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[La Haute Forêt] Quête : Pas très normale activity
Posté : lun. 25 juil. 2011, 20:00
par Taliesin
Lorsqu'il apprit par sa mère qu'un autre enfant allait temporairement séjourner au sein de leur petite communauté, Kasumi avait accueilli la nouvelle avec bonheur car, en ces lieux reculés, il manquait cruellement de compagnons de son âge.
Lorsqu'il avait rencontré ledit compagnon pour la première fois, Kasumi avait cruellement déchanté car celui-ci n'avait rien du camarade de jeu qu'il avait imaginé.
Geoffrey Bartholeon-Malister était fils de diplomate, tout comme lui. Mais il y avait une grande différence : le gamin avait grandi en ville et était un pur citadin. Pour lui, la nature s'était jusqu'ici résumée au parc installé dans l'opulente cité où il vivait. Elevé dans le plus ostentatoire des luxes, il n'avait assurément jamais voulu le quitter. Mais voilà : son père, qui devait fréquemment négocier avec les habitants des contrées sauvages, souhaitait que son rejeton se familiarise au plus tôt avec leur manière de vivre. Lorsque l'auteur des jours de Kasumi, qu'il connaissait, lui parla de la communauté où vivait son propre enfant, le diplomate sauta sur l'occasion. L'affaire fut vite entendue, et voilà comment, un beau matin, Geoffrey débarqua. Pour deux mois seulement.
Pour deux mois de trop, ne tarda pas à penser Kasumi.
Son nouveau camarade était purement et simplement insupportable. Imbu de lui-même, arrogant, il ne trouvait rien à son goût, en cet endroit qu'il qualifiait de primitif. Insensible aux beautés de la nature, il se plaignait sans cesse, critiquait tout sans discontinuer, se rebiffait lorsqu'on essayait d'être gentil avec lui et devenait furieux si on le remettait à sa place. Loin de se faire à son nouveau mode de vie, il voulait que tout reste comme avant, comme chez lui, là-bas, dans son manoir... Bref, la sérénité de la communauté forestière vola en éclats.
Peut-être est-ce pour éloigner un instant le trublion - à moins qu'on espérât qu'il pût avoir une influence positive sur le jeune garçon - qu'on demanda à Kasumi de l'emmener avec lui pour l'une des missions que l'on commençait à lui confier : il avait l'âge, désormais, de participer à la vie du petit groupe. Il s'agissait simplement d'aller ramasser des plantes dans une clairière située non loin du hameau. Rien de bien méchant, donc. C'était même une expédition plaisante. Enfin, en temps normal.
Après le repas de midi, Kasumi et Geoffrey - vêtu comme pour une réception (puisqu'il refusait de s'habiller "comme vous autres bouseux") se mirent en route. Ils s'engagèrent dans la forêt...
-On arrive bientôt ?
...suivant une sente à peine dessinée...
-On arrive bientôt ?
...pour ce qui ne devait prendre en théorie...
-On arrive bientôt ?
...qu'une petite heure de marche.
En théorie. D'abord, parce que Geoffrey lambinait, geignait, refusait de marcher là où de la boue risquait de salir ses magnifiques bottes ou des ronces d'abîmer son superbe justaucorps brodé, ce qui les contraignait à de longs détours. Ensuite, parce que, à son grand désespoir, Kasumi s'était perdu. Pourtant, il avait un excellent sens de l'orientation et les crochets effectués à cause de son camarade n'étaient pas de nature à le fourvoyer. Mais voilà, il n'avait plus la moindre idée de l'endroit où il se trouvait... Et plus il marchait - il avait l'impression que cela faisait des heures -, plus ce constat devenait flagrant.
Quand il était plus petit, sa mère lui avait parlé de la Tourmentine, cette "herbe qui égare" lorsqu'on marche dessus. Il avait toujours cru qu'il s'agissait d'une histoire pour le dissuader de trop s'éloigner, sans en avoir pour autant la certitude. Alors peut-être l'avait-il foulée, cette plante maudite ?
Quoi qu'il en soit, il était bel et bien perdu. Et pour couronner le tout, le ciel s'était couvert de gros nuages gris, tandis que de sourds grondements se faisaient entendre, annonce d'un violent orage qui se rapprochait...
-Bon, tu vas me dire quand est-ce qu'on arrive, bon sang ? lâcha Geoffrey, furibond.
Posté : lun. 25 juil. 2011, 20:19
par Kasumi
Le jeune Kasumi avait eu beau protester auprès de sa mère mais elle avait fait autant la sourde oreille que les autres adultes. On lui avait rabâché qu'il était grand temps qu'il assume quelques responsabilités. Celle de veiller sur un autre enfant non habitué aux risques de la forêt en faisait partie visiblement. Les rôdeurs avaient un rôle de protecteur et aussi devait apprendre à faire connaître la beauté de la nature aux habitants des cités, les encourager à la préserver. On lui avait sans cesse ressassé que les rôdeurs et druides ne suffisaient pas à préserver l'équilibre et que la clé de la préservation de la forêt était la négociation avec les communautés environnantes. En cela, son père et sa mère s'accordaient, l'un de leurs rares sujets d'entente d'ailleurs.
