Posté : dim. 01 mai 2005, 21:10
Aifé avait allumé le feu du bûcher sur lequel Angus reposait. Ses cendres seraient dispersées du haut du plus grand arbre de la forêt. Honneur posthume réservé aux plus braves.
« Vain honneur posthume » avait murmuré Aifé quand Andreia lui avait annoncé. Les yeux secs, les poings fermés, les dents serrées, elle regardait le corps de son dernier allié. De son ami. Son seul ami. Sa tête était vide, son cœur était gris. Elle se sentait comme une petite fille perdue au milieu d’inconnus. Une petite main prit doucement la sienne. Interloquée, elle regarda à coté d’elle. Gwenaël lui souriait gentiment. Leurs regards se croisèrent. Ces yeux si clairs. Ce visage si innocent. En quelques secondes sa peine fut balayée. Non, elle n’était plus seule. Un grand chemin s’ouvrait devant elle.
« Merci » dit elle doucement.
***
« Je vous dis qu’elles ne sont pas prêtes. Elles ne sont arrivées que depuis deux jours. Hanna et Aifé sont encore trop fragiles »
Andreia s’était tournée vers Deinos, les yeux brillants de colère. Le centaures croisa les bras sur son imposant poitrail, un sarcastique sourire au coin des lèvres.
« Ne comptez pas sur moi pour présider cette séance. Vous savez très bien qu’elles ne seront pas en état de faire face à vos accusations
-Vous n’êtes pas indispensable Andreia, persifla son adversaire, et souvenez vous : les prochaines élections ont lieu dans quelques mois à peine. Si vos responsabilités vous pèsent tant, vous pouvez toujours renoncer à finir votre mandat »
Eudaimon écoutait la conversion, les yeux brillants de rage. Depuis quelques temps, le centaure osait s’opposer frontalement à sa mère, n’hésitant pas à lui faire perdre sa crédibilité devant leur peuple. Toute cette violence, cette agressivité. Il se souvint d’un jour où il avait surpris Deinos tuer un homme de sang froid, seulement parce qu’il avait osé s’aventurer à la périphérie de leur ville. Il l’imagina, broyant la nuque des damnées sous son poing. Tel serait leur sort si elles ne venaient pas à bout des épreuves. Il frissonna à cette pensée.
***
« Quoi qu’il se passe méfiez vous de Deinos. Il n’aurait aucun scrupule à vous tuer s’il le pouvait. A la première occasion. Il ne craint aucunement le conseil. Cela fait longtemps qu’il ne croit plus en sa puissance. La seule chose qui le retient ici est qu’il n’a aucun endroit où aller. Une chose est sure, ce n’est pas à vous qu’il s’attaquera Aelis. Il sait qu’il ne fera pas le poids contre vous. Ne laissez aucun de ses amis en sa compagnie. Cela vous serait fatal. Il vous a observés depuis votre arrivée. Il connaît chacune de vos peurs, chacune de vos faiblesses. Il s’en servira contre vous dès qu’il le pourra »
Aelis serra les poings.
« Qu’il vienne murmura t’elle, je saurai le recevoir comme il se doit »
Eudaimon vit ses yeux briller étrangement. De la peur peut être. Il la dévisagea surpris. Elle reprit le visage impassible qu’il lui connaissait depuis toujours.
***
Un crépitement incessant. Les pleurs de l’enfant. Les cris. Feldorn sortit de son sommeil. Cette fois, il ne s’agissait pas de l’un de ses cauchemars. La chaumière brûlait. Il se leva brusquement. Ses pieds heurtèrent un objet mou étendu sur le sol. L’homme qui l’avait recueilli gisait sur le sol. Les soldats de Tierlune étaient donc revenus. Le sang avait coulé à nouveau. Il alla à grands pas jusqu’à l’enfant et le prit dans ses bras. D’autres cris l’appelèrent au dehors. Le fils du résistant. Il se rua à l’extérieur juste à temps pour voir le jeune homme s’écrouler. Il entendit les soldats rire. Rire … de leur cruauté. De leur inhumanité. Futures dragonides. Il ne le supporta pas. Ils tournèrent vers lui leurs regards déments. Il posa le bébé dans la neige, le plus loin possible des flammes et fondit sur ses ennemis. Ses immenses griffes labourèrent les corps, enlevèrent des têtes, dispersèrent des membres. Bientôt, Feldorn se trouva dans la frénésie du sang. Il tua sans état d’âme. Pire encore, il se sentit heureux. Il tomba à genoux dans la neige, vidé de ses forces. Mais il jubilait. C’est alors qu’il vit l’enfant qui le regardait. Des yeux ronds, effrayés. Alors, l’horreur de ses actes lui apparut dans toute sa monstruosité.
« Je t’en prie pardonne moi » balbutia t’il.
