La Couronne de Cuivre

RP : Retour à l'abri.

Kasumi eut plus de chance cette fois-ci. Il trouva assez rapidement un faucon, qu'il tenta d'amadouer en lui faisant miroiter des proies faciles. Le fauson restait méfiant envers le village des hommes où certains pouvaient être armés d'arcs et de flèches.
Il finit toutefois par le convaincre de se mettre en route. L'oiseau survola les pâturages, parvint rapidement au col, puis continua sur sa lancée, survolant à haute altitude la vallée. Son regard perçant lui permettait de voir des détails qu'un oeil humain n'aurait pu entrevoir, et il vit un petit rassemblement de quelques personnes, devant l'une des maisons qu'il n'eut pas le temps d'identifer.
- Eloignez-vous, maintenant !
La voix interrompit sa concentration, coupant le contact avec l'oiseau. Mais juste avant, il avait eu le temps d'apercevoir un détail qui ne trompait pas : parmi les personnes rassemblées se trouvaient deux femmes, l'une clairement identifiable à sa longue jupe et à son tablier, et l'autre qui portait des chausses mais avait les cheveux longs d'Astrée, sa silhouette, et des vêtements de même couleur. Il n'eut pas le temps d'en voir plus.

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Kasumi fut immensément soulagé par la vision fugace que lui avait offert le faucon avant qu'il ne perde le contact. Il était persuadé qu'Astrée s'en était sortie et c'était bien là l'essentiel. Peu désireux de remettre l'ensorceleur dans de mauvaises dispositions, Kasumi s'éloigna du sac d'or, un peu inquiet de ce que serait sa réaction en constatant que seul le paiement initial avait été versé. Il s'éloigna encore pour finalement rejoindre sa louve.

- Vous semblez avoir rempli votre part du contrat. Si c'est bien le cas, plus aucun différend ne nous oppose. Mais je n'aimerais pas avoir à vous rechercher alors contentez-vous de votre or. J'ai moi-même eu autrefois à subir la vindicte de villageois mais il y a parfois d'autres voies...

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Dès que Kasumi se fut suffisamment éloigné, un faucon atterit dans la clairière, près du sac. Il le saisit de ses serres et s'envola en direction de l'arbre d'où venait la voix. Kasumi perçut du mouvement. Devina que l'homme ouvrait le sac....

La voix qui s'éleva alors était remplie de colère, et son grondement paraissait résonner et s'amplifier en rebondissant sur les rochers.
- Quoi ? Seulement 100 pièces d'or ? Vous m'avez trompé ! Vous êtes un menteur, vous n'avez pas plus de parole qu'eux ! Et vous osez dire que plus aucun différent ne nous oppose ?

Il y eut un bref instant de silence, et Kasumi eut l'impression que l'homme s'étranglait de colère. La voix reprit, dans un grondement encore plus fort.

- Je crois que vous avez grandement sous-estimé l'étendue de leur dette... et de ma colère ! Cela, c'est ce qu'ils me devaient il y a quatre jours. Au lieu de cela, ils m'ont chassé à coup de pierre, blessant gravement mon familier, et lui ou moi aurions pu être tués ! Donc si vous croyez que ces 100 pièces d'or pourraient suffire à régler l'affaire, vous vous trompez lourdement.... Et puisqu'ils n'ont pas voulu accepter le compromis que je leur offrais, puisqu'ils ne me traitent que par le mépris, ils vont le payer ! Cher !

Un sifflement étrange se fit entendre. Intense. A la fois suraïgu et étrangement grondant. Il faisait vibrer l'atmosphère, Kasumi le ressentait au plus profond de ses entrailles. Il lui semblait percevoir une mélodie, mais davantage avec son corps qu'avec son ouïe. Le bruit parut durer une éternité.
Puis le pipeau se tut. Quelques instants plus tard, le faucon s'envolait, transportant un sac dans ses serres. Et ce fut le silence.

