La Couronne de Cuivre

Venant d'ici

Le guide échu à Arya s'avéra être le vieil elfe revêtu de sa robe aux tons discrets et de ses symboles mystérieux. Sans un mot, d'un pas rapide mais non pressé, il la conduisit hors du village, la précéda sous les sombres ramures de la forêt dense. Il ne s'immobilisa qu'une dizaine de minutes plus tard, alors que toute trace de sa communauté avait depuis longtemps disparu.
-Nous ne sommes pas à égalité, commença-t-il doucement. Je connais votre nom et votre profession, mais pas vous les miens. Remédions sans tarder à cet état de fait : je suis Ioreth, Interprète du clan. Quoi qu'en dehors de cette île et de mon peuple, on me qualifierait plutôt de shaman.

La magicienne avait suivi son guide sans mot dire, elle restait calme et ne cherchait pas à deviner son devenir. Le vieil homme allait-il la mener sur le chemin du trépas ou réellement lui faire subir des test pour s'assurer que son âme n'était pas pervertie par les mages et que bien qu'elle fut femelle, elle n'était pas hostile à ce clan d'hommes, peu importe, elle avançait sereine vers son destin.

Lorsqu'ils s'arrêtèrent et que l'homme se présenta, Arya sourit aimablement, elle se voulait d'oublier l'hostilité et la méfiance qui pesait sur sa personne et de n'être en cet instant qu'une elfe parlant à un congénère. Tout en espérant que rapidement les doutes seraient levés, l'elfe se laissait espérer pouvoir puiser quelques connaissances de cet homme qui en qualité de shaman devait posséder des connaissances sur l'étrangeté de cette île tant dans la magie qu'elle ressentait comme pesante que sur les plantes environnantes et les étranges fruits qui y poussaient.

Je vous suis reconnaissante de vous être présenté Ioreth et ravie de me retrouver avec vous pour cette mission. Vous comprendrez que j'aie hâte de savoir ce que vous attendez de moi et surtout que ce qui vous semble bien naturellement incontournable soit à mon regard ...

Elle finit sa phrase par un soupir, oui, tout cela était outrageant pour la jeune femme dont l'intégrité n'avait jamais été mis en doute, mais surtout qui avait été élevée dans l'image que son peuple, dont elle-même, étaient des êtres supérieurs.

Ioreth eut un pâle sourire.
-Si vous êtes réellement ravie, cela prouve soit que vous possédez une incroyable résistance face à l'adversité, soit que vous brûlez d'un désir ardent de faire vos preuves, deux qualités autant admirables l'une que l'autre. Néanmoins, permettez à un vieillard de vous donner non pas un conseil, mais un simple avis : ne vous sentez pas obligée de masquer ou de travestir vos sentiments réels. Plus nous seront sincères l'un envers l'autre, plus nous aurons de chances de venir à bout de notre tâche. Car s'il n'est pas tout à fait impossible que celle-ci soit aisée, il est bien plus probable qu'elle se révèle périlleuse autant qu'éprouvante.
Il secoua la tête.
-Mais chaque chose en son temps. Pour l'heure, voici de quoi il retourne... Comme vous le savez sans doute, cette île se situe en un point de Toril où les frontières entre les plans sont particulièrement ténues, où ceux-ci se frôlent, se mêlent, s'entrechoquent. Nos terres en subissent donc l'influence constante, laquelle se traduit par des altérations légères du temps et de l'espace, par l'apparition ponctuelles d'êtres, de lieux, d'objets... Choses très déroutantes auxquelles, pourtant, on finit par s'habituer et qui ne perturbent plus guère l'existence, au bout de quelques siècles d'adaptation. Malheureusement, il existe des points où cette influence est plus brutale, plus directe. Des points où les frontières se font presque intangibles, devenant quasiment des portes d'entrée pour les énergies et les êtres extérieurs. Quasiment seulement. La magie y est donc particulièrement périlleuse, imprévisible, potentiellement destructrice ; pire encore, un mage assez puissant peut élargir la brèche, tenter de convoquer à son profit... des choses et des forces. La manœuvre est plus qu'hasardeuse, il faut être fou pour la tenter. Fous, les mages qui étaient enfermés dans la forteresse le sont. Et prêts à tout. Nous devons donc nous assurer qu'ils n'utiliseront pas contre nous la fissure vers laquelle nous nous dirigeons. Ou qu'ils ne l'ont pas déjà utilisée...

