La Couronne de Cuivre

Les quatre aventuriers s'avancèrent vers l'entrée de ce qu'appellent ironiquement les brigands et coupes jarrets " La cour de la déchéance".


Ces ruelles étroites et crasseuses se trouvent au plus profond de l'Antre des Miséreux. Ici sont rejettés les plus faibles, les plus démunis. Ici pas de coupes jarrets ou de brigands... il n'y a rien à voler, seul quelques nécromanciens s'y aventurent au plus profond de la nuit pour y trouver des sujets d'expériences. Ces dérisoires ruelles sont le paroxysme de la souillure de Melandis. L'espoir et la joie ont déserté ces quartiers depuis si longtemps que plus personne ne connait même le sens de ces mots ici.

pas de maisons de pierres, pas de toits de tuilles, ce sont des matériaux largement au dessus des moyens de ces familles déchues. Les maisons sont faites de bois et de pailles et de tout autre matériau que les habitants tentent de récuprer à la nuit tombée sur les berges du fleuve. Les murs de ces mansardes sont recouvertes d'une végétation envahissante et nossive, les tois croulent sous la moisissure. Une odeur nauséabonde et prenante flotte dans l'air reclu et lourd de ces ruelles.


Tout n'est que désespoir et tristesse en ces lieux. Les chiens se laissent mourir peu à peu, couché sur le flanc, cherchant un coin ou trépasser en paix avant de se faire dévorer par leurs congénères. Les rats sont si immndes et si gros qu'ils donnent du fil à retordre aux derneirs rescaps de la race féline ici. Les personnes survivant dans ces quartiers faméliques ne sont plus que les caricatures d'être pensants.

Ils flanent dansles ruelles tels des zombis dépourvus de pensées. Courbant l'échine, soutenant le poids du monde sur leurs épaules rabougries. Les plus faibles se laissent aller, appuyé sur un mur. Les plus forts travaillent d'arrache pieds pour tenter de trouver quelques restes de nourritures pour nourir leur famille. Les cris et pleurs des bébés affamés retentissent ici et là comme des appels à l'aide.. les seuls.. ici tout le monde aperdu l'espoir d'un avenir radieux... survivre.. voilà tout ce qui compte.


C'est dans ce cadre plus qu'horrible que les aventuriers s'avancèrent pour trouver leur informateur...


HRP : la quète est repartie les enfants comment vont réagir vos zentils personnages face à temps de misère

Melandis était décidément une cité à visiter de préférence par temps de brume, affecté d'un gros rhume et d'une irrémédiable myopie. Ici, il n'y avait rien à voir, rien à entendre, rien à respirer d'agréable, en aucun cas. Il n'y avait plus qu'à hâter le pas, serrer les dents et les poings sur la garde - et c'était ce que faisait Lothringen depuis qu'ils avaient pénétré dans l'antre des miséreux.

De temps à autre, il relevait pourtant le nez pour vérifier qu'aucun danger n'approchait, mais son véritable soucis était ailleurs; il se demandait pourquoi les êtres monstrueux qui détenaient le pouvoir en ces lieux n'avaient pas encore, par simple caprice, mis le feu à ces quartiers suintant de misère et de cette faiblesse qu'ils abhorraient. S'efforçant donc de s'endurcir et d'en finir au plus vite avec l'enquête qu'ils menaient, le semi-drow plissait les yeux pour ne rien voir.

Trop tard.
Le regard de cette fillette réussit malgré tout à l'atteindre. Il s'attendait à un regard appitoyant pour lui soutirer quelques pièces, à cette répugnante résignation qui n'éveillait en lui que le mépris, voire à de la haine à l'encontre de ceux de sa race - mais non - cette petite fille posait sur lui un regard vide, et il lui semblait qu'elle attendait simplement une réaction de lui, de l'aide pour vivre ou pour mourir...

Il aurait ignoré un adulte, le jugeant à même de forger tout seul son destin. Mais cette petite fille lui rappelait celle qui avait failli servir de déjeuner au vampire de tantôt, et lui soulevait de coeur de colère et de honte.
Réaction stupide, songeait-il. Quelques pièces ne guériraient pas Melandis, ne permettraient pas non plus à cette enfant d'échapper à cette existence immonde - et il ne se sentait pas non plus le droit de choisir pour autrui.

Oui, mais celle-là l'avait regardé, lui, et pas un autre.
Il l'approcha, s'accroupit et lui tendit une pièce de monnaie frappée de la main et de l'oeil, symbole de Helm. Elle la prit, mais demeura immobile, attendant la suite. Il griffonna encore quelques mystérieuses lignes sur un parchemin, qu'il cacheta puis tendit à la fillette.

- File à l'ambassade de Manost. Si tu tends cette pièce, on t'écoutera. Donne-leur ceci.

Lothringen la regarda une dernière fois dans les yeux, la jaugeant. Elle avait l'air suffisamment intelligente pour pouvoir trouver l'ambassade toute seule, mais était-elle déjà corrompue par le vice ambiant?
A l'ambassade, on utliserait l'argent pour s'occuper d'elle jusqu'à ce qu'il puisse s'y rendre lui-même.
Si en revanche, elle était tentée de dépenser sa pièce plutôt que d'effectuer sa mission, il y avait de bonnes chances pour qu'elle connaisse une fin précoce voire douloureuse... La monnaie manostienne n'étant guère appréciée dans les environs.

Mais le guerrier-mage ne la mit pas en garde.

La petite fille regarda appeurée cet être à la peau noire s'approcher d'elle. Elle frémissait de tous ses membres mais n'avait pas la force de bouger, ni même d'esquisser le moindre geste.

