La Couronne de Cuivre

RP : The Witcher

Quelques notes de luth, aériennes, savamment orchestrées, et les ténèbres se dissipent. Jusque là tout était sombre mais même la musique ne perce le froid qui demeure. Les quatre aventuriers prennent peu à peu conscience d'eux-mêmes, du lieu, de la présence des autres. Ce n'est pas la première fois qu'ils se rencontrent, mais peuvent-ils se fier à leurs souvenirs ?

La salle elle-même n'avait rien d'extraordinaire hormis la glace recouvrant tout du sol au plafond en passant par les murs. S'il existaient des issues, elles étaient prisonnières de la gangue de glace. Du moins, toutes sauf celle qui leur faisait face. L'ennui, c'est qu'un étrange énergumène se dressaient entre elle et eux. Encore un peu sonné comme s'ils venaient de se réveiller d'un long rêve, les aventuriers échangeaient des regards pour mieux s'appréhender. Ils formaient un curieux assortiment surtout par ces temps de méfiance et de guerre. Un nain, tout bardé de fer et portant un lourd marteau à la ceinture côtoyait un personnage vêtu de sombre, dont on imaginait sans peine que la dague n'était que son atout le moins caché. Non moins étrange était l'autre couple formé d'un homme en armure étincelante, arborant épée et bouclier comme dans un conte, son insigne gravé sur la poitrine révélant son obédience. Sa compagne n'avait guère besoin de cet artifice pour que tous reconnaisse en elle une des mystérieuses membre de la Loge des magiciennes. Sa robe, presque diaphane, masquait bien plus de secrets que tous ses compagnons réunis.

Une nouvelle série de notes détourne leur attention à tous, accompagnée de la voix du barde en tunique et chausses violettes qui leur barre la route :

"Un bien curieux équipage se lance dans le voyage,
Forment-ils un alliage propice au carnage ?
Au-delà de ce calme apparent, il le faudra bien
Ou vos os rejoindront ceux de vos cousins.
La Bête rôde, en quête de sang et de peur,
Saurez-vous en triompher et rapporter son cœur ?"

Le barde s'écarta, révélant la porte qu'il dissimulait à demi jusque là. Une peinture hideuse de monstre peint sur son battant en était le seul élément distinctif.

HRP : N'hésitez pas à faire un peu connaissance si vous le souhaitez puis à ouvrir la porte. Promis, il n'y a pas de piège (pas encore).

Sarakh se creusait les méninges pour tenter de mettre un nom sur les trois inconnus qui se tenaient dans la même pièce que lui, sans grand succès pour le moment.
Pour le moment il devait se contenter de supputations. Il était facile de voir que le Chevalier de l'Ordre les méprisait tous les trois, il ne faisait rien pour le cacher d'ailleurs. Le malfrat détestait ce genre de justicier rigide toujours prompt à lui mettre des batons dans les roues. L'unique femme du groupe n'était pas déplaisante à regarder mais Sarakh jugea qu'il valait mieux pas trop s'attarder à contempler ses courbes de son regard lubrique, les réactions des femmes sont par nature imprvisibles alors quand elles pratiquent la magie. Le nain ne l'inquiétait pas outre mesure, dans ses activités souterraines il fréquentait beaucoup de "non-humains".

Son examen se porta sur l'étrange barde et l'inquiétante porte.

Bombur parcourut la salle du regard, le cerveau engourdit, ne sachant pas trop comment il avait atterri en ces lieux. Avait-il encore trop bu? Étrange, sa bouche ne gardait pas de trace de l'amertume si familière de la bière. Il réprima un sursaut quand ses yeux croisèrent le regard glacé et méprisant d'un homme en armure. A son accoutrement et son attitude hautaine, il pensa être en présence d'un paladin de l'ordre. La communication avec se dernier ne serait surement pas des plus aisée. Il termina son inspection rapide du groupe : peut être aurait-il plus de facilité à parler avec la magicienne ou l'individu mystérieux vêtu de sombre? En attendant, il préféra rester silencieux. Le mépris qu'inspirait les nains aux humains, lui rendait la prise de parole difficile. N'allait-il pas regretté d'avoir quitté sa communauté? Il était trop tard pour faire demi-tour, il serrerait les dents, comme à l'accoutumé.