Le temps ... des siècles, la magicienne savait ne pas l'avoir. Elle devrait faire au mieux avec son intelligence et son analyse pour tenter de ne pas perdre pieds par les abruptes changements dont son interlocuteur faisait état et tant qu'elle pourrait compter sur lui, tout resterait maitrisable ou presque.

Je ne peux vous dire si mes qualités sont celles que vous évoquez pour qualifier mes sentiments, mais je ne vous suis aucunement hostile, vous êtes des elfes et dès que nous avons rencontrer votre patrouille, je m’en suis réjouie. Je regrette vivement votre méfiance, votre hostilité. mais j’ai appris à laisser couler sur moi les sentiments négatifs à mon égard. Certes, je vous l’accorde que … cela n’est guère agréable, mais celui qui les émet et seul responsable de son âme et s’il commet des actes qui n’ont pas lieu d’être alors celle-ci restera tourmentée par le doute, voire la certitude de son erreur.

Quant à la situation de cette île, oui, j’a remarqué que la magie m’est négative, qu’elle ne me permet pas d’être optimum comme je le souhaiterai. je n'ai pas d'expérience d'une situation entre les plans, mais j'en ai été informée. Quant à la folie des mages que nous sommes venus réduire à néant, je les crains autant que cela est possible. Mais je ne pars pas avec un à priori négatif, cela serait rendre inutile ma présence ici. De leurs forces, nous n’en savons pas grand chose, mais nous savons devoir nous attendre à une grande puissance que la déviance rend encore plus dangereux et imprévisible.

Un sourire confiant se fit, la ton de sa voix restait optimiste et calme.

Le destin ne saurait m’amener déjà à mon trépas, il m’est d’avis que nous devrions entreprendre ce qui nous est dévolu sans attendre. Je me veux de vous faire confiance, vous me semblez sage. Et surtout, je ne peux qu'espérer que nous interviendrons à temps en alliant les forces de votre peuple et celles de mes compagnons pour empêcher les mages d’invoquer âmes noires et forces malignes.

Le vieux shaman soupira.
-Je crains que nous ne puissions totalement les empêcher de le faire, Il existe plusieurs lieux de ce genre. Au moins deux, dont un totalement hors de notre portée. Toutefois, les empêcher d'utiliser celui-ci nous évitera d'être pris à revers.
Il se fit encore plus grave.
-Il faut cependant que je vous prévienne que s'en approcher ne sera pas sans risque, même si rien n'a encore été invoqué. Outre l'imprévisibilité de la magie, la minceur des frontières entre plans a des conséquences... désagréables. Nous pouvons être confrontés à nos pires craintes, nos pires terreurs, sous forme immatérielle... ou matérielle. Car, oui, en ces lieux, les pensées conscientes ou inconscientes peuvent parfois prendre corps et devenir, de fait, nos pires ennemies.

La magicienne regarda son congénère alors que son esprit lui dictait de se tenir au plus près de lui au cas où elle se verrait entre des plans dépourvue de son sens de l’orientation, voire dans l’incapacité de contrer la magie qui viendrait la réduire à l’impuissance et cette question des peurs qu’elle ne pouvait matérialisé cherchant dans le peu de mémoire qu’elle possédait un écueil qui risquerait de l’envoyer dans un délire infini.

Elle finit par sourire et s’approcha encore un peu de son guide.

Il serait bien que nous puissions avoir la possibilité de leur barrer la route avant qu'ils ne puise dans cette faille pour nous anéantir, Pour l'instant, je pense qu’il serait bien que nous ne nous éloignons pas l’un de l’autre, cela me semble une sage précaution. Quant aux pensées qui pourraient me nuire, je ne pense pas en avoir et des terreurs non plus … mais je dois aussi vous informer que je suis amnésique et qui sait si quelques faits dramatiques m'échappent.

