusement celle-ci n’était pas verrouillée et il prit toutes les précautions pour ne pas la faire grincer. Lorsque le premier groupe arriva, Kasumi leur fit contourner le bâtiment et pénétrer à l’intérieur. Il leur ordonna de barricader les autres issues avec les planches les moins vermoulues. Le bâtiment n’était visiblement qu’un entrepôt isolé et ne pouvait malheureusement pas directement donner accès aux esclaves. L’opération dura quelques minutes sous l’œil attentif du rôdeur. Un groupe de cinq ou six gardes passa à proximité lors de l’un des transferts et il s’en fallut de peu que le groupe ne révèle sa position. Finalement, Galathée revint sans heurt avec les derniers des soldats. Quand elle fut à l’intérieur, le rôdeur lui adressa un sourire et la remercia avant d’exposer la suite de son idée :

- Dix d’entre vous vont m’accompagner. Nous allons surprendre une des patrouilles périphériques. La dernière chose dont nous avons besoin est d’alerter les autres aussi devrons-nous demeurer dissimulés jusqu’à ce qu’ils soient sur nous. Je préfère les capturer que les tuer. Ils sont faiblement armés et l’effet de surprise vous permettra de plaquer vos épées sur leur gorge avant qu’ils ne songent à se défendre. Les autres restent ici et se tiennent prêts à intervenir si la situation dégénère.

Il prit Galathée à part alors que dix des gardes expérimentés se préparaient.

- J’ai besoin de vous. Dans le meilleur des cas, votre charme devrait achever de convaincre les soldats de nous suivre sans protester, dans le pire, votre arc me sauvera une fois de plus la vie.

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée fronça les sourcils une seconde.
" Je dois avouer que je ne vois pas bien où vous voulez en venir... Mais je vous laisse seul juge." fit-elle avec un léger sourire.
Le groupe étant prêt, les deux rôdeurs et les gardes regagnèrent l'extérieur, se glissant discrètement le long des bâtiments. Le quartier des quais était encombré de tonneaux, cageots et autres empilements plus ou moins solides de caisses: ils avaient donc l'embarras du choix. Cependant, le parcours des patrouilles était relativement chaotique et le risque était grand d'être surpris par derrière. Galathée et Kasumi prirent donc le temps d'évaluer le lieu le plus propice à leur intervention, sans pour autant quitter leur zone de repli. Ils finirent par se poser dans une ruelle adjacente, profitant de l'ombre opportune de nombreux fûts en bois, ayant manifestement servi à contenir un alcool fort mais désormais vides. Une fois les gardes rassemblés, ils divisèrent le groupe en deux et se tapirent contre les murs, attendant les Luméniens de pied ferme.

[Quête : l’invasion des ombres]
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Accroupis derrière leurs fûts, les résistants attendirent, attendirent et… attenndirent. Leur position ne tarda pas à devenir inconfortable et le temps à leur paraître long. Très long. Ils en étaient à lutter contre des crampes diverses lorsque, enfin, ils entendirent le bruit de pas se rapprochant dans la ruelle. Une demi douzaine de gardes s'avançaient tranquillement. Dans quelques instants, ils seraient à leur portée… Les rôdeurs et leurs hommes bandèrent leurs muscles endoloris, près à bondir…
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Mais les soldats s’arrêtèrent à quelques mètres d’eux, sortirent leurs pipes et se mirent à deviser tranquillement.
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-Ça a l’air de barder, dans l’quartier des habitations, lança l’un deux en se fourrant dans la bouche le tuyau de sa bouffarde.
-Ouais, carrément. J’espère qu’ils ont prévu des trucs pour empêcher l’incendie de se répandre, sinon toute la ville va cramer.
-En tout cas, j’préfère être ici qu’là-bas.
-Comme tu dis.
-Vous savez pourquoi Nwalk a lancé ça ?
-Y en a qui disent que c’est pour choper des résistants, d’autres que c’est pour traquer l’monstre.
-Le monstre… N’importe quoi. Vous y croyez, vous, à ces conneries ?
-Ben… Y a eu des attaques. Hunter c’est fait buter lors de la dernière.
-Hunter ? Le type qui boitait ?
-Ouais. L’crâne ouvert, d’la cervelle d’partout sur les pavés.
-Ça veut pas dire que c’est un monstre qui lui a fait ça.
-De fait. Mais Gunther l’a vu. L’avait l’air d’un zombi, d’après lui. Tout plein de sang de partout.
-Gunther ? Le type qui louchait ?
-Ouais. L’a réussi à se tirer. Surveillait un groupe d’esclave près de l’entrepôt de verrerie. Tous ses potes y sont passés.
-C’est p’t’être un résistant qui se déguise.
-J’crois pas. D’après Peter…
-Peter, le type qui…
-OUAIS. D’après Peter, donc, ça s’rait un elfe. Le bonhomme qui s’est ramené avec les réfugiés mélandiens. Nwalk l’aurait capturé, torturé, puis zigouillé, mais l’autre aurait pas aimé ça et s’rait revenu pour lui faire la peau.
-Coriace, les elfes.
-Oui.
-Bah, c’est des histoires.
-P’t’être. N’empêche que j’ai réussi à me faire affecter au service de jour. Qu'ce soit un zombi ou un résistant, j’y tiens, à ma cervelle.
-Pour c’qui a d’dans…
-Pfff… En attendant, ma cervelle, à moi, elle marche, et elle me rappelle qu’il est temps d’aller faire not’ rapport. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, m’enfin faut quand même l’dire au capitaine.
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Ils tapèrent le four de leur pipes pour en faire tomber la cendre, et se remirent en marche. Encore deux pas et ils seraient au niveau des fûts.