Maelwenn se sentait terriblement embrouillée, embrumée et elle n'aimait pas cela. Elle aimait contrôler les choses. Laisser la vie glisser entre ses doigts... En ayant au moins un choix, quelque chose à décider.
Son état second lui donnait l'impression qu'elle ne décidait de rien. Elle secoua la tête et sa longue chevelure brune glissa de l'une de ses épaules à l'autre. Pour se réveiller et garder une certaine maîtrise de la situation, elle commença à observer à la dérobée son environnement.
Un chevalier tout d'abord, jeune, vigoureux. Et hautain avec son armure étincelante et tout son attirail. Il avait sûrement un intérêt. Notamment celui de servir de chair à canon. On ne sait jamais, cas de pépin... Le mépris et l'arrogance passent toujours devant. C'est mieux. Pour tout le monde d'ailleurs.
Venait ensuite un nain avec une impressionnante barbe et une chevelure luxuriante. Son énorme plastron en disait long sur son habileté et son goût du combat. De la chair à canon lui aussi ? Peut être pas uniquement. Les nains en savaient toujours plus long qu'ils ne le laissaient croire et pouvaient à l'occasion révéler de forts belles informations sur des objets magiques et précieux en tous genre autour d'une bonne bière... Mais malheureusement, Maelwenn n'avait pas de bière en vue, et encore moins dans l'une des poches de sa robe.
Elle remarqua alors un homme aux vêtements sombres juste derrière le nain. Elle n'appréciait pas sa manière de la dévisager, et encore moins cette allure particulière... Elle avait la sensation qu'une dague pourrait toujours lui atterrir dans le dos. Elle se jura de toujours surveiller cet individu du coin de l'oeil, aussi longtemps qu'il serait en sa présence...

Lorsque le barde passa devant la porte en chantant, Maelwenn l'observa avec circonspection, ainsi que la porte qu'il dévoila derrière lui.
Elle n'aimait pas cette situation, elle n'aimait pas l'environnement dans lequel elle avait atterrit là soudain, sans rien demander à personne. Et par dessus tout, elle n'aimait pas perdre le contrôle de la situation.

D'un air décidé, elle mit ses poings sur ces hanches avant de briser le silence :

"Est ce qu'on pourrait savoir ce que diable on fiche ici ?"

RP : The Witcher

Le barde se tourna vers la magicienne, esquissant un sourire et une révérence moqueuse.

- Voilà une bonne question quoiqu'elle peut surprendre. Après tout, c'est vous qui avez choisi d'être ici quoique vous ne vous attendiez peut être pas à ça. C'est ici que l'aventure débute, je ne peux rien vous dire de plus. Je ne suis guère doué de prescience contrairement à certaines des vôtres, belle dame. Je raconte les histoires des héros et vous n'avez pas encore écrit la vôtre. Tout ce qui m'est révélé est cette porte et, quoiqu'elle affole mon imagination, je ne saurais savoir où elle mène. Passez là et je pourrai composer la suite !

Un barde. Encore un bonimenteur. Un assisté de la société. Un élément de plus à expurger. Ils n'avaient de l'intérêt que lorsque, à la solde de l'ordre ils vantaient leurs exploits. Celui-là n'avait pas l'air d'être favorable à leur cause. Ni à la cause de quiconque d'ailleurs. Et il l'inquiétait.

Il n'aimait pas cette situation. Pas plus qu'il n'appréciait ses compagnons imposés. La façon dont la magicienne avait posé ses yeux sur son corps, comme on regarderait un tas de viande. Quant aux autres ...

Il sortit son épée dont le pommeau portait effigie de son Ordre. Une épée qui exaltait la violence et la foi guerrière. Une épée qui était son prolongement. Il se mit en position, prêt à combattre.

Mais il se tourna vers le nain. Il n'y avait pas de raison qu'il passe le premier. Surtout si c'était dans un lieu inconnu. Et il ne voulait surtout pas parier sa peau pour ce microcosme méprisable.

"Après vous, nain.", finit-il par dire.

Sarakh recula prudemment d'un pas de côté pour s'éloigner des deux hommes, personne ne savait encore quels sombres secrets pouvaient se dissimuler derrière cette mystérieuse porte et déjà cet orgeuilleux paladin risquait de déclencher une bagarre avec le nain à cause de ses opinions supérieures.