[font=&quot]Elle se tut, non qu’elle entrevoyait quelques drames horribles, mais elle ne pouvait ignorer que l’homme avait peut-être perdu des fils par la faute de sa femme, des femmes et rien ne permettait de penser qu’il ne s’attaquerait pas à elle alors que dans ses ennemis nés.
[/font][font=&quot]
Mais nous n'avons guère d'autre choix que celui de nous faire mutuellement confiance, pour notre survie à l'instant et pour la réussite de ma mission et la survie dans la liberté de votre peuple.[/font][font=&quot].[/font][font=&quot]
[/font]

Ioreth opina du chef.
-Nous ne courrons aucun danger particulier - en dehors de ceux inhérents à la forêt - tant que nous n'aurons pas atteint les abords de la faille. Et quand nous y serons... Et bien, je m'y suis déjà rendu à plusieurs reprises. C'est un lieu tabou pour notre clan, mais j'avais en charge d'aller le surveiller, de vérifier que la voie ne s'était pas grande ouverte, ou que quelqu'un ne l'avait pas volontairement élargie. Je sais donc à quoi m'en tenir, au moins en partie. Quoi que je n'ai jamais gagné la faille elle-même. Je m'en suis toujours précautionneusement tenu à distance, puisque tout m'a toujours paru "normal".

Arya ne voyait pas vraiment ce que l’on attendait d’elle, mais si c’était sortir vivante de cette forêt cela ne serait que son destin qui pourrait éloigner les monstres gigantesques qui s’y cachaient. Elle ne voulait pas imaginer que ses congénères souhaitaient l'envoyer au plus près de la faille pour savoir qu'elle en serait les conséquences, quoique cette possibilité effleura son esprit une fraction de seconde.

Et il ne nous reste plus qu’à espérer que rien ne viendra changer ce que vous avez pu voir et pour les dangers de la forêt, si vous avez pu les contourner jusqu’ici, je pense que cela devrait pouvoir continuer.

[font=&quot]Ma curiosité ne m’enlèvera pas ma prudence, mais je n’ai jamais de mémoire pu observer une faille et cela sera pour moi très instructif. Vous seul saurez si celle-ci s’est agrandie. Il est certain que si nous devions nous en approcher pour une raison ou une autre, les risques seraient importants. Je préfère ne pas y penser pour l’instant. Mais à quelle distance ce trouve-t-elle cette faille ?[/font]

-Il nous faudra une journée, voir un peu plus, pour nous y rendre, répondit-il. Dans l'absolu, le trajet pourrait être plus court, mais... Je n'ai plus ni les jambes, ni les forces de mes cent ans. Quant à l'éventuel élargissement de la faille... Vous le constaterez par vous même, et ce, sans aucun mal : les manifestations en seraient éloquentes bien avant que nous n'ayons gagné la zone proprement dite. Alors, vous avez raison : n'envisageons pas d'emblée le pire. S'il s'est produit, nous le saurons bien assez tôt.

La marche serait longue, mais cela n'effrayait pas la magicienne. Ce qui lui semblait périlleux à cette distance de la faille, c'était plus l'environnement pour pouvait être dangereux et elle se demandait comment ils pourraient se défendre si un oiseau de la taille de celui rencontrer aux abords de la forêt venait à les attaquer. Mais elle n'en dit rien, l'homme avait déjà fait maintes allées et venues et il devait soit savoir les éviter, soit les combattre.

Quelles sont les manifestations que nous risquons de rencontrer ? Plus je serai instruite, mieux je pourrai les déceler et m'en prémunir le plus possible si cela devait être. Elle posa un regard interrogateur sur le vieil tout en souriant. Qu'attendez-vous de moi pour m'emmener à cette faille ?

