La Couronne de Cuivre

Leur hôte nain - le dénommé Fandor - s'était repris peu après que Pandor se fut glissé à son tour dans son domicile. Il se tourna vers Rufie, ses sourcils brousailleux relevés par une certaine impatience sinon de la colère :

- Mais enfin, qui êtes-vous à la fin pour vous introduire comme ça chez les gens ?!

Rufie esquissa une courbette parfaitement déplacée et sourit de toutes ses dents avant de répondre avec assurance :

- Qui je suis importe peu : je viens pour affaires. Je suis venu recouvrer la dette du Collecteur.

Le nain se figea et blémit visiblement à cette affirmation avant de fermer prestement et nerveusement la porte.

- Quoi, après toutes ces années ? Et que puis-je pour Son service ?

- Oh, trois fois rien et quelque-chose qui entre parfaitement dans vos attributions : un sceau officiel pour nous rendre, mon ami et moi, dans la cité inférieure.

Pandor admira avec intérêt les couleurs que prenait le visage du nain, rouge pour les oreilles, le cou et son gros nez, blanc gris pour le reste.
S'il ne comprenait pas cette histoire de dette et de collecteur, il sut que le nain était un tantinet contrarié par la demande de Rufie.

Le nain ne s'épancha pas sur les réponses qui taraudaient Pandor et se contenta de grommeler en se dirigeant vers sa porte. Un instant suspendu fit penser qu'il allait tenter de mettre les intrus dehors de ses pénates mais il tira le verrou comme pour éviter une nouvelle effraction.

- Restez ici, je n'en ai pas pour longtemps !

Il se dirigea au fond de la pièce et actionna un levier dissimulé pour ouvrir un pan de mur derrière lequel il disparut, laissant les deux halfelins seuls. Rufie semblait maintenant fort satisfait de la tournure des événements à en juger par son sourire narquois. Sourire sui disparut aussitôt lorsque l'accès se referma et que la pièce commença à se remplir d'un gaz nauséabond.

- Rufie, c'est normal qu'il envoi du gaz qui sent pas bon ton ami ? dit Pandor en se pinçant le nez. Il se précipita sur le verrou de la porte extérieure et l'actionna pour sortir. Une fois dehors, il se tourna vers Rufie qui était rouge de colère : Ta dette risque d'être plus difficile à recouvrer que prévu. On est pas prêt de le revoir, si tu veux mon avis.

Rufie ne décolérais pas de s'être ainsi laissé tromper par un nain : le dieu des manigances, c'était lui ! Mais il ne comptait certainement pas abandonner aussi facilement à la première embûche : c'était une question d'honneur. Un honneur de voleur mais un honneur tout de même. Il marmonna tout cela dans sa barbe en attendant que la gaz se dissipe avant d'entrer à nouveau dans la maison :

- Si tu préfères rester dehors, tu protègeras nos arrières. Mais je préfèrerais que tu m'accompagnes : je suis certain que mon "ami" s'est échappé par un tunnel. Nous avons vraiment besoin de lui, et il le sait. D'autant plus qu'il pourrait prévenir des personnes qui nous mettraient encore davantage de bâtons dans les roues maintenant que nous avons signalé nos intentions.

Pandor enfonça son chapeau, rajusta les bretelles de son sac et releva le menton montrant sa détermination et dit :

- Rufie ! C'est une question d'honneur pour nous deux, je t'accompagne !

Rufie approuva de la tête et se dirigea vers le fond de la pièce où avait disparu le nain.

Retrouver le levier qu'avait utilisé le nain pour déverrouiller la trappe ne fut guère difficile pour un voleur aussi aguerri que Rufie et ils se retrouvèrent bien vite devant une échelle menant à un étroit et sombre tunnel. Nul doute que la manoeuvre avec le gaz n'évait eu pour but que de les retarder suffisamment pour laisser le temps à leur hôte de prendre une avance conséquente. En effet, ils n'avaient jamais été en danger. Juqu'à maintenant néanmoins car le tunnel pouvait être truffé de pièges invisibles.

- Je vais passer devant. J'ai déjà une petite idée d'où tout cela va nous mener, affirma Rufie avec une assurance incertaine.

Pandor le suivit sans faire de commentaires, preuve qu'il n'était pas sans craindre de nouvelles mauvaises surprises.

