La Couronne de Cuivre

Et vous, vous en pensez quoi ?

Je ne sais pas si marcher, c'est vraiment être anti-conformiste (puisque je soutiens personnellement l'idée que quand on cherche à être anti-conformiste, on s'inscrit dans une démarche conformiste d'anti-conformiste, mais c'est un autre débat ), mais dans tous les cas, c'est aller à l'envers de la courbe d'accélération que le monde décrit actuellement.

En effet, on vit dans la vitesse, la suractivité, la surinformation et le virtuel.
Ce que j'aime dans la marche, notamment dans la rando, c'est qu'on marche à son rythme, en s'imprégnant tranquillement des informations qui nous entourent, et en s'adaptant à la réalité autour de nous. Comme le dit si bien l'article, nous redevenons un être humain fait de chair. Nous devenons une personne "qui se sent passionnément vivant(e) et n'oublie jamais que la condition humaine est d'abord une condition corporelle, et que la jouissance du monde est toujours celle de la chair, et d'une possibilité de se mouvoir, de s'extraire de ses routines. Sentir le travail des muscles, c'est aussi songer au plaisir du repos bientôt, à l'appétit qui grandit à l'approche de la ferme-auberge ou de la halte au bord du chemin."

L'avantage aussi de marche, c'est qu'on peut non seulement se transporter à son rythme, mais aussi penser à son rythme, et on est en quelque sorte libéré des contingences de la vie quotidienne que nous subissons. Et si on a la chance d'être plusieurs, on peut aussi parler, là encore à son rythme, et de choses qui dépassent là encore ce dont on pourrait discuter au quotidien.

Marchons donc !

Anticonformiste, non

Mais c'est prendre le temps de faire une parenthèse dans notre vie trop stressante. Prendre le temps d'avancer, pour une fois, à son rythme qui n'est pas ceui qu'on nousimpose. C'est décider, l'espace de quelques heures ou quelques jours, de se mettre hors du monde, hors de la société, pour mieux se retrouver simple être humain dans un corps de chair et de sang. Quitter la clim ou le chauffage pour se confronter au temps qu'il fait. Réapprendre à écouter ses besoins physiologique quand la fatigue, la soif ou la faim se font sentir. Et c'est aussi faire des rencontres, prendre le temps de discuter avec les rares personnes qu'on croise, marcheurs eux aussi ou habitants du coin.

Mon homme vous en parlerait mieux que moi, c'est sa grande passion, il est déjà parti seul plusieurs jours avec son sac à dos et son chien... et il se désole de ne plus trouver suffisamment de temps pour randonner (mais on part sur de bonnes résolutions l'an prochain).
Sinon, le début de l'article m'a vraiment rappelé la Roumanie, où il y a 5 ans on croisait partout plein de gens à pieds, bergers, agriculteurs, passants qui marchaient pour aller d'un hameau à un autre... et levaient le pouce pour se faire prendre en autostop par l'une des rares voitures. Je medemande si c'est encore comme ça... L'éthiopie, aussi, j'y ai vu des familles entières se déplacer sur des kilomètres pour aller d'un hameau inconnu à un village invisible. Sans doute ne comprendraient-ils pas qu'on puissemarcher pour le plaisir, eux qui le font par obligation...

Même si cette question a eu un impact fort relatif sur le site de la couronne de cuivre (et oui, c'est normal, les couronniens préfèrent plutôt jouer que marcher), sachez que de nombreuses personnes se posent cette question de part le monde.

Certains font même des émissions de radio sur la marche et la pensée, j'en ai entendu une aujourd'hui ayant pour sujet "la marche à pied donne-t-elle de l'esprit ?". Même si la réponse était au final, non, et que vous trouvez que les intervenants ont parlé en vain pendant trois quarts d'heure, vous pouvez au moins profiter des disques passés, "turn me off" du Prince Miiaou, "au port" de Camille et autre truc, je sais pas ce que c'est.

France Inter - La marche à pied donne-t-elle de l'esprit ?

petit extrait :
Q : "la marche permet des rencontres, elle permet de prendre le temps ?"
R : "Alors ça peut effecivement être une sorte d'ethnologie de parcours, mais j'aime bien l'idée soulevée par David Le Breton de délivrance, c'est-à-dire qu'en allégeant son sac à dos, en se débarassant d'un certain nombre de choses, on se délivre en même temps d'un certain nombre de soucis, de préoccupations, et on va à des choses peut-être pas essentielles mais necessairement plus élémentaires, qui touchent à la faim, à la soif, à la satisfaction du plaisir visuel etc, Effectivement, pour moi la marche c'est avant tout une découverte de la géographie, du paysage, et finalement une sorte de nouveau rapport de mon propre corps à l'espace. Dans le sens où effectivement le fait de cheminer lentement à travers ce paysage, d'avoir à déployer des efforts quand je grimpe vers le col ou quand je franchis un cours d'eau à guet, etc forcément ça modifie ma perception de l'espace, et nécessairement ma perception du temps, aussi, et du coup quand j'aborde des gens, j'ai déjà conscience de l'environnement dans lequel ils vivent, que ce soit un paysan français ou un éleveur de brebis du causse du Larzac, ou bien de la pousta hongroise ou des steppes de Mongolie, et après avoir traversé son terroir j'ai conscience du lieu où il vit et nécessairement je l'aborde lentement, et en ayant conscience non pas de sa vie quotidienne mais de la prégnance de la géographie sur sa vie."

Ailyn a écrit :Je ne sais pas si marcher, c'est vraiment être anti-conformiste (puisque je soutiens personnellement l'idée que quand on cherche à être anti-conformiste, on s'inscrit dans une démarche conformiste d'anti-conformiste, mais c'est un autre débat ), mais dans tous les cas, c'est aller à l'envers de la courbe d'accélération que le monde décrit actuellement.

Une seule phrase et deux idées que je partage. What else ?

Si vous n'allez pas aux Indignés, les Indignés iront à vous. Mais en marchant.

Les indignés à la conquête de l'Europe

Moi je préfère marcher plutôt que de prendre des transports. Et j'aime les grandes distances.
Je sais pas si marcher est vraiment anticonformiste mais dans mon cas à chaque fois que je dis préferer marcher on me regarde avec ces yeux là