La Couronne de Cuivre

Les trois feuilles de route sont composées de la même manière. Dans la partie supérieure, une carte approximative des environs, marquée d'une croix à l'endroit où doit se trouver l'objet à chercher. Dans la partie inférieure de la carte, un dessin encore plus approximatif représente la forme de l'objet. Il y a fort à parier que la morveuse est l'auteur de ces chef d'œuvres futuristes.

L'équipe des noirs se devait de gagner une pointe éloignée sur la grève et d'y rechercher une sorte d'objet oblongue, mal dessiné, qui semblait tenir du symbole phallique. La croix est placée de manière très vague sur la grève, peut-être faut-il creuser dans le sable, ou peut-être est-ce situé ailleurs, dans l'eau, dans les herbes hautes ? Il faudrait déjà réussir à trouver l'endroit exact.

Kasumi s’empara du plan et l’examina un bon moment en le tournant le retournant dans tous les sens. Pour trouver l’endroit, il allait falloir suivre la côte de long en large sur des miles. Cela pourrait s’avérer très vite fastidieux et lassant. Kasumi était toujours équipé de tongs parfaites pour la plage mais pas très adaptées aux grandes excursions touristiques. Le vieillard ne tarderait pas à se plaindre de son dos, il en était sûr… Le rôdeur regarda avidement le corbeau :

- Plumeau, tu as une chance unique ! Tu peux enfin t’élever au-dessus de ta condition de familier de vieillard décati ! Au sens propre comme au figuré. Regarde ce plan et quand nous aurons atteint la grève, tu partiras en reconnaissance pour repérer l’endroit où il faut que nous nous rendions. Mais fais gaffe aux mouettes, elles sont agressives, le pauvre Taliesin en a fait l’effraie… (corbeau-mouette-effraie ) euh les frais.

Manfred observa Kasumi d’un air pensif. Quand allait-il l’occire ? Quand et surtout, comment ? Oui, il n’y avait que ça dans la tête du mage. La course d’orientation, il s’en foutait royalement. Enfin… pas tout à fait. Avec un peu de chance, l’objet à trouver pourrait être un accessoire intéressant pour un grand moment de torture. Mieux valait attendre mais comment attendre en entendant la réplique du jeune demi-elf ? Bataki n’eut pas le temps de répondre. Manfred bondit en avant avec une rapidité impressionnante.
-Vieillard décatit ! PETIT CON PREND ÇA !!!
L’instant d’après, Kasumi sentit le pied du mage percuter son postérieur avec une TRES grande violence. Nul doute qu’il allait mettre un bon moment à ne plus sentir les conséquences de ce geste.
-Bon, maintenant, je peux m’envoler ? J’ai envie de m’élever au-dessus de la condition de familier d’un… d’un…
-D’un quoi ?
-D’un remarquable mage talentueux, puissant, beau, grand, fort et riche !
-Je préfère ça mais j’ai une meilleur idée et c’est pas bien difficile vu la connerie que ce mioche à proposé.
Sur ce, Manfred sortit de sa robe de mage sa boule de cristal
-Boule de cristal, ma belle boule de cristal, dis moi qui est le plus beau… heu non. Guide-nous vers l’objet qu’on dois trouver.
Une voix féminine et suave, presque érotisante, sortit de la sphère translucide.
-Calcul de l’itinéraire en cours…. Le trajet à été calculé. Tournez-vous, légèrement, sur votre gauche. Manfred s’exécuta. Marchez tout droit, pendant, 8, secondes.
-Ha ha ha ! Alors petit con, tu vois ce que c’est l’efficacité ?
-Contournez, la pierre, devant vous. Poursuivez, tout droit, jusqu’à la prochaine instruction.
-Je vous aime !!! s’exclama Bataki.
-Pas moi.
-Quoi ?! Sale boule de cristal de merde ! Je vais te briser en milles morceaux !!!
-Même pas peur.
-Bataki, touche à cette boule de cristal et je te déplume !
-Zut.
-Ha ha ha ! Attention, le sol descend légèrement…
Voila le groupe guidé avec une incroyable précision vers leur objectif... enfin, il fallait l’espérer.

