La Couronne de Cuivre

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

La jeune elfe précéda Zaiu dans les "ruelles" de la bourgade, qui ne différaient guère, excepté les bâtiments construits au sol, d'un sous bois ordinaire. Et c'est justement vers l'une de ces constructions qu'elle l'entraina. Une petite maison simple et fonctionnelle d'aspect, dont la pièce principale était dépouillée, meublée du strict nécessaire : une table, une chaise, quelques étagères...
-D'où viens-tu ? s'enquit-elle sans préambule. D'une cité ? D'une forêt ?

Les voyages forment la jeunesse comme on dit. Bon, la formation de Zaiu avait pris une allure et une tournure plutôt ... brusque et précipitée. Précipitée comme sa décision de fuir son village ; Brusque, comme tout ce qui s'est déroulé jusque là. La traversée du village avait laissé une étrange impression à Zaiu : il y avait des similitudes flagrantes entre chez lui et le village des amazones (même si celui-ci est situé à la jonction de différents plans d'existences inter-connectées et aux inter-dépendances nombreuses en matières de flux dont il constituait le point de rupture de charge*). Dans le même sens, la question de la jeune demoiselle fit s'interroger le jeune aventurier sur lui-même. Cette question, en ces lieux, était comme si un soudain flash back lui fit prendre conscience de l'énormité de ces actes ! Peut-être ne reverrait-il plus jamais sa Lorien natale ! Lorien habitée d'êtres mystiques et lieu de résidence de sa famille et de la fille de la rodeuse ! Ben pur l'instant, il trouvait ça plutôt cool ! En effet, il trouvait la situation attrayante et incongrue : quand on y réfléchit bien, quelle est le pourcentage de chance de se retrouver en tête à tête avec une jolie fille dans un village sécurisé après un exil, une attaque pirate, un naufrage, une lutte contre des morts-vivants et Astrée qui se transforme en truite ?

il sourit donc et dévisagea avec ravissement la demoiselle dont l'aspect "sauvage" le fascinait.

Zaiu vient d'une foret loin par-delà la mer ... Mais il ne saurait t'indiquer la direction.
Les arbres y sont différents et les changements de températures moins fréquents. Pour le reste, On dirait qu'on a, à quelques choses prés, le même mode de vie : des rôdeurs protecteurs qui menacent le Mal de leur flèches acérées ! Quel dommage qu'on m'aie désignée pour la négociation de fourrures ... Zaiu a plus de potentiel que ça ! Il veut aussi cogner les vilains !

Heu ... Pardon ... Zaiu s'égare dans ses souvenirs. T'as ton aussi désignée pour une fonction ?

Beurk, du vocable géographologique ><

L'elfe secoua la tête.
-Non. Ici, on encourage les enfants à découvrir toutes les formes d'activité, tous les métiers possibles. Cela leur permet de voir ce qu'ils préfèrent, ce pour quoi ils sont doués... et de faire leur propre choix en toute connaissance de cause. On n'impose pas de fonction. A personne.
Elle l'observa, attentive.
-Mais si tu viens d'un village similaire au nôtre, dis-moi... Quelle y était la place des femmes ?

Chacun est libre d'explorer et choisir sa voix ?!

Et bien, chez nous, d'ailleurs, Zaiu pense que c'est plus petit qu'ici, c'est surtout la tradition qui est importante. les métiers sont réparties en famille. Pourquoi ?! Aucune idée mais la question de l'inégalité des hommes et des femmes ne se posent pas : homme ou femme, il faut assumer le métier paternel ... ou maternel, le choix se restreint à ça.

Ce village était vraiment traumatisé par le statut des femmes. Zaiu craignait que le débat se dirige vers la contraception ou sur les techniques d'avortements en Lorien.

Et du coup, tu te destines à quel fonction ?

Si Zaiu avait pu choisir ... Non, il aurait ouvert un harem ... Ca ne serait pas passer de toute façon ...

-Je te le dirai peut-être, le moment venu. Mais, pour l'heure, si tu le permets... c'est moi qui pose les questions.
Elle ne le quittait pas des yeux.
-Le système en vigueur dans ton village ne manque pas d'avantages, surtout au niveau de l'égalité qu'il préserve entre les sexes. Mais j'imagine qu'il suscite bien des frustrations... D'ailleurs, est-ce pour échapper à ce métier de négociant qui ne te convenait pas que tu as quitté ton village ?

