La Couronne de Cuivre

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

La femme le mena jusqu'à une maison de taille modeste, située au pied d'un arbre poussant au cœur du village. Elle le fit pénétrer dans la salle principale, meublée du strict nécessaire : une table à tréteaux, deux bancs, un coffre.
Enfin, elle se tourna vers lui, le toisa sans aménité.
-On vous offre une chance de faire vos preuves, et tout ce que vous nous offrez, c'est une mine d'enterrement. Ah, qu'on ne s'incline pas devant vous, qu'on ne vous baise pas les pieds immédiatement, qu'on ne vous célèbre pas comme nos sauveurs, cela vous fiche un coup, n'est-ce pas ?
Elle fit la moue.
-Je pense que vous ne méritez pas la chance que notre chef vous a laissée. Néanmoins, je ne me permettrai pas de remettre ses ordres en cause. J'attendrai juste que vous échouiez.
Des pleurs montèrent d'une pièce voisine. Des pleurs de bébé.
-Vous savez changer des langes ? lâcha-t-elle froidement.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi ne chercha pas à fuir le regard de l'elfe. il ne voyait pas les choses de la même façon : on ne leur avait pas offert une chance, on les avait arrêté, enfermé et menacé de mort avant de leur dicter des conditions déloyales. Certes, la chef des elfes leur avait fait entrevoir une échappatoire mais c'était bien loin d'être suffisant pour qu'il se montre reconnaissant. D'une voix neutre, il répliqua à la question de l'elfe en se dirigeant vers la chambre :

- Non, je n'ai jamais eu à m'occuper d'enfant si jeune. Mais je sais appliquer des pansements, ça ne doit pas être si différent. Si vous voulez bien me conseiller pendant que je m'acquitte de cette tâche...

Il se dirigea résolument dans la direction d'où venait les pleurs, sans rechigner. il n'était pas obligé d'apprécier les épreuves qu'il vivait comme une insulte mais il était bien décidé à s'en acquitter au mieux de ses possibilités.

-Arrêtez-vous, lui intima-t-elle à voix basse. Je n'ai pas envie que vous réveilliez ses soeurs, pour peu qu'elles dorment encore.
Elle le dépassa, franchit la tenture qui les séparait de la pièce voisine, reparut quelques instants plus tard, le bébé dans les bras. Elle gagna la table, déploya une épaisse couverture, déposa le nourrisson dessus. Il dégageait un fumet rien moins que délicat...
-Ce n'est pas une chose très compliquée : on va voir comment vous vous en sortez, reprit-elle en lui tendant des langes propres. Ah, auparavant...
Elle défit ses liens.
-Au cas où des idées malvenues vous traverseraient l'esprit... souffla-t-elle. Je suis à même de vous tuer en un instant. Que vous ayez un otage où non.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le rôdeur ne se donna même pas la peine de relever cette nouvelle insulte faite à son intégrité. L'elfe avait peut être peur pour la vie des enfants confiés à sa garde, peut être les siens même s'il en doutait. Quoiqu'il en soit, Kasumi aurait bien été incapable d'attenter à la vie d'êtres aussi innocent, sa vie fusse-t-elle en danger.

Il reporta son attention sur l'enfant en pleur et défit délicatement ses langes, ne se formalisant pas de l'odeur répugnante. On ne passait pas autant de temps au milieu des animaux ou dans la nature avec un nez trop délicat pour supporter les effluves nauséabonds. De plus, il savait bien que cela faisait partie du test. Il replia les linges souillés et s'empara de ceux que lui tendait l'elfe. il avait observé la façon dont ils étaient liés entre eux pour former une couche protectrice et s'efforça de reproduire d'instinct après avoir nettoyé au mieux les fesses sales du bébé.

- Est-ce ainsi qu'il faut procéder ?

L'elfe observa le travail effectué.
-Il y a de l'idée. Mais vous n'avez pas assez serré : ainsi, les langes ne tarderont pas à se défaire, et la prochaine fois, ce n'est pas seulement eux qu'elle souillera. Les draps aussi y auront droit... et ce sera à vous de les laver. Je suis donc bien bonne en vous permettant... de recommencer.

RP : Retour à l'abri

Kasumi serra les dents pour ne pas relever le ton condescendant de l'elfe et se contenta de défaire les linges avec douceur. L'enfant fragile dont il devait s'occuper n'avait pas à payer pour le comportement sans honneur des adultes de sa communauté. Il replaça les linges avec soin, les serrant cette fois-ci davantage tout en prenant garde à ce qu'ils ne compriment pas l'enfant. Puis, comme il jugeait que le tissu tenait solidement en place, il se surprit à croiser le regard innocent du bébé et à lui adresser un pauvre sourire. Avisant l'elfe, son sourire se figea et il recula d'un pas sans un mot.

