La Couronne de Cuivre

Si la majeure partie du quartier ouest est vouée à l’activité portuaire et rassemble donc des entrepôts marchands et des ateliers de fournitures pour la marine, la zone la plus éloignée des quais est constituée d’habitations plus ou moins modestes. C’est là que vivent la plupart des personnes travaillant sur le port, les petits commerçants mais aussi beaucoup de représentants de la classe moyenne, assez riche pour échapper au sinistre Quartier Est mais pas suffisamment pour prétendre aux luxueuses demeures du sud de la ville. L'endroit présente donc un aspect assez disparate, passant selon les secteurs de bâtisses crasseuses enserrant de sombres ruelles à de jolies maisons a étages, bordées par des allées dont certaines sont plantées d’arbres.

[Quête : l’invasion des ombres]
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[font=&quot]Venant de l’esplanade jouxtant la Capitainerie du Port[/font][font=&quot] où ils avaient été rassemblés plus tôt dans la matinée, les contingents de la garde luménienne prirent position autour de la zone résidentielle. Ils établirent des barrages de fortune sur toutes les artères qui y menaient, y compris les plus petites ruelles, et, en moins d’une heure, le quartier fut totalement coupé du reste de la ville. Personne n’était autorisé à franchir le cordon de sécurité, que ce soit pour entrer ou pour sortir. Certains habitants protestèrent, demandèrent les raisons d’un tel blocus : on leur répondit qu’une opération allait être lancée contre des mécréants de la prétendue résistance, et on leur fit comprendre qu’insister pour passer serait une très, très mauvaise idée.[/font]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée s’était fait indiquer la rue de l’Orme Creux par un duo de mégères devisant sur le pas de leur porte. L’une d’entre elles l’avait cependant prévenue de la mise en place du blocus, et la rôdeuse s’était approchée de l’un des barrages pour prendre la mesure de l’obstacle. Passer par les toits semblait la meilleure solution, pour autant que ceux-ci soient praticables et déserts. Galathée repartit sur ses pas, jusqu’à gagner une ruelle excentrée, et envoya le corbeau en reconnaissance.
L’oiseau s’éleva dans le bleu pur du ciel, tournoya une seconde, et s’éloigna. Galathée se concentra sur le lien ténu qui existait entre eux, observa les toits déserts, le chemin possible de son entrée dans le quartier bouclé.
Comment allons-nous en sortir, songea-t-elle en prenant appui sur une poutre basse, la corniche d’un porche moussu, un premier balcon, l’embrasement d’une fenêtre, puis finalement la toiture colorée d’une maison de deux étages. Le soleil était resplendissant, se réverbérant sur les ardoises du quartier ouest, aveugle aux sinistres desseins qui se tramaient sous ses rayons. Galathée reprit son aplomb, s’écarta du bord des toits, et se mit en mouvement, tentant de retrouver ses repères. Elle localisa le port, les quais, les principaux entrepôts, puis la direction générale qu’elle devait suivre. Les toits étaient secs, relativement praticables, et la jeune femme progressait sans difficultés particulières. Devant elle, le corbeau semblait se promener, alternant les sautillements sur les tuiles et de légers envols dans la brise légère. Il finit par se percher en bordure d’une maison, l’oeil attentif dirigé vers le col, et Galathée devina qu’ils avaient atteint l’un des barrages. Elle se déporta encore un peu à l’intérieur des toits, et continua droit devant.
Elle franchit l'espace entre deux toits, traversa quelques maisons supplémentaires, puis se laissa glisser le long d'une façade accidentée, dans une impasse qui servait de vide-ordures aux logis voisins. Seul un chat s'offusqua de son apparition, maugréant qu'on dérange son repas.

[Quête : l’invasion des ombres]
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[font=&quot]La première chose qui frappa Galathée lorsqu’elle sortit de l’impasse, ce fut le silence. Un silence de mort. Les rues qu’elle avait traversées pour gagner le quartier ouest bourdonnaient d’activité : beaucoup de gens étaient sortis de leurs maisons et commentaient l’opération en cours. Pour certains, les autorités avaient dû localiser une importante planque de résistants et s’apprêtaient à y faire une descente. Pour d’autres,,les résistants étaient un prétexte : à leur avis, c’était après le monstre qui rôdait dans le port depuis quelques temps que la garde en avait.