[Quête : l’invasion des ombres]

L’attente avait été longue mais aucun des soldats ne s’en était plaint. Leur discipline était louable et Kasumi faisait toute confiance aux Manostiens pour réagir promptement dès qu’il en donnerait l’ordre. Un pas, encore un autre, un troisième. Le demi-elfe pouvait voir les bottes des deux premiers Luméniens depuis sa position. L’un d’entre eux parut comme hésiter un moment et ses pieds se tournèrent comme s’il allait subitement avertir ses compagnons de quelque pressentiment néfaste. Trop tard ! Le demi-elfe se faufila de côté et bondit hors de sa cachette comme un diable sortant de sa boîte, une flèche encochée sur son arc. Ses cinq hommes avaient réagi presque aussi promptement et pointèrent leurs lames sous le cou des Luméniens médusés. Les hommes de Galathée surgirent dans leur dos, les prenant en tenaille. Ne leur laissant pas le temps de recouvrer leur esprits, le rôdeur s’adressa à eux dans un murmure aussi glacial que la mort :

- Un cri, un geste et ce sera votre dernier.

[Quête : l’invasion des ombres]
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L’un des hommes ricana.
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   -Nous prenez pas pour des cons ! souffla-t-il. Même si on est bien sages, on crèvera de toute façon. On a vu ce qui est arrivé aux autres. Z’êtes avec le monstre, c’est ça ? Ben alors…
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Il fit un mouvement brusque du bras. L’homme qui le tenait, surpris, n’eut pas le temps de lui trancher la gorge que, déjà, il s’effondrait, une dague planté entre les côtes. Sans doute le Luménien l’avait-il gardé quelque part où il pourrait s’en saisir rapidement, en de telles circonstances…
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Ses camarades tentèrent de profiter de l’aubaine pour se libérer. Mais plus maladroits ou plus lents que lui, aucun n’y parvint. Un instant plus tard, trois Luméniens s’écroulaient dans d’immondes gargouillis mouillés. Les deux autres baissèrent lentement les mains, n’osant plus même respirer tant la pression des lames manostiennes était forte contre leur pomme d’Adam.
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Le premier soldat, se rendant compte que ses collègues avaient échoué, porta la main à la garde de son épée et ouvrit la bouche pour lancer un tonitruant appel à l’aide.

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi fut une nouvelle fois affecté au plus profond de ses convictions par la tournure qu’avait pris l’embuscade. Encore des morts inutiles dont il portait une grande part de responsabilité. Il se sentait coupable pour le Manostien tombé bien sûr mais aussi pour les trois Luméniens tout esclavagistes qu’ils fussent. L’hécatombe ne semblait plus vouloir finir, la guerre déclenchée par Morféa semblait se nourrir de sa propre haine. Ces réflexions furent vite balayées alors que le premier garde s’apprêtait à crier. Un Manostien avait été plus prompt que le rôdeur et s’apprêtait à lui trancher la gorge quand le cri franchit les lèvres de Kasumi sans qu’il ne puisse le retenir.

