La Couronne de Cuivre

Le temple de Lathandre

La beauté lumineuse du sanctuaire de Lathandre ravit immanquablement le visiteur, qu’il soit dévot ou simple curieux. Large édifice d’albâtre, de marbre et de bois clair, son dôme doré scintille sous les premiers rayons du soleil, chaque matin, illuminant de mille reflets les bâtisses plus modestes qui l’entourent.
Si l’entrée dans le Temple s’effectue par une double porte dans le mur ouest, toute la façade est s’ouvre sur des jardins luxuriants, permettant aux lueurs de l’aurore de s’engouffrer librement dans l’édifice. Les Eveillés logent dans l’aile sud, les Semeurs de l’Aube dans l’aile nord, où vit aussi le Grand Seigneur de l’Aube. Toutes les cellules, de la plus modeste à la plus luxueuse, jouissent d’une fenêtre, et de larges terrasses communes surplombent les toits plats autour du dôme, invitant tantôt à la méditation, tantôt à l’exercice.
Dans la pièce principale du temple, un puits de lumière flamboyante tombe sur le disque de quartz rose, qui symbolise Lathandre, posé sur un autel orné. Des alcôves disséminées sur le pourtour de la salle recueillent offrandes et œuvres d’art, deux d’entre elles servent de confessionnaux et une invite au recueillement solitaire. Partout, des vitraux roses ou orangés invitent la lumière, dessinant des arcs en ciel mouvants sur la pierre claire.

Avant la prise de pouvoir de Morféa Nwalk, le Temple contenait de nombreux trésors rassemblés par les adeptes et les visiteurs en quête d’absolution. Désavoué sous le nouveau régime, le temple a été partiellement dévasté et ses richesses spoliées. Il est donc désormais plus spartiate qu’un temple lathandrien classique. L’avenir seul dira s’il retrouvera un jour son faste coutumier.
Après un court laps de temps sous la direction d'Albérich Megrall, ancien conseiller de la cité, le Temple est désormais dirigé par Alaric d'Antelucas, un ancien militaire converti sur le tard (s'exprime en Yellowgreen).
Autres clercs "notables" :

[Quête : l’invasion des ombres]

Arrivant tout droit de chez Closfleuri, le paladin pénétra dans le sanctuaire de Lathandre qu'il avait quitté depuis un peu trop longtemps.

Il s'avança reconnaissant l'architecture ordonnée du lieu. Le lieu n'avait pas apparemment trop souffert des émeutes, des objets de valeur avaient tout de même disparu mais rien de spectaculaire.

Iluvatar s'agenouilla devant l'Autel de Lathandre pour y prononcer quelques prières à demi-voix. Puis il se releva et risqua un "Y a-t-il quelqu'un?", de manière à résonner dans le sanctuaire sans trop de vigueur. Il attendit près de l'autel, écoutant si une personne allait arriver.

[Quête : l’invasion des ombres]

Les derniers échos de l’appel faiblirent puis disparurent, et un silence de mort retomba sur le sanctuaire. Visiblement, celui-ci avait été déserté : pas de prêtres ou de paladins, ni même de fidèles n'étaient présents en ce lieu jadis très fréquenté.

Iluvatar commençait à désespérer lorsqu’un bruissement se fit entendre en provenance de l’une des petites salles latérales. Un homme apparut sur le seuil : vêtu de guenilles, les mains et le visages sales à faire peur, il avait tout l’air d’un mendiant.

Il s’approcha du visiteur et l’examina de la tête aux pieds.

-Tu cherche quelque chose, l’ami ? finit-il par dire d’un ton neutre.

[Quête : l’invasion des ombres]

Je rappelle que mon paladin n'est vêtu que de simples habits, aucune armure et aucune arme.

Iluvatar lui aussi dans un sal état ne doutait pas que son apparence paraisse trop louche à l'homme qui venait de se présenter à lui. Il le regarda et lui répondit.

