La Couronne de Cuivre

Le problème, avec les forêts, c’est que tous les sentiers qui les parcourent ont une fâcheuse tendance à se ressembler, de même que les arbres innombrables qui les bordent. Même avec une bonne carte, il est dur de ne pas y perdre son chemin. Et sans carte, c’est quasiment mission impossible.

De carte, Kasne Doral et Ambrosuis Asilio n’en avaient pas. Et pour cause, le gouvernement de Lumenis les avait désignés pour cartographier les zones encore peu connues de Hélonna. Pourtant, d’antiques plans existaient, mais les autorités avaient apparemment jugé inutile d’en pourvoir les deux hommes, arguant qu’il valait mieux en créer de toutes pièces. Kasne et Ambrosius auraient bien aimé insister pour avoir ne serait-ce qu’un vague croquis… Mais leur situation ne leur avait guère permis de négocier. Tous deux étaient des volontaires « désignés » pour cette tâche. Le gouvernement luménien leur avait en fait laissé le choix entre la cartographie et la pendaison. Choix bien sévère pour ces gens qui, certes, étaient cause de quelques incidents retentissants en ville, mais qui prétendaient haut et fort n’y être pour rien, où alors à l’insu de leur plein gré.

Pas de carte, donc. Ils avaient pourtant réussi à se repérer un certain temps, reportant sur leurs parchemins les embranchements divers et le parcours accidenté des étroites sentes qu’ils suivaient. Mais leurs relevés vinrent bientôt à diverger quelque peu… Les deux hommes s’étaient finalement disputés sur la route à suivre, avant de tirer à pile où face… Et maintenant que la nuit approchait, ils étaient complètement perdus.

-Vous voyez, je l’avais bien dit ! lança Ambrosius d’un ton sec. On aurait du prendre à droite au troisième croisement. Si seulement vous m’aviez écouté ! Mais non !

Kasne voulut répondre, mais se retint de justesse. Un mage irrité ne donne jamais un bon résultat, et Ambrosius semblait déjà passablement irrité. Les euphémismes en moins. Mais l'idée de Kasne était justement d'aller à droite, mais son compagnon, perdu dans ses pensées et sa mauvaise humeur, n'avait rien entendu (ou avait délibérément ignoré).

- Du calme mon gars, murmura-t-il pour lui. Sois gentil, pas méchant. C'est pas gentil d'être méchant, c'est mieux d'être gentil. Et accessoirement, c'est aussi meilleur pour ta santé.

Éclaircissant sa gorge ainsi que le chemin jonché de fougères, il allait quand même répondre quelque chose au mépris de toute prudence (après tout, un guerrier peut avoir sa dignité aussi, même si parfois il est plutôt nécessaire de la fourrer quelque part en attendant la fin de l'orage), mais il avisa soudain que la lumière allait en déclinant. Vite. Ces bois avaient un joli nom, mais pas une si belle réputation, et si Lorien est plutôt harmonieux, Loup-garou, Liche ou Lilith (même si elle se faisait rare dans cette partie de Toril) inspirent moins confiance.

Tâchant de prendre des repères autour de lui pour la carte, il se retourna et vit le mage se débattre avec un serpent qui l'enserrait et menaçait de l'étouffer. N'écoutant que son courage, qu'il aurait bien voulu oublier en cette circonstance, il se rua sur le malheureux, leva son épée et trancha l'assaillant en deux. La liane retomba sur le sol avec un bruit mou.

- Je ne sais pas ce qui est pire... Que j'aie cru que c'était un animal, ou que la liane ait été sur le point de gagner le combat.

Les mots étaient sortis tous seuls...

Le mage le foudroya du regard.

-Ce que je crois, monsieur, c’est que vous avez tout simplement cédé à vos instincts bestiaux de spadassin et eu envie de me tuer parce que VOUS SAVEZ que j’avais raison et que vous aviez tort sur la route à suivre ! lança-t-il acerbement.

Kasne semblait ne pas avoir apprécié la remarque. Pas du tout, même, et Ambrosius se dit qu’il était peut-être allé trop loin. Mais, alors que l’autre ouvrait la bouche pour répondre, il eut une idée subite.

-Regardez, là-bas ! cria-t-il.