-Les manifestations se traduiront par une altération plus grande, une fluctuation plus marquée du temps et de l'espace, des êtres et des choses. Certaines créatures, certaines plantes, certains objets étranges et incongrus pourraient avoir fait leur apparition, ou être presque là, flous, intangibles mais néanmoins visibles. Le paysage tout entier paraîtrait frémir, trembler, comme si on l'entrapercevait à travers une brume mouvante. Enfin, certaines pensées pourraient plus ou moins se matérialiser, comme je le disais, allant de la simple illusion à une quasi réalité : des souvenirs, des personnes chères ou rencontrées par hasard.
Il soupira.
-Enfin, ce ne sont là que conjectures basées sur mon expérience de cet endroit alors que la fissure demeurait close. Il n'est pas impossible que tout prenne un tour très différent... Il nous faudra alors réagir au mieux de nos possibilité. C'est là que vous aurez un rôle à jouer : vous êtes mage, vous êtes familiarisée, sensible à la magie, et si vos sorts seront peut-être inutilisables, vos connaissances et votre sensibilité pourraient vous dicter la conduite à tenir, la manière de me seconder au mieux. Ce que ne pourraient faire des profanes.

La magicienne ne savait si de ces apparitions, elle devait se réjouir ou au contraire les craindre. Elle aurait voulu n’y voir que les images douces de son passé, mais quels souvenirs viendraient se matérialiser alors qu’elle n’en avait pour l’instant pas conscience. Il valait mieux laisser de côté cet avenir qui s’imposerait de toute manière par lui-même.

Vos paroles sont sages et me laissent pour la première fois espérer que je ne suis plus sur un terrain hostile qui ne voit en moi qu’un être redoutable à l’esprit déviant. Sachez que tout ce qui sera en mes capacités vu que mes pouvoirs seront sans nul doute annihilés, je le mettrai au profit de la sauvegarde de nos vies, de nos esprits et dans le but de nous libérer tous des êtres monstrueux qui tentent de pervertir cette terre et probablement bien plus. C'est notre mission et nous ne pouvons pas échouer, je collaborerai avec vous soyez en assuré.

Je ressens depuis notre arrivée, la magie étrange qui règne ici. Certes, cela ne me semble pas altéré mes sens, ni mon esprit, mais je reconnais que cela ne m’est pas vraiment agréable. Elle me semble … je la ressens négative … peut-être n’est-ce que parce que je sais mes pouvoirs amoindri, peut-être pas, malheureusement je ne sais pas en tirer profit, cela aurait été bien utile face à nos ennemis.

Par rapport à notre position, celles des mages qui vous sont connues sont-elles à respectable distance. je n'ai qu'un souvenir sans grande précision de l'ile, surtout de l'intérieur, n'ayant eu la carte que quelques instants sous les yeux lors de notre voyage

-Nous ne savons pas exactement où se trouvent les mages, répondit Ioreth. S'ils ont gardé la forteresse de pierre comme base, ils sont au nord, au cœur des montagnes. S'ils se sont établis au port, ils son à l'est, et seule la forêt nous sépare d'eux. Il est possible, aussi, qu'ils soient dispersés, tissant leur sombre toile chacun de leur côté... Ajoutez à cela les femmes, au nord des montagnes, et vous conviendrez que notre "domaine" est fort réduit... Nos patrouilles le sillonnent cependant en permanence, pour s'assurer qu'il n'y a pas d'incursion ennemie. Normalement, nous n'avons donc rien à craindre des femmes ou des mages. Normalement.

Arya sourit, non qu’elle avait une quelconque certitude qu’ils n’avaient rien à craindre, mais le doute que son compagnon mettait à la fin de ce qu’elle aurait pu prendre pour certitude, elle qui n’était sûr de rien en dehors de sa bonne étoile.

Normalement, oui … si nous ne rencontrons pas de monstres, pas de femmes et pas de mages, si la faille n’est pas béante … alors nous reviendrons bredouilles mais vivants … dans le cas contraire …

L’elfe n’avait guère envie d’entendre les risques qui lui semblaient omniprésents, elle n’était pas une guerrière et actuellement probablement sans pouvoir. Son guide ne devait guère plus qu’elle savoir combattre et elle préférait gardé l’idée qu’ils allaient sans encombre vers cet inconnu qui ne pourrait qu’être rassurant. Peu importe ce qu’en penserait le chef de la tribu si le rapport se faisait sans intérêt.

Avez-vous toujours vécu ici ou venez-vous d’une terre lointaine ?

