La Couronne de Cuivre

La magicienne aurait préféré qu’il n’y ait rien de triste, mais cela était et elle ferait face, il faudrait surtout qu’elle s’active pour inscrire Podrick à l’école afin qu’il n’ait pas trop le temps de penser en son absence surtout au début, son rythme de vie serait déjà chamboulé et l'inactivité lorsqu'elle serait à l'université ou qu'elle travaillerait sur ses dossiers ou ses recherches ne serait pas une bonne chose. Pour l’instant l’enfant avait raison, la soirée serait animée, les troubadours et artistes qui seraient présents étaient tous soigneusement choisis par le tavernier et l’elfe se dit que depuis son retour de mission, elle n’avait jamais été présente et que peut-être le barde faisait-il toujours partie des ceux qui venaient animer la taverne et cela la réjouissait d'autant plus.<o>

</o> Elle afficha un grand sourire car heureusement, elle avait cette faculté de puiser instantanément dans sa mémoire ces images douces et radieuses qui lui offraient la paix de l’âme. <o>

</o> Tu as raison, ce soir on va profiter de l’ambiance enjouée de la taverne, ainsi lorsque tu iras te coucher tu seras tellement épuisé que tu n’arriveras peut-être même pas à monter l’escalier pour te rendre dans la chambre, ainsi ta nuit sera peuplée de beaux rêves.<o>

</o> Moi, je me réjouis vraiment que cela commence, je dors ici depuis de long mois et je n’ai jamais assisté aux spectacles qui se faisaient car je rentrais trop tard de l’université. Quels sont les artistes que tu préfères, tu as certainement déjà assisté à des spectacles et tu dois avoir des préférences.<o>

</o>

La remarque de la magicienne touchant à son épuisement fit largement sourire Podrick. croisant les bras, il la regarda d'un air bravache.
-Ah ça, j'suis sûr que j'tiens plus longtemps éveillé que vous, si j'veux !
Il jeta un coup d'œil à la petite scène, dans un coin de la salle commune.
-Pour les spectacles, ben... En général, quand y en a, je les regarde pas vraiment, j'me suis arrangé pour me faire embaucher par un marchand ou l'autre pour l'aider à vendre des friandises ou des trucs comme ça... Mais sinon... J'aime bien les montreurs d'ours. Pis les magiciens, même si c'est souvent que des tours d'passe passe, mais c'est impressionnant même si y a pas du tout de magie. Pis les bardes... ça dépend, y en a qui font d'longues chansons d'amour toutes gnangnan qui donnent envie de dormir ou de partir en courant. Mais des fois y en a des qui font des chansons bien marrantes ou bien entraînantes...

La bonne humeur de son petit protéger était au rendez-vous et l’elfe n’en demandait pas plus qu’il fut au chaud, qu’il ait un bon repas et que son esprit vogue sur de la fantaisie. Ses remarques la firent sourire, bien qu’elle n’appréciait aucunement les montreurs d’ours, elle respectait trop la faune pour accepter que l’on put se servir d’un animal quel qu’il fut comme si c’était un esclave, mais cela elle le lui expliquerait plus tard. Une chose était certaine, Podrick avait un esprit vif et intelligent et savait observer pour comprendre et malgré son manque d’instruction, il savait réfléchir.<o></o>

Son regard se fit un défit et elle teinta ses paroles de sérieux pour finir joyeusement.<o>

</o> Eh bien, nous verrons bien qui fermera les yeux en premier, mais si tu te réveilles dans le lit en croyant être encore ici, c’est que tu auras perdu. Peut-être que ce sera la faute à un barde et ses chansons d’amour, car moi j’adore et je ne m’endormirai pas, alors espérons pour toi qu’il y aura quelques chansons entraînantes pour te tenir éveillé, mais, si elles ne sont pas trop gaillardes, tu serais obligé de monter dans la chambre sinon tu risqueras d'être choqué. Ce serait dommage tout de même !<o>

</o> Son regard était enjoué s’attendant à une cinglante réplique, l’enfant qui n’avait ni ses yeux, ni ses oreilles dans sa poche devait avoir des expériences qui n’étaient pas destinées aux enfants de son age.<o></o>

Cela ne rata pas.
-Hey, mais je suis pas un bébé ! s'offusqua Podrick, piqué au vif, en croisant les bras et en prenant une mine ostensiblement vexée. Vous croyez qu'ils chantent quoi, les gars, quand ils travaillent ? J'les connais toutes, les chansons paillardes ! Pis j'comprends tous les mots et j'sais même c'qu'ils veulent dire ! J'suis sûr que j'pourrais vous en expliquer ! En plus, j'ai habité dans l'écurie d'un bor... d'une maison close ! Et y en à d'autres, dans les Taudis, ou même des auberges où les gens y sont pas aussi discrets. Alors franchement, ça peut pas m'choquer du tout ! Et j'parie que j'peux rester eéveillé jusqu'au bout !