Et, sans attendre, il détala ventre à terre le long du sentier. En fait, il n’avait rien vu du tout. Mais peut-être cette diversion détournerait-elle Kasne de toute riposte…

Kasne s'élança à la suite d'Ambrosius. Non pas qu'il était attaché à lui, mais la perspective de se retrouver seul dans la forêt n'était guère plaisante. De deux maux...

Ils aboutirent (par hasard plus qu'autre chose, ils avaient couru pendant plus de deux minutes) dans une vaste clairière dégagée, au centre de laquelle se dressait, tel un poing levé vers le ciel en un défi aux dieux, à la pluie et aux crottes de canards migrateurs, une cathédrale massive blanc nacre. La pointe s'élevait dans les airs, trouant l'air alors qu'elle s'étracissait, alors que les fondations semblaient s'enfoncer à des dizaines de pieds sous terre. L'arche de conception clairement Longuedorsienne (architecte drow, mort de mort naturelle, une dague entre les côtes alors qu'il avait insulté un confrère de Manost) étincelait sous les derniers rayons du soleil, tandis que l'ombre grandissait à l'arrière, donnant à sa masse énorme une dimension plus imposante encore.
On eut dit qu'elle avait été moulée d'après la forme du pied de Lathandre après son extraction de cor, si l'on avait pas eu peur d'être grillé sur place par un éclair venu d'un ciel sans aucun nuage (ou déchiqueté par un prètre fanatique), mais une chose était sûre : c'était d'la belle bâtisserie, crévindiou.
Kasne eut alors cette remarque mémorable :

- Wow... cette cathédrale doit être vachement longue à décrire.

Il fit un premier pas vers l'édifice, voyant là le seul refuge pour la nuit.

Ambrosius opina du chef. Il ne s’attendait pas à découvrir un semblable édifice au milieu de nulle part… C’était pur pur hasard s’ils étaient arrivés ici : mais Kasne n’en savait rien. Autant en profiter pour reprendre un peu d’ascendant.

-Certes… Du beau travail, n'est-ce pas ? J’ai tout de suite remarqué dans les sous-bois les signes annonciateurs d’un tel lieu de culte. Ils sont infimes, mais les vrais experts ne s’y trompent pas ! En tout cas, voilà un toit fort bienvenu pour abriter notre repos. Rien à craindre en un tel lieu de sainteté ! Nous pourrons dormir sur nos deux oreilles !

Il s’avança alors d’un pas décidé vers la haute double porte, et s’arc-bouta contre l’un des lourds battants. Lequel s’ouvrit avec une facilité déconcertante, manquant déséquilibrer le mage. Celui-ci retrouva tant bien que mal son aplomb, reprit une posture droite et digne, et pénétra dans la cathédrale.

L'intérieur de l'édifice n'avait rien à envier à l'extérieur. A part le ciel, peut-être. Le soleil aussi. Et la mer. Même si la mer n'était pas très présente ces derniers temps, dans les parages. La vile, toujours à se défiler... Kasne n'aimait pas la mer, car elle n'était pas l'amie des cartographes, toujours à se déplacer, laissant une incertitude de degré 3 sur l'échelle de Glouberh, servant à mesurer la superficie d'un continent.
Le guerrier avança prudemment, l'écho de ses bottes résonnant bruyamment sur le sol pavé du lieu saint. Une paisible lumière émanait des cierges, ce qui n'éveilla pas la curiosité de Kasne par rapport à de simples questions triviale comme "pourquoi ces cierges sont allumés et semblent neufs ?" et "y a-t-il quelqu'un qui vit ici pour allumer ces cierges ?" Il ne compta pas non plus les vingt-sept vitraux représentant tous un aspect différent de l'Apocralypse, et ne vit pas non plus tous ces détails qui construisent la peur ou la méfiance chez toute personne dotée d'un minimum de bon sens.
Mais la présence de mage lors de ce voyage était un bon moyen de détruire ce bon sens. Et ses nerfs.

Cherchant à penser à autre chose, il se dirigea vers le fond de la cathédrale. Dans ce genre d'endroit, il y avait souvent une chambre pour les voyageurs de passage. Il espérait que les lits ne seraient pas trop habités pas les insectes. Enfin, le sien. Il se fichait un peu de celui d'Ambrosius.

