Posté : ven. 18 mars 2005, 23:56
Il vole par delà les étoiles du gouffre. Le vent déploie ses ailes or et sang. Feldorn, l’ancien général dont chacun connaissait les exploits. Feldorn le proscrit erre tel un vagabond à travers les étoiles. Il n’est plus rien, il n’a plus rien. Seulement la rancœur et la haine. Mais il vit. Chassé par les dragonides, en guerre avec les Cuarluniens, fuit par les êtres fées … Quelle terre accueillera donc ses pas ? Il est encore trop tôt pour choisir. Pour le moment, un mot seul fait battre le sang à ses tempes.
« Vengeance » répète t’il doucement.
***
« Angus »
Le vieil homme sursauta. Sa protégée l’appelait doucement.
« Comment va ma sale gamine ? »
Au lieu de répondre, Aifé posa sur lui ses immenses yeux noirs et le considéra gravement.
« Mon grand père est mort, n’est ce pas ? »
Il hocha la tête. Inutile de cacher la vérité plus longtemps. La cabine plongea dans le silence. Des larmes roulèrent sur les joues de la jeune fille. Aifé, la dernière des Gorneval. Désormais, elle était seule. Des images du passé passèrent devant ses yeux. Goderic la berçant pour l’endormir. Goderic la jetant dans les airs et la rattrapant sous le regard inquiet d’Angus. Goderic marchant avec elle dans les bois, lui montrant les plantes médicinales et les animaux. Goderic lui apprenant la course des étoiles. Goderic lui enseignant comment se battre et élaborer des stratégies. Goderic riant avant de la jeter dans la rivière. Goderic lui racontant des histoires. Goderic et elle refaisant le monde durant des heures à la lueur d’une chandelle. Désormais, il la laissait avec les ombres de ses souvenirs. Désespérément seule. Elle serra les poings.
Angus vit ses yeux briller d’une lueur étrange. Sa voix sonna, claire et déterminée.
« Sa mort ne restera pas sans vengeance. Je le promets »
***
Eudaimon et Hanna progressaient lentement dans le tunnel. La jeune femme tenait fermement la main de l’être fée. Depuis son arrivée, une complicité tacite s’était installée entre eux. Il l’avait convaincue sans difficulté à enfiler l’uniforme puis à quitter l’abri. Milo les précédait, leur montrant les passages les moins fréquentés par les hommes et les dragonides. Se furent des endroits où la boue arrivait au genou des piétons. Faisant entendre un bruit de succion désagréable à chaque fois que les pieds se soulevaient. Se furent des passages où des planches de fortune avaient été posées sur des trous béants.
Et enfin, une échelle providentielle indiqua la sortie des bas fonds. Ils débouchèrent devant les portes de la ville. A l’endroit même où Ethan avait trouvé la mort.
Eudaimon sentit la main d’Hanna se crisper dans la sienne.
« Ne crains rien, promit il, tout va bien se passer »
Il eût à peine achevé ses mots que cinq gardes surgirent pour leur bloquer le passage.
«Hep vous là bas ? Arrêtez vous »
Ils s’arrêtèrent net. Aucun moyen de s’échapper. Tous les chemins pris. Milo ôta son casque et vint à leur rencontre.
« Calmez vous. Ce n’est que moi » dit il pour les apaiser. Les gardes éclatèrent d’un rire qui ne présageait rien de bon.
Eudaimon se tint prêt à intervenir.
« C’est justement toi que nous cherchions. Nous voulions te parler d’un meurtre »
Milo ouvrit de grands yeux étonnés. Les gardes portèrent la main à leur épée.
« Tu aurais dû t’assurer que l’homme que tu as caché avait perdu la vie »
Les gardes tirèrent leurs épées et se ruèrent sur eux. Eudaimon se plaça devant ses compagnons, prêt parer les coups. Il évita sans mal les deux premières lames. Au troisième coup, le fer mordit son épaule. Un des gardes était bien plus habile que les autres. Il grimaça. Ses techniques de combat ne lui suffisaient plus. Seule sa maîtrise des illusions pouvait le sauver. Il respira profondément. Se concentrer, oublier les armes. Des frissons parcoururent sa moelle épinière. Les gardes virent ses yeux se fermer. Voyant un signe de vulnérabilité ils levèrent leurs armes pour frapper à nouveau. C’est alors que l’être fée se dédoubla. Ses adversaires tressaillirent.