Kasumi jeta un regard assassin au vieux sadique qui lui avait asséné un coup douloureux à l’arrière train. Rancunier, le jeune demi-elfe nourrissait sa vengeance alors que le mage suivait crânement les indications de la voix désincarnée.

- Je pars en avant détecter les pièges. Ta version de logiciel ne met pas à jour la position des flasheurs automatiques de Jan Jansen, annonça le rôdeur. En fait de détection, le demi-elfe escomptait bien prendre au dépourvu son « coéquipier » en plaçant sur son chemin, diverses chausse-trappes, cordes tendues au niveau des chevilles, graisse collante ou ultra glissante et autres pièges à ours livrés avec le kit du rôdeur/trappeur qu’il avait reçu en cadeau des gens de Respelm.

Cela faisait déjà quelques temps que le mage suivait docilement les indications de sa boule de cristal, et s'il avait eu la curiosité de lever le nez de temps à autres pour admirer le voyage, ce qu'il ne faisait guère (mon joujou ! mon précieux !), il aurait remarqué qu'il suivait globalement le sentier qui longeait le bord de la plage, ce qu'il aurait aussi bien pu faire en regardant devant lui - ça lui aurait en outre permis de remarquer les manœuvres de son compagnon de route, le ballet des mouettes, le roulis des vagues, et de développer un peu la part poétique la plus enfouie de sa personnalité.

Néanmoins, au risque de se fouler une ou deux chevilles dans les accidents du terrain, le devin progressait. Ils devaient être à mi-parcours. La boule faisait son travail sans se plaindre. Kasumi était invisible. Jusqu'ici, tout va bien...

Je suis trop fort, pensa le mage en suivant les instructions de sa boule de cristal. Cette course d’orientation serait bouclée en moins de deux. La magie, c’est trop cool, c’est top moumoute ! Rien ne pouvait rivaliser, RIEN !
-Haanpaa ! Mais zut, qu’est-ce que cette corde faisait là ?! J’aurais put me casser quelque chose !
Voila Manfred an sol. Il se releva, s’essuya,, reprit sa boule puis se tourna vers son corbeau qui volait à côté.
-Tu n’aurais pas put me prévenir ?
-De quoi ?
-Mais tu es aveugle ou quoi ?
-Hoooooo… Elles sont jolies les mouettes. Tu crois qu’il y en a des célibataires ? Tu crois que j’ai une chance avec l’une d’elles ? Ou même plusieurs ?
Le vieil homme ne répondit pas. Il frôlait la crise de nerf.
-Et toi, boule de cristal, tu n’aurais pas put me prévenir ?
-Désolé. Mon logiciel n’est pas mis à jour.
-Mets-toi à jour.
-Insérez votre carte bleu dans la fente prévue à cette effet.
-Quoi ? Mais c’est scandaleux ?
-Mais c’est comme ça, na.
-Bon, tant pis pour la mise à jour.
Le trajet se poursuivit et Manfred s’étala à nouveau à cause d’une flaque de graisse cette fois.
-Grrrrrrr ! S’en est trop !!! Je vais éviscérer celui qui a égaré ses pièges là ! Manfred se releva. Boule de cristal, qui est le responsable ?
-Kasumi.
-Qui est Kasumi ?
-Le jeune demi-elf en toge blanche.
-QUOI ??? J’aurais dus m’en douter ! Je vais le tuer TROIS FOIS !!! Demi-elfe en plus ? Je vais le tuer 3x1,5=4,5 fois ! Ou est Kasumi ?
-Tournez-vous légèrement vers votre gauche. Avancez tout droit jusqu’à à la prochaine instruction.
Et voila, c’était repartit pour un tour.
-Hoooooooooooo…. Les mouettes ! Je suis libre, je suis un bon et beau partit !

Kasumi apparut soudain plus loin sur le chemin. Après un instant de déception qu’il s’efforça de masquer au mieux, il adressa un sourire railleur à l’adresse de Manfred.

- Vous avez finalement retrouvé la route ? Ne m’en veuillez pas si j’ai pris un raccourci, je crois que l’autre route était un peu dangereuse. C’est fou ce que laissent parfois traîner les brigands. De vrais farceurs en réalité !

