La Couronne de Cuivre

[Quête : l'échiquier]

De retour de l'Antichambre du Conseil, Mornagest avait fort à faire, à sa nouvelle taverne. Non qu'il n'y connaissait rien en commerce, mais les travaux étaient loin d'être terminés, malgré la douzaine d'esclaves qui y travaillaient durement.

Il contacta le contremaître, et lui fit part des délais qu'il devait respecter, sans toutefois en préciser l'origine. L'orc acquiesça avec un plaisir évident, et redoubla de violence dans ses ordres et surtout, ses coups de fouet.

Le guerrier visita les lieux. La plupart des anciens meubles avaient déjà été évacués, mais il restait encore quelques débris, ça et là. Distraitement, il s'empara d'un morceau de bois, et le tritura machinalement, en repensant à sa nouvelle fonction d'intermédiaire intra-muros. Cela lui permettait de garder l'esprit serein, dans sa chère cité.

Il examina l'avancée des travaux, durant le reste de l'après-midi, puis, lorsqu'il fut certain que tout serait fin prêt pour le lendemain, il laissa encore quelques consignes au contremaître, et s'en fut vers l'Antichambre, afin d'avertir Beorn de sa disponibilité prochaine.

[Quête : l'échiquier]

[Enfin j'ai trouvé la taverne... ce fut long... désolée, on va dire que je me suis perdue dans la ville.]

Suirei arriva enfin en vue de la Chimacienne. Elle avait tourné dans ce quartier misérable pendant deux bonnes heures avant de trouver son but. Il faut dire que la missive qu'elle avait trouvée dans sa chambre était vague : "La Chimacienne, Bas-Quartiers", or les Bas-Quartiers occupaient une bonne partie de la ville et étaient un vrai labyrinthe. Habillée comme un homme, avec une tunique ample et un pantalon de cuir, la jeune femme avait tourné et viré dans des endroits oscillant entre le sordide et le correct. Rien de bien différent de ce qu'elle avait connu chez elle, les mêmes odeurs, les mêmes gens, mais le ciel et la configuration étaient différents. Elle avait du demander son chemin plus d'une fois, sélectionnant soigneusement ceux à qui elle s'adressait, tenant adroitement à l'écart ceux qui auraient des velléités de voir le visage caché par l'ombre du chapeau de pèlerin aux larges bords ou de visiter ses poches.

Elle atteignit son but alors que sa patience commençait à s'éroder. L'endroit était exigu, sombre et ne payait pas de mine. Suirei y entra et se choisit une table un peu à l'écart en observant les gens qui étaient déjà là. A en juger par leur mine, aucun n'était vraiment là pour prendre un verre avec un ami et se détendre. C'était messes basses, regards en coin et air nerveux.

D'un geste lent, aux aguets, la jeune femme retira son chapeau, laissant tomber dans son dos sa chevelure tenue en une longue tresse étroite et noire, puis elle attendit que la personne qui devait la voir se manifeste. Il ne lui serait pas dur de la reconnaître : elle était la seule femme des lieux.

[Quête : l'échiquier]

L'ancien ambassadeur guettait l'arrivée d'une femme depuis plusieurs heures déjà. Il était patient, il était certain qu'elle viendrait. A moins qu'elle ne se soit faite tuer pendant son trajet, mais si Beorn l'avait envoyée en mission, c'est qu'il la croyait capable de se défendre...

Au milieu de la soirée, elle arriva. Du moins, il pensait que c'était elle. Ce ne pouvait être qu'elle, à en juger par son apparence pour le moins univoque, d'après la description que lui avait fourni Beorn.

En bon tenancier, il s'approcha d'elle et lui demanda, le plus simplement du monde :

"'Soir. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?".

Il lui fit discrètement signe de venir au bar lui-même, qui était désert, afin de discuter plus tranquillement de la suite des opérations.

