La Couronne de Cuivre

Aknoll suivit les instructions à la lettre et essaya de marcher le plus vite possible. L'adrénaline permit à Aknoll de ne plus sentir la douleur pendant un certains moment. Il espérait que tous c'était bien passer pour les villageois.

Il trouva comme prévu le passage situé près des cellules, lequel menait à un boyau naturel menant vraisemblablement vers la surface. Les seuls signes des villageois qu'il eut le temps de relever étaient des pas dans la boue, ce qui était en soi plutôt rassurant.

Au bout d'une vingtaine de mètres en pente douce, le boyau s'achevait en débouchant quelque part dans la forêt. Un rapide coup d'œil dans le sous-bois environnant lui apprit que les villageois n'étaient pas en vue mais il y avait de nombreux fourrés, taillis et fosses dans lesquels se dissimuler facilement à proximité.

Il se fit instantanément du soucis pour Fendel mais maintenant qu'ils étaient sorti l'elfe pourrait lancer son sort et Fendel s'en sortirait. Enfin, c'est ce qu'il espérait. -Allez y lancer le sort! Fendel est en danger! Aknoll alla fouiller les buissons alentours pour s'assurer de la présence des villageois.

L’elfe s’éloigna de la sortie de la grotte pour se diriger immédiatement derrière un taillis pour s’y dissimuler et fit signe à Aknoll de l’y rejoindre pour que Fendel sache où se diriger quand il apparaîtrait à son tour.

S’ensuivit une attente angoissante qui ne dura probablement que quelques secondes mais leur parut bien plus longue et enfin Fendel apparaissait avec un homme directement sur les talons et le reste des bandits quelques mètres en retrait. Enduriel se mit aussitôt à incanter depuis son abri et quatre des bandits furent aussitôt immobilisés, leurs pieds enchevêtrés par des racines sorties de sous le tapis de feuilles mortes. Fendel et son poursuivant étaient hors de la zone d’effet du sort et le guerrier se retourna pour faire face à son adversaire direct tandis que les quatre autres étaient complètement immobilisés. Un calcul simple montrait en outre qu’un autre des brigands ne s’était pas laissé prendre au piège.

Aknoll alla immédiatement aider Fendel. Il laissait le soin à l'elfe de s'occuper de l'autre bandit et ceux immobilisés. Pour l'instant c'était quasiment fini mais il ne fallait jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

Tout se déroula effectivement très vite : l'aide d'Aknoll permit à Fendel de rapidement prendre le dessus sur son adversaire et c'est le demi-orc qui porta le coup décisif. Et pendant cet affrontement, Enduriel eut tôt fait d'abattre les bandits les uns après les autres. L'un d'entre eux étaient parvenu à se libérer pour se précipiter vers l'elfe mais trop tard. Les cinq bandits étaient maintenant morts. Mais le dernier bandit ne semblait pas être sorti de la grotte et les racines qui avaient immobilisé les forbans en bloquaient toujours l'accès.

-Nois devrions aller chercher les villageois et partir rapidement d'ici. Tout en disant en cela, il commença une fouille rapide de chaque bandit accessible.

Seul le brigand qui n'avait pas été immobilisé par les racines était accessible sans danger et Enduriel expliqua à Aknoll que le sort ferait encore effet pendant plusieurs minutes. Le demi-orc ne trouva qu'un gourdin et quelques piécettes sur le cadavre accessible mais il avait la possibilité d'attendre encore un peu pour retenter sa chance sur les autres. Ou préférer rejoindre les villageois au plus vite.

Aknoll revint chercher les villageois. Il devait fuir au plus vite vers le village.

Mais les anciens otages avaient vraisemblablement préféré ne pas traîner dans les environs immédiats de la grotte. Enduriel ne tarda cependant pas à retrouver la trace de leur piste et, moins d'une demi heure plus tard, les deux guerriers et le rôdeur parvenaient à les rejoindre. Les villageois avaient préféré ne pas emprunter la route, restant donc dans le sous-bois. En plus des deux hommes avec qui Aknoll avait déjà fait connaissance, une femme d'environ quarante ans sans doute faisait partie des rescapés, soutenue par les deux autres.

