La Couronne de Cuivre

L'établissement est situé dans les taudis, faisant le coin d'un carrefour entre deux ruelles mal éclairées, dans une battisse à deux étages et à l'architecture pour le moins invraisemblable : le rez de chaussée qui abrite la salle principale, parait démesurément moins vaste que le premier étage. À l'extrême, le Bon Barde semble bâti tel une pyramide inversée.

La salle du bas est faite de pierres larges et visiblement solides, bien qu'érodées par la pluie et salies par la poussière et la boue quasiment omniprésentes. Le premier étage en revanche a du être rajouté bien plus tard, à l'aide de poutres et de planches en bois. Rien qu'à regarder la manière dont le toit déborde de la base du bâtiment, L'on peut s'imaginer un farfelu système de cordes au niveau de la charpente pour retenir les murs de s'effondrer autour du rez-de-chaussée. À mesure que l'on s'approche de la porte, une âcre odeur de graisse brûlée frappe vivement les narines. Une épaisse fumée grise s'échappe d'une fenêtre de l'autre côté du bâtiment, probablement venant de la cuisine, dès l'heure du midi et ce jusqu'en début de soirée.
En entrant, il faut un instant s'arrêter pour s'habituer à la pièce. D'une part, une odeur puissante de sueur, de graillon, d'alcool et, chaque matin avant le nettoyage, d'urine et de vomi emplit l'endroit. Par ailleurs, bien qu'il y ait plusieurs fenêtre donnant sur la salle, celle-ci est pourtant plongée dans une pénombre un peu dérangeante. La raison s'impose rapidement d'elle-même : si fenêtres il y a elles n'ont pas du être nettoyées depuis leur fabrication. L'une d'elle est même couverte de l'intérieur par des planches de bois, ce qui ne se vot pas de l'extérieur à cause de la couche de crasse. Le mobilier est simple, en relativement bon état si l'on évite de regarder les bords des tables, véritable foyer à échardes tant le bois est abimé. L'on reconnaît les habitués du Bon Barde à leur petite serviette, leur pan de cape usé, dont ils se servent pour pouvoir poser tranquillement les coudes sur la table. Un comptoir fait l'angle de la pièce. Derrière, plusieurs dizaines de bouteilles, quelques tonneaux et une collection de tasses ébréchées, à la hanse manquante, probablement percées pour certaines. En face, un escalier des plus rustiques monte à l'étage. La seule autre porte de la pièce semble mener en cuisine, d'où provient l'essentiel de l'odeur de graisse.

On accède à l'étage par un escalier en U avec un pallier à mi chemin. Les marches sont vétustes, et si les premières sont encore en pierre, rapidement il ne s'agit plus que de planches clouées entre elle, grinçantes, branlantes. L'on arrive dans un couloir d'environs trente mètres de long, orné de neuf portes, quatre de chaque côté et une en face. Ce sont les chambres de l'auberge. Chacune abrite un lit des plus spartiates, une chaise et une petite table ainsi que, très souvent, un ou deux gros rats. Toutes ne possèdent pas de fenêtres (seulement les deux premières à droite et celle du fond), mais aucune ne propose de chandelle : la plupart des clients les louent pour cuver leur vin en paix et n'ont cure de voir clair ou pas.

Au plafond, quelques dizaines de centimètres avant le mur du fond, pend une petite ficelle avec au bout un genre de bouchon en liège. Tirer dessus permet d'ouvrir la trappe menant au grenier, chambre d'Oroborokina No'Hetsar, le magicien aidant le soir au service de la taverne. Contrairement aux chambres à louer, celle-ci est plus lumineuse, mieux entretenue et, bien qu'elle sente fortement la poussière et l'humidité, il y fait meilleur vivre. Le lit est un peu plus confortable, il n'y a pas de rats (ou si peu), et un bureau a été aménagé pour son travail d'érudit.

L'auberge ouvre tous les soirs peut avant dix-neuf heures et propose boissons et repas pour un prix modeste, en rapport avec la qualité (souvent déplorable). Derrière le bar, l'on trouve Tika. Jeune femme d'un peu moins d'une vingtaine d'année, elle arbore souvent un sourire ravi et charmeur. De petite taille, au courbe fine, des cheveux noirs descendant en longues boucles sensuelles jusqu'aux hanches, de grands yeux verts pétillants, ses charmes font souvent forte impression sur les hommes de la taverne. L'on pourra également remarquer les quelques cicatrices sur sa joue droite et son cou, témoignage de mauvais coups reçus par le passé, donnés par quelque clients colérique et îvre... Malgré son air de jeune femme ravissante, elle parle d'une voix grave et éraillée, au vocabulaire et à la diction particulièrement écorchés.

