La Couronne de Cuivre

-Oh, j'ai bien plus faim qu'envie de me changer ! En plus, comme l'après-midi qui m'attend s'annonce salissante, je risque de faire une entorse à mes principes et de conserver les mêmes frusques plus d'une demi-journée...
Lorsque le Lathandrite revint avec leurs deux repas, il constata que l'ambiance s'était considérablement détendue. Les Sunites devisaient joyeusement - Thibault avait apparemment encouragé ses coreligionnaires paladins à redoubler d'efforts pour mettre au jour des trésors - et il ne subsistait plus rien de l'ombre que la missive avait fait, un temps, planer parmi eux.

Albérich s'assit parmi eux et se laissa porter par leurs conversations légères. Lui-même avait l'intention de passer l'après-midi à l'intendance. Même s'il espérait que quelqu'un d'autre finirait par reprendre le poste — avec la bénédiction d'Etienne, ce qui ne semblait pas être une mince affaire — il était le plus qualifié pour continuer à la gérer pour l'heure, et il n'avait pas l'intention de manquer à ses devoirs. Il y avait cette liste à envoyer à Frida et Louis, notamment, avant qu'ils ne se remettent en route, et plus vite ils l'auraient, plus vite ils pourraient les rejoindre avec leurs nouvelles recrues nombreuses. Albérich avait aussi envie de parler d'agriculture avec Barthélémy. Le Chauntéen était sans conteste le plus à même de pouvoir répondre à ses questions en la matière, mais les Lathandrites avaient, eux aussi, le goût des choses qui éclosent et poussent. C'est donc d'une oreille distraite qu'il prit part aux échanges, déjà plongé dans le programme des heures à venir.

Sa distraction était apparente et Thibault, qui savait très bien ce qu'elle signifiait, le gratifia de quelques taquineries. Mais, globalement, l'on respecta ses réflexions et le repas s'acheva avant qu'il ait pu les mener à terme.
-Bonne scrutation intense de parchemins ! lui lança le Sunite comme tous se levaient. Je te dis à ce soir.
Et la tablée se dispersa, à l'image des autres convive emplissant la cantine : l'heure était venue, pour chacun, de retourner vaquer à ses occupations.

Albérich avait toujours une vague sensation de froid, aussi décida-t-il de faire un tour aux bains avant de se mettre au travail. Il avait besoin d'eau chaude pour détendre ses muscles, et chasser l'hiver qui s'y était niché. Une fois que cela serait fait, il gagnerait son bureau pour y prendre de quoi écrire et entamerait sa grande enquête afin de définir les choses à rapporter de Grand Estuaire. Il en profiterait aussi pour prendre la température auprès de chacun des fourmis industrieuses qui permettaient à la colonie de manger, boire, se chauffer et se vêtir chaque jour, afin d'imaginer d'éventuels aménagements...

Le temps qu'il passa dans son bureau lui permit de constater que ses déclarations au cours de la dernière assemblée n'étaient pas passées inaperçues et qu'elles avaient fait leur chemin dans les esprits : ainsi y eut-il plusieurs colons pour venir soit lui parler des désirs ou des aptitudes de leurs enfants en matière d'apprentissage, soit lui dire qu'ils étaient tout prêts à prendre des apprentis. Il y en eut même un pour s'enquérir du devenir des jeunes barbares, ceux qui logeaient dans les murs mêmes du château et que Ruth, Alban et le reste de leur petite bande avaient pris sous leur aile.
Quant au temps qu'il passa hors de son bureau, il s'avéra des plus productifs : les personnes qu'il interrogea ne se privèrent pas pour discuter avec lui, pour évoquer leurs idées, leurs remarques, leurs souhaits quand il y en avait...
En résumé, ce fut un après-midi bien rempli.

Il ne quitta son antre qu'à l'heure du souper. Hubert n'était pas venu le débaucher pour s'entraîner, peut-être avait-il estimé que leur sortie glaciale du matin était suffisante, et il était donc un peu rouillé d'être resté si longtemps assis. Il faisait à nouveau froid dans les couloirs et il hâta le pas pour retrouver la chaleur de la grande salle. Il avait l'intention d'aller s'informer des petits barbares auprès de Gabriel, puis de s'attabler avec Barthélémy.