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Kasumi était atterré. Il savait avoir commis une grave erreur en négligeant d'avertir les villageois des demandes extravagantes de l'ensorceleur. Peut être serait-il parvenu à obtenir un paiement partiel en prenant le temps de les convaincre. Mais maintenant c'était trop tard, les évènements ne lui laissaient plus le choix. Redoutant ce que l'ensorceleur pouvait avoir fait au village et à Astrée, le rôdeur chercha à le repérer. S'il s'était envolé, il n'aurait d'autre choix que rentrer au village en espérant qu'il ne serait pas trop tard... Première Neige pouvant couvrir plus rapidement le chemin, il l'envoya en avance, en lui enjoignant de se presser pour aller avertir Astrée.

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Première Neige partit aussitôt, trottinant rapidement en direction du col et du chemin qui descendait vers le village. Elle avait retrouvé toute sa vigueur, et semblait désireuse de rattraper sa relative inefficacité des heures précédentes.
Le faucon s'était envolé au loin, dans la même direction approximativement que la louve. Et nulle trace ne subsistait de l'homme au pipeau.
En revanche, au bout de quelques minutes, l'instrument se fit à nouveau entendre. Le bruit venait de quelque part entre Kasumi et le village, même s'il avait bien du mal à estimer la distance vu l'étrange résonnance de la mélodie qui se répercutait dans toute la montagne.

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Kasumi avait suivi de près le départ de la louve. Il parviendrait au village bien après elle mais il ne pouvait pas attendre à ne rien faire. Peut être qu'il pourrait encore réparer les dégâts et évitait la catastrophe qui se profilait s'il parvenait à rattraper l'ensorceleur. Malheureusement, celui-ci semblait capable de voler pour aller si vite. Le terrain dangereux retardait la progression d'Ombrage mais le rôdeur était déterminé. Il tenta de rester en contact avec Première Neige qui dévalait la pente aussi rapidement que possible. Il avait eu tort et ne savait pas comment annoncer la nouvelle aux villageois, si le village était toujours là à son retour du moins...

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Première Neige avançait aussi vite que la pente le lui permettait. Ombrage, plus prudent, accepta néanmoins de se mettre au trot sur la portion plus plane du terrain, traversant rapidement les pâturages. Arrivés au col, ils retrouvèrent le troupeau de chèvres, livrées à eux-mêmes, toujours sous la surveillance du même chien de berger qui peinait de plus en plus à empêcher la dispersion des bêtes. Le troupeau menaçait de se scinder en deux, une partie des chèvres revenant en direction du lac où se trouvaient les meilleurs pâturages. Mais le rôdeur avait certes d'autres soucis plus urgents à régler.
Il entama la descente sans croiser âme qui vive. Il entendait plus nettement le bruit du pipeau, étrangement envoûtant, quelque part devant lui. Il avait parfois l'étrange impression que cette mélodie tentait de lui donner un ordre, comme s'il fallait qu'il se rapproche de la source. Par moment, il semblait sentir une étrange attirance. Mais un simple effort de volonté et de concentration suffisait à lui faire reprendre rapidement ses esprits.
Il avait dû mettre pied à terre pour guider Ombrage dans la descente, conscient de perdre du temps... mais il n'avait pas le choix. Il avait quitté le lac depuis près d'une heure quand Première Neige lui communica un sentiment d'angoisse et d'incompréhension. Devant elle, sur le chemin montant au col, se trouvaient un groupe d'enfants, peut-être quarante ou cinquante, qui avançaient silencieusement, régulièrement. Autour d'eux, des adultes, leurs parents, qui visiblement tentaient de les retenir. Les mères avaient saisi les plus jeunes dans leurs bras, les pères tentaient de retenir les plus grands, mais certains leur échappaient, avançaient encore, avant d'être rattrapés. Dès qu'un enfant était lâché, il continuait sa progression.
Première Neige s'était arrêtée à quelque distance, tapie derrière une haie, pour observer la scène. L'anormalité de la situation causait chez elle un sentiment proche de la panique. Une bonne nouvelle, cependant : parmi les adultes présents se trouvait Astrée, qui tenait elle aussi un enfant dans les bras.

