La Couronne de Cuivre

Bellatrix s'était levée matin. Elle s'agita un peu dans toute la maison, allant jusqu'à grimper au sommet de la tour pour réajuster son paratonerre. Puis, elle entreprit de battre les tapis si fort que la poussière sortit de la maison et provoqua un immense nuage.

Tout le remue-ménage avait réveillé Vel'Cheran. Le pauvre trouva Bellatrix assise aux pieds du lit, le visage très inquiet. Il n'eut pas besoin de lui demander ce qui la préoccupait que déjà, elle lui parlait à voix basse.

"J'ai peur ... j'ai peur de prendre une voix d'homme si je parle trop fort"

Or, Vel'Cheran avait plusieurs fois eu l'occasion de voir que les robes à multiples jupons de Bellatrix abritaient bien un corps de femme. Elle repartit de plus en plus inquiète.

"Je crois que ça peut arriver"

Vel'Cheran s'assit à côté d'elle et la prit dans ses bras, dissimulant son sourire du mieux qu'il le put.

Je suis sûr que cela ne peut t'arriver, tu sais... Ca n'arrive qu'aux prêtresses de Lathandre qui ont trop forcé sur la boisson, et ce n'est pas ton cas !

Bellatrix minauda, toujours pas rassurée.

"Ma maman me disait toujours : si tu bois de la hale, il va te pousser une paire de ... ouilles ... Et moi, j'attends. Oh, je ne suis pas du tout impatiente. Mais je pourrais peut être me tricoter une chaussette à trois doigts. Au fait, tu as bien été voir mon paratonerre ? Il paraît qu'il brille dans la nuit. Il me fait penser à ... un sabot"

Vel'Cheran hocha la tête en souriant, caressant les cheveux de Bellatrix.

Je l'ai vu, il est splendide les jours d'orage !

Bellatrix s'était blottie tout contre Vel Cheran, satisfaite. Elle resta ainsi, roulée en boule tel un chaton et Vel Cheran crut l'entendre ronronner. Quand soudain, la jeune femme s'écarta de lui et resta immobile quelques instants, scrutant soudain le vide. Puis, se tournant soudain vers le barde, elle le regarda de ses grands yeux émerveillés.

"Vel Chéri. Je crois ... je crois que la soupière me ... me fait des signes. Oh, je crois même qu'elle me parle. Mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle me dit."

Vel'Cheran fit mine de tendre l'oreille et de scruter la soupière, en vain.

Je ne vois ni n'entends rien, peut-être qu'elle ne réserve ça qu'à toi ?

Bellatrix avait tapé des mains et trépigné des pieds. Puis, elle s'était calmée doucement. Mais son visage était en proie à une peur intense. Ses yeux s'étaient soudain emplis de larmes et elle avait demandé.

"Tu crois que c'est parce que je deviens folle, Vel'Chéri ?"

Vel'Cheran prit un air rassurant ainsi que les mains de Bellatrix dans les siennes.

Si tu es folle, alors je le suis aussi, ainsi que tous les habitants de Toril. Tu es juste entourée de magie, et c'est ça qui te fait voir des choses invisibles pour le commun des mortels. Ce n'est pas de la folie, au contraire, c'est un don, un talent ! Tu devrais en être fière, Bella.

Bellatrix avait conservé son petit air malheureux. Elle ne semblait pas vraiment dans son assiette.

"Tu sais, les gens quand je passe dans la rue, je les entends parler. Ils disent que je suis folle. Il y a même des enfants parfois qui me lancent des pierres. Ils sont jaloux parce qu'il y a que moi qui parle avec des soupières."

Et elle finit par éclater en sanglots.

Vel'Cheran serra Bellatrix dans ses bras d'un air protecteur.

[color=#6666f]Ecoute-moi bien, nous allons convenir d'une chose, toi et moi : ne jamais faire attention à ce que pensent les gens de nous. Ils ne te connaissent pas, ils n'ont que des préjugés et ne savent pas que tu es magnifique, aussi bien intérieurement qu'extérieurement. Ils ne te connaissent pas comme je te connais, moi. Et leur opinion importe peu, non ? Pour moi, ce qui compte, c'est la façon dont je te vois. Et ça, tout ce que diront ou feront les gens n'y changera jamais rien. D'accord ?[/color]

Le barde sécha les larmes des joues de sa compagne et l'aida à se redresser.

[color=#6666f]Allez, que dirais-tu d'aller repeindre le téléscope en mauve ? Je suis sûr que ça nous permettrait de mieux voir ce qui se passe à Melandis.[/color]




HRP : oui, je suis de retour ! Pour combien de temps, je ne sais pas encore, ne t'attends pas forcément à des posts très réguliers, mais sait-on jamais.

Bellatrix se mit à sauter en piaillant à qui mieux mieux. Heureuse. Son Vel Chéri la comprenait. Et elle l'aimait.

"Oui, repeignons notre télescope en mauve. Et je pense aussi que nous pourrions dessiner des soupières dessus. Et puis des soucoupes, des soucoupes volantes. Il faut vite aller chercher une échelle. Je suis contente que tu aies eu cette idée."

Le barde acquiesça en souriant.

Je m'en vais de ce pas aller chercher cet élément indispensable à notre quête !

Dégainant Reytarh, il prit une posture conquérante, main gauche sur la hanche, pied droit en avant, fer dirigé vers le ciel. On eût dit un navigateur qui, après des semaines en mer, mettait le pied sur un nouveau continent ; un chevalier attaquant des moulins ; un orc réussissant à écrire son nom. Bref, il trouvait qu'il en jetait.

Et lorsque notre dessein sera accompli, nous pourront dire à propos des soupières : "et pourtant, elles tournent" !

L'air fier, le jeune homme se dirigea vers les escaliers afin d'aller chercher une échelle à la cave.

"Et accroche toi au pinceau, j'enlève l'échelle. Regarde Vel Chéri, j'arrache des pellicules d'air."

Joignant le geste à la parole, elle se mit à courir à travers la pièce, attrapant des particules invisibles. Ceci fait, elle les goba avec un grand air de contentement.

"J'y pense, Vel Chéri, j'ai entendu dire qu'une pâtisserie avait ouverte non loin de chez-nous. Pense-tu que nous pourrions y faire un tour ?"

Au mot "pâtisserie", le sourcil droit du barde se leva brusquement. Des étoiles dans les yeux, il se rappela l'époque, désormais lointaine, où il exerçait encore son métier, dans la région d'Iraebor ; il avait alors l'habitude de se produire dans une auberge bien particulière où le cuisinier était aussi un pâtissier hors-pair, et le rémunérait avec des spécialités mémorables. Il se surpris à regretter d'avoir abandonné son métier d'origine. Un jour, peut-être, qui sait...

Revenant à l'instant présent, il se tourna vers Bellatrix et se fendit d'une courbette.

Mais très certainement, Bella. Nous n'allons pas laisser ce pauvre artisan la bourse vide et les étals pleins. Vidons au moins ses étals, nous verrons ensuite pour la bourse.

HRP : tu n'utilises plus ta couleur pour les dialogues ? :p