Bonjour, en fait, je loge ma famille dans un petit lieu insalubre sur les quais, et j'ai entendu dire que le sanctuaire de Lathandre avait des prêtres et des paladins prêts à aider ceux dans le besoin. Je suis venu chercher quelques provisions, pour essayer de survivre tant bien que mal.

Iluvatar avait évité d'employer un langage trop soutenu et avait gardé une voix sans émotion jusqu'à la fin de ses paroles.

|Quête : l’invasion des ombres]

L’homme éclata d’un rire sans joie puis, remarquant le regard que lui lança Iluvatar, il reprit contenance.

-Excuse-moi, l’ami, mais ça été plus fort que moi. Chais pas d’où tu sors tes renseignements, mais ils sont... hum... périmés. Y’avait bien des prêtres et des paladins ici : mais comme ils se sont opposés aux insurgés, ben... z’ont comme qui dirait été massacrés. Me semble que certains ont été capturés, aussi, mais pas beaucoup. Enfin bref : si tu veux d'l'aide pour ta famille, j’crois qu’il faut qu’t’ailles voir ailleurs.

[Quête : l’invasion des ombres]

Le paladin fut étonné de voir rire le bonhomme face à lui qui apparemment trouvait cela amusant que l'ordre lathandrien ait quasimment disparu en s'opposant aux insurgés, il rigolait de la mort des compagnons d'Iluvatar.

Iluvatar fut très touché et embarrassé d'apprendre que son ordre ait eu le courage de s'opposer aux insurgés mais très triste de savoir que beaucoup avaient du périr, et les survivants devaient être prisonniers.

Merci, l'ami, je vais aller voir ailleurs dans ce cas.

Il parla sans laisser paraître aucune émotion dans la voix. Il se dirigea vers l'entrée, d'un pas lent, l'air dépité une fois qu'il tourna le dos à l'individu.

Il se posa dans un coin sombre un instant à côté du sancutaire pour y méditer quelques minutes.

Puis il se rappela que les deux hommes qu'ils cherchaient, Dorian et Ildieren, étaient allés très probablement dans la maison d'Aldebert, puisque c'est le seul endroit de la résistance qu'ils connaissaient. Il retourna donc chez Closfleuri.

[Quête : l’invasion des ombres]

L’homme ne quitta pas Iluvatar des yeux tandis que celui-ci s’éloignait. Sa visite le laissait perplexe : oh, certes, il pouvait fort bien s’agir d’une simple personne dans le besoin... En même temps, ignorer qu’il y avait eu du grabuge ici, ou ne pas se douter que des fidèles de Lathandre auraient maille à partir avec le nouveau régime, c'était quand même un peu étrange.

-Mouais, étrange, c'est le mot... marmonna l’homme avant de hocher la tête et de regagner à pas lents la pièce dont il était sorti.

Depuis la chute de Morféa Nwalk, lentement, le temple de Lathandre a repris vie. Nombreux ceux les Eveillés et les Semeurs d’Aube qui ont péri, pourtant, au cours des heurts entre les insurgés et le pouvoir luménien. Parmi les survivants, certains se sont engagés aux côtés de la résistance, d’autres ont abandonné leurs croyances pour accepter le joug du tyran. Beaucoup ont tout simplement disparu.

Lorsque la lumière est revenue dans Luménis, que le regard bienveillant du dieu tutélaire s’est à nouveau posé sur ses murs et ses jardins, les clercs et les novices ont réapparu, un par un, et rallient les murs autrefois protecteurs de leur sanctuaire. Moins nombreux, fatigués, ils ont cependant gardé au fond d’eux énergie et optimisme, adeptes du renouveau, des éternels débuts, de l’aube.

Après un mois, les Semeurs d’Aube se sont rassemblés pour désigner un nouveau Grand Maître de l’Aube, un chef de culte, le représentant de celui-ci auprès des autorités luméniennes et futur haut conseiller. Ils ont choisi Albérich Megrall, prisonnier et résistant, fils de la cité, ami des pauvres et l’ont établi dans ses fonctions dans les lueurs d’un lever de soleil fantastique, nimbé d’or et de rose, d’orangé et de soleil, l’aube d’une ère nouvelle, l’aurore d’un parcours que tous espèrent long, prospère, et heureux.