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Le fait qu'Astrée soit toujours en vie était un soulagement mais le rôdeur redoutait l'ensorcellement dont les enfants étaient manifestement victimes. Il enjoignit Première Neige au calme et l'incita à suivre discrètement le groupe de villageois. Dans leur panique, la vue d'un loup pourrait être prise pour une nouvelle manigance de son ennemi. Kasumi décida de se diriger dans la direction du pipeau, à l'endroit où devait se trouver l'ensorceleur. tout ce qu'il savait était qu'il valait mieux arriver à lui avant que les enfants soient à sa portée, quel que soit le funeste sort qu'il leur réservait.

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D'après la provenance du bruit, le joueur de pipeau se trouvait plus loin sur le chemin. Mais Kasumi mit plus d'une heure avant d'y arriver. Une heure pendant laquelle la situation des villageois n'avait guère évolué : ils retenaient les enfants de leur mieux, mais certains avaient fini par leur échapper, les obligeant à avancer un peu plus pour les retenir. Globalement, la situation semblait sous contrôle... précaire.
Il sut qu'il était arrivé tout près le l'inconnu lorsque le pipeau se tut subitement. Il avait du mal à savoir exactement où se trouvait le joueur, l'écho déformant étrangement cette mélodie magique. Mais au bout de quelques instants, un faucon, le même qu'il avait aperçut, s'envola à nouveau d'un arbre devant lui. Et se dirigea vers le col, revenant sur ses pas. Les villageois, eux, étaient à moins d'une heure de marche plus bas.

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Kasumi descendit de sa monture conscient que l'homme était proche bien que toujours dissimulé. Cette fois-ci, le rôdeur jugea plus prudent d'apprêter son arc. Il n'était plus vraiment question de négocier cette fois-ci, pas tant que les enfants du village seraient en danger. Kasumi ignorait si l'ensorceleur s'en était pris délibérément à eux seuls comme il l'avait fait pour les femmes ou si son sort touchait les plus faibles. Quoi qu'il en soit, l'homme devait avoir une idée en tête : se venger en faisant du mal aux jeunes gens ou s'en servir à nouveau comme otages. Kasumi fouilla les environs du regard avant de décider de se fier à ses autres sens. peut être un son ou une odeur trahirait la présence de celui semblant si doué pour se dissimuler aux regards. Le demi-elfe cherchait aussi des animaux au comportement suspect qui pourrait trahir une anomalie ou une présence

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Le rôdeur eut beau chercher activement, rien ne trahissait une quelconque présence humaine. Il était pourtant bien dans la zone d'où provenait la musique quelques instants auparavant, et il n'y avait guère d'endroit où se cacher : quelques buissons sur les bas-côtés, quelques rochers, quelques arbres, dont celui d'où le faucon s'était envolé.
Première Neige l'informa que sitôt que la mélodie s'était arrêtée, les enfants avaient cessé leur progression, mais ils étaient toujours envoûtés, incapables du moindre mouvement par eux-mêmes.

Quelques minutes plus tard, la mélodie reprenait, rendant inutiles les recherches de Kasumi. Elle provenait cette fois-ci... du col, à plus d'une heure de marche derrière lui. La louve l'informa que les enfants tentaient à nouveau de monter. Et que deux hommes, parmi les villageois, se détachaient du groupe pour monter vers le col.

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La rapidité avec laquelle l'ensorceleur parvenait à se déplacer devenait inquiétante et semblait tourner en dérision tous les efforts de Kasumi pour l'intercepter. Le rôdeur dut une nouvelle fois se résoudre à faire demi-tour en se demandant si la musique n'était pas un leurre. Mais le plus probable était que son ennemi pouvait se téléporter ou alors se transformer en oiseau. Il ne connaissait aucun animal terrestre capable de couvrir une telle distance si rapidement... Immédiatement, il fit le rapprochement avec el faucon qu'avait utilisé l'homme. Peut être ne s'agissait-il pas vraiment d'un familier. Tout en poursuivant son chemin, le rôdeur tenta de faire passer une idée à la louve, lui décrivant les enfants entravés et rendus sourds par de la résine. Peut être que Première Neige pourrait lui servir d'intermédiaire pour contacter Astrée, une opération des plus périlleuses.

