La Couronne de Cuivre

En provenance
En chemin Elanor se rappela que Le haut prélat lui avait communiqué l'adresse d'Aymeric. Avant de se rendre au cœur radieux, elle décida de passer d'abord voir si à tout hasard il ne serait pas chez lui.

Aux abords du centre ville, elle s'arrêta et informa son maitre de sa décision.

"Maitre, je vais passé au domicile d'Aymeric avant de me rendre à l'ordre. Vous sentez-vous capable de continuer seul?"

Théoden était encore blanc mais semblait plus solide sur ses jambes qu'au début de leur déplacement.

"Ne t'inquiète pas pour moi, je peux me rendre aux cœur radieux seul, je suis encore un peu faible mais ça ira. Si par chance Aymeric est chez lui, votre conversation sera plus à l'abri des oreilles indiscrètes."

Elanor était soulagée par la réponse de son maitre: son enquête se devait d'être le plus discrète possible.

"Je vous retrouve à l'ordre. Essayer de vous reposer en attendant"

Théoden hocha la tête en signe de réponse et elle se dirigea vers la maison d'Aymeric d'un pas décidé. Une fois arrivée à destination, elle frappa énergiquement à la porte et attendit. Elle espérait que l'ordre l'avait renvoyé chez lui se remettre de ses émotions.

Un pas trainant se fit entendre et la porte s'ouvrit. L'homme qui se tenait dans la porte avait un physique de jeune premier, mais les cernes mauves sous ses yeux et ses traits tirés et le regard hanté lui conféraient une apparence de vieillard. Il regarda la jeune femme durant plusieurs minutes sans comprendre ce qu'elle voulait puis se poussa pour la laisser entrer.

"Je suppose que vous êtes envoyée par le Coeur Radieux pour m'interroger au sujet de mon très cher et feu ami. Entrez s'il vous plait et venez en vite au fait. Je n'ai pas vraiment le coeur à discuter."

Elanor ne fut pas très surprise par la froideur de l’accueil : elle pouvait aisément comprendre que le jeune paladin n’avait pas très envie de reparler de la mort de son ami. Mais elle n’avait pas le choix, elle devait connaître la version d’Aymeric. Pourquoi avait-il fuit au lieu de combattre la goule comme elle l’avait fait pour sauver la vie de son maître ? Elle s’adressa au jeune homme d’une voix douce.

« Merci. Je comprends votre douleur, perdre son meilleur ami dans des circonstances aussi tragiques, est une épreuve très difficile. »

Dans un élan de compassion, elle posa sa main sur l’épaule d’Aymeric et le regarda droit dans les yeux.

« Pourriez vous me raconter l’intégralité de cette triste journée ? J’entends par là que vous me refassiez votre journée en entier de votre lever à votre coucher en essayant de vous rappeler le maximum de choses. Prenez votre temps pour réfléchir. »

Contre toute attente, Aymeric eut un mouvement de recul et s'écarta de la paladine comme si son contact ou même sa proximité le brûlaient. Il la regarda à peine.

"Que voulez-vous que je vous raconte ? Nous avions fait ce matin nos dévotions comme à nos habitudes. Puis on a fait appel à nous pour cette goule ... Romuald était en bas comme à son habitude, moi, je m'assurais qu'elle ne remonterait pas. Et vous savait ce qui s'est passé. A moins que vous ne vouliez plus de détails. Vous verrez, c'est très distayant ..."

Autant d’agressivité de la part d’Aymeric laissait supposer qu’il cachait quelque chose. Elle devait l’amener à se trahir. Apparemment le jeune novice venait de lui dire qu’ils n’étaient pas descendu dans le caveau alors qu’elle avait clairement vu les traces de pas des deux paladins indiquant clairement qu'ils avaient explorés le caveau ensemble.Elle devait lui tendre un piège et le mettre nez à nez avec ses contradictions.

« Ils va me falloir effectivement plus détails mais je vais vous aider, nous allons refaire cette journée ensemble. Donc si j’ai bien compris, Romuald est descendu seul dans la tombe et vous êtes resté à l’extérieur, reprenez moi si je me trompe. Et ensuite que s'est-il passé? Romuald vous a appelé à l'aide?»

Pendant qu’elle lui parlait, elle n’avait pas cessé de fixer le jeune homme afin de sonder sa réaction à la question qu’elle venait de poser.

Pas vraiment de réaction. Juste l'ombre d'un regard assassin durant une fraction de seconde. Puis Aymeric sembla se reprendre. Sa voix, de furieuse retrouva un timbre calme.

"Comme je l'ai dit et répété à mes supérieurs, c'était une mission de routine. Nous avons procédé comme à notre habitude. Je suis bien descendu, mais seulement lorsque j'ai entendu mon ami crier. Le temps que j'arrive, il était déjà trop tard. Tout s'est passé si vite ..."