Le Lathandrite, l'air fatigué mais d'excellente humeur, lui présenta volontiers son rapport.
-Alors, concernant les réfractaires, Guillermo leur a déjà rendu plusieurs visites et il pense que cela mettra du temps mais qu'il parviendra à s'en tirer avec eux. Pour ceux dont Thibault et moi nous occupons, il y a de petits progrès. Petits et pourtant indéniables, notamment en ce qui concerne leurs relations aux gamins de la Communauté qui viennent nous prêter main forte les après-midis. Enfin, pour les plus petits... Ils commencent manifestement à trouver leurs marques parmi nous et j'ai l'impression qu'ils en ont attendri plus d'un.
Il eut un sourire lumineux, plein d'allant.
-Bref : pour ces derniers, c'est bien engagé, et pour les autres, la route promet d'être encore très longue mais il y a de quoi se montrer optimiste.

" J'espère que certains seront réellement adoptés dans des familles, murmura Albérich, songeur. Ils sont si jeunes... Enfin. C'est bien engagé, comme tu le dis, et c'est en grande partie grâce à toi. Je te remercie pour tous ces efforts. En quelques jours, les perspectives semblent déjà bien plus lumineuses ! Mais je suis surpris de l'investissement de Guillermo... Pense-t-il récupérer les récalcitrants dans son groupe ? Ou bien est-ce juste parce qu'il a la manière avec les tempéraments sauvages ?"

-Peut-être les deux à la fois ? Et puis, c'est un homme de parole : il nous a répondu positivement quand nous lui avons demandé de l'aide et entend bien tenir ses engagements... Quant au fait que les choses soient bien engagées pour nos invités, n'oublie pas que je suis d'un naturel particulièrement optimiste ! Cependant, je ne pense pas me bercer d'illusions... Ce qui est sûr, c'est que Thibault m'aide beaucoup, comme me sont d'une aide précieuse les écuyers d'Hubert et leurs amis. A ce propos, je dois avouer qu'Alban m'impressionne : il est incroyablement dévoué, prévenant, gentil avec eux...
Il jeta un regard au garçon, à l'autre bout de la salle.
-Tout ça pour dire que ce serait une erreur de m'attribuer tout le mérite des progrès que nous réalisons : c'est un travail d'équipe, je ne m'en sortirais jamais seul.

" Je sais... mais l'enthousiasme est communicatif, tout comme l'optimisme. Tu es indéniablement nécessaire à ce processus."
Il sourit.
" Je constaterai tout ça de mes yeux demain matin. Et je suis bien content — surpris, mais content — que Thibault trouve là une activité qui lui plait."

-Il affirme qu'offrir affection et bienveillance à des êtres qui n'en ont que trop peu reçu, sinon pas du tout, est une mission taillée sur mesure pour un Sunite. Et il a l'air convaincu de ce qu'il dit. Quant à savoir si ça lui plait...
Gabriel eut un sourire amusé.
-Il râle beaucoup, tu sais. A cause de leur propension à se salir et de leurs manières rustres. C'est assez cocasse à voir, je l'admets ! Mais ça n'empêche pas qu'il se démène comme un beau diable, au point que j'ai du mal à imaginer qu'il fasse ça par pur dévouement. A moins qu'il n'envisage comme un défi personnel le fait d'essayer de les "civiliser" ?

" Je n'en sais rien. Je ne connais pas aussi bien le Thibault d'aujourd'hui que le Thibault d'hier, et je peux t'assurer qu'hier, il n'aurait jamais passé son temps à une activité pareille. Je ne suis pas certain qu'il soit opportun de creuser ses motivations, cela dit. Parfois on fait des choses parce qu'on les sent, simplement. S'il se mettait à trop y réfléchir... Peut-être que subitement, il estimerait la tâche très peu appropriée."
Il sourit.
" Bon, mais trêves de bavardages... Je te laisse manger... et je vais à la poursuite de Barthélémy..."