Faisant la navette entre la cuisine, le bar et les clients, un jeune homme barbu, décoiffé et la mine rieuse se charge de la protection de la jeune barmaid, du service et de l'amusement des clients. Magicien, à la silhouette carrée et puissante, le jeune Oroborokina sait gagner la sympathie des clients les plus éméchés comme il peut les remettre à leur place au moindre mot plus haut que l'auttre, particulièrement à l'encontre de Tika. Récemment arrivé à Luménis, il donne du cœur à l'ouvrage et travaille sans rechigner, reconnaissant envers la Patronne de l'avoir logé et engagé.

Gaellerria, la tenancière du Bon Barde, passe ses soirées et une partie de ses journées dans la cuisine, à préparer à manger. Les clients, ainsi qu'Oro, se gardent bien de l'appeler par son prénom et se contentent du surnom de Patronne. Relativement grande, elle est également d'une carrure assez forte, au visage poupon et souvent rougi par la chaleur des fourneaux.D'une élocution plus travaillée que sa fille Tika, elle parle d'une voix remarquablement autoritaire...

[Reflets de guerre]

L’établissement était plutôt bondé s’il on tenait compte de l’heure peu avancée de l’après-midi. La cité s’était comme mise en état de veille, reléguant les affaires courantes au second plan, dans l’attente des nouvelles du front. Ce n’était pas uniquement l’absence, d’un fils, d’un compagnon ou d’une simple connaissance qui motivaient les échanges de rumeur anxieux, mais toujours impatients. C’était tout le destin d’une nation, d’une région du monde, de l’Histoire qui se jouait loin des regards mais pourtant si proches, dans chaque conversation.

- Cesse un peu de bailler aux corneilles, Tika ! Il y a des clients à servir, lança la tenancière, Gaelleria, d’une voix faussement sévère en passant devant le bar, en chemin pour rejoindre l’abri temporaire de ses cuisines.

Nalfein était assis devant sa chope de bière brune, passablement désoeuvré. C'était déjà sa troisième de l'après-midi et s'il n'avait pas eu une constitution de nain, ce qui pour un elfe était un comble, il aurait probablement déjà roulé sous la table. Il essayait de tromper son angoisse et l'alcool ne l'aidait en rien. Il lui fallait quelque chose de plus fort. Quelque chose qui l'assommerait un bon coup et lui retirerait Sullyan de la tête. Au moins une heure, ce n'était pas trop en demander, si ?
Aussi se leva-t-il, espérant à moitié tituber (mais non, il était parfaitement sobre), et vint-il se planter au bar, cherchant à attraper le regard de la jolie fille qui s'y trouvait.
" Vous n'avez rien de fort ? Je veux dire de très très fort ? Genre du tord-boyaux pour orque, ou quelque chose du genre ?"
Elle allait sûrement faire un commentaire sur le fait qu'il avait l'air d'avoir quinze ans, maigrichon dans ses vêtements civils, et qu'elle ne voulait pas le ramasser par terre ensuite. Il avait l'habitude.

Si le devoir de tout serveur consciencieux consistait à faire en sorte de ne pas trop nuire à la santé de sa clientèle, l’établissement du Bon Barde en avait vu bien d’autres et ne pouvait pas se permettre de refuser des clients. Surtout de ceux qui payaient… Même ceux qui ne payaient pas de mine. La serveuse, par la force de l’habitude, se retint de faire un pas en arrière pour échapper aux effluves nauséabonds qui l’avait assailli quand son client avait ouvert la bouche. Non, au lieu de cela, elle joua parfaitement le rôle que l’on attendait d’elle. Amener le chaland à consommer sans en faire trop, sans lui donner trop d’idées ou trop de rêves : les deux étaient mauvais pour les affaires dans un débit de boisson tel que celui-ci. Elle se pencha donc en avant juste ce qu’il fallait pour révéler la naissance de son décolleté.

- V.. Vous êtes certain de pouvoir le zup..porter ? Nous avons une liqueur de framboise de Lorien. Cela n’a pas l’air comme ça, zucré et tout mais, ça vous tape derrière l’oreille.

" C'est parce que je suis un elfe que vous essayez de me refiler de la liqueur de framboise ? Je voudrais un truc fort, pas une boisson riante des grandes forêts !" s'offusqua-t-il.
Elle avait parlé de ses oreilles aussi. Devait-il y voir quelque chose ? Non. La seule chose qu'il voyait, c'était ce qu'elle baladait devant ses yeux et honnêtement, ça ne l'intéressait pas.
" Excusez-moi. Je ne suis pas très en forme, fit-il avec un soupir. Mon amie est partie à la guerre en Dorrandin et ça me mine le moral. J'imagine que vous ne devez pas en voir des masses, des comme moi... En général, c'est l'homme qui part à la guerre, pas la femme, et les femmes ne viennent pas boire leur chagrin dans les bouges... pardon, les tavernes..."