- Non ! Il suffit !

Cet ordre impérieux s’adressait tant au Luménien qu’à son futur bourreau et eut pour effet de suspendre le geste du Manostien qui ne retira toutefois pas complètement sa lame. Sans quitter des yeux sa victime potentielle, il fit part de son indignation :

- Messire, ils ont occis le jeune Arold.

En effet, le Manostien tombait ne bougeait plus, foudroyé par le coup si bien placé.

- C’est la guerre et ces hommes sont nos prisonniers.

Fixant du regard le Luménien, il ajouta d’une voix altérée :

- N’est-ce pas ?

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Le soldat observa la troupe d’assaillants et, pour la première fois, il sembla prendre conscience des uniformes que la majorité d’entre eux portaient.
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-Fichtre, murmura-t-il, des Manostiens. J’comprends plus rien à ce qui se passe ici, moi…
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Lentement, sa main s’éloigna de la garde de son épée. Ils étaient trop nombreux pour que sa tentative de résistance apporte autre chose que de nouveaux morts. Et puis... ce n'étaient pas des morts-vivants.
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[font=&quot]-Z’avez la réputation d’être loyaux, et j’ai entendu nulle part que vous boulottiez le cerveau des gens. Donc j’imagine que z’êtes pas avec le monstre… Qu’est-ce que vous voulez de nous ?[/font]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée réalisa que Kasumi était passablement éprouvé et prit malgré elle la tête des opérations. Lorsqu’elle ouvrit la bouche, les regards convergèrent dans sa direction, comme surpris.
« Vous allez nous suivre en lieu sûr. Nous sommes trop exposés ici. » fit-elle, jetant un coup d’oeil aux quatre cadavres.
Elle remit sa flèche au carquois et vint se positionner aux côtés de Kasumi, comme pour asseoir sa position. Il n’avait rien dit et elle décida de considérer cela comme un encouragement.
« Vous, occupez-vous des cadavres. » dit-elle en désignant les hommes qui s’étaient rangés de son côté. « Et dépêchons-nous, une nouvelle patrouille peut arriver à tout moment. »

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi était comme hypnotisé. Il fixait d’un regard vide le soldat qui avait finalement renoncé à se battre. Lentement, très lentement, il baissa son arc et laissa la corde perdre sa tension, la flèche néanmoins encochée. Une voix distante vint le rappeler à la réalité de la ruelle. Seuls les derniers mots percèrent la conscience embrumée du rôdeur. Il fallait se dépêcher disait-elle. Oui, ils couraient après le temps depuis si longtemps déjà. Des jours ? Des semaines ? Des mois ? Il ne savait plus… Tout ce sang versé, les batailles livrés, les horreurs semblaient désormais imprégner son quotidien. Avait-il jamais connu autre chose ? Où commençait le rêve ? Où s’achevait la réalité ? L’image d’un rôdeur se promenant insouciant d’où l’amèneraient ses pas, s’amusant des échanges de mots plus ou moins tendus avec une certaine barde, semblait soudain appartenir au royaume des songes comme puisés dans les souvenirs d’un autre…

Sentant une présence toute proche, Kasumi écarquilla les yeux imperceptiblement. Incapable d’articuler un mot, il hocha de la tête pour appuyer les instructions de Galathée. Du reste, les hommes s’exécutaient déjà, peu soucieux de qui leur donnait les ordres du moment qu’ils paraissaient sensés. C’est ainsi que le petit groupe de gardes encadra les hommes chargés de transporter les corps de ceux qui avaient trouvé leur destin dans l’embuscade ainsi que les prisonniers qui furent désarmés sans heurt.

Ils progressèrent jusqu’au bâtiment où attendaient le reste de la troupe. Une fois entrés, la rôdeuse ordonna que l’on place les prisonniers au fond de la salle et que l’on étende le corps des malheureux avant de se tourner vers un Kasumi demeuré près de la porte et enferré dans son mutisme.

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée hésita un instant, puis décida de ne pas le toucher. Elle avait l’impression qu’il aurait pu réagir de mille et une manières, et ne voulait certainement pas le brusquer. Elle le laissa donc tranquille, mais sans s’en écarter, pour le laisser reprendre ses esprits auprès d’une personne bienveillante et propre à en détourner les regards interloqués.