Ambrosius, lui, avait traversé la nef sans un regard pour les bancs de bois soigneusement alignés de part et d’autre de l’allée centrale, ni pour les vitraux multicolores (même si le rouge semblait prédominant), ni pour les chapiteaux sculptés qui paraissaient représenter les joyeusetés attendant les défunts au purgatoire. Il n’avait d’yeux que pour le grand autel en marbre blanc trônant au-delà du transept ou, plus précisément, pour les objets qui y étaient placés. Dans la lueur dansante des cierges, il avait tout de suite repéré les éclats de l’or et de l’argent…

Lorsqu’il fut parvenu à destination, il jeta des regards envieux aux coupes, aux encensoirs, et au reste des ustensiles dont la diversité des formes n’avait sans doute d’égale que la variété des fonction. Mais tous avaient un point commun : ils étaient finement travaillés, artistement ouvragés dans des métaux précieux. Mieux même : beaucoup étaient incrustés de pierres précieuses aux reflets multicolores... même si le rouge semblait dominer. Les gens du cru avaient visiblement une passion pour les rubis.

Ambrosuis prit cependant bien garde à ne rien toucher. Il n’était pas fou ! On ne pille pas le lieu dans lequel on va s’abriter. Du moins, tant que l’heure du départ n’a pas sonné. Il se souvenait de cette histoire qu’il avait jadis entendu, où un prisonnier récemment libéré trouvait asile chez un prêtre généreux… et en partait, au petit matin, les bras chargés de chandeliers d'argent. La garde l’avait rattrapé et ramené au prêtre pour le confondre… Mais celui-ci avait prétendu avoir offert les objets au voleur. Sans doute avait-il été touché par sa délicatesse : ne voler qu’au matin était une preuve de savoir-vivre, puisque l'on n'infligeait les tracas du larcin au malheureux propriétaire qu'au moment de son réveil, après une nuit de sommeil réparateur. Ambrosius avait retenu la leçon et se promettait de l’appliquer, si l’occasion se présentait. Et elle semblait bien se présenter.

Mais on en était pas encore tout à fait là. Détournant à regrets les yeux des richesses étalées sur l’autel, il tâcha de rejoindre Kasne qui avait gagné l’arrière du bâtiment. Si d’autres trésors y étaient cachés, il comptait bien les trouver le premier.

Kasne avança vers l'arrière-salle qui semblait la plus grande, probablement la sacristie, ou une quelconque salle, dont le nom n'avait de toute façon aucune espèce d'importance aux yeux d'un cartographe. Elle avait un petit côté douillet, et l'âtre rougeoyant dispensant une douce et enivrante chaleur dans l'ensemble de la salle renforçait cette impression. Il fouilla du regard l'ensemble de l'ndroit, et après une exploration poussée, vit une demi-douzaine de lits, rangés côte à côte. Sept, en fait. Il s'en approcha, et comprit pourquoi cette pièce paraissait grande: les lits étaient en fait très petits, d'environ la moitié ou les deux tiers la taille d'un lit normal pour enfant.

Et c'est là que Kasne oublia soudainement de remarquer que cet âtre rougeoyant dispensant une douce et enivrante chaleur était en fait tout jeune, signe que la pièce n'était vide que depuis peu...

Ambrosius jeta un bref coup d’œil dans la pièce où se trouvait Kasne : une chambre, visiblement. S’il y avait quelque chose à rapiner par là, son comparse l’avait déjà repéré. Il fallait donc le devancer dans les autres salles, histoire de faire valoir son droit de préamption le lendemain matin, quand l’heure du pillage aurait sonné.

Le porte suivante donnait sur ce qui devait être une salle à manger, si l’on en croyait la longue table de chêne qui en occupait la majeure partie. Sur l’un des côté se trouvaient trois chaises : une grande, une moyenne et une petite. Devant elles s’alignaient trois bols de taille également décroissante. Ils étaient emplis de soupe.

Ambrosius se hissa sur la grande chaise, s’empara d’une cuiller et goûta sans plus de manières le contenu du bol.

-Trop salé, marmonna-t-il en repoussant les boucles d’argent qui lui tombaient sur le visage et la cuiller dont il s'était saisi.