Elanor était soufflée. Non seulement les deux novices avaient eu l’audace de ne pas suivre la méthode enseignée à l’ordre (le premier repousse le mort-vivant, le second frappe jusqu'à ce qu'il tombe) et Aymeric était en plus en train de lui mentir. Il n'avait pas du tout raconté la même version des faits à son maître, Sir Anselm.

« Vous avez proccèdé comme à votre habitude ? Vous ne respectez donc pas la méthode enseignée normalement à l’ordre ? Technique qui a déjà faite mainte fois ces preuves ? »

Elanor sentait la tension montée en elle. Elle fit une pause avant de reprendre afin de garder son calme.


"Vous me dites être arrivé trop tard sur les lieux du meurtre alors que vous avait dit à Sir Anselm, votre mentor, que Romuald n’avait que quelque pas d’avance sur vous et que la goule vous avez attaqué par surprise, projetant violemment votre camarade contre le mur ? Quelle est la bonne version Aymeric ? Je vous demande la vérité au nom de Helm notre dieu. »

Elle attendit patiemment la réponse de son interlocuteur, les sens en éveil, prête à réagir si le jeune homme perdait son sang froid et en venait aux mains.

Aymeric se tordit les mains de désespoir.

"Mais que voulez-vous que je vous dise ? Que je vous donne la version qui sera la mieux perçue par l'Ordre ? J'aurais pu vous mentir, en effet. Je sais que je risque ma place au sein de la confrérie ... Alors qu'ai-je donc à perdre ? Romuald était mon ami. Le seul que j'avais ici-bas. C'est lui qui m'avait demandé de le laisser agir, comme toujours. Il était si brillant ... Et moi si lâche. Vous ne comprenez pas ? Si vous saviez comme je regrette de l'avoir laissé agir seul ..."

Elanor se découvrait des talents d’investigatrice : elle avait réussi à percer la carapace d’Aymeric. Elle savait maintenant : Romuald était présomptueux, il préférait agir seul. Et dans sa vanité, il avait perdu la vie : quel gâchis. Il était donc le seul coupable de sa mort, son ami avait seulement eu la faiblesse de lui obéir. Allait-il être sanctionné par l’ordre ? Vu les circonstances, la jeune paladine espérait qu’il serait simplement suspendu quelque temps. Elle n’arrivait pas à être indifférente à la souffrance du jeune homme. Elle reprit la parole d’une voix chaleureuse et douce.

« Je vous comprend Aymeric. Mais pour moi vous n’êtes pas un lâche. Romuald aura été l’artisan de sa propre mort et vous avez juste eu la faiblesse d’obéir à votre ami. Néanmoins, vous auriez du dire la vérité à votre maître, vous lui devez bien ça. Je préfèrerais qu’il l’apprenne de votre bouche plutôt que de celle du haut prélat à qui je dois faire mon rapport. »

A ces dernières paroles, le jeune semblait sortir de sa torpeur et être plus attentif au discour de sa consœur.

« Aymeric, je me dois de vous dire que je suis allée visiter la tombe avec mon maître pour analyser la scène du crime. La meurtrière était encore là et nous avons du la combattre. Nous avons eu beaucoup de mal à en venir à bout en utilisant la technique de l’ordre. Sir Théoden a été gravement blessé. »

Pendant qu’elle essayait de réconforter le novice, elle repensait à ce qui s’était produit dans le tombeau. Aymeric avait-il essayé de lancer un sort et avait-il subit le même échec ? Elle devait en avoir le cœur net.

« Avant de vous en dire plus, j’aimerais savoir Aymeric, entre vous et moi, avez-vous essayé de lancer un sort pour repousser le mort vivant lorsque vous avez accouru au secours de votre ami ? »

Aymeric allait répondre quand des grands coups furent frappés contre sa porte. Il se tourna brièvement vers Elanor puis se dépêcha d'aller ouvrir. La jeune femme remarqua des larmes dans les yeux du paladin.

Une jeune femme se trouvait sur le seuil. Il allait lui parler, mais elle l'interrompit d'un geste et se mit à hurler.

"Ils m'ont dit ce qui est arrivé. Ils disent que tu n'as rien pu faire. Mais je sais que tout est ta faute, que tu n'as pas voulu le sauver. Tout ça parce qu'il te préférait à moi. Et je vais le prouver ..."

C'est alors qu'elle se rendit compte de la présence d'Elanor et s'interrompit soudain.