Désormais Megrall, que l’on surnomme Garde-Pensée, dirige le culte lathandrien dans la Cité de Lumière. Il est rarement au Temple, pris par ses mille et une prérogatives, mais reste accessible à qui désire le rencontrer. Il suffit de prendre rendez-vous au Temple, ou de s’y rendre dans la soirée.

Albérich ferma les yeux pour accueillir les premiers rayons du soleil au plus profond de lui-même. L’astre radieux brisa les ténèbres, repoussant la nuit, et avec sa renaissance, le prêtre sentit chaque fibre de son corps s’éveiller au jour. Un sourire naquit sur ses traits, sincère. La journée serait rude, comme de coutume, mais il l’anticipait avec un éternel optimisme, la certitude qu’en y mettant du sien, il pouvait faire avancer les choses, aider Luménis à se redresser, à s’améliorer, à être le lieu de justice, d’ouverture et de savoir qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Si elle l’avait jamais été.
Illuminé par la splendeur de l’aube, il laissa son regard courir sur les jardins du sanctuaire, où une dizaine de novices avaient salué la venue du soleil par leurs chants.
Si peu nombreux et si jeunes. Capables. Bien sûr.
Albérich remercia Lathandre de son éternelle bienveillance, puis retourna à l’intérieur du temple. En retrait, les yeux encore embrumés, l’attendait son secrétaire, Tybert, qui étouffa un bâillement derrière sa main.
« On a festoyé ? » demanda Albérich.
« J’ai lu, maître. Tard. »
Le clerc s’approcha du jeune Eveillé et prit une profonde inspiration.
« Laisse-moi deviner. Des étiquettes sur des bouteilles de vin ? »
Tybert rougit jusqu’aux oreilles mais le Seigneur de l’Aube se contenta de sourire, et repartit vers son cabinet, le novice sur les talons.
« Fais mander le paladin Iluvatar, veux-tu. Je dois m’entretenir avec lui. »
« Heu… Bien… Bien maître. »
« Un problème ? »
« C’est que... il est quatre heures trente du matin, maître. »
« Oh. Ah, bon. Hum. Les paladins ne sont pas encore levés, tu penses ? »
« Je ne pense pas, non. »
« Bon. Bien. Je te laisse juge, alors. Fais le mander quand tu penses qu’il sera réveillé. »
Tybert acquiesça et détala, laissant Albérich regagner ses appartements.

Le paladin de Lathandre se réveilla d'un sommeil sans rêves tant il était profondément endormi. Il se frotta les yeux et sortit de son lit lentement, émergeant avec difficulté.
Il ne se rappelait plus de l'heure à laquelle il s'était endormi. Il avait fait une très longue nuit, rattrapant ainsi toute la fatigue accumulée ces dernières semaines.

Il regarda par la fenêtre, il faisait encore nuit mais on sentait que l'aurore approchait. Il s'habilla tranquillement, restant dans de simples vêtements de tissus fins.

Son ventre cria soudain famine, il se dirigea vers sa porte afin de se rendre dans les cuisines et voir s'il pouvait se rassasier quelque peu.
Les couloirs étaient silencieux, quelques bouteilles traînaient de ci de là, visiblement l'ambiance s'était réchauffée la veille dans le sanctuaire du dieu de l'Aube.
Arrivant aux cuisines, il fouilla un placard y trouvant un bon pain d'épices dont il se servit quelques tranches et retourna lentement à sa chambre.