« Auriez vous peur ? » lança t’il gaillardement. Il para un nouveau coup d’épée. Son double se chargea du reste. Soudain, un cri aigu le fit sursauter.
« Attention »
Son instinct lui hurla de se baisser. La lame d’un cimeterre fendit l’air au dessus de sa tête. Une dragonide venait de se lancer dans le combat. Désormais, la moindre erreur d’inattention lui serait fatale.
Il pivota brusquement pour se retrouver derrière son adversaire. La vitesse, son principal atout. Ses mains enserrèrent le cou de la dragonide. Serrer sans se préoccuper du reste. Le monstre rua pour se dégager. Surtout, ne pas lâcher prise. Des griffes labourèrent ses avants bras. Il serra plus fort.
Les deux gardes, impressionnés par le combat étaient restés à l’écart.
«Aidez moi bande d’imbéciles » cria la dragonide.
Milo s’interposa devant eux au moment où ils se relançaient dans la bataille évitant à son comparse un combat déséquilibré. Les gardes préférant affronter un adversaire facile se ruèrent sur lui.
En même temps, le monstre fit basculer Eudaimon par-dessus son épaule. L’être fée roula sur le sol. Le cimeterre se leva inéluctablement. Il allait retomber implacablement quand un nuage de sable aveugla l’ennemi. Eudaimon, plus rapide que l’éclair se jeta sur lui et, attrapant la lame décapita le monstre. La tornade s’estompa aussi vite qu’elle avait déchaîné ses forces destructrices. Il se tourna vers Hanna. La jeune femme l’observait, le souffle court les bras tendus vers lui. Ainsi, c’était donc elle. Il allait lui parler quand la jeune femme poussa un hurlement et se mit à pleurer. Milo gisait à ses pieds, une épée plantée dans le dos. Ses yeux exprimaient une parfaite surprise. Les gardes voyant la chance tourner s’étaient vengés avant de disparaître.
***
Il vole par delà les montagnes. En Tierlune, il a porté ses ailes. Dans les solitudes glacées. Il se pose sur un arpent rocheux. Faible et affamé. Ses ailes se replient jusqu’à devenir invisibles. Son regard embrasse le paysage. Un gouffre en contrebas, une cascade roulant joyeusement les roches dans son lit. Quelques arbres dénudés levant au ciel leur infortune, tristes et abandonnés. Comme il leur ressemble !
La dernière lune se couche. Bientôt la nuit. La mort s’il ne trouve pas un abris. Il se met à marcher. Soudain, une lumière. Il s’approche. Une petite chaumière. Un panache de fumée s’échappant de la cheminée. Quelqu’un. Il passe ses mains sur son visage. Ses traits se font humains. Il frappe à la porte.
Des petits pas glissants sur le plancher. Un visage ridé lorsque la porte s’ouvre. Sa voix se fit douce.
« Bonjour grand-mère. Accorderiez vous l’hospitalité à un voyageur égaré qui ne sait où passer la nuit ? »
***
Gwenaël sortit à tâtons de la chambre. Ses petits pieds glissèrent sur le plancher du pont jusqu’à la chambre d’Enora. Il hésita à ouvrir la porte. Comment son amie réagirait elle après ce qui venait de se passer. Aurait elle peur de lui jusqu’à ne plus vouloir lui parler ? La seule chance de le savoir était d’entrer. La petite fille lui lança un regard furibond : « Te voila enfin, lui lança t’elle, je t’attendais pour jouer »
***
Aifé ouvrit les yeux au moment où Gwenaël refermait la porte de la cabine. Elle s’étira. Ses forces revenaient lentement. Qu’en était t’il du jeune homme qu’on avait installé à coté d’elle ? Elle se retourna. Kieran surpris baissa les yeux au moment où elle le regardait.