Jetant un regard à la carte, il fit signe au vieux mage de le suivre :

- Il ne faut pas trop se fier à la technologie. Rien ne remplace un cerveau, sans vouloir insinuer quoique ce soit, bien sûr. C’est par ici !

Le rôdeur partit d’un bon pas en direction de la grève.

-Oui, c’est certain…, siffla Manfred alors qu’une certaine crispation s’était emparé de lui
Il n’avait pas cru un mot du mioche et il s’approcha de lui, une idée fixe en tête. Un désire intense de sang s’emparait de lui. BON DIEU !!! ÇA ALLAIT FAIRE MAL !!!
-Vous être arrivé à destination, lança la boule de sa voix suave.
Le magicien fut coupé dans son élan. Il espérait que le petit demi-clfe ne se rendrait pas compte qu’il avait réglé la boule pour le trouver. En tout cas, la séance de torture devrait un peu attendre, la précipitation n’était jamais bonne conseillère.
-Ho lala, cette informa… heu… la magie, parfois, ça ne marche pas très bien, c’est certain. J’ai bien peur que mon sortilège de guidage soit incompatible avec ma boule VISTA. Rien ne vaut la bonne vielle XP. Enfin bref, en tout cas, je te suis. Tu as l’air d’être particulièrement doué pour un petit c… un enfant de ton âge.
Pendant ce temps, Bataki s’était envolé au milieu des mouettes qui, curieusement, désirèrent soudainement aller plus loin, beaucoup plus loin, dans un autre topic voir même dans un autre forum, une autre section ou dans un autre site. Envisageaient-elles de quitter le web ?

Kasumi ne comprenait pas un traître mot de ce que lui disait le vieillard mais sourit d’un air condescendant, songeant que son compagnon devait être gravement atteint de sénilité. Diplomate, une partie de son cerveau analysait la situation sous l’angle sociologique et estimait que le gouffre générationnel était trop important pour qu’ils se comprennent d’autant qu’ils n’appartenaient guère à la même classe socioprofessionnelle.

Le rôdeur reporta son attention sur le volatile qui semblait poursuivre de ses assiduités de pauvres mouettes non consentantes. Décidément, il n’était guère aidé par son groupe. Une nouvelle fois il regretta de n’avoir pas accompagné Victor mais se morigéna de cette pensée : pour surpasser son rival Taliesin, il lui fallait gagner cette course et prouver ainsi au petit qu’il ferait un bien meilleur père que l’elfe déplumé qu’avait choisi Galathée.

Perdu dans ses pensées, il faillit glisser alors que la déclivité du terrain se faisait brusquement plus forte. Il l’avait échappé belle : si un homme tombait d’ici, il s’écraserait sur les rochers aiguisés situés en contrebas…

Ho ! Cruelle tentation ! Pourquoi diable fallait-il que le morveux se retrouve à deux doigts de faire une belle, que dis-je, une magnifique, une splendide, une mémorable chute ? Pourquoi diable fallait-il que de si aimables rochers, pareilles à une dentition de carnassier, ne se retrouvent en contrebas, appelant de leur silence l’insupportable mioche ? Ho ! Cruel destin ! Comment résister ? Comment attendre ? Comment ne pas céder ? Comment ne pas tendre une main et pousser ? C’était si facile, si naturel, si logique ? Ne pas le faire serait un illogisme de premier ordre ! Ce serait comme dire que un plus un est égale à trois ou zéro plus zéro n’est pas égal à la tête à toto ! Le temps se ralentit, se figea. Manfred était là, sa boule dans les mains, son regard fixe.
-Fait attention ou tu va, petit. Un accident est si vite arrivé, dit-il tout naturellement.
Voila, s’en était finit de l’hésitation, le mage ne ferait rien.
-Dis, j’ai repensé à ta première proposition, celle d’envoyer mon corbeau en éclaireur. C’est finalement une très bonne idée. Si tu le juge utile, on peut fonctionner ainsi.