Sur le chemin il croisa Tybert, le secrétaire du chef du culte de Lathandre. Il le salua poliment et s'adressa à lui avec une voix assez rauque, révélant son réveil récent :
-Bonjour messire, comment vous portez vous? (Talie si tu nous regardes, dédicace pour mon 300ème message...)
-Hum... Bonjour sire Iluvatar, je vais très bien merci. A vrai dire, vous tombez bien, je vous cherchais... Enfin mon maître vous cherchait, sire Albérich, il veut s'entretenir d'un sujet avec vous.
-Ah, bien bien, je m'habille un peu plus chaudement et je vais à sa rencontre, merci de m'avoir mis au courant, Bonne... matinée à vous.

Il lui sourit, puis le saluant à nouveau, se détourna afin de regagner ses appartements. Une fois son pain d'épices fini, il s'habilla un peu plus, pantalon et haut de soie tous les deux de couleur bleu foncé. Il se coiffa rapidement et sortit de sa chambre.

Après quelques minutes, il avait atteint les appartements d'Albérich et il frappa doucement à la porte.

La porte s’ouvrit sur le grand prêtre, qui gratifia le paladin d’un sourire et s’effaça pour le laisser entrer.
« Je suis heureux de vous voir de si bonne heure, mon ami. Tybert a sous-estimé vos humeurs matinales. » dit-il avant de lui indiquer un fauteuil.
Le cabinet privé du grand prêtre avait été arrangé à la va-vite, avec des meubles disparates que l’on avait récupéré à droite à gauche, suite au sac du temple. Il semblait s’en contenter pour l’heure, on le disait peu soucieux des apparences.
« Bien. Vous n’êtes pas sans savoir que le règne de Morféa a coûté cher aux rangs des paladins de Lathandre. Vous étiez en première ligne. Avec la mort d’Urbain de Mervan dès le coup d’état et celles de la totalité de ses hauts officiers pendant les troubles qui ont suivi, l’ordre de l’Aster est décapité, vous n’êtes plus qu’une douzaine et il devient urgent de réorganiser la commanderie, et de relancer le recrutement. Avec la garde de la cité, l’ordre de l’Aster a toujours été garant de l’intégrité luménienne… »
Il porta une main à son front et soupira.
« Nous savons ce qu’il en a été. Je ne blâme personne, bien entendu. Je sais que bien des braves ont payé cette débâcle de leur vie. Cependant, nous ne pouvons plus attendre et l’heure des lamentations est passée depuis bien des jours. L’aube s’est levée. Une aube nouvelle, qui appelle de nouveaux talents, nécessite des volontés tenaces, qui se sont prouvées face à l’adversité. »
Il regarda Iluvatar droit dans les yeux.
« Vos prouesses sont connues, messire. Vous avez combattu le tyran alors même que vos frères étaient tombés. Vous avez inspiré des gens du commun à rejoindre la résistance. Vous avez mené des assauts, vous êtes infiltré dans le palais, avez combattu le monstre au creux même de son antre. Et vous avez survécu. En cela Lathandre ne pouvait pas mieux me guider. »
Albérich sourit enfin.
« Sire Iluvatar, je voudrais vous demander de prendre le commandement des paladins de Lathandre, de devenir le grand maître de l’Ordre de l’Aster. Je vous le demande au nom du Dieu qui veille sur nous, au nom de la ville, de ce que vous avez déjà donné pour elle. Je sais votre loyauté indéfectible. Je ne vous impose rien, cependant. Qu’en dites-vous ? »

Kasumi se présenta un peu plus tard devant le sanctuaire de Lathandre après avoir pris congé du conseiller Théobald. Il se mit en devoir de trouver un prêtre pouvant le diriger vers le conseiller Albérich. Celui-ci aurait peut être une mission à confier au rodeur fraichement éveillé de son long coma.

Le décor frappa le demi-elfe par sa beauté simple et les ajustements architecturaux permettant à chaque recoin d’être éclairé d’une lumière chaude et irisée. Le sanctuaire de l’Aube coupait le souffle par sa digne sobriété, apportait la paix par son opulente mysticité. Le rodeur y retrouva un semblant de paix intérieure depuis longtemps oubliée.

