Posté : sam. 05 mars 2005, 15:23
Les armées de Guerec le Grand et les dragonides se faisaient face dans le gouffre intrastellaire. Morgrevann avait quitté les grandes forêts de Primelune pour faire face au puissant souverain. Une bataille à l'enjeu capital se préparait : l'occupation de Cuarluna.
Morgrevann observait le monarque dans son armure rutilante. L'homme malgré quelques cheveux blancs semblait ne pas avoir subi l'outrage des années. Il serait un adversaire difficile. Guerec, lui contemplait avec fascination l'homme-dragon au visage masqué. Terrible et magnifique, inhumain et céleste. L'avenir du monde dépendait d'eux.
Les deux chefs s'avancèrent devant leurs farouches guerriers. Ils se regardèrent en silence comme pour jauger leurs forces. Chacun sentait chez l'autre une grande crainte mêlée de respect. Ce fut finalement Morgrevann qui parlât le premier.
"Nous voici à l'aube d'une bataille autant meurtrière qu'interminable. Nos forces sont équivalentes mon très cher Guerec. Cette situation est on ne peut plus tragique. Nous sommes si différents et pourtant si semblables. Nous avons le même but, agrandir notre territoire sans rencontrer de limites. Nous pourrions nous entendre"
Guerec se redressa sur son yom. Son adversaire lui avait parlait sur un ton presque amical.
"Que me proposez vous ?" demanda t'il méfiant.
Morgrevann ricana.
"Voyons Guerec, ne devinez vous donc pas ? Nos forces réunies, nous serons plus forts que tous les pays réunis. Même les êtres fées ploieraient devant nous. Le sanctuaire d'Andarta nous ouvrira ses portes, libérant ses immenses pouvoirs. Il serait illogique et presque immoral que deux êtres se battent alors que tout pourrait les rapprocher"
Les yeux du monarque se rétrécirent en une moue dubitative.
"Rien ne me prouve que vous ne me trahirez pas"
Il sourit derrière son masque.
"Effectivement, je pourrais vous planter un poignard dans le dos et vous pourriez faire de même mais je suis sûr que nous ne le ferons pas. Nous sommes des personnes intelligentes qui savent situer leur intérêt. Unissons nos forces pour coloniser Primelune et Ombrelune. Ensuite, nous conquérons le reste du territoire"
Guerec hocha la tête et leva son épée. Le chœur de ses guerriers lui répondit. Les dragonides répondirent à l'unisson.
On dit que c'est à ce moment que Cuarluna s'enfonça dans l'obscurité.
***
Eudaimon suait sous le poids de l’énorme armure dont il s’était paré. Le sort qu’il utilisait pour garder sa fausse apparence n’arrangeait rien à l’affaire.
Le garde qu’il avait épargné l’avait emmené au quartier général des gardes humains où il avait pu recueillir de nombreuses informations. Il n’avait pas eu à poser beaucoup de questions comme il l’avait craint. Chacun parlait d’Anna de Govannon qui leur avait mystérieusement filé entre les doigts alors qu’elle était à leur merci. Un général dragonide avait tué six d’entre eux en représailles. L’erreur ne leur était plus permise.
L’un d’eux avait proposé d’incendier chaque maison de la capitale et de poster des hommes dans les tunnels. Les hommes du Septentrion, devenus leurs alliés participeraient à l’opération. Il allait devoir agir vite.
« Eh toi, sers toi et fais circuler le vin »
Eudaimon sursauta en se rendant compte que l’on s’adressait à lui. Il se servit avec tant d’empressement qu’il renversa la moitié du pichet sur ses braies. Les autres éclatèrent de rire. Pauvres hommes accablés, hésitant entre l’humain et le monstre. Il sourit et but d’un trait.
« Faites attention, vous pourriez vous enivrer et oublier qui vous êtes. Ils vous tueront sans hésiter s’ils vous découvrent »
Eudaimon se tourna vers celui qui venait de lui adresser la parole. Un tout jeune garde, à peine sorti de l’enfance lui souriait.
« Vous êtes un être fée n’est ce pas ? »
Il eût un sursaut de surprise. L’autre se pencha et lui glissa à l’oreille.
« Je crois savoir où se trouve Anna de Govannon. Demain matin, on m’enverra patrouiller dans les tunnels. Vous viendrez avec moi »
***
« Je pense qu’elle ne retrouvera jamais la raison »
Le prêtre se tourna vers Hanna. La jeune femme errait dans la pièce, perdue dans une chemise de nuit trop grande pour elle. Ses yeux s’accrochaient aux autres quand ils lui adressaient la parole mais elle n’avait toujours pas prononcé un mot. Jonas la regardait avec une moue sceptique, presque méprisante.