Kasumi haussa un sourcil aux paroles de Manfred. Plus que leur contenu, le ton employé lui mit la puce à l’oreille. (Et un rôdeur apprenait vite à faire attention à ce genre de signe lorsqu’il dormait à l’extérieur ou dans une auberge de passage) Le vieillard semblait tout à coup gagné par un élan de considération et d’amabilité qui ne collaient guère avec le personnage. Le demi-elfe douta : s’était-il trompé sur son compte ? Son compagnon r recélait-il une part du gentil grand père qu’il n’avait jamais connu ? Celui qui apportait des friandises en douce et avait toujours une anecdote à raconter. Les yeux de Kasumi s’humectèrent un moment alors qu’il regardait le mage d’un autre œil.

- Si nous sommes d’accord, je pense que ce serait une bonne chose. Je suis certain que nous ferons une grande équipe et que nous allons gagner ! Les autres n’ont aucune chance de rivaliser avec nous.

Le rôdeur se sentait maintenant assez en confiance pour confier un secret à son compagnon :

- Je n’ai rien perdu de mes capacités même si ce stupide bain m’a fait rajeunir d’une quinzaine d’années, je vous l’assure.

Kasumi poursuivit son chemin en sifflotant laissant le vieillard bouche bée.

Ho non ! Ho mais NON ! Ce gamin était donc un imposteur ? Un faux jeune ? Un faux-jeton !!! La surprise fut grande, la déception aussi. Et zut, le mage pensait enfin avoir trouvé un enfant qu’il appréciait ! Et oui : malin, impitoyable, malhonnête, que de qualités pour ce petit être qui se révélait plus grand d’âge que de corps. Cela faisait quelque minute que le devin sentait en lui une étincelle de bonté lui chatouiller l’âme. Il aurait voulu être autre chose qu’un monstre, il aurait voulut être un grand-père. Mais bon, tant pis. Ce sera dans une autre vie, peut-être. Quoi que…. Le visage de Manfred afficha un sourire mielleux et son regard témoigna d’une profonde bonté. Il suivit son compagnon et reprit la parole.
-On va peut-être faire une bonne équipe mais pour que les autres n’est pas une chance, il ne faut surtout pas les sous-estimer. Ne pas envisager la défaite, c’est déjà une erreur et nous ne pouvons pas nous le permettre.
Ceci dit, il hurla au corbeau de faire l’éclaireur. Le volatile se contenta de jeter quelques coups d’œil en bas, de temps en temps, alors qu’il continuait à poursuivre les pauvres mouettes.
-Mesdemoiselles ! Je veux juste copu… bavarder !
Le devin sembla ensuite plonger dans ses pensées, tout en marmonnant des choses incompréhensibles.

Kasumi poursuivit son chemin le sourire aux lèvres. Il ne se formalisait guère du discours inintelligible du mage. Les praticiens des arcanes avaient leurs mauvaises manies tout comme les rôdeurs qui entassaient des chaussettes sales dans leurs fontes de voyage jusqu’à pouvoir s’en faire un abri très pratique pour repousser animaux sauvages et brigands en maraude.

Le demi-elfe leva le nez vers le corbeau qui prenait son rôle dans la perpétuation de la race très au sérieux. Il décida de lui donner un petit coup de pouce et tendit son esprit vers un des volatiles auquel il vanta les charmes de Bataki en faisant preuve d’une compulsion irrépressible. Il sentit presqu’immédiatement que quelque-chose clochait.

- Oups !

L’animal charmé était en fait un mâle cormoran qui s’était mêlé aux mouettes. Il fondit sur Bataki avec l’empressement d’un amant fougueux.