-Je suis content de voir sain et sauf. Allez nous devons allez au village. Dépêchons le bourgmestre et vos familles doivent se faire un sang d'encre. Aknoll était vraiment soulagé que tout se soit bien passé. Cela ne le dérangerais pas de ne pas recevoir de récompense. Leur bonheurs serait déjà bien suffisant.

Les villageois furent soulagé de les voir revenir et non pas seulement parce qu'ils bénéficiaient ainsi d'une solide escorte. D'ailleurs, ils infléchirent aussitôt leur trajectoire pour regagner la route qui les mènerait plus rapidement chez eux. Une demi-heure plus tard, le village côtier apparaissait à l'horizon et c'est le moment que choisir Enduriel pour se manifester :

- Je vais vous laisser ici : ma mission est terminée. Il ne me reste plus qu'à vous remercier pour votre aide précieuse.

-Merci à vous de nous avoir aidés sans vous nous n'y serions pas arriver. Au revoir et bon voyage. Aknoll remercia l'elfe avec une poignée de main vigoureuse.

L'elfe s'en fut après avoir salué Fendel de la même façon mais sans plus d'effusions. De leur côté, les trois villageois s'étaient tenu à l'écart mais reprirent leur progression aussitôt que le rôdeur eu tourné le dos.

Quelques minutes plus tard, ils atteignaient le village quasiment désert à cette heure. Et pourtant, alors qu'ils en atteignaient la place principale; le bourgmestre fit son apparition et s'approcha du groupe, tous sourires :

- Hé bien ça alors ! Si je m'attendais à ça !

-Nous avons tenu notre promesse. Ils sont tous sain et sauf. Aknoll raconta le déroulement de ce qui c'était passé au bourgmestre.

Mais, avant qu'il en soit parvenu à la rencontre avec les bandits, le bourgmestre les invitait à prendre un verre chez lui.

- Vous devez être de grands guerriers pour avoir réussi un pareil tour de force. Et vous avez largement dépassé les promesses que vous aviez faites ! Tout le village va vouloir vous remercier alors j'espère que vous allez rester ce soir !

-Eh bien il faudrait demander à Brus, si il est arrivé. Et si il n'est pas là nous l'attendrons donc je pense que nous pourrions rester. Aknoll chercha Brus du regard.

Le bourgmestre sourit largement avant de répondre d'un ton bonhomme :

- Votre ami, bien sûr ! Non, il n'est pas encore revenu mais ce n'est pas vraiment étonnant vu le trajet qu'il avait à accomplir. Au mieux, il ne sera pas là avant demain. Alors c'est d'accord ? Vous allez rester ici ? Ma Maria sera ravie de vous recevoir !

-Dans ce cas je ne vois pas d'objection. Fendel tu es d'accord?

Son comparse n'avait rien contre son idée d'autant qu'Aknoll ne semblait pas encore en état de voyager.

- Mieux vaut que nous restions ici un jour ou deux pour que tu soignes ta jambe. Puis nous poursuivrons notre tournée à son retour.
- Parfait alors ! Vous ne m'en voudrez pas si j'organise une petite fête en votre honneur ce soir ? Il me semble aussi que nous avions parlé d'une récompense avant votre départ et il apparait que j'ai réussi à trouver quelques fonds pour vous gratifier comme il se doit !

-Non pas du tout. Merci de nous laisser dormir ici. Ils allaient enfin pouvoir se détendre après ces mésaventures. Cela leur feraient du bien.

Après leur avoir amené une boisson chaude, la maîtresse de maison leur annonça qu'elle s'absentait pour préparer leur chambre. Un peu plus tard, elle invita Aknoll à s'y rendre de sorte à examiner sa jambe blessée. Elle signala qu'elle avait quelques connaissances en premiers soins ce que le demi-orc put vérifier une demi-heure plus tard, quand elle lui eu proprement bandé le mollet.