Si la serveuse avait dû s’offusquer pour si peu, il y a longtemps qu’elle aurait déserté l’établissement qu’on ne pouvait en toute honnêteté que qualifier de bouge infect pour rejoindre le bordel ou un endroit plus riant et joyeux de la sorte.

- Ne vous mép-prenez pas. Seuls les imbéciles orcs préfèrent not’ whisky en croyant que c’est plus fort. Ça fera que vous rendre malade et après je dois nettoyer. Ce remède-là ne vous fera pas attendre une heure pour oublier vos soucis. Enfin, si vous avez les moyens ? Chuis sûr que votre amie n’y verra pas d’mal si vous l’oubliez ce soir… Et on voit d’tout ici, ça c’est certain. Vous n’êtes pas le seul dans ce cas-là. Il y a même une ou deux habituées qui s’ont venu pour la même raison. Elle sert dans quelle arme, votre dame ?

" Bon, servez-moi ce machin à la framboise, alors, dit-il avec un haussement d'épaules. Elle est archère. Comme moi. Je ne pensais pas qu'ils la prendraient elle, et pas moi. Tout ça parce que j'ai manqué une putain de cible le jour où Flèche-Sombre a sélectionné ceux qui partiraient. Il y avait du vent, un sacré vent du large, vous savez comme ça peut souffler, certains jours... Je l'ai pas vraiment manquée, en plus, c'est juste qu'à la place de la mettre là, ma flèche..."
Il fit un geste approximatif.
" Je l'ai mise là."
Une grimace scandalisée déforma son jeune visage.
" Ils disent que j'aurais pu anticiper ! Qu'il y aura aussi du vent en Dorrandin ! Bouse de pouliche ! Y'a sûrement pas autant de vent qu'ici !"

La serveuse, au fil de sa carrière, avait appris quelques ficelles du métier comme celle consistant à laisser parler les clients en leur laissant l’impression de leur donner la réplique. Point besoin de maîtriser son sujet ou même d’y prêter particulièrement attention : la plupart des clients se contentaient de s’écouter parler de toute façon, satisfait à l’idée que quelqu’un d’autre les entende. Et même bien après que la boisson ait fait son œuvre de destruction de leurs capacités d’éloquence ou de réflexion pour ceux en ayant avant d’entrer. Voyons, le vent, les archers, le temps qu’il fait :

- Vous devez être ras-suré : elle doit être sacrément bonne archère et avoir de la chance en plus. Il lui arrivera rien, vous verrez. Et la prochaine fois, ce sera à elle de s’inquiéter pour vous, pensez-y ! J’ai entendu que du vent, la flotte en a eu, un bon présage qui nous ramènera vite nos hommes et nos femmes. Allez gouttez moi ça !

La serveuse sortit un verre qui avait dû être plus ou moins propre et transparent, un jour précédent en tous cas. Mais la bouteille qu’elle présenta sur le comptoir retenait déjà toute l’attention de son client : elle dégageait une lueur vive, presque phosphorescente et incroyablement rose. C’est comme si elle était animée d’une aura propre. Quand elle versa le liquide dans le verre, il quitta le premier récipient comme à contre cœur avant de dégager un arôme puissant en atteignant le second.

" Il me semble que j'ai déjà vu un truc comme ça... un alcool de... cu... cuberdons, je pense qu'ils appellent ça... Mais ça venait pas de la Lorien... Ça venait de Solarcis, je crois... Vous êtes sûre que c'est de la framboise..."
Il se pencha pour regarder ce qu'elle versait dans le verre un peu trouble.
" Wouah, ça sent fort."
Il huma le breuvage, et le but cul sec, avant de tousser.
" C'est bizarre, mais j'en reprends."
Une fois son verre plein à nouveau, il reprit.
" Je suis pas certain que j'avais vraiment envie d'aller à la guerre, entre nous. Je veux dire... Qui a vraiment envie d'aller se faire massacrer en terre étrangère, hein ? En plus, c'est pas comme si on allait combattre les Manostiens. Là, au moins, on sait que si on est capturé, on est envoyé en prison, ou alors décapité proprement, n'en parlons plus. Tandis que les Mélandiens... J'ose même pas imaginer ce qu'ils vont faire aux Luméniens qu'ils attraperont..."
Il but une gorgée de sa boisson.
" Sauf qu'ils en attraperont pas. On est d'accord, hein ?"