[Quête : l'échiquier]

Suirei regarda paisiblement l'homme qui l'avait abordé. Il n'avait pas l'air qui allait avec le lieu et même si on ne lui avait pas décrit son rendez-vous, son insistance à lui montrer le comptoir désert lui assura qu'elle avait devant elle la personne qu'elle devait rencontrer. Elle se leva, tenant son large chapeau dans une de ses mains, et elle suivit l'homme au comptoir.

Quand celui-ci fut repassé derrière, elle le regarda avec un léger sourire et demanda d'une voix douce et chantante :

"Auriez-vous du vin de rubis? Si ce n'est pas le cas, une eau de vie quelconque fera l'affaire."

Elle posa avec délicatesse son chapeau sur le comptoir et ramena sa tresse sur son épaule gauche. Piquée dans la masse de ses cheveux de jais, une broche, celle transmise avec le message du rendez-vous, mettait en valeur le cou délicat de la femme...

[Quête : l'échiquier]

Mornagest ne pouvait plus avoir aucun doute quant à l'identité de son interlocutrice : elle était bien l'espionne qu'il attendait.

Sans mot dire, il lui servit un verre d'alcool, ne disposant pas de vin rubis. Il lui tendit le verre, puis lui parla à mi-voix, les conversations dans la salle n'étant pas très bruyantes :

"Venons-en au fait. Vous avez été engagée pour espionner quelqu'un d'important. L'homme... a beaucoup d'influence sur Melandis. Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus sur ses pouvoirs, mais vous devez connaître son nom : Seina."

Il marqua une pause, afin de s'assurer que la femme assimilait les informations sans encombre.

"Il habite une demeure nommée "La harpe et le luth", dans le quartier aisé. Ses manières déplaisent au Conseil. Trouvez ce qui le fait agir aussi étrangement. La moindre anomalie devra être transmise. Bien sûr, par mon intermédiaire. Je serai tout le temps ici, jusqu'à la réussite de votre mission.. ou bien le contraire."

Il jeta un coup d'oeil circulaire dans la salle, et, après avoir vérifié que personne ne faisait mine d'écouter, il termina :

"Inutile de dire que si vous êtes prise, vous êtes morte. Le Conseil niera, et Seina n'est pas vraiment tendre. Agissez en conséquence. Des questions ?"

Son ton brusque n'avait pas changé avec les années. Pourtant, il ressentait une sorte de sympathie pour la créature qui se tenait devant lui. Frêle, l'air timide... une façade, très certainement. Elle ne pouvait pas avoir échoué dans cette situation par hasard.

[Quête : l'échiquier]

La jeune femme écouta tout en sirotant l'alcool fort servit par l'homme. La mission semblait simple... en apparence. Il faut toujours se méfier des gens dont on vous dit qu'ils sont redoutables. Et manifestement ce Seina l'était assez pour que le conseil veuille trouver sur lui des informations compromettantes...

Après une nouvelle gorgée, Suirei hocha la tête en guise d'approbation. Sous le couvert de ses cils, la jeune femme posa un regard sur l'homme. Rude, peu enclin à discuter littérature, un guerrier probablement. Il allait droit au but. Une bonne chose. Un délicat sourire se peignit sur le visage de la jeune femme, mais un sourire étrange. Il n'avait rien du sourire de la jeune femme délicate que montrait son visage. Un prédateur aurait sans doute sourit comme ça...

"Et ce... Seina, aime-t-il les femmes?" Demanda-t-elle doucement tout en jouant avec son verre.

[Quête : l'échiquier]

Mornagest répondit au sourire de la jeune femme. Un sourire sans joie, sans conviction. Lui-même semblait ne plus en avoir, derrière son bar miteux, à servir des désaltérants à des ivrognes notoires...

"On vous a choisi, vous, plutôt qu'un autre."

Il se dit à ce moment :

"Il faut dire que pas mal d'hommes succomberaient à son charme. Dangereuse... "

Il reprit ensuite :

"Peu importe vos méthodes, mais il nous faut savoir. Usez de vos atouts naturels si vous l'estimez nécessaire."