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Première Neige avait compris l'idée suggérée par Kasumi, étonnament bien pour un animal. Mais il n'était pas simple pour elle de parvenir à contacter Astrée. Heureusement, la rôdeuse tentait elle aussi, de temps à autre, de repérer une trace de la louve, du moins quand l'enfant qu'elle portait ne gigotait pas trop. Malheureusement, son estimation de l'endroit où se trouvait la louve était fausse, puisqu'elle l'imaginait beaucoup plus près du col, voire de l'autre côté. Et concentrée comme elle l'était, elle n'était pas réceptive aux tentatives maladroites de Première Neige.
Il fallut finalement que la louve prenne le risque de sortir de sa cachette, se glissant dans le champ de vision de la rôdeuse. Les villageois étaient bien trop occupés à empêcher leurs enfants d'avancer pour prêter attentionà elle, et même Astrée faillit ne pas la remarquer, mais elle était entraînée à repérer le moindre mouvement animal....
Le message finit donc par être transmis, même s'il n'était pas évident à mettre en application dans l'immédiat. Pour boucher les oreilles sans courir le risque de causer des dommages, il fallait en effet des bouchons de résine presque secs. Néanmoins, la louve vit Astrée, et quelques villageois, entailler des troncs d'arbre pour en extraire des perles de résine qu'ils allaient laisser sécher un peu avant de les glisser dans les oreilles des enfants.

Pendant ce temps, Kasumi avait avancé, se rapprochant petit à petit du col d'où semblait venir la mélodie. Il ne progressait pas aussi vite qu'il l'aurait voulu, le terrain escarpé l'obligeant à veiller à ce que sa monture ne glisse pas. Le pipeau jouait sans discontinuer, et Première Neige envoyait à son maître des images d'enfants échappant à leur parents et avançant, obstinés. Il était presque arrivé au col lorsque les premiers bouchons d'oreille furent mis en place, sur quelques-uns des enfants parmi les plus grands. L'effet fut immédiat : ils s'arrêtèrent instantanément de marcher. mais ne furent pas délivrés du sort. Ils demeuraient sur place, hébétés, immobiles. Mais au moins n'avançaient-ils plus...

Arrivé au col, Kasumi aperçut derrière lui les deux villageois qui avaient entamé l'ascension. Ils avaient encore environ une demi-heure de retard sur lui. Le joueur de flûte restait invisible, et le rôdeur s'aperçut qu'il avait été trompé par les échos déformés : la mélodie venait de plus loin dans les pâturages, probablement non loin du lac. Le troupeau de chèvres, à nouveau groupé, occupait tout l'espace devant lui, et les bêtes étaient si serrées qu'il lui faudrait faire traverser Ombrage tout doucement.

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Kasumi sentait le temps lui filer entre les doigts alors que les villageois progressaient vers la source de la musique. La destination semblait se précise, inquiétante. Visiblement, l'ensorceleur comptait réserver le même sort qu'il avait destiné aux rats infestant le village... La perspective de voir des villageois, et pire, des enfants se noyer par sa faute incitait le rôdeur à se presser. Mais les chèvres semblaient s'échiner à le ralentir, comme un fait exprès ou un nouveau subterfuge de l'ensorceleur.

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Les chèvres se mouvaient avec une lenteur désespérante. Mais Kasumi finit cependant, à force de persévérance, par traverser le troupeau, tirant Ombrage par la longe.

Première Neige lui envoyait des images régulières : de plus en plus d'enfants portaient les bouchons de résine et avaient stoppé leur marche. Ils restaient debout, l'air hagard. Des mères s'étaient laissées tomber sur le bord du chemin à côté de leur progéniture, sans doute épuisées par ce combat incessant, ou bien découragées à l'idée de devoir porter leurs enfants, pantins inertes, sur le chemin du retour, sans espoir qu'un jour ils retrouvent leur état normal. D'autres parents continuaient à lutter contre leurs enfants, parfois sans guère de succès. Et d'autres encore continuaient à récolter de la résine sur les rares sapins de l'endroit, qui sècherait en quelques dizaines de minutes. La file s'était grandement allongée, entre ceux qui avaient été stoppé et ceux qui poursuivaient leur avancée, inexorablement. Astrée se trouvait désormais parmi les plus avancés, en train d'ajuster un bouchon de cire à un gosse que son père maintenait fermement.