La magicienne ne savait si elle était plus amusée qu’horrifiée par la réaction de son petit protéger. Non qu’il clama haut et fort, mimique à l’appui qu’il était un grand pour veiller tard, mais qu’il fut si connaisseur en vocabulaire peu destiné à un enfant de son age et qu’il n’avait aucune retenue face à un langage qui devait être des plus orduriers au vu des endroits qu’il n’avait eut d’autres choix que de fréquenter pour trouver quelques pièces à gagner.<o>

</o> Pourtant, sans avoir beaucoup à réfléchir, ce fait était l’évidence même et Arya ne savait qu’elle réaction avoir. Podrick n’était pas responsable que son éducation fut celle de la rue et elle ne pouvait le réprimander pour une faute qu’il n’avait pas commise. Malgré l’indignation qu’elle ressentait, elle lui sourit tout en espérant que durant la soirée, les textes ne viendraient pas à être trop peu convenant. Non seulement pour que son petit protéger ne passe pas une fois de plus une soirée dans une ambiance peu saine pour son age, mais également pour elle-même, car sans être pudibonde, l’éducation de l’elfe l’avait baignée dans un langage plus convenable et surtout plus respectueux pour traiter les sujets se rapportant aux excès en tous genres, aux ébats amoureux et autres. La salle de la taverne s’était petit à petit remplie, commerçants au ventre bedonnant arborant une mine ravie ce qui démontrait qu’ils avaient fait de bonnes affaires, marins juste arrivés ou en partance venus chercher un peu de distraction, voyageurs ayant oui qu’ici l’ambiance était bonne enfant, ou tout simplement des Lumeniens de toutes couches sociales venus s’encanailler pour une soirée loin des lieux trop guindés pour certains.<o>

</o> Sans qu’ils eurent besoin de commander, le tavernier déposa devant l’elfe et son petit protéger des assiettes dans lesquelles légumes de saison cueillis avant les gelées, pommes de terre travaillées en purée onctueuse et ragoût enrobés d’une sauce dont le patron gardait jalousement la recette se disputaient la moindre parcelle tant le service était généreux. Il leur avait également apporté un pichet de vin pour l’elfe et un grand verre de lait pour l’enfant.<o>

</o> Evidement, il avait entendu la réplique de Podrick et ne doutait pas une seconde que l’elfe fut outrée par tant de connaissances sur les paillardises et avant même que celle-ci put répondre au gamin, il s’approcha de lui et dit sur un ton de confidence.<o>

</o> Les chansons grivoises sont pour les hommes, Dame Du Varden n’apprécierait pas que tu lui expliques les mots et je suis même certain qu'elle ne voudrait t'entendre les dires. Comme cela tu sais comment te tenir avec une dame.

<o> </o> Puis, il s’éloigna en riant pour continuer son service.<o>

</o> La magicienne était dans un sens ravie qu’il lui eut ainsi évité de répondre sur le sujet car elle ne voulait en aucun cas gâcher la soirée de l'enfant, mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’en reparlerait pas plus tard avec lui, dans un moment qui serait dédié à son éducation. C’était la première soirée de sa nouvelle vie, alors autant lui laisser en profiter à moins que l'ambiance ne devienne par trop graveleuse.

Et bien, nous verrons bien si tu tiendras jusqu'à la fin des animations, au moins cela aurait l'avantage que demain tu dormirais plus longtemps, mais pour l'instant, j’espère que tu as faim, car les assiettes sont vraiment bien servies.<o></o>

Tout comme Podrick, l’elfe avait apprécié les prestations des artistes qui s’étaient présentés bien que ce ne fut pas forcément les mêmes attractions qui l’avaient séduite et malgré qu’elle se rendait compte que son petit protéger avait par moment le regard flou de celui qui n’est pas loin de tomber dans le sommeil, elle ne le pressa à aller se coucher. Pour une fois, il se battait pour profiter d’une soirée agréable où l’amusement chassait les efforts destinés à pourvoir aux incontournables nécessités pécuniaires et c’était bien mérité et surtout elle en était heureuse.<o>

</o> Pourtant, les heures avaient passé, certainement bien trop vite, et profitant d’une pause dans le spectacle qui eut pour effet que les yeux de Podrick se fermaient lentement de plus en plus souvent, la magicienne l’invita à monter dans la chambre posant sur lui un regard admirateur tout en ravalant son amusement.<o>