Ce n'est pas Zaiu qui pose les questions.

Il répéta cette assertion à vive-voix comme pour se rappeler qu'il était captif. Puis voila l'inévitable question sur son passé récent ... Dire la vérité ? C'est vertueux ! Mentir ? C'est Mal mais bon ... En même temps, les matrones avaient l'air perspicace. De plus, il n'avait pas l'aisance de langage de ses compagnons, il serait vite mener en bateau été amener à se contredire. Enfin, mentir à une si jolie fille, ça se fait pas !
C'est donc avec une gêne apparente, après avoir déglutit, qu'il se jeta à l'eau et avoua son terrible secret.

Écoute, ce que je vais te dire, je ne l'ai jamais raconté. Et si possible, j'aimerais que ça ne s'ébruite pas trop : Zaiu n'est pas très fier de lui...
Dans le village de moi, deux familles se disputent le commandement. Après des décennies de conflit, une Cérémonie de Réconciliation avait été organisée : la réconciliation, c'était un mariage de Zaiu avec une des filles de l'autre famille...

Il chercha ses mots

... Et aussi la négociation de fourrures (mine réjouit)

Mais ça, c'était avant le drame bien entendu ... Tous sont restés sourd à mes protestations ! Parce que de part la jeunesse de Zaiu, il n'avait pas voix au chapitre ! N'importe quoi ! Zaiu ne voulait pas être marier avec n'importe qui pour 800 ans ! En signe de révolte, je ... Je ...

Il marqua une pose, repris son souffle, ferma les yeux et :

On m'a surpris dans le lit d'une autre le soir de mes épousailles ! La cérémonie a dégénéré et je me suis enfuis !

Ha !!! Ca y est, Zaiu l'a dit ! Il a avoué !

...

... ...

Ca va un peu mieux en le disant ...

A voir le haussement de sourcils de l'amazone, on comprenait sans mal qu'elle ne s'attendait pas à semblable avoue.
-Ah tiens... lâcha-t-elle au bout d'un moment. Je ne t'imaginais pas jouer les grands séducteurs... Et je ne te pensais pas non plus capable d'une si déconcertante honnêteté. D'autant qu'en racontant tes exploits, tu as l'air plus gêné que fanfaron... C'est intéressant.
Elle s'assit près de la table, tira un tabouret à l'intention de Zaiu et l'invita à s'assoir.
-Pourquoi ne voulais-tu pas te marier ? Ta promise était-elle d'une incroyable laideur ? Refusais-tu qu'on t'impose quelqu'un, qu'on ne te laisse pas le choix ?
-

Un tabouret à la place du pilori ? Quel soulagement !
Zaiu accepta de bon cœur et posa lourdement son séant ; si lourdement qu'il faillit basculer et ne dut son rattrapage qu'à son jeu de jambe, puisqu'il était toujours attaché.
il prit le temps de bien sous peser les termes de la question puis prit encore un temps pour réfléchir à ses motivations : sa promise n'était pas moche mais pas sublime non plus ; il préférait sa cadette certes mais il n'y était pas non plus attachée outre mesure. En fait, il avait peut-être un problème avec les femmes. Disons simplement qu'il était jeune et que papillonner lui convenait très bien pour l'instant.

Zaiu refusait qu'on lui impose une situation pareille. Il est fougueux et exalté ! Avoir si jeune une famille avec des enfants et une épouse sans amour, c'est trop pour ses pauvres épaules ! Et puis, c'était une vie trop rangé. Comment resté des siècles dans une coin du monde alors qu'il y a tant à découvrir ! Tant d'injustice à redresser ! Tant de vilains monstres pas beaux qui mangent la veuve et l'orphelin !

Il est vrai qu'il cherchait une vie un peu plus glorieuse, avec de la réputation (et des femmes ?!).

Elle acquiesça.
-Je comprends. Et tu sais, bien des femmes rêvent de mener cette vie d'aventures. Mais, bien souvent, elles n'ont pas le choix et doivent se plier à l'existence à laquelle on te vouait. Celle-ci n'est pas forcément mauvaise en soi, elle possède ses attraits : le souci, c'est qu'on ne donne pas souvent le choix aux nôtres, qu'on leur l'impose.
Elle croisa les bras.
-Tu as eu de la chance de pouvoir t'y soustraire, si cela ne te tentait pas. Mais, permets-moi une autre question... Cette fille avec qui on t'a trouvé... Elle savait que tu devais te marier ? L'était-elle elle-même, mariée ? Savait-elle que ce n'était qu'une... passade, toi et elle ?