Le paladin de Lathandre ravala sa salive. Il était un peu ébahi : il s'attendait certes à une récompense, mais plus à une simple reconnaissance et non pas à obtenir un haut poste dans le culte de Lathandre.

Il se frotta les yeux et se massa les tempes, il n'en revenait décidemment pas.

C'est avec une grande joie que j'accepte votre offre. Je ne m'attendais pas à une telle nomination, c'est un grand honneur.

Il reprit son souffle et inspira une grande bouffée d'air.

Vous permettez, j'essaye de réaliser la chose.
Après quelques instants...
Je suis prêt à occuper cette fonction, refonder et mener les paladins du dieu de l'Aube.

HRP : par souci de clarté, on estime que Kasumi se rend au temple un autre jour (plus récent), dans l'après-midi. Le post qui suit ne concerne donc pas Iluvatar.

Kasumi fut accueilli par un jeune homme en aube marron, signe immanquable qu’il n’était encore que novice. Roux aux yeux clairs, il semblait perpétuellement aveuglé par la lumière colorée qui baignait le temple. Lorsque le rôdeur lui présenta sa requête, il grimaça.
« Oh, sire, vous n’avez pas de chance. Je crains que messire Longuehune ne vous ait mal renseigné. Maître Megrall n’est pratiquement jamais au sanctuaire en journée, il a bien trop à faire. Vous pouvez revenir en soirée, si vous voulez le voir, sinon, le mieux est d’aller le chercher où il se trouve… »
Il baissa les yeux sur le registre qu’il portait.
« Il est au nouveau Palais de Justice, dans le quartier du gouvernement. Normalement, il y restera jusqu'au crépuscule. »

Kasumi vouta les épaules, dépité et épuisé par les kilomètres déjà parcourus depuis son réveil. Il songea un instant demander au prêtre un endroit où s’installer pour attendre le retour du conseiller. Pourtant, peu désireux de s’éterniser sans avoir rien à faire, il se résigna à porter ses pas vers le lieu indiqué par le novice Lathandrite.

Avant de partir, il n’en remercia pas moins le dit clerc tout en lui demandant l’endroit où, en ville, il pourrait faire l’acquisition d’un cheval pour l’aider dans ses déplacements. Une fois dehors il s’assit sur un banc un petit instant se faisant la réflexion qu’une monture fraiche ne serait vraiment pas du luxe. En chemin vers le quartier du gouvernement, le rodeur se souvint la façon dont il avait acquis sa précédente monture, un bel animal nerveux qui avait payé de sa vie l’incursion de son cavalier dans le complexe des docks.

HRP : Galathée, peux-tu poster mon arrivée dans une écurie ou au Palais de Justice ? Je pourrai voler un cheval avec mes talents de rodeurs mais ce n’est pas le genre de mon personnage.

Les paroles d’Iluvatar dessinèrent un large sourire sur le visage de son interlocuteur.
« Je comprends. Je n’avais pas meilleure mine lorsque l’on m’a demandé de prendre la tête du culte. » fit Albérich. « Prenez votre temps. »
Il laissa quelques secondes au paladin avant d'embrayer, enthousiaste.
« Mais je vous suis reconnaissant de votre décision. Vous ne la regretterez pas. Les défis sont élevés, mais vous êtes à la hauteur, Lathandre le sait. Et je suis émerveillé, chaque jour qu’il nous offre, de la valeur et du dévouement des Luméniens. Je vais vous donner votre lettre de nomination, vous la présenterez à l’intendant de la Commanderie et vous aurez alors accès aux appartements de feu Urbain de Mervan. N’espérez pas grand chose, ils ont été pillé pendant l’insurrection, mais le ménage y a été fait et vous y trouverez au moins un lit et de quoi déposer vos affaires. Nous disposons en outre d’une petite somme pour que vous y laissiez votre empreinte. Voyez ça avec l’intendant également. Si vous le désirez, je peux faire mander les autres paladins pour leur annoncer la nouvelle… Ou bien vous vous en chargez. Je pense qu’aucun ne contestera votre nomination. Mais vous les connaissez mieux que moi. »

Oui bien sûr... Prèvenir les autres paladins, où avais je la tête?