Mais ici, à l’intérieur du périmètre de sécurité, les rues étaient absolument désertes. Pas âme qui vive à l’horizon. Toutes les portes étaient closes ; nombre de volets aussi. Un peu plus loin sur sa gauche, une petite épicerie était ostensiblement fermée, comme aux plus noires heures de la nuit. La rôdeuse songea qu’il devait en être de même pour tous les magasins du quartier, et elle n’eut aucun mal à imaginer les habitants se terrant chez eux, priant pour qu’aucun soldat ne vienne taper à leur porte…[/font]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée chemina, de plus en plus oppressée par le silence, jusqu’à la rue de l’Orme Creux et à la maison qu’elle cherchait. Tout au long de sa route, elle guetta des signes de vie, espérant à moitié ne rien voir, ne rien entendre, oublier la présence de mille et une âmes terrifiées, que leur coup d’éclat de la veille avait irrémédiablement mises en danger. Mais bien évidemment, les Luméniens, même cachés, ne pouvaient se rendre complètement invisibles. Un enfant pleurait derrière une porte close, les cris d’une dispute résonnaient plus loin, émanant d’un soupirail. On entendait le cri étouffé d’un bébé, l’aboiement inquiet d’un chien cloîtré, le murmure d’une femme par une fenêtre entrouverte. Parfois un choc, un souffle, quelque chose qu’on déplace, autre chose que l’on dissimule. Une prière à un Dieu, assourdie par les murs de pierre. La peur était palpable, Galathée la percevait dans l’air, par tous les pores de sa peau, comme une onde de choc.
Elle parvint enfin à sa destination et s’immobilisa devant la maison, accablée, à la fois épuisée par son manque de sommeil et par la tension qui couvait dans le quartier. Prenant une profonde inspiration, elle frappa à la porte, tentant de maîtriser le tremblement viscéral qui menaçait de lui ébranler le corps.

[Quête : l’invasion des ombres]
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[font=&quot]Personne ne répondit. Galathée attendit un moment, l’oreille tendue, mais aucun son ne monta de derrière la porte. La jeune femme frappa à nouveau, sans plus de succès. Elle commençait à se dire que la maison était vide lorsqu’un bruit presque imperceptible attira son attention. On aurait dit des pas feutrés… Suivit un léger frôlement, comme si quelqu’un se pressait contre l’huis pour regarder à travers le judas. Puis le silence retomba. S’il y avait quelqu’un à l’intérieur, il ne semblait pas disposé à manifester sa présence.[/font]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée, les sens en éveil, perçut cette présence discrète.
« Ouvrez-moi, je vous en prie... Je viens de la part... du Cormoran à une patte... » souffla-t-elle.
Attendant une réaction de son interlocuteur invisible, elle balaya les alentours du regard. Il lui sembla soudain bien dérisoire de se porter au secours de cette famille inconnue alors que tant d’autres étaient en danger.
Mais que pourrais-je bien y faire, songea-t-elle avec amertume.

[Quête : l’invasion des ombres]
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Un nouveau silence… puis soudain Galathée entendit le bruit des verrous qu’on repoussait, et le battant s’ouvrit légèrement. Par l’entrebâillement de la porte, à peu près à hauteur de poignée, la rôdeuse vit apparaître un œil inquiet. Et une petite voix demanda.
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  -Qui vous êtes ?
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Galathée sentait son interlocuteur prêt à claquer la porte à la moindre alerte.

Quête: L'invasion des ombres.

Oh bon sang, songea Galathée en découvrant le gamin cramponné à sa porte, où est la mère?
« Je m’appelle Galathée. C’est ton papa qui m’envoie... Tu me laisses entrer ? »
Elle essaya d’assortir son discours d’un sourire avenant, masquant au mieux l’angoisse sourde qui lui tordait les entrailles.