Elle regarda ébeluée cet être venu d'un autre monde se pencher sur elle avec un regard doux et compatissant. Ses lèvres se plissèrent, elle devint extrèmement pâle.... quelqu'un... oui.. quelqu'un la regardait comme un être humain...


Ses petits yeux s'agrandirent.... ses pensées fusaient comme une déferlante rafraichissante dans son esprit...


" Une enfant !!! je suis une enfant !! pas un tas d'immondices !! pas un détail dans un décor monstrueux auquel on ne fait jamais attention !!! il... il... il me regarde !!! moi !! pas ma crasse, pas ma pauvreté !!! moi !!! je suis quelqu'un ...."


Ces quelques mots ne réfléchissaient que faiblement ce qu'éprouvait cette pauvre enfant.... huit années d'enfer... huit pauvres années à perdre son identité.. ses souvenirs... à devenir une marionnette de la pauvreté. Ses petits yeux naïfs perdirent de leur vide abyssal pour retrouver une petite lueur d'humanité et d'innocence.... de petites larmes douces perlèrent au coin de ses yeux... une, puis deux. Enfin un torrent de larmes vinrent laver ce visage maculé de sang, de crasse et de cendres.... des larmes purificatrices qui inondèrent de bonheur cette petite oubliée.. lui rappelant qu'elle était capable d'être heureuse et de pleurer.


L'homme d'albatre ouvrit la bouche et s'adressa à elle avec douceur :

" File à l'ambassade de Manost. Si tu tends cette pièce, on t'écoutera. Donne-leur ceci"


Et ceci dit, lui tendit une pièce et un parchemin. Elle les prit d'une main fébrile... son regard s'alluma. Lothringen y put y lire plus que de la reconnaissance.... de l'amour... irréfléchi et sans arrières pensées... un amour illimité comme seul l'enfance et l'innocence peuvent le permettre... elle voulait le toucher, lui montrer ce que ça représentait pour elle.. mais il était si... impressionnant, noble et fort... et elle si faible et malpropre... elle ne povait souiller un être si immaculé des immondices de Melandis....


HRP : décrivez la suite de la scène avec la petite fille ( vos sentiments et actions ) mais restez dans cette szcène.. un évènement doit intervenir.. considérez cette scène comme un moment au ralenti.. seulement quelques secondes vor une minute mais pas plus)

Loth : très joli post tu viens de créer un pnj de melandis par ce joli post

Un grognement railleur résonna soudain derrière le semi-drow, ce qui décida la gamine à filer au plus vite. Lothringen se retourna avec humeur, pour découvrir le voleur qui le dévisageait d’un air méprisant.

- Bravo, fine stratégie. Elle va se précipiter à la garde où elle nous vendra pour une bouchée de pain qui lui sera certainement plus utile ici que votre monnaie manostienne.

- Si même elle le faisait, Cyric, je n’aurais beaucoup de raisons de le lui reprocher…

- Je me souviendrai de vous le redire quand la garde nous tombera dessus et vous tranchera la gorge.

Le semi-drow haussa les épaules.

- Quand bien même on nous trahirait, je vois difficilement ce qu’il y a à vendre. Nous n’avons rien fait qu’entrer clandestinement en ville – un genre d’informations beaucoup trop vague pour intéresser encore qui que ce soit. Qui plus est, nous sommes mobiles, et nous n’allons pas attendre ici qu’on nous cueille, n’est-ce pas ? Pour tout vous dire, je ne pense pas nous mettre beaucoup plus en péril en prévenant l’ambassade manostienne de notre présence ici que vous ne l‘avez fait vous-même en vous attirant la reconnaissance éternelle du halfeling que vous avez volé – ou que ne l’a fait Erszebeth en déclenchant un massacre en pleine rue…Chacun d’entre nous met en péril l’ensemble du groupe ; la cohésion de ce groupe est pourtant la meilleure chance de survie de chacun… Est-ce bien clair ?

heu.. on pourrait peut être finir cette discussion, for t intéressante soit, plus tard je pense...


Seina ne vous en mélez pas compris? c'est entre Cyric et moi

Lothringen se tut lorsqu'il comprit pourquoi Seina les avait interrompu.... Une masse dense de miséreux se dirigeait vers eux. Un mouvement de foule, imprévisible et implacable.


Lothringen par son geste miséricordieux avait réveillé l'âme de ce peuple miséreux. Il avait attisé leur espoir en donnant cette pièce d'or à la petite fille crasseuse. Et à présent celà se retournait contre lui. Les gens, de leur smains avides tendues se dirigeaient vers lui en pleurant,gémissant, suppliant une aumône.

es griffes crasseuses, puilleuses commencèrent à tenter de se saisir d'un pan des vêtements de l'elfe noir pour attirer son attention, la foule grondante se pressait à présent autour du groupe...

La situation semblait tendue et dangereuse...


Hop Loth, tu te payes ( enfin On se paye) une émeute le piège à fonctionné

Lothringen restait cohérent avec lui-même : il s’était adressé à cette fillette, mais pas à la misère du monde. Cette foule de mendiants de tous âges qui semblaient s’imaginer qu’il portait sur soi la rançon d’un prince n’éveillait en lui que le dégoût et une sourde colère. Il avait toujours eu la plus grande répulsion pour les mouvements de foule. Une levée en masse de zombis décérébrés n’aurait pas insinué plus de défiance en son âme. Un troupeau… un troupeau stupide et dangereux… sans compter que cela risquait de tourner en émeute à tout instant.

En s’engouffrant discrètement dans une ruelle pour tenter d’y gagner les ombres, Cyric et Erszebeth venaient de donner le signal de la dispersion. L’elfe noir quant à lui était pressé de trop près pour pouvoir fuir. Encore eut-il quelque difficulté à incanter correctement.