Si Zaiu a eut de la chance, c'est qu'il n'a pas été rattrapé. Ensuite, si tu as envie d'entreprendre quelque chose, ben il faut écouter héroïquement ton cœur et te lancer !
Il faut savoir ce qu'on veut ... Du reste, quelle peut être la force de ces liens qui plient les gens à telle ou telle vie ? Et bien il faut exploser ces liens à grands coups de tatanes ! Et cette première libération sera le prélude de la grande aventure que tu auras décidé ! Qu'importe le vent, la mer, les naufrages et tout et tout si tu as décidé d'être là !
Du coup, Zaiu comprends qu'être confiné à une existence indésirée par un autre doit être insupportable, malgré la sécurité offerte. Votre combat est digne d'éloges et de fables dans toute la Lorien !

Il reprit ensuite son souffle parce qu'il n'avait pas l'habitude de palabrer autant. Ajoutons à cela que pour l'instant, "l'épreuve" était, abstraction faite du cordage qui retenait ses membres antérieurs, plutôt agréable : c'était un réel plaisir d'avoir une oreille attentive aux pérégrinations du jeune elfe de même qu'un interlocuteur à d'apparence neutre. Ensuite :

Cette fille ...

Il eut alors un sourire en coin.

Cette fille était assez exceptionnelle : on a grandit et peut-être explorer trop de domaines ensemble

. Elle a souffert des absences de sa mère et de la disparition de son père, des attentes qui pesaient sur ses épaules aussi sans doute. La révolte grondait en elle quelque part et elle a très vite compatis à ma situation ... Zaiu pense qu'elle a du quitter le village elle aussi, après un coup d'éclat qu'elle a sans doute mieux préparer. Tu sais, c'est comme un commun accord : faire quelque chose à deux en sachant que c'est interdit, que les conséquences vont être terribles ! Mais ce sont ces conséquences qui sont recherchées. Braver les tabous et les rites de la tribus ...

Son sourire ne l'avait pas quitter, reflet d'une satisfaction toute personnelle, fierté d'adolescent qui croit avoir tout chambouler par ces actes (insignifiant?).

-Détruire à grands coups les liens contraignants, braver les rites ancestraux, briser les tabous : peut-être les sentiments qui vous animaient alors ont-ils aussi animé nos hommes, lorsqu'ils nous ont trahis, dit-elle, d'une voix douce. Parfois, certaines contraintes, certains rites ont été institués pour de bonnes raisons, et tout chambouler peur faire chuter d'un monde certes imparfait mais fonctionnel et relativement vivable... à un monde terrible, chaotique, sans plus ni repères, ni droits, ni protections... Bien sûr, ce n'est pas parce que des règles sont anciennes qu'elles sont forcément bonnes. Mais il convient de les envisager avec sagesse et réflexion avant de les abattre...

Heu ...

Réponse certes brève mais exprimant par sa simplicité la puissance de la prise de conscience de Zaiu. il n'avait pas envisagé les choses sous cet angle là. Pour lui, toutes ces contraintes reflétait le joug implacable des anciens auxquels les jeunes devaient obéissance. La tradition n'était pas son mot préféré puisque, de toute façon, il n'en faisait qu'a à sa tête. En repensant à sa jeunesse, c'est vrai qu'il était comme ça : il fallait qu'il se brûle pour comprendre que le feu ... ben ça brûle.
Il rit de bon cœur :

Ha ha ! Zaiu manque évidemment de sagesse et est trop impulsif... Jamais il n'avait envisagé la situation sous cet angle. Utilisé sa tête n'est pas son fort, ha ça non ! Si ça avait été le cas et bien ... Et bien j'en sais rien ...
Mais vous m'avez comparé à vos hommes ?! Zaiu ne tape pas des enfants ! Ne tape pas sa famille ! il a fuit chez lui mais ne voulait pas faire de mal. Peut-être que la fuite était un moindre mal pour ses proches même ... Peut-être que ...