</o> Je suis ébahie que tu sois encore éveillé Podrick, je n’oserai plus dire bout de chou en parlant de toi. Dorénavant, il faudra que je change mon langage et autant commencer tout de suite. Jeune homme, il me semble qu’il serait bien que nous regagnions notre chambre, tu n’es certainement pas fatigué, mais moi si. Je te l’accorde, tu as gagné ton pari et tu es un grand, je me suis trompée sur ton compte, j’espère que tu ne m’en porteras pas ombrage.<o>

</o> Sans se faire prier, il acquiesça et bien que somnolant affirma fièrement et avec bravade que ce n’était que parce que la magicienne était fatiguée qu’il acceptait d’aller se coucher, car il pouvait sans difficulté rester encore des heures à profiter du spectacle. <o>

</o> Pour l’enfant, le temps qui s’était écoulé depuis la veille au soir fait des fortes émotions, la nuit où le sommeil n’avait vu que s’amplifier ses peurs sachant que l’elfe allait découvrir qu’il lui avait menti, la matinée qui vit heureusement un dénouement positif, la découverte de l’ébauche d’une vie nouvelle et la soirée amusante qu’il venait de passer eurent un effet soporifique et à peine Arya l’eut-elle bordé qu’il tomba dans un sommeil profond. Quant à la magicienne, elle n’avait guère eut le temps de se régénérer dans la journée et les fortes émotions avaient largement puisé dans ses ressources, elle profita de ce que l’enfant fut endormi pour se reposer et ne mit pas plus de temps que lui pour qu’une transe réparatrice vienne.<o>

</o> Environ deux heures plus tard, alors qu’elle reprenait pied dans l’environnement, elle constata ravie que l’enfant semblait dormir calmement et se leva sans le moindre bruit puis s’installa confortablement pour noter sur deux feuilles distinctes ce qu’il serait nécessaire qu’elle fasse tant pour sa maison comme la liste des meubles et objets nécessaires pour emménager et qui lui serait utile lorsqu’elle se rendrait chez le brocanteur, le menuisier ou le matelassier, tout comme inscrire Podrick dans une école ou des propositions pour organiser ses journées afin qu’il apprenne à vivre comme un enfant de son age.<o>

</o> Durant ce temps, l’elfe comprit que son petit protéger devait rêver car régulièrement il s’agitait et son visage détendu laisser penser qu’il n’était pas aux prises avec des cauchemars. Dans ce silence qu’elle appréciait, sa plume couvrit presque l’entier des feuilles et lorsqu’il fut temps pour elle de se rendre à l’université pour préparer la salle de cours comme le laboratoire qui accueilleraient ses étudiants, après avoir poser un baiser sur le front de l’enfant, elle quitta sans bruit la chambre.<o>

</o> Il était bien plus tôt qu’à l’habitude et la salle de la taverne était vide, le tavernier absent, probablement au profit de quelques heures de repos amplement méritées et indispensables et ce fut le commis, dont les yeux bouffis laissaient comprendre qu’il venait lui-même juste de se lever, qui servit à Arya son petit déjeuner qu’elle prit le temps de déguster avant de se couvrir chaudement et d’aller affronter la température glaciale qui sévissait à l’extérieur.<o>

</o> Heureusement, se moquant du froid mordant qui cherchait à ne pas l’épargner, s’éloignant d’un pas rapide, la magicienne bien emmitouflée se dirigea vers l’université, laissant derrière elle pour quelques heures son petit protéger auquel elle faisait entièrement confiance sachant qu'au moindre problème, le tavernier saurait être présent et c'est l'esprit en paix qu'elle se projetait déjà dans le cours qu'elle donnerait dans quelques heures.<o></o>

Lorsqu'elle revint à la taverne, Arya n'eut pas longtemps à chercher pour trouver Podrick. Elle le découvrit assis à une table, son livre sur les monstres posé devant lui. Mais le gamin n'y prêtait plus la moindre attention, pour l'heure : il était en grande conversation avec trois hommes attablés autour de lui. Il y avait là un gaillard à longue crinière grise et boucle d'oreille en or, le teint hâlé, buriné, la carcasse noueuse ; un autre, plus petit, plus massif, le crâne aussi chauve que sa barbe brune était touffue. Les coudoyait un adolescent d'une quinzaine d'années, maigre et dégingandé, qui essayait manifestement de se laisser pousser le bouc. Ce qui, pour l'heure, n'était pas tout à fait probant...
-Bonjour, m'dame ! fit joyeusement Podrick alors que la magicienne approchait. J'crois qu'vous avez trouvé votre équipage...

