La Couronne de Cuivre

HRP : je vais résumer deux trois interactions, mais ensuite, je n'ai pas de plan particulier, donc on peut doucement clôturer.

Albérich était soulagé de l'accueil qu'on lui avait fait : ses collègues se souvenaient, bien sûr, de son manque de goût pour les grandes déclarations (sauf celles qui faisaient partie intégrante du culte, bien sûr). Il bavarda avec toutes les personnes à sa portée, à l'exception de Tallad qui, étant muet, ne pouvait pas vraiment converser. S'il apprécia ces échanges simples et chaleureux, il réalisa qu'il lui faudrait prendre le temps, ensuite, d'aller discuter avec l'un ou l'autre, en privé. Il n'avait pas la même relation avec les jeunes de son âge et avec Céleste, par exemple, et il se rendait bien compte que la vieille prêtresse ne le lâcherait pas avant qu'il lui accorde un peu de temps.

C'est donc ce qu'il fit une fois le repas terminé : il alla marcher avec elle dans les jardins enténébrés, bras dessus bras dessous. Céleste avait toujours été son plus fidèle soutien parmi les aînés, depuis le jour où, quinze ans plus tôt, il était rentré d'Eredhun. Elle prit de ses nouvelles, sans le brusquer, exprima son bonheur de le revoir (elle n'en avait pas douté... personne ne semblait en avoir douté, ou du moins, oser le dire), l'interrogea aussi sur Marcus puis, de manière un peu imprévue, sur Hubert. Il s'avéra qu'elle l'avait connu, comme cela devait être le cas de la plupart des clercs plus anciens, qui n'avaient sans doute pas pu éviter d'apprendre le scandale qui secouait la commanderie au moment de son procès. Elle l'interrogea un peu sur ses projets et il se montra plus honnête avec elle qu'il ne l'avait été avec Alaric, lui parla de ses doutes, de son élan. Elle ne lui donna pas de bons conseils, sinon celui d'avoir foi en lui-même. Elle lui rappela aussi, d'un air malicieux, que Lathandre était lumière et non sacrifice. A présent qu'il rayonnait à nouveau, rejoindre les rangs des Ilmates n'était plus permis.

Quand Albérich regagna le réfectoire, celui-ci s'était fortement dépeuplé. Y restaient cependant des clercs de sa génération : Perran, Florent et Rachel, notamment. Il y avait encore du vin, aussi, et Albérich, qui s'était promis de rester raisonnable, se retrouva piégé par ses anciens camarades. Ils bavardèrent de tas de choses, de la Forêt Maudite, de Luménis, de Clairétoile, des novices et des vieux prêtres, des paladins voisins, de Maelwedd, de la guerre, des derniers spectacles en vogue, des projets pour l'été à venir, avec chaleur et légèreté, jusqu'à ce qu'ils aperçoivent le ciel griser par les fenêtres.
" Bon... Il faut qu'on aille à la nef... C'est l'heure de la cérémonie de l'aube... murmura Florent, d'un ton vaseux.
— Diable, lâcha platement Albérich.
— On remet ça ce soir, proposa Perran, passablement éméché, encore.
— Diable." répéta Albérich en se levant tant bien que mal.
Rachel dormait sur la table et ils jouèrent à pierre-papier-ciseaux qui aurait le bonheur de la réveiller.

Ce fut Alberich qui gagna - ou plutôt perdit- au jeu, et qui dut réveiller la prêtresse. Il se fit vertement rembarrer par la jeune femme au caractère toujours aussi direct, et ils durent rejoindre la cérémonie sans elle. Elle suivrait plus tard.

Nul ne parut remarquer leur air vaseux et leur démarche peu alerte, ou, du moins, nul ne leur en fit le reproche, bien au contraire : ce furent des sourires entendus qui les accueillirent tandis qu'ils rejoignaient la nef. La présence d'Alberich était remarquée de tous, bien évidemment. Il eut même à demi l'impression qu'Alaric parlait de lui, indirectement, lorsqu'il évoqua pendant la cérémonie l'espoir qui renaît et la lumière toujours triomphante. C'étaient, bien sûr, les thèmes habituels, mais au vu des regards qui glissaient dans sa direction, il sut qu'ils prenaient, aujourd'hui, un sens particulier pour nombre d'entre eux.

Le bonheur renouvelé de communier avec son Dieu eut tôt fait d'effacer chez Alberich toute trace de fatigue. Comme ses condisciples, il fut bientôt plein d'une énergie nouvelle, irradiant toutes les fibres de son âme, prêt à affronter la nouvelle journée qui commençait.