L'apprenti rôdeur s'était répété ces arguments pendant la première demi-heure de marche pour tenter de supporter les incessantes récriminations de son compagnon. Mais il n'y avait trouvé nul réconfort et commençait depuis longtemps à perdre patience avant de comprendre qu'il avait perdu son chemin. Jusqu'ici il s'était montré tour à tour conciliant et en apparence indifférent mais ses tentatives n'avaient eu pour seul effet de renforcer les agaçantes interventions de Geoffray. Il décida de tenter une nouvelle approche autant par vengeance que par soucis d'expérimentation :
- Tu devrais tâcher de faire moins de bruit ici : il y a de voraces bêtes sauvages dès qu'on s'éloigne autant du camp. Mieux vaut éviter de signaler notre présence si on veut avoir une chance de les éviter.
Posté : lun. 25 juil. 2011, 20:29
par Taliesin
Geoffrey esquissa une grimace inquiète qui disparut en une fraction de seconde, remplacée par une moue méprisante.
-Gnagnagna... Tu crois me faire gober ça ? répondit-il d'une voix forte.Père a donné des consignes précises quant à ma sécurité ! J'ai donné la lettre à l'une des rares personnes qui savait lire, ici ! Alors on m'aurait jamais fait prendre le moindre risque !
Il croisa les bras.
-Tu sais ce que je crois ? Je crois que tu es perdu et que tu essaies de gagner du temps en attendant que ta mère vole à ton secours ! D'ailleurs, elle a intérêt à se dépêcher, parce que je refuse de passer une seconde de plus dans cette foutue forêt...
Un nouveau grondement, plus proche que jamais.
-Et puis, il ne faut pas rester sous les arbres pendant un orage, ajouta-t-il, pontifiant. On vous apprend pas ça, dans votre cambrousse ?
Posté : lun. 25 juil. 2011, 20:49
par Kasumi
Kasumi rendit un sourire mauvais en répondant du tac au tac au jeune citadin :
- C'est justement le problème, tu vois ? Comme je me suis perdu, je ne peux plus vraiment assurer ta sécurité car nous nous sommes éloignés du sentier sûr. Et en plus, le seul ancien qui sait lire a tendance à perdre la mémoire. Il a du oublier de me faire passer la consigne, désolé. Quant à ta suggestion, le principe d'une forêt c'est qu'il y a des arbres *partout*. Mais tu n'en avais probablement jamais vu avant de sortir de ta prison en pierre que tu nommes ville.
Le jeune rôdeur choisit presqu'au hasard une direction en se fiant à la déclivité du sol. Il savait qu'il fallait un peu s'éloigner du fond de la vallée où s'écoulait le ruisseau qui alimentait le campement principal pour trouver la clairière. Avec un peu de chance, il repérerait une piste de gibier qui lui indiquerait la voie en chemin. Avant de laisser l'oppportunité à Geoffrey de répondre, il enchaîna d'un ton qui se voulait suffisamment assur pour le convaincre :
- C'est par ici, suis-moi !
Posté : lun. 25 juil. 2011, 21:10
par Taliesin
-Comment tu peux savoir que c'est par là si tu es perdu ? répliqua-t-il, goguenard.
Il ne l'en suivit pas moins.
Malheureusement, Kasumi ne trouva pas ce qu'il cherchait. Il avait la désagréable impression de n'avoir jamais mis les pieds dans cette partie de la forêt. Le sol se faisait sans cesse plus accidenté, comme apparaissaient des affleurements rocheux, des ravines... La nature elle-même semblait changer : aux agréables taillis et arbustes des environs de la communauté avaient succédé des ronces, des orties, tandis que les arbres devenaient plus tortueux... Quand aux pistes d'animaux, il n'en trouva aucune.
Mais cela tenait peut-être à la luminosité qui baissait sans cesse : le ciel, désormais, était d'un gris noirâtre de fort mauvais augure. Geoffrey, qui ne bénéficiait pas de l'infravision, peinait chaque instant davantage à suivre son guide...
-Ah ouais, riche idée d'aller par là... ronchonna-t-il parmi d'autres récriminations outrées - et fort peu discrètes.
Une première goutte tomba sur le tapis de feuilles mortes avec un bruit mat aussi ténu que sinistre.
-Oh bon sang... grogna Geoffrey. Déjà que la nature sèche, c'est pas très propre, alors j'imagine pas quand c'est mouillé. Ce doit être vraiment dégue... dégoûtant ! se reprit-il.
Ce n'est pas parce qu'on est en forêt qu'on doit abandonner les bonnes manières, non ?
Un éclair, tout à coup, illumina les environs. Un grondement lui succéda à quelques secondes d'intervalle seulement.
Posté : lun. 25 juil. 2011, 21:27
par Kasumi
Kasumi commençait à s'inquiéter vraiment et les récriminations de Geoffrey lui tapait d'autant plus sur le système qu'elles l'empêchaient de se concentrer. Il ne connaissait aucun endroit ressemblant à la région qu'ils étaient en train de traverser et pourtant il pensait connaître toute la forêt environnante sur plusieur lieues jusque là. Soit il s'était trompé, et il refusait de l'admettre, soit ils avaient parcouru plus de chemin qu'il ne s'y était attendu. Le demi-elfe était suffisamment anxieux pour renoncer à la mission de trouver la clairière. Après tout, mieux valait rebrousser chemin, retrouver la piste du campement et éventuellement repartir d'un lieu familier s'il n'était pas alors trop tard. Restait à le faire comprendre diplomatiquement à Geoffrey :
- Si tu as peur d'être mouillé, alors mieux vaut rentrer. Je ne voudrais surtout pas que tu attrapes un rhume. Ça t'empêcherait de parler, ce serait une tragédie !