Depuis qu’elle avait quitté la Taverne très tôt le matin même, l’esprit de la magicienne s’était tourné vers ses élèves et dès l’instant où elle eut pénétré dans l’université jusqu’à la fin des cours, voire du temps nécessaire pour que les plus curieux et les plus audacieux en aient terminé avec les interminables et étranges questions qui leur traversaient l’esprit et qui se voulaient être des découvertes fabuleuses qui ne naissaient évidement qu'à la fin du cours, confiante qu’il ne pouvait rien lui arriver de mal, elle avait laissé dans un coin de son cœur son petit protéger. Mais dès qu’elle fut sortie du bâtiment, elle sourit au bonheur de le retrouver bien au chaud dans la taverne et curieuse de connaître le déroulement de sa matinée et elle ne se départit pas de son sourire en le découvrant attablés avec deux colosses et un gringalet … ils ne pouvaient qu’être les marins qui avaient accepté de nettoyer sa maison. La magicienne leur adressa un sourire qui disait sa satisfaction, bien qu'elle eut préféré d'abord se consacrer au récit de Podrick, elle n'en était pas moins ravie qu'ils soient là.<o>

</o> Bonjour Messieurs, elle passa tendrement sa main dans les cheveux de l’enfant,rsnjour Podrick, avant de revenir aux trois hommes.Je suis ravie qui vous soyez là et j’espère ne pas vous avoir trop fait attendre. Le tavernier a dû vous dire dans les grandes lignes de quoi il en retournait pour un peu plus de détails, c’est une maison qui n’a pas été habitée depuis une durée assez importante et moi-même n’étant pas familiarisée avec les travaux de nettoyage nécessaires, je ne peux que m’en remettre à vous pour cela, mais il m’a été confié que vous saviez parfaitement ce qu’il faut faire. Il sera utile de commencer par enlever des traverses qui ont été fixées sur les volets et également, une petite manutention de bois. Puisque vous êtes là, c’est que vous êtes d’accord, il ne nous reste plus qu’à nous entendre sur le prix, nous pourrions le fixé par demi-journée de travail et sur le moment où vous souhaitez commencer.
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Elle espérait qu’ils se rendraient immédiatement sur place et vu qu’elle n’avait aucune connaissance des tarifs qui étaient pratiqués, elle ne pouvait qu’espérer que les trois hommes n’exagéreraient pas leur prix.<o></o>

Les trois marins échangèrent un regard puis acquiescèrent.
-Nous pouvons commencer dès cet après-midi, fit le plus âgé. Sa timbre était grave, marqué d'inflexions étrangères, et sa diction témoignait une certaine éducation. Comme vous l'a dit notre ami commun, nous sommes bloqués à terre... Et nous nous ennuyons ferme, n'étant pas originaires de Luménis. Tout travail est donc le bienvenu, d'autant que cette pause forcée n'augmentera en rien notre solde. Quant au prix...
Il jeta un nouveau regard à ses compagnons.
-Disons cinq pièces d'or par demi-journée ? Nous ne sommes pas exactement des... hommes de ménage. Mais nous savons entretenir un bateau et, à bien des égards, une maison peut en être rapprochée. Nous veillerons cependant à n'installer ni voiles, ni cordages, ni figure de proue. Les habitudes sont tenaces, mais l'on peut tout de même les combattre.

La magicienne ne se départit pas de son sourire bien qu’elle trouva le prix élevé. Elle aurait pu dans son ignorance accepter derechef ou tenter maladroitement de faire baisser les exigenaces, mais elle n'eut pas à réfléchir et sans savoir d’où lui venait le savoir de négocier prit enfin place en face de celui qui semblait être le représentant du groupe. Elle prit la parole avec cette assurance calme et respectueuses qu’elle possédait pour parler de ce qu’elle maîtrisait parfaitement et ne pouvait que penser que dans son éducation ou sa vie, elle avait été instruite à une telle situation.<o>

</o> Et bien, je pense que nous ne ferons pas affaire, je veux bien que nous y trouvions tous notre compte, mais si vous ne venez pas à un prix plus raisonnable, je me verrai dans l'obligation de renoncer à vous offrir ce travail.<o></o>

Le vieux marin tiqua légèrement, haussa les sourcils, puis se tourna vers ses compagnons.
-5 pièces d'or pour trois hommes, ce n'est pas rien, mais ce n'est pas non plus énorme, dit-il en refaisant face à la magicienne, sur un ton toujours calme et posé. Si le travail prend deux jours, vous en serez quitte pour vingt pièces. Ce ne serait pas de l'argent jeté par les fenêtres, surtout pour un bon travail accompli par des professionnels... Même si, je l'admets, il seraient en l'occurrence employés quelque peu à contre emploi...
Il soupira.
-Mais soit, nous pouvons faire un effort et rogner sur nos bénéfices. Nous pourrions descendre à quatre pièces d'or par demi-journée.