-Bonne discussion et bon appétit ! fit le jeune homme avant de reporter son attention sur son assiette.
Barthélemy était attablé non loin de là, entamant tout juste son repas. Il salua Albérich avec affabilité et lui garda une place tandis que celui-ci allait chercher sa pitance.
-Alors, point de refroidissement après ta sortie du matin dans la tourmente ? s'enquit-il à son retour.

Albérich passa les mains sur son visage.
" Pour l'heure, ça a l'air d'aller. Mais je vois ce que tu veux dire : je prendrai une tisane avant d'aller dormir."
Il sourit.
" Je viens te déranger pendant ton repas pour te parler... d'agriculture. Je me demandais ce qui avait été esquissé, déjà, en la matière... Vu que tu es le spécialiste..."

Si d'autres n'auraient pas manqué de souligner qu'il ne pouvait s'empêcher de parler travail y compris durant les moments traditionnellement dévolus à la détente, ce ne fut pas le cas du Chauntéen.
-Et bien... D'abord, nous avons emporté diverses semailles. Pas de quoi obtenir des récoltes suffisantes pour nourrir toute la Communauté, car nous comptions nous réapprovisionner, mais il y en a malgré tout des quantités non négligeables. Ensuite, avant que la neige ne commence vraiment à tomber, j'ai jeté un coup d’œil au pré qui entoure la forteresse et, depuis les remparts, aux anciens parcs de la cité. Je n'ai bien sûr pas vu grand chose des seconds mais je pense malgré tout que cela vaudra la peine de les ensemencer. De toute façon, je doute que nous puissions exploiter les terres entourant la ville avant au mieux de longs mois...

Albérich opina du chef.
" Je ne sais pas exactement quand nous sommes... Sans doute à la fin de Martel, je suppose, j'ai perdu le compte des jours... Ça nous laisse presque deux mois d'hiver, encore, sans doute... Mais il faudra être à pied d'oeuvre rapidement, j'imagine. Nous ravitailler sur autant de temps, pour autant de personnes... ça va nous demander la sécurisation des routes... ce qui va nous demander des gens... ce qui va nous empêcher de progresser dans d'autres registres... Et d'après le recensement que j'ai effectué, nous n'avons pas tant de paysans que ça... Pas assez pour faire tourner de quoi nourrir cinq cents et bientôt mille personnes."

-Tu penses que les prochains renforts seront à ce point nombreux ? Et bien, si tel est le cas, cela augmente les chances qu'il y ait d'autres paysans dans leurs rangs. De surcroit, plus il y aura de monde, plus nous pourrons mobiliser de gens durant les périodes de grands travaux agricoles, comme cela se fait dans les villages... Enfin, nous ne manquons pas d'animaux de trait et nous avons de quoi, au besoin, en acheter d'autres... En toute franchise, je suis davantage inquiet, sur le court terme, pour la quantité de terres arables à disposition : les anciennes pelouses de la forteresse et des parcs ne sont pas aussi vastes que cela, sans compter que leur rendement risque d'être modeste dans un premier temps.

" Oui, je suppose... Mais le marais en lui-même peut peut-être subvenir à une partie de nos besoins... Les rôdeurs doivent connaître les plantes comestibles et le gibier disponible. Sans compter que le lac est peut-être poissonneux... Nous pouvons être chasseurs et cueilleurs un temps, avant de passer à l'agriculture."
Il opina du chef, à moitié pour lui-même.
" Bon, j'imagine que tu nous feras signe quand tu estimes qu'il est temps de mobiliser nos forces vives. Dès que le dégel aura commencé, il faudra labourer. Ah... Et que penses-tu du bétail ? Nous sommes venus sans rien, mais j'imagine qu'il nous faudrait rapidement acheminer poules, vaches et cochons vers la colonie."

-C'est indéniable, même s'il y aura un équilibre à trouver, car qui dit bétail dit nourriture pour le bétail et, la concernant, nous nserons dans la même situation que pour la nôtre... Enfin, cet équilibre, nous le trouverons. Quant à la chasse et à la cueillette, tu as raison, il nous faudra compter dessus. Ce serait sans doute une bonne idée de poser des questions à ce sujet à Devyn et Dormund, les Paludiers qui ont accompagné notre trio de Sunites : leur peuple vivant dans cette région, il pourrait nous apprendre énormément.