-Ne fuyez pas ! Je suis un prince charment !
Décidément, ces mouettes ne savaient pas où était leur intérêt. Pas une ne voulait faire connaissance avec le corbeau. Ha si, une ! UNE ! YOUPI ! LA VIE EST BELLE ! Le familier aperçut la belle demoiselle fondre sur lui. Surprit, ravi, il l’attendit !!
-Ha, enfin ! Je n’osais plus espérer ! Ma très chère amie, je vais vous offrir le nirvana ! Heu… pas de précipitation, vous pouvez freiner !
PAF ! Les deux volatiles se percutèrent et l’instant d’après, ils se retrouvèrent dans les branches d’un arbres.
-Ha, le hasard fait bien les choses ! Ce sera parfait pour faire plus ample connaissance
-Je t’aime ! répondit le cormoran d’une voix des plus virile.
-Oups…
-Vas-y ! Parle-moi de toi, mon chou !
-Heu… que pourrais-je dire ?
-Si tu n’a rien à dire, c’est pas grave. Hihi !
-Si, si, j’ai quelque chose à dire ! SALUT !
Telle une flèche noire, Bataki sortit de l’arbre, laissant feuilles, plumes et branchages voler dans son cueillage.

Un avispecteur qui passait par là, les jumelles rivées sur ses yeux, nota ce jour-là dans son journal de bord:

"Importante découverte dans le domaine aviaire. Les cormorans se mettent à nicher dans les arbres, et à se nourrir d'autres espèces à plumes, notamment celles à plumes noires. J'ai aussi pu observer un corbeau qui survolait la mer en quête de son déjeuner. Comment ne pas y voir le signe de la reprise de l'éternelle lutte des éléments, de la terre contre la mer, du blanc contre le noir, du bien contre le mâle ? Ce phénomène de monde à l'envers laisse de plus augurer une Apocalypse imminente. Une seule solution pour s'en prémunir: acheter le hapeau à oiseaux de chez Casper, toujours moins cher !"

Bataki quant à lui, qui passait aussi par là, nota bien malgré lui, quelque part au niveau du subconscient de sa cervelle d'oiseau, pas très loin de la queue, qu'un littoral se dessinait sous ses petits yeux sournois, que cela ressemblait à une pointe, et même de fichtrement près au tracé grossier de la carte.

"Vous êtes arrivé à destination."
"Non, toi, on t'a virée de l'histoire, comme les mouettes."
"Vous êtes quand même arrivé à destination."
"Rien à foutre. On en reparle dans deux trois synapses, ok?"

Kasumi entendit la voix. Le demi-elfe savait qu’il s’agissait là d’une impossibilité spatiale et anachronique. Il s’en moquait. Le MJ lui fournissait l’occasion de tricher, il n’allait tout de même pas s’en priver. Appelons cela l’intuition pour les lecteurs, ou le narrativium…

Mais reprenons : le demi-elfe félicita le corbeau pour sa chance. Il ne savait pas comment aborder le sujet avec Bataki surtout qu’il venait d’échapper de justesse à un rapport douloureux non consenti :

- Euh… Plumeau, est-ce que tu vois un objet de forme phallique à proximité ?

-Plumeaux ? Mais pourquoi tu m’appel toujours Plumeaux ? C’est pas mon nom ça ! Moi, je m’appel Bataki ! B…A…T…A…K…I ! BATAKI ! BATAKI !
A ce moment là, le corbeau exécuta une chorégraphie aérienne de toute beauté.
-BATA…BATA…BATAKI !!! OUI !!! KI…TA…BA…BA…TA…KI… !OUI ! BA…BA…BA…TAAAAA…KI ! BA...BA…BA…TAAAAAKI ! OUI !
Il faut croire que cet acte offensa les dieux car un Boeing 737 sortit de nul part, percuta le familier, avant de retourner à nul part. Le volatile, assumé, fut propulsé dans les bras de Manfred (par hasard bien sûr) qui en fut fort surprit.
-Hein, quoi ? Mais qu’est-ce qui se passe ?

Si Bataki avait vu quoi que ce soit d'équivalent à un objet de forme phallique avant d'atterrir dans le giron de son propriétaire, ce dernier l'avait si bien "assumé" qu'il se trouvait pour un bon bout de temps hors d'état de répondre quoi que ce soit. Ne restait plus qu'à faire le travail soi-même.