« Bonjour, dit il en rougissant des pieds à la tête, avez-vous bien dormi ?
- Je dormais mieux quand vous et vos ronflements n’étiez pas dans la pièce » répondit elle sans hésiter.
Il fronça les sourcils, vexé.
« Si je puis me permettre, crût il bon de répliquer, vous ronflez aussi fort que moi il me semble
-Votre bouche doit être placée trop prêt de votre oreille »
Butés, ils croisèrent les bras et se tournèrent le dos. Puis, le silence devenant trop pesant ils se risquèrent à revenir de l’autre coté.
« Pardonnez moi, murmura Kieran, j’ai été impoli »
Aifé sourit et haussa les épaules.
« Je suis heureux de vous voir en meilleur santé, ajouta t’il innocemment, vous semblé avoir recouvré vos forces. Je suppose que cela est dû à vos conditions de vie en Primelune.
- Que supposez vous par là ? , demanda t’elle en écarquillant les yeux, nous prendriez vous pour des sauvages ?
- Je ne pensais pas cela, répondit il en se maudissant d’avoir parlé trop vite, mais votre vie au dehors, vos habitations dans les arbres. Cela doit être éreintant n’est ce pas ?
- Mais pas du tout, s’insurgea t’elle, vous n’y connaissez rien. Vous et votre petite vie entre quatre murs. Vous n’osez jamais sorti de chez vous. Je me demande d’ailleurs comment vous passez vos journées dans vos cages »
Il respira profondément, la jeune fille l’exaspérait au plus haut point.
« Il y a plein de choses à faire, se força t’il à reprendre calmement, nous lisons, nous méditons, nous créons, nous peignons, chaque jour est porteur de nouvelles découvertes »
Elle étouffa un bâillement.
«Oseriez vous prétendre que nous nous ennuyions ? Tenez, que faites vous de plus intéressant ?
- Nous débusquons les convois d’éclat de lune, nous repérons les animaux, les différents points d’eau, les terrains de chasse, nous observons la course des étoiles, nous bâtissons nos maisons, nous apprenons à nous battre
- Et vous ne lisez jamais ? » demanda t’il scandalisé.
Elle ouvrit de grands yeux étonnés : « Lire, mais pour quoi faire ? Et laissez moi tranquille avec vos considérations abruptes »
Vexés, ils se tournèrent à nouveau. Ce fut là leur tout premier dialogue.
« Vengeance » répète t’il doucement.
***
« Angus »
Le vieil homme sursauta. Sa protégée l’appelait doucement.
« Comment va ma sale gamine ? »
Au lieu de répondre, Aifé posa sur lui ses immenses yeux noirs et le considéra gravement.
« Mon grand père est mort, n’est ce pas ? »
Il hocha la tête. Inutile de cacher la vérité plus longtemps. La cabine plongea dans le silence. Des larmes roulèrent sur les joues de la jeune fille. Aifé, la dernière des Gorneval. Désormais, elle était seule. Des images du passé passèrent devant ses yeux. Goderic la berçant pour l’endormir. Goderic la jetant dans les airs et la rattrapant sous le regard inquiet d’Angus. Goderic marchant avec elle dans les bois, lui montrant les plantes médicinales et les animaux. Goderic lui apprenant la course des étoiles. Goderic lui enseignant comment se battre et élaborer des stratégies. Goderic riant avant de la jeter dans la rivière. Goderic lui racontant des histoires. Goderic et elle refaisant le monde durant des heures à la lueur d’une chandelle. Désormais, il la laissait avec les ombres de ses souvenirs. Désespérément seule. Elle serra les poings.
Angus vit ses yeux briller d’une lueur étrange. Sa voix sonna, claire et déterminée.
« Sa mort ne restera pas sans vengeance. Je le promets »
***
Eudaimon et Hanna progressaient lentement dans le tunnel. La jeune femme tenait fermement la main de l’être fée. Depuis son arrivée, une complicité tacite s’était installée entre eux. Il l’avait convaincue sans difficulté à enfiler l’uniforme puis à quitter l’abri. Milo les précédait, leur montrant les passages les moins fréquentés par les hommes et les dragonides. Se furent des endroits où la boue arrivait au genou des piétons. Faisant entendre un bruit de succion désagréable à chaque fois que les pieds se soulevaient. Se furent des passages où des planches de fortune avaient été posées sur des trous béants.