-Je suis né en un lieu très éloigné d'ici... fit-il doucement. Néanmoins, je n'y ai passé que peu d'années et n'en garde guère de souvenirs. Notre clan a été contraint d'abandonner les terres qu'il occupait précédemment - un autre exode comme les elfes sauvages en ont connu tant. Et nous avons finalement trouvé refuge ici, sur cette île alors déserte. Elle est devenue notre patrie, aussi hostile et périlleuse soit-elle.

Le regard de la magicienne était compatissant, non que la souffrance de l'elfe la touchait émotionnellement, mais elle ne pouvait se départir des affres subis pas son petit protéger et la vie ne devait pas avoir été si aisée en ce lieu avec la faune gigantesque qui y résidait, même si elle dut être moins douloureuse que dans les taudis sous Morféa.

Alors, il faut que vous ne soyez pas chassez une fois de plus et devoir aller chercher refuge sur d'autres terres. Mais .... je ... enfin, je ne vois pas votre pérennité ici ou ailleurs, sans ... vos femmes ... n'avez-vous jamais envisagé qu'elles pourraient être sous l'influence négative des mages sans en être conscientes ... elles ont aussi besoin de vous pour survivre ...

Dans l'esprit d'Arya, tout était bien insaisissable, cette guerre entre sexes lui était étrange, impossible. Elle ne pouvait entrevoir de tuer un être juste pour le pouvoir et un elfe encore moins que tout autre être et l'hécatombe qui leur avait été conté, elle ne pouvait y croire sans pour autant dire que les hommes se pourvoyaient dans le mensonge.

-Nous espérons pouvoir épargner celles trop jeunes pour avoir pris les armes contre nous, répondit-il gravement. Nous espérons pouvoir les élever sans qu'elles subissent le poids et l'opprobre liés à la trahison de leurs aînées. Nous avons essayé de préparer le terrain, en expliquant à nos fils que leurs mères, leurs sœurs avaient été prises de folie, qu'elles n'étaient pas responsables... Voilà notre seule espérance. Pour le reste...
Il ferma les yeux, un instant.
-Il y avait des signes dès avant que les mages entrent en scène. Depuis des décennies. Des signes que ni moi ni les autres n'avons vus, n'avons su interpréter. Et auxquels j'ai encore du mal à croire aujourd'hui. Et pourtant, les faits sont là : elles ne se contentaient pas d'une répartition équitable du pouvoir, elles le voulaient tout entier. Elles ne se satisfaisaient pas de la répartition égale et juste des tâches : elles voulaient nous laisser les plus quotidiennes, et seulement celles-là, tout s'appropriant les autres. La chasse, le commandement... Les choses ont empiré au fil des ans, elles en voulaient toujours plus. Elles attendaient un prétexte pour nous asservir : tout ce qu'ont fait les mages, c'est leur fournir ce prétexte, Leur suggérer que le moment tant attendu était arrivé, qu'elles en tireraient des bénéfices immenses... Elles ont saisi le prétexte, accepté les suggestions. Et elles sont passées à l'acte.

La magicienne semblait mieux entendre le shamann que le chef du village bien que dans son ignorance de ces conflits du pouvoir des sexes, elle peinait à s’y retrouver.

Cela me paraît aussi étrange que les humains, bien que là ce sont les hommes qui soumettent les femmes. Celles-ci semblent d’ailleurs heureuses de leur rôle et je n’en a pas vu se rebeller. Mais je peux comprendre que vous n’ayez pu accepter et que …

Arya secoua la tête, en fait non elle n’arrivait pas à comprendre qu’ils aient pu s’entretuer, que ce fut la guerre dans leur clan et que dès lors seules quelques fillettes puissent survivre au massacre programmer. Elle aurait préférer être à mille lieux de ce conflit. Sa mission était de combattre des mages, pas de se retrouver plongée au cœur d’un drame qui la touchait plus qu’elle n’aurait voulu du fait que les protagonistes étaient des congénères et qui risquait de l'amener tôt ou tard à être prise entre deux feux pour la sauvegarde de sa propre vie..

Le regard plongé dans la densité de la verdure qui lui faisait face, elle ressentait encore plus négativement la magie qui l’entourait, se voulait de mettre la responsabilité de se changement de comportement des femmes sur l’empreinte qu’elle aurait pu laisser sur leurs âmes et qui petit à petit en aurait modifier les pensées. Que cela soit ou pas n’y changerait rien, elle était là avant les mages et serait encore là après et l’espoir de voir ce clan y puiser un soupçon de pardon était utopie.

-Nous n'avons pas eu le choix entre accepter ou ne pas accepter. Avant ce jour fatidique, elles tentaient de cacher leurs sentiments réels, et nous nous y sommes laissés prendre. Nous n'avons pas vu venir le coup. Et quand le coup est venu, quand est arrivé le jour fatidique... La seule alternative qui s'est offerte à nous était combattre ou mourir. Nous échapper du village, emportant nos fils avec nous, ou trépasser sous les coups de ses furies. Beaucoup des nôtres sont tombés pour avoir tenté de parlementer, pour ne pas avoir compris qu'elles ne feraient pas de quartier.
Il s'assombrit.
-Même les plus jeunes avaient pris les armes contre nous...
Il secoua la tête, fit un pas en avant.
-Mais nous ne sommes pas tous morts. Et la lutte pour la justice n'est pas terminée.

Arya aurait préféré que ce fut une voix inconnue venue de nulle part que celle de l’homme qui était chargé de la tester. Elle n’avait pas d’amitié pour lui, mais pas de haine non plus. Elle voulait le croire, mais le seul vrai combat, la seule odeur de mort qu’elle eut ressentie était due aux drows et ce qu’il narrait ressemblait trop à leurs modes de pensées.

Son regard restait interrogateur alors qu’elle le posa dans celui de l’homme.

[font=&quot]Ioreth, pouvez-vous comprendre que tout en acceptant la véracité de vos mots, je n’arrive pas à en croire la réalité ou pas à l’accepter. Cela me semble si impossible que l’on puisse tuer un être que l’on aime, tuer son propre enfant. Je n’ose même pas imaginer croiser en ce lieu une de ses jeunes filles que vous ...

[/font] [font=&quot]Un frisson lui parcourut l’échine, que ferait-elle si cela s’avérait ? Une des femmes, jeunes ou vieilles isolées du groupe qui se présenterait devant eux. Pourrait-elle accepter que de la voir se faire trucider. [/font]

Il poussa un profond soupir.
-Je peux comprendre, oui. Je peux d'autant mieux comprendre que, si on m'avait fait semblable récit, je n'en aurais pas cru un traître mot. Cela m'aurait paru par trop incroyable, dément, par trop contre nature... J'aurais pensé mon interlocuteur atteint de folie. Mais malheureusement, j'ai vu, vécu, subi ce qui s'est produit. Je ne peux donc pas me voiler la face, me bercer d'illusions.

Sur cette ile qui ne pouvait qu'être maudite tout semblait pouvoir arriver et Arya ne pouvait s'empêcher de chercher d'autres raisons, d'autres sources aux malheurs de son guide.

Connaissez-vous les spécialités des mages qui ont été enfermés ici ?

Peut-être peine perdue, mais aux forces malignes qui auraient pu corrompre les esprits des femmes, pouvaient être une mise en scène des mages pour mettre dans l'esprit de ce clan les pires scénarios et générer des illusions pour qu'ils n'aient aucun doute sur des actes qui n'ont peut-être pas été commis. Utopique certainement comme l'était l'elfe.

Ioreth secoua la tête.
-Non, nous ne savons que très peu de choses d'eux; Presque rien, en fait : notre seule source d'information était constituée des hommes de la garnison que nous écoutions parler à leur insu. Et ils discutaient peu des prisonniers... Néanmoins, il paraît certain que l'un d'entre eux est un amateur des arcanes nécromantiques. Il y aurait aussi une enchanteresse de notre propre race.

Ils n'en avaient qu'une partie, comme l'homme semblait bien loin de l'interdiction de parler qu'avait eu leur guide, la magicienne ne demandait qu'à partager le peu de savoir des uns et des autres.

Alors ajouté un illusionniste, un gnome, je crois me souvenir, sa race n’est guère importante dès que l’on sait qu’il est particulièrement doué. Le nécromant est un humain, tout comme un magicien tourné vers l’invocation. Reste quelques mages de moindre importance, enfin lorsqu’ils ont été enfermés, allez savoir ce qu’il en est aujourd’hui.