La compassion n’était pas aussi importante que savoir donner raison au client dans sa profession : la première amenait à se poser des questions et souffrir des milliers de maux de la frange de populace bien spécifiquement déprimée qui venait se noyer dans l’alcool. La seconde permettait d’échapper aux ennuis tout en offrant un service que venaient chercher les piliers de comptoirs, qui les dissuadait d’aller simplement acheter leur alcool ailleurs et boire seul avec leurs pensées troubles. Tika n’hésita pas un instant à resservir l’elfe tout en répondant :

- Bien entendu que non ! Les archers à pied ne s’ront jamais en première ligne. Aucune chance qu’on s’les fasse cap-turer. Les mélandiens vont apprendre à quoi s’en tenir. Si les flèches ne suffisent pas, on a la meilleure cavalerie. Sans compter tous ces beaux spadassins, vous avez dû les voir, non ?

" J'dois dire que je suis pas très sensible au charme des spadassins, non. Mais j'les ai vus, ça oui. Mais dire qu'ils sont beaux, ma foi... Pourquoi vous les trouvez beaux ? Les cavaliers, j'pourrais comprendre, mais tous ces types à pied... C'est l'épée, ou quoi ? Moi j'ai toujours trouvé qu'un arc, c'était quand même plus élégant... Une épée, c'est... c'est vulgaire, quelque part, non ? Mais j'imagine que c'est parce que vous n'êtes pas elfe. On n'a fatalement pas les mêmes valeurs, tout ça."
Il haussa les épaules.
" J'espère qu'ils sont des forêts, en Dorrandin. S'il y a des forêts, alors Sullyan, elle pourra toujours s'enfuir. Même si les Mélandiens bottent les fesses du gros Maelwedd."

La serveuse, pour la première fois de leur échange, se permit un bref sourire. Critiquer les autorités n’était pas forcément bien venu, même à Luménis plus permissive que ses voisines mais il fallait reconnaître à Maelwedd qu’il faisait une belle cible. Une bonne partie de la population ayant vu partir un fils ou une fille en tenait responsable le général et ses idéaux martiaux. Ce ne serait pas lui qui risquerait sa vie, bien à l’abri derrière sa garde rapprochée. Alors lancer quelques piques au potentiel responsable d’un deuil à venir était de bonne guerre.

- Oh oui, évidemment qu’ils en ont. Mais pas avec du bois aussi bon que le nôtre : ils n’auront jamais de si grosses caraques. Je suis allé les voir au port, vous aussi, j’imagine ? Bref, ça n’a pas d’importance du moment que nos soldats pourront s’y cacher au besoin. Et sinon, votre amie pourra toujours s’abriter derrière l’armure du général. Il parait qu’il en a faite faire une éblouissante à la Forge Flamboyante : une œuvre de maître Dorian en personne, sans doute pour en remontrer à nos alliés.

" C'est pas son genre, pourtant, à Maelwedd, de faire dans le tape à l'oeil, au contraire... Surtout si ça peut attirer les armes ennemies, c'est un peu bête. Autant rester discret et frapper fort, c'est toujours ce qu'ils disaient à l'entraînement. Maelwedd, Flèche-Sombre, c'est la même engeance, des pragmatiques." fit Nalfein avant d'étouffer un bâillement.
Son verre était vide, mais il le voyait un peu troublement.
" Je me demande s'ils vont envoyer des renforts, en fait. Il reste encore quelques caraques dans le port... Avec les magiciens, Longuehune est plutôt mobile... et je sais pas combien de temps la guerre va durer... Je sais qu'ils étaient pas chauds d'envoyer tant de Luméniens au casse-pipe, mais en même temps... Maintenant qu'on en a là-bas... Ce serait bête de laisser tomber parce qu'il en manque 300, ou quoi..."

Les rumeurs allaient bon train sur la durée de cette guerre des plus étranges. Une guerre menée à l’autre bout du monde avec des troupes venues de toute l’île ou presque de l’avis de ceux n’ayant jamais voyagé hors des murs de la cité. Alors comment savoir ? Comment extrapoler ? Les plus naïfs voyaient déjà les troupes rentrer pour fêter la nouvelle année. Les optimistes misaient sur le printemps, quand l’ennemi aurait crevé de faim devant les murs des cités étrangères et qu’il ne resterait qu’à les balayer. Mais une guerre ne se déroulait jamais comme prévu et nécessitait souvent des ressources que l’on avait - sagement ou par soucis de popularité - préféré préserver dans un premier temps.