Dans son milieu, ce genre d'abruti avec un pois chiche à la place du cerveau restait cantonné au bas de l'échelle. Forts pour récupérer les sommes dues auprès des mauvais payeurs ou pour éliminer les cancrelats, mais inutile de leur demander de se projeter de plus de deux minutes dans l'avenir, tâche trop compliquée pour leur cerveau simiesque.

Sa main glissa lentement jusqu'à la dague pendue à sa ceinture.

Malgré le ton ironique et moqueur employé par le Barde, il n'arrivait pas à cacher l'inquiétude que lui inspirait la porte. L'aventure les avalerait comme un tourbillon dès qu'il en aurait franchi le seuil. Sans grande surprise, le chevalier de l'ordre l'apostropha avec agressivité, lui faisant sentir que sa présence en ces lieux n'était pas désirée. La tension monta de façon significative, mettant chaque membre du groupe sur le qui-vive. Il aperçut l'individu sombre porter sa main à sa ceinture, de peur qu'une bagarre s'engage entre lui et le prétentieux en armure. Bombur soupira, il devrait aussi se méfier de cet individu, qui ne donnait pas l'impression de porter une grande estime à sa race. Il se tourna vers la magicienne. Il crut lire dans ses yeux un semblant de sympathie à son égard contrastant avec son regard froid et sévère qu'elle avait porté sur le paladin. Les paroles provocatrices de son compagnon d'infortune glissèrent sur lui et c'est d'un ton calme et posé qu'il s'exprima.


"Une réponse des plus évasive que vous nous avez fourni là, Barde. Je crois que nous n'ayons pas d'autre choix que de franchir la porte" Dit-il en roulant les "r" à la façon des nains.

Puis il se tourna vers la magicienne. "Qu'en pensez-vous ma dame?"


Il rougit légèrement, en espérant qu'elle ne s'offense pas de cette marque de politesse qui lui semblait de circonstance.

Maelwenn leva distinctement les yeux au ciel en entendant les paroles du barde. Elle ne savait pas ce qu'il se tramait ici, mais ce malheureux en chaussettes violettes lui déplaisait plus encore que n'importe lequel de ses compagnons d'infortune.
Il y eu du mouvement sur le côté. Elle tourna rapidement la tête pour découvrir que le paladin avait tiré son épée (décidément, il y en avait encore moins dans sa caboche qu'elle ne le supposait déjà) et que l'individu aux sombres vêtements s'apprêtait à faire de même avec sa dague.
Elle leva un sourcil lorsqu'il invectiva durement le nain, puis se tourna vers celui-ci puisqu'il avait décidé de lui adresser la parole. Avec le respect du aux Membres de la Loge des Magiciennes qui plus est.
La jeune femme lui répondit :
"Je crois qu'il nous faudra malgré tout franchir cette porte, car il n'y a aucune autre issue."
Maelwenn jeta un regard en biais au paladin avant d'ajouter :
"Et je crois aussi que quelques civilités seraient d'usage ".
Elle les dévisagea à nouveau avant de conclure :
"Je suis Maelwenn, membre de la Loge des Magiciennes. Et permettez moi de vous dire que je n'apprécie pas beaucoup les menaces dans de telles situations."

Le menton buté, Will hocha la tête. Voyez-vous ça, la magicienne parlait de civilités, et de se présenter au grand jour. Tout ce dont elle et ses amies s'abstenaient d'habitude. Les chiennes ! Elles ourdissaient sans cesse de nouveau complots. Si l'autorité de Foltest n'avait pas été aussi forte, elles auraient pris le pouvoir sans une hésitation.

Néanmoins, plus le temps passait dans cet endroit hostile, plus il se rendait compte qu'il aurait peut-être besoin des autres pour s'en tirer. Une conclusion bien déplaisante. Surtout que l'homme en noir venait de tirer une dague. L'idiot. Il lui lança un regard désapprobateur.

"William de Feranor, membre de l'Ordre de la Rose Ardente. Voila tout ce que j'ai à vous dire. Le reste, vous en serez témoin."

La jeune magicienne ne semblait pas s'offenser de son intervention. Elle ne lui manifesta aucune hostilité, bien au contraire, elle essayait de calmer le freluquet en armure. Il avait vu juste, c'était bien un paladin de l'ordre. Et de la Rose Ardente, qui plus est d'une des organisations la plus hostile à sa race.