Le jeune rôdeur en herbe entreprit alors de retrouver ses traces dans l'espoir de les suivre à rebours jusqu'à l'endroit où il s'était trompé. Restait à espérer de trouver un abri avant le gros du grain, une grotte peut être : la région en offrait une multitude dans lesquels il aimait jouer à l'explorateur.
Posté : lun. 25 juil. 2011, 21:40
par Taliesin
-Moi ? Peur ?? Tu me prends pour...
Le tonnerre emporta le reste de sa réplique.
Si refaire en sens inverse le chemin péniblement parcouru ne réjouissait pas Geoffrey, il emboîta malgré tout le pas à Kasumi. Les premiers temps, alors que les éclairs et les grondements de l'orage se multipliaient, celui-ci put suivre la piste qu'ils avaient laissée en venant. Mais le vent s'était levé, brassant les feuilles qui jonchaient le sol, et la pluie tombait de plus en plus drue, transformant l'humus en boue : aussi finit-il par la perdre. Il n'en continua pas moins dans la même direction. Ou ce qu'il croyait être la même direction. Car, loin de revenir en des lieux familiers, il paraissait s'avancer sans cesse plus avant dans l'inconnu.
Les arbres, autour d'eux, étaient plus noueux, plus tortueux que jamais ; leurs branches presque dénudées semblaient griffer le ciel comme des mains de cadavres ; leurs troncs difformes ressemblaient à des visages grimaçants qui surgissaient de la pénombre dès que venait un éclair...
Toujours plus de rochers, de tranchées ; toujours plus de ronces, d'orties ; toujours plus d'arbres aux allures monstrueuses.
Et la pluie qui redoublait, drue, glaciale, sans qu'aucune grotte ne soit visible...
-J'aurais dû emporter ma cape en fourrure d'hermine... lâcha Geoffrey. Elle m'aurait protégé... Mais comment aurais-je pu savoir que tu nous perdrais à ce point et si longtemps ? C'est incroyable ! Pire qu'incroyable : c'est inadmissible !
Posté : lun. 25 juil. 2011, 21:51
par Kasumi
Kasumi était scandalisé qu'on confectionne un vêtement à base de tant de fourrures d'animaux. De plus la peau d'hermine n'était pas spécialement des plus pratiques à porter en forêt. Il ajouta ce fait à la longue liste des aberrations concernant le petit citadin. Mais il vaiat pour l'heure bien mieux à faire que se lancer dans un débat vestimentaire avec l'affreux Geoffrey. Il serait bien temps d'y revenir plus tard quand la situation se serait apaisée. Pour l'heure, le demi-elfe s'angoissait à mesure que ses efforts pour retrouver son chemin se soldianet par de nouveaux échecs. Il était certain n'être pas venu par ici car la végétation ne portait aucun signe de leur passage. Avec Geoffrey, c'était complètement improbable. Renonçant à toute les règles de prudence qu'on avait tenté de lui inculquer, il changea de direction en espérant trouver des territoires plus familiers en se fiant au seul hasard, en prenant à peine de le temps de laisser une marque discrète sur un arbre. Il était de plus en plus évident qu'il était perdu et son mutisme renforçait cette impression. Il n'était plus question de faire croire le contraire à Geoffrey.
Posté : lun. 25 juil. 2011, 22:32
par Taliesin
Les premiers temps, Geoffrey continua à bougonner continuellement des...
-C'est par là, gnagnagna... Suis mois, gnagnagna...
...et autres amabilités du même acabit.
Mais il finit par tomber dans un mutisme aussi profond que Kasumi. La fatigue devait commencer à se faire cruellement sentir chez ce citadin peu habitué aux efforts physiques. De plus, le fait de se retrouver perdu au cœur d'un paysage aussi lugubre - et sous un orage aussi apocalyptique dont les branches nues ne les protégeaient en rien - devait l'éprouver plus qu'il ne le montrait. Cependant, l'un de ses grands défauts - l'orgueil - s'avérait en l'occurrence une qualité puisque, refusant de perdre la face, il continuait à avancer vaille que vaille.
Pourtant, la progression s'avérait continuellement plus ardue : la nouvelle direction empruntée par l'apprenti rôdeur ne s'avérait en rien plus favorable que les précédentes. Les minutes succédaient aux minutes, les heures peut-être aux heures, sans que rien, en aucun cas, ne s'améliore...
Soudain, comme un énième éclair illuminait la forêt, Geoffrey s'immobilisa sans crier gare et poussa une exclamation presque aussi tonitruante que le tonnerre.
-Une maison ! Une VRAIE MAISON ! Pas comme vos cahutes de barbares !
C'était vrai : entre les troncs des arbres monstrueux, par-delà le rideau serré de la pluie diluvienne, Kasumi aperçut une demeure dont l'aspect détonnait particulièrement au milieu des bois hostiles. C'était une magnifique bâtisse de pierre blanche, haute de deux étages, dont les angles étaient couronnées d'élégantes petites tourelles. Un vrai manoir ! Avec le parc qui allait avec, de surcroît : ceint d'un grand mur, planté de massifs de fleurs et d'un gazon parfaitement entretenu, sillonné de bucoliques sentiers de gravier, le vaste jardin était traversé par une allée bordée de part et d'autres par deux rangées de superbes chênes centenaires. Celle-ci courrait en ligne droite depuis un portail de fer forgé entrouvert jusqu'aux marches du magnifique perron de la somptueuse résidence.
Et, déjà, toute fatigue oubliée, fendant la tourmente et se jouant des obstacles, Geoffrey courrait à perdre haleine en direction de ce havre imprévu et imprévisible.