L'amazone se pencha sur l'enfant, examina avec soin ses langes... et secoua la tête.
-C'est mieux. Mais là, vous avez trop serré. Pas au point de lui faire mal, non. Mais assez pour qu'elle ne soit pas vraiment à son aise, qu'elle soit gênée si elle se tortille. Ce qui entraînera des pleurs avant peu, puisque c'est son seul moyen d'expression. Et ces pleurs, vous seriez chargé de les apaiser, comme vous seriez chargé de rendormir ses soeurs réveillées par le bruit. Etant bienveillante, j'essaie de vous épargner cette tâche... et vous autorise donc à recommencer.

RP : Retour à l'abri

Ayant du mal à percevoir la bienveillance de l'elfe à son égard, le rôdeur s'approcha à nouveau et recommença une nouvelle fois, imperturbable, serrant cette fois-ci le tissu légèrement moins fort tout en vérifiant qu'il tenait bien en place. Il répugnait à ce que l'enfant serve de cobaye au test imaginé par les amazones aussi lui sourit-il à nouveau avec bienveillance. Cette fois, il resta près de la table, attendant les instructions ou les récriminations de sa geôlière. La journée promettait d'être longue.

Elle recommença son manège. Mais cette fois, elle ne secoua pas la tête, sourit au contraire.
-C'est parfait. Vous aprenez vite, c'est une bonne chose. Malheureusement, j'ai une mauvaise nouvelle pour vous : elle vient de refaire. Si nous la recouchons dans cet état, elle ne s'endormira pas. Seriez-vous assez aimable pour prendre ces autres langes propres, là-bas, et la changer à nouveau ?

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi ne répondit pas au sourire de l'elfe. Il ne faisait pas ces efforts pour lui faire plaisir ou quémander des récompenses. Sans un mot à nouveau et sans hâte excessive, il alla chercher les linges propres et revint vers la table pour retirer les linges souillés et les remplacer à nouveau. Cette fois-ci, il recommença l'opération en répétant scrupuleusement les mêmes gestes et vérifications que lors de sa dernière tentative. Ce n'était pas si compliqué une fois qu'on avait assimilé la bonne pression. Bien moins que de donner les premiers soins face à une hémorragie en tout cas.

- Où mettez-vous les linges sales ?

-Ses sœurs et moi les lavons au fur et à mesure, répondit-elle en reprenant l'enfant dans ses bras. Je n'en ai pas une quantité infinie, et ils se salissent à une vitesse incroyable. Nous nous en occuperons tout à l'heure.
Elle disparut dans la pièce voisine. Y resta quelques minutes avant d'en ressortir, sur la pointe des pieds.
-Dites-moi... souffla-t-elle en laissant retomber la tenture. Pensez-vous qu'une femme aurait été plus appropriée à la tâche que vous venez d'effectuer ?

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi haussa les épaules et répondit à voix basse pour ne pas risquer de réveiller les enfants. voilà qu'on en revenait à la question principale qui semblait tant tarauder les amazones. Il répondit d'une voix neutre mais sincère :

- Je ne pense pas, non. Où cela nous mène-t-il ? M'occuper de mes enfants ne me gênerait pas si un jour j'en avais. Ce genre de tâches n'est pas particulièrement difficile. Le genre de tâches que l'on confiait aux apprentis chez moi, qu'ils aient été hommes ou femmes. Evidemment, il y avait bien plus d'animaux dont s'occuper que d'enfants. Mais dîtes-moi ? Est-ce un hasard si vous ne vous occupez que de petites filles ?