Il réfléchit un instant et...

Peut être pourriez vous les faire venir que nous leur annoncions l'heureuse nouvelle ensemble?

Le paladin observa Albérich un instant.

Et au fait... En ce qui concerne les appartements, je suis le genre de personne qui aime la modestie, pas besoin d'en faire des tonnes, je meublerai selon mes envies et sans aides, je n'ai pas besoin de montrer une richesse quelconque.

Iluvatar sourit franchement à Albérich, enfin prêt à assumer ses nouvelles responsabilités.

« Très bien. Dans ce cas, il ne nous reste plus qu’à descendre à la commanderie. Nous ne trouverons peut-être pas tous vos collègues, mais je gage qu’à cette heure, la majorité devrait être levée… » fit le prêtre en gagnant la porte.
Il accompagna le paladin dans le couloir et ils remontèrent jusqu’au sanctuaire, où la lumière flamboyante de l’automne colorait la pierre et le bois, rayonnante et chaleureuse, promesse d’une belle journée ensoleillée. Tybert, le secrétaire d’Albérich, se porta à sa hauteur, et les deux hommes discutèrent brièvement avant de se séparer.
Iluvatar et le clerc gagnèrent ensuite la rue, et quelques pas plus loin, l'imposante Commanderie des Paladins de Lathandre, l'ordre de l'Aster.

Une bonne semaine plus tard, donc...

Quand Kasumi arriva au temple, le soleil déclinait derrière les toits, et il perçut le son des hymnes bien avant d’entrer dans le bâtiment. Lorsqu’il y pénétra, les chants s’amplifièrent, et il déboucha dans les célébrations du crépuscule, le salut à Lathandre, les promesses de beaux lendemains, rayonnants et riches. Les clercs étaient en cercles autour du disque de quartz que la lumière avait désertée, et peu à peu, les vitraux occidentaux s’éteignirent, comme l’astre diurne les abandonnait à la nuit. L’homme qui dirigeait le service n’était pas le Conseiller, il n’était nulle part en vue, mais lorsque les religieux s’écartèrent pour quitter l’office, l’un d’entre eux se dirigea vers Kasumi, souriant. C’était le jeune homme qui l’avait renseigné un peu plus tôt dans la journée. Il lui proposa de faire conduire son cheval jusqu’à la commanderie des paladins, située juste à côté du sanctuaire, où il pourrait le récupérer dès l’aube. Ensuite, il l’entraîna dans l’aile où logeaient les lathandrites, et lui trouva une cellule spartiate mais saine. Après lui avoir confié le mandat rédigé par Albérich, il proposa de lui faire porter une collation, puis lui souhaita bonne nuit.

Le rôdeur fut réveillé par d’autres prières dans une aube encore grisâtre, où seuls les clercs parvenaient à discerner une promesse de soleil. Le ciel était chargé, il pleuvrait certainement dans la journée. Il se glissa hors du temple, salua Tybert qui semblait éveillé à toute heure du jour et de la nuit, et gagna la commanderie où son hongre avait passé une nuit tranquille. Ils mirent ensuite le cap sur les portes, prêts à gagner la campagne et les périls qu’elle recelait.