-La CIVILISATION ! ENFIN ! criait-il joyeusement.
Posté : mar. 26 juil. 2011, 18:27
par Kasumi
Kasumi était des plus circonspects par cette découverte singulière. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il n'avait jamais entendu parler d'une telle bâtisse à proximité du campement, et encore moins ne s'y était rendu. La part d'enfant en lui avait envie de croire qu'ils s'étaient simplement éloignés plus que prévu, comme il l'avait soupçonné un temps. Mais cette demeure avait vraiment quelque chose de trop étrange pour ne pas éveiller ses soupçons de futur rôdeur responsable. Néanmoins, il avait perdu le contrôle des événements en se perdant dans les bois. Peut être au moment même où il avait quitté le campement en compagnie de Geoffrey. Ce dernier avait pris l'initiative de se précipiter vers le manoir, ne lui laissant d'autre choix que de le suivre en protestant à son tour :
- Attention, ce n'est pas prudent, nous ne savons pas qui vit ici !
Posté : mar. 26 juil. 2011, 18:36
par Taliesin
L'autre, sans ralentir le moins du monde, partit d'un grand éclat de rire moqueur.
-T'as peur de quoi ? gloussa-t-il. Que ça soit un ogre, une sorcière ? Ma parole ! Soit t'es encore un vrai bébé, soit t'es une sacrée poule mouillée !
Hilare, pressé de se mettre à l'abri et ragaillardi par ces signes de civilisation auxquels il était habitué, Geoffrey accéléra encore le rythme, franchit le portail, remonta l'allée au triple galop, gravit d'un bond les marches du perron... et usa avec détermination du heurtoir sculpté qui ornait la porte sans que Kasumi eut le temps de l'en empêcher.
Les coups résonnèrent à l'intérieur de la maison.
Mais aucune réponse ne vint, malgré les tentatives réitérées du jeune citadin.
Posté : mar. 26 juil. 2011, 19:02
par Kasumi
Kasumi avait largement eut le temps de rejoindre le petit Geoffrey pendant que ce dernier s'échinait sur la porte. Ses habitudes de rôdeur reprirent le dessus devant l'absence de réponse. Il se mit donc à examiner avec plus d'attention l'allure entretenue des pelouses et des buissons en essayant de déterminer quand on en avait pris soin pour la dernière fois. Il poussa ses recherches en contournant la maison pour essayer de déterminer s'il y avait uen autre issue voire une fenêtre ouverte. Il tenait à récolter des indices mais surtout démontrer à son camarade qu'il n'avait pas du tout peur de la situation.
Posté : mar. 26 juil. 2011, 19:15
par Taliesin
Geoffrey le regarda s'éloigner, incrédule, avant de hausser les épaules et de recommencer à frapper à la porte.
-Essaie de pas nous faire passer pour des cambrioleurs ! lança-t-il néanmoins.
De ce que pouvait en juger Kasumi, le parc avait été très récemment entretenu : les derniers soins du jardinier devaient remonter à quelques jours tout au plus. Quant aux fenêtres, elles étaient situées à bonne hauteur, et il lui fallut se hisser sur leur rebord pour y jeter un coup d’œil. A chaque fois qu'il le fit, l'opération fut vaine : derrière les vitres constellées de gouttes d'eau pendaient d'élégants rideaux masquant l'intérieur de la demeure. Tout ce qu'il put conclure, c'est que, nulle part, ne brillait de lumière.
Quand il eut achevé le tour de la maison et se fut rapproché du perron, il constata que celui-ci était désert : l'un des battants de la lourde porte d'entrée était entrouvert et, par l'embrasure, filtrait la lueur mouvante de chandelles.
Posté : mar. 26 juil. 2011, 19:33
par Kasumi
Le coeur de Kasumi manqua quelques battements marquant sa surprise et son indécision. Il répugnait à révéler leur présence en appelant, il ne savait pas trop pourquoi d'ailleurs. Sans doute était-ce lié à l'angoisse de ce lieu inconnu et de n'y avoir pas as place contrairement à Geoffrey. Mais finalement le pragmatisme et la raison prirent le dessus. Il parvint à une décision qu'il mit aussitôt en oeuvre. Après tout, il ne s'était pas éloigné plus de deux ou trois minutes autant qu'il pouvait en juger. Il éleva donc légèrement la voix pour appeler son inconséquent compagnon qui ne l'avait pas attendu :
- Geoffrey ! Tu es entré ? Où es-tu ?
Ce faisant, il risqua un oeil curieux à l'intérieur. Ce lieu l'attirait étrangement, bien plus que la simple perspective d'un abri durant l'orage.
Posté : mar. 26 juil. 2011, 19:48
par Taliesin
-Ah ah ! Je te laisse cinq minutes tout seul et déjà t'as la frousse ? fit une voix familière - et toujours aussi moqueuse.
Geoffrey, debout au milieu d'une flaque allant s'élargissant, se trouvait devant un meuble situé près de la porte : il tenait un morceau de parchemin dans une main, un chandelier dans l'autre. A la lumière de celui-ci, Kasumi découvrit un vaste hall dont le luxe était au diapason de celui affiché à l'extérieur de la maison : ses murs percés de nombreuses portes étaient lambrissés, son sol formé par un parquet impeccablement ciré sur lequel reposait un épais tapis ; face à la porte d'entrée, un élégant escalier menait vers le premier étage. Et, prenant une juste place dans ce superbe tableau, le mobilier en bois précieux en imposait par la finesse de son travail et la perfection de son style.