[font=&quot]Se relevant, il alla ouvrir le buffet situé au fond de la pièce et inventoria soigneusement l’argenterie qui s’y trouvait entassée.[/font]

Kasne se retourna quand il entendit le bruit de pas d'Ambrosius, mais à peine avait-il commencé à se tourner que son collègue était allé inspecter une autre salle. Il révisa intérieurement son jugement sur Ambrosius en se disant que cet homme était bien inspiré, cet endroit pouvait receler des dangers insoupçonnés, autant se séparer pour en finir au plus vite. Le mage était en réalité un compagnon bien utile, se dit Kasne tout en se félicitant d'avoir su faire confiance dès le début à ce personnage.

Mais ce fugace instant de réflexion fit que le guerrier ne vit pas l'ombre changer de cachette. Il n'entendit pas non plus cette ombre chuchoter quelque chose à une autre ombre cachée non loin de la première. De même, il ne perçut pas le déplacement silencieux de trois autres ombres qui se glissaient derrière lui, les silhouettes portées par l'âtre rougeoyant dispensant une douce et enivrante chaleur n'étant pas orientées en faveur de Kasne.

En fait, il ne se rendit compte de rien, jusqu'à ce qu'il reçoive un coup net à la base de la nuque, le faisant perdre connaissance avant même qu'il ne touche le sol.

Si Ambrosius entendit bien un bruit de chute dans la pièce à côté, il n’y prêta pas la moindre attention. Au mieux se dit il que Kasne s’était assommé au linteau d’une porte trop basse ou avait été étourdi en recevant sur le crâne un gros bonhomme vêtu de rouge alors qu’il fouillait l’intérieur de la cheminée (des trucs bizarres tombaient souvent des cheminées, tout bon aventurier savait ça), mais il se le dit très vite et très doucement et continua son compte méticuleux des petites cuilles. Il s’arrêta au nombre faramineux de 127,5², le nota dans un coin de son cerveau, et referma la porte du buffet.

Il se détourna et fouilla du regard la pièce. Il poussa une exclamation de joie en repérant, étalées sur le sol, trois superbes peaux d’ours. Il y en avait une grande, une moyenne et une petite. A n’en pas douter, elles devaient valoir des dizaines de pièces d’or ! Il n’en avait jamais vu d’aussi belles, ni d’aussi rembourrées, ni d’aussi dentues et griffues. Pour sûr, c’était du bel ouvrage !

D’un pas alerte et guilleret – que n’entacha guère une maladroite perte d’équilibre lorsqu’il marcha sur l’ourlet de sa robe – il s’approcha des peaux, hésita un instant, puis choisit de s’étendre sur la moyenne. Avec un grognement de plaisir satisfait, il trouva une position confortable, et ne tarda pas à somnoler.

La dernière chose qu’il entendit avant de sombrer dans le sommeil – ou dans le coma, ce qui n’était pas improbable vu le coup qu’il venait de recevoir sur la tête – ce fut une voix profonde et chaleureuse qui déclara :

[font=&quot]-Bonne nuit, le petit ![/font]

Dormir, c'est bien. Ca repose, ça fait partir le stress de la vie quotidienne, et parfois, on peut même avoir des jolis rêves avec des lapins dedans. Mais quand Kasne se réveilla, il ne se sentait absolument pas reposé. Au contraire, il ressentait une vive douleur dans le cou, et peina un instant pour retrouver ses esprits. En essayant de s'étirer avant d'aller commander à la réception un plateau de petit déjeuner, il se rentit compte que se mains étaient attachées, ainsi que se pieds, et qu'il était saucissonné à plusieurs lits de la chambre dans laquelle il était. Kasne pensa brièvement à Ambrosius en le félicitant mentalement de la prévoyance que le mage avait eu en le fixant au lit afin qu'il ne tombe pas en s'agitant dans son sommeil.

Kasne tenta alors en vain d'appeler Ambrosius, à plusieurs reprises, quand il avisa alors une petite silhouette qui se tenait près de la porte en le fixant d'un oeil mauvais. Probablement le service d'étage...

- Dites-moi, mon brave, sauriez-vous où est mon compagnon ? Vous allez rire, il a tout bêtement oublié de me détacher... Oh, et au passage, est-ce qu'il est trop tôt pour avoir des gaufres ?