Aux collines rouges, Fragon le justicier de Mélandis alla se présenter à la petite communauté, et découvrit qu'aucun enfant n'était perdu. Il c'était fait avoir par ce maudit Pabon !

Grunt tout proche, retarda encore le moment où il comptait révéler sa présence. Il commençait à avoir très très très faim et décida de contourner le groupe pour chasser un peu dans les bois situés au sud.
Comme il manquait furieusement de discrétion dans ses déplacements, il se fit remarquer par les halfelins et Fragon se précipita vers le 1/2 orque.
Grunt était coincé, il devait trouver une explication pour son compagnon humain, et les poneys volants n'étaient guère crédibles...

Le tunnel n'était pour l'heure pas piégé - ou alors Pandor et Rufie avaient eu le pied suffisamment léger pour ne pas déclencher de mauvaises surprises - mais il comportait de nombreuses ramifications suggérant tout un réseau souterrain. Ce n'était guère étonnant dans une ville naine mais cela rappelait davantage les caves des villes humaines.

Pourtant Rufie les menait sans hésiter - il était évident qu'il était déjà venu ici - jusqu'à une porte en bois massif. Le doute n'était plus permis quand il y frappa une série de coups rapides et de coups longs. Un code, Pandor en avait suffisament entendu pour en être certain. La porte s'ouvrit, laissant place à un nain qui ressemblait fort au premier qui les avait joyeusement gazés. Le nain répondit néanmoins d'une voix fort différente, signe qu'il ne s'agissait pas de leur premier hôte :

- Tiens donc, voici les nouveaux venus halfelins. Enfin, pas si nouveau, ajouta-t-il avec un regard appuyé à Rufie. Avec les gars, on se demandait combien de temps vous alliez patienter avant de faire appel au conseil de l'ombre.

Derrière le nain, Pabon devinait une grande salle bien éclairée qui n'avait plus rien à voir avec les tunnels et les quelques salles qu'ils avaient parcourus jusque-là.

Pandor se rapprocha de Rufie et lui chuchota à l'oreille :

- Je sais que tu n'est pas un inconnu ici, mais j'espère qu'on en repartira sans bagarre, ils sont un peu trop nombreux pour ça.

Rufie lui tapota la main pour le rassurer et suivit le nain.
...

Aux collines rouges, Grunt s'expliqua à sa manière devant l'assemblée halfeline suspicieuse, penaud il regarda Fragon et dit :

- Eux partir sans Grunt, eux dirent revenir plus tard, Grunt vouloir manger !

Fragon le regarda perplexe guère plus avancé dans sa recherche de renseignements.
Il lui restait que les halfelins pour l'aider, c'était pas terrible mais toujours mieux que l'halfelin à la cape verte qui l'avait mené dans cette partie de l’île mais qui s'était fait expulser par la présente communauté peu de temps auparavant. Il se tourna vers eux et dit :

- Il semblerait que cette mystérieuse disparition ne soit expliquée qu'après un solide repas à cet énergumène, il n'est pas méchant... surtout bien nourri, rassurez vous je paierai sa pitance.

Rufie se tourna à nouveau vers le porte-parole de leurs hôtes après avoir rasséréné d'un geste son compagnon d'aventures :

- Je ne suis pas ici pour une confrontation. Nous avons maintes fois collaboré par le passé et je crois pouvoir vous intéresser sur une opportunité qui bénéficierait beaucoup à votre organisation. Vous n'avez pas votre pareil pour retrouver les objets ou, dans le cas présent, les personnes dissimulés. De mon côté, je peux vous mettre en relation avec des amis qui pourraient vous fournir de nouveaux débouchés pour vos exportations de biens précieux.

Les nains semblaient plus attentifs que méfiants, ce qui était un début assez inespéré après l'épisode du gaz empoisonné. D'ailleurs, le nain qui avait tenté de les enfûmer était présent, aux arrières plans du petit groupe de barbus. Il adressa ce qui pouvait passer pour un sourire penaud à Pandor pendant que Rufie semblait obnubilé par le son de sa propre voix.

Le 1/2 orque repu, il fit un récit de la fuite de Pabon qui troubla fortement son auditoire, et après un échange rapide entre eux, les halfelins expliquèrent à Fragon que le compagnon d'escapade de Pabon semblait être un puissant magicien car ce dernier n'en était pas un lui-même.
Ils se gardèrent bien de donner d'autres détails au justicier humain, la grâce divine n'étant pas un sujet à débattre avec un profane.