Holala ! Trop de questions ! Trop de complications ... Passons à l'épreuve s'il te plait !

Elle lui adressa un sourire éclatant, et un éclair fugace illumina ses yeux noirs et profonds.
-L'épreuve ? Mais... Tu m'as dit qu'utiliser ta tête n'était pas ton fort, tu avoues peiner face aux questions, aux complications qui se multiplient... Alors, réfléchis un instant : ce que tu vis, en l'instant, n'est-ce pas une forme d'épreuve ?

Une autre évidence qui lui passait sous le nez ... Décidément, Zaiu ne brillait en cette heure (et il ne risquait pas d'épater sa jolie interlocutrice).

Très bien ! Très bien, alors que doit dire Zaiu ?!
Où mène toutes ces questions ?!
Etre comparé à des malotrus est déjà un supplice en soit. Zaiu ne cherche qu'à faire le bien ...

-Il ne tient qu'à vous de le prouver... murmura la jeune - et accorte - amazone. Ces questions, cette discussion... A travers elles, j'essaie d'apprendre à vous connaître. De voir si vous êtes digne de confiance. Rassurez-vous : il y aura peut-être des épreuves plus... physiques. Néanmoins, dans l'immédiat, nous nous contenterons de parler.
Elle lui sourit, mutine.
-Tu dis ne chercher qu'à faire le bien... Mais le bien est chose relative. Alors, explique-moi : quelle est ta définition du bien ?

OUhhh ! Zaiu se senti défaillir ! Le sourire, le murmure, les trucs plus physique après. A partir de là, tout s'enchaine : en tant que mâle, obtenir le truc plus physique devient le but ultime. En tant que rescapé prisonnier et que tout ça pourrait être un piège ... Bah ce genre de paramètre ne rentre pas en compte. Voici donc une nouvelle ardeur frémissante dans ses paroles ! Elle voulait le connaître ! Zaiu serait Zaiu ! La seule chose qui a toujours marché auprès des filles : be yourself ! Surtout quand tu sais que tu es un yourself "kawai".

Il voulut le lever, droit et fier, un poing triomphant mais le cordage le réduisit à un simple mouvement d'épaule pitoyable.

Le Bien !
Ce n'est pas relatif ! Ca se ressent ! C'est dans ta chair et dans ton cœur !
Quand tu offres un cadeau, quand tu serres quelqu'un dans tes bras, quand tu dis "bonjour" et "merci", quand tu pardonnes, quand tu accomplis un travail bien fait ! D'ailleurs, si le "bien" se dit "bien", ce n'est pas pour rien !
Il te rend fier et aimer des autres !
C'est le glorieux chemin des héros, qu'ils combattent des cacofiélons des abysses, ou élèvent des enfants dans une ferme ! Chaque vie à son lot d'épreuves ! Et toutes permettent de se hisser vers le haut ! Avec les siens ! D'ailleurs, les compagnons de Zaiu sont-ils aussi bien traités ? Des fois, Astrée se transforme en truite et ...

Si jusqu'ici l'expression de l'amazone était amusée et même - même ! - presque bienveillante, elle changea du tout au tout lorsque Zaiu prononça ces derniers mots. Les traits de la jeune femme se tendirent, son regard se fit acéré, scrutateur.
-Des fois, Astrée se transforme en truite... répéta-t-elle. Et ? Et quoi d'autre ? Quels sont ses autres pouvoirs ? C'est important de me le dire.

Incompréhension.
Mais ouf, c'est Astrée le problème ... Oh mon dieu ! Mais quel danger courre donc t-elle ? Zaiu hésita un instant. Allait-il trahir un terrible secret ? Ce village vénérait-il les piranhas ou un dieu pécheur incongru, auquel cas, la rôdeuse risquait de finir en papillote ?!

Pourquoi est-ce important ? Zaiu ne veut pas trahir.
En plus, il n'a pas assisté à la scène ... Il y avait juste cette vilaine blessure alors que nous péchions avec Léo ...

C'est inquiétant l'expression de ton visage ...

