La Couronne de Cuivre

En provenance de la taverne de la gorgée d'ogre,Le garde mena Morfea aux abords des portes de la ville. Le bureau d'Ithrand était visible, à une bonne centaine de mètres de leur position, et on voyait une file de bouseux qui tentaient d'entrer en ville. C'était sans compter sur l'oeil acéré du capitaine, qui triait les voyageurs sur le volet.

Sans s'attarder sur le poste du Loup Hurlant, le garde indiqua alors au bourreau :

"La maison qui se trouve là, au bout de cette impasse". Il désigna la ruelle du bras. "Elle n'en donne pas l'impression, mais elle a déjà accueilli bien des criminels. Vous pourriez bien y trouver Aeron."

Il tournait la tête de tous côtés. Sa crainte d'être reconnu par un de ses anciens camarades semblait le hanter à tout instant.

"Je vous laisse, vous me retrouverez près du poste d'Ithrand. Je l'accompagnerai, le temps de faire votre boulot."

Le bourreau regarda son indic s'éloigner avec discretion et empressement jusqu'à ce qu'il le perde de vue, puis se retourna en direction de la batisse indiquée par ce dernier. A l'arrêt, les mains sur les hanches, il observa les alentours afin de repérer le moindre comportement suspect. S'il avait peu d'espoir de retrouver sa proie dans cette bâtisse, Morfea n'en espérait pas moins trouver de quoi s'échauffer. Souriant à l'idée de se dégourdir un peu les bras, il se dirigea dans la maison, tentant d'ouvrir la porte.

Contre toute attente, la porte s'ouvrit sans mal. Aucun verrou ne fermait celle-ci, et le bourreau put contempler rapidement l'intérieur de la bâtisse, par l'entrebaîllement qu'il venait de provoquer. Très étrange. Louche, même.

L'intérieur était chichement éclairé par une lampe à huile cabossée, tandis qu'une lourde table en bois massif trônait au centre du hall d'entrée.

Morfea ne voyait rien d'autre, pas âme qui vive, en tout cas.

Selon toute logique, quelqu'un devait donc se trouver (au moins jusqu'à récemment) dans cette pièce. On ne laissait pas une lampe à huile brûler ainsi sans présence autour. Perplexe, le demi-elfe dégaîna dans un premier réflexe son katana en observant le moindre recoin de la salle, tendant l'oreille pour tenter de percevoir le moindre bruit afin d'essayer de percevoir la moindre présence aux alentours.

Un homme, assis sur un tabouret, dans un coin sombre de la pièce, toussota à l'attention de Morfea, et lui demanda :

"Bienvenue dans mon humble demeure, messire. Que puis-je faire pour vous ?"

Il était âgé d'une trentaine d'années, mais s'exprimait déjà comme un vieillard. Ses longs cheveux tombaient librement sur ses épaules, et ses yeux, profondément enfoncés dans leurs orbites, étaient insondables, presque effrayants.

Mais il affichait un sourire affable à l'adresse du bourreau.

Le raclement de gorge attira l'attention du demi-elfe dont le regard rouge tourna jusqu'à tomber sur la source : un drôle de bonhomme à en juger par l'apparence. Malgré son air qui se voulait sympathique, l'homme n'inspirait qu'une confiance toute relative au bourreau qui comprenait que sa présence ne devait guère le surprendre en raison du nombre de visites innatendues que celui-ci devait recevoir.

"Bienvenue dans mon humble demeure, messire. Que puis-je faire pour vous ?"

Voilà bien le genre de question qu'on ne s'attend pas à trouver en guise d'accueil dans on rentre dans un repaire qu'on s'attendait à devoir fouiller du bout de sa lame. Question stupide en plus... que pouvait-il bien faire pour lui ? Il n'allait sûrement pas lui révéler de but en blanc l'endroit où se cachait sa proie.

Le demi-elfe grimaça un instant ; il réalisait qu'il ne connaissait pas assez de détails sur l'elfe qu'il devait pourchasser. Quelle erreur il avait commis. Une fois de plus il fonçait tête baissée sans réfléchir. L'action, il n'y avait que ça qui l'intéressait ; et c'était bien trop souvent au détriment de la réflexion qu'il était parfois bon d'entreprendre auparavant. S'il n'était pas en mesure de jouer la finnesse, le bourreau jouerait franc-jeu...plus ou moins.

- Je suis à la recherche d'un elfe. Un elfe que vous devez connaître, il s'appelle Aeron, et il ne doit pas être dans un bel état à l'heure qu'il est.