La matrone le dévisagea, incrédule.
-N'avez-vous donc rien écouté de ce qu'a dit notre chef ?
Elle leva les mains en un geste d'impuissance, comme si elle avait déjà renoncé à tirer quoi que ce soit de Kasumi.
-Nous tuons tous les bébés mâles, fit-elle alors, sèchement. Nous les castrons, nous les dépeçons puis nous livrons leurs dépouilles encore frémissantes aux chiens.
Elle le gratifia d'une moue de mépris.
-C'est cela que vous auriez aimé entendre, n'est-ce pas ? Pour vous conforter dans l'idée que nous sommes des monstres... Et bien non, désolé, il n'en est rien. Tous les mâles de notre clan se sont rebellés contre nous. Tous. Et ceux qui étaient trop jeunes pour le faire, bébés ou enfants en bas-âge, leurs aînés nous les ont arrachés. Nous n'avons pu sauver que les filles, et encore le prix fût-il terriblement élevé. Le père de mes petites-filles, mon propre fils, a tué son épouse qui tentait de les protéger de lui. Je me suis enfuies avec elles. C'est un miracle que toutes les trois en aient réchappé.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi écarquilla les yeux d'horreur cette fois-ci et sa voix refléta pour la première fois une émotion lorsqu'il répondit. La scène décrite par l'elfe était atroce et il n'osait imaginer ce qu'elle avait ressenti en voyant sa famille ainsi déchirée avec pour enjeu la survie des enfants. Cela ne justifiait pas à ses yeux la mascarade dont ils étaient victime mais au moins pouvait-il comprendre l'origine de leur méfiance.

- Détrompez-vous, si vous m'aviez donné cette réponse, je pense que je ne serais pas resté une minute de plus à essayer de gagner votre confiance. Je suis désolé pour ce qui est arrivé à vos enfant et petits enfants, à tous.

Elle se détourna.
-Bah, les garçons sont bien traités, je n'en doute pas un instant. Bien traités et éduqués dans l'intime conviction de leur supériorité naturelle. C'est les filles que nous devions impérativement sauver : elles auraient été élevées en esclaves.
Elle avait rassemblé les langes souillés en un tas informe.
-A présent, il faut nous occuper de ça. Je ne peux m'absenter, au cas où l'une des trois se réveillerait. Vous, il va falloir que vous alliez puiser de l'eau à la rivière qui coule en bordure du village. Vous avez un seau ici.
Elle le scruta une seconde.
-Bon, et une fois n'est pas coutume, je vais vous épargner les mises en garde.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi ne se donna pas la peine de relever. Il n'avait aucune intention de fuir et l'elfe aurait du le savoir. D'une part, il ne partirait jamais sans Astrée et Première Neige et d'autre part il savait qu'il n'irait pas loin dans ces bois qu'il ne connaissait pas à supposer qu'il parvienne à tromper la vigilance des gardes elfes qui devaient n'attendre que ça. il se saisit donc du seau et sortit sans un mot. se dirigeant directement vers le puits, il le remplit tout en regardant autour de lui. Ne pas vouloir s'échapper ne signifiait pas que toute information qu'il pourrait glaner sur le village et ses habitantes ne pourrait pas se révéler utile.

Le cours d'eau qui jouxtait le village tenait plus du ruisseau que de la rivière, tant il était étroit. Mais son onde, raiche et claire, s'avéra d'une incroyable pureté, ce qui changeait des ruisselets boueux que le rôdeur et ses compagnons avaient pu parfois croiser dans le sous-bois. Sans doute était-ce l'une des raisons qui avaient convaincu les amazones de s'installer ici.
Face à Kasumi, la jungle plongée dans les ténèbres était animée d'innombrables sons : froissement de brindilles ou de feuilles, craquements de branchages, battements d'ailes, feulements étouffés... La forêt bruissait d'une vie intense que la nuit n'avait en rien atténuée.
Derrière lui, les maisons du bourg étaient obscures et silencieuses. Aucune sentinelle n'était en vue nulle part.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Qu'il n'y ait pas de sentinelles visibles ne l'étonnait pas. Les elfes pouvaient compter sur la vigilance de leurs familiers et la forêt dense pouvait cacher des gardes même aux yeux exercé du rôdeur. Kasumi s'abreuva rapidement au ruisseau, se rendant compte que cela faisait des heures qu'il n'avait rien bu. Puis il remplit le seau et se dirigea vers la hutte qu'il avait quittée en faisant attention à ne pas en renverser. Il entra sans toquer à la porte, se disant qu'il valait mieux risquer de ses montrer impoli que de réveiller les bébés.