Le rôdeur jeta un œil de dédain en direction de l’oiseau incapable de s’assumer qui avait fini son vol de reconnaissance dans le giron de son propriétaire. Il grommela un moment à propos des rôdeurs qui devaient tout faire par eux-mêmes et des familiers de mage complètement abrutis par une vie facile dans les tours confortables sans jamais voir le soleil où sentir l’air frais. Lorsqu’il eut passé quelques longues minutes à râler et à épuiser la très longue liste de noms d’oiseaux à sa disposition, il se mit à fouiller en commençant par le sol. Si les objets de forme phallique, laissaient des traces, il les débusquerait jusque dans leurs sombres tanières, ça oui !

De tanières, point. Il faut dire que le sable et les graviers du bord de mer se prêtaient mal à ce genre d'habitat, quoi qu'en puissent penser les rôdeurs élevés en plein air et au grain.

Il y avait tout un amas de rochers un peu plus loin sur la droite, à l'endroit où la plage se fermait en pointe ; certains avaient une forme conique très grossièrement satisfaisante, à force de se faire balayer par les courants. Il était néanmoins difficile d'envisager de les rapporter à la morveuse (fifi pour les intimes).

Il y avait des dunes couvertes d'herbes hautes et sèches, sur leur gauche. Elles pouvaient dissimuler quelque chose.

De même pour les hauts fonds entre les rochers, où un peu d'eau demeurait captive à chaque retrait de la marée.

Enfin, le sable contenait toutes sortes de coquilles vides, brisées et fragmentaires, et la vue d'une moule en ruine incita Kasumi à se demander si un coquillage ne pourrait pas faire l'affaire. Les candidats étaient juste un peu trop nombreux.

Bref, rien ne sautait aux yeux, et c'était du genre rageant. Le dessin représentait juste cette "forme", la noircissant à peine. A regretter de n'avoir pas plus apprécié le rose fushia.

Les vêtements du rôdeur furent rapidement gorgés d’eau et recouverts de vases à mesure qu’il explorait trous d’eau et rochers moussus à la recherche du Graal phallique dont la découverte serait assurément le point culminant de leur quête. Un récit qui serait conté pendant mille ans par les bardes à travers le monde. C’est guidé par cet espoir que le demi-elfe persistait frénétiquement à fouiller les coquillages, les classant par forme et par couleur en un empilement dont se jouait la marée. Pendant ce temps, là, magicien et corbeau semblaient répugner à venir se joindre à ses fouilles… Mais qui pourrait leur en vouloir ?

Se mouiller pour retrouver un objet sans intérêt pour le ramener à une fille sans intérêt pour une quête sans intérêt ? Hors de question ! Kasumi était et resterait le seul à barboter. On pourrait même dire, qu’il était et resterait le seul à fouiller tout court. Oui, Manfred avait oublié cette histoire de chasse au trésor et était en train de penser à tout autre chose. La plage…, ha, ça lui rappelait… rein mais tant pis, il avait quand même envie de faire quelque chose qu’il n’aurait jamais put réaliser dans un RP classique. C’était sa chance, son unique chance de… de... FAIRE UN CHATEAU DE SABLE !!!

Le magicien rangea son corbeau dans une poche (oui, les poches de magiciens sont pareilles aux inventaires des héros de jeux vidéo.) et alla à quelques mètres de l’eau pour débuter la construction de son édifice. Avec quoi ? Avec l’aide d’un sort : invocation d’un seau et d’une pelle. Une fois munit de ses outils en plastique jaune fluo, le vieil homme se mit à l’œuvre. Un château avec une multitude de tours, de murs, de fenêtres et de détailles incroyables… si tout se passait bien, il y aurait bientôt sur cette plage, le nec plus ultra du château de sable décoré, en prime, avec les coquillages que Kasumi était tranquillement entrain de classer.

La régression au stade oral, le nez et les vingt doigts dans le sable et l'eau salée, c'était une façon comme une autre d'envisager les fouilles, et le destin ne s'y arrêta pas pour si peu. Le rôdeur découvrit donc de magnifiques coquilles saint Helm, énormes, miroitantes, qui s'évasaient en éventail (en balai brosse, diront les mauvaises langues) et qui valaient un certain prix sur le marché des curiosités. Outre cela, il trouva une demi-coquille de moule dont les dimensions semblaient défier les statistiques, large d'une demi-paume, ainsi que des peaux de saucisson et des étrons séchés signalant un pique nique que le rôdeur put dater de sept jours six heures, à quelques effluves près.