Le rôdeur poursuivit donc sa route vers le joueur de pipeau, se guidant au bruit, mais sachant très bien où celui-ci l'emmenait : près du lac où il avait quelques jours plus tôt noyé les rats. Il y parvint sans encombre. La mélodie, cette fois-ci, ne s'interrompit pas à son approche. Mais impossible de voir quoi que ce soit au milieu des feuillages....

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Kasumi chercha frénétiquement la trace d'une présence mais il doutait de parvenir à aprecevoir l'ensorceleur qui semblait doté d'un talent surnaturel pour se dissimuler, même à ses yeux exercés de rôdeur. Il préféra descendre d'Ombrage pour apprêter son arc, prêt à faire face à une attaque. Il devait trouver l'ensorceleur avant l'arrivée des premiers villageois ou ce serait le drame fomenté par l'esprit vengeur du jour de flûte. Il était persuadé que celui-ci avait déjà conscience de sa présence et cette vulnérabilité le rendait extrêmement nerveux. il scruta le ciel à la recherche du faucon dont se servait l'homme dissimulé.

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Mais rien n'apparaissait dans le ciel. Du moins, pas le moindre faucon.
La musique continuait de se faire entendre, et maintenant qu'il était tout proche, Kasumi pouvait constater qu'elle provenait bien du bosquet où il avait rencontré le sorcier plus tôt dans la journée. Il pouvait même, en s'approchant encore, deviner dans quel arbre se trouvait le joueur.
Il ne savait pas trop à quelle distance derrière lui se trouvaient les deux hommes qu'il avait aperçus quittant le groupe pour monter rapidement au col. Sans doute plus très loin.

En bas, la lutte continuait et Première Neige lui envoyait toujours des images. Certains des enfants perdaient leurs bouchons,mal ajustés, et se remettaient en route, obligeant leurs mères à partir à la recherche de résine supplémentaire, qu'il leur fallait parfois recueillir assez loin de la piste. Les enfants les plus avancés continuaient leur montée, leurs accompagnateurs semblant à court de résine - et à court de force pour les en empêcher. Astrée semblait avoir pris un mauvais coup sur la tempe, à en juger par l'hématome qui enflait. Le groupe était encore loin du lac, cependant. Mais le col approchait, inexorablement.

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Kasumi n'avait plus le temps de tergiverser. A chaque minute qui passait, le risque augmentait que quelqu'un soit blessé ou que les premiers villageois arrivent à proximité du lac. Le rôdeur décida de s'enfoncer dans le bosquet, son milieu de prédilection. Mais cette fois-ci, le couvert de la végétation ne lui procurait pas le sentiment de sécurité habituel. il avait toujours l'impression d'être visible et que les arbres ne faisaient que lui dissimuler sa cible. Même s'il parvenait enfin à repérer le joueur de flûte, il n'était pas sûr que le tuer soit la meilleure solution. Il ne pouvait qu'espérer que cela mettrait fin à l'envoûtement touchant les enfants mais il n'était pas tout à fait prêt à se fier aveuglément à son intuition. Il était maintenant persuadé que la flûte était l'arme qui permettait à l'ensorceleur de commettre ses méfaits. La priorité était donc de l'en priver, un exploit plus facile à dire qu'à réaliser...

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Kasumi ne fut pas long à trouver la source de la mélodie : le sorcier se cachait au coeur du feuillage touffu d'un grand arbre, non loin du lac. Il n'était pas visible du sol, mais le rôdeur pourrait sans doute l'apercevoir s'il grimpait à l'arbre...
Pour le moment, il continuait à jouer de la flûte. Il avait certainement conscience de l'approche du demi-elfe, cependant. Mais il semblait vouloir l'ignorer, comme s'il n'avait rien à en craindre. A moins qu'il ne soit tout simplement trop concentré pour le voir ?

Quelque part en-dessous du col, des enfants copntinuaient à monter, arrêtés un à un par des bouchons de résine mis de force, puis repartant si le bouchon venait à tember. A cette allure, il leur faudrait un bon moment pour arriver au lac. Peut-être deux heures... Mais Kasumi, en revanche, n'avait aucun moyen de savoir où se trouvaient les deux hommes partis en avant.