-C'était ouvert, reprit Geoffrey. Et avant de me reprocher quoi que ce soit, lis ça et dis-m'en des nouvelles ! C'était posé bien en évidence juste à côté du chandelier et du briquet.
Il mit sous le nez de son camarade le parchemin sur lequel était rédigé, d'une écriture belle et soignée :
Chers amis voyageurs,
Bienvenue en ma modeste demeure ! J’imagine combien votre voyage en ces tristes parages a dû être éprouvant, mais vous voici arrivés en des lieux plus riants.
À mon grand regret, ayant dû m’absenter, je ne puis vous accueillir personnellement, comme il se devrait. Ce pour quoi je vous présente mes plus humbles excuses. Néanmoins, j’en suis certain, nous nous rencontrerons sous peu. Je m’en réjouis d’avance.
D’ici là, je vous engage à faire ici comme chez vous : cette demeure est la vôtre et j’ai tenté de tout mettre en œuvre afin que vous trouviez chaque chose à votre convenance. N’hésitez donc pas à en user autant et aussi longtemps que vous le désirerez. Et, je vous en prie, n’en éprouvez nul remord, nul embarras : vous accueillir est, pour moi, un immense plaisir. De plus, qui sait si un jour, à votre tour, vous n’aurez point l’occasion de devenir mes hôtes ?
Je vous souhaite un excellent séjour en ces murs. Plus il sera long, plus vous m’en verrez ravi.
A très bientôt
Votre hôte dévoué
[/RIGHT]
Posté : mar. 26 juil. 2011, 20:05
par Kasumi
Kasumi était horrifié de se trouver dans un endroit aussi propret alors que ses bottes et sa tenue étaient dégoûtantes du séjour en forêt sous l'orage et dans la boue. Il entendait sonner à ses oreilles le concert de récriminations dont l'abreuverait sa mère si elle le voyait ainsi. Il choisit donc de ses défaire de ses bottes avant de lire le mot. Mais ce ne fut que pour constater que ses pieds étaient au moins aussi trempés. L'âme en peine, il se saisit prudemment du parchemin avant de le parcourir rapidement. L'écriture était aisée à déchiffrer, comme celle de son père. Il en vint donc à bout rapidement même si certaines tournures lui parurent un rien sophistiquées. Il rendit le parchemin à Geoffrey avant d'avancer d'un ton incertain :
- C'est presque trop beau. Mais ce n'est pas une raison pour tout salir : nous devrions faire sécher nos vêtements avant d'abimer ces beaux meubles. Même si on ne va rester que le temps de l'orage, il faut faire attention. Et si le temps ne s'améliore pas, nous devrons chercher s'il y a de la nourriture. Je n'ai emporté aucune réserve à part le goûter préparé par maman !
Posté : mar. 26 juil. 2011, 20:20
par Taliesin
-Relis la lettre. C'est écrit : "J’ai tenté de tout mettre en œuvre afin que vous trouviez chaque chose à votre convenance". Alors il y aura forcément de quoi manger et de quoi faire du feu ! Après, pour ce qui est de salir...
Il eut une moue condescendante.
-Je vais t'apprendre quelque chose, alors ouvre grand tes oreilles : les gens riches ont du petit personnel qui travaille pour eux, qui se charge de toute les corvées : cuisine, ménage, courses... Tu n'as donc pas à t'en faire !
Il se déchaussa cependant à son tour, fit quelques pas dans le hall et ouvrit la première porte sur leur gauche.
-Exactement ce qu'il nous fallait ! Un petit salon ! Avec cheminée et tout... Et qu'est-ce que je disais ? Le bois a été préparé ! Tu vas pouvoir allumer du feu : c'est le boulot des rôdeurs, non ? Enfin, tu sais peut-être pas encore faire...
Posté : mar. 26 juil. 2011, 20:30
par Kasumi
Kasumi regrettait déjà l'attitude maussade de Geoffrey pendant qu'ils étainet perdus sous l'orage. Avec le confort et la sécurité, le comportement naturel de son compagnon revenait d'autant plus vite qu'il avait été ettoufé tantôt. Que quelqu'un soit supposé nettoyer derrière eux ne justifiait en rien qu'il ne fasse pas des efforts pour ne rien dégrader. Et puis, il s'efforçait depuis peu d'imiter ses aînés qui parvenait à ne laisser aucune trace de leur passage. Mais il ne voulait pas se lancer dans ce débat, redoutant déjà les moqueries et l'incompréhension de Geoffrey. Au lieu de cela, il s'approcha de la cheminée et répondit d'un air bravache :
- Bien entendu que je sais allumer un feu ! Je n'ai pas besoin d'un domestique pour tout faire à ma place !
Et il s'attela aussitôt à la tâche sans soupçonner que c'était exactement ce que devait attendre l'autre garçon.
Posté : mar. 26 juil. 2011, 20:38
par Taliesin
Geoffrey resta immobile à côté de lui tout le temps que dura l'opération, surveillant ses gestes comme un maître d’œuvre.
-Pas mal... fit-il quand les flammes commencèrent à jaillir, chaleureuses et réconfortantes. Je suis sûr que des gens, en ville, accepteraient de t'embaucher pour t'occuper de ça. Tu devrais y réfléchir !
Les ténèbres, jusqu'ici à peine dissipées par la lueur du chandelier, refluaient désormais dans la pièce, révélant encore davantage le luxe de son ameublement, de ses profonds fauteuils, de sa table basse en acajou, de son tapis épais et moelleux...