Le soleil était haut dans le soleil et les ruelles agitées par l’activité quotidienne propre à une capitale. Le cavalier cheminait au pas dans le dédale de rues menant au Sanctuaire de Lathandre. Quelques citoyens levaient les yeux de leurs tâches le temps d’apercevoir le cavalier mais la plupart ne s’attardaient pas sur le rôdeur d’aspect ordinaire. Celui-ci faisait remonter à sa monture la longue file des piétons et des chariots de marchandises foulant les pavés de l’une des artères animées de la cité. Une demi-heure après son passage aux portes, le rôdeur arriva en vue de sa destination. Rester maintenant à s’enquérir de la présence de l’aubemestre et de sa disponibilité…

Lorsque Kasumi pénétra dans le temple, il fut accueilli par un jeune clerc qu’il ne connaissait pas, en aube grise, signe qu’il était encore novice.
« Le Conseiller est effectivement dans nos murs aujourd’hui. Vous pourrez sans doute le rencontrer. Je vais faire mander son secrétaire, mais… Vous devrez laisser vos armes ici. Nous n’admettons pas de… lames au cœur du sanctuaire. »

Le rôdeur se plia de bonne grâce aux conditions imposées par le clerc. Il laissa ses affaires à l’entrée du sanctuaire hormis la lettre remise par Aidan. Il épousseta également sa cape, honteux de la voir crottée par le voyage et ses pérégrinations. Se façonnant la mine la plus avenante possible, il adressa un sourire encourageant au novice :

- Je peux attendre que le conseiller veuille bien m’accueillir. Mes nouvelles n’ont aucun caractère d’urgence.

Mais celui-ci se contenta de sourire avec gêne, jusqu’à ce que Tybert, que Kasumi avait déjà vu plus d’une fois, se présente à son tour.
« Messire, c’est une joie de vous revoir. » dit le secrétaire en lui faisant signe de le suivre. « J’ose espérer que vous avez fait bon voyage. Vous semblez… en un seul morceau, si je puis me permettre. »
Il rougit comme une pivoine et toussa dans son poing, alors qu’ils entraient dans l’aile Sud du temple. Les couloirs étaient percés de larges fenêtres qui invitaient le soleil à entrer, bien que le ciel soit chargé de nuages sombres. Toutes les deux fenêtres, une porte s’ouvrait sur une cellule et le mur devenait aveugle sur plusieurs mètres, avant de retrouver une nouvelle fenêtre un peu plus loin. Un homme se tenait un peu plus loin, appuyé à la pierre grise, et il se redressa à leur approche, la main sur la poignée de son épée.
« Un visiteur pour Maître Megrall. » fit Tybert en s’approchant.
Le soldat plissa les yeux pour le dévisager, puis acquiesça, et frappa la porte.
« Oui ? » fit une voix claire de l’autre côté de la porte.

Kasumi avait suivi ses hôtes d’une démarche nonchalante. Si le novice ne faisait aucune mine d’imposer sa conversation, le rôdeur salua Tybert et le rassura brièvement sur la teneur de ses nouvelles tout en l’assurant que le séjour au grand air lui avait fait le plus grand bien.

Arrivé devant la porte du conseiller, le rôdeur observa le garde attitré de l’Aubemestre en haussant un sourcil. Convenant qu’il ne représentait pas une menace directe, celui-ci laissa le rôdeur s’approcher de l’huis de bois pour s’annoncer :

- Kasumi de Luménis votre éminence. Je suis de retour de Respelm et suis porteur des nouvelles du prêtre Aidan.

Kasumi pénétra dans le bureau de l’Aubemestre. C’était une pièce encombrée, de petite taille, mais très lumineuse. Pris individuellement, chacun des meubles qui s’y trouvaient étaient de bonne facture, mais ils n’avaient manifestement pas été conçus pour être rassemblés. Le résultat était hétéroclite, un rien décale, le résultat de la nécessité plutôt que d’un quelconque calcul. Un fauteuil rembourré faisait face à la table de travail, en bois sombre, derrière laquelle trônait le maître des lieux. Il leva les yeux des documents qu’il compulsait et sourit amicalement au nouveau venu.
« Bien le bonjour, messire. Vous avez été prompt. Et je gage que vous m’apportez de bonnes nouvelles. Asseyez-vous. »

Kasumi salua le prélat tout en acceptant l’invitation à s’asseoir devant lui. Une fois installé dans le fauteuil confortable, il tendit le pli cacheté avec le sceau d’Aidan. Alors qu’Albérich s’en saisissait d’un air intrigué, le rôdeur sourit en guise de réponse à la question muette du dirigeant. Il enchaîna aussitôt :

- Je pense que les nouvelles vous conviendront en effet. Les attaques ont cessé sans que la violence n’ait été employée. Respelm et les brigands que j’étais chargé de trouver ont trouvé un terrain d’entente.