[Quête : l’invasion des ombres]
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Les paroles et le sourire de Galathée n’eurent pas l’effet escompté et, loin de se détendre, le petit garçon se renfrogna encore davantage.
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-   Non, fit-il, secouant la tête pour bien marquer son refus. Puis, sans autres formes de procès, il claqua la porte au nez d’une Galathée médusée.
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  -C’est pas parce que je suis petit que je suis bête, fit-il crânement en tournant les verrous. Je sais bien que p’pa a pas pu vous envoyer. M’man dit que les gens qui font du mal aux soldats l’ont capturé. Pis qu’ils ont tué monsieur Brasc.
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Un court silence s’ensuivit. Mais le gamin, probablement ragaillardi par la protection du lourd battant, ne tarda pas à le rompre.
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    -C’est vous qui l’avez capturé ? J'espère que vous lui avez pas fait du mal, sinon maman va drôlement vous disputer. Et si vous voulez me capturer aussi, vous y arriverez pas, ajouta-t-il sur un ton de défi.. Je sais me défendre. Et essayez pas de me proposer des bonbons, ça marcherait pas.

Quête : L’invasion des ombres.

Galathée resta une seconde pétrifiée devant l’huis. Elle essaya, en vain, de se souvenir de la dernière fois qu’elle avait été en interaction avec un enfant. Une chose était certaine : ils étaient bien plus compliqués que les animaux.
« Tu as raison. » dit-elle finalement. « Je fais bien partie du groupe qui a enlevé ton père. Mais il est en bonne santé, et c’est lui qui m’envoie… Comment crois-tu que je saurais pour le cormoran, s’il ne m’avait confié ce message ? »
Disant cela, elle réalisa que le sergent l’avait peut-être bluffée et que l’animal pouvait tout aussi bien évoquer un danger mortel contre lequel se prémunir à tout prix.
« Est-ce que ta maman est là ? Je peux lui parler ? Même à travers la porte, ce sera très bien… Vous êtes vraiment en dan… Il faut que vous partiez d’ici, il va se passer des choses graves et… »
Elle soupira, jeta un coup d’œil circonspect sur la rue. Elle avait l’impression d’être épiée. Pourtant, le corbeau, perché sur la corniche, montait la garde avec diligence.

[Quête : l’invasion de sombres] <o></o>
Il y eut un nouveau silence, plus long celui-ci, dans lequel Galathée aurait presque cru entendre les pensées contradictoires se bousculer dans le crâne du gamin.
<o></o>    -D’accord pour le cormoran,dit-il enfin.Vous auriez pu forcer papa à vous dire un truc pour qu’on ait confiance en vous, mais alors il aurait parlé du chien de madame Lacanne, et j’aurais même pas répondu…<o></o>
Il s’interrompit, et la rôdeuse n’eut aucun mal à l’imaginer en proie aux affres de l’indécision.    <o></o> -Maman est pas là,marmonna-t-il, comme à regrets. Le capitaine avait dit que papa avait peut-être réussi à s’enfuir et qu’il rentrerait pendant la nui.. Mais comme il est pas venu, m’man est partie se renseigner pour savoir s’il y avait des nouvelles de lui. Et… heu… c’est quoi, les choses graves ? C’est des choses graves pires que celles que vous faites ?

Quête : L’invasion des ombres.

« Nous ne faisons rien de… » Galathée s’interrompit avant de laisser le mensonge franchir ses lèvres. « Bien pires, oui, je le crains… Sais-tu où est partie ta maman ? A-t-elle quitté le quartier ? »
Le corbeau croassa avec humeur, et Galathée se détourna. Quelqu’un venait dans sa direction, remontant une rue voisine.
« Tu es certain que tu n’as pas envie de me laisser rentrer ? »