Et enfin, une échelle providentielle indiqua la sortie des bas fonds. Ils débouchèrent devant les portes de la ville. A l’endroit même où Ethan avait trouvé la mort.
Eudaimon sentit la main d’Hanna se crisper dans la sienne.
« Ne crains rien, promit il, tout va bien se passer »
Il eût à peine achevé ses mots que cinq gardes surgirent pour leur bloquer le passage.
«Hep vous là bas ? Arrêtez vous »
Ils s’arrêtèrent net. Aucun moyen de s’échapper. Tous les chemins pris. Milo ôta son casque et vint à leur rencontre.
« Calmez vous. Ce n’est que moi » dit il pour les apaiser. Les gardes éclatèrent d’un rire qui ne présageait rien de bon.
Eudaimon se tint prêt à intervenir.
« C’est justement toi que nous cherchions. Nous voulions te parler d’un meurtre »
Milo ouvrit de grands yeux étonnés. Les gardes portèrent la main à leur épée.
« Tu aurais dû t’assurer que l’homme que tu as caché avait perdu la vie »
Les gardes tirèrent leurs épées et se ruèrent sur eux. Eudaimon se plaça devant ses compagnons, prêt parer les coups. Il évita sans mal les deux premières lames. Au troisième coup, le fer mordit son épaule. Un des gardes était bien plus habile que les autres. Il grimaça. Ses techniques de combat ne lui suffisaient plus. Seule sa maîtrise des illusions pouvait le sauver. Il respira profondément. Se concentrer, oublier les armes. Des frissons parcoururent sa moelle épinière. Les gardes virent ses yeux se fermer. Voyant un signe de vulnérabilité ils levèrent leurs armes pour frapper à nouveau. C’est alors que l’être fée se dédoubla. Ses adversaires tressaillirent.
« Auriez vous peur ? » lança t’il gaillardement. Il para un nouveau coup d’épée. Son double se chargea du reste. Soudain, un cri aigu le fit sursauter.
« Attention »
Son instinct lui hurla de se baisser. La lame d’un cimeterre fendit l’air au dessus de sa tête. Une dragonide venait de se lancer dans le combat. Désormais, la moindre erreur d’inattention lui serait fatale.
Il pivota brusquement pour se retrouver derrière son adversaire. La vitesse, son principal atout. Ses mains enserrèrent le cou de la dragonide. Serrer sans se préoccuper du reste. Le monstre rua pour se dégager. Surtout, ne pas lâcher prise. Des griffes labourèrent ses avants bras. Il serra plus fort.
Les deux gardes, impressionnés par le combat étaient restés à l’écart.
«Aidez moi bande d’imbéciles » cria la dragonide.
Milo s’interposa devant eux au moment où ils se relançaient dans la bataille évitant à son comparse un combat déséquilibré. Les gardes préférant affronter un adversaire facile se ruèrent sur lui.
En même temps, le monstre fit basculer Eudaimon par-dessus son épaule. L’être fée roula sur le sol. Le cimeterre se leva inéluctablement. Il allait retomber implacablement quand un nuage de sable aveugla l’ennemi. Eudaimon, plus rapide que l’éclair se jeta sur lui et, attrapant la lame décapita le monstre. La tornade s’estompa aussi vite qu’elle avait déchaîné ses forces destructrices. Il se tourna vers Hanna. La jeune femme l’observait, le souffle court les bras tendus vers lui. Ainsi, c’était donc elle. Il allait lui parler quand la jeune femme poussa un hurlement et se mit à pleurer. Milo gisait à ses pieds, une épée plantée dans le dos. Ses yeux exprimaient une parfaite surprise. Les gardes voyant la chance tourner s’étaient vengés avant de disparaître.
