La Couronne de Cuivre

Quoi ? Que vois-je ? Qu'ouïs-je ? Il n'y a pas de topic dédié à Metallica sur la Couronne de Cuivre ? Bon, et bien cet oubli est maintenant réparé !

Après 26 ans de musique, Metallica peut-il encore nous surprendre ? Beaucoup de personnes pensaient que non. Ils nous ont prouvé le contraire.


Metallica s'est fait connaître en 1983 avec l'album Kill'Em All, du Heavy Metal novateur à l'époque, plus agressif que le célèbre groupe Iron Maiden, alors la référence du genre. Dès le deuxième album, Metallica surprend son monde en écrivant... une ballade ! Fade To Black, un titre envoûtant de 7 minutes, va devenir l'un des morceaux mythiques du groupe. Surfant sur son succès grandissant, le groupe sort alors en 1986 l'album Master of Puppets, qui devient une référence du genre et sera vendu à 12 millions d'exemplaires. Peu de temps après, Cliff Burton, le talentueux bassiste du groupe, décède dans un accident de la route lors d'une tournée en Scandinavie. Dévastés, les trois membres restant (James Hetfield, chanteur-guitariste rythmique, Lars Ulrich, batteur, et Kirk Hammett, guitariste soliste) pensent à tout arrêter, mais, encouragés par les parents de Cliff, ils se remettent finalement au travail en recrutant un nouveau bassiste, Jason Newsted. Ils enregistrent d'abord un EP de reprises, Garage Days Re-Revisited, avant de sortir l'album ...And Justice for all, en 1988, 6e aux charts américaines, et contenant notamment le très connu « One ».
En 1991, Metallica parvient de nouveau à surprendre en enregistrant un album nommé sobrement « Metallica », et qui sera par la suite surnommé « Black Album » en raison de sa jaquette entièrement noire. Si le groupe fait un virage vers un style moins agressif et plus mélodique, cet album n'en demeure pas moins leur album phare, celui qui les propulse en tête des charts américaines. Enter Sandman, et surtout Nothing Else Matters, le titre de Metallica le plus connu, sont les fers de lance de cet album ravageur. Le groupe fait alors un long break, enchaînant les concerts mais ne sortant plus d'album. Il faudra attendre 1996 pour voir arriver Load, puis un an plus tard ReLoad, contenant les titres enregistrés en même temps que ceux de son aîné, censé être à la base un double-CD. Encensé par la critique, mais dénoncé par les fans qui n'aiment pas la tournure que prend le groupe, cet album marque un nouveau tournant dans l'évolution de la musique de Metallica. Le style se rapproche plus d'un hard rock des années 70 que du heavy metal qui avait fait le succès du groupe dans les années 80. Ces deux albums marquent une scission importante parmi les fans de Metallica : désormais, il y a les fans de la première heure, de Kill'Em All à ...And Justice for all, et les fans de Load/ReLoad (l'album Metallica étant de manière générale bien apprécié), ces derniers ayant en général connu Metallica via ces deux albums.
S'ensuit une période peu faste de Metallica, avec d'abord le double CD Garage Inc., contenant essentiellement des reprises, et la collaboration avec Michael Kamen et son orchestre symphonique donnant lieu au CD et DVD S&M, ne contenant que deux nouvelles chansons et 18 reprises d'anciens succès du groupe réarrangés avec l'orchestre. Le résultat, assez inégal (certaines chansons étant sublimées par l'ajout de l'orchestre, tandis que d'autres donnaient une purée sans intérêt [le fait que ça soit un live n'arrangeait pas les choses] : avis personnel, évidemment), fait débat parmi les fans. Metallica participe ensuite à la bande originale du film Mission : Impossible 2, ainsi qu'à celle du film South Park. Peu de temps après, Newsted quitte le groupe, officiellement pour raison de santé (« des années de headbanging ont abîmé mes cervicales »...), officieusement parce que l'orientation musicale du groupe ne lui convenait plus.
Le groupe ne lui cherche pas tout de suite un remplaçant, et, lors de l'enregistrement de St. Anger, un nouvel album sorti en 2003, la ligne de basse est effectuée par Bob Rock, leur producteur. Metallica déroute une nouvelle fois ses fans : le style est proche du NU Metal/Neo-Metal, Kirk Hammett n'a plus aucun solo à sa disposition, et le tout est beaucoup plus agressif que de coutume. S'il se retrouve n°1 des charts américaines, cet album rencontrera une vive aversion de la part des fans du groupe, la plupart ne reconnaissant pas Metallica dans ce nouveau style. C'est un véritable bide, et Metallica finit par s'en rendre compte quelques années plus tard, abandonnant les morceaux de St.Anger lors de leurs concerts pour ne jouer que leurs succès de 1983-1997. Peu de temps après la sortie de l'album, Robert Trujillo, notamment ancien bassiste de Ozzy Osbourne, rejoint le groupe.