[Quête : l’invasion des ombres]
 <o></o>
-Ben… Si papa vous a parlé du cormoran, ça veut dire qu’il vous trouvait gentille. Même si c’était pas très gentil de le capturer…
 <o></o>
Les verrous tournèrent à nouveau, et la porte s’entrouvrit, un peu plus largement cette fois. Le gamin battit promptement en retraite, tant pour laisser passer la rôdeuse que pour se mettre hors de sa portée.
 <o></o>
La jeune femme pénétra dans ce qui devait être la salle principale du petit appartement. Le mobilier était simple : une table, deux bancs, un vieux buffet au bois patiné par le temps, sans compter une cheminée éteinte, au fond de la pièce. L’endroit était modeste, à la limite de la pauvreté : mais il en émanait une impression de chaleur, de vie tranquille, de quiétude à laquelle Galathée ne resta pas insensible.
 <o></o>
[font=&quot]Le tableau était cependant un peu entaché par l’attitude de l’enfant : il avait reculé jusqu’à la table et dissimulait quelque chose dans son dos. Tout dans son attitude reflétait la méfiance, sinon la peur.
[/font]
<o></o>[font=&quot]-Je sais pas où est m'man, dit-il sans la quitter des yeux. Peut-être à la caserne, chez le capitaine du port… Ou ailleurs.[/font]

Quête: L'invasion des tomates tueuses.

Galathée n’avança pas vers lui, respectant la distance qu’il avait mise entre eux. C’était un tout petit bonhomme, sans doute même pas dix ans, aux cheveux châtains et aux yeux clairs. Il avait l’air soigné et en bonne santé, à défaut d’être bien épais. S’il disait vrai, sa mère était probablement de l’autre côté des barrages, à l’abri des plans de Morféa mais loin de son fils. C’était en fait une plutôt bonne nouvelle : il était plus simple d’escamoter une personne que deux. En même temps, Galathée continuait à songer aux autres habitants du quartier. Fuir en emportant l’enfant semblait une option bien couarde alors que c’était l’ensemble de la population qui était en danger. Mais sans doute pouvait-elle mettre le gamin en sécurité puis revenir, et tenter autre chose. Sans compter que la résistance et les Manostiens devaient se mobiliser quelque part... sans nul doute.
Elle soupira une seconde, puis regarda à nouveau l’enfant.
« Comment t’appelles-tu ? » demanda-t-elle alors.

[Quête : l’invasion des ombres]<o></o>   -Je m’appelle Victor,fit le gamin qui avait observé avec attention le moindre des faits et gestes de Galathée.Bon, et maintenant que vous êtes entrée, qu’est-ce que vous voulez ? C'est quoi les choses graves ?<o></o>
Dans la rue monta le bruit d’une cavalcade : quelqu’un passa en trombe ddevant la maison puis s’éloigna comme s’il avait un tanaari au trousses.

Quête: L'invasion des ombres.

« Victor, je pense que tu es assez grand pour comprendre... Morféa... Le seigneur de Luménis n’est pas content de toute une série de choses... Il trouve que les gens sont trop... indisciplinés. Surtout dans ce quartier. Il va donc... Je ne sais pas exactement ce qu’il va faire, mais... mais en tout cas, il a bouché toutes les sorties, et beaucoup de soldats viennent dans notre direction... Les gens disent qu’ils vont détruire ce quartier... peut-être brûler les maisons... et tuer les habitants. Tous. Même s’ils ne sont pas des résistants... »
Elle se tut une seconde, laissant l’enfant assimiler ce qu’elle racontait. Il y avait de fortes chances qu’il ne la croit pas. Après tout, elle ne l’aurait pas cru elle-même : comment pouvait-on faire preuve d’une telle démesure dans les représailles ? Elle n’était toujours pas persuadée que les soldats luméniens obéiraient à un tel ordre, s’il devait être donné. Après tout, ils étaient nés et vivaient dans la cité de la lumière... Parmi eux, il y avait sans doute des dizaines de personnes décentes, comme le père du petit garçon... Il n’y avait aucune raison qu’ils acceptent une mission répugnante et arbitraire... Aucune... En même temps, que savait-elle des humains, sinon qu’ils avaient une propension impressionnante à corrompre tout ce qu’ils touchaient ?
« J’ai promis à ton papa que je vous mettrais en sûreté, toi et ta maman. Lui, il est dans le quartier sud, entre des mains amies, loin des griffes du seigneur noir. Si tu viens avec moi, je te conduirai jusqu’à lui... Mais je ne suis pas certaine que ta mère soit encore dans ce quartier... Est-elle partie depuis longtemps ? »

[Quête : l’invasion des ombres]<o></o>
Contre toute attente, le gamin opina.
<o></o>     -P’pa disait que ça pouvait arriver. Il en discutait avec m’man le soir, quand ils croyaient que je dormais. P’pa disait que les officiers étaient en colère à cause des attaques et que si ça continuait, y aurait du vilain… Mais nous, on a rien à craindre, je crois. Les soldats nous feraient pas de mal, parce que p’pa aussi c’est un soldat. Pour m’man, elle est partie il y a deux heures, je crois. Elle devrait pas tarder à rentrer. Et je peux pas vous accompagner tant qu’elle est pas là.
 <o></o>
Il avait prononcé ces dernières paroles sur un ton qui, l’espérait-il, ne souffrait aucune discussion.

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée soupira et passa une main lasse sur son visage. Il avait peut-être raison. Mais sans doute pas.
« Victor, écoute-moi. » fit-elle en se penchant pour se mettre à sa hauteur. « Ton père… S’il avait vraiment pensé que vous étiez en sécurité, il ne m’aurait pas donné ton adresse et ce mot de passe... Je crois… et il le pense aussi… que nous devrions partir d’ici et nous mettre en sécurité ailleurs, à un endroit où les hommes de Morféa ne pourront pas te trouver, et te faire du mal, même par erreur. »
Elle eut un sourire désolé.
« Quant à ta maman… Il y a de fortes chances qu’elle soit coincée de l’autre côté des barrages et dans l’incapacité de venir te retrouver… »
En prononçant ces paroles, Galathée réalisa que la conclusion à laquelle elle allait aboutir ne convaincrait jamais l’enfant.
« Il faut que tu viennes avec moi, tout seul, maintenant. Je te promets que je te ramènerai à ton père. Mais tu dois me faire confiance. »
La rôdeuse pinça les lèvres. Elle savait que promettre à tout crin n’était pas la chose la plus sage à faire, mais en même temps, elle était prête à tout faire pour respecter son engagement.

[Quête : l’invasion des ombres]
 <o></o>
Victor regarda la rôdeuse droit dans les yeux. A cet instant, avec sa mine déterminée, s’était le portrait raché - quoi qu'en miniature - de son père..
 <o></o >>
[font=&quot]-Je pars pas sans ma maman, dit-il calmement. Elle est peut-être passée avant que les gardes arrivent. Ou alors, elle a peut-être réussi à leur dire de la laisser passer. Quand elle est en colère, elle fait très peur, ma m’man. Et si elle rentre à la maison et que je suis pas là, elle va être vachement inquiète. Pis si elle est pas loin, qu’est-ce qui se passera quand les soldats arriveront ? Ils pourraient lui faire du mal, même si elle se laisserait pas faire et leur donnerait une sacrée correction.
[/font]

Quête: L'invasion des ombres.

La rôdeuse se sentit brusquement fatiguée, les muscles endoloris, et une petite migraine insidieuse naquit juste derrière son œil gauche. Elle attira une chaise et s’assit.
« Je vois que ça ne sert à rien de parlementer avec toi. Mais je pense que tu commets une erreur. » dit-elle simplement.
Fermant une seconde les yeux, elle tenta de retrouver le corbeau. Ce dernier était toujours perché sur la corniche, attentif, scrutant les rues voisines avec concentration.
J’ai besoin de toi, lui souffla Galathée. Retourne au parc, ramène ceux des tiens qui sont prêts à m’aider.
L'oiseau prit son envol et la rôdeuse fut tentée, une seconde, de rester avec lui alors qu'il chevauchait les courants d'air chaud qui louvoyaient au-dessus de la cité, d'oublier l'instant présent, l'iminence du désastre...
Puis la réalité reprit le dessus.

Ravestha n'en pouvait plus de courir. Il s'arreta, les mains sur les rotules, la gorge seche. L'aller retour au parc avait a peine dure plus de 20 minutes, mais il etait extenue, en sueur et la chaleur du soleil de l'apres-midi n'arrangeait pas les choses.

Il venait de penetrer dans le quartier ouest. Visiblement toutes les rues n'etaient pas encore bouchees. Pourtant il ne manquerait certainement pas de tomber sur un groupe de soldats avant de rentrer au navire. Ou ce serait un miracle. Il suivait les indications que lui avait fournies Kasumi afin d'essayer de trouver la rue ou se trouvait la famille du prisonnier, et donc Galathee. Le Manostien se remit en route, mais en marchant a une allure soutenue cette fois.

[Quête : l’invasion des ombres]<o></o>
Le gamin parut soulagé et ravi que sa tirade ait porté ses fruits et que la rôdeuse ait renoncé à insister. Ou presque. Il se détendit visiblement et s’assit à son tour… mais à l’autre bout de la table.
<o></o>     -C’est pas une erreur,fit-il.C’en aurait été une de partir. Ma mère est gentille, et elle me laisse faire beaucoup de choses, mais quand elle me fait promettre un truc, c'est que c'est important. Et vaut mieux tenir la promesse, sinon…
<o></o>
Il laissa la phrase en suspens, comme pour laisser imaginer à Galathée ce que pouvait coûter une désobéissance éontée. Puis il ajouta :   -Et moi, je lui ai promis de rester à la maison et de l’attendre. Mais elle devrait pas tarder à arriver, maintenant.

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A quelque distance, dans les premières rues du quartier d’habitations, Ravestha tomba nez-à-nez avec un groupe de soldats qui convergeaient vers leur lieu d'afectation, afin d'y dresser un énième barrage. Les hommes le saluèrent respectueusement et un sous-officier s’avança.
 <o></o>
[font=&quot]-Vous devez faire demi-tour, capitaine. Le quartier est interdit à quiconque ne fait pas partie de la garde. Je vous prie de bien vouloir nous suivre : nous vous escorterons en dehors du périmètre.[/font]

Galathée refusa de rentrer dans son jeu. A moins de l’assommer, il semblait qu’elle ne parviendrait pas à le faire quitter la petite maison. Tenir un siège derrière cette misérable porte de bois était tout aussi illusoire. Sans parler des risques d’incendie.
« D’accord, on reste… Est-ce que vous avez un jardin ? Une cour ? Sur quoi donne l’arrière de la maison ? »
Une idée un peu délirante venait de germer dans son esprit, mais aux grands maux, les grands remèdes, la situation appelait des solutions originales...

Evidemment, ce qui devait arriver arriva. Le Manostien se retrouva nez-a-nez avec des gardes qui, au moins, le reconnurent te lui temoignerent du respect. Visiblement le capitaine Terens s'etait taille une certaine reputation.

"Il en est hors de question ! Regardez-moi bien, est-ce que j'ai une tete a etre alle faire une promenade ?! Je n'aime pas etre loin de l'Albatros, mais quand Ethelkin vous demande quelque chose, on ne refuse pas. Et vous le savez. Alors laissez-moi rentrer faire mon rapport a mon superieur, ou nous finirons tous la tete plantee sur des piquets pour decorer la muraille. Les informations que je detiens sont de la plus haute importance."

[Quête : l’invasion des ombres]<o></o>
Dans l’appartement du sergent, Victor fit la grimace.
<o></o>     -Oui, il y a une cour. Elle est chouette, avec de l’herbe et un arbre, et même un vieux puits. Avant on y allait avec mes copains et on s’amusait bien. Mais monsieur Lacanne était pas content, il disait qu’on faisait trop de bruit alors maintenant il y a mis son gros chien et il dit qu’il nous mordra si on y va. Alors on est obligés de jouer dans la rue, mais ça plait pas trop à mes parents, surtout en ce moment vu qu’il y a un monstre pas loin.
<o></o>   -------------

Dans la ruelle, le chef du groupe de solda secoua la tête.
<o></o>   -Il n’y a aucun officier dans cette zone, capitaine. Le haut commandement est pour l’heure rassemblé près de la Capitainerie. Et a moins que vous n’ayez un ordre signé du seigneur Ethelkin, je me vois contraint de vous refuser le passage. Nous avons reçu des instructions très claires : personne ne doit entrer ici, sous peine d’être abattu sans sommation. Si votre affaire est aussi importante que vous le dites, ce dont je ne doute pas, allez voir Ethelkin et demandez lui de vous faire un laissé-passer.