Du côté du mage mal embouché, on désabla dans les fondations du donjon maître un goulot de bouteille étroit, d'un verre fumé de bonne facture qui semblait indiquer qu'il s'était jadis agi d'une bouteille de rhum.

Manfred brandit haut sa trouvaille et s’exclama : « youpi ! ». Allait-il bien ? Ou l’âge avait-il eut raison de sa lucidité ? A moins que ce ne soit la plage…. En tout cas, il y avait de quoi s’inquiéter, surtout si on observait son expression faciale pour le moins radieuse. Après ce moment de gloire, le magicien mit le goulot au sommet de la plus haute tour de son château, déjà bien avancé. Puis, il continu son œuvre. Oui, c’était une œuvre. Que dis-je ? Un chef-d’œuvre ! Il était en train de réaliser une véritable maquette miniature du château avec les trolls dans BG2, celui qui fait partit de la quête spécifique des personnages de classe guerrier. (Je sais plus son nom….)

Edit: le donjon De'Arnise voyons

HRP : désolé pour l'interruption !

Kasumi dédaigna superbement les talents d’architecte déployés par son vis-à-vis ; au lieu de cela, il poursuivit la catégorisation des étranges spécimens qu’offraient cette partie de la côte. Dorrandienne. Lui aussi semblait s’être désintéressé de la chasse à au trésor pour se concentrer sur le développement de ses aptitudes de naturaliste. Il s’en tirait bien, à quelques lettres près, la plage se verrait envahie de touristes aux coutumes étranges… Mais peut être faudrait-il en passer par ses extrémités pour excaver le symbole primal phallique qui les avait mené sur cette plage. Le demi-elfe commençait à y songer entre deux découvertes majeures qui révolutionneraient la connaissance scientifique du monde des invertébrés.

De naturistes aux attributs noirâtres, point. Le rôdeur et le vieux mage étaient seuls et bien seuls avec les goélands, le goémon, le vent, les mouettes, et quelques milliards de grains de sable plus ou moins volatiles selon leur degré d'humidité.

Ils avaient si bien retourné la plage que l'évidence commençait peu à peu à s'imposer : ils n'y trouveraient rien de plus que le trésor déjà mentionné. Peut-être était-ce suffisant ? Ils n'avaient pas vraiment exploré tout ce qu'il y aurait eu à explorer dans les environs, cela dit, mais encore aurait-il fallu qu'ils s'en soucient... Ils s'inquiétaient si peu de leur environnement que la marée montait, que la nuit tombait, et que le vent se levait. Aga.

Ho, misère… la marée montait…. Pauvre château de sable… A peine achevé, il fallait qu’il soit happé par les flots. Ceux-ci étaient-ils donc aveugle pour ainsi saccager une telle œuvre d’art ? Tant de travail pour rien…. Ho, château, le monde méritait de te voir, le monde avait besoin de toi et pourtant, c’est ce monde qui t’assassine ! Ho, château, tu avais donné une raison d’être à bien des grains de sable. Ensemble, ils étaient devenus quelque chose. Ensemble, ils étaient un tout. Ensemble, ils étaient fiers ! Ho, château de sable, symbole de jeunesse et de joie, à jamais tu resteras dans la mémoire de celui qui… qui… est déjà partit ? Mais… mais, Manfred, et le château ?! Tu ne le regarde pas disparaitre ? Manfred, mais arrête de t’éloigner ! Tu laisse Kasumi seul en plus ! MANFRED, répond au narrateur !!!! Bon, tant pis, voilà le magicien partit, sans un regard en arrière. Et moi, (qui ne suit rien) je regarde le château, lentement mais surement, redevenir ce qu’il était…. Peut-être serait-il utile, avant de clore se post, de préciser que le devin était devenu songeur. Il marchait sans regarder ou il allait. Il était… étrange.