Il se releva alors, et s'en fut vers les tables afin de récupérer les verres usagés. Autant ne pas trop attirer l'attention... Il n'avait pas envie de tuer tous ces débris simplement parce qu'ils étaient là au mauvais moment.

[Quête = l'Echiquier]

Suirei hocha la tête, silencieuse, et finit son verre alors que l'homme allait déservir quelques tables. Alors qu'il revenait, la jeune femme reprit délicatement son chapeau de pélerin et le remit sur sa tête.

"Je vous doit combien pour le verre?" demanda-t-elle doucement en poussant le verre vide vers le tenancier.

[Quête : l'échiquier]

Amusé, Mornagest sourit presque franchement à la jeune fille. Il s'étonna lui-même, lorsqu'il répondit :

"Sur mon compte." Puis, redevenu de marbre :

"Allez, maintenant. Et ne faillissez pas."

Il saisit le verre et le plongea dans son évier en grès.
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A peine avait-il terminé de répondre à l'espionne, qu'un nouvel étranger entra dans la taverne. Il demanda une bière, que Mornagest lui servit promptement. Il venait de retrouver un certain entrain, comme si cette mission lui procurait de l'énergie.

La chope remplie, il la tendit à l'homme, sans mot dire. Il savait qu'un peu de discrétion ne faisait jamais de tort, surtout dans cette partie de la cité...

Alaster regarda pensivement le fond de sa bière. Cela faisait quelques temps qu’il n’avait pas eu pareil breuvage dans une choppe, devant se contenter durant son voyage d’eau croupie et de lait de chamelles. Bien sûr, il avait connu pire, dans une vie antérieure, mais il préférait ne plus y penser, et prendre la vie à bras le corps.

Alaster descendit sa bière d’un trait. Le liquide réchauffa le fond de son gosier, et il pu le suivre tout du long de sa descente vers l'estomac. Il s'essuya d'un revers de la main, et éructa assez proprement pour un sagouin de son espèce. Se levant, il posa sa chope sur le comptoir en grès. Il avait besoin de tater l'air, de voir ce qui se passait dans cette ville.

"La même chose tavernier. Et si tu pouvais me donner des nouvelles de la ville, ça fait longtemps que je n’en ai eu."

Toujours sans mot dire, Mornagest s'exécuta et servit une nouvelle bière. Il se contenta de fixer l'individu, tentant de le jauger par là-même.

Que voulait-il savoir sur Melandis, qui puisse l'intéresser ? Mornagest possédait nombre d'informations cruciales sur l'avenir de la cité, mais aucune torture ne lui ferait avouer celles-ci.

Il se décida à parler de ce qui touchait généralement le peuple.

"Pour ce que j'en sais, la vague de froid qui touche la ville cause des soucis aux autorités. Les gens meurent trop facilement. Ce n'est pas bon pour les affaires des décideurs de Melandis..."

Peu habitué aux discours, et peu enclin à la conversation avec des inconnus, le guerrier s'arrêta, espérant avoir satisfait la curiosité du vagabond.

Alaster posa une pièce d’or sur le comptoir, que le tavernier s’empressa de faire disparaître. On n’était jamais trop prudent, et on tuait facilement dans cette ville pour une pièce d’or. Enfin, c’est que qu’en déduisit l’aventurier. Il ne connaissait de Mélandis que ce qu’on lui avait raconté tout du long de son voyage, et il tachait de passer pour le moins ignorant. Mais des villes comme Mélandis, il en avait connu tout du long de ses lointaines pérégrinations.

Alaster sirota sa bière. Déjà, il commençait à s’habituer au doux nectar de celle-ci. C’était d’ailleurs une de ces facultés. Il s’acclimatait facilement partout où il passait. C’était d’ailleurs très utile pour ce qu’il faisait.

"Ah, oui, il n’est jamais bon que les gens meurent rapidement. Trop facilement imputable à quelques empoisonneurs ou déités fâchées. M’étonnerait pas que les dirigeants fassent un petit feu de joie moi. C’est courant dans ces situations. Ça réchauffe le corps et les âmes, si tu vois ce que je veux l’aubergiste."