Derrière eux, les prisonniers avaient été entravés et assis contre le mur du fond. Un Manostien, revenu vers les rôdeurs, s’éclaircit la gorge pour attirer leur attention. Galathée se tourna vers lui, l’arrêta d’un geste.
« Messire Kasumi et moi-même avons à discuter. » annonça-t-elle d’une voix plus rude qu’elle ne l’avait voulu.
Le garde s’immobilisa, presque au garde à vous, et Galathée s’en voulut de l’avoir apostrophé de la sorte. Elle désamorça la situation d’un sourire et il se relâcha.
« Nous aurons peut-être besoin des uniformes de ces patrouilleurs. Pouvez-vous en dépouiller les morts et emprunter les leurs aux prisonniers ? Faites en sorte de ne pas les humilier inutilement : un échange de vêtements avec les plus capables de nos hommes devrait faire l’affaire. »
Le Manostien acquiesça avec empressement et repartit vers le fond du hangar, donnant rapidement des directives. Galathée s’en voulut de ne pas lui avoir demandé son nom mais elle avait d'autres soucis en tête: son compagnon n’avait toujours pas desserré les lèvres.
« Kasumi, vous vous sentez bien ? » murmura-t-elle à voix basse. « Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous ? »

Curieusement, elle se sentait de plus en plus calme, de plus en plus déterminée. Elle savait que c’était une impression trompeuse, qu’une carapace factice se construisait peu à peu autour de son être éprouvé, mais sans le guérir d’aucune manière. Pour l’heure, cette sérénité de glace avait son utilité, même sa nécessité. Elle n’avait pas l’intention d’y toucher.

[Quête : l’invasion des ombres]

Depuis qu’il était entré dans le bâtiment, Kasumi laissait son regard balayer les personnes rassemblées à la hâte dans les rues de Luménis. Ces gens n’avaient pas choisi leur sort et un grand nombre d’entre eux verserait le sang, le leur ou celui des autres avant la tombée de la nuit. L’assemblée était hétéroclite, composée pour la plupart de jeunes citoyens qui avaient pourtant déjà vu plus d’horreurs que maint vétérans de l’armée. Le rôdeur serra les poings un moment comme pour retenir la haine qui menaçait de l’envahir. Il ne fallait pas la laisser agir à sa place, elle ne mènerait qu’à plus de morts inutiles. Fermant les yeux, il laissa son esprit voyager pendant l’espace d’une seconde, il rechercha le vide, il affermit sa résolution, ses sensations revinrent brusquement au présent comme s’il avait été rappelé à l’ordre brusquement après quelque rêverie d’enfant. Tout ce que son esprit avait un temps relégué au second plan lui apparut clairement. Une voix le toucha plus profondément que les autres sensations récentes, une voix calme et déterminée. Par delà la brume, il s’était efforcé de la suivre sans même s’en rendre compte. Maintenant elle le pressait d’agir, de l’aider.

Galathée se tenait là devant lui. Se concentrant sur elle, il fut envahit d’un sentiment de honte pour s’être laissé aller. La jeune femme semblait bien plus gravement atteinte que lui. Elle avait traversé seule le massacre après tout et faisait preuve de discernement là où il avait flanché. Il la surprit en lui posant une main sur l’épaule et en la regardant droit dans les yeux, s’exprimant d’une voix ne laissant rien transparaître de son état précédent :

- Vous en faites déjà tant pour moi.

Le rouge lui montant aux joues d’avoir laissé échapper ces mots, il ajouta avec un sourire espiègle comme pour effacer sa réplique précédente :

- Cela dit, si vous me proposiez un repas chaud, je n’aurais pas le courage de refuser malgré la situation.

Quête: L'invasion des ombres.