La magicienne ne paru ni satisfaite, ni contrariée, le prix restait sans nul doute bien payé et bien qu’elle ne connu pas les tarifs, la comparaison était vite faite au vu de son propre salaire. Mais le souvenir qui dansait devant ses yeux, le visage et la voix de son cousin qui lui étaient réapparus valaient largement qu’elle accepta le prix demandé et bien que ce fort sentiment restait intérieur, elle en était reconnaissante aux marins.<o>

</o> Et bien soit, nous dirons quatre pièces d’or par demi-journée pour autant que ma maison ne ressemble pas à un navire une fois que vous aurez terminez. Puisque nous sommes d’accord, nous pouvons nous y rendre sans attendre. En principe, il y a tout sur place donc vous ne serez pas à court pour commencer.<o>

</o> Plongeant sa main dans sa besace pour s'assurer qu'elle avait bien les clefs, bien que leur poids démontrait qu'elles étaient bien là, Arya attendit l’acquiescement des marins, bien qu’elle n’avait plus qu’un hâte maintenant, découvrir sa maison avec la lumière du pâle soleil qui brillait et qu’aucun nuage ne venait ternir ...

Le vieux marin opina du chef.
-De toute façon, vous jugerez par vous même et ne nous donnerez notre dû qu'une fois le travail accompli. De cette manière, vous pourrez voir que votre argent n'a pas été dépensé en vain...
Il sourit.
-Heureusement que nous avions été dûment prévenus de l'urgence de la tâche, sinon, il aurait fallu que vous attendiez que nous ayons mangé. Mais nous sommes des hommes prévoyants, notre panse est bien remplie, et nous nous ferons donc un plaisir de vous suivre sur l'heure.

L’elfe ne prenant jamais de repas à midi ne s’était même pas interrogée de savoir si les hommes, voire Podrick, avaient déjà pris leur repas, ce n’était pas une ignorance, mais que le marin le lui rappelle d’une manière détournée lui fit prendre conscience que l’enfant l’avait peut-être attendue alors qu’elle lui avait dit de prendre son repas sans elle. Si rien ne pouvait la retarder maintenant qu’elle avait la main d’œuvre nécessaire, son petit protéger passait avant sa maison et qu'il se nourrisse régulièrement et convenablement était primordial. Son ton était enjoué lorsqu’elle répondit au marin et interrogateur lorsqu’elle posa son regard sur l’enfant.<o></o>

Urgence n'est pas vraiment le terme adéquat, même si je suis fort impatiente d'y habiter, nous ne sommes heureusement pas à la rue et la Bienveillance est une taverne fort agréable. Surtout, vous me voyez ravie que votre déjeuner soit déjà pris, je n’ai pas l’habitude de me sustenter à midi et si vous n’aviez eu l’amabilité de me le rappeler j’aurai oublié de m’inquiéter si Podrick avait déjà pris son repas. Alors jeune homme, quelle est votre réponse ?<o></o> Le départ serait immédiat ou attendrait que l’enfant se fut nourri, cela allait dépendre de Podrick et s’il fallait attendre, pour passer le temps. elle se permettrait de questionner le marin tant elle était étonnée qu’il fut si courtois et démontrait qu’il avait une bonne éducation fait qui l’interpellait, et sa curiosité était d’autant plus vive que l’accent de l’homme lui était inconnu.<o></o>

Le gamin, qui était déjà en train d'enfiler son manteau, se contenta de hausser les épaules.
-Ben, vous m'avez dit d'pas vous attendre, m'dame. Alors j'vous ai pas attendue et j'ai mangé avec eux... J'suis discipliné et obéissant et tout, moi !
Il sourit largement, récupéra son livre qu'il glissa sans l'une de ses poches, puis se dirigea sans tarder vers la porte de l'établissement. Il paraissait des plus impatients de bouger un peu. Sans doute sa matinée d'inactivité relative lui avait-elle paru longue, surtout comparé à ses journées d'ordinaires bien remplies.

Arya fut ravie que Podrick eut bien compris ses directives et encore plus qu'il les ait suivis, bien qu'elle ne douta pas que la présence des marins y avait été pour quelque chose, tout en se réjouissait déjà qu’ils furent tous les deux seuls pour évoquer ses occupations de la matinée. Les trois hommes avaient suivi l'exemple de l'enfant et déjà le quatuor franchissait le seuil de la taverne. <o>

</o> Prodrick ayant pris le devant trop pressé de se dégourdir les jambes, elle s’approcha du marin le plus âgé et affichant un sourire qui laissait comprendre qu’elle était intriguée, elle s’adressa à lui la curiosité dans la voix.<o>

</o> Je ne veux pas être indiscrète, mais votre accent me dit que vous venez d’une contrée lointaine, elle sourit amusée,je sais que le mien me trahit aussi, mais même si je ne parle pas mon apparence le laisse sous-entendre.<o></o>