-C'est normal qu'elle soit inquiétante : mon expression reflète ma propre inquiétude. Ce que vous venez de dire...
Elle posa son menton dans ses mains.
-Si je n'avais pas peur des répétitions, je dirais que ce que vous venez de dire est inquiétant. Nous pensions que votre amie était une rôdeuse. Mais si elle dispose du pouvoir de se métamorphoser, c'est peut-être une magicienne. Nous nous sommes concentrés sur les deux mages qui vous accompagnaient, mais peut-être avons-nous fait une erreur en faisant d'emblée confiance à cette Astrée...

Des répétitions ...

Alors Zaiu va vous conter son histoire, toute son histoire ! Tu verras qu'Astrée est vertueuse et n'a rien à voir avec ces magiciens tordus dans leur tête !
Après, Zaiu aimerait bien entendre la votre : notamment cette histoire de truite traitresse.

Alors ...

Le "prisonnier" se lança alors dans une narration simple (pour une fois) évoquant sa rencontre avec l'équipage de la Nébuleuse, l'attaque pirate, la vague traitresse, l'étrange hallucination sur la plage pleine d'os-ki-sont-pas-mort-mais-facile-à-cogner, leur halte dans le petit coin de paradis où Astrée, tentant de communiquer avec des animaux, s'était, selon ses dires, retrouvée dans le corps d'une truite juste au moment ou Léo la harponnait pour le diner.
Quand il eut fini, il se laissa aller aller au dossier inexistant du tabouret et se retrouva au sol, les deux pieds en l'air.

Aye ...

Durant le récit, l'amazone avait conservé une expression neutre, concentrée. Mais la chute de Zaiu fut saluée par un haussement de sourcils incrédule... et un sourire difficilement contenu.
Elle le rejoignit, l'aida à se relever, puis, comme si elle n'y pensait qu'à l'instant, elle détacha ses liens.
-Que dirais-tu de manger un morceau ? s'enquit-elle. Un petit en-cas avant d'aller au lit ? Quant à notre histoire, et bien... Tu as dû mal me comprendre : nous n'avons jamais eu affaire à une truite traitresse...

Quel soulagement ! S'il avait su, il serait tomber plus tôt. Il pouvait enfin ramener ses bras et les bouger, un peu. Après toute ce temps attaché, il portait des marques de serrages et n'avait plus toute leur mobilité. A chaque mouvement, c'était comme si chaque articulation se rappelait de leur mobilité. Il remercia la jouvencelle en se relevant et acquiesça à l'alléchante proposition de manger. Gentleman, il lui tendit la main pour qu'elle se relève à son tour.

Quelque chose à boire aussi ! Un jus de gingembre par exemple

Parce que comme tu l'as bien compris lecteur, Zaiu apprécie les choses simples .

Elle lui rendit un sourire lumineux.
-Excellente idée. Nous n'avons pas de gingembre, mais certaines plantes locales ont... un goût approchant.
De la main, elle lui indiqua une étagère.
-Elles sont dans ce petit coffret. Les fruits, vous voyez, sont juste à côté. Les ustensiles sont sur le rayon du haut ; les autres vivres, sur le rayon du bas.
Son sourire s'élargit encore un peu plus.
-Ah ! Je suis curieuse de voir ce que vous allez nous mitonner !
Et elle retourna s'assoir sur son tabouret.

Faisant mine de ne pas avoir pris un vent magistral quant à sa main tendue dans le vide, Zaiu s'empressa de tourner son attention vers l'étagère. Une corvée cuisine ?! Hin hin hin ! Ce qu'elle ne savait pas, c'était que Zaiu était expert en intuition culinaire : il détenait un secret d'un proverbe de la Lorien (et de l'auteur du post aussi): l'harmonie des couleur, des papilles fait le bonheur ! Pour réussir un bon plat, il faut donc une assiette colorée et qui sent bon (exception faite pour le fromage ... mais comme il n'est pas trop colorée en général, ben c'est pas une exception en fait).
Premier défi, le choix des ingrédients : Hmmm, une majorité d'inconnus en cette jungle tropicale. Il ne fallait pas se risquer à un plat trop piquant ( ). D'ailleurs, la mention du gingembre et son accueil chaleureux orientait de fait la préparation vers quelque chose de ... sucré ... d'onctueeeeuuuux ... de suaaaaave ...Mais bon, comme cuisiner pendant 4h peut tuer dans l'œuf le désir d'en faire ( ²), il fallait ce montrer perspicace et efficace. Après humectage de différents fruits et épices, il en choisit un tout long et jaune ressemblant à un croissant de lune et saillant fort bien à la situation : ça, ça restera entier. Ensuite, un savant mélange de fruit découpés qu'il fit revenir dans une poêle avec ajout syndical de gnôle (les amazones font-elles du rhum?)locale trouvé dans l'étagère "autre vivre". Attention ! Ne pas faire cuire trop longtemps ! Avec ce plat ... chaud et sucré, il prépara une boisson rafraîchissant
Deuxième défi, ne rien faire cramer : Aye, certain fruits ont un peu roussi ... Ce n'est pas bien de chanter en cuisinant, ça déconcentre