Le petit citadin, examinant les lieux avec un œil critique, finit par lâcher :
-Bon, ça vaut pas chez moi, d'accord, mais... C'est pas mal. Pas mal du tout.
Pour lui, ce devait être un immense compliment.
Puis ile jucha dans l'un des fauteuils et posa ses pieds nus sur la table basse.
-Manquerait plus qu'un petit grog pour que ce soit presque parfait !
Posté : mar. 26 juil. 2011, 20:48
par Kasumi
Kasumi s'était renfrogné en entendant la remarque qui le faisait passer pour un serviteur potentiel. Il aimait la vie en forêt et détestait par dessus tout de se retrouver dans les grandes cités et ses palais vides. Vides de la vie foisonnante, vides alors même que les gens qui s'y croisaient ne s'arrêtaient même pas pour échanger quelques mots. Toutefois, il devait convenir que le confort du salon était tentant après le grain qu'ils venaient d'essuyer. Cependant, il ne comprenait pas l'intérêt de Geoffrey pour un grog alors que lui-même associait cela à un remontant donné aux malades. En tous cas, on l'en avait toujours tenu à l'écart, le jugeant trop jeune pour ce genre de traitement. Il lança donc un peu étourdiment :
- Pourquoi tu voudrais ça ? Tu n'as pas l'air malade ? Mais si c'est le cas, maman m'a confié quelques simples pour la fièvre. C'est efficace mais pas très bon, surtout pour quelqu'un d'aussi délicat !
Posté : mar. 26 juil. 2011, 20:57
par Taliesin
Le gamin s'empourpra.
-Moi ??? Délicat ??? Tu dois avoir une mauvaise vue et pas fréquenter beaucoup d'humains, on dirait ! Le plus malingre d'entre nous paraît musclé comparé à un elfe ou à un demi elfe ! Et moi, je ne suis pas malingre ! Je suis même super costaud !
Il bomba le torse puis secoua la tête.
-Et pour ta gouverne, un grog, c'est une boisson alcoolisée qu'on boit quand on rentre d'une promenade et qu'il a fait froid. Mais ça guérit pas, c'est juste pour le plaisir.
Il sourit.
-Encore quelques semaines en mon auguste compagnie, et tu deviendras presque savant en matière de civilisation !
Posté : mar. 26 juil. 2011, 21:10
par Kasumi
Kasumi se laissa cette fois emporter, renonçant à masquer ses sentiments après les heures de frustration contenue qu'il avait subi depuis que Geoffrey lui avait été présenté. Ne restait plus que l'enfant vexé par les remarques désinvoltes le rabaissant en dessous de sa condition. Geoffrey avait fait mouche en s'attaquant à sa condition de demi-elfe. Lui qui souffrait de ne ressembler vraiment à aucun de ses parents ni même à un autre membre de la communauté sylvestre. Il se posta devant le garçon, debout et les poings serrés sur les hanches :
- Si tu trouves qu'il a fait froid, c'est que je n'ai pas tort. On voit que tu n'as pas pour habitude de passer l'hiver ou la nuit dehors ! Et si tu te crois plus fort parce que tu es humain, grand bien te fasse. Mes yeux voient très bien : moi au moins, je n'ai pas besoin de lampe la nuit ni de dormir des heures durant d'ailleurs. C'est typiquement humain de se sentir ainsi supérieur parce que vous avez besoin de plus de place que toutes les autres races réunies. Tu parles d'une civilisation qui a besoin d'égouts pour ne pas patauger dans ses propres immondices ! Tu ferais mieux de retirer tes pieds de la table, tu mets de la boue partout !
Posté : mar. 26 juil. 2011, 21:25
par Taliesin
Geoffrey, surpris - il ne s'attendait manifestement pas à une telle réaction -, ne sut d'abord que répondre. Mais les remarques acerbes de Kasumi envers les humains le piquèrent au vif, c'était visible, au point qu'il sortit de son hébétude et parut vouloir répliquer sur le même registre. Pourtant, au final, il se contenta de sourire et de déclarer d'un ton condescendant des plus horripilants, comme s'il récitait une leçon bien apprise :
-Père dit que lorsque les gens s'énervent, c'est qu'ils sont à court d'arguments. Il dit aussi que les gens qui défendent leurs positions avec virulence... ne les assument pas réellement. J'en déduis donc que ta vie ne te plait pas tant que ça et que si tu me parles de cette façon, c'est pour te convaincre-toi même que tu l'aimes par la véhémence de tes propos. Mais laisse tomber : ça doit être un peu trop compliqué pour toi, de toute façon. Et le pire, c'est que tu te mets en colère pour rien. Je n'ai fait qu'évoquer des faits objectifs, à savoir que tous les humains sont plus costauds que les demi-elfes, comme tous les humains sont plus grands que les nains ou ont des oreilles moins pointues que les elfes.
Le gamin - qui lui aussi s'était emporté pour rien, prenant le terme "délicat" au sens physique alors que son camarade l'avait employé dans une autre acception - croisa les bras et arbora une expression belliqueuse.