Saisissant l'allusion, Mornagest reservi une troisième chope à l'inconnu. Il n'était pas contre l'état d'ébriété dans son établissement, du moment qu'on ne causait pas d'ennuis... qui seraient vite réprimés.

"Mouais. Je pense surtout qu'ils s'en fichent pas mal. A mon avis, c'est surtout pour éviter de faire gronder une nouvelle tentative d'insurrection."

Mornagest se servit lui-même une chopine afin d'accompagner l'inconnu. Et puis, parler tant lui donnait soif...

Tiens, un tavernier qui offre des verres, c’est sympa ça. Même si celui-ci n’était pas très causant, au contraire de certains tenanciers, il avait l’air plutôt sympathique – même si ce terme ne collait vraiment pas trop avec la ville – sous son aspect bourru.

"Ouaip, vous dites vrai l’ami ! Une insurrection de la populace, c’est toujours difficile à gérer. Y’a toujours un gars pour tirer les ficelles par derrière. Et des fois, c’est même un dirigeant, histoire d’avoir un peu plus de pouvoir."

L’aventurier se rinça à nouveau le gosier. Il commençait à se faire une vague idée de ce que pourrait offrir cette ville et ça pourrait vraiment lui être profitable. Mais il faudrait encore glaner des informations, par-ci par-là, histoire d’assurer les arrières.

"Et sinon, tu pourrais me dire où je pourrais faire des affaires dans l’coin ?"

Miornagest ne releva pas. L'homme avait sans aucun doute raison, concernant les sombres desseins des dirigeants mélandiens. Il en faisait partie, mais ce n'était pas à proprement parler de son plein gré. Même si tout allait bien en ce moment.

"La place des marchands pourrait peut-être vous aider. Mais si vous cherchez d'autres affaires, il y a bien des guildes diverses en ville..."

L’aventurier termina son verre. Alors que le tavernier allait le resservir, il stoppa le mouvement de celui-ci. Il avait bu suffisamment d’alcool et avait besoin de rester lucide. Surtout qu’il allait ressortir dans les ruelles malfamées de la cité. Et avoir trop d’alcool dans le sang, c’était mauvais pour le combat. Certes, il n’escomptait pas ferrailler ce soir, mais ici, on ne savait jamais.

"Merci l’ami. Et si je veux faire des affaires moins officielles par hasard ?"

Le guerrier réfléchit un instant. Cela incluait énormément de possibilités... N'importe qui pouvait louer ses services en tant que mercenaire indépendant, en ville. Du moment que l'on ne craignait pas les ennuis, ou qu'on était suffisamment désespéré pécuniairement.

"Ma foi... jugez de vos capacités. Elles pourront vous servir de quelque manière que cela soit, ici. En tant que combattant, ou magicien... on a toujours besoin d'une "aide" extérieure. Il suffit de se faire un peu connaître..."

L'homme remercia Mornagest pour ce petit "conseil" et s'en fut dans la fraîche brise vespérale.

[Quête = l'échiquier]

Pendant ce temps, après un nouveau sourire, la jeune femme quitta la taverne.

Elle devait repasser par l'auberge où elle logeait pour se changer. Une femme, si belle soit-elle, n'avait rien d'attrayant attifée comme un homme.
Elle s'engagea en silence dans les rues des Bas-Quartiers, retrouvant plus aisément sont chemin qu'à l'aller...

[Quête — Doublons et Démons]

Un vieux Nain barbu et taciturne, avec un accent à couper à la hache, buvait sans grande satisfaction une sorte de marc de malt à la saveur de pain de seigle plutôt que de bière. "Les temps sont durs" semblait être une devise imprimée en filigrane sur son visage, et seule la venue d'un gnome bien trop gras sembla lui tirer une réaction des deux heures qu'il resta ici.
Le gnome trouva place à côté de lui et le Nain l'interrogea du visage. Devant la négation de l'autre, le petit gars à la barbe trop longue eut l'air encore plus dépité.