El unica fruta del amor,
es la banaaaaana
es la banaaaana ...

Troisième défi, tout porter sur la table sans rien faire tomber.

Petit flash back : le pelage et la découpe des légumes prenant du temps, et ayant enfiler un tablier qu'il avait trouvé ( torse nu sous son tablier donc, rrrrrrr), il profita de ce laps de temps pour reposer la question au sujet des mésaventures des amazone et de l'absence de la fameuse truite traitresse... à base d'épice inconnu mais au gout légèrement acidulé.

Pendant qu'il s'affairait, l'amazone avait tiré d'un tiroir une pipe de bois ouvragé, qu'elle avait bourrée de feuilles séchées puis allumée. Afin de ne pas mêler sa fumée aux effluves alléchant des mets en train de cuir, elle avait gagné la fenêtre, l'avait ouverte en grand et s'était assise sur son rebord, observant en souriant le cuistot chantonnant.
Lorsqu'il eut déposa le repas sur la table, elle aspira une dernière bouffée, déposa la pipe sur le rebord de la fenêtre, et revint s'assoir.
-Voyons si c'est aussi étrangement appétissant que ça en a l'air... murmura-t-elle avant de s'emparer de ses couverts.

Et 1 !
Et 2 !
Et 3 vent ?

D'abord la main, puis la question de Zaiu. Si le proverbe "jamais 203" est vrai, autant arrêté de compter tout de suite.

Zaiu ne sais pas ce que ça va donner, c'est de l'improvisation ...
Alors l'idée de base : on mange dans la poêle parce que 'est toujours meilleur dedans.
Chacun sa fourchette et pas de pitié !
Chacun sa paille et tant pis pour le moins rapide ! (pour le jus donc)

A vos marques !
Prêt !
Chaaaaaaaaaaarge !

(dextérité 14, constitution : 11)

Prise au dépourvu - elle ne s'attendait sans doute pas à une telle entrée en matière - l'elfe ne s'en laissa pas compter et releva le défi avec un enthousiasme certain. Moins habituée à ce genre d'exercice que Zaiu, elle ne s'en tira pas moins avec brio et, au final, lorsqu'il ne resta plus rien à boire ni a manger, il semblait fort qu'elle avait eu une part équivalente, où peu s'en fallait, à celle de son compagnon d'un soir.
-Ma foi... C'était original. Tant les mets en eux-même que la façon de la consommer. Est-ce une pratique courante, dans votre village ? demanda-t-elle en essuyant ses lèvres pulpeuses d'un revers de manche.

C'est une pratique courante chez Zaiu.
C'est plus convivial et moins formel. Donc, rien à voir avec mon village ...

Heureux que ça t'ai plu, c'était pas gagné d'avance ...

...

Oh mon dieu ! Un premier blanc dans la discussion ?!
Zaiu était repu, avait légèrement chaud, et un sourire (idiot?) barrait son visage.
Comme bloqué, il contemplait le visage de la jolie elfe aux lèvres sus-mentionnées comme pulpeuses.

-C'était très bien. Merci.
Elle lui sourit, se leva, gagna la fenêtre et récupéra sa pipe, la bourrant à nouveau de feuilles séchées.
-Vous fumez ? demanda-t-elle.
Puis, après avoir tiré sa première bouffée :
-Et... Par simple curiosité... Vous vous y connaissez, en massages ?

Uniquement avec des huiles ...

Il considéra ensuite meilleure réponse à apporter à la première question, pour ne pas se montrer impoli :

Zaiu n'a jamais fumé, mais il est prêt à découvrir de nouvelles choses

Houuuu ... Est-ce que tout s'accélère ?

La Couronne de Cuivre

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