Le soudain revirement de Kasumi prit la rôdeuse au dépourvu, et elle ne put empêcher l’apparition d’une légère incrédulité sur ses traits. Mais elle sourit à son dernier commentaire.
« Je pense qu’à moins d’apprécier le rat rôti, c’est en dehors de mes compétences. » fit-elle simplement, en baissant les yeux.
Puis, se dégageant, elle désigna les hommes rassemblés dans la pénombre d’un mouvement.
« Je pense que nous devrions bouger rapidement. Cet entrepôt nous dissimule comme il nous piège... Avez-vous un plan ? »

[Quête : l’invasion des ombres]

Le rôdeur avisa quatre des soldats de l’ambassade qui avaient troqué leur livrée manostienne pour les tuniques des gardes Luméniens. Les deux dernières furent tendues à Kasumi qui s’en saisit avec un mot de reconnaissance. En choisissant une à sa taille, il se débarrassa de sa propre tunique déchirée et tâchée en maints endroits. Un certain nombre de cicatrices apparemment récentes parsemaient sa peau ainsi exposée. Après s’être rhabillé, il fit une moue dégoutée presque comique quand sa main passa au travers d’un trou de son habit de rôdeur. Il roula en boule le vêtement inutilisable et le rangea dans son sac avant de reporter l’attention sur Galathée. Son regard détailla ostensiblement la tunique rouge qu’elle portait. Il lui tendit la seconde tenue de garde, à peu près à sa taille d’après ses propres estimations. D’un ton presque joyeux, il lui répondit alors qu’elle s’en saisissait :

- Tout le monde sait que les rats des docks sont un peu filandreux. Pour la peine, vous voilà affectée à la garde des entrepôts.

Alors qu’il soupçonnait un brin d’incrédulité dans le regard de la rôdeuse, Kasumi embraya presqu’aussitôt, plus loquace que jamais.

- Vous pouvez vous changer derrière ces caisses, et si vous y trouver un rat comme je le soupçonne, il nous servirait bien mieux comme espion qu’en tant que dîner.

Se tournant vers les faux gardes, il reprit d'un ton plus neutre :

- Cette ruse ne trompera personne si nous nous en approchons trop près mais nous avons une meilleure chance de ne pas passer pour des intrus et de donner immédiatement l'alerte si on nous voit. Que les autres se répartissent en trois groupes mixtes. A présent, nous serons plus en sécurité si nous demeurons en mouvement.

Le rôdeur désigna trois hommes et leur assigna à chacun le commandement d'une unité. Il s'approcahea ensuite des prisonniers et s'accroupit à leur hauteur pour leur parler calmement, sans laisser poindre la moindre trace de menace dans ses propos.

- Je préfère que vous répondiez à nos questions, cela épargnerait bien des vies : nous sommes ici pour les esclaves, où sont-ils cantonnés et combien de surveillants comporte le complexe ?

Quête: L'invasion des ombres.

La rôdeuse profita de l’ombre d’une grande caisse abandonnée dans un coin pour se changer. Elle le fit rapidement et les yeux fermés, incapable de regarder son propre corps, de peur d’y découvrir les stigmates de sa mauvaise rencontre. Echanger la sueur d’un homme contre la sueur d’un autre ne lui fit physiquement aucun bien, mais lorsqu’elle ouvrit les yeux et contempla la tunique rouge abandonnée devant elle, Galathée ne put s’empêcher de ressentir une forme diffuse de soulagement. Comme si elle avait pu se débarrasser d’une peau morte, à la manière d’un reptile qui mue au changement de saison.
Elle prit deux longues inspirations, puis elle scruta les ténèbres autour d’elle, projetant son esprit dans les recoins obscurs. Après quelques secondes de recherche, une conscience furtive lui rendit son contact, curieuse, malicieuse, mutine, même, prête à se laisser tenter.

Galathée rejoignit Kasumi, un gros rat noir dans la main gauche. C’était un animal bien nourri, au poil lustré, aux longues moustaches, qui semblait toiser les humains avec suffisance. La queue enroulée autour de l’avant-bras de la rôdeuse, il couina avec mauvaise humeur en apercevant l’hermine de Kasumi mais ne se déroba pas.
« Je nous ai trouvé un espion. » annonça-t-elle doucement, pour ne pas déranger l’échange qui s’était engagé.

[Quête : l’invasion des ombres]
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Les gardes jetèrent un regard curieux à Galathée lorsqu’elle revint avec son nouvel allié ; puis ils se réintéressèrent à Kasumi. Celui qui apparaissait comme le chef du groupe finit par prendre la parole.
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-Même si je voulais vous répondre – ce qui est pas évident, parce que se laisser capturer c’est tout d’même pas pareil que d’donner des infos à l’ennemi - j’en s’rai bien incapable. Les esclaves logent là où leur maître leur dit d'loger : ça peut être dans un entrepôt avec ses marchandises, ou bien chez lui. Y a pas d’endroit où ils sont regroupés. En plus, là, vu l’heure, la plupart sont au turbin. Et pour les surveillants, ben là encore, ça dépend du bon vouloir du patron. Généralement, y en a deux ou trois pour garder un p’tit groupe... des fois pus, si les esclaves sont un peu r’muant. Au total, j’saurai pas vous dire combien y en a. Pluiurs dizaines, c’est sûr, mais après...