Après réflexion, Fragon demanda l'autorisation d'attendre un hypothétique retour de Pabon dans la clairière où il avait établi son campement temporaire. Cela lui fut donné à condition d'emmener avec lui Grunt qui ronflait bruyamment dans une sieste digestive.

Ils furent néanmoins l'objet d'une surveillance constante et discrète de la part des halfelins méfiants et plutôt mécontents de voir autant d"étrangers dans les collines rouges. Sans être hostiles, un étranger restait un étranger.

Les nains interrogèrent suffisamment Rufie pour que Pabon voie une partie de ses questions trouver des réponses. Son "mentor" avait l'intention de profiter de ses liens avec les Collines Rouges pour offrir une alliance profitable aux nains trafiquant des pierres précieuses de contrebande. En échange, ces derniers devaient leur trouver des informations sur la présence de halfelins cachés dans la ville inférieure, la Lameroy originelle où les étrangers étaient étroitement surveillés. Les nains affirmaient connaître un moyen de s'introduire dans la salle des archives du conseil de la ville, là où toutes les arrivées, tous les départs, toutes les morts et toutes les naissances étaient scrupuleusement consignées. Cela promettait de donner lieu à un travail de fourmi mais nul doute que des indices sur l'arrivée de membres de la famille de Pandor pourraient ressortir de ces patients efforts.

Pandor chuchota à l'oreille de Rufie :

- Ça m'a l'air de bien avancer, j'ai hâte de voir ce qu'on va découvrir.

Comme Rufie hocha la tête sans répondre, il continua :

- J'espère retourner vite aux collines rouges avant que Grunt fasse une bêtise, il a tendance à mettre le bazar.

Rufie frissonna à l'idée de l'association de Pandor et Grunt, cela risquait d'être catastrophique, mais il resta silencieux pour ne pas vexer son petit compagnon.

Il était certain que réunir l'impétuosité et la malice de Pandor avec la force brute et aveugle de son compagnon aux gros muscles n'était pas une expérience qu'un dieu avec une once de jugeote se risquerait à encourager. Ce serait là une calamité pire que le temps des troubles aurait pu engendrer. Rufie garda ces réflexions pour lui tout en se demandant s'il lui restait la moindre prise sur le destin de ces deux-là. L'avatar divin chuchota à l'oreille du jeune halfelin :

- Les nains adorent faire traîner les choses. Peut-être un travers de leur endurance ? Ne nous réjouissons donc pas trop vite même si cela se passe mieux que je l'avais pensé.

Les négociations se poursuivirent encore un moment pour régler de menus détails : il allait falloir rédiger un contrat - les nains étant très férus de légalité et de formalisme - et peaufiner les modalités d'accès aux archives officielles. Finalement, les barbus leur firent comprendre qu'il serait temps de songer à passer la nuit hors de leur sanctuaire et de revenir le lendemain. On les contacterait, qu'ils ne s'en fassent pas. Pandor ne pouvait s'empêcher que c'était là une façon assez bourrue de les congédier et les inviter à aller s'occuper de leurs autres affaires ailleurs.

Une fois hors du repaire, les halfelins rejoignirent l'auberge, et Rufie proposa à Pandor d'y passer la nuit. Ce dernier approuva chaudement, une collation à venir étant un moteur certain dans cet enthousiasme.

Néanmoins il pris le temps avant cela, de remplir son petit carnet où il notait les passages les plus intéressants de sa jeune vie.

Rufie le regarda faire, mais la vacuité de son regard indiquait que son esprit était très loin des essais épistolaires de son jeune compagnon : il se devait d'avoir un coup d'avance, question de principe pour un dieu.

Les nains ne furent pas trop long à donner de leurs nouvelles, ce que le divin Rufie s'enorgueillit d'avoir prévu dès le depart. toujours était-il que même si l'intrusion n'était pas véritablement une surprise, un jeune nain vint frapper à la porte de leur chambre peu après qu'ils furent monter se coucher. Les messager leur portait des documents les identifiant comme des négociants spécialistes de la livraison de légumes fraismais qui leur donnait surtout accès à la ville basse et à son marché sélectif. Un contact les attendrait là le lendemain matin pour leur donner la suite des instructions. Peut-être allaient-ils enfin accéder aux informations concernant les aïeux de Pandor. C'était aussiune bonne excuse pour assovir la curiosité du jeune halfelin pour une ville littéralement entièrement bâtie dans un trou dans le sol.