Tout en parlant, l'elfe faisait le tour de la demeure, regardant s'il ne s'y trouvait personne d'autre, l'air soudain étrangement tranquille ...

L'homme regardait Morfea marcher, sans mot dire. Tandis que l'elfe fouillait la pièce des yeux, son hôte réfléchissait à la question. Intéressante, par ailleurs.

"Aeron. Ce nom ne m'est pas inconnu. Je suppose que vous attendez de moi que je vous donne des informations, n'est-ce pas ? Eh bien, vous devrez les chercher par vous-même."

Alors qu'il parlait, l'homme se leva, et fixa ses yeux sombres sur Nwalk. Son intonation était lugubre, et le contraste avec son chaleureux accueil faisait froid dans le dos.

L'homme grimaça, comme s'il souffrait. Le bourreau s'apprêtait à lui répondre, quand il remarqua que la grimace se fit plus prononcée. Les traits du visage de l'homme étaient maintenant affreusement déformés, tandis qu'il s'affaissait sur lui-même.

Il chut au sol, sans un bruit, aux pieds de Morfea, avant même que ce dernier n'ait pu le retenir des bras.

Une odeur d'amande amère parvint au nez du bourreau...

Du cyanure ! Voilà une enquête qui commençait plutôt mal. Le demi-elfe se précipita à la fenêtre évitant d'inhaler trop de ce poison. Respirant un grand coup l'air nauséabond de l'impasse dans laquelle la maison se trouvait, Morfea se concentra un instant, tâchant de percevoir le moindre bruit de fuite, penché par la fenêtre, en attendant que le poison ne se disperse. Après un instant de contemplation, il se remit à fouiller tous les recoins de la demeure à la recherche du moindr indice.

Seul le mobilier et les effets du mort pouvaient receler des choses intéressantes. Mais la fouille fut assez infructueuse : hormis quelques piècettes dans une bourse, Morfea ne put rien tirer de l'homme.

La table était inoccupée, en revanche, une tache de bière moisie, et ce qui semblait être des morceaux de verre, jonchaient le plancher sous elle.

Les yeux du bourreau tombèrent enfin sur ce qu'il cherchait : un petit anneau fiché dans une des planches, dissimulé dans un creux du pied de la table.

Il s'affaira à la déplacer. Elle était en chêne massif, et ce ne fut guère chose aisée, mais il y arriva au bout de quelques efforts bien placés.

Un anneau aussi bien dissimulé devait avoir une utilité bien particulière. Déplaçant dans un élan de rage la lourde table, afin de se saisir de l'anneau. Après cet effort, le bourreau se saisit donc de l'anneau afin de l'analyser de plus près.

L'anneau de zinc était assez solide, et en bon état. Il devait avoir beaucoup servi, cependant, en attestait la déformation qu'il avait subi avec le temps et les usages répétés.

Aucun système piégeux n'était relié à l'anneau, du moins, en apparence. Qui savait quelle sombre chausse-trappe l'attendait, au bout de cet objet si banal en apparence ?

Peut-être serait-il instantanément réduit en poussière, simplement en tournant l'anneau, ou finirait-il sa vie à l'état d'écureuil aveugle, pour avoir osé tirer sur la chose interdite ?

Le bourreau se tâtait. Dilemme de taille, s'il en était...

Le demi-elfe examina l'anneau et ses alentours sous toutes les coutures. Si aucun système mécanique ne semblait le mettre en danger, il se pouvait qu'une magie peu aimable le protège. Examinant l'état d'usage avancé de l'anneau, l'elfe prit finalement le pari qu'il n'en était rien, un peu pressé, il tira sur l'anneau

Saisissant son courage à deux mains, mais gardant un doigt pour tirer sur l'anneau, Morfea souleva la planche, qui pivota aisément sur elle-même...

... pour laisser apparaître une réserve non négligeable de bouteilles de liqueurs et autres vins fins, de même qu'une gourde d'eau-de-vie orque, idéale pour ranimer même un mort.

Fait et refait, Morfea maugréa en contemplant la réserve d'alcool.

- J'espère que c'est du bon au moins ! ronchonna le bourreau.

Il se saisit de la gourde d'eau-de-vie orque puit en avala deux rasades, puis, s'essuyant la bouche, il contemple avec un air de mécontement vaguement consolé la gourde.

- Hé bé j'aurais pas tout perdu au moins.

Constatant qu'il n'y avait plus rien à constater, le bourreau s'en alla, laissant tout en ordre (ou désordre plutôt) derrière lui, à l'exception de sa nouvelle acquisition (une eau de vie de grande valeur) et de quelques uns des vins fins qu'il inséra dans sa besace.