" Oui, c'est une chance que nous ayons cette aide locale... Surtout en l'absence de Varamyr."
Il sourit puis hésita pendant une seconde à poser une question concernant les résurrections. Il s'en abstint. Il ne voulait rien en savoir.
" Qu'en est-il es réserves de simples ? Est-ce que tu as aussi des desiderata à transmettre à Grand Estuaire ? Nous devons finaliser une liste, et je crois que tu es un des derniers que je n'ai pas sondés... "

-Nous n'avons pas encore vidé la pharmacie, loin s'en faut. Néanmoins, elle n'est jamais assez fournie à mon goût. De plus, il faut admettre que nous avons eu beaucoup de chance jusqu'ici et que cette dernière pourrait bien tourner : avec l'hiver qui nous rattrape, nous sommes exposés aux refroidissements et si quelque épidémie de grippe se déclare, par exemple, les réserves pourraient fondre comme neige au soleil... Je te préparerai donc une liste et te la remettrai au plus tôt. Enfin, si je puis me permettre, je crois que son corollaire indispensable est l'achat d'une grande quantité de vêtements chauds : c'est la pénurie dans nos rangs, surtout avec l'arrivée des jeunes Paludiers dont la majorité est pour le moins loqueteuse.

" J'ai déjà prévu ce genre de choses... Je n'ose pas imaginer cette seconde colonne de chariots, cheminant dans la neige... Espérons que ni Paludiers, ni morts-vivants ne viendront les encombrer en sus. Enfin, nous avons désormais l'expérience du terrain, nous pourrons les guider et les escorter. Je ne suis pas parfaitement certain que profiter de l'hiver pour voyager était la meilleure des idées, mais j'imagine que, comme le reste, cela avait-été mûrement réfléchi..."
Il sourit.
" Mais souviens-toi que je suis clerc, moi aussi, et que la santé était mon domaine de prédilection. Si tu as besoin d'un coup de main, pour quoi que ce soit, je suis toujours disponible."

-Même si je rechignais à te déranger, je n'aurais pas le choix en cas de maladie contagieuse : à moi seul,, je ne pourrais y faire face. Alors oui, tiens-toi prêt à être mobilisé... Et je reconnais que la saison n'est pas idéale : ceux qui sortent rentrent invariablement trempés et gelés, ces grandes salles sont pleines de courants d'air et difficiles à chauffer... Mais le côté positif est que, durant le trajet, nous avons évité les embourbements, les nuées d'insectes et les fièvres des marais.

" Peut-être devrions-nous encourager formellement les colons à se signaler au moindre symptôme suspect... Nous n'éviterons pas quelques malades, mais si nous pouvions prévenir une épidémie, ce serait quand même mieux... Il n'y a que trois paladins, quatre clercs, nous restons globalement démunis en termes de guérison musclée."
Il jeta un oeil vers l'une des fenêtres.
" Mais si le froid devient plus intense, il faudra repenser notre occupation éclatée de la forteresse... Boucher les issues, les fenêtres, et peut-être mettre un frein aux sorties. Personne n'est venu pour geler sur pied et nous devons pouvoir nous plier aux impératifs de la nature, quand elle se fait cruelle."

-Ce n'est certainement pas moi qui te contredirais sur ce point. Mais d'aucuns argueront qu'il faut aussi tenir compte de nos propres impératifs : la nécessité d'explorer la cité pour mieux la contrôler et y trouver de nouveaux logements, car nous pourrions bientôt être à l'étroit ici ; celle de pallier aux conséquences néfastes pour le moral d'un trop long enfermement...
Le vieillard sourit.
-Là encore, c'est une histoire d'équilibre, et je suis certain que le cas échéant, nous saurons l'atteindre. Cependant, il n'est pas impossible que l'actuelle tempête ne soit qu'un coup de semonce, que l'hiver nous ménage ensuite un répit. C'est d'ailleurs à espérer pour ceux qui souhaitent nous rejoindre.