"Bomfur, ma dame, à votre service" dit-il en s'inclinant.

Il s'arma de tout son courage, et avança d'un pas décidé vers la porte puis se tourna vers le paladin, et lui dit droit dans les yeux.

"Je passe devant paladin. Suivez moi et soyez à la hauteur de vos prétentions"

Et il franchit la porte sans un regard en arrière.

HRP : chargement de la zone suivante

La porte s'ouvrait sur l'inconnu. Désormais, qu'ils le veuillent ou non, tous étaient attirés par l'ouverture ménagée dans le mur. Il n'y avait plus rien à faire ici : même le barde agaçant avait disparu. Sans même avoir conscience de franchir le seuil de la porte, tous les quatre se retrouvèrent ailleurs. Nul doute n'était permis : il faisait bien plus chaud que tantôt, presque étouffant à dire vrai, du moins pour les deux guerriers en armure. Mais, au delà de cette chaleur, c'était l'atmosphère elle-même qui était oppressante, moite, comme participant de la tension soudainement accrue. Le sol était spongieux sous leurs pieds mais c'était l'omniprésence de la végétation qui captait leur regard à tous. A peine un sentier boueux étaient ménagé à leur intention. Point de salut à rechercher derrière eux : il n'existait plus de l'issu qu'une étendue liquide des plus inquiétantes. Le silence s'était imposé au groupe alors que mille bruits nocturnes, du frémissement d'une feuille à l'appel colérique de quelque monstre, occupaient toute la gamme des sons.

Mais alors, qu'ils prenaient peu à peu conscience de cet environnement, un dernier accord de luth se discerna, incertain, dans la bise.

- Vous y voilà ! Affrontez la Bête et rapportez-en la preuve ! Ainsi l'Histoire s'écrit, ou la vôtre prendra fin dans un cri.

Un cri affolé qui se fit entendre en écho, affolé mais proche. Il suffisait de passer les fourrés pour en rejoindre la source :

- Par pitié, aidez moi ! Elles ont enlevé mon bébé !

La situation se calmant Sarakh venait de remettre la dague dans son fourreau, pour peu de temps...à l'appel à l'aide elle s'était rematérialisé comme par magie dans sa main. Contrairement aux autres, il ne s'était pas encore présenté, on ne lui en avait pas laissé le temps.
Pour la première fois il parla, une voix glaciale, s'adressant plus particulièrement au paladin qui se nommait Will:

"Alors le héros qu'attends tu pour agir, j'ai cru entendre qu'une dame en détresse avait besoin d'aide"

L'homme en noir se tourna un sourire narquois aux lèvres vers ses deux autres compagnons d'infortune:

"Je propose que nous laissions à notre si mésestimé ami quelques secondes d'avance avant de nous élancer à sa suite. Si un ou plusieurs ennemis sont embusqués dans les fourrés, son action devrait les attirer sur lui et ainsi nous permettre de les prendre à revers"
"Sinon pour votre information je me prénomme Sarakh."

A ce moment le son d'un corps chutant lourdement se fit entendre, faisant émettre ce commentaire à Sarakh:

"Et voilà"

Maelwenn n'aimait pas ces sensations. Il y avait ici à l'oeuvre un être ou des êtres puissants, c'était certain. Leur déplacement dans une zone différente en si peu de temps rendait la chose certaine : quelqu'un de particulièrement puissant souhaitait les voir réaliser quelque chose. Mais quoi ? Comment ? Pourquoi ?
La jeune femme avait l'impression qu'on jouait avec elle et comme toujours, elle avait largement du mal à le tolérer. Elle voulait, avait besoin d'avoir le choix. Pas de passer une porte sans l'avoir décidé et se retrouver dans un endroit étouffant dans lequel elle n'avait aucune envie de se rendre.

Elle s'élança quelques instants après le paladin, juste après la présentation fort peu à propos de Sarakh, d'un pas plus tranquille que le jeune guerrier, le voyant se jeter à la bataille comme un abruti dans une taverne. De la chair à canon, à n'en pas douter...