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Kasumi s'approcha avec prudence d'un arbre proche de celui où il pensait apercevoir l'ensorceleur. Avec toutes les branches qui l'en séparaient, utiliser son arc serait pour le moins aléatoire. D'une façon générale, il devait prendre le risque de grimper pour apercevoir son ennemi et pouvoir tenter quelque chose avant l'arrivée imminente des villageois. Il espérait pouvoir trouver une meilleure position de tir au cas où un villageois se retrouverait en danger, le forçant à en arriver à une telle extrémité. Peut être la menace serait-elle dissuasive, même s'il en doutait de plus en plus étant donné la détermination affichée par l'ensorceleur.

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Kasumi grimpa sans encombre dans l'arbre qu'il avait choisi, qui était effectivement proche de celui du sorcier, mais tout de même à une bonne dizaine de mètres. Mais l'inconnu avait choisi un arbre tellement touffu que même une fois en hauteur, le rôdeur avait du mal à voir ce qui se cachait au milieu des branchages. Il voyait pourtant une vqgue silhouette, sans vraiment savoir si la silhouette le voyait également. En tout cas, il aurait bien du mal à viser précisément s'il voulait tirer, et de trop nombreuses branches protégeaient l'homme.
L'homme continuait de jouer. Pour l'instant...

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Kasumi hésitait... Il n'avait jamais aimé tuer même de mauvais hommes. Celui-ci avait des circonstances atténuantes même si ses actes étaient inexcusables. En y pensant bien, lui-même avait été non loin d'ourdir de telles vengeances alors qu'il avait été traqué comme un animal dangereux par des villageois obtus ou cupides. Mais plus que ses interrogations d'ordre moral, c'était la peur qui retenait son coup. S'il manquait de tuer l'ensorceleur du premier tir, celui-ci aurait peut être le temps de lancer une malédiction encore plus terrible... Il n'était d'ailleurs pas certain que ceux en son pouvoir soit libéré par sa mort. Malgré tout, il recherchait le meilleur angle de visée et demanda à Première Neige de l'informer de la situation des villageois.

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La mélodie s'arrêta soudain. Kasumi devinait que tous les enfants avaient dû s'immobiliser, l'air hagard, quelque part sur le chemin.
- Je serais vous, je ne ferais pas ça. Réfléchissez bien....
La voix était grave, calme. Un peu condescendante. Et en même temps grondant d'une colère sourde.
Puis le pipeau reprit. A croire que l'homme était parfaitement certain, soit de son invulnérabilité, soit d'avoir convaincu le rôdeur.

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Kasumi sentait la colère monter en lui devant l'arrogance dont faisait preuve l'homme qu'il avait pris pour cible. Le rôdeur tenta de renouer le contact plus par dépit que par réelle volonté de négocier :

- Et qu'est-ce qui m'en empêcherait ? Votre flûte peut -elle dompter la trajectoire des flèches ? Je n'en ai pas envie mais vous ne m'en laisserez pas le choix si vous continuez à mettre des vies en danger.

Pour ponctuer sa remarque, il banda son arc, se tenant prêt à tirer à tout instant.

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Le joueur de pipeau sembla hésiter. Puis cessa un instant de jouer.
- Vous devriez rester en-dehors de ça, vous n'êtes pas concerné. J'ai libéré votre compagne, et le reste ne vous regarde pas... Même si j'imagine que vous êtes le genre à aimer jouer les héros sans peur et sans reproche, cette fois-ci vous n'arriverez à rien. Vos flèches ne m'atteindront pas. Et risquent juste d'augmenter mon agacement.... qui pour l'instant n'est dirigé que contre ces villageois qui ont trahi leur parole.
Puis il reprit sa mélodie.