« Tu n’aurais pas survécu à la moitié de ce qu’elle a enduré, répondit le prêtre, tu aurais préféré mourir cent fois que d’endurer cela »
Jonas détourna la tête.
« Gardes la auprès de toi et aides la comme Ethan l’a fait. Si tu ne le fais pas pour elle, fais le pour ton ami »
Il ne put s’empêcher de défroncer les sourcils devant le regard suppliant du saint homme.
« Tu as raison, souffla t’il, je la garderai ici mais si les êtres fées ne viennent pas la chercher, nous serons contraints de l’abandonner. Je ne peux pas m’encombrer d’un fardeau »
***
***
Aifé dormait d’un sommeil de plus en plus agité seulement interrompu par des vomissements. Angus posa sur ses épaules une troisième couverture. Elle se refroidissait à vue d’œil comme si la mort s’insinuait en elle peu à peu. Il avait fini par promettre de lui ôter la vie si la Patience n’arrivait pas à temps. Elle s’était endormie avec cette perspective sans savoir qu’il en faisait des cauchemars. Comment pouvait il tuer l’enfant qu’il aimait tant ?
En même temps, il savait pertinemment qu’Aifé n’avait plus aucune chance.
« Angus, la Patience est ici »
Son corps se raidit. La fin approchait, mais il ignorait s’il s’agissait d’un départ ou d’un renouveau. Pour lui, le navire volant n’avait que peu de chances d’exister. Il n’était qu’un beau rêve pour bercer un enfant.
« Emmènes moi sur la plage où ils ne me trouveront pas »
Il se retourna vers Aifé.
La jeune fille tentait de se mettre debout sur ses jambes amaigries. Il l’attrapât avant qu’elle ne retombe.
« Halte là, la gourmanda t’il en la soulevant comme un fétu de paille, c’est à moi de t’aider »
L’air frais de la nuit vint caresser ses joues quand ses empruntes se dessinèrent sur le sable mouillé de la plage. Il regarda autour de lui.
« Je n’ais jamais vu autant d’étoiles » murmura Aifé. Il hocha la tête et regarda le ciel. Mis à part les météores, il ne vit rien.
Désespéré, il allait retourner à la grotte pour empêcher Aifé de se rendre compte de l’absence du bateau quand la lumière d’une torche attira son attention.
« Hola, y a-t-il quelqu’un ? »
Morgrevann observait le monarque dans son armure rutilante. L'homme malgré quelques cheveux blancs semblait ne pas avoir subi l'outrage des années. Il serait un adversaire difficile. Guerec, lui contemplait avec fascination l'homme-dragon au visage masqué. Terrible et magnifique, inhumain et céleste. L'avenir du monde dépendait d'eux.
Les deux chefs s'avancèrent devant leurs farouches guerriers. Ils se regardèrent en silence comme pour jauger leurs forces. Chacun sentait chez l'autre une grande crainte mêlée de respect. Ce fut finalement Morgrevann qui parlât le premier.
"Nous voici à l'aube d'une bataille autant meurtrière qu'interminable. Nos forces sont équivalentes mon très cher Guerec. Cette situation est on ne peut plus tragique. Nous sommes si différents et pourtant si semblables. Nous avons le même but, agrandir notre territoire sans rencontrer de limites. Nous pourrions nous entendre"
Guerec se redressa sur son yom. Son adversaire lui avait parlait sur un ton presque amical.
"Que me proposez vous ?" demanda t'il méfiant.
Morgrevann ricana.
"Voyons Guerec, ne devinez vous donc pas ? Nos forces réunies, nous serons plus forts que tous les pays réunis. Même les êtres fées ploieraient devant nous. Le sanctuaire d'Andarta nous ouvrira ses portes, libérant ses immenses pouvoirs. Il serait illogique et presque immoral que deux êtres se battent alors que tout pourrait les rapprocher"
Les yeux du monarque se rétrécirent en une moue dubitative.
"Rien ne me prouve que vous ne me trahirez pas"
Il sourit derrière son masque.
"Effectivement, je pourrais vous planter un poignard dans le dos et vous pourriez faire de même mais je suis sûr que nous ne le ferons pas. Nous sommes des personnes intelligentes qui savent situer leur intérêt. Unissons nos forces pour coloniser Primelune et Ombrelune. Ensuite, nous conquérons le reste du territoire"
Guerec hocha la tête et leva son épée. Le chœur de ses guerriers lui répondit. Les dragonides répondirent à l'unisson.