De loin, puisqu'il commençait à la distancer, elle le vit s'écraser au sol, trébuchant sur une racine tendue par un arbre. Un arbre qui l'avait fait exprès...
L'ékinope s'apprêtait à le dévorer vivant, et Will ne pouvait plus se défendre...

Maelwenn poussa un soupir avant d'incanter.

Maelween lance mains enflammées.

A l'appel à l'aide d'une mère en détresse, l'autre imbécile présomptueux avait filé tout de suite sans même évaluer le terrain et le danger surement sous l'impulsion de sa remarque sarcastique à laquelle s'ajoutait celle de l'homme en noir. Ce dernier ne semblait pas du tout pressé de porter secours à son prochain, il avait rengainé sa dague et choisissez un moment bien peu opportun pour entamer les présentations. Pendant ce temps la magicienne avait emboité le pas du chevalier, il ne pouvait se résoudre à la perde de vue. Il lui emboita le pas sans même prendre la peine de répondre à Sarakh.
A peine avait-il commencer à avancer sur le sentier, qu'il sentit la terre vibré sous ses pieds et entendit le bruit d'une chute. Le paladin était surement tombé. Malgré le peu de sympathie que lui manifestait le jeune homme, il était membre de leur groupe d'infortune, et il n'était jamais bon de perdre un combattant. Il accéléra le pas à fin de rejoindre rapidement le groupe de tête. Il faillit percuter de plein fouet la magicienne qui était en train d'incanter un sort. Il s'arrêta à temps et observa la scène qui se déroulait devant ses yeux. Il aperçut le paladin en mauvaise posture, au prise avec un arbre qui semblait vivant. Il attendit que le sort fit son effet avant de se lancer à son tour dans le combat.

Le sort de la magicienne semblait fonctionné sur le monstre qui hurla de douleur. Il devait agir vite avant que l'être reprenne le dessus. Il s'avança pour porter un coup de hache afin de parachever le travail de la magicienne. Au même moment, le paladin se dégagea avec une rapidité fulgurante, saisit son épée et attaqua son agresseur. Bombur dut retenir son geste et contourna le chevalier, afin de porter ses coups de l'autre flan. Le monstre était pris en tenaille, entre la hache et l'épée de ses adversaires.

Sarakh s'élança prudemment, il tenait pas à ce qui lui arrive la même mésaventure que Will mais jugea que rester en retrait plus longtemps risquait de lui valoir quelques réticences de la part de ses compagnons d'aventure. La dague dans sa main lui avait paru bien petite en face du monstre végétal et des deux immenses hachoirs maniés par les deux autres hommes.
Il avait aussi noté que le paladin n'avait pas tenu compte de la présence du nain avant de trancher dans le vif.

Maelwenn souffla sur ses doigts fumants, plutôt satisfaite de son effet, pendant que ses trois compagnons se débrouillaient avec ce qu'il restait du monde.
"De la chair à canon ce Will... à n'en pas douter".

La créature s'effondra sur le sol, répandant une odeur terrible qui irrita les narines de la jeune femme. Elle balaya les alentours d'un regard, et entendit à nouveau les pleurs de la femme qui cherchait son enfant.

Elle se tourna vers ses compagnons d'infortune et lança :
"Allons y, il ne nous reste plus grand chose au menu de toutes façons..."

Leurs efforts combinés avaient eu raison du monstre. Ils n'étaient pas parti dans les meilleurs conditions mais au moins ils arrivaient à conjuguer leurs efforts au combat, cela était plutôt une bonne chose pour le devenir du groupe.
Bombur rit dans sa barbe à la remarque qu'Ailyn lança sur le paladin. Il allait décidément bien s'entendre avec la magicienne. Cette pensée le revivifia, il suivit le groupe en direction de la mère éplorée.