Après la narration des découvertes des deux espions qu'ils avaient récupérés, Torshar Boivert, ivre de rage, décida lors de leur bivouac sur la route retour vers Evendum, de retourner le lendemain matin aux collines rouge avec sa maigre escorte.
Il se livra durant la nuit à un rituel pour obtenir l'aide de sa déesse véritable : Shar.

Il s’abstint d'en parler aux autres mains rouges qui l'avaient vu procéder à ses dévotions religieuses, mais leur promis au contraire l'aide Brandobaris en personne. Il prépara donc des fioles provocant un nuage empoisonné à la vue de tous en expliquant qu'un soi-disant nuage de vérité et d'obéissance obligerait les halfelins des collines rouges à révéler leurs secrets. Torshar pourra toujours prétexter un mauvais dosage du mélange si ses acolytes s'étonnaient des effets des fioles.

C'est donc en fin de matinée qu'ils rebroussèrent chemin, convaincu que leur déficit en nombre serai largement compensée par les fioles préparées par leur chef. S'ils avaient su qu'un humain et un 1/2 orque avaient renforcé les halfelins, leur confiance en leur plan aurait été différente. Torshar abattait ses dernières cartes dans la présente situation, sa déesse exigeait des résultats.

A des lieues de là, bien plus haut dans la montagne bien que profondément sous terre, Pandor bénéficiait d'un brillant aperçu de l'ingénierie architecturale naine. Alors qu'ils déambulaient dans des "rues" rectilignes taillées dans le roc et délimitées par des colonnes majestueuses de part et d'autres desquelles trônaient de nombreux étals colorés, un jeune nain accoura à leur hauteur et les entraîna dans une impasse latérale située entre deux bâtiments trappus et dénués de fioritures.

Le jeune nain vérifia que personne ne les avait suivi ou ne les observait avant de tendre rapidement une petite besace à Pandor.
- Vous y trouverez vos instructions, confia-t-il avant de se défiler aussi vite qu'il était apparu.

A l'intérieur se trouvait un parchemin roulé comportant un sceau officiel. Il était malheureusement rédigé en runes incompréhensibles pour Pandor. Au contraire du petit morceau de velin qui l'accompagnait et annonçait :

"Rendez-vous à la chambre du conseil et présentez ce document à l'intendant Bifnur. Le mot de passe est "Porte close"."

Pandor, tout excité, donna les messages à Rufie :

- Regarde, ça marche ton truc !

Ce dernier les examina puis indiqua la direction de la sortie d'un mouvement de tête. "ton truc", décidément Pandor manquait de vocabulaire, Rufie ne pris cependant pas le temps de rectifier, lui aussi était curieux de ce qu'ils allaient découvrir.
Une question lui trottait cependant dans la tête, pourquoi c'était à Pandor que le jeune nain avait donné la besace, cela aurait pu être vexant pour lui, mais il y voyait un signe caché auquel il se devait de réfléchir.

Ils ressortirent et se dirigèrent vers un bâtiment imposant à la porte particulièrement ornementée.

La porte était gardée, comme celle de tous les bâtiments officiels, particulièrement dans cette cité visiblement attachée au protocole et à la discipline toute naines. Deux gardes donc - entièrement revêtus de leurs armures lourdes aux couleurs de Lameroy - s'interposèrent dès que les halfelins firent mine d'approcher.

Rufie demeura mutique pour laisser le soin à Pandor de tendre leur document. L'un des deux gardes l'examina minutieusement avant de les laisser passer sans un mot. Mais une fois à l'intérieur, un nain - en livrée cette fois - s'approcha à son tour et se planta devant Rufie. Ce dernier donna un discret coup de coude à son jeune acolyte, l'invitant à mener les opérations.