La matrone l'attendait.
-Vous en avez mis, du temps... lâcha-t-elle. Enfin, c'est votre affaire, puisque vous ne pourrez vous reposer qu'une fois les langes nettoyés. Vous trouverez tout le nécessaire ici. Et votre lit est là - elle désigna une paillasse neuve et des couvertures, près du mur. De mon côté, je vais dormir. Les petites me réveilleront bien assez tôt. Ah, et si vous avez faim, il y a de quoi faire un casse-croûte sur la table.
Elle le salua d'un simple geste, puis disparut dans la pièce voisine. Le rôdeur remarqua effectivement du pain, de la viande séchée, du fromage et des fruits posés bien en évidence.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi délaissa la nourriture malgré la faim qui fit gronder son estomac. Il préférait en finir avec les tâches peu ragoûtantes qui lui avaient été confiées pour profiter un peu mieux de son repas solitaire ensuite. La paillasse avait l'air correcte mais il appréhendait de passer une nuit seul à se morfondre. Il savait déjà que malgré la fatigue accumulée, la tension ne lui permettrait certainement pas de dormir profondément. Rejetant ces préoccupations à plus tard, il s'empressa de mettre l'eau qu'il avait rapportée à chauffer. Il fut satisfait de trouver du savon et une bassine destinée au lavage. La tâche ne lui pris qu'une vingtaine de minutes et il s'appliqua à rendre les langes aussi propres que possible ensuite de quoi il les suspendit pour les mettre à sécher. Il ressortit ensuite se laver les mains au ruisseau avant de songer à manger. Malgré son manque d'enthousiasme à manger seul, il découvrit bien vite que son corps n'était pas en accord avec son idée de diète et il dévora la nourriture laissée à son intention. Ensuite de quoi, il s'installa sur sa paillasse, peinant à fermer les yeux tant les idées angoissantes à propos du sort de ses compagnons se bousculaient dans son esprit et faisait fuir le sommeil mais pas la fatigue.

Malgré tout, et contrairement à ses craintes, il tomba comme une masse, sombra dans un profond sommeil à peine quelques instants après s'être étendu.
C'était une chose positive, en soi.
Ce qui le fut moins... Ce fut le réveil. Kasumi ouvrit brutalement les yeux avec la désagréable impression de les avoir fermés tout juste quelques instants plus tôt. Non loin de lui, un bébé braillait. Tout près, des voix enfantines discutaient avec animation... et énergie.
Le vacarme était assourdissant.
-Les enfants vous apprennent à être matinaux, expliqua la matrone en manière de salut. Même si, souvent, les hommes font semblant de ne rien entendre et reste à paresser au lit tandis que les femmes s'activent.
Elle avait le nourrisson dans les bras. Près d'elle, deux petites filles elfes, très jeunes, dévisageaient le rôdeur et commentaient son apparence. Elles avaient l'air aussi intriguées que ravies.

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Un regard rapide à travers la fenêtre lui apprit que l'aube était encore loin cependant le rôdeur avait tout sauf envie de donner raison à la vieille mégère. Il aurait été bien incapable de retrouver le sommeil qu'il avait brutalement quitté étant donné l'attention dont il maintenant l'objet. Il se redressa sur sa paillasse et fit un effort pour repeigner sommairement ses cheveux sans doute ébouriffés. Ses yeux lui piquaient mais il se retint de les frotter et se leva. Il répliqua d'une voix amusée :

- Bonjour les enfants... Non, je ne suis pas un monstre. Enfin, pas quand j'ai bien déjeuné.

-Cela reste encore à déterminer... fit la matrone sur le même ton.
Puis elle enchaîna sans lui laisser le temps de répondre.
-Il va falloir servir le déjeuner aux petites. Tout le nécessaire se trouve sur les étagères, là-bas. Ensuite, vous devrez aller tirer du lait pour le bébé. Les chèvres sont dans un petit abri, à une ruelle d'ici. Ah, et auparavant, il faudra le changer, je le crains.
Elle s'autorisa un sourire.
-Bientôt, comme moi, vous envierez l'énergie dont les enfants disposent si tôt matin.
Les petites, elles, continuaient à l'observer. Elles semblaient peu farouche... Peut-être en aurait-il été autrement si le mâle auquel elles avaient affaire avait été un elfe.

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Le rôdeur ne se laissa pas abattre par les tâches qui l'attendaient même s'il avait compris que son propre déjeuner devrait attendre. Il se dirigea vers les étagères avec l'intention de nourrir d'abord les petites bien éveillées. Il n'avait qu'ne vague idée de ce que deux gamines de leur âge engloutissaient pour le petit déjeuner mais il tâcha de l'estimer en se fiant à ses souvenirs bien lointains. Il découpa quelques tranches de pain qu'il se mit en devoir badigeonner généreusement de confiture avant de les poser devant les petites. Il leur fit les gros yeux avant de parler d'une voix amusée :

- J'espère que vous avez faim parce que cette confiture a l'air délicieuse. Méfiez-vous parce que si vous n'avez pas fini à mon retour, je les mangerai...