Ils la trouvèrent un peu plus loin, à l’orée d’un petit village de boue et de broussailles. Quelques maisons brunes, sur pilotis, en formaient le cœur, liées par un sentier de sable gris. Un porc hirsute, probablement à moitié sauvage, fouillait les flaques d’eau stagnante de son groin et leva la tête, indifférent, à leur approche. Un chien aboya, piteux bâtard efflanqué, sans oser s’approcher. Il n’y avait personne entre les masures mais le sol était maculé de traces de pas et de la fumée grise sur le ciel gris s’épanouissait au dessus de chacun des toits.
En bordure de ce ramassis de cahutes sinistres, se trouvait une femme, seule, figée, tournée vers le marais hostile. Lorsqu’ils apparurent, étrange escouade surgissant des fourrés, elle eut un léger mouvement de recul, mais l’émotion visible sur ses traits était telle qu’elle ne poussa pas de cri, qu’elle ne fuit pas davantage. Elle demeura stoïque, échevelée, les joues striées de larmes, et les dévisagea tour à tour. Son regard fou alla de la magicienne à l’homme vêtu de noir, passa rapidement sur le nain, s’arrêta sur le paladin à l’armure défraîchie, visa le ciel et un instant, il sembla qu’elle allait s’évanouir. Elle se reprit cependant et ouvrit la bouche. Il n’en sortit au départ qu’un cri éteint, puis un sanglot.
Elle aurait peut-être été jolie, dans une autre vie, en un autre endroit, mais le labeur d’une vie rude, dans un endroit inhospitalier, lui avait ravi formes et couleurs. Elle avait peut-être vingt ans. Ou cinquante. Difficile de savoir. Ses vêtements, son visage, étaient pareils à l’argile qui s’empilait en briques le long du sentier.
« Mes… messeigneurs… » souffla-t-elle finalement, avant que de nouveaux sanglots l’emportent. « Elles l’ont pris ! Mon bébé ! Elles l’ont pris ! »
Ses genoux plièrent, elle vacilla, mais plutôt que de s’effondrer, elle fit un pas en avant et opta pour le paladin. Elle tomba à moitié dans ses bras.
« Aidez-moi, je vous en conjure ! Mon bébé ! Vous devez retrouver mon bébé ! »

Will eut du mal à masquer sa répulsion. Il n'aimait pas le contact de ces maudites femelles. Du moins, il n'avait pas le temps pour cela. Une passe de temps en temps quand le besoin s'en faisait sentir lui suffisait. Il aimait contrôler ses relations. Il ne pouvait pas se permettre de se laisser distraire par des franfreluches féminines. Son coeur appartenait à la Rose, bien assez exigeante au demeurant.

Il soutint néamoins la créature crasseuse qui lui était tombée dans les bras. Pourvu qu'elle ne lui souffle pas son haleine au visage. Déjà qu'elle puait à cent mille lieux à la ronde.

"Qui a pris votre bébé ?, souffla-t-il entre ses dents, et où sont-ils allés ?"

Elle parut ne pas réaliser que le fervent de la Rose Ardente était dégoûté. Et pour cause : elle ne songeait qu'à l'enfant qu'on lui avait ravi.
" Ce sont ces monstres... Ces lézards ailés... Des... wy... wyvernes, qu'ils appellent ça..."
Elle se détacha du chevalier boueux.
" Elles rôdent autour du village... Sans cesse... Avant, elles ne prenaient que les cochons, les chiens... Maintenant... On a encore des pourceaux, pourtant !"
Elle secoua la tête, scruta les environs, égarée.
" Il marche déjà, mon Mirko... Et il jouait juste là... Elles l'ont pris ! Vous devez le retrouver ! Elles ne peuvent pas... pas l'avoir déjà dévoré, si ?"
Elle tourna un regard plein d'espoir à la cantonade.

Les humains de ce village vivaient dans une tellement misère, que Bombur eut un pincement au cœur. Cependant, la malheureuse choisit de s'adresser au chevalier de l'ordre plutôt qu'à lui. Elle pensez surement que le paladin était le plus à même de comprendre sa détresse et de lui porter secours. Vu le rictus de dégout que le freluquet arborait, il ne semblait pas très ravi que la pauvre femme lui soit tombée dans les bras. Décidément, cet individu était parfaitement antipathique, il méprisait aussi les gens de sa race qui avait pourtant grand besoin de son aide. Heureusement, la villageoise était trop accablée par la disparation de son enfant pour remarquer quoi que se soit. Des Wyvernes, il ne serait pas aisés d'en venir à bout surtout si elles étaient nombreuses. Leur seule espoir de retrouver le bébé vivant, résidait dans le fait qu'il avait peu être été enlever à d'autre fin que celle de servir de repas. Ne voulant pas l'effrayer, Bombur décida de ne pas prendre la parole et se contenta de la regarder avec chaleur et bienveillance.