Lothringen == > porte dimensionnelle == > Lothringen

Il réapparut accroupi sur le toit d’une maison voisine. Quelques instants plus tard, Seina apparaissait à ses côtés, n’ayant apparemment pas eu d’autre choix que de le suivre.
C’est à peine s’ils eurent le temps de pousser un soupir de soulagement. La foule se tournait à nouveau vers eux, irritée, menaçante…Il n’y avait pas mille échappatoires.

Lothringen == > invisibilité == > Lothringen

Seina == > invisibilité == > Seina

- à gauche…souffla le semi-drow.

Ils coururent quelques temps sur les tuiles glissantes, le temps de mettre plusieurs bâtiments entre eux et la masse des miséreux, puis s’arrêtèrent.
Encore stupéfait de l’aventure, le semi-drow reprit :

- Vous vous souvenez de l’adresse fournie par Cyric ? je crois que vous allez pouvoir nous y conduire…

HRP: comme c'est petit ça...

Antonidas n'avait pas précisément le physique attendu d'un roi de l'esquive, mais il ne s'agissait tout de même pas de le laisser filer, pas maintenant, après tous les ennuis qu'ils avaient eus, et alors que le semi-drow en était à se demander s'il ne venait pas de perdre deux manostiens de plus dans l'aventure.
Les deux aventuriers s'engouffrèrent dans la bicoque, toujours couverts par une invisibilité décidément bien commode. Le voleur était en train de ranger quelque chose dans un tiroir de sa chambre et leur tournait le dos.
Lothringen laissa Seina rester dans l'embrasure de la porte et s'approcha d'Antonidas jusqu'à le toucher.

- BOUH! souffla-t-il dans son oreille.

Le voleur eut un sursaut de carpe au filet, se retournant en un éclair, la dague au poing.Heureusement qu'il ne savait trop où viser.

- Montrez-vous, répliqua-t-il nerveusement.

- Ici.

Lothringen dissipa d'un geste son invisibilité.

- Pure courtoisie de ma part. Bon, soyons bref, je n'ai plus envie que vous d'éterniser cette conversation. C'est Cyric qui m'envoie... Ah, je vois que ce nom vous rappelle quelque chose... Vous savez ce qu'il est devenu, n'est-ce pas? Et même pour qui il travaillait quand il habitait Melandis... Vous saurez donc ce qui m'amène. Une vengeance... Un besoin de renseignements.

Le voleur le couvait des yeux avec méfiance, sans desserrer les lèvres. Puis il se décida à lâcher:

- La preuve que vous venez de la part de Cyric?

Lothringen chercha rapidement dans sa mémoire.

- Aucune. Je n'en ai aucune. Nous avons été malheureusement séparés. Mais j'en sais long sur lui...

- Comme n'importe lequel de ses ennemis, je suppose.

- Je doute que ses ennemis cherchent des renseignements sur la façon dont est morte sa patronne... *votre* patronne, devrais-je dire.

A ces paroles Antonidas devint extrêmement blême. Il jeta des regards un peu partout afin d’analyser la situation et trouver une porte de sortie. Il loucha dangereusement vers la fenêtre.

Seina se déplaça à pas de loup vers le voleur. Toujours sous le couvert de l’invisibilité il se plaça derrière le voleur. Il lui apposa une dague derrière la nuque et frotta la lame aiguisée sur le cuir chevelu d’une manière désinvolte.

« Je te déconseille d’essayer de t’enfuir, réponds à toute ses questions… » lui chuchota-t-il à l’oreille…

Les yeux du voleur s’écarquillèrent alors qu’il reconnaissait la voix semblant sortir du néant.

« Toi !!!!!! » s’écria-t-il.

Seina accentua sa pression est siffla d’une voix mauvaise…

« pas un mot de plus.. réponds à ses questions… »

Le voleur déglutit difficilement, la peur se lisait sur son visage… une peur démentielle. Il était pris entre le marteau et l’enclume.

Lothringen, avec un sourire amusé reprit :


« Bien… maintenant que les présentations sont faite, tu vas me dire tout ce que tu sais au sujet de la mort de Banshee SangdeLune… »

Le voleur réfléchissait à toute vitesse.. S’il parlait il était mort… les balances ne faisaient pas long feu à Melandis.. d’un autre coté s’il ne parlait pas, il savait que Seina l’abattrait immédiatement… Il connaissait la réputation de l’ex second de l’Elfe de Lune. Le choix était difficile entre mourir et… mourir… Mais s’il parlait, il avait une petite chance de s’enfuir… de se faire oublier très loin de cette satanée ville… de toute manière il n’avait jamais aimé Melandis. Il n’avait ni le courage ni les facultés pour profiter des opportunités de la cité… Après tout la meilleure chose qu’il avait à faire été de disparaître de la cité de Talos… Soudain il eut une idée… il allait jouer sur les deux tableaux…


« Bon… je ne sait pas grand chose…. Ce que je peux vous dire c’est que d’après les rumeurs, Banshee a été tuée par un Vampire. Apparemment elle se serait aventurée dans les ruelles de l’Antre des Miséreux et serait tombée sur un Vampire assoiffé qui en aurait fait son repas… »

Lothringen réfléchit à la réponse du voleur. Cela pouvait sembler logique .. mais… quelques détails ne collaient pas. Par exemple, pourquoi Banshee serait revenue se « balader » dans les ruelles sombres de Melandis ? Non.. elle avait sûrement une importante raison pour revenir dans cette cité où elle était persona in grata. De plus, il avait vu le corps de la défunte… elle n’avait pas été tuée pour son sang, aucune marques de morsures… seulement celles de griffes acérées. Visiblement le voleur occultait une partie de la réalité…


HRP : bouh le vilain menteur… fais le souffrir ce voleur

Lothringen faisait nerveusement les cent pas dans la pièce, allez, retour, sans seulement regarder le voleur. Les explications de ce dernier n'avaient pas perturbé son manège.