Il s’approcha. Mais l’enfant hurla en cachant ses yeux derrière ses petites menottes.
« Vain honneur posthume » avait murmuré Aifé quand Andreia lui avait annoncé. Les yeux secs, les poings fermés, les dents serrées, elle regardait le corps de son dernier allié. De son ami. Son seul ami. Sa tête était vide, son cœur était gris. Elle se sentait comme une petite fille perdue au milieu d’inconnus. Une petite main prit doucement la sienne. Interloquée, elle regarda à coté d’elle. Gwenaël lui souriait gentiment. Leurs regards se croisèrent. Ces yeux si clairs. Ce visage si innocent. En quelques secondes sa peine fut balayée. Non, elle n’était plus seule. Un grand chemin s’ouvrait devant elle.
« Merci » dit elle doucement.
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« Je vous dis qu’elles ne sont pas prêtes. Elles ne sont arrivées que depuis deux jours. Hanna et Aifé sont encore trop fragiles »
Andreia s’était tournée vers Deinos, les yeux brillants de colère. Le centaures croisa les bras sur son imposant poitrail, un sarcastique sourire au coin des lèvres.
« Ne comptez pas sur moi pour présider cette séance. Vous savez très bien qu’elles ne seront pas en état de faire face à vos accusations
-Vous n’êtes pas indispensable Andreia, persifla son adversaire, et souvenez vous : les prochaines élections ont lieu dans quelques mois à peine. Si vos responsabilités vous pèsent tant, vous pouvez toujours renoncer à finir votre mandat »
Eudaimon écoutait la conversion, les yeux brillants de rage. Depuis quelques temps, le centaure osait s’opposer frontalement à sa mère, n’hésitant pas à lui faire perdre sa crédibilité devant leur peuple. Toute cette violence, cette agressivité. Il se souvint d’un jour où il avait surpris Deinos tuer un homme de sang froid, seulement parce qu’il avait osé s’aventurer à la périphérie de leur ville. Il l’imagina, broyant la nuque des damnées sous son poing. Tel serait leur sort si elles ne venaient pas à bout des épreuves. Il frissonna à cette pensée.
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« Quoi qu’il se passe méfiez vous de Deinos. Il n’aurait aucun scrupule à vous tuer s’il le pouvait. A la première occasion. Il ne craint aucunement le conseil. Cela fait longtemps qu’il ne croit plus en sa puissance. La seule chose qui le retient ici est qu’il n’a aucun endroit où aller. Une chose est sure, ce n’est pas à vous qu’il s’attaquera Aelis. Il sait qu’il ne fera pas le poids contre vous. Ne laissez aucun de ses amis en sa compagnie. Cela vous serait fatal. Il vous a observés depuis votre arrivée. Il connaît chacune de vos peurs, chacune de vos faiblesses. Il s’en servira contre vous dès qu’il le pourra »
Aelis serra les poings.
« Qu’il vienne murmura t’elle, je saurai le recevoir comme il se doit »
Eudaimon vit ses yeux briller étrangement. De la peur peut être. Il la dévisagea surpris. Elle reprit le visage impassible qu’il lui connaissait depuis toujours.
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Un crépitement incessant. Les pleurs de l’enfant. Les cris. Feldorn sortit de son sommeil. Cette fois, il ne s’agissait pas de l’un de ses cauchemars. La chaumière brûlait. Il se leva brusquement. Ses pieds heurtèrent un objet mou étendu sur le sol. L’homme qui l’avait recueilli gisait sur le sol. Les soldats de Tierlune étaient donc revenus. Le sang avait coulé à nouveau. Il alla à grands pas jusqu’à l’enfant et le prit dans ses bras. D’autres cris l’appelèrent au dehors. Le fils du résistant. Il se rua à l’extérieur juste à temps pour voir le jeune homme s’écrouler. Il entendit les soldats rire. Rire … de leur cruauté. De leur inhumanité. Futures dragonides. Il ne le supporta pas. Ils tournèrent vers lui leurs regards déments. Il posa le bébé dans la neige, le plus loin possible des flammes et fondit sur ses ennemis. Ses immenses griffes labourèrent les corps, enlevèrent des têtes, dispersèrent des membres. Bientôt, Feldorn se trouva dans la frénésie du sang. Il tua sans état d’âme. Pire encore, il se sentit heureux. Il tomba à genoux dans la neige, vidé de ses forces. Mais il jubilait. C’est alors qu’il vit l’enfant qui le regardait. Des yeux ronds, effrayés. Alors, l’horreur de ses actes lui apparut dans toute sa monstruosité.
« Je t’en prie pardonne moi » balbutia t’il.
Il s’approcha. Mais l’enfant hurla en cachant ses yeux derrière ses petites menottes.