-Mais, pour te répondre... Si j'ai dit que tu avais de mauvais yeux, c'est parce que tu m'as qualifié de délicat, ce qui est totalement faux : je suis mille fois plus costaud que toi ! Si j'ai parlé de grog, c'est parce que c'est bon, pas parce que j'ai froid. Quant aux humains... Si nous dormons beaucoup, c'est parce que nous sommes assez évolués pour ne pas passer toute notre vie à chercher de quoi survivre ; si nous ne dormons pas à la belle étoile, c'est parce que nous sommes assez évolués pour construire de vraies maisons et avoir des activités civilisées en intérieur ; si nous avons des égouts, c'est parce que nous sommes assez évolués pour ne plus laisser tout ça... en pleine nature, contrairement à ce que font les animaux... et les primitifs. Enfin, si nous prenons plus de place que toutes les autres races réunies, c'est... parce que nous sommes plus forts qu'elles ! Voilà encore des faits objectifs !
Il sourit à nouveau.
-Et pour finir... Avant de me parler de mes pieds, occupe-toi de toi-même, tu veux ? Tu es en train de ravager le tapis !
Ce qui était la pure vérité : Kasumi, trempé, laissait autant de traces sur le parquet ou le tapis que ne le faisait son compagnon sur le fauteuil ou la table basse. Assurément, celui qui devrait faire le ménage ne serait pas content.
Posté : mer. 27 juil. 2011, 18:34
par Kasumi
Kasumi préparait sa riposte pendant toute la diatribe de Geoffrey mais sa dernière remarque lui ôta les mots de la bouche. Il se précipita donc vers le cheminée tout en otant hâtivement sa tunique trempée. Aussitôt qu'il lui passée par dessus tête, il se mit à l'essorer dans la cheminée pour éviter de mouiller davantage le sol. Il dévoila ainsi une musculature naissante acquise à force d'activités physiques comme le tir à l'arc et l'escalade. Voyant que son pantalon continuant de goutter tout comme ses cheveux, il annonça d'un ton pressant mais plus conciliant :
- Nous allons avoir besoin de couvertures et aussi de serviettes pour nettoyer tout ça !
Posté : jeu. 28 juil. 2011, 00:16
par Taliesin
Geoffrey parut sur le point de lancer l'une des remarques désobligeantes dont il avait le secret. Aurait-elle porté sur la crainte de son camarade de salir les lieux, laquelle l'avait poussé à abandonner la joute verbale ? Sur sa volonté de nettoyer les dégâts déjà causés ? Sur sa musculature ? Impossible à dire. Car, au dernier moment, il sembla se raviser.
-On trouvera pas ça ici, dit-il finalement après avoir retiré ses pieds de la table. Et dans notre état, si on se ballade dans toute la maison, on va vraiment causer des ravages. Mieux vaut attendre qu'on soit secs.
Posté : jeu. 28 juil. 2011, 20:36
par Kasumi
Kasumi prit la décision de laisser sécher un peu ses chausses et ses pieds en restant le plus près possible du feu sans si brûler. Dès qu'il serait à peu près sec, il se lancerait dans l'exploration de la demeure à la recherche de couvertures et de serviettes pour nettoyer les dégâts déjà causés. Pour le tapis, il ne pouvait rien faire sinon le tirer à l'extérieur si l'orage venait à cesser. L'intermède lui avait permis de se calmer même si les paroles de Geoffrey lui laissaient un goût amer.
- Tu as raison. Dès que je serai sec, j'irai voir ce que je peux trouver. Si l'orage s'éternise, il faudra songer à manger même si je doute que l'hospitalité de noter hôte soit allé jusqu'à nous laisser des vivres. Je me demande quand quelqu'un reviendra...
Posté : jeu. 28 juil. 2011, 20:52
par Taliesin
-Souviens-toi : il a écrit qu'il avait essayer de faire en sorte qu'on trouve tout à notre convenance. Alors, à mon avis, il y aura de quoi manger. Quant à savoir quand il reviendra...
Il jeta un regard par la fenêtre. Malgré les épais rideaux qui la voilaient, il était évident qu'il pleuvait encore à torrents. Les éclairs, eux, restaient innombrables et illuminaient fréquemment le salon, mêlant leur éclat blafard à la chaude clarté du feu.
-Pas tout de suite, à mon avis, reprit-il. Sauf s'il est amateur de déluges. Et qui aime les déluges, franchement ? Rien de tel pour ruiner la santé... et une belle tenue ! J'espère que la mienne n'est pas fichue, parce que je l'aime bien. Et heureusement que j'ai pas emporté ma cape d'hermine...
Il soupira, reporta son attention sur Kasumi.
-Tout à l'heure, je t'accompagnerai. Sans vouloir t'offenser, je pense que j'ai plus l'habitude que toi des grandes maisons. Je saurais mieux ou trouver ce que tu cherches.
Posté : jeu. 28 juil. 2011, 21:03
par Kasumi
Geoffrey remettait le couvert au grand dam de Kasumi qui ne put totalement réfréner son envie de répondre un peu séchement :
- Nous voyons d'un très mauvais oeil ce genre de manteau. Les hermines sont petites et peu nombreuses. C'est un gaspillage inconséquent que d'en tuer assez pour confectionner une pelisse. il existe bien d'autres animaux qui sont, en plus, bien plus savoureux à manger un fois qu'on les a tués. Par contre, je ne vois pas d'objection à ce que tu m'accompagnes, quatre yeux valent mieux que deux, mais il nous faudra alors trouver de quoi faire de la lumière de manière un peu plus durable que ta chandelle. La nuit tombe tôt en cette période.
Posté : jeu. 28 juil. 2011, 23:31
par Taliesin
Le gamin, qui n'avait probablement pas pensé à mal en évoquant sa cape et qui, une fois n'est pas coutume, s'était efforcé de ne pas être trop désagréable, fut dérouté par le ton sec de son camarade et par ses propos. Il s'apprêtait déjà à réagir à son discours moralisateur sur les hermines - prenant sans doute les termes "gaspillage inconséquent" pour des insultes envers ceux qui lui avaient offert le vêtement - lorsque l'apprenti rôdeur poursuivit. Et une expression employée par celui-ci le fit littéralement sortir de ses gonds.