- Je vois la scène, reprit-il sur le ton rêveur du devin en pleine extase onirique. L’elfe de lune imprudente se promène de nuit - innocemment, pourrait-on dire – sur la promenade des miséreux, le nez au vent, humant la pestilence, toute guillerette, la pauvre! ne se méfiant de rien – soudain, mauvaise rencontre, pif paf ! Il frappa du poing dans sa main. Pas de chance, elle tombe sur le premier venu, c’est-à-dire sur un puissant vampire en manque bien décidé à ne pas laisser la moindre échappatoire à la malheureuse bretteuse sans défense qu’était Banshee, et là… et là c’est le drame. C’est bien ça ?

Le voleur hocha la tête. Pour toute réponse, Lothringen se retourna et le gifla à toute volée. Son visage s’était fermé et n’exprimait plus que la colère la plus pure. Il ne semblait pas voir le sang qui coulait de la lèvre ouverte du roublard.

- Quand je pense que j’ai traversé la moitié de Dorrandin pour m’entendre débiter de telles salades… C’est à peu près aussi crédible que si je te disais que mon père est un avariel albinos. Alors, je te la refais, mon gars, et je te conseille d’écouter attentivement.

L’elfe noir s’empara de l’arme qu’Antonidas tenait toujours sans pouvoir la brandir à cause de la pression étroite de la lame de Seina sur sa gorge.

- Tu me prêtes ta dague ? C’est gentil…

Lothringen commença d’ouvrir la chemise du voleur et regarda attentivement son torse balafré de diverses cicatrices.
Il laissait la lame glisser sur la chair du voleur qui haletait. De temps à autres, il entaillait légèrement la peau sur une courte longueur. Plus haut, plus bas… rouvrant les cicatrices. De temps à autres, la lame revenait dans la plaie déjà ouverte et l’approfondissait lentement, puis un coup sec arrachait au voleur un bref cri de douleur.
Lothringen murmurait d’une voix rauque, le souffle aussi court que le prisonnier, comme s’il luttait contre sa propre exaltation, la joie sadique qu’il éprouvait à ressentir la peur brute de ce personnage si près de sa lame.

Xun naut jivvin xuil l' kor'inth Usstan shlu'ta'naut mir rath 'zil verve 'zil dos dosst ehmtu waela arlathil… Usstan tlun natha ilythiiri, xuil jal l' ssissilluk d' nindol dazzan… Usstan zhahus ninta rothe, Usstan zhahus ninta nibele… Usstan ilro'e ajak l' i'dol nind jiv'elgg, lu' l' verve klew'kinen d' jiv'undus…Ph' dos zhaunus dos llaar ssinssrin ulu jivvin xuil uns'aa ? *

Tant de violence, retenue depuis si longtemps… Lothringen comprit non sans effroi qu’il en était venu à souhaiter ardemment que le voleur continue de se taire, continue de mentir, continue de trembler…
Mais Antonidas, curieusement, ne l’entendait pas de cette oreille.

- Je… assez ! Voilà, je…

Mais Lothringen, imperturbable, comme s'il n'avait pas entendu, continuait nonchalamment de promener sa lame…

- Vous avez l’air de connaître Banshee… alors vous savez qu’elle avait un sacré réseau ici à Melandis, dans le temps…Recrutement, formation…les vampires… elle en connaissait un rayon… elle en a même formés à devenir de parfaits assassins…Tout un nid… Doivent être dans les cryptes à présent…

- Pourquoi auraient-ils fait cela ? Pressons.

- C’est que… Seina de -

Le voleur n’eut malheureusement jamais l’occasion de terminer sa phrase, parce que la lame de Seina venait de lui trancher la gorge.
Le barde jeta sur le sol le corps sanguinolent, tandis que guerrier-mage laissait tomber la dague, puis posait lentement les mains sur les poignées de ses haches.

Un silence plana un moment.
Puis l’elfe noir hocha la tête. Il s’attendait à quelque chose de ce genre depuis bien longtemps. Si longtemps, même, qu’il l’avait presque oublié…

- Bien joué.

Le barde paraissait surpris, bien qu’il s’abstint de répondre.

- Vous semblez oublier que de nous quatre je suis le seul à n’avoir pas connu Banshee… Je cherchais à éclaircir cette affaire, ni plus, ni moins ; je ne vous aurais pas disputé votre vengeance. Quoi qu’il en soit… Je crois que notre improbable collaboration s’arrête ici, maître fourbe. De toute évidence, j’en apprendrai plus sans votre « aide ».

Mais il demeura là, guettant la réaction du melandien.

ne joue pas avec une rage que je ne peux réfréner aussi longtemps que toi ta propre stupidité...Je suis un drow, avec toute la violence de cette race... J'étais leur esclave, j'étais leur jouet... Je me souviens avec exactitude de leurs méthodes de torture, et des longues heures de soufrance...Es-tu vraiment certain de vouloir jouer avec moi?

Lothringen hocha la tête aux premiers mots de Seina, en prenant place le plus confortablement possible dans un fauteuil passablement défoncé. Bien qu’il eut peine à l’admettre, ce dernier avait raison ; il avait réagi trop vite, porté par une colère à la mesure de la frustration qu’il avait pu ressentir à voir égorger son unique témoin au moment même où il allait enfin apprendre quelque chose.

Il n’en était pas moins vrai qu’il ne ferait pas long feu, ici, à Melandis, s’il voulait y enquêter seul. Autant ne pas trop compter sur Erszebeth et Cyric, partis les dieux savaient où s’ils n’étaient pas encore parvenus ici même, auprès d’Antonidas, le seul endroit logique où se retrouver…
S’il refusait de coopérer avec Seina, autant rentrer tout de suite à Manost, bredouille comme à la première heure - car la seule piste des vampires ne lui semblait mener nulle part. Quelqu’un avait sans doute commandité le meurtre auprès de ces morts-vivants, voilà au fond tout ce qu’il avait appris. S’il ne remontait pas au commanditaire, il perdait son temps… Et il se voyait mal, pour l’apprendre, prendre d’assaut à lui tout seul tout un nid de vampires. Non. Surtout qu’il ne connaissait pas les lieux. Il avait encore besoin de Seina, qui, apparemment, avait encore besoin de lui. Bonne nouvelle pour leur double espérance de vie.

Evidemment le barde, pour expliquer son geste, lui racontait un tissu de mensonges devant lequel Lothringen eut bien de la peine à garder son sérieux. Cette histoire de malédiction… Pas impossible au demeurant, mais beaucoup trop opportune pour qu’il y prête foi. Belle créativité ! Le barde avait des choses à cacher, bien sûr. Probablement un lien entre lui et ces vampires. Il y avait tant de choses qu’il ne savait pas sur cette affaire… sur le passé des uns et des autres… Il s’était renseigné au cours de leur voyage, mais il demeurait bien des zones d’ombre. Il n’était pas membre de la guilde et on le lui avait fait sentir. Ses compagnons auraient pu sans doute l’éclairer, mais ils n’étaient plus là. S’ils avaient choisi de se fier à ce melandien… le guerrier-mage espéra fortement qu’ils n’étaient pas stupides.

Et Seina qui discourait toujours…

« un torrent à la fonte des neiges… »

Où donc avait-il entendu cela ? L’image prenait forme peu à peu en son esprit. Un vieil homme à la barbe grisonnante, rigolard, une chope à la main. Une table de taverne. Ah oui, une taverne du port de Calim. Un vieux ménestrel avec lequel il avait sympathisé, porté sur la boutanche…

« Ben t’es pas bien bavard, mon garçon. Pas grave, je suis causant pour deux. J’va te raconter ma vie, version longue, option épique. Et c’est parti pour la soirée ! » Il était alors parti d’un grand éclat de rire, puis avait esquissé une révérence parodique.

« Croyez-moi, mon ténébreux Seigneur, il est plus aisé de faire tarir un torrent à la fonte des neiges que d’interrompre un barde une fois lancé…. »

" Mais je pense être à même de résoudre le mystère avec ce que nous a révélé ce misérable.. voulez vous toujours partir ou écouter ce que j'ai à révéler ?"

Lothringen sortit de sa rêverie pour gratifier son interlocuteur d’un sourire d’une parfaite candeur.

- Je me garderai bien de vous interrompre, vous êtes manifestement en voix ce soir.

Et, se calant dans le fauteuil, il se disposa à écouter de toutes ses oreilles en pointe. Dans tout mensonge gît une part de vérité…

Lothringen sourit avec amusement. Renvoyer tous ces non-vivants dans la vraie mort ? Ce plan-là lui plaisait assez. Il n’aimait pas laisser ses haches trop longtemps glissées dans sa ceinture...
Il n’avait rien de très personnel contre ces vampires, à vrai dire. Mais résoudre le mystère de la mort de Banshee le poserait dans les intrigues de ce petit monde aux mille rumeurs qu’est le mercenariat. Et la venger lui ferait surtout une place de droit à la Vierge d’Argent… Cyric et Erszebeth lui avaient clairement laissé entendre que de leur expédition dépendait son admission dans la guilde. Hé bien ! Il allait leur montrer de quoi les féeruniens étaient capables.

- Je serai avec vous pourvu que vous me rassuriez sur la subtilité de vos plans d’attaque. Je veux croire que vous n’imaginez pas d’attaquer de front leur repaire, une fois que vous l’aurez localisé ? Les vampires sont des adversaires particulièrement redoutables pour des combattants tels que nous. Allez-y "à grands coups d’épée" si vous voulez… Mais la méthode que vous avez appliquée à ce voleur – il désigna le corps égorgé d’un doigt négligent – me paraît de beaucoup plus efficace dans ce genre de situation.

L'humain était demeuré si longuement plongé dans ses pensées que Lothringen n'avait pas tardé à comprendre que ses méditations sur la stratégie à adopter n'y devaient pas tenir une place décisive.

C'était étrange. Il n'aurait su dire au juste pourquoi, mais cela lui paraissait totalement hors contexte. Bien sûr, il venait de faire à peu près la même chose quelques instants auparavant, quand ses propres souvenirs l'avaient renvoyé jusque sur Féerune tandis que Seina tentait de lui expliquer le pourquoi du meurtre d'Antonidas. Bien sûr, tout le monde a le droit de songer à autre chose, surtout quand la journée a été longue et que votre compagnon n'a rien d'un confident. Pourtant l'expression du barde était... il chercha le mot, ne le trouva pas, et estima que c'était mieux ainsi, se concentrant sur la réponse que Seina venait de lui donner.

- Détection du mal? Ma foi, c'est peut-être le premier sort que j'aie appris...

Et sans doute un de ceux qu'il maîtrisait le mieux, s'étant spécialisé dans la magie divinatoire.

- Je suis d'avis de prendre quelques heures de repos avant de nous lancer. Et tant pis pour l'odeur...

Pour le reste, il décida de se fier à l'expérience du barde. A la réflexion, ce dernier avait sans doute raison; Lothringen ne se souvenait pas d'avoir jamais réussi à surprendre Erszebeth, et peut-être cela venait-il en effet d'une sorte de prescience propre aux morts-vivants.

A la réflexion, il sut enfin ce qui l'intriguait tant depuis tout à l'heure. Seina avait eu une expression nostalgique, un brin perdue, un brin rêveuse... Les êtres maléfiques peuvent donc encore rêver?

Se reposer, quelle idée saugrenue que voilà… Comment pouvait-il se reposer alors que sa vengeance n’était point encore accomplie ! Mais le Semi Drow n’avait toutefois pas tord… il était suicidaire que de s’attaquer à une masse de Vampire sans préparation ni repos… Seina se plia donc aux arguments de Lothringen. Il acquiesça. Néanmoins, le cadre n’était ni propice au repos ni assez sûr.. Ils étaient encore dans les bas Fonds de Melandis… Il se leva et voulu lui proposer l’hospitalité de son logis lorsqu’il aperçu une ombre passé devant la fenêtre de la maison délabrée.

Une silhouette apparue alors dans la pièce dans un fracas de vitre brisée. Encapuchonnée, vétu de lambeaux de vêtements, l’homme, car cela en était un à coup sûr compte tenu de sa carrure, émit un grognement sinistre.

Il émanait de lui une odeur de putréfaction développée ainsi qu’un sentiment d’effroi. Il tenait dans sa main une lame de très haute qualité. Seina hoqueta, cette arme était de facture Drow à coup sûr. Mais ce qui avait fait hoqueter Seina c’était tout autre chose… La Main de l’homme était à peine recouverte de peau, ses os étaient apparents par endroit et la peau pendait lamentablement par endroit laissant apparaître de la moisissure. Un Mort Vivant à ne plus en douter…

L’homme sembla scruter la pièce en reniflant tel un chien limier. Il se tourna alors instinctivement vers Lothringen et se jeta sur lui, l’arme levée. Dans sa charge brutale, sa capuche se rabattit sur ses épaules dévoilant son visage.

Seina ne put apercevoir les traits de l’homme. Il ne vit dans un éclair que les orbites vides et la peau verdâtre, des veines noires déchirant le visage creusé et émacié du Mort Vivant. Seul Lothringen avait le loisir de voir entièrement le visage de l’assaillant. D’ailleurs, le Semi Drow semblait dans un état de transe, les yeux écarquillés, le visage déchiré par une sourde souffrance. Qui était donc cet homme ? Pourquoi s’attaquait-il au Manostien ?

Avant que le barde ne put intervenir le Mort Vivant était déjà sur Lothringen qui ne put que dégainer avant qu’un coup d’épée ne tente de lui pourfendre le cœur.


HRP : comme tu t’en doutes, le Mort Vivant est d’une force impressionnante et d’une vivacité peu commune chez les MV. De plus, c’est qui tu sais , à toi de jouer.

En une telle situation, la première réaction demeurait guidée par le sul instinct du combattant. Lothringen para machinalement le coup, rejetant violemment l’assassin en arrière pour se donner le temps d’incanter une image miroir.

Lothringen = = > image miroir = = > Lothringen

L’atrocité putrescente qui se tenait devant lui enchaînait à nouveau les attaques avec une rare vivacité, au point que parer et s’efforcer de ne pas regarder son visage était le mieux que le manostien pouvait faire.
Le semi-drow se recula jusqu’à se placer dos au mur. Le mort-vivant ne lui laissait pas le temps de réfléchir… Il était rapide et mortel. Parer des attaques d’une telle violence ne tarderait pas à l’épuiser. Lothringen incanta un autre des sorts les plus rapides qu’il connaissait : presque instantanément, une poignée de projectiles rougeoyants fusèrent des extrémités de ses doigts pour venir frapper l’abomination à la tête.

Lothringen = = > projectiles magiques = = > saleté de MV

Le zombie surpris chancela un instant ; le semi-drow réagit aussitôt en le frappant au crâne du bois de son arme. L’assaillant tomba, assommé - mais pour combien de temps.
Seina vit Lothringen s’approcher du corps, les haches tirées, prêt à frapper. En calculant bien son attaque, il pouvait en effet espérer que cette dernière serait décisive. Cependant les chairs putréfiées amortiraient la portée d’un coup tranchant, tout en réveillant brutalement la victime…

Tandis que le barde se livrait à ce genre de réflexions, Lothringen jetait des regards rapides sur la pièce, comme s’il recherchait quelque chose ; puis il commença à arracher la tunique du voleur et à lier avec ses manches les poignets du mort vivant – ou plutôt, les ossements à peine recouverts de chair pourrissante du corps qui gisait là. Cela ne suffirait pas ; Après une courte hésitation, Lothringen retira son propre justaucorps, puis sa chemise, et réduisit cette dernière en bandes minces au moyen desquelles il put lier plus proprement l’assaillant.

Tandis que Lothringen s’affairait, Seina qui voulait s’approcher sursauta en passant derrière le manostien. Le dos du semi-drow portait la trace de balafres anciennes, larges et profondes, depuis longtemps cicatrisées, qui couraient même quelquefois d’une épaule à la hanche opposée. Le long des cicatrices la peau plus jeune formait une légère boursouflure d’un gris clair sur le noir de sa peau. L’entrelacement chaotique de ces traînées n’était pas sans rappeler le dessin complexe des entailles sur la poitrine torturée d’Antonidas.