— Combien? demanda le nain
— Il m'a pris cinq cent pièces d'or aujourd'hui. La "protection" devient de plus en plus chère de semaine en semaine. Bientôt tout mon chiffre d'affaire va y passer ...
— Même chose, moi je paie un pourcentage de mes bénéfices mais ils calculent toujours bien au dessus. Je m'en tirerais sans doute mieux que toi mais au final ils vont me ruiner aussi.
— J'ai vu que l'artisanat d'Armantius et de l'autre abruti avait brûlé, tu crois qu'ils ont refusé de payer?
— Possible mon vieil Angus, on ne sait pas de quoi ils sont capables. Je sais que l'ancien questeur était un vampire, à présent c'est une sorte de petit type à l'air hargneux. Il m'a dit que son remplaçant passerait plus tard. J'ai peur je dois l'avouer ... pour un Nain c'est un comble.
— On en est tous réduits là. A priori ils ne viennent pas encore ici ... ils doivent penser qu'il n'y a pas encore assez d'or.

La conversation continua à voix haute ainsi, qui sait qui pouvait avoir entendu ces quelques paroles ...

Quête : Le prophète gris

Après sa prestation au Mélandinopole, Taliesin décida de flâner un moment dans les rues avoisinantes : même s’il ne savait trop par où commencer, il était impatient de s’atteler à ses recherches.

De longues minutes de marche plus tard, au détour d’une ruelle sordide – il s’était décidément beaucoup éloigné des quartiers huppés – l’elfe repéra l’enseigne d’une taverne. Il s’en approcha et put constater au bruit qui sortait du bâtiment qu’il était bondé. Pourquoi ne pas s’y arrêter, songea-t-il ? On ne savait jamais, peut-être entendrait-il quelque chose d’intéressant.

Le barde poussa donc la porte et se fraya un chemin parmi la foule des consommateurs. Il parvint à se dénicher une place dans un coin discret et, après avoir passé commande d'une revigorante boisson, il tenta de saisir quelques mots dans les dizaines de conversations qui s’entremêlaient et formaient un indescriptible brouhaha. Qu’y cherchait-il exactement ? Il n’aurait su le dire. Repérer un marchand d’esclave pourrait être une première étape...

[Quête : le prophète gris]

Mornagest, toujours présent derrière son comptoir crasseux, servit au nouveau venu, un tord-boyaux bien sympathique. L'homme semblait harassé par un long voyage, mais ses vêtements propres démontraient le contraire. A moins qu'il ne soit chétif de nature... Souriant ironiquement, Mornagest rajouta une dose d'alcool fort, et porta le verre à l'inconnu.

"Nouveau en ville ?" lui demanda-t-il avec sa délicatesse coutumière. Il fallait bien passer le temps, en attendant les rapports et les nouveaux ordres du Conseil...

[Quête : le prophète gris]

Le barde remercia le tenancier et opina du chef à sa question.

-Oui messire, je viens tout juste d’arriver, J’ai beaucoup entendu parler de votre cité au cours de mes voyages et, ma curiosité piquée, j’ai finalement décidé de venir la voir par moi-même. Pour l’heure, je n’ai pas pu vérifier le centième de ce que l’on raconte à son sujet ; toutefois, je compte bien me rattraper dans les jours à venir.

Sur ces mots, Taliesin but une longue lampée du breuvage servi par Mornagest. Il était pour le moins corsé, mais pas sans saveur.

[Quête : le prophète gris]

Le guerrier sourit à nouveau. Il devrait être patient, pour tout découvrir à Melandis. Une ville aux multiples, voire infinies facettes. Tout ce qu'il aimait. Des découvertes chaque jour, des surprises... sortir de l'ennui.

"Vous avez du chemin à faire, alors. Je suis ici depuis des années et je ne fais que commencer à la connaître. Quant à l'apprécier, c'est fait depuis longtemps..."

Mornagest jeta un coup d'oeil dans la salle, afin de s'assurer que personne ne l'appelait. Le bruit ambiant couvrait bien des sons...