***
Il vole par delà les montagnes. En Tierlune, il a porté ses ailes. Dans les solitudes glacées. Il se pose sur un arpent rocheux. Faible et affamé. Ses ailes se replient jusqu’à devenir invisibles. Son regard embrasse le paysage. Un gouffre en contrebas, une cascade roulant joyeusement les roches dans son lit. Quelques arbres dénudés levant au ciel leur infortune, tristes et abandonnés. Comme il leur ressemble !
La dernière lune se couche. Bientôt la nuit. La mort s’il ne trouve pas un abris. Il se met à marcher. Soudain, une lumière. Il s’approche. Une petite chaumière. Un panache de fumée s’échappant de la cheminée. Quelqu’un. Il passe ses mains sur son visage. Ses traits se font humains. Il frappe à la porte.
Des petits pas glissants sur le plancher. Un visage ridé lorsque la porte s’ouvre. Sa voix se fit douce.
« Bonjour grand-mère. Accorderiez vous l’hospitalité à un voyageur égaré qui ne sait où passer la nuit ? »
***
Gwenaël sortit à tâtons de la chambre. Ses petits pieds glissèrent sur le plancher du pont jusqu’à la chambre d’Enora. Il hésita à ouvrir la porte. Comment son amie réagirait elle après ce qui venait de se passer. Aurait elle peur de lui jusqu’à ne plus vouloir lui parler ? La seule chance de le savoir était d’entrer. La petite fille lui lança un regard furibond : « Te voila enfin, lui lança t’elle, je t’attendais pour jouer »
***
Aifé ouvrit les yeux au moment où Gwenaël refermait la porte de la cabine. Elle s’étira. Ses forces revenaient lentement. Qu’en était t’il du jeune homme qu’on avait installé à coté d’elle ? Elle se retourna. Kieran surpris baissa les yeux au moment où elle le regardait.
« Bonjour, dit il en rougissant des pieds à la tête, avez-vous bien dormi ?
- Je dormais mieux quand vous et vos ronflements n’étiez pas dans la pièce » répondit elle sans hésiter.
Il fronça les sourcils, vexé.
« Si je puis me permettre, crût il bon de répliquer, vous ronflez aussi fort que moi il me semble
-Votre bouche doit être placée trop prêt de votre oreille »
Butés, ils croisèrent les bras et se tournèrent le dos. Puis, le silence devenant trop pesant ils se risquèrent à revenir de l’autre coté.
« Pardonnez moi, murmura Kieran, j’ai été impoli »
Aifé sourit et haussa les épaules.
« Je suis heureux de vous voir en meilleur santé, ajouta t’il innocemment, vous semblé avoir recouvré vos forces. Je suppose que cela est dû à vos conditions de vie en Primelune.
- Que supposez vous par là ? , demanda t’elle en écarquillant les yeux, nous prendriez vous pour des sauvages ?
- Je ne pensais pas cela, répondit il en se maudissant d’avoir parlé trop vite, mais votre vie au dehors, vos habitations dans les arbres. Cela doit être éreintant n’est ce pas ?
- Mais pas du tout, s’insurgea t’elle, vous n’y connaissez rien. Vous et votre petite vie entre quatre murs. Vous n’osez jamais sorti de chez vous. Je me demande d’ailleurs comment vous passez vos journées dans vos cages »
Il respira profondément, la jeune fille l’exaspérait au plus haut point.
« Il y a plein de choses à faire, se força t’il à reprendre calmement, nous lisons, nous méditons, nous créons, nous peignons, chaque jour est porteur de nouvelles découvertes »
Elle étouffa un bâillement.
«Oseriez vous prétendre que nous nous ennuyions ? Tenez, que faites vous de plus intéressant ?
- Nous débusquons les convois d’éclat de lune, nous repérons les animaux, les différents points d’eau, les terrains de chasse, nous observons la course des étoiles, nous bâtissons nos maisons, nous apprenons à nous battre
- Et vous ne lisez jamais ? » demanda t’il scandalisé.
Elle ouvrit de grands yeux étonnés : « Lire, mais pour quoi faire ? Et laissez moi tranquille avec vos considérations abruptes »
Vexés, ils se tournèrent à nouveau. Ce fut là leur tout premier dialogue.