- Pourquoi ne le tuez-vous pas, lâcha enfin le mélandien. Les vampires gardent quelque chose de ce qu’ils furent… les zombies – il renifla – ce ne sont que des monstres, et même un paladin les tuerait sans scrupules.

Lothringen ne se retourna pas pour répondre. Il ne quittait pas du regard le visage du mort-vivant – ou ce qu’il en restait. C’était bien ce qu’il craignait, et c’était une vision de cauchemar. Le cœur soulevé de dégoût, n’y tenant plus, il alla vomir par la fenêtre.
Il mit longtemps à reprendre son souffle.

- Je le connaissais, parvint-il enfin à articuler, tandis que le corps commençait de s’agiter de nouveau sur le sol.

- Il reprend conscience, remarqua le mélandien sans se troubler, mais en s’armant d’un pied de chaise au cas où.

- Je crois que nous ne pouvons pas le tuer… Je ne connais pas grand chose aux morts-vivants, mais il me semble que les simples zombies se distinguent par leur lenteur et leur absence de pensée. Lui… Lui était rapide, capable de me reconnaître… Ils ont dû lui faire autre chose…

- Qui, ils ? répliqua Seina avec un certain agacement.

Lothringen hocha la tête.

- Mes amis les drows.

Les orbites vides du cadavre se tournèrent vers Lothringen, dans une ultime tentative de l’atteindre. Accroupi près du corps, le semi-drow serrait les lèvres.

- Gythris, murmura-t-il.

Le zombie sembla réagir à ce nom ; un temps, il parut en proie à la surprise, puis répliqua d’une voix atone et pâteuse.

- tuer…flairer la chair…

Lothringen examina la dague dont s’était servi le mort-vivant. De l’adamantine traitée pour résister à la lumière du jour… c’était signé.

- Tuer… tuer…

Le semi-drow répéta sourdement.

- Gythris…

Mais sa voix ne semblait pas entendue.

- la mort…

Une immense détresse semblait à présent émaner du mort-vivant, plus grande même que la terreur naturelle qu’il pouvait lui-même inspirer.

- Tuer pour mourir…

- Gythris, enfant des hommes, du clan des Arazzi du Téthyr !

Le zombie s’interrompit, comme rattrapé par ce nom du fond de l’inconscience.
Surmontant son écœurement, Lothringen posa la main sur le torse du mort-vivant, lui transmettant un peu de son calme, de sa chaleur. Le cadavre hoqueta.

- …Almaeron ?

Le semi-drow fermait les yeux. Ce nom ! Ce nom n’était plus le sien, ne serait jamais plus le sien !

- Oui, répliqua-t-il avec une étrange douceur presque résignée. C’est Almaeron…

Il y eut un silence. Le captif semblait se battre contre l’apathie des sans-âmes. Il mit longtemps avant de parvenir à articuler.

- Fui… seul…

La voix du semi-drow se voulait apaisante. Il avait l’air de comprendre à demi-mot.

- C’est vrai, j’aurais dû cacher le corps. Mais comment imaginer que…

Gythris n’écoutait pas. Sa propre voix se faisait plus angoissée.

- Fui… seul… Sans cœur…

Lothringen se recula avec un soupir d’exaspération. Comment avait-il pu croire un instant qu’il pourrait tirer quoi que ce soit de cette horreur ?

- Sans cœur… Tuer pour mourir…

Le semi-drow se releva, consterné, les larmes au bord des yeux. Il ne restait donc plus rien qu’un désir de vengeance aveugle et injuste dans le cœur de son ancien compagnon de captivité… Comme s’il sentait que Lothringen s’éloignait, le zombie prenait une voix plus pressante, se débattant dans ses liens.

- Sans cœur… sans cœur !... mourir…

Frémissant sous une subite intuition, Lothringen rabattit le pan de cape qui couvrait le corps du zombie…
… A la place du cœur, une profonde cavité couverte de sang séché.

- Mourir, lâcha encore le prisonnier d’une voix lamentable.

Lothringen hocha la tête. Il était presque soulagé. Presque.

- Almaeron…

- Ne prononce plus ce nom ! Je t’aiderai, je trouverai ton cœur et tu pourras mourir en paix. Je te le promets. Mais ne prononce plus ce nom. Où sont-ils ?

Le visage se crispait dans une parodie d’effort de réflexion. La pensée de Gythris semblait extrêmement lente: une lutte douloureuse contre l’inconscience. Le néant. L’oubli.

- Chez morts… Autre morts…

Lothringen ferma un instant les yeux, et répliqua à destination de Seina.

- Cela tombe assez bien que nous allions dans les cryptes. J’aurais là-bas quelques comptes à régler avec - mon passé.

Ils quittèrent enfin la demeure d’Antonidas, laissant derrière eux deux cadavres, dont un en état avancé, curieusement le plus remuant des deux. Lothringen jeta un dernier coup d’œil en partant. Qu’avaient-ils fait de Gythris… Puissent-ils payer pour cela.

Les deux compagnons sortirent de la maison d’Antonidas discrètement, courant dans les ombres. Le combat décisif approchait désormais à grand pas. SI Lothringen semblait paré au combat, ce n’était pas encore le cas de Seina. Car si les Manostiens ne l’avaient pas encore remarqué, Seina ne portait jusqu’à présent ni armes, ni armure.. Il semblait pourtant sûr à tout instant de sa supériorité, pourtant Lothringen n’avait encore jamais vu se battre le Melandien et ne pouvait jurer de ses qualités martiales. Beaucoup d’incertitudes, beaucoup de doutes. Seina était une énigme vivante.