- Je vais vous laisser une pommade qu'il faudra appliquer deux fois par jour. Vous faut-il autre chose ?

-Non ça ira. Merci pour tout. Sa douleur à la jambe c'était considérablement atténué depuis le début. Mais Aknoll s'en voulait d'avoir été si facilement hors jeu. Ce sentiment d'impuissance, il ne voulait plus jamais le ressentir. Il voudrait pouvoir se débrouiller seul, sans l'aide d'autrui. C'est en méditant sur ces pensée qu'il s'endormit sans s'en rendre compte.

Des coups frappés à la porte le tirèrent de son sommeil et Aknoll remarqua immédiatement qu'il faisait sombre. Sans doute avait-il dormi tout l'après-midi en fin de compte. Au moins sa jambe ne le faisait-elle quasiment plus souffrir : à peine cela lui piquait-il un peu. De l'autre côté du battant, la voix de Fendel se fit entendre :

- Aknoll ? Tu es réveillé ? Le bourgmestre nous attend en bas. Il a invité les familles de ceux que nous avons libérés.

Aknoll se réveilla requinquer et ouvrit la porte. -Oui je suis réveillé. Laisse moi deux secondes l'histoire de me rendre plus présentable. Aknoll se remit ses cheveux en ordre et se fit le plus présentable possible avant de descendre avec Fendel voir le bourgmestre.

En bas, le demi-orc put constater qu'on avait convié une douzaine de villageois, ce qui représentait tout de même une bonne part de la population locale sans doute. S'y trouvaient le pêcheur auprès duquel ils avaient acheté du poisson le matin même, les trois anciens otages et ce qui devaient être leurs conjoints ainsi qu'un ou deux notables de plus. On avait disposé - sur deux tables - des tourtes et des plats chauds préparés pour cette occasion unique.

Le bourgmestre - voyant les deux héros redescendre de l'escalier - se fendit d'un sourire et entreprit de les présenter à tous les convives. Quand ce fut le cas, il se fendit même d'un petit discours qu'il conclut par un toast :

- A nos héros valeureux ! Qu'ils soient toujours les bienvenus à Crique-Rousse !

À la vue de ces plats et à leur odeur, le ventre d'Aknoll émit des gargouillis assez violent trahissant son statut d'affamé. N'ayant pas l'envie d'entamer un discours devant autant de personne il préféra laisser la parole à Fendel.

Ce dernier ne fut cependant guère sollicité par l’assistance pour ce genre de prestation tant chaque convive semblait partager les priorités d’Aknoll. Le discours du bourgmestre avait sans doute déjà été un peu trop long alors que chacun s’inquiétait de ce que les plats succulents puissent refroidir.

Pragmatique, le bourgmestre donna le signal que chacun pouvait se régaler au buffet et la soirée commença donc dans une belle pagaille mais avec bonne humeur. En sus des plats qu’avaient apportés chacun des villageois, le bourgmestre mit un tonneau d’excellente bière en perce. Bref, tout était réuni pour passer un bon moment.

Aknoll mangea et bu à sa guise ses mets et boissons délicieuses. Cela lui rappelait la cuisine de sa mère. Sa mère... Celle pour qui tout avait commencé. Celle pour qui il était sorti de lumenis pour la première fois. Celle qu'il vengerai. Il effaça bien vite ces pensées de son esprit car le temps était à la fête. Si le bourgmestre le lui permit il retournerais dans sa chambre. Tout ce monde le mettait mal à l'aise.

Il semblait que les villageois ne lui prêtaient plus guère d'attention. Du reste, la vie dans un village imposait de se lever tôt même un lendemain de fête. C'est pourquoi, alors qu'Aknoll envisageait de remonter se coucher, les premiers convives prenaient déjà congé. Désormais, plus rien ne semblait s'opposer à ce qu'il réalise son projet.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La campagne luménienne