- Nos navires permettent de nous déplacer plus vite que ces mélandiens habitués au désert. Et si on doit envoyer d’autres troupes, ce sera possible mais juste pour faire en sorte que la guerre se finisse au plus vite, je parie. Vous la retrouverez bien vite, votre dame. Et elle sera fichtrement contente de vous revoir en sus !

" Oui... Finalement... On verra bien... Wouah, c'est fort votre machin... Est-ce que ça a... un nom ? Je pense qu'on aurait dû envoyer ça aux Mélandiens... avec une fausse étiquette... ça aurait sûrement suffi... Ils se s'raient dit : ouah, d'la piquette d'elfe, trop minaaable ! Et puis hop... ça vous ratiboise un demi-ogre en trois gorgées..."
Il ferma les yeux. Les rouvrit.
" Vous avez pas des chambres, des fois ? J'ai comme l'impression, là, que j'vais pas réussir à rejoindre la caserne... Ou alors en rampant... C'est pas très sérieux... J'suis quand même sergent..."

La serveuse, en bonne habituée encore une fois, avait paré à cette éventualité : la liqueur du bois doré faisait souvent rester les clients jusqu’au matin où, généralement, ils avaient oublié son nom et le leur en plus du reste.

- Bien sûr, je vais vous trouver ça. Vous avez besoin d’aide pour l’escalier ? Il est un peu traître… Oh, c’est de la liqueur du bois doré. En tous cas c’est ça que ça veut dire en elfique il paraît. Vous savez certainement ça mieux que moi. Oh, ça fera deux pièces d'or pour la chambre et la boisson...

Mieux valait demander avant la bienheureuse mais gênante phase d'oubli.

" Oh... Oui, oui..."
Il farfouilla un moment à sa ceinture puis leva un regard penaud sur la jeune femme.
" J'arrive plus... Faudra que vous trouviez ça vous-même... C'est dans une bourse, quelque part par là, mais j'suis désolé, je suis comme qui dirait un peu... flou ?
— Un souci, Tika ?"
La barmaid leva juste les yeux au ciel avec une grimace et désigna son client d'un index dédaigneux. Oro, serveur et accessoirement magicien, passa un bras sous l'épaule de l'elfe et l'aida à se mettre debout.
" Bonsoir, mon ami... Un aller simple pour les étages, peut-être ?
— Si vous le dites. Votre lit sera mon lit. Ah non, c'était pas ça que je voulais dire... Enfin, vous voyez...
— Pas sûr..."
Mais Nalfein eut un sourire troublé et s'endormit brusquement, la tête retombant sur sa poitrine.
" Une autre victime du Rose de la Lorien, je vois. Ça devrait être interdit par décret, ce machin.
— Jusque là, c'est deux pièces d'or.
— Je dénicherai ça, t'inquiète."
Et le jeune mage emporta l'archer aviné vers les étages, leurs paillasses pleines de punaises et la perspective d'une bonne gueule de bois. Au moins, pour une heure, Sullyan et le front dorrandin étaient oubliés, c'était toujours ça de gagné.

Quète solo de Kyrone:Sombre protecteur,De la grande fôret du nord a Lumenis.

Depuis:batiment-les-taudis-10.html#post424241

Le jeune rôdeur aidé des indications de Joril parvint a trouver son chemin jusqu'a a une petite intersection de rues guère droites...La,a une quarentaine de mètres se trouve la dite auberge,L'auberge du bon barde,L'architecture de cette dernière surprend le jeune drow,Elle semble avoir une forme peu...commune comme une pyramide a l'envers...C'est pas dans ce style d'auberge qu'il irait facilement...ça non,Il préférerait aisément dormir a la belle étoile!Kyrone regarde au tour de lui si il ne trouve pas d'endroits susceptibles de faire l'affaire pour se cacher et faire sa surveillance...Et il trouve assez rapidement entre deux maisons juste en face de l'auberge un petit espace suffisament assez grand pour qu'il puisse passer et qu'on ne le remarque pas au premier coup d'oeil...C'est alors qu'il décide de commencer sa surveillance et prendre son mal en patience....

Plus de quatre heures passent ainsi...

Le jour tombe doucement et la nuit commence a prendre ses droits,Alors que Kyrone se dit qu'il fait peut-être chou blanc pour aujourd'hui,Un humain colossal a l'armure de maille et avec une hache d'armes a deux mains sort alors de l'auberge...Par la vierge noire,Volothamp,Les deux garçons qui l'ont vus,Joril et les autres témoins l'ayant comptemplé ne disaient pas de sornettes pas le moins du monde!L'humain a la peau semblable a de la glaise et outre le trait de cheveux noirs qui orne le centre de son crâne nu tel un mohawk,Ce dernier est barbu a la barbe bien taillé,Ce dernier semble attendre patiamment et quelques instants plus tard,une étrange femme semble venir depuis le fond de l'allée donnant du poste de garde au grand jardin de la cité...L'étrange femme venant depuis le jardin de la cité...C'est alors qu'elle le salut et le duo se mets a s'en retourner au grand jardin de la cité...