[font=&quot]Tous ne peuvent être que particulièrement dangereux et tout ce qui semble être certitude d’avoir été vu, entendu peut tout à fait être de leur cru, n’être réalité que le ressenti, la fausse certitude. Je me laisse à espérer qu’il en est ainsi pour votre peuple, car cela peut être, ils en ont les capacités.

Notre avantage réside probablement dans le fait qu'ils se croient tout puissant et que rien ne peut venir entraver leur avancée démoniaque.
[/font]

Le shaman lui adressa un triste sourire.
-Malheureusement, il nous est impossible de puiser le moindre réconfort dans l'idée que tout cela n'a été qu'illusion. Nombre des nôtres portent encore les cicatrices des cruels coups qu'ils se virent infliger ; le cimetière de notre village abrite les tombes de ceux qui n'ont pas survécu à leurs blessures ; et il y a les disparus,, évidemment, ceux dont nous avons perdu la trace durant notre retraite, dont nous ne savons ce qu'il est advenu. Autant de drames qui persuadent sans doute, oui, nos ennemis et leurs servantes que leurs plans ne peuvent échouer. A nous de leur prouver qu'il en est tout autrement.

Le massacre entre les membres survivants de ce clan semblait inévitable, incontournable et cela n'était pas pour enchanter la magicienne. Que trouver comme raison pour gommer un peu cette folie qui lui était contée ? La magie particulière qui régnait sur l'ile, les mages qui en auraient profiter. Mais faire accepter cela à son compagnon du moment lui semblait chose impossible. Son regard se posa sur lui avec compassion et inquiétude, mais elle préféra changer de conversation tout en prenant un ton admiratif qui n'était pas feint..

Vous semblez particulièrement bien connaître le chemin qui nous emmène à la faille tout en évitant de rencontrer les animaux démesurés qui semblent peupler cette ile.

-Je n'ai aucun mérite... fit-il, modeste. Le chemin jusqu'à la faille m'est connu à force d'habitude. Quant à éviter les prédateurs, les plantes ou les zones dangereuses... Chaque membre du clan y est entraîné depuis sa plus tendre enfance. C'est un savoir de première nécessité, une chose indispensable si l'on aspire à survivre quelques temps en ces lieux imprévisibles. Nous nous devons tous de nous y appliquer même ceux qui, comme moi, n'ont pas le talent pour devenir chasseur ou rôdeur.

Arya ne quittait pas la trace de Ioreth et se tenait au plus près de lui pour ne prendre aucun risque et elle ne se sentait pourtant pas vraiment rassurée. Dans cette forêt inhospitalière, elle s'attendait à tout ou presque, elle n'avait pas ajouter aux risques déjà connus que les plantes aussi pouvaient leur nuire.

Vous voulez dire qu'il y a des plantes vivantes, carnivores ?

-J'imagine qu'il y en a dans toutes les forêts... Mais ici, oui, c'est probablement plus marqué. L'influence des plans, de la magie donne une vie parfois tangible aux végétaux. D'autres espèces naturellement mouvantes... ont gagné en puissance au fil des ans. Il y a des plantes carnivores, des arbres qu'on croirait capables de tendre une racine pour vous faire trébucher - même si on ne les surprend jamais en train de bouger ! -, des lianes étrangleuses particulièrement vicieuses... Entre autres joyeusetés.

La magicienne sourit en pensant à sa terre natale où de telles flores n'existaient plus déjà bien avant sa naissance.

Dans toutes les forêts non et j'en suis fort aise d'avoir pu vivre en paix totale et harmonieuse avec la nature. Elle nous apporte bien-être et force et ce n'est pas ici que j'irai puiser de l'énergie dans les arbres. Mais, jamais vous et les vôtres, voire vos ancêtres non pensé que la vie serait plus ... disons moins dangereuse en d'autres terres. Beaucoup sont plus hospitalières et vous auraient accueilli si vous les aviez accostées. Je sais qu'ici ce fut au départ un refuge, mais ...

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