[Quête : le prophète gris]

Le barde hocha la tête. Le tenancier, bien qu’attentif à ses autres clients, ne semblait pas contre un brin de conversation. Il pouvait donc en profiter pour, mine de rien, essayer d’obtenir de lui quelques informations. Le tout était de rester suffisamment vague pour ne pas éveiller les soupçons… Bah, la meilleure solution était de continuer sur le registre du touriste en quête d'exotisme.

-Je vous crois bien volontiers ! Il doit être difficile de s’ennuyer dans une ville telle que Mélandis. Si j’en crois ce qu’on m’a dit, elle offre des possibilités pour le moins inhabituelles ! Mais qu’en est-il réellement ? Que peut-on faire ou trouver ici qui soit si rare en tout autre lieu de Dorrandin ? J’avoue que ce que les rumeurs ont enflammé ma curiosité !

[Quête : le prophète gris]

Mornagest refit face à l'étranger. Il semblait curieux de découvrir Melandis au plus tôt. Restait à pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Les distractions que l'on y trouvait n'étaient pas faites pour n'importe quel rustre inculte.

"Vous pouvez tout trouver à Melandis. La joie, la souffrance, le pouvoir, la mort... Tout dépend de la place que vous pourrez occuper, si vous vivez suffisamment longtemps que pour vous en frayer une en ville...

Mais pour les distractions... Vous connaissez le Mélandinopole ? On y joue souvent des pièces de théâtre, ou des soirées guidées par des bardes."

Mornagest toussa brusquement. L'odeur de fumée de pipe l'incommodait toujours, comme au premier jour, semblait-il...

"Nous avons des thermes, des jardins luxueux, des temples... des commerces, si le coeur vous en dit. Melandis n'est pas la ville monstrueuse et crasseuse que les autres tentent de montrer..."

[Quête : le prophète gris]

Certaines paroles du tavernier semblaient signifier qu’il désirait jauger son interlocuteur avant d’aborder plus en détail les "opportunités pour le moins inhabituelles" qu’avait évoqué le barde. Ce dernier décida donc d’être un peu plus exlicite quant à ses attentes.

-Certes non ! Cependant, le fait que vous tolériez certaines choses qui ailleurs sont largement réprouvées alimente le malaise de vos voisins et vous donne une réputation des plus sulfureuse. D’un autre côté, cela présente le grand avantage d’attirer dans vos murs des gens... plus pragmatiques, disons. Des gens qui, dans leurs affaires, ne s’encombrent pas de prétendues valeurs morales. Pour eux, Mélandis est l’endroit rêvé… pour peu qu’ils sache où chercher ce dont ils ont besoin, bien entendu.

[Quête : le prophète gris]

Mornagest jaugea un instant l'étranger. Il voulait en savoir un peu plus, sans doute était-il amateur de sensations fortes... il allait avoir de quoi faire en ville.

"Quand je parlais des thermes, vous pouvez y faire autre chose que vous baigner.. Mais si vous préférez, il y a aussi le stade, qui propose régulièrement des combats de gladiateurs. Et aussi... les exécutions publiques, de temps à autre, bien sûr. L'ordre est parfois troublé, mais cela ne dure guère... Melandis n'est pas qu'une ville de dégénérés comme ceux que vous pouvez voir dans cette salle."

[Quête : le prophète gris]

Taliesin sourit et but une nouvelle gorgée de tort-boyaux Des gladiateurs... Voilà qui était intéressant. Si certains le devenaient volontairement, une bonne part des effectifs était généralement constitué de malheureux auxquels on n'avait pas demandé leur avis… Il devait creuser cette piste.

-Je n’en doute pas, messire, et bien imprudent serait celui qui sous-estimerait votre cité ou ses habitants. Pour en revenir aux distractions, vous avez renforcé ma curiosité, je ne vous le cacherai pas. Les spectacles du stade doivent être particulièrement impressionnants. Mais les gladiateurs… Sont-ce des citoyens qui choisissent librement cet état ou bien des esclaves formés à cet effet ?