"Alors Jasmina?Du nouveau en mon absence?"

"Cette cité n'a en son sein que des adorateurs de divinités "Bonnes et vertueuses."Tssa!Pas étonnant que Geddarn s'y soit réfugié,Mais néenmoins j'ai préparée notre plan de repli...Le silence de Tarik et des autres m'inquiète...Peut-être que les ménestrels des Moonshaées les ont découvert eux aussi...Il y a dans l'ile de Dorrantin,Une Cité appelée Mélandis,Une cité dont les divinités mauvaises sont dominantes...Cela pourrait être une terre d'acceuil en attendant de reprendre contact avec nos frères et soeurs en Faerun."

"Mhh...Je me suis rendu comme tu me l'a demandée dans cette ville plus au sud,Antelucas...C'est une ville et un port,comme ici a Lumenis,Je me suis renseigné comme tu me l'a demandée pour un bâteau,il y en a un qui part dans un mois pour Dorrantin et il accostera dans la petite cité appelée Archik...et comme cette cité,Antelucas est a environ 8 jours de chevaux...il nous faudra partir en avance..."

"Si ce trio de petites catins ne m'avait pas volées le Karambit,Geddarn serait déja mort a l'heure qu'il est et on serait sans doute de retour aux moonshaées..."

"Tu demeure toujours certaine que ce sont ces trois jeunes filles elfiques qui t'ont dérobée..."

"Certaine je te le dit!!*Jasmina clairement agacée.*Et je suis a peu près sure que c'est la blonde aux yeux verts qui a fait le coup!Sans doute épaulée par la p'tite Elfe de lune et sa chouette blanche...La drow n'était pas du genre a commettre un larcin..."

Pendant que le duo converse,Kyrone leur laisse environ plus d'une quinzaine de mêtres d'avance et les suit de façon aussi discrête que possible pour pas éveiller leurs soupçons...son ouie de drow lui permettant d'entendre de façon assez clair ce qu'ils peuvent se dire...<Ainsi donc le Silence de Tarik et de tes frères t'inquiète..Jasmina?Tu as raison femme...Ils t'attendent auprès de la vieille décadie...> Pense alors Kyrone qui fait sa filature du duo...Ces derniers s'arrêtent de parler alors qu'ils arrivent a hauteur des gardes...Et qu'ils pénétrent dans le grand parc de la cité....Kyrone fait bientôt de même....lieu-dit-le-parc-verdoyant-de-lumenis-30.html#post424247

Suivant les indications données par le sergent de la garde à l'entrée des taudis, Jordin traversa les rues des taudis en direction de l'Auberge du Bon Barde. Sur le trajet, il put contempler, conformément à ses désirs, l'envers du décor de Luménis : contrairement au port, rempli d'échopes et de livreurs, et au quartier gouvernemental, tout en bâtiments brillants et imposants, la ville basse était en effet formée de bâtiments en bois plus ou moins pourri - plutôt plus que moins - et plus ou moins stable - plutôt moins que plus. Au lieu de marchands et notables, il y avait ici sicaires, ouvriers et mendiants.

L'Auberge du Bon Barde, quant à elle, était un peu à l'image du quartier, tant elle semblait avoir été bricolée de toutes parts, en particulier son premier étage qui dépassait largement en surplomb du rez-de-chaussée. Jordin n'avait plus connu une telle ambiance que dans les bas quartiers d'Athkatla, les quelques fois où sa vie de moine lui avait permis d'y aller ; mais, à la vérité, il eut surtout la sensation d'être revenu à Qorngar, la ville de sa jeunesse, où les quartiers pauvres - les hâras - étaient un assemblement de bâtiments communautaires où tous les bricolages étaient bons pour gagner un peu de place.

Le moine s'avança sans hésiter et entra dans l'auberge, malgré un mélange d'odeurs plus ou moins ragoûtantes. À dire le vrai, une odeur délicate et parfumée l'aurait plutôt convaincu de rebrousser chemin.

