La Couronne de Cuivre

Des réveils sont parfois un peu délicats. Des fois, l'impression tenace d'avoir été piétiné par un troupeau d'éléphants juste avant l'endormissement prédomine. Ou avoir servi de tambour à un percursionniste fou. Ou a un troll. Ou un des sbires de la guilde des Musiciens.*
La plupart des réveils se font ordinairement dans un lit, aussi. Et pour Zerthan, souvent en bonne compagnie -quoique temporaire- . La compagnie était là, certes. Mais deux montagnes de muscles patibulaires se montrent généralement beaucoup moins agréables que des demoiselles. Surtout lorsqu'ils ils vous encadrent, autant pour pas glisser que pour vous dissiper l'envie d'aller voir ailleurs - de préférence loin d'eux - si le paysage était pas plus accueillant. Zerthan était à ce qu'il semblait dans une vieille carriole vétuste, qui cahottait sur un petit chemin empierré, dans un paysage de hautes collines verdoyantes. Et passablement loin d'Ankh Morpork, pour autant que l'absence d'odeur de l'atmosphère pouvait l'indiquer.
Certains matins sont sous de meilleurs auspices que d'autres...



* ce qui, très objectivement, ne fait pas de différences notoires. Mais à la différence, dans ce cas on peut retrouver l'instrument dans un endroit fort peu accessible.**


** tout l'intérêt alors est de jouer d'un instrument de petite taille

Zerthan,se posa la question habituelle, voire journalière: qu'est ce qu'il fichait là? Il chercha au fin fond de sa mémoire, mais rien de potable n'en sortait....
Ah , une fille. Mais était-ce la bonne fille? Il repoussa des idées personnels et regarda le chemin, l'air vide...

La route s'est poursuivi de façon fort maussade pour le jeune homme. Ses chaperons n'étaient pas décidés à mener la conversation, du moins vocalement, et leur présence rappellait au jeune homme qu'ils avaient bien eu d'autres moyens de discuter. A coups d'arguments percutants à n'en pas douter.
Et qu'ils étaient sans doute prêts à recommencer, vu que ça faisait partie de leur travail.*
A un moment, toutefois, le trio s'est arrêté. Plus précisément, Rhonin, s'est arrêté net, projeté avec peu de douceur hors de la carriole, pour atterir dans l'herbe.

"Fin du voyage, p'tit. Considère qu't'a eu d'la chance. Monsieur Fredderson n'aime pas beaucoup qu'on approche trop de sa fille."

Un ricanement.

"En tous cas, j'espère que l'air de la campagne te fera du bien; m'est d'avis qu'tu ferais mieux de t'y faire et de l'apprécier. La prochaine fois, on sera moins gentils."

Le moins bavard des deux a claqué les rennes, et ils se sont ébranlés sur le chemin. Rien à l'horizon. Aucune trace d'habitation ou de civilisation visible à des lieues à la ronde. Non, vraiment, pour Zerthan, un sale matin.

* ça et une prime supplémentaire qui leur avait été généreusement accordée pour qu'ils accomplissent bien leur tâche.

Combien de fois il s'était déjà fait jeté? Un bon nombre, car tel était le mode de vie du barde. Il resta dans l'herbe pendant cinq minutes, le temps de se remémorer ses dernières actions...

Les arguments l'avait bien secoué, car il ne se rappelait de rien.Et maintenant que faire? Un coup d'oeil aux alentours lui donna envie de se pendre:
Rien, rien de rien ,mais vraiment rien... Il pouvait discerner plusieurs routes, mais laquelle prendre, et pour aller ou? c'est ainsi que commença la recherche des insignes...