[Quête : l’invasion des ombres]

Voilà qui ne les avançait guère. Bien que le soldat en ait peu révélé qui puisse les aider, le rôdeur soupçonnait déjà qu’il n’en tirerait pas davantage même s’il en avait eu le temps. Un temps qui jouait contre eux quand chaque instant risquait de les voir découverts, pris au piège dans ce bâtiment. Il faudrait se contenter du peu que le Luménien en avait dit. Kasumi pensait pouvoir s’y fier jusqu’à un certain point. Il n’avait pas détecté de trace de nervosité révélatrice d’un mensonge dans ses yeux et du reste il n’avait pas de raisons de penser que ces informations furent destinées à le tromper. Ils n’avanceraient pas tout à fait à l’aveuglette cependant… Se faisant cette réflexion, il observa le nouveau compagnon de Galathée avec un air satisfait. Il se releva sans geste brusque en se désintéressant ostensiblement des trois Luméniens entravés, muet quant au sort qu’il leur réservait.

D’une voix sans émotion, il ordonna à un soldat de les bâillonner pour qu’ils ne donnent pas l’alerte. Quand ce dernier se fut exécuté, le rôdeur se pencha à nouveau vers le prisonnier et reprit de la même voix froide :

- Priez pour que nous revenions vous délivrer plutôt que vos soi-disant amis. Je suis bien en peine de penser que vous ne sachiez pas ce dont ils sont capables et réduire leurs pareils en esclavage n’en est pas forcément le pire.

Prenant à part les trois hommes désignés pour mener chacun des trois groupes ainsi que tous ceux qui portaient les uniformes de leur ennemi, il leur exposa son plan hors de portée des prisonniers :

- Je vous ai séparé en trois groupes pour que vous puissiez réagir plus rapidement à la situation mais vous resterez groupés pour le moment. Vous nous suivrez le plus discrètement possible et interviendrez en fonction de nos instructions. Si je lève un poing comme ça, attendez en vous cachant, si je le fais deux fois préparez-vous à attaquez dans la direction que je vous désignerai.
Galathée, vous serez mes yeux là où je ne pourrai voir. Votre espion nous permettra de savoir ce que cachent ces entrepôts.

Se dirigeant vers la sortie, il ajouta dans un souffle à l’intention de tous :

- En route maintenant et pas d’héroïsme mal placé.

Le rôdeur avait en tête d’éviter, dans un premier temps, la zone où ils avaient aperçu le grand regroupement de gardes pour s’intéresser aux bâtiments situés en périphérie de l’activité principale. Il envoya néanmoins trois éclaireurs discrets pour l’avertir si ces derniers faisaient mine de changer de position.

Quête: L'invasion des ombres.

Kasumi semblait avoir recouvré tous ses moyens. A peine sortie à l'air libre, Galathée envoya son compagnon rongeur en éclaireur. Rompu aux subtilités du terrain portuaire, le rat s'élança dans la ruelle, rasant le long des murs, se faufilant d'anfractuosité en pile de planches, sans ralentir. La rôdeuse avait la vague impression qu’il savait exactement où les mener, malgré son faux air désinvolte, mais elle fit signe au groupe de les suivre, et l’escouade de pseudo-gardes luméniens se déploya dans l’artère, bientôt suivis par leurs renforts.
L’animal venait d’atteindre un entrepôt périphérique, mollement gardé par trois hommes en armes. La rôdeuse ferma les yeux un instant, tentant d’appréhender au mieux ce que lui renvoyait le rat, mais elle ne partageait qu’un lien ténu avec lui, et l’esprit de la créature était trop alerte pour que son emprise soit aisée.
« Je pense... Il doit y avoir quelques personnes dans cet entrepôt. Entre quatre et six, je dirais. Qui travaillent sur quelque chose de comestible... de comestible pour un rat, en tout cas. Une de ces personnes... non, ça n’a aucun intérêt, ça... »
Galathée sourit et posa les yeux sur Kasumi.
« Pas toujours évident de trier ce qui ne concerne que l’hôte... » fit-elle pour justifier ses dernières paroles.