-Tu ne vois pas d'inconvénient à ce que... murmura-t-il, incrédule.
L'instant suivant, il bondissait sur ses pieds et venait se planter face à son interlocuteur.
-Faut qu'on mette certaines choses au point, toi et moi, parce que si tu veux jouer les petits chefs, ça va très mal aller ! cracha-t-il. Dans la forêt, c'était toi qui commandait, d'accord : ta mère m'avait dit de te suivre, que je me perdrai sans toi. J'ai obéi, je t'ai fait confiance. Et je n'ai pas protesté quand tu nous a fait prendre toutes ces directions stupides. Pourtant, je voyais bien que tu faisais rien que nous perdre encore plus ! Mais j'ai pensé que c'était moi qui me trompais, puisque j'y connaissais que dalle en forêt et tout ! Et ben j'aurais pas dû me taire, pas dû te suivre ! Parce que le résultat, c'est qu'on est jamais arrivés à la clairière, qu'on a marché des heures dans des coins affreux, qu'on s'est ramassés un orage qui a complètement ruiné ma belle tenue - d'ailleurs, tu me la repayeras, je te préviens, parce que c'est ta faute si elle est dans cet état !
Sous le coup de la colère, le langage ampoulé qu'il utilisait d'ordinaire - fils de diplomate oblige - avait cédé la place à un autre, beaucoup plus commun pour un enfant de son âge.
-Bref : tu as commandé dans la forêt, parce que c'était normalement ton domaine, alors qu'en fait t'y connais pas plus que moi qui y ait jamais mis les pieds. Et ça a été une catastrophe. Et bizarrement, quand c'est moi qui ait pris les choses en main, c'est tout de suite mieux allé ! J'ai repéré cette maison, je suis entré alors que tu faisais comme un voleur qui voulait la cambrioler, j'ai trouvé la lettre... Maintenant, on est au sec, au chaud, on aura de quoi dormir bien tranquilles, on aura même de quoi manger ! Mais pour pas que ça soit à nouveau un fiasco, y a intérêt à ce que je continue à commander ! Parce que toi, non seulement t'y connais rien dès qu'on rentre dans une vraie maison, mais en plus tu fais absolument n'importe quoi ! Si on t'avait écouté, on serait en train de parcourir toutes les pièces en les salissant avec de la boue ! Heureusement que j'ai dit non ! Heureusement ! Et puis tu te comportes en vrai sauvage : alors que moi, le "délicat", je reste présentable même si je suis trempé, toi, le grand héros des bois qui dort à la belle étoile mais qui supporte pas d'être mouillé, tu te mets à l'aise... J'ai même cru que tu allais enlever ton pantalon, ç'aurait été le pompon ! Imagine ce qui serait arrivé si nôtre hôte était rentré ! Imagine ce qui arriverait, là, s'il rentrait ! A qui il parlerait, hein ? Qui il serait heureux d'accueillir ? Le barbare qui roule des mécaniques ou la personne civilisée qui n'a pas oublié les bonnes manières malgré les circonstances ?
Il se fendit de sa coutumière moue méprisante.
-Et maintenant tu parles de trouver de quoi faire de la lumière, tu la ramènes avec ta nuit qui tombe tôt en cette saison... Ben tu sais quoi ? Dans la ville aussi, c'est l'automne. Dans la ville aussi, il fait nuit tôt. Et les habitants deviennent pas aveugles malgré ça ! On a des chandeliers ! Des tas ! Et c'est pareil ici : on a fait un pas dans la maison, on en a trouvé un : je suis sûr qu'on en trouvera plein d'autres dès qu'on ira plus loin ! C'est comme ça dans toutes les demeures humaines. Dans toutes les demeures comme il faut !
Il posa les poings sur ses hanches - comme l'avait fait Kasumi un peu plus tôt - et défia le demi-elfe du regard.
-Bref : ici, dans la civilisation, c'est moi, le chef. Pigé ? On fera comme je dirai, quand je le dirai. Et si tu continues à jouer les sauvages, c'est moi qui verrai un inconvénient à ce que tu m'accompagnes quand j'explorerai la maison !
Posté : ven. 29 juil. 2011, 18:28
par Kasumi
Kasumi vira plusieurs fois du rouge au blanc pendant la tirade de Geoffrey, serrant plusieurs fois ses poings et ses dents à s'en faire mal. Quand le garçon lui laissa une ouverture il s'approcha tout près de lui, menaçant, et riposta sans même préméditer ses paroles :
- Et toi, tu te prends pour quoi ? Si tu te figures que je vais obéir comme les serviteurs de ton papounet, tu te fiches le doigt dans l'oeil. Tu t'imagines peut être malin mais la vérité c'est que tu es en train de massérer dans ton jus à chopper la mort tout ça parce que tu es trop pudibond et atatché à ta petite apparence que tu as peur de faire sécher ces stupides vêtements que tu as tenu à emporter en *forêt*. Je t'avais pourtant prévenu ! Et j'avais prévenu ma mère que je ne voulais pas t'emmener. C'est de ta faute si je me suis perdu, ça m'était jamais arrivé. *Jamais*. Sans doute parce que je devais sans cesse me retourner pour vérifier si tu tenais le rythme et parce que tu geignais.