Il ne s'éloigna de la table que lorsque les deux petites s'emparèrent de leur première tartine, les tenant à l'oeil. Il se saisit rapidement de la couverture et de langes propres laissés dans un coin avant de se retourner vers l'elfe pour lui demander où il pourrait s'acquitter de sa tâche sns gêner les petites. Une fois changé, il irait traire la chèvre, probablement la moindre de ses tâches.

L'elfe lui indiqua la chambre. Celle-ci était occupée par une grande paillasse qu'elle devait partager avec ses petites-filles. Au pied du lit se dressait un berceau de bois artistement sculpté. C'était la seule trace de décoration dans cet intérieur simple et utilitaire.
Quand il revint, l'enfant propre et consciencieusement langé, la matrone lui donna quelques précisions sur l'emplacement de la bergerie... et un seau, incidemment. Kasumi n'eut aucun mal à trouver l'endroit : c'était une cabane similaire aux autres, à peine plus grande. l'odeur qui en émanait, cependant, l'identifiait assez.
Une douzaine de chèvres y résidaient. Et si Kasumi avait pensé que la tâche de les traire serait aisée, il déchanta rapidement : d'une taille impressionnante, les animaux semblaient aussi dotés d'une agressivité peu commune. Il avait presque cru les entendre gronder d'un air menaçant, à son entrée...
En tout cas, leurs cornes, longues et effilées, étaient rien moins que rassurantes.

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Le comportement des chèvres était tout sauf habituel mais le rôdeur ne savait pas à quoi l'attribuer de leur race légèrement différente de celles qu'ils connaissaient, de l'étrange influence magique de l'île ou du fait qu'il était un étranger avec l'odeur de la louve sur lui. Toujours est-il qu'il tenta une approche prudent de leur enclos. Sa présence ne faisant rien pour les calmer, il choisit d'étendre prudemment son esprit vers la plus proche pour tenter de comprendre ce qui les rendait si agité. S'il parvenait à la contacter, il essaierait de lui faire comprendre qu'il était là pour soulager ses mamelles douloureuses de porter tant de lait.

Comme de coutume sur cette île, les choses furent plus ardues qu'elles ne l'auraient dû. Un peu plus, en tout cas : car la proximité de l'animal qu'il avait ciblé facilita le contact. Mais il fut tout de même distrait par l'attraction exercée par les esprits des autres membres du troupeau.
Ce qu'il apprit de la chèvre, c'est qu'elle ne l'aimait pas. Pas du tout. Pas du tout, du tout, du tout.
D'abord, il avait une odeur de fauve. Le genre de fauve sur lequel on fonce pour l'encorner avant qu'il n'ait eu le temps de griffer ou de mordre. Ensuite, même si, d'apparence, il n'était pas un fauve, il n'avait rien en commun avec les bipèdes fréquentant l'endroit : il n'était pas de la même espèce... et pas du même sexe. Non, il était du sexe de ceux qui ne savaient pas traire, faisaient mal et se vengeait de leur maladresse en cognant les animaux.
Bref : elle le haïssait déjà.

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Kasumi était quelque peu décontenancé par une telle réaction d'hostilité mais ne se laissa pas décourager par ce premier échec. Il tenta de renouveler le contact tout en s'approchant à nouveau de la barrière et en envoyant des images apaisantes de soins, de massage et de traite sans douleur qu'il puisa dans ses souvenirs. Il ne voulait pas renoncer malgré la difficulté non pas parce que les elfes pourraient croire en sa mauvaise volonté mais parce que sa fierté de rôdeur était engagée.

L'animal le fixait avec attention, mais son hostilité ne diminua que très légèrement. La méfiance demeurait : il n'avait pas changé d'odeur, il n'avait pas changé de race ou de genre. Et, peut-être avant tout, les images qu'il lui transmettaient lui semblaient probablement étranges : les techniques, les soins devaient insensiblement différer de ce qu'elle connaissait, ce qui provoquait trouble, interrogation... et méfiance. On y revenait toujours.

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Kasumi tenta une autre approche lorsqu'il avisa que de la nourriture était stockée à côté de l'enclos. Il trouva un peu de sel gros qu'il mit au creux de sa main avant de revenir vers la chèvre rétive. il tendit sa main à travers l'enclos et tenta de renouer le contact, lui signifiant qu'il n'y avait aucun danger, que le sel était un présent, qu'il n'avait aucune intention de lui faire de mal. Une nouvelle fois, il dut faire appel à toute sa concentration pour ne pas laisser son esprit divaguer.

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Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 7.

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