" Effectivement, dit Albérich avec un calme sourire. Cela dit, nous pouvons leur conseiller d'hiverner à Grand Estuaire, si nous pensons les conditions trop risquées sur la route, et trop pénibles ici. Il est inutile de mettre le groupe en danger si on peut l'éviter. De surcroît, un peu d'attente permettrait de trier les exaltés des gens qui ont véritablement réfléchi à leur engagement..."
Il soupira.
" Je vais arrêter de parler. Thibault a raison : je ne sais pas décrocher."

-Bah, chacun son caractère... Et en ce qui me concerne, notre conversation ne me dérange en rien;
Il se tut un instant, pensif.
-D'ailleurs, pour rebondir sur ton dernier point... Je ne sais pas si nous pouvons vraiment souhaiter à ceux qui veulent nous rejoindre de demeurer à Grand-Estuaire. Les autorités locales doivent s'arracher les cheveux : elles se pensaient débarrassées de la Communauté et voilà qu'elle leur retombe dessus. De surcroit, les renforts étant manifestement nombreux, il n'y aura jamais assez d'hostelleries en ville pour les loger : il leur faudra donc camper sous la tente, comme nous l'avons fait en une saison bien plus propice... Tu me diras, ils n'avaient qu'à songer à cela avant de se mettre en route, et ce n'est pas faux. Mais la situation étant ce qu'elle est...

" Oui, je m'en rends compte. Mais Frida est une experte du terrain... Elle tranchera, je suis sûr, avec bon sens. Et peut-être faudra-t-il simplement scinder le groupe, entre les gens aptes à entreprendre le voyage, et ceux qui feraient mieux d'attendre des jours meilleurs. Je ne pense pas que ce soit complètement impossible."
Il étouffa un bâillement entre ses paumes.
" Je me dis, autre sujet, que les refroidissements de l'hiver pourraient être une opportunité de recruter l'un ou l'autre assistant dans le dispensaire. Mais tu as peut-être déjà quelques personnes qui t'aident de manière suivie... Même sans se destiner à devenir clerc, on peut bénéficier d'une formation solide en simples et soins..."
Il songea malgré lui à Aloysius, le guérisseur de Solarcis auprès duquel il avait travaillé, et cela lui arracha un sourire personnel. C'était la seule et unique victoire qu'il emportait de la métropole septentrionale. Il faudrait qu'il lui écrive, bientôt, même s'il ne doutait pas que ce qu'il avait appris à Pernille était déjà chose connue aux quatre coins de la ville.

-Tu ne perds pas le nord, commenta le vieux clerc, bonhomme. Pour être franc, je me débrouille seul depuis la mort d'Agnès : je ne suis pas débordé de travail et si d'aventure un coup de main s'avère nécessaire, je réquisitionne la première personne à passer à proximité. Pour autant, je serais ravi de transmettre ce que je sais, en tous les domaines. Alors si tu vois quelqu'un d'intéressé, n'hésite pas à me l'envoyer. Par ailleurs, peut-être devrions-nous aussi questionner les Paludiers à ce sujet : leurs connaissances des simples locaux nous seraient précieuse. Mais cela devra sans doute attendre que leur ambassade soit arrivée et qu'elle ait déterminé quels liens le clan des Dents Grises entretiendra avec nous.

" Je crois que si tu veux les questionner, les Paludiers que nous avons ici seront prêts à te transmettre leur savoir sans passer par des sanctions officielles, dit Albérich en jetant un coup d'oeil par dessus son épaule, les cherchant du regard. Pour le reste, rappelle-toi qu'après les assauts des cannibales, tu as été débordé par l'afflux de blessés. Je ne nous souhaite bien sûr pas qu'une telle mésaventure se reproduise, mais je me dis qu'un ou deux assistants au fait des réserves et des procédures ne serait pas du luxe. Et je ne pense pas, non, à des adolescents de treize ans. Je pense à des jeunes gens qui peut-être, déjà, remplissaient ce type de rôle dans leur communauté... Une sage-femme, un rebouteux... parfois à ses heures perdues, en plus d'une activité plus habituelle... N'as-tu noté personne de ce genre, rôdant autour de tes locaux ?"

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue