La Couronne de Cuivre

Un jeune homme promis à un brillant avenir plaque tout pour partir en Alaska. Sur son chemin, il croise une multitudes de paysages et de personnages qu’il laissera malgré lui. Into the wild (en pleine nature) est l’histoire (vraie !!) d’un jeune homme épris d’absolu.
Une sorte de fable, un accomplissement de soi douloureux et sauvage. Un don complet de soi. Ce n’est plus l’homme qui domine la nature mais l’homme qui s’y soumet.
Deux heures et demi de film qu’on ne voit pas passer. L’histoire du jeune homme avant (ce qui l’a emmené à partir là-bas et ses pérégrinations pour y arriver) et pendant son séjour en Alaska s’entrecroisent.
Beau, triste et émouvant à la fois …

Mouais... j'ai pas été franchement convaincu par son message. Les paysages sont magnifiques, les couleurs et la réalisation m'ont bien plu, le jeu des acteurs est intéressant : on passe un bon moment.

M'est d'avis que ce film devrait enchanter (cibler ?) les jeunes de 15-20 ans bourrées de questions existencielles du genre qui suis-je ? Ou vais-je ? A quoi ça sert tout ça ? C'est quoi le bonheur ?

Je ne suis pas vraiment convaincue que ce soit un film pour ados à questions. Nous sommes trois personnes de plus de 20 ans à l'avoir vu qui l'avons aimé. Bon, il se peut que nous ayons beaucoup plus de questions existentielles que nous voulons le penser (papa, tu n'es qu'un ado attardé !!! ). Je n'ai pas l'impression qu'il faille particulièrement être un ado pour se poser ce genre de questions sur la vie. Je n'aimerai pas arriver à un âge où je resterai blasée sans plus me remettre en question.

Althéa a écrit :Je n'aimerai pas arriver à un âge où je resterai blasée sans plus me remettre en question.

Se remettre en question et se poser éternellement des questions auxquelles on a plus ou moins répondu à la puberté, ce sont 2 choses différentes à mon sens.
Se remettre en question, on le fait toute sa vie, à chaque échec (parfois à chaque succès), à chaque impasse, et d'une manière plus concrète à chaque mal-être personnel, professionnel, etc...

Mais qu'il faille en passer par ce que vit ce jeune homme pour finalement se rendre compte de certaines choses, me laisse perplexe.
Chacun sa voie certes, mais je trouve que celle qu'il a choisi s'apparente à de l'égoïsme (il ne pense pas un seul instant à ses proches ou quoi ? Même s'il est convaincu que ses parents lui sont indifférents, que dire de sa soeur ?). J'ai franchement l'impression qu'il est parti sur un coup de tête, du style "Fuck the society", sans penser aux conséquences de son geste (pour sa famille notamment) ; a-t-il réfléchi un tant soit peu avant de prendre la route ? Ou s'est-il uniquement préoccupé de l'organisation de son départ et de ces raisons ?
J'ai justement l'impression qu'il ne se remet pas du tout en question, qu'il suit sa voie et tant pis pour les autres.

Désolée, mais les questions qu'il se pose ne me semblent pas des questions de pré-pubères . J'ai souvent l'impression que nous sommes sans cesse en développement, que nous changeons au gré des événements tout simplement. Certes, la décision qu'il prend est extrême. Mais je la trouve plus ou moins adulte. Il n'y a pas que les ados qui ont envie de tout plaquer tu sais. Et il n'y a pas que les ados qui ont des réactions égoïstes. Il est vrai que l'on peut considérer sa réaction comme un élan "je m'en foutiste, courage fuyons". Et vu son mot à la fin, il se rend compte de son geste, des gens qu'il a laissé derrière lui.

Pour ses raisons, c'est plutôt une quête d'absolu qui le pousse. Un peu comme Théodore Monod quand il partait dans le désert. Lui aussi pensait que l'aventure humaine pouvait échouer.

Althéa a écrit :Pour ses raisons, c'est plutôt une quête d'absolu qui le pousse. Un peu comme Théodore Monod quand il partait dans le désert. Lui aussi pensait que l'aventure humaine pouvait échouer.

Je ne pense pas que les motivations de Théodore Monod s'apparentent à celui de ce jeune homme (Christopher).

Pour moi, Christopher est en quête de soi, de bonheur ou de tout ce que tu voudras, mais centré sur sa personne. C'est un être fragile (mais pas dans le sens sensible), qui se cherche et qui butine d'expériences en expériences, cherchant à rattacher les gens qu'ils croisent à sa vision d'une vie dont il recherche l'utilité. Il est avant tout épris de liberté, la sienne.

Pour moi, Théodore Monod était aux antipodes de ce jeune homme. Il plaçait l'être humain au plus haut point, partageant des moments et en vivant d'autres, de façon solitaire.
La démarche qui l'animait était une soif de découvertes, de contemplation, de partage... et ce qui est primordial pour moi, il ne partait pas sur des coups de tête. Ses premiers raids dans le désert ont été organisés, dans le cadre de ses recherches et en accord avec ses proches. Dans ce sens il me fait penser un peu à Mike Horn.

Autant je comprends les aspirations de Théodore Monod (aspirations que je partage dans certains cas), autant j'ai énormément de mal à accrocher à celles de Christopher.

Hum ... c'est dur à admettre pour moi ... mais je te donne raison pour le fait que la quête de Christopher n'a rien à voir avec celle de Théodore Monod

En même temps, je maintiens que même si ses motivations n'étaient pas louables à tout point de vue, Christopher n'est pas un ado type. Des fois, j'ai plutôt l'impression que nos ados ont plutôt tendance à tenter de rester dans le lot pour être acceptés par leurs condisciples.

Yep, il faut lui reconnaître une grande force de caractère : c'est pas le commun des mortels qui plaquerait tout comme ça, et partirait du jour au lendemain à l'aventure. J'ai toujours eu tendance à avoir beaucoup de respect pour les personnes qui tentaient ce genre de choses, peut-être que je les envie quelque part.

Je n'ai pas d'opinions sur les ados d'aujourd'hui, n'ayant que très peu de cas autour de moi si ce n'est 3 de mes nièces aux caractères très différents.
Je pense néanmoins qu'il est difficile de sortir d'un schéma plus ou moins imposé par notre société : je connais des personnes qui ont pris 6 mois voire une année sabatique pour partir à l'aventure, mais c'était à chaque fois avec un budget bien défini et assez large.

Par contre, j'ai l'exemple d'une copine qui a participé, à un moment de flottement de sa carrière, à la traversée de la route de la Soie en Chine durant 2 mois ; dans le but de promouvoir l'image de sa boîte. Cette expérience l'a complètement chamboulé : elle a pris 6 mois de congés sabatiques, a fait un peu d'humanitaire et l'amérique du sud en routarde. Bon, il faut aussi dire qu'elle a un sacré caractère. Aujourd'hui, elle est toujours dans sa boîte et a bifurqué pour un emploi de promotion où elle parcourt le monde. Dans son cas, ce fut une question d'opportunité : le poste qu'elle occupe était en phase de création lorsqu'elle a pris son congé sabatique. Si elle ne l'avait pas fait, elle aurait dû choisir un autre poste.

Je pense que notre société pousse les gens à rester raisonnables ; notre confort "s'améliore" (à petite échelle, les voyages organisés proposent de moins en moins de séjours sous tente, ou à la belle étoile, des marches de plusieurs dizaines de kilomètres sans point d'eau, des sacs sans porteur...). Ce qui autrefois pouvait passer pour une aventure tout à fait réalisable, relève aujourd'hui du risqué (perte de l'emploi, du conjoint...) voire de l'exploit (et donc anecdotique).

Je crois que c'est pour cela que je respecte le choix de ce bonhomme là. Pour tout plaquer comme ça, il faut avoir du courage. De même que de marcher à contre-courant. Je ne le cautionne pas complètement non plus. Il aurait bien sûr pu prévenir au moins sa sœur ...

Peut être avait il peur qu'elle souffre encore plus en tentant de le retrouver et de le faire revenir. Il n'a pas non plus accepté que le vieil homme l'adopte, peut être pour lui épargner du chagrin en sachant qu'il ne reviendrait peut être pas.

Je ne sais pas si cela te l'a fait aussi mais j'ai eu quelque fois l'impression qu'il avait comme l'intuition qu'il n'allait pas revenir de son voyage. Mais je me trompe peut être.

Après avoir hésité entre ce film et Jumper, j'ai succombé à l'arnaque et j'ai donc été voir JUMPER (voir ma critique dans le topic du même nom).
Je vais tâcher de réparer cette impardonnable erreur et livrerai bientôt mes impressions.

Althéa a écrit :Je ne sais pas si cela te l'a fait aussi mais j'ai eu quelque fois l'impression qu'il avait comme l'intuition qu'il n'allait pas revenir de son voyage. Mais je me trompe peut être.

Je ne sais pas... je l'ai trouvé très indécis. Je veux dire : Voilà quelqu'un qui coupe les ponts, il ne reviendra pas et son rêve semble de vivre en pleine nature... mais boudu ! Qu'il en met du temps avant de se jeter à l'eau ! Je ne sais plus combien de mois il passe à sillonner les routes des USA.
Peut-être en effet sentait-il que s'il franchissait le pas, il n'y aurait pas de retour.

D'un autre côté, ça reste une adaptation cinématographique et même si Sean Penn s'est appuyé sur le journal de Christopher et le témoignage des gens qu'il a rencontré, le film est-il vraiment fidèle aux pensées (même anecdotiques) / actions de Christopher ? Les scènes sur lesquelles Sean Penn a choisi de s'attarder auraient-elles été les mêmes si Christopher l'avait réalisé ?

Et même, on ne sait pas dans quel état d'esprit était Christopher quand il a écrit. On ne sait pas non plus s'il se jouait un personnage en écrivant ... Il est difficile de voir le contexte exact dans lequel il a écrit.

Sinon, ce que je trouve dommage dans l'histoire, c'est que les personnes qu'il rencontre auraient pu lui offrir ce qu'il recherchait s'il avait pris le temps de rester avec eux. Et qu'il s'en est coupé ...

Bon, je l'ai vu hier soir, et je découvre vos grandes réflexions philosophiques... Je ne vais pas me lancer pour vous rattraper.

D'un point de vue cinématographique pur, j'ai bien aimé le film, il m'a fait rire, et émue, j'ai trouvé l'équilibre passé / présent bien rendu, les acteurs doués, les personnages secondaires bien campés. Bref, comme le dit Althy, 2h30 qui passent sans qu'on s'ennuie une seconde... J'ai trouvé les images de nature très belles, très simples, de la biche dans la rivière aux baleines mexicaines, en passant évidemment par les incroyables panoramas d'Alaska.

Maintenant, et malgré la beauté du récit, je dois dire que je n'ai pas bien compris les motivations de Christopher. Je ne trouve pas si clair son besoin de rupture avec la société. Il a surtout l'air d'un gosse qui ne supporte plus de vivre chez des parents qu'il n'aime pas. En ça, il y a un côté fugue dans son escapade, et donc... Pour connaître pas mal de gens qui sont un peu en rupture avec la "société", je ne les ai pas vraiment reconnus. Christopher a un côté un peu mystique bizarre, son obsession pour l'Alaska est presque maladive, et donc... j'ai trouvé que le propos de sa "fuite" était finalement moins "politique" que ce que je pensais au départ, et très peu clair.

Hihi, j'ai finalement un peu polémiqué aussi...

après vous avoir lu et avec le recul, je ne sais pas trop quoi en penser en fait.
Il est vrai que l'escapade de Christopher ressemble à une fuite en avant ... Malgré tout, je reste attachée à ce personnage et je ne peux m'empêcher de lui trouver un certain courage, même si cela ne le mène nulle part.

Après, pour pouvoir cerner les motivations du vrai Christopher, il aurait fallu être dans sa tête ... Et ça ...

Dans le genre quête de sens et "tout bazarder", le film qui sort mercredi prochain: Deux Jours à Tuer, me paraît prometteur, le personnage à 40 ans et il bazarde beaucoup de choses lui...


Ce serait intéressant de faire la comparaison.