Le rôdeur préféra s’interrompre pour laisser l’occasion à Albérich de découvrir le rapport de son subordonné.

Mais l’Aubemestre, après avoir regardé le pli, le posa sur la table, toujours fermé, croisa les doigts sous son menton, et jeta un regard tranquille sur le rôdeur.
« C’est une excellente nouvelle. Mais dites m’en plus… Vous étiez en première ligne, c'est de vous que je veux entendre les faits. » dit-il.

Le rôdeur parut un instant surpris de l’attention du clerc à son égard. Soucieux de satisfaire son attente toutefois, le demi-elfe commença un résumé des évènements. Il raconta en termes simples et sans se mettre en avant comment il avait pu entrer en contact avec les brigands et être introduit dans leur campement. Kasumi décrit alors la forte impression que lui avaient faite les gens du Peuple Libre. songeant qu'il ne menaçait pas la paix des lieux, il avait décidé de les aider à trouver un terrain d’entente avec les habitants de la région. Comme ils avaient accepté de verser un dédommagement pour leurs rapines, il avait été facile, avec l’aide d’Aidan, d’entamer des négociations en terrain neutre. Il conclut finalement sur le récit de la rencontre entre les deux communautés :

- … Quand je les ai quittés, les deux communautés avaient convenu d’un premier échange. Je pense que cela permettra d’apaiser la région d’autant que les deux communautés sont conseillées par des gens de bonne volonté.

Le rôdeur gardait pour lui la rencontre de la vieille dame qui paraissait partager la conscience des choses de la forêts.

Le Conseiller sembla satisfait de ce récit.
« Vous avez dépassé mes espérances, messire. Je vous suis vraiment reconnaissant d’avoir pu régler ce problème de la sorte. Désormais, la réussite de ce plan repose sur les épaules des habitants de Respelm, et de leurs voisins, mais vous leur avez impulsé quelque chose d’inestimable. Je vous en remercie. »
Il sourit.
« Je me doutais que vous n’étiez pas que sang. Et je voudrais pouvoir vous récompenser comme il se doit. Avez-vous des projets pour les temps à venir ? »

Kasumi était pris au dépourvu. Il n’avait pas vraiment songé à demander quoique ce soit en échange de son aide. Il avait agi ainsi guidé par ses convictions et bien décidé à ne pas laisser les gardes rouges menacer d’autres innocents. Réfléchissant aux derniers évènements et à la question d’Albérich, il resta un long moment muet. Depuis quand n’avait-il pas pris une décision pour lui-même ? Il ne se rappelait jamais avoir songé à ce qu’il ferait une fois qu’il aurait trouvé un lieu où s’installer. Hésitant, il reprit la parole :

- Vos clercs ont pris soin de moi alors que Luménis était convalescente. Je n’exige nulle récompense pour avoir simplement agi comme eux. Vous aussi m’avait donné un cadeau précieux. Je ressens une attirance certaine pour cette ville. Peut être me serait-il possible de m’installer dans le Bosquet des quais avec votre accord. Ce lieu me semble approprié. Il me rapproche de ma déesse. J’ai senti sa présence comme jamais avant ma mission à Respelm. N’ayez crainte que je ne devienne vagabond, je peux gagner mon écot par de menus services. J’ai quelques connaissances des simples que je peux partager ma connaissance du maniement des armes ou du pistage avec les défenseurs de la cité si vous le souhaitez. Si vous avez quelques missions nécessitant mes compétences, j’accepterais bien volontiers de les réaliser pour vous. Cette cité m’a accueilli et je veux l’aider par mes propres moyens.

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