Le nain eut un moment d'hésitation, puit sortit en grommelant et en claquant la porte derrière lui, laissant le guerrier seul dans la douce et enivrante chaleur dispensée par l'âtre rougeoyant.

Ambrosius n’avait pour sa part prononcé aucun mot depuis qu’il était réveillé. Ce qui était un exploit, compte tenu de sa propension pour le verbiage. Mais il y avait deux bonnes raisons à cela. En premier, il avait peur que l’une des trente-six chandelles qui lui tourbillonnaient encore autour de la tête lui entre dans sa bouche. On était jamais à l’abri de sévères mots d’estomac. Ensuite parce que se déroulait devant ses yeux une scène étrange dont il ne voulait pas perdre la moindre miette : elle lui paraissait digne de figurer dans l’un des traités de magie rurale qu’il avait toujours ambitionné d’écrire.

Les trois confortables peaux d’ours s’étaient dressées sur leurs pattes arrières et entouraient à présent une jeune femme à l’opulente chevelure blonde et bouclée. La plus grande des descentes de lit lui parlait d’une voix grave, calme mais sévère.

-Vous comprenez mieux à présent pourquoi nous ne pouvons accueillir gratuitement tous ceux qui s’arrêtent chez nous. On n’aurait vite plus rien à manger et on aurait des tas de gens affalés sur nous, pour on ne sait quelle obscure raison.

La jeune fille opina du chef.

-Oui, je comprends. Qu’attendez-vous donc de moi ?

La grande peau sourit de tous ses crocs, mais ce fut la moyenne qui prit la parole.

-Et bien, nous avons beaucoup de vaisselle à faire. Hal Ibabha et sa troupe de cent vingt comédiens se sont arrêtés ici hier soir… Il y a donc du travail, et j’ai des engelures aux pattes avant, ce qui m’empêche de m’en occuper.

La jeune femme acquiesça une nouvelle fois, puis se tourna vers le mage qui manqua retomber dans l'inconscience. Les dieux lui en étaient témoins, il n’avait pas vu d’aussi joli minois depuis des années. Il fallait dire que les filles s’étaient faites de plus en plus rares parmi ses étudiantes, sans qu’il ait pu déterminer la cause de cette désaffection. Il avait pourtant toujours été gentil et attentionné à leur égard… Les petites ingrates !

Les trois fourrures ambulantes suivirent le regard de la jeune femme.

-Oh, le vieux monsieur c’est réveillé ! claironna la plus petite. Il va pouvoir vous aider !

Les deux plus grandes approuvèrent et vinrent relever le mage. Elles conduisirent leurs "invités" dans une vaste pièce attenante. Des monceaux de bols, d’assiettes, de plats et de couverts s’entassaient sur une immense déserte. Deux grands baquets d’eau et des torchons se tenaient juste à côté, prêts à l’emploi.

-Bon et bien nous allons vous laisser, fit la grande descente de lit. Notre soupe va refroidir, sinon.

Sur ces mots, les trois pelucheuses paillasses s’esquivèrent. Ambrosius et la jeune femme échangèrent un regard.

-Vous habitez chez vos parents ? demanda le vieux mage.
-Oui, répondit sa compagne de corvée. Enfin jusqu’à ce matin. Je suis partie dans la forêt pour aller cueillir de la salsepareille, mais j’ai perdu mon chemin. Heureusement que j’ai découvert cette chaumière pour m’abriter !

Quelque chose fit tiquer Ambrosius qui écarquilla les yeux.

-Une chaumière ? Vous appelez ça une chaumière ? Moi, j’appelle ça une cathédrale.

La jeune femme haussa les épaules.

-L’architecture locale est un peu pompeuse, c’est vrai. Mais vous devriez voir la grange de mon gran-père: on en met quatre des bicoques comme celle-là dedans ! Bon, et si on se mettait au boulot, maintenant ? On a du pain sur la planche.

Le vieux mage observa autour de lui, à la recherche de ladite nourriture : les chandelles avaient disparu à présent et il avait un petit creux. -Si vous l’dites, marmonna-t-il, pas contrariant pour deux sous. Ce qui était encore un miracle, tant cette expression lui était difficilement appliquable d'ordinaire. Mais là encore, il y avait une bonne raison…

La Couronne de Cuivre

[ONE-SHOT] La Cathédrale

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