[Quête : l’invasion des ombres]

Le rôdeur passa la tête au coin de la rue pour aviser les trois gardes qui se tenaient devant la porte ouverte d’un hangar. Ils ne semblaient pas très attentifs mais, pour autant, il ne serait pas aisé de pénétrer à l’intérieur de l’entrepôt sans passer devant leur nez. Kasumi répugnait à tuer ces gens tant qu’il pouvait faire autrement. Il ne pouvait pas tuer de sang froid des gardes qui pouvaient se révéler, malgré les apparences, des pères de famille honorables. D’autre part, la guerre ne se gagnerait pas sans la défection d’une partie de la garde et massacrer à tout va ne les y encouragerait pas. Il revint à pas de loups vers les renforts. Il choisit trois soldats équipés d’arcs et leur dit de rejoindre sa position initiale près de Galathée. Il ordonna ensuite à deux groupes de contourner l’entrepôt et de s’y tenir prêts. Le dernier groupe le suivit alors qu’il rejoignait le coin du bâtiment où patientaient les faux patrouilleurs, les trois archers et Galathée. Il donna ses instructions à voix étouffée :

- Merci Galathée, c’est plus que suffisant, je vous assure. Intervenez s’ils font mine de s’enfuir ou de se battre. Je vous laisse ce groupe qui protègera vos arrières.

Il désigna les douze hommes et femmes qui formaient l’une des trois escouades. Se tournant ensuite vers les quatre hommes en uniforme Luméniens, il ajouta :

- Suivez-moi et soyez prêts à réagir, je ne veux pas de blessés parmi vous.

Il déboucha dans la ruelle et s’avança nonchalamment vers les portes du bâtiment. S’arrêtant à quelques pas, il s’adressa à l’homme le plus proche d’une voix légèrement inquiète :

- Rien à signaler de votre côté ? J’ai cru entendre un bruit.

[Quête : l’invasion des ombres]
 <o></o>
Les hommes d’armes observèrent les nouveaux venus avec une indifférence polie. Ils ne portaient pas d’uniforme, mais de simples armures de cuir. Visiblement, il devait s’agir de gardes privés. A la question que leur posa Kasumi, ils échangèrent des regards étonnés, puis haussèrent les épaules.
 <o></o>
[font=&quot]-On a rien entendus, nous, fit l’homme qu’avait interpellé le rôdeur. Enfin, à part les bruits habituels de nos gars qui travaillent. Mais sinon, tout est calme, par ici.[/font]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le rôdeur se déplaça hors de la mire de ses archers avec la même nonchalance, l’air de chercher à identifier un bruit. Sans prévenir, il se précipita vers le soldat qui avait répondu. Son épée courte était apparue dans sa main comme par magie et elle se retrouva sous la gorge du malheureux avant qu’il n'ait pu esquisser le moindre mouvement. De son autre main, il maintint une prise ferme sur le pommeau de l’épée du garde, toujours enferrée dans son fourreau. Les quatre autres hommes de Kasumi tentaient de maîtriser les deux autres gardiens avec un peu plus de prudence toutefois.

- Ne résistez pas si vous tenez à la vie !

[Quête : l’invasion des ombres]
 <o></o>
[font=&quot]Le combat se termina aussi brusquement qu’il avait débuté, et les trois malheureux gardes furent maîtrisés sans autre dommages qu’une pommette fendue pour un Manostien qui avait écopé d’un vigoureux coup de point. Il n’y avait pas eu de cris, d’appels au secours, et il était plus que probable qu’aucun soldat luménien n’ait été alerté. Cependant, la brève lutte ne s’était pas déroulée sans le moindre bruit, et un esclave ne tarde pas à apparaître par la porte ouverte de l’entrepôt, jetant un regard médusé sur le petit groupe qui lui faisait face. A voir sa mine, il était évident qu’il ne comprenait goutte à ce qui se passait : des soldats s’en prenant à ses gardiens, c’était pour le moins déroutant.
[/font]

[Quête : l’invasion des ombres]