HRP : Brutus, j'ai pris l'initiative d'enchaîner, histoire de ne pas perdre notre temps avec ce RP urbain et pouvoir démarrer enfin la quête

Le moine vétéran était ainsi entré dans l'auberge,L'intérieur était rustique,Frugale,mais fonctionnelle et propre,Bien que ça soit clairement pas le grand luxe,Les quelques clients présents semblaient être les habitués,Et il y avait en grande majorité des humains,Quelques demi elfes,Demi orcs,Un ou deux gnomes,Quelques halflings...également un Kenku dissimulé dans l'obscurité...L'auberge n'était pas très bien éclairée,Mais Jordin pouvait malgré tout voir son environnement,Assez rapidement une jeune femme brune étant balafrée a la joue droite et au cou vient accueillir et accoster le moine.

"Bienvenue a l'auberge du bon Barde,k'es qu'on vous sert?"*La jeune Tika avec un sourire avenant malgré tout.*

Déclara t'elle tandis qu'au comptoir de l'auberge,Une femme au physique assez fort et au visage poupin,semblait offrir un signe de tête et elle semblait se diriger en cuisine...

(HRP: Désolé du GROS retard...Erf!)

Jordin inclina la tête en guise de salut.

Bonjour, je suis venu pour déjeuner. Si vous avez un plat du jour, ça m'ira parfaitement. Je m'installe où je veux ? Si possible, je préférerais une table avec une bonne vue sur le reste de la salle.

Le moine devait se faire violence pour effacer peu à peu ses habitudes de langage soutenu, pour retrouver le franc-parler qui le caractérisait dans sa jeunesse et ainsi ne pas avoir l'air d'un intrus. Mais il est difficile d'ignorer aussi vite trente ans de vie monacale...

"Ah oui,on a encore une p'tite table ou deux qui trainent,Allez vous installer,Alors...L'plat du jour hein?ça marche,Voulez quoi pour faire passer tout ça?On a un peu de tout,Bon l'eau...Hein,elle vient d'un des puits pas loin...Elle est pas claire claire...Mais elle est buvable."

Lui avait répondue la serveuse,En effet Jordin avait pu apercevoir deux petites tables pas bien droites,Légèrement bancales...Mais au moins elles étaient propres et donnaient sur une bonne vue d'ensemble sur la dite taverne...C'était mieux que rien..

"Plutôt un pichet de vin, c'est mieux. Je viens de faire le trajet en bateau depuis Amn, j'pense que j'ai vu assez d'eau pour le restant de ma vie !" répondit Jordin avec un sourire entendu.

Il alla s'installer à l'une des tables désignées et décida de sauter sur l'occasion pour observer un peu la clientèle.

"ça marche,Un pichet de vin pour le sire et l'plat du jour!"

Avait répondue la jeune serveuse qui s'en allait rapidement en cuisine,Jordin fût ainsi laissé seul durant quelques instants ou il put observer la salle principale de l'auberge,La plupart des habitués mangeaient,jouaient et buvaient,Beaucoup ne prêtèrent pas plus d'attention a ce dernier que cela,En tout cas,Que ça soit dans la vieille ville de Lumenis que dans les taudis d'Athkatla,Les choses étaient assez similaires...La misère est commune partout...

De voir cette ambiance populaire et chaleureuse rappela de bons souvenirs à Jordin, qui sortit une petite bourse de tissu fermée par un lacet craquelé par l'âge. Il entreprit d'en défaire délicatement les nœuds, avant d'en verser le contenu sur la table : quatre dés en bois, manifestement taillés à la main. Leur couleur sombre indiquait qu'ils étaient en ébène, , un bois tropical assez répandu en Turmish.

Tout en faisant rouler les dés, suivant les règles d'un jeu turmish nécessitant de ne pas les utiliser tous à la fois, Jordin réfléchit à ses prochaines actions. Une fois Séraphine envoyée en mission, il pourrait commencer à prospecter pour trouver de potentiels élèves à leur future école. La voie de la facilité serait d'accueillir des enfants des quartiers riches, permettant ainsi de rapidement financer le fonctionnement de l'école grâce aux généreux dons de leurs parents, trop contents d'avoir trouvé une activité physique pour occuper leur progéniture. Mais était-ce la mission première de son Ordre ? Non, évidemment.

Cela étant...

Jordin chassa cette idée : elle ne lui plaisait pas trop, et de toute façon il n'aurait jamais assez de fonds pour s'établir ailleurs que dans le quartier des taudis. Attirer la noblesse dans les taudis ? Aucune chance.

Pourtant, c'eût été la couverture parfaite pour... Pour quoi, d'ailleurs ? Il n'était pas là pour résoudre les problèmes des gens, mais pour les guider vers la transcendance ! D'un autre côté, s'ils crevaient sur le trottoir, de faim ou d'un coup de poignard, la transcendance allait leur faire une belle jambe...