On dit que c'est à ce moment que Cuarluna s'enfonça dans l'obscurité.
***
Eudaimon suait sous le poids de l’énorme armure dont il s’était paré. Le sort qu’il utilisait pour garder sa fausse apparence n’arrangeait rien à l’affaire.
Le garde qu’il avait épargné l’avait emmené au quartier général des gardes humains où il avait pu recueillir de nombreuses informations. Il n’avait pas eu à poser beaucoup de questions comme il l’avait craint. Chacun parlait d’Anna de Govannon qui leur avait mystérieusement filé entre les doigts alors qu’elle était à leur merci. Un général dragonide avait tué six d’entre eux en représailles. L’erreur ne leur était plus permise.
L’un d’eux avait proposé d’incendier chaque maison de la capitale et de poster des hommes dans les tunnels. Les hommes du Septentrion, devenus leurs alliés participeraient à l’opération. Il allait devoir agir vite.
« Eh toi, sers toi et fais circuler le vin »
Eudaimon sursauta en se rendant compte que l’on s’adressait à lui. Il se servit avec tant d’empressement qu’il renversa la moitié du pichet sur ses braies. Les autres éclatèrent de rire. Pauvres hommes accablés, hésitant entre l’humain et le monstre. Il sourit et but d’un trait.
« Faites attention, vous pourriez vous enivrer et oublier qui vous êtes. Ils vous tueront sans hésiter s’ils vous découvrent »
Eudaimon se tourna vers celui qui venait de lui adresser la parole. Un tout jeune garde, à peine sorti de l’enfance lui souriait.
« Vous êtes un être fée n’est ce pas ? »
Il eût un sursaut de surprise. L’autre se pencha et lui glissa à l’oreille.
« Je crois savoir où se trouve Anna de Govannon. Demain matin, on m’enverra patrouiller dans les tunnels. Vous viendrez avec moi »
***
« Je pense qu’elle ne retrouvera jamais la raison »
Le prêtre se tourna vers Hanna. La jeune femme errait dans la pièce, perdue dans une chemise de nuit trop grande pour elle. Ses yeux s’accrochaient aux autres quand ils lui adressaient la parole mais elle n’avait toujours pas prononcé un mot. Jonas la regardait avec une moue sceptique, presque méprisante.
« Tu n’aurais pas survécu à la moitié de ce qu’elle a enduré, répondit le prêtre, tu aurais préféré mourir cent fois que d’endurer cela »
Jonas détourna la tête.
« Gardes la auprès de toi et aides la comme Ethan l’a fait. Si tu ne le fais pas pour elle, fais le pour ton ami »
Il ne put s’empêcher de défroncer les sourcils devant le regard suppliant du saint homme.
« Tu as raison, souffla t’il, je la garderai ici mais si les êtres fées ne viennent pas la chercher, nous serons contraints de l’abandonner. Je ne peux pas m’encombrer d’un fardeau »
***
***
Aifé dormait d’un sommeil de plus en plus agité seulement interrompu par des vomissements. Angus posa sur ses épaules une troisième couverture. Elle se refroidissait à vue d’œil comme si la mort s’insinuait en elle peu à peu. Il avait fini par promettre de lui ôter la vie si la Patience n’arrivait pas à temps. Elle s’était endormie avec cette perspective sans savoir qu’il en faisait des cauchemars. Comment pouvait il tuer l’enfant qu’il aimait tant ?
En même temps, il savait pertinemment qu’Aifé n’avait plus aucune chance.
« Angus, la Patience est ici »
Son corps se raidit. La fin approchait, mais il ignorait s’il s’agissait d’un départ ou d’un renouveau. Pour lui, le navire volant n’avait que peu de chances d’exister. Il n’était qu’un beau rêve pour bercer un enfant.
« Emmènes moi sur la plage où ils ne me trouveront pas »
Il se retourna vers Aifé.
La jeune fille tentait de se mettre debout sur ses jambes amaigries. Il l’attrapât avant qu’elle ne retombe.
« Halte là, la gourmanda t’il en la soulevant comme un fétu de paille, c’est à moi de t’aider »
L’air frais de la nuit vint caresser ses joues quand ses empruntes se dessinèrent sur le sable mouillé de la plage. Il regarda autour de lui.
« Je n’ais jamais vu autant d’étoiles » murmura Aifé. Il hocha la tête et regarda le ciel. Mis à part les météores, il ne vit rien.
Désespéré, il allait retourner à la grotte pour empêcher Aifé de se rendre compte de l’absence du bateau quand la lumière d’une torche attira son attention.
« Hola, y a-t-il quelqu’un ? »