Les trois Luméniens furent désarmés sans offrir plus de résistance. Kasumi fit signe au groupe protégeant la ruelle derrière Galathée de s’approcher. Ils aidèrent à fouiller les prisonniers et les amenèrent à l’intérieur pour les dépouiller de leurs armures. Alors qu’une partie des soldats s’activait à les bâillonner et à les attacher et qu’une autre prenait position dans la ruelle pour prévenir en cas d'attaque, le rôdeur reporta toute son attention sur l’esclave qui n’avait pas bougé ni fait mine de parler. Il était vêtu très sobrement d’une tunique et de braies en lin en partie déchirées. S’il ne semblait pas avoir été privé de nourriture depuis trop longtemps, son visage et ses mains crasseux témoignaient de ses conditions de détention. Kasumi rangea son épée et s’approcha de lui pour le saluer en accompagnant ses paroles d’un sourire rassurant.

- Je suis Kasumi de Manost, nous sommes là pour vous libérer. Reste-t-il des surveillants à l’intérieur ?

Comme l’homme signifiait que non de la tête sans pour autant ouvrir la bouche, Kasumi parla d’une voix adoucie à Galathée qui s’était finalement approchée :

- Auriez-vous l’amabilité de délivrer les camarades de cet homme ? Pardonnez-moi, je ne vous ai pas demandé votre nom, monsieur ?

Remarquant au dernier moment ses lèvres desséchées, le rôdeur lui tendit une outre d'eau.

[Quête : l’invasion des ombres]
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-Je m’appelle Horst…fit l’homme en prenant l’outre. Et il y a plus de gardes, dedans. On chargeait du grain, et on avait rien qui aurait pu nous servir d’armes. Donc pouvaient se la couler douce…

[font=&quot]Débouchant le récipient, il en huma le contenu avec circonspection. Puis, rassuré, il en but plusieurs gorgées. Pendant ce temps, les deux rôdeurs purent jeter un coup d’œil à l’intérieur de l’entrepôt. D’où ils étaient, ils ne pouvaient voir que de hauts empilements de sacs contenant visiblement du blé. Nul bruit ne se faisait entendre. Les esclaves, probablement intrigués, avaient dû cesser le travail en attendant le retour de leur camarade parti aux nouvelles.[/font]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée pénétra plus avant dans l’entrepôt, Horst sur les talons.
« Combien êtes-vous ? Pouvez-vous leur dire de sortir ? » commença-t-elle, scrutant la pénombre.
Le rat galopait dans le grain, s’emplissant tranquillement la panse à présent que les humains avaient délaissé leur labeur. Chemin faisant, sa route croisa celle d’un des esclaves embusqués, qui poussa un cri de surprise, et apparut brusquement dans la lumière. C’était une femme encore jeune, les cheveux blonds lui retombant dans les yeux, et Galathée nota qu’elle avait les traits légèrement elfiques. Sans doute avait-elle un sang mêlé parmi ses géniteurs.
« Approchez, nous ne vous voulons pas de mal... » fit la rôdeuse, en rangeant son arc sur son épaule.
La jeune femme s’avança, bientôt rejointe par une fillette d’une dizaine d’années, qui lui prit vigoureusement la main et s’accrocha à sa jupe sale. Un homme quitta l’ombre à son tour, le regard défiant dans un visage qui portait encore la marque cuisante d’un coup de fouet. Il était bâti comme un taureau, mais marchait lentement, tentant de masquer une légère boiterie. Ses pieds portaient des fers usés, qui lui permettaient tout juste de marcher. Puis vinrent deux adolescents inquiets, des frères apparemment, l’un dans les pas de l’autre. Tous avaient les cheveux grisés par la poussière du grain, les yeux rougis, les traits tirés, la sueur maculant leurs vêtements. Lorsqu’ils eurent rejoint Horst, derrière lequel ils se rangèrent presque instinctivement, Galathée nota que la jeune fille était enceinte, probablement de près de six mois.
Quelle fine équipe, songea-t-elle avec amertume.
« Nous sommes venus vous rendre la liberté. » leur dit-elle.
Au milieu d’un quartier en proie aux flammes et au massacre.
« Nous sommes en train de... de nous opposer à Morféa Nwalk. Si certains d’entre vous le souhaitent, vous pouvez vous joindre à nous. Quant aux autres... Nous allons... vous mettre en sécurité. »

La Couronne de Cuivre

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