Le marin sourit.
-Oh, votre apparence ne révèle qu'une chose : vous n'appartenez pas à un peuple humain. Quant à votre origine géographique, elle n'en dit rien. Il y a encore de nombreux elfes de part le monde, tous ne se sont pas retirés à Eternelle-Rencontre. En revanche, plus significatif est le fait que vous ne reconnaissiez pas mon accent. c'est la le signe que vous n'avez guère fréquenté les sociétés humaines jusqu'ici. Mais là encore, c'est le cas de beaucoup de représentants de la gente elfique.
Il haussa les épaules.
-Mais donc, je ne suis pas dans votre situation et, que je le veuille ou non, mon accent en dit long pour tous ceux qui vivent dans les villes marchandes. Je peux donc, pour vous, révéler ce secret qui n'en est pas un : je viens d'Eauprofonde, où je suis né et ou j'ai vécu de nombreuses années.

Pas un secret ?!?
La magicienne acquiesça de la tête, il est vrai qu’elle ne fréquentait que peu les humains, hormis le professeur Asilio avec lequel elle s’entretenait fort souvent certainement parce qu’il fut mage et avaient de grandes connaissances en alchimie, quelques collègues de manière moins approfondie, ses élèves lorsqu’elle donnait ses cours et encore le bibliothécaire ou le tavernier, pour les autres, elle les côtoyait par obligation plus qu’elle se plaisait en leur compagnie ne cherchant aucunement à les fréquenter assidûment. <o>

</o> Mais ce n’est pas ce qui la chagrinait le plus, elle était incapable de situer Eauprofonde et plus difficile à accepter, ce nom ne lui disait rien comme si elle ne l’eut jamais entendu pourtant de la manière dont le marin l’avait annoncé, cette cité devait être bien connue. Elle ressentit à cet instant cruellement son amnésie, mais elle chassa cette sourde douleur et pour se donner un peu de temps espérant une bride de souvenir, elle émit quelques explications banales, mais cela ne changea rien et lorsqu’elle aborda le sujet, elle était gênée vis-à-vis de son interlocuteur.
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Je reconnais ne guère fréquenter les humains dont le fonctionnement de la société me parait étrange, voire me révolte et ce n’est pas que le soit disant jugement supérieur des elfes sur les autres races qui en est la cause. Je ne fréquente que peu d'humain, cela est une réalité dont je ne me cache pas, mais ceux qui ont su me déduire par leur ouverture d’esprit, je les apprécie. C’est qu’il y ici tant de misère et d’injustices qui m’affligent sans pour autant vouloir faire une comparaison avec Eternelle-Rencontre …<o>

</o> Je pourrais certainement passer des heures avant de vous avouer que je n’ai aucune connaissance de votre ville natale, ou aucun souvenir cela revenant au même, quitte à vous paraître peu instruite, ce nom ne me parle pas, tout au plus il me ferait penser à une cité d’elfes aquatiques et vous n’avez aucune ressemblance avec eux. Mais, il doit y avoir une explication fort simple, probablement qu’elle est située près des eaux-fonds à moins qu’il n’y ait pas vraiment d’explication. Si vous acceptez de m’en dire plus, je vous en serai reconnaissante. Que pouvait-être cette cité qui engendrait des marins éduqués et courtois, Arya ne put s’empêcher de regretter que ses pas ne l’aient pas conduite là-bas plutôt qu’ici, mais ce sentiment disparut aussitôt que son regard se posa sur son petit protéger qui se tenait à quelques pas devant elle, non elle ne regrettait pas d’être venue Lumenis étant peut-être une cité pauvre, car sortant douloureusement du joug d’un tyran, mais elle y avait maintenant une attache qui la retiendrait bien des années.

Le marin sourit de nouveau.
-La ville tire effectivement son nom des grands fonts marins de son port naturel... Mais on l'appelle aussi la Cité des Splendeurs. D'aucuns disent que c'est la ville la plus importante et la plus influente du nord. sinon de tout le continent de Féerune. Je ne suis pas loin de le penser. Dans tous les cas, c'est une ville immense, un très grand centre de commerce...
Il secoua la tête.
-Pour autant, il ne faut pas mésestimer Luménis. La cité a beaucoup souffert, mais ses habitants sont des gens solidaires et courageux; Nul doute qu'elle retrouve bien vite sa splendeur passée. C'est déjà en bonne voie ! Il y a de la pauvreté, oui. Beaucoup. Mais moins que dans la plupart des autres villes. Et, surtout, le gouvernement fait tout ce qu'il peut pour venir en aide à ses petites gens, pour améliorer leur sort. Cela n'est pas courant, vous pouvez me croire... C'est pourquoi je garde un attachement particulier, pour Luménis. Un petit air d'entraide et de bonté qui lui donne un cachet particulier... Et, au final, pour tout dire, cela ne me derénge pas vraiment de devoir m'y atterder.