Pour beaucoup de ses fans, Metallica était un groupe du passé. Tout nouvel album ne pourrait être qu'une déception, et il valait mieux pour Ulrich et ses troupes s'arrêter là plutôt que de décevoir de nouveau.
Pour ma part, j'espérais sans trop y croire à un « retour aux sources » de Metallica, qui sortirait ainsi un album proche de Master of Puppets et consorts. Il faut croire que la télépathie a fonctionné, ou que Metallica a finalement décidé de se mettre à l'écoute de ses fans.
Le 12 septembre 2008, Metallica sort l'album Death Magnetic.

Death Magnetic



Un groupe faisant de la musique depuis 25 ans peut-il encore surprendre ? Il semblerait que oui, puisque Metallica l'a fait. Mais pas en changeant de style, plutôt en reprenant un style proche de celui ayant fait son succès. Death Magnetic est un album de Heavy Metal, fleurant bon le Master of Puppets et autres ...And Justice for all. C'est le retour des solos de Kirk Hammett et des riffs rapides de James Hetfield. C'est le retour des longs morceaux de plus de 6 minutes où l'auditeur en prend plein les oreilles et ne veut pas que ça s'arrête. C'est le retour, en somme, du Metallica que l'on connaît.

Metallica m'a bluffé, et j'en suis heureux. Mon frangin m'avait initié à ce groupe il y a maintenant 5 ans, peu de temps après la sortie de St.Anger, album qui l'avait d'ailleurs peu à peu dégoûté et convaincu que Metallica n'existait plus. Et il faut dire qu'à force d'écouter toujours les mêmes morceaux, on finit par se lasser. Je discutais avec lui de Metallica il y a quelques mois, et il m'avait dit que pour lui, « Metallica n'existe plus ». Inutile de dire qu'après un tel album, il ne pourra que changer d'avis...

Amateurs de Heavy Metal, de Metal, ou même de Hard/Rock en tous genres, n'hésitez pas, jetez-vous sur cet album avant qu'il ne soit trop tard !

Que pouvait risquer en terme de crédibilité Metallica avec des années 90 en demi teinte et un St Anger (que j'ai le mauvais goût d'apprécier en dépit de la batterie) pour le moins controversé?
Plus grand chose.

Ce qui ne m'a pas empêcher de tomber sur le CD, pour écouter, histoire de voir. Comme beaucoup des grincheux qui disaient que Metallica est mort et qui le font parfois bruyamment savoir.

Pour être tout à fait honnête, et pour aller droit au but, Death Magnetic est clairement un bon album. Sans doute pas le meilleur qu'ils aient fait, mais... il y a avec cet album amplement de quoi réconcilier le groupe avec son public. Metallica a réussi un album sans aucun problème du niveau du Black Album, le surpassant sans à aucun problème à mon sens, en terme d'énergie, avec une voix globalement un plus rugueuse et moins lisse que sur Load/Reload/Black Album. Les compositions ont gagné en longueur, y sont beaucoup plus incivises, avec une influence thrash enfin de retour. Là où St Anger pouvait se montrer brouillon et tentait un renouvellement (lesquels ont été particulièrement mal perçus), Death Magnetic prend moins de risques, s'apparente à un retour aux sources.

Et un retour gagnant.

Petite note au passage: ne vous attendez toutefois pas à un Master of Puppets bis. On ne peut à mon sens pas demander à un groupe de rester figé à un son qu'il avait contribué à créer 22 ans plus tôt. Et ce n'est pas un mal.

A écouter:

Tout. Je sais. Ca guide énormément. C'est le seul moyen de se faire une opinion de son propre chef. Allez, au boulot quoi!

Petites réserves:

Il y a malgré tout quelques petits moments de moins bien:

- The Unforgiven III: je sais bien qu'il y a le fameux adage "Jamais deux sans trois", mais il aurait mieux valu qu'ils s'arrêtent à la première du nom, déjà dispensable

- The Day That Never Comes: la première moitié est certes écoutable, mais la voix de Hetfeld lorsqu'il s'essaye à un chant plus propre n'est pas ce qu'il réussit de mieux - la seconde moitié rattrapant heureusement la sauce.