La jeune femme qui avait soudainement interrompu leur conversation, apportait un élément nouveau dans l’enquête: Aymeric éprouvait des sentiments plus qu’amicaux pour son coéquipier ? Et il aurait laissé mourir son ami pour avoir été éconduit ? Cette thèse lui semblait complètement fantasque.Cependant le trio amoureux qui se profilait, aiguisait sa curiosité. Elle devait laisser la petite amie de Romuald aller jusqu’au bout de ses accusations. La jeune femme était visiblement surprise de la présence d’Elanor chez Aymeric, croyant sans doute le trouver seul. Elle devait saisir l'occasion pour en savoir plus.

« Elanor Alfirin, membre de l’ordre du cœur radieux, j’étais passée prendre des nouvelles d’Aymeric et nous étions en train de parler des circonstances de la disparition de Romuald. Il semblerait que vous aillez des choses à dire sur cet évènement tragique. Pour vous Aymeric serait le seul coupable ? Je vous en prie, continuez. »

La jeune femme resta interloquée durant quelques secondes. Visiblement, elle ne s'attendait pas à la présence d'Elanor sur les lieux. Elle se ressaisit pourtant ...

"Pour moi, il est le seul coupable. Si vous aviez vu comme il tournait autour de Romuald. Et j'étais là quand il lui a déclaré sa flamme. Bien sûr, Romuald n'a pas voulu de lui. Vous pensez bien. Qu'est-ce qu'un autre homme aurait pu lui offrir. Il l'a repoussé vertement et il a eu raison. Il lui a même dit que s'il s'approchait de lui, il le dénoncerait au Coeur Radieux. Ce ne peut-être que lui."

Aymeric avait avoué à Elanor que son compagnon d’arme lui avait demandé de rester à l’extérieur de la tombe, souhaitant régler cette mission seul. Les déclarations de la jeune femme lui faisaient entrevoir la scène sous un jour nouveau : Romuald avait-il préféré y aller seul plutôt que se retrouver en tête à tête avec son ami dans un espace clos de peur de subir ses avances ? Aymeric aurait donc une plus grande part de responsabilité dans la mort du jeune novice qu’il avait bien voulu l’avouer.

« Mademoiselle, vous portez là des accusations très graves. Aymeric qu’avez-vous à nous dire sur cette déclaration ? Vous êtes-vous disputé avec Romuald avant cette mission ? A-t-il refusé que vous descendiez dans le tombeau par peur de se retrouver seul avec vous dans un espace clos ? »

Aymeric resta muet un bon moment, mais des larmes roulèrent lentement sur ses joues. Il avait l'air de souffrir le martyr. Finalement, quand il parla, ce fut d'une voix méconnaissable tant elle semblait hantée.

"Il ne voulait plus que je l'accompagne. Il m'a repoussé. Il m'a dit que j'étais un monstre, que ma passion était contre nature et que je l'avais trahi. Il a dit aussi qu'il en parlerait aux autres. Il n'avait pas le droit, non ?"

Elanor était abasourdie. Elle n’aurait jamais pensée mettre le nez dans une histoire d’amour impossible en enquêtant sur ce meurtre. Aymeric avait bel et bien laissé son ami descendre seul et se faire tuer par peur de voir sa passion pour lui éclater au grand jour. Cet aveu aurait sûrement signé la fin définitive de leur tandem et son bannissement de l’ordre du cœur radieux.
Une colère sourde avait envahie Elanor: il avait laisser mourir l'amour de sa vie juste parce qu'il l'avait repoussé. Il n'avait pas le droit, ce comportement n'était pas digne d'un paladin. Il aurait du trouver la force de pardonner Romuald et informer ses supérieur de la situation.

« Je suis navrée pour vous Aymeric que cette histoire se soit terminée par la mort de Romuald. En tant que Paladin, il était de votre devoir d'informer vos supérieur de la situation et de ne pas laisser votre coéquipier mettre sa vie en danger inutilement. Vous n’avez pas respecté la procédure de l’ordre. Je ferais mon rapport à mes supérieurs et vous devrez assumer votre part de responsabilité dans la mort de Romuald devant la loi. Veuillez me suivre, nous rentrons au quartier général. »

Pendant qu’elle repassait tous les éléments de l’enquête dans sa tête, son regard croisa le celui de la petite amie de Romuald. La jeune femme après avoir fait irruption dans la pièce comme une furie, était maintenant effondrée sur une chaise. On lisait à présent dans ces yeux l’immensité de son chagrin.

« Mademoiselle, j’aimerais connaître votre nom et vos coordonnées. Votre témoignage nous sera précieux dans cette affaire. »

La jeune femme avait hoché pensivement la tête et allait répondre quand Aymeric s'était mis à crier.