Si la magicienne pensa qu’elle était évident qu’un jour elle ferait un voyage pour découvrir cette cité nommée la Cité des Splendeurs, elle était bien moins ravie d’entendre dire que les Lumeniens étaient solidaires. Peut-être les petites gens, ou les nantis entre eux, mais si chacun avait su faire don d’un peu d’amour et avait accepté d’ouvrir sa porte à un démuni les taudis n’existeraient pas. Pourtant, elle ne put s’empêcher de se souvenir avoir entendu qu’il y avait pire taudis qu’à Lumenis et cela la fit frémir en pensant que ce put être vrai.<o>

</o> Lumenis est une merveilleuse cité, je vous l’accorde, de plus c’est la cité des arcanes et évidemment cela me touche directement, mais il y a une misère que je ne connaissais pas et qui m’afflige énormément. Je ne doute pas que les caisses de la cité soient vides, en fait cela m’a été dit lors de mon embauche, mais tout de même, il y a des nantis et de plus, nul besoin de posséder une fortune pour tendre la main aux miséreux. Je suis peut-être trop sensible, n’avait vécu que parmi les miens dans un empire privilégié avant d’arriver ici, mais je n’arrive pas à comprendre comment les humains peuvent accepter cela … des enfants abandonnés à eux-mêmes … pourtant, ils sont précieux …

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</o>

En revenant des thermes Arya et Podrick avaient pressé le pas ce qui leur avaient permis de ne pas trop ressentir le froid glacial, mais c’est tout de même avec plaisir qu’ils quittèrent la nuit noir et le début des gelées nocturnes. Après avoir porté leurs affaires dans la chambre, ils redescendirent s’attabler dans la salle où les habitués eux aussi venaient pour profiter de l’ambiance agréable qui accompagnaient le repas.<o>

</o> Et bien, puisque nous voilà au calme, je voudrais que tu me racontes ta nuit dernière, si tu as fait des rêves ?<o></o>

L’enfant était particulièrement négatif dans sa vision de la vie, mais elle avait été jusqu’ici si sombre qu’Arya passa sa main doucement sur sa joue. Ce que les humains assimilaient à des rêves pour les elfes étaient des faits réels, des souvenirs heureux, mais de ce qui lui avait été expliqué, ce n’était que des illusions pour eux.<o>

</o> Et bien dès maintenant, essaie de te souvenir de tes rêves et nous tenterons de faire en sorte qu’ils deviennent réalité, comme cela tu verras que la vie peut être agréable lorsque les rêves se réalisent. Mais puisque pour l’instant tu n’as pas de souvenir, j’aimerai connaître ce que tu as fait ce matin, si tu as réussi à dormir un peu plus tard, bien fait les devoirs que je t’avais laissé et comment tu t’es occupé le reste du temps libre que tu avais.

-Vous savez, tous les rêves peuvent pas s'réaliser, fit un Podrick soudain morose. Pas ceux qui s'rapportent au passé, en tout cas.
Il s'abîma un instant dans la contemplation des flammes qui dansaient dans la cheminée, puis son sourire revint.
-Mais donc, c'matin... Oui, j'ai fait tout ce que vous m'aviez demandé. J'ai eu largement le temps : je me suis réveillé tôt. Enfin, un peu plus tard que d'habitude, mais tôt quand même... Après j'suis descendu pour déjeuner, puis je me suis mis à faire ce que vous aviez noté, et ça a pris un moment. Mais quand j'ai terminé, ben... C'était loin d'être l'heur du repas ! Alors j'ai essayé de lire, mais j'y suis pas vraiment arrivé, donc j'ai demandé au patron s'il avait pas besoin d'un coup d'main, histoire de m'occuper... Il a dit que c'était gentil mais que c'était pas aux clients de travailler... Donc, ben... j'ai essayé à nouveau de lire, et ça a un peu mieux marché... Juste un peu. Enfin voilà, après, les marins sont arrivés, on a discuté et mangé ensemble. Et après vous êtes arrivée.

Heureusement que Podrick commencerait l’école dans quelques jours, sinon il se serait trouvé bien seul et désœuvré pendant que l’elfe travaillait. Mais inutile de le lui rappeler et de faire se dissiper les bienfaits des thermes, il serait également nécessaire que le lendemain, ils abordent les douloureux souvenirs de l'enfant pour qu'un fois sa nouvelle vie vraiment démarrée, la magicienne soit armée pour mieux le comprendre et le guider.<o>

</o> Pour la lecture, nous lirons ton livre ensemble tout à l'heure avant que tu t'endormes, c'est vrai que ce n'est pas facile de lire tout seul, mais cela viendra maintenant que tu auras la possibilité de lire souvent, pour les devoirs, je les regarderai lorsque tu dormiras.

