[DRAM] Bloody Sunday
Posté : ven. 29 sept. 2006, 00:05
Ici, j'aimerais parler d'un exemple, après avoir démoli le contre-exemple. :notme:
J'avais fait un petit coup de gueule au début du mois au sujet du Vent se lève, en critiquant le manichéïsme et la représentation de faits historiques et politiques par Ken Loach.
Toujours sur le sujet de la "question irlandaise", un film que j'ai vu dans la même semaine m'a réconcilié avec le cinéma (faut dire que "le vent se lève" m'avait vraiment énervé) : Bloody Sunday de Paul Greengrass.
C'est probablement le meilleur film que j'ai pu voir cette année, et de loin le meilleur sur le sujet.
Il revient sur les évènements de la fameuse chanson de U2, avec un regard qui se veut radicalement proche des faits et se pose presque en tant que "documentaire".
Plusieurs éléments m'ont fait m'enthousiasmé sur Bloody Sunday.
D'abord, la pluralité des vues est respectée : la parole revient à tous les acteurs, des manifestants aux paras, en passant par les "provos" et le général de l'armée britannique en inspection. On est dans une démarche d'ouverture, pour que chacun puisse se faire une idée des faits, et surtout, ce qui est de loin le plus important, sur les causes.
Ensuite, le réalisateur s'attache à expliquer la psychologie des acteurs, comprendre comment ils fonctionnent, agissent, pensent, interagissent. Contrairement à Ken Loach qui pointait juste du doigt les méchants qui ne faisaient rien d'autre qu'être méchants.
C'est à une véritable dissection des mécanismes psychologiques des différents groupes à laquelle se livre Greengrass.
Pour moi, l'étude du comportement des paras est fascinante. Elle touche juste, montre l'humanité des hommes qui vont pourtant tirer dans la foule, leurs faiblesses et leurs peurs, leurs frustrations.
La grande faute de beaucoup de films "engagés" (comme on dit pour donner une caution morale et intellectuelle aux films) est de ne pas aller au bout, de rester à la superficie des choses. Les "méchants" sont méchants, très bien, mais pourquoi???!!!!!!! Quand on voit la complexité du conflit irlandais, cela n'a pas de sens de dire "un tel est responsable, d'ailleurs tout est de sa faute".
Ici, le réalisateur s'attache à montrer, heure par heure, puis minute par minute, comment la manifestation va dégénérer, et comment les soldats vont finir par tirer dans une foule désarmée. Et en définitive on est bouleversé par chacun des acteurs, plus vrais que nature.
Le rôle fantastique du jeune para qui ne comprend pas pourquoi ses collègues tirent sur les civils, et la décision qu'il prend à la fin (je ne spoile pas :notme2: ) m'ont touché profondément.
Je ne peux rajouter qu'une chose : si vous vous intéressez à la question irlandaise (ou tout simplement au cinéma) louez d'urgence Bloody Sunday et faites vous un avis par vous-même. Je vous promets une soirée que vous n'êtes pas prêts d'oublier.
J'avais fait un petit coup de gueule au début du mois au sujet du Vent se lève, en critiquant le manichéïsme et la représentation de faits historiques et politiques par Ken Loach.
Toujours sur le sujet de la "question irlandaise", un film que j'ai vu dans la même semaine m'a réconcilié avec le cinéma (faut dire que "le vent se lève" m'avait vraiment énervé) : Bloody Sunday de Paul Greengrass.
C'est probablement le meilleur film que j'ai pu voir cette année, et de loin le meilleur sur le sujet.
Il revient sur les évènements de la fameuse chanson de U2, avec un regard qui se veut radicalement proche des faits et se pose presque en tant que "documentaire".
Plusieurs éléments m'ont fait m'enthousiasmé sur Bloody Sunday.
D'abord, la pluralité des vues est respectée : la parole revient à tous les acteurs, des manifestants aux paras, en passant par les "provos" et le général de l'armée britannique en inspection. On est dans une démarche d'ouverture, pour que chacun puisse se faire une idée des faits, et surtout, ce qui est de loin le plus important, sur les causes.
Ensuite, le réalisateur s'attache à expliquer la psychologie des acteurs, comprendre comment ils fonctionnent, agissent, pensent, interagissent. Contrairement à Ken Loach qui pointait juste du doigt les méchants qui ne faisaient rien d'autre qu'être méchants.
C'est à une véritable dissection des mécanismes psychologiques des différents groupes à laquelle se livre Greengrass.
Pour moi, l'étude du comportement des paras est fascinante. Elle touche juste, montre l'humanité des hommes qui vont pourtant tirer dans la foule, leurs faiblesses et leurs peurs, leurs frustrations.
La grande faute de beaucoup de films "engagés" (comme on dit pour donner une caution morale et intellectuelle aux films) est de ne pas aller au bout, de rester à la superficie des choses. Les "méchants" sont méchants, très bien, mais pourquoi???!!!!!!! Quand on voit la complexité du conflit irlandais, cela n'a pas de sens de dire "un tel est responsable, d'ailleurs tout est de sa faute".
Ici, le réalisateur s'attache à montrer, heure par heure, puis minute par minute, comment la manifestation va dégénérer, et comment les soldats vont finir par tirer dans une foule désarmée. Et en définitive on est bouleversé par chacun des acteurs, plus vrais que nature.
Le rôle fantastique du jeune para qui ne comprend pas pourquoi ses collègues tirent sur les civils, et la décision qu'il prend à la fin (je ne spoile pas :notme2: ) m'ont touché profondément.
Je ne peux rajouter qu'une chose : si vous vous intéressez à la question irlandaise (ou tout simplement au cinéma) louez d'urgence Bloody Sunday et faites vous un avis par vous-même. Je vous promets une soirée que vous n'êtes pas prêts d'oublier.