L'elfe sortit donc de la demeure un peu perplexe. Sa proie, ou un de ses alliés venait sans aucun doute de lui filer sous le nez. Le cyanure étant un poison pour le moins expéditif, il y avait fort à parier que l'assassin avait dû agir quasi à son nez à sa barbe et sans qu'il s'en aperçoive. Ce qui laissait penser que sa chasse serait des plus délicates à mener. En pleine réflexion, Morfea scruta les alentours l'esprit inquiet. Afin de s'assurer qu'il n'était pas observé, il jeta un oeil aux moindres recoins de la ruelle, et par sécurité, incanta un sort de détection de l'invisibilité.

Morfea --> Détection de l'invisibilité

Le sortilège du bourreau ne dévoila aucune créature cachée avec une intention hostile de profiter de l'effet de surprise. Rassuré, il s'en fut vers le bout de l'impasse, et rejoignit son contact parmi les gardes, près du bureau d'Ithrand.

Morfea sifflota sur le trajet, assez satisfait de sa bibitive découverte. Au moins une chose intéressante depuis le début de sa mission.

[HRP : on continue le dialogue avec le garde dans ce sujet

]

Il fallait désormais repérer l'indic parmis la masse de gardes présents au poste et attirer son attention discrètement. La chose n'était pas aisée, mais ne posa finalement pas trop de soucis. Le bourreau se posta tranquilement à un endroit bien visible depuis le bureau d'Ithrand, puis attendit, une bouteille à la main que l'indic remarque sa présence. Il savait que pour que celui-ci lui reste utile, il fallait qu'on les voit le moins possible ensemble. Après un cours instant d'attente, appuyé à une ballustrade, Morfea aperçut enfin son indic sortir du bureau d'Ithrand...

Le garde était étonné que Morfea revienne si tôt. Quelque chose d'anormal avait dû se produire, sans aucun doute.

"Déjà là ? Ils avaient déjà vidé les lieux, ou quoi ? Comment ça s'est passé ?"

Le garde devenait nerveux. Il se demandait s'il n'avait pas méjugé la situation, et s'il ne risquait pas gros, à présent...

Quelle attitude pitoyable... En voilà un qui était loin de sourire dans l'adversité. L'attitudede l'indic semblait amuserle bourreau qui ironisa :

- VIder les lieux ? il éclata dans un fou rire qui fit palir l'indic. Ouais, c'est une façon de dire... ca apprendra aux gens à se rendre serviables, tiens. Enfin, ils m'ont quand même laisser une belle collection d'alcools celà dit.

Le bourreau reprit un air soudainement grave. Son interlocuteur commençait visiblement à se sentir mal à l'aise. Ce n'était pas le moment de le lâcher.

-Notre proie fait le ménage derrière elle, l'ami. Je ne sais pas comment s'appellait le pauvre bougre qui tenait cette baraque, le cyanure ne lui a pas laissé le temps de présenter. J'aime autant te dire que tu as intérêt à être efficace dans ton aide si tu ne veux pas subir le même sort... ton elfe n'a plus d'amis et agit en coséquences, alors on arrête de jouer maintenant.

Un silence pesant se fit. Le bourreau jeta alors un regard pesant sur son interlocuteur.

- Alors...Quelle suite donner aux festivités ?

L'homme se sentait nauséeux. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Le réseau semblait plus complexe encore que ce qu'il avait extrapolé, en ayant quelques contacts avec. Mais il n'avait guère le temps de songer à cela en ce moment. Il fallait contenter cette espèce de brute assoiffée de sang, et vite.

"Il existe deux autres caches. J'espère qu'elles ne recèlent pas les mêmes surprises désagréables... Près du temple ou au stade, à vous de voir. Ou alors on cherche ailleurs, mais là j'ai pas d'idée... je suis seul dans les gardes à les connaître, vous savez."

Temple ou stade ? Le stade était un milieu tout ce qu'il y a de plus fréquenté, contrairement au temple. Et dans l'état qu'il devait être, l'elfe ne devait sûrement pas avoir intérêt à traîner dans un lieu qui grouillait de gens et de gardes. Le temple et son intimité semblaient donc plus indiqué pour se cacher. Mais rien ne pouvait assurer au bourreau, pourtant, qu'il trouverait là-bas de quoi faire avancer son enquête. Se tournant vers le garde, il éclata de rire :

- Allons au temple, ils planquent peut-être de la liqueur elfe !

La Couronne de Cuivre

[Quête] Un fuyard à châtier