Passant doucement sa main dans ses cheveux, elle lui sourit tendrement, laissant le ton de sa voix caresser l'âme de l'enfant.
Non, le passé nous ne pouvons pas le changer, tu as raison, mais cela ne doit ternir l’avenir. Ce qui a été se gommera lentement, alors essaie de rêver à demain maintenant. Je ne doute pas que cela doit être encore difficile pour toi, alors laissons un peu de temps et nous en reparlerons. Ce que je voudrais surtout savoir, c’est ce que tu as fait lorsque nous étions aux thermes après la bataille, car je n’ai rien vu et comme il ne restait presque plus personne, cela voudrait dire que tu t’es amusé longtemps.<o></o>

Podrick haussa les épaules.
-Pas grand chose. Enfin, rien de très important, je veux dire. Avec les autres, on a discuté, nagé, fait des courses ou d'autres trucs comme ça. Un peu comme quand avant j'allais nager dans l'port. Enfin, sauf qu'aux thermes, y a pas d'algues ou de poissons morts ou de machins dég... sales qui flottent. Pour ça, les thermes, c'est mieux, j'dois reconnaître.
Il sourit.
-Enfin voilà... Après les autres ont dû partir avec leurs parents. Et j'suis revenu vous voir.

L'elfe souriait, Podrick avançait sans même s'en rendre compte, mais ce pas elle voulait en profiter pour tenter d'amoindrir toutes les peurs qui peuplaient son esprit face à son avenir et surtout face à sa future entrée à l'école. Il aurait la boule au ventre, c'était certain, mais il pourrait au moins se raccrocher à une expérience positive.

Pas grand chose, eh bien comme tu y vas. La première fois que je t'en ai parlé, tu ne voulais pas m'accompagner aux thermes sous plein de faux prétextes. Aujourd'hui tu as accepté ... non proposé ... car pour un prétexte tout aussi faux, tu sentais que c'était incontournable ... tu es rentré bien penaud dans les thermes, pour te déshabiller cela n'a pas été mieux et lorsque nous nous sommes avancés vers le bassin, c'était toujours cet air emprunté que tu abordais ... et voilà que tu me dis que ce n'est pas grand chose ... juste une question bout de chou ... quelqu'un s'est-il moqué de toi ?

Podrick baissa les yeux, penaud.
-Ben... Non. Personne a vraiment fait gaffe. Comme tout le monde est à poil... et qu'on peut tout voir... bizarrement, ça a plus vraiment d'importance ce genre de détail, tout le monde s'en fiche.
Il grimaça.
-Mais moi... Je pouvais pas savoir... J'y étais jamais venu... Et vu qu'une fois on s'était moqué de moi à cause de ça, et que ça avait pas été très agréable... J'étais persuadé que...
Il se tut, subitement mal à l'aise, tandis qu'un voile passait dans son regard.
L'instant d'après, cependant, il souriait à nouveau, sa gêne oubliée. Ou simplement mise de côté.
-Je suis désolé d'avoir fait tout un cirque pour ça. Des fois, j'dois vous paraître vraiment bête. Remarquez, ça pourrait faire votre première leçon concernant les enfants ! Leçon 1 : "Les mômes ont plein de peurs bizarres". Et la deuxième leçon, ça serait "Les mômes croient ce qu'on leur raconte".. Moi, j'ai cru ce qu'on m'avait dit, c'est pour ça que j'avais tellement honte. Maintenant... Je préfère vous croire vous, franchement... Et de loin !

Le regard d'Arya changea, une tendresse infinie enroba l'enfant et elle caressa doucement sa joue.

Merci Podrick, cela me fait très plaisir que tu acceptes de m'écouter, certes, je ne sais pas tout ... sur les enfants ... sur les humains, mais je n'ai pas peur de me tromper, de le reconnaître. Alors, tu as toujours le droit de donner ton avis, enfin tu dois donner ton avis et nous en discutons, c'est toujours ainsi que nous trouvons les meilleures solutions, tu n'as plus à écouter les sornettes des uns et des autres, tu dois te faire confiance, vouloir très fort, accepter de découvrir et me faire confiance.

La salle s'était petit à petit remplie de la clientèle habituelle et le tavernier commençait à servir les repas. Ccomme à l'accoutumée, il savait qu'Arya et son petit protéger lorsqu'il l'accompagnait prenait le plat du jour, il s'approcha de la table et déposa deux assiettes bien garnies, un grand verre de lait et un piche d'hydromel.

Et bien, voilà qui va te permettre d'étancher ta faim et si vraiment cela est nécessaire, je crois bien qu'il y aura aussi un beau morceau de tarte.