Kasumi se secoua lorsqu’il sentit l’eau lui chatouiller les chevilles. Il était loin d’avoir achevé sa tâche que la marée s’ingéniait déjà à disperser les tas de coquillages, les rendant à leur nature sauvage et désordonnée. Dépité, le rôdeur baissa les épaules et pataugea vers la ligne de changement de marée. Il avait échoué sur toute la ligne. Victor se détournerait de lui. Taliesin se moquerait. D’un gros soupir il rejoignit son compagnon à la limite du topic et du suivant, dans ce no man’s land du RP où se perdent les liens cassés et les PJ entre deux quêtes, vagues trous noirs conciliants de toutes les incompatibilités spatio-temporelles...

Une possible part de l’histoire non jouée voyait Manfred et Kasumi tomber subitement (et par un hasard digne des intrigues au scénario bien pratique) tomber sur l’objet tant cherché et s’enorgueillir de la victoire arrachée face à l’adversité. Mais la réalité fut bien moins clémente pour les pauvres PJ…

(chuis bien d'accord, vous le méritez pas

)

La réalité se rappela à eux sous une forme inattendue, désincarnée, intangible, une réalité qui fleurait bon le paranormal. Une voix...

- Manfred !

Le vieux mage, perdu dans ses pensées, butta sur une racine et jura affreusement (nous épargnerons ces diverses injures colorées aux âmes sensibles et aux digestions fragilisées.)

- Oué ?! grogna-t-il.

- Manfred, tu ne peux pas partir !

- Ah... mais pourquoi ? Chuis un Pj libre, d'abord ! Et arrête de me faire parler comme ça!

- Parce que tu es venu pour faire quelque chose et que tu ne l'as pas fait, Manfred.

- Et alors ?

- ça s'appelle un échec. Tu n'as pas envie de repartir sur un échec ?

- T'es pas ma conscience, quand même ? J'ai pas de conscience, moi d'abord.

- Ta conscience ? Du tout, vieux schnock. Je suis l'illusion auditive produite par le sort divinatoire que tu viens d'invoquer.

- Parce que je viens d'invoquer un sort divinatoire, moi ?

- Bon c'est pas tout ça mais j'ai pas une durée illimitée, tu m'en veux pas ? Alors, hop, voilà ce que tu voulais...

Il eut alors la brève vision de l'amas de rochers à demi immergé et de l'écume qui s'y fracassait. Puis... Plus rien.

- ... A ciao bonsoir !

Plus rien.

Quoi ? Comment ? Que venait-il de se passer ? On dirait bien qu’il s’agissait là d’un scandale ! Manfred sentit une rage sans borne l’envahir. Lui, il venait de parler à l’insu de son plain gré. Et en plus, il s’était exprimé comme s’il était un… un… un jeune. Un jeune ? UN JEUNE ?!! HAAAAAAAA !!!! SACRILEGE !!! Personne ne fait parler Manfred, mis à part l’imbécile qui se connecte à ce forum foireux avec le compte d’utilisateur intitulé « Manfred ». Il fallait que quelqu’un paye ! Mais qui ? Le sort d’illusion auditive ? Non, il venait de se dissiper. Le MJ ? Non, non, très mauvaise idée. Le MJ est gentil. Oui, oui, pas touche au MJ qui est, dit-on, capable de balancer des cathédrale sur les vilains PJs. Mais alors, qui allait payer ? Le magicien regarda autour de lui et il vit… Kasumi évidement. Kasumi, le faut moreaux, qui avait osé commettre un acte odieux avant l’arrivé de Fifi. Ho, ho, ho, l’heure de la vengeance venait de sonner. Le vieil homme se calma et fixa son petit compagnon.
-Kasumi, j’ai eut une vision, déclara-t-il d’un ton solennel. Je sais où est l’objet. Retourne-toi, il est là-bas, dans cet amas de rochés que la mer ne va pas tarder à submerger. Vite, Kasumi, tu es le seul à pouvoir y aller, tu es la dernière chance de notre groupe. Nage, Kasumi, NAGE !!!
Et à ton retour, tu auras une surprise, pensa Manfred.

La Couronne de Cuivre

Course d'orientation: Vioc, piaf et pseudo-jeune (les noirs !!)

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