« Victor, il faut que nous collaborions. » dit Galathée en regardant l’enfant. « Tu as promis à ta maman de l’attendre ici, en sécurité, et je vais faire en sorte que cette promesse soit tenue. Mais pour cela, il faut que tu fasses exactement ce que je te dis. Ton papa me faisait confiance. Essaie d’en faire de même. Je suis sûre que c’est ce qu’il voudrait. »
Comme il la regardait sans répondre, elle poussa son avantage.
« Je voudrais que tu ailles dans la cuisine, et que tu rassembles tout ce que tu trouves de rouge. Des tomates, de la viande, de la confiture de groseilles... Peu importe. Ramène tout sur la table ici. En échange de quoi, je vais aller m’occuper du chien de monsieur Lacanne, et faire en sorte qu’il ne t’ennuie plus jamais, toi et tes copains. C’est un marché ? »
Elle le dévisagea avec espoir, priant pour que le gamin se montre raisonnable, ou au moins intrigué, par sa proposition.

[Quête : l’invasion des ombres]
<o></o>
Cela ne manqua pas et Victor plissa les yeux, réfléchissant à toute allure pour tenter de deviner ce que voulait bien entreprendre son étrange interlocutrice.

-  Vous voulez faire de la cuisine pour quand les gardes viendront ? demanda-t-il,en désespoir de cause. De la viande à la tomate et à la confiture, je suis pas sûr qu’ils vont aimer.Mais ça pourrait être rigolo. Même si m’man sera pas contente que j’ai mis le bazar dans la cuisine…
<o></o>
La perspective ne parut cependant pas assez horrible pour qu’il refuse le marché de Galathée. Il passa donc à sa ceinture la dague qu’il tenait jusqu’ici dissimulée dans son dos et disparut dans la cuisine.

Ravestha se passa la main sur le visage. Passer s'avérerait beaucoup plus compliqué que prévu. Mais il le devait, par tous les moyens. Le pragmatisme du sous-officier était tout à son honneur et le Grand Emissaire ne manqua pas de remarquer avec quel déférence il faisait son devoir.

"c'est une plaisanterie ? Hors de question de retourner le voir si ma mission n'est pas accomplie, vous savez à quel point il est sous tension en ce moment et je n'ai pas l'intention de le contrarier. Je ne tiens pas à faire partie de la longue liste de ceux qui vont périr aujourd'hui. Si Ethelkin ne m'a pas donné de laissez-passer, c'est qu'il a jugé qu'il n'y avait pas besoin. Ce contre-temps va déjà suffisamment l'irriter. Vous me connaissez, alors ne me faites pas d'histoires s'il-vous-plaît, et bonne chasse à vous. "

Ravestha avança de quelques pas, espérant que les soldats ne l'arrêteraient pas.

Voyant qu’il obtempérait, Galathée se sentit un peu moins oppressée. Elle alla jusqu’à la porte arrière de la bâtisse et l’ouvrit sur la cour. Comme l’avait dit Victor, c’était un petit coin de campagne enchanteur au milieu de la cité, un carré d’herbes folles encadrant le tronc noueux d’un saule dont les racines devaient s’abreuver à même le puits voisin. En passant près de la vieille margelle, elle hésita soudain. Son plan était particulièrement hasardeux et reposait en grande partie sur un retour rapide de quelques corbeaux bienveillants. Se dissimuler dans le puits semblait une idée plus simple, mais aussi plus évidente. Elle décida cependant d’y jeter un coup d’oeil, par acquis de conscience.
C’est alors qu’interrompant son examen, un gros aboiement retentit juste dans son dos, et elle fit volte-face, toute prête à accueillir le visiteur.

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[Lieu] Les habitations du Quartier Ouest

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Quête: L'invasion des ombres

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