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Kasumi ne quitta pas à un seul instant sa cible des yeux, insensible à ses menaces mesquines. il craignait certes pour la sécurité d'Astrée et de Première Neige, leur vie ayant plus de valeur à ses yeux que la sienne propre. Et pourtant les paroles de l'ensorceleur le renvoyait à son sentiment de culpabilité et d'impuissance à défendre les villageois. Il chercha pourtant à puiser une motivation à agir dans ces craintes :

- Alors c'est à moi que vous devriez vous en prendre et à moi seul. Ce n'est pas par héroïsme que je suis ici pour vous empêcher de nuire. Je n'ai pas parlé aux villageois de votre requête ridicule. Leur attitude était inexcusable mais vous savez comme moi qu'ils n'auraient jamais pu payer ce que vous m'avez demandé. Et pourtant, s'il y en a un à blâmer, c'est moi parce que je ne leur ai pas laissé le choix.

Le rôdeur espérait mettre en colère l'ensorceleur et le forcer à agir, pour mettre fin à ce jeu de dupe sinon se voir offrir une opportunité de riposter .

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L'effet fut immédiat : la mélodie cessa subitement.
- Quoi ? gronda l'homme. Vous avez osé.... Comment....
Il semblait subitement à cours d'argument, comme si sa colère ne trouvait plus de cible vers laquelle se diriger.... ou comme si elle allait changer de cible, peut-être ?
- Et dire que j'avais voulu vous faire confiance....
L'homme paraissait perdu. Dépité, peut-être, d'être privé de ce qu'il considérait comme une juste vengeance, et qui n'avait désormais plus rien de juste.
Il paraissait vouloir ajouter quelque chose, chercher ses mots sans succès. Mais ne se remit pas à jouer... Pas pour l'instant du moins.

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Kasumi se sentit mit en face de ses fautes. Et pourtant le danger était bien trop tangible pour se laisser aller aux regrets dictés par sa mauvaise conscience. Son interlocuteur avait enfin réagi, lui laissant la première opportunité de mener leurs échanges. Le rôdeur tenta de profiter de cette position pour tenter d'endiguer l'irrémédiable conclusion qui se profilait :

- Je suis navré de vous avoir fait croire que vous toucheriez les réparations que vous attendiez, vraiment. Les villageois en sont quittes pour une belle frayeur et réfléchiront certainement à deux fois avant de s'en prendre à nouveau à un étranger. Du moins s'il ont un soupçon de jugeote... Je suis bien placé pour savoir que la plupart n'en tireront probablement aucune leçon mais vous avez une opportunité de repartir avec ce qu'ils vous devaient. Si votre familier est blessé, je peux peut être au moins vous offrir mon aide... Quant à votre bon droit et votre fierté, je ne peux rien entreprendre pour excuser mon attitude ou celle des villageois.

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L'inconnu ne répondit pas tout de suite. Impossible de savoir si c'était la stupéfaction qui le rendait muet, ou sa colère qui enflait....

- Alors c'est votre faute, finit-il par gronder. Et c'est à vous de réparer.... Allez expliquer aux villageois pourquoi j'ai fait ça, allez leur dire... Et dites-leur que je demande réparation pour le mal qu'ils m'ont fait. Pour mon familier, je n'ai que faire de votre aide, je suis capable de le soigner seul. Mais je veux obtenir réparation... est-ce donc si difficile à comprendre ?

Un instant, un soupçon de fragilité, de désespoir, transperça dans le ton de sa voix.
Puis il se fit plus menaçant.
- Leurs enfants sont toujours en mon pouvoir.... Dites-leur que s'ils refusent, ils reprendront la route vers le lac. Et si vous osez cette fois-ci trahir ma confiance... je ne réponds plus de rien pour vous et les vôtres.

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Le rôdeur avait pris un risque énorme mais il savait que s'il reculait et cédait aux menaces, l'ensorceleur reprendrait l'avantage qu'il venait de perdre. Il tenta donc d'aller à l'encontre de sa nature pour ne pas subir la confrontation selon les règles de son ennemi.

- Et vous seriez prêt à tuer des enfants qui ne sont pour rien dans cette histoire ? Dans la réaction de leurs parents ou de mon incapacité à les convaincre d'entendre vos arguments ? Qu'est-ce qui vous distinguerez de ceux auxquels vous réclamer réparation ? Je veux bien vous aider mais vous ne me donnez guère d'arguments pour plaider votre cause.

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