Et alors ? Il avait déjà renversé un gouvernement en croyant bien faire, en voulant améliorer la vie de la population, et où cela l'avait-il mené ? Encore plus d'inégalités, encore plus de violence, encore plus de morts ! Oui, mais il n'était pas Salazar, lui, il était loyal, et franc. Salazar était mauvais, conspirateur, il avait tout planifié !

Vraiment ? Ou bien Salazar était-il resté de bonne foi jusqu'au bout, persuadé de faire le bien alors même qu'il répandait la terreur dans les rues ? Avernus est pavé de bonnes intentions, dit l'adage.

Jordin se frotta le crâne de la main, contrarié. Il ne parvenait pas à prendre une décision, et cela l'agaçait. Il accueillit le pichet de vin avec un sourire et se versa une bonne rasade dans le gosier, histoire de s'éclaircir les idées. Ou bien plutôt de temporairement les embrumer.

" Bien le bonjour, jeune homme. C'est rare de voir des étrangers par ici. Est-ce que je peux m'asseoir là ?"
L'inconnu qui venait de lui adresser la parole était un vieil homme affichant un sourire édenté. Il n'attendit pas la réponse pour s'installer sur un banc un peu bancal, de l'autre côté de la table. Jordin nota que toute son attention se portait sur son jeu de dé, qui de toute évidence l'intéressait bien plus que leur propriétaire.
" En fait, je m'demandais... vous seriez pas joueur de Azar ? J'vois que vous avez de beaux dés, et on est quelques amateurs par ici..."

L'arrivée du vieil homme fit presque sursauter Jordin, perdu dans ses pensée. Le moine fut d'autant plus surpris de constater que l'inconnu s'adressait à lui après l'avoir entendu l'appeler "jeune homme", ce qui était plutôt inhabituel pour quelqu'un qui approchait de la soixantaine. Mais il était vrai qu'une règle universelle stipulait qu'un vieillard appelait tout le monde "jeune homme".

"Euh, oui, pas de souci, allez-...y", répondit Jordin, coupé dans son élan en constatant que son interlocuteur n'avait pas attendu son accord pour s'asseoir.

Il réfléchit rapidement : après tout, il était venu dans les quartiers pauvres pour en prendre un peu la température : c'était donc une bonne occasion de mettre ses désirs à exécution.

"Je n'connais pas le Azar", lança-t-il en tentant une nouvelle fois d'adapter son niveau de langage aux circonstances, "je viens seulement d'arriver à Luménis. Mais ça m'dirait bien d'apprendre. Tant que je n'me fais pas plumer en quelques minutes !" ajouta-t-il avec un petit rire.

" Le Azar, vous connaissez pas ? Vous êtes pas d'Hélonna alors ! Bon, j'voyais bien que j'avais jamais vu vot' tête, mais vous auriez pu être un péquenot de l'île. Pis vous avez un p'tit accent, aussi, à c'que j'entends...."
L'inconnu l'observait désormais avec une certaine circonspection. A voir sa peau ridée, son dos voûté, à entendre sa voix éraillée, on l'imaginait facilement centenaire.
" Z'êtes pas d'Mélandis, au moins ?"

"Mélandis ? C'est une ville du coin ?", demanda prudemment Jordin, l'air totalement innocent.

"Quoi qu'il en soit, je vient d'assez loin. Du continent", crut-il bon de préciser. "J'imagine que la plupart des étrangers qui arrivent ici ne vont pas plus loin que le port ?"

" Ils viennent jamais par ici, non, confirma l'inconnu. Il y a tout ce qu'il faut comme auberges dans les zones commerçantes, pourquoi donc viendraient-ils se perdre ici ? Faut être un peu maso... 'fin, sans vouloir vous vexer..."
Le vieil homme sortit une chique de tabac d'une petite bourse de cuir usagée, la fourra dans sa bouche, et se mit à mastiquer consciencieusement.
" Oh, Pépé, on t'attend !" lança une voix impatiente depuis l'autre bout de la salle.
L'homme qui venait de parler devait avoir une trentaine d'années. Le teint rougeaud, les cheveux blonds filasse, il était attablé avec trois autres convives de tous âges, face à des pichets de bière de taille imposante.
" Oui, oui, répondit le vieillard. J'vérifiais juste que c'était pas un salaud d'Mélandien..."
Puis il se tourna vers le moine avec un large sourire -faisant ressortir ses rares dents jaunies par le tabac.
" C'est mon p'tit-fils. Grand amateurs de jeux de dés, comme tout le monde dans la famille... Vous pouvez v'nir si vous voulez, ça leur fera du bien de changer un peu d'adversaire."

La Couronne de Cuivre

[Commerce] Auberge du Bon Barde

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