HRP : Pour info : Perran a eu vent de l'expédition vers la Forêt Maudite en suivant la boussole, et sait que le vieux Marcus a souhaité rester là-bas... et Alaric sait qu'il y a là-bas une petite fille encore bébé qui a probablement du sang divin dans ses veines (mais sans plus de précision ni certitude), mais ce n'est pas le genre de chose qu'il abordera en public ; à toi de voir si tu souhaites qu'ils laissent passer un indice à ce sujet ou si la vision onirique se suffit à elle-même

HRP : je pense que ce n'est pas nécessaire

Albérich ne resta qu'une journée à Luménis, ainsi qu'une seconde nuit. Il était conscient que s'attarder davantage serait mauvais pour son moral, en rendant son départ encore plus pénible. Il s'interdit d'aller flâner dans les rues, renonça à rendre visite à son père adoptif, demeura au final dans les replis du Temple, avec un court passage chez les paladins, pour vérifier que Printemps était bien installé (il n'en doutait pas) et donner des nouvelles d'Hubert à ceux qui l'avaient connu autrefois. Il profita des jardins, de la bibliothèque, bavarda avec les novices, avec les Semeurs, participa à l'une ou l'autre cérémonie, mais demeura en retrait. Il se sentit nostalgique d'un temps béni, révolu cependant, et l'avenir était incertain, plus chaotique, mais il avait foi en sa capacité à en tirer le meilleur. Les paroles de Céleste le perturbaient, cependant, la lumière et le sacrifice, qu'avait-elle sous-entendu exactement ?
Et Hubert lui manquait, de manière beaucoup plus vive qu'il ne l'aurait cru, sans doute parce qu'il était toujours son rocher salvateur face à la tempête, et qu'au milieu de toutes ces émotions positives, et le bonheur, et la bienveillance, il se sentait troublé.
Alaric lui aurait dit que ce n'était pas lathandrite, mais Albérich avait appris que Lathandre le prenait comme il était, avec sa part de grisaille, parce qu'elle finissait toujours par céder au soleil.
Le soir venu, les joyeux larrons de la veille tentèrent de l'entraîner dans une nouvelle nuit d'ivresse et de palabres, mais cette fois, il tient bon et s'esquiva tardivement mais avant l'aube. Il eut droit à de grandes embrassades, à des déclarations inspirées par le raisin et à quelques promesses. Il promit aussi : de ne jamais rester silencieux trop longtemps, de revenir, et il quitta ses comparses avec un peu de mélancolie.
Il contacta Hubert dans la nuit noire, le paladin ne dormait pas, ils échangèrent quelques pensées qui l'aidèrent à s'endormir.
Au petit matin, il gagna la nef pour une ultime cérémonie avant de quitter Luménis. La tête haute, cette fois, volontairement. Mais quand même, quitter Luménis... Ce n'était pas une chose triviale.

Alaric vint le voir à la fin de la cérémonie de l'aube, pour le saluer avant son départ, et lui répéter qu'il serait, bien sûr, toujours le bienvenu au temple. Il tenait également à lui transmettre les salutations de l'amiral Longuehune : son départ de son poste de conseiller avait été un rude coup pour Théobald -surtout vu l'identité de celui qui avait été nommé pour le suppléer-, et il avait fait promettre à l'aubemestre de lui transmettre ses amitiés, si toutefois il venait à passer par là.
Comme d'autres avant lui, Alaric lui fit également promettre de donner des nouvelles de temps à autre -mais lui avait eu la chance d'en avoir plus régulièrement que les autres.
" Ce n'est qu'un au-revoir, bien sûr. Hélonna n'est pas si vaste... Et puis, si tu ne reviens pas, je gage que tes amis auront tôt ou tard envie de te rendre visite dans cette mystérieuse cité. Maintenant que les liens ont été renoués, cela rend ce genre de choses plus facile. C'est une bonne chose que tu sois revenu, pour ne pas rester sur le souvenir d'un départ triste dans la grisaille de l'hiver. Pour eux, comme pour toi : tourner une page permet d'aller de l'avant... Et je te souhaite un avenir lumineux, là-bas."

Albérich lui serra la main.
" Merci pour ton accueil, Alaric. Je reviendrai sûrement... de temps en temps. Jusque là, je te souhaite de faire rayonner Lathandre sur Luménis, chaque jour davantage. C'est une lutte constante, je suis bien placé pour le savoir, mais je ne doute pas de vous. Puisse le Seigneur de l'Aube illuminer votre chemin à tous."
Il leva les yeux sur la façade rose que le soleil colorait d'orangé. Il savait qu'il ne serait plus jamais capable d'être membre d'une congrégation sans en être le chef. Il avait trop de passif, trop d'envies, trop d'idées sur la manière dont les choses devaient se faire... Il revint à son interlocuteur, lui sourit.
" Au revoir."
Il descendit les marches du perron, fut intercepté par l'un ou l'autre avant d'avoir pu fuir, mais finit par gagner la commanderie, les écuries, Printemps, puis la rue.

HRP : merci Voya pour ce passage, je vais reprendre en solo à partir d'ici

La Couronne de Cuivre

[Temple] Le Sanctuaire de Lathandre