Un peu tendu, Pandor gargouilla d'une voix un peu trop aiguë :

- Porte close

Le nain inclina la tête et les invita à le suivre. Ils se dirigèrent dans un long couloir vers la dernière porte sur la droite.
Le nain sorti une clé très ouvragée et ouvrit la porte sur une sorte de bibliothèque dont les meubles étaient suffisamment bas pour accéder aux livres placés les plus haut avec un simple tabouret muni de deux marches.
Le nain leur indiqua des lampes à la bougie enfermée dans du verre, il s'inclina sans un mot et s'assis sur un tabouret proche de la porte.
Pandor se tourna vers Rufie et lui chuchota :

- Il n'a l'air bavard. J'espère que tu sais où chercher sinon on va mourir de faim avant de trouver.

Rufie soupira en regardant la tâche qui l'attendait, mais après que pas entre les meubles, il se tourna vers Pandor en souriant.

L'avatar divin semblait plutôt satisfait de la tournure des choses et un peu de recherche pouvait peut-être canaliser l'impulsivité de son jeune compagnon. Pour un temps plus ou moins très court. Toujours était-il que les nains pouvaient être admirés pour leur sens de l'ordre et de la hiérarchie : chaque étagère était ainsi soigneusement étiquetée ce qui leur permis rapidement de comprendre vers quelle section se diriger pour trouver les dossiers relatifs aux mouvements de population. Là encore, la méticulosité des archivistes leur octroya un grand avantage car chaque document se trouvait classé dans l'ordre chronologique. Il ne leur restait plus qu'à restreindre leurs recherches à une demi-douzaine d'étagères en prenant en compte une marge de sécurité sur leurs hypothèses initiales.

Pandor s'attela à la tâche avec enthousiasme, il faisait très attention de ne pas renverser la lanterne pour ne pas rééditer la mésaventure des archives de Lumenis où il avait mis le feu. Au bout d'une bonne heure, il tomba sur un passage indiquant l'arrivée d'un couple d'halfelins à Lameroy, les noms cités n'était pas ceux qu'il recherchait mais dans le doute il tendit l'ouvrage à Rufie :

- Rufie regarde, ils ont peut-être changé de nom mais la période correspond à leur probable arrivée.

Rufie avait parcouru une grande quantité d'archives sans succès probant et regarda donc avec curiosité le document découvert par son jeune assistant.

- Leur description et leur âge pourrait bien correspondre à ce que nous savons de tes parents. Et il est évident que se sachant poursuivis, ils n'auraient pas risquer de divulguer leur identité véritable. Nous devrions creuser cette piste, d'autant que nous arrivons au bout des archives qui couvrent cette période. Regarde, à côté de leur nom figure un numéro d'identification. Les nains s'en servent de référence pour compulser toutes les activités des ressortissants étrangers. Nous devrions chercher d'autres informations en rapport avec ces deux halfelins. Notamment l'endroit où ils ont élu domicile voire leur travail. Nous ne sommes pas au bout de nos peines !

Le nain qui les attendait à l'entrée ronflait bruyamment maintenant, Pandor se doutait que Rufie y était pour beaucoup, les nains sont résistants à la magie mais tout de même, Rufie n'était pas n'importe qui.
En regardant les étagères, il repéra certains chiffres indiqués sur le document puis rapidement l'ouvrage qui correspondait à la suite de la numérotation. Il l'amena à Rufie en peinant sous le poids: il était énorme.

- Tiens Rufie, tu es plus rapide que moi pour lire ce gros machin, si tu pouvais faire vite car j'ai envie de faire pipi.

Rufie le fixa un moment, soupira et ouvrit le livre, il se devait d'éviter tout débordement intempestif de la vessie de Pandor en ce lieu, les nains ne sont pas très compréhensif face à ce genre d'activité dans leur bibliothèque.

Cela n'aurait pas du étonner Rufie que son petit compagnon - qui passait une bonne partie de son temps libre à engloutir toute la nourriture et la boisson à sa portée - éprouve quelque difficulté à maîtriser les fonctions primaires de son corps.

Fort heureusement, le livre amené par Pandor contenait effectivement les informations qui leur manquaient et il suffit à Rufie de faire montre de ses pouvoirs pour en parcourir et en mémoriser le contenu en quelques minutes à peine.

- Bon, apparemment, les archives les concernant s'arrêtent depuis quelques mois dans des circonstances brumeuses mais nous avons une nouvelle piste : j'ai obtenu leur adresse dans la ville haute et la maison qu'ils occupaient est apparemment toujours laissée à l'abandon. On devrait se rendre sur place pour essayer de trouver des indices sur ce qu'il est advenu d'eux.

Pandor se leva rapidement et se dirigea vers la porte en se tortillant bizarrement, Rufie remercia le nain maintenant réveillé, puis ils sortirent du bâtiment. Rufie compris qu'il devenait urgent de trouver des toilettes, le dandinement de Pandor étant loin d'être discret, ils risquaient d'attirer l'attention ce qui n'était pas son souhait le plus cher pour s'introduire dans une demeure abandonnée.

.....

Loin de là, aux collines rouges, en voulant surprendre les habitants du village halfelin, Torshar Boivert et ses compagnons tombèrent sur la clairière où attendaient Fragon et Grunt. Torshar éluda les questions de Fragon jusqu'au moment ou ce dernier s'exclama:

- Que faites vous donc avec du poison de Shar ? Ne mentez pas je suis Mélandien et je reconnait bien son odeur caractéristique.

Les autres membres de son équipe se regardèrent surpris et demandèrent un éclaircissement à leur chef. Torshar le prit de haut et aboya des ordres, ce qui fut sa première erreur:

- Cela ne vous regarde pas ! Laissez nous passez ! dit-il à Fragon et Grunt qui campaient devant sa monture.

Fragon hurla qu'il ne laisserai pas un tueur s'attaquer à tout un village d'halfelins, les autres crièrent qu'ils pensaient que c'était du gaz de vérité et non du poison, cela tournai à la confusion lorsque Torshar fit sa seconde erreur en cravachant son mulet pour passer, il bouscula Grunt qui furieux attrapa sa cape et le précipita par terre.

Ainsi le compagnon 1/2 orque de Fragon mis fin définitivement à son commanditaire, Torshar se brisant le cou contre une souche d'un arbre bien loin de sa ville natale de Mélandis. Hélas pour Pabon/Pandor, Fragon le justicier ignorait ce fait et continuerai sa recherche sur les deux supposés meurtriers dont le petit halfelin semblait être la meilleure piste.

Trouver un coin discret où le halfelin put soulager sa vessie ne fut pas un défi insurmontable pour le dieu roublard. Une fois ce détail réglé et une partie de la concentration de Pandor revenue, ils purent poursuivre leur prime objectif : se rendre nonchalemment jusqu'à l'adresse indiquée dans les archives.

La bâtisse située en surface n'était guère différente des mornes bâtiments qui la jouxtaient. A noter toutefois que les précédents occupants avaient tenté d'en décorer quelque peu la devanture par quelques fleurs redevenues sèches et sauvages faute de soins récents. Rufie les fit passer par l'arrière et une cour intérieure dissimulée des regards indiscrets. Ils purent ainsi s'introduire dans le logement sans être importunés par de gênantes questions sur les raisons de leur présence.

La demeure modeste comptait en tout et pour tout deux pièces : la principale servant de cuisine, de salon et de pièce à vivre et la seconde ne comportant qu'un simple lit, le tout dimensionné pour la carrure modestes de halfelins. La poussière et les nombreuses toiles confirmaient que personne n'était entré ici depuis des mois.

Rapidement Pabon/Pandor se mis à fouiner partout soulevant des nuages de poussière, cela lui rappelait la même scène, il y avait maintenant quelques jours, au terrier de ses grand-parents de la Butte aux Cormorans.

Le résultat fut très maigre cette fois ci, un seul petit billet coincé sous le pied du lit de la chambre et un livre annoté dans la pièce principale. Le visage maculé de poussière, il tendit l'ensemble à Rufie :

- Tiens, c'est écrit en patte de mouche et j'y vois plus grand chose avec toute cette poussière.

.....

Pendant ce temps aux collines rouges, la situation était si bruyante et confuse que les halfelins du village arrivèrent à la clairière pour voir ce qu'il s'y passait.
Fragon avait dégainé son épée et Grunt brandissait son poing gros comme la tête d'un jeune halfelin devant les compagnons de Torshar Boivert, cela accompagné d'hurlements menaçant de part et d'autres.
Les villageois firent le ménage en assommant par derrière les intrus qu'ils avaient déjà renvoyé la veille.
Le calme revenu, ils purent enfin tirer les choses au clair avec Fragon, Grunt continuant à tourner autour de la clairière pour liquider tout autres personnes lui paraissant suspecte. L'explication risquait d'être longue !

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Lameroy - cité naine ouverte