Seina semblait porter le poids d’un lourd passé sur les épaules, les rumeurs sur son compte étaient aussi effrayantes que l’éclat de ses yeux. Il semblait fait entièrement de noirceur, une langue acérée, un visage de marbre et un regard embrasé et perfide. Il avait survécu des années dans les ruelles Melandiennes, grimpant rapidement les échelons de la Hiérarchie sans difficultés apparentes pour atteindre le statut de Dirigeant.

Pourtant d’après ce qu’avait entendu dire Lothringen, Banshee respectait énormément le barde. Elle qui avait toujours rejeté les idéaux Melandiens, elle qui condamnait la violence et le vice qui régnait dans cette ville avait toujours respecté l’un des Conseillers qui travaillait à la noirceur de la Cité Talosienne.

C’était assez déconcertant… Que s’était-il passé entre le barde et la défunte elfe ? Quels secrets avaient découvert Banshee ? De plus le visage expressif du barde dans la maison d’Antonidas contrastait trop avec la réputation et l’image sans faille que donnait le barde depuis le début de ce périple dans les tréfonds de la Cité.

Alors que les deux compères quittaient au pas de course les Bas Quartiers, Seina tout en guidant le Semi Drow ne pouvait s’empêcher de réfléchir.

Sans comprendre pourquoi, la rencontre entre le Mort Vivant et le Semi Drow l’avait ému.. Il ne savait pas qui était ce mort, ni pourquoi les Drows cherchaient à tuer Lothringen, toutefois il pouvait reconstruire une partie du puzzle de la vie du Mercenaire. Les balafres sur son dos révélait un passé d’esclave et, au vu de sa réaction envers l’homme cadavérique, ils avaient du fuir ensemble l’Ombre terre, l’un ayant plus de chances que l’autre… Un sentiment rare pour lui surgit en Seina… De la compassion… Visiblement Lothringen avait fui Ombre Terre, et avait fui par la même occasion son passé… Et voilà que malgré lui ce dernier resurgissait au plus mauvais moment… Seina le savait… Il n’y avait rien de pire que de croiser ce que l’on fui durant des années. Il le savait trop bien, lui qui fuyait depuis des dizaines d’années son propre passé.

D’ailleurs il ne comprenait pas son acharnement à vouloir venger la mort de l’Elfe de Lune. Durant des années il s’était entraîné à bannir tout sentiment de complicité avec les gens qu’il appréciait. Il profitait de leur présence et les appréciait du moment que leurs intérêts croisaient les siens. Mais quoi qu’il se passait, ses propres buts passaient toujours en priorité. Et voilà qu’il allait risquer sa vie pour une Elfe avec qui il n’avait jamais couché, qui n’était même pas son allié et… qui était morte surtout… Quel intérêt à effectuer quelque chose pour un mort… Il ne pourrait jamais l’utiliser pour manipuler la personne… Cette vengeance n’avait finalement aucun intérêt pour lui, il n’en tirerait aucun bénéfice… Il ne pourrait même pas utiliser le semi drow par la suite, ce dernier ayant montré maintes fois son aversion pour le barde… Pourquoi alors faisait-il cela ? Il chercha au fond de son cœur…

L’Amour… Il avait aimé sans se l’avouer ni le montrer l’Elfe de Lune, il avait été ébloui par sa beauté éternelle et sa joie de vivre. Sa mort avait provoqué chez lui une haine incontrôlable envers le Destin…envers son assassin. Tout son être réclamait de faire justice à Banshee Sang de Lune… Réclamait la mort de l’assassin quoi qu’il en coûte….

Vengeance et Amour… Cela lui rappelait une prédiction qu’on lui avait faite il y a de cela bien longtemps… Vengeance et Amour… Son premier Pas vers le Bien… Sa première Chance d’expier… ABSURDE ! se cria Seina dans sa tête… Le Bien est faible et la lutte contre le mal est vaine ! Seul l’absence de Conscience permet une totale liberté et ouvre le chemin vers le Pouvoir…

Et pourtant dans l’état actuel des choses… les chances de vaincre du barde étaient Minces… A deux contre plusieurs Vampires surentraînés au Meurtre… C’était du suicide… Finalement Lothringen avait raison… Et ce n’était pas en mourant glorieusement qu’il assouvirai sa vengeance… C’était de la stupidité…

Seina s’arréta soudain de courir et hurla à pleins poumons. Inconsciemment, son âme en colère ouvrit les vannes de la Magie Bardique dans la voix du Barde. Les Bâtiments tremblèrent sur leurs fondations et Lothringen se boucha les oreilles tant le cri était insupportable. Un cri de frustration et de résignation… Seina avait compris… Lui aussi allait devoir affronter son passé.

Par ce cri démentiel il chassa de lui toute la colère que contenait son cœur, sa frustration face à son impuissance à bluffer le destin… Ainsi, il redevint calme et maître de soi.

Il regarda Lothringen et lui dit :

« Allez à l’Auberge, j’ai quelque chose d’important à faire avant d’aller dans les cryptes, je vous y rejoindrai rapidement »

Lothringen secoua la tête :

« N’y comptez pas ! tant que cette affaire n’est pas finie, je ne vous quitte pas d’une semelle… »

Seina regarda le Semi Drow, avec un peu de Magie Bardique il aurait pu plier le Semi Drow à sa volonté le forcer à lui obéir… Deux heures avant il l’aurai fait… Pourtant en cet instant, il ne put s’y résoudre… Résigner il accepta que le Semi Drow l’accompagne.

IL prit le Semi Drow par le poignet délicatement et sortit d’une poche de sa cape un étrange pendentif… Hoquetant Lothringen reconnut un symbole sacré clérical de Tymora. Seina murmura quelques paroles dans une langue cristalline et les deux aventuriers furent emportés dans un maelström de magie dans un Un lieu inconnu de tous.