"Mais vous ne comprenez rien. J'ai essayé. J'ai voulu le sauver. Il était descendu comme il en avait l'habitude. De toute façon, il ne voulait plus que je l'accompagne. Je l'ai entendu crier, m'appeler. Il me disait qu'il n'arrivait pas à repousser la goule. Je suis descendu à mon tour, je vous le promets. Elle était déjà sur lui. J'ai essayé moi aussi de la repousser mais ça a été inefficace. Alors, j'ai pris peur ... j'ai fermé la porte. S'il y a un responsable dans cette affaire, c'est lui."

Les paroles d’Aymeric raisonnaient dans sa tête, elle repensait au combat contre cette même goule qui avait failli coûter la vie à son maître. Eux aussi, ils avaient essayé de la repousser et ils avaient échoué. Elle savait donc que le jeune homme hurlait la vérité. Il n’était pas pour autant complètement innocent dans l’affaire. Si leur dispute n’avait pas eu lieu, ils auraient été deux à l’affronter et ils auraient pu comme elle l’abattre. C’est un ton glacial qu’elle reprit la parole

« Ayméric calmez-vous. J’ai des choses à vous dire sur mon investigation dans la tombe qui devrait vous intéresser. Mais je ne peux m’entretenir avec quelqu’un d’hystérique.»

Cependant, elle ne pouvait narré ces évènements devant la petite amie de Romuald. Elle attrapa un parchemin et une plume qui traînait sur un buffet et les posa sur la table.

« Mademoiselle, pouvez-vous me noter votre nom et l’endroit où l’on peut vous joindre facilement »

La jeune femme fit un faible sourire à Elanor et s’exécuta.

"Merci Mademoiselle. Vous pouvez disposer. L’ordre vous contactera."

Elanor regarda par la fenêtre pour s’assurer que la jeune fille était bien partie et alla s’asseoir en face d’Aymeric.


« Maintenant que nous sommes de nouveau seul, je vais pouvoir vous narrer mon investigation dans le tombeau. Comme vous le savez déjà, j’ai été chargée par le haut prélat d’enquêter sur la mort de Romuald. Il fallait donc j’examine la scène du crime. La goule meurtrière étant encore en vie, je ne pouvais y aller seul, c’est pourquoi Sir Théoden, m’accompagnait. Nous avions pris toutes les précautions nécessaires à la chasse des morts vivants mais malheureusement nos sorts se sont avérés inefficaces : le monstre a attaqué Théoden par surprise. Mon maître a en vain essayé de la repoussée, elle l’a jeté à terre et s’apprêtait à le dévorer quand je suis intervenue. Mes sort ont aussi échoué, je ne pouvais me résoudre à laisser mon mentor mourir : je l’ai attaqué à l’épée. La goule était tellement concentrée sur sa proie, que j’ai pu lui sectionné la tête sans qu’elle riposte. »

Pendant tout son récit, le jeune avait les yeux embués de larmes. Ces faits devaient lui rappeler la mort de son ami.

« Aymeric, tout comme nous,vous n’avez pas pu repousser le mort vivant . Je ne saurais vous expliquez pourquoi, mais il se passe quelque chose d’anormal. Pour ma part, j’ai eu l’impression d’avoir perdu mes pouvoirs divins. »

La voix de la jeune femme mourut sur ces derniers mots.

Aymeric resta coi quelques instants, le temps d'assimiler les paroles de la paladine. Puis tout à coup, il secoua la tête et reprit la parole.

"Je crois qu'Helm ne veut plus de nous, qu'il nous a oubliés. Depuis quelques temps, la ville est en pleine déchéance. Il suffit de voir ce conseiller manostien à la tête du pays. Ce ... Lothringen. Il n'est même pas helmite. Ce fut la porte ouverte à tout, le début de la fin ... La ville accueille des mécréants chaque fois plus nombreux qui nous noyautent petit à petit. Non .. Helm ne peut pas tolérer cela."

Elanor connaissait peu le conseiller Lothrigen, elle ne pouvait juger de sa valeur. Quelqu’en fut la raison, il était clair que Helm ne répondait plus à leur prière : les malades refoulés aux portes du temple l’attestaient.

«Contrairement à vous, je ne m’improvise pas juge des choix des dirigeants de la ville. Ceci est un autre sujet que nous laisserons aux personnes compétentes. Aymeric, vous allez venir avec moi à l’ordre du Cœur Radieux. Nous irons ensemble voir votre maître pour que vous lui racontiez la vérité sur cette affaire. Il était extrêmement troublé par la mort de Romuald. Il est de votre devoir d’élève d’éclaircir la situation. Ensuite, je vous confierais à sa garde le temps de faire mon rapport à mes supérieurs, eux seul pourront statuer sur votre avenir au sein de l’ordre. »


La jeune paladine se leva et ramassa ses affaires. Elle se dirigea vers la porte et attendit que Aymeric en fit de même pour sortir.