La Couronne de Cuivre

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Benoît, page après page, découvrait les charmes de la sorcellerie. Lui qui croyait en la magie blanche continua d’éprouver des sentiments très partagés. Certains passages amenaient le lecteur à s’interroger sur sa condition, à se remémorer ses frustrations, ses déceptions, ses désillusions. Le garçon ne put s’empêcher de songer qu’on le prenait pour une fille si souvent, qu’on se moquait de lui. N’était-il pas forcé, pour s’intégrer, de se plier à des défis stupides ? Il était pourtant un petit génie, l’un des meilleurs de la classe, mais ça, pour les autres, ça ne comptait pas. En son fort intérieur, il réentendit le rire blessant de Julie et de sa cohorte de groupies. Est-ce que la magie blanche l’aidait en tout cela ? L’amitié avec les corbeaux, c’était le remède, la vengeance. C’était aussi la promesse de ne plus avoir peur d’eux. A quoi bon repousser les monstres si on pouvait s’en faire des allier ?

Benny tourna une nouvelle page et ce fut là qu’il tomba sur le nom : Grincevoix. Premier des corbeaux, c’était à lui qu’il avait parlé, c’était lui qui le poursuivait, lui qui réclamait cette amitié diabolique. Peu après, il découvrit une sorte de rituel afin de concrétiser cette amitié. Il fallait tracer le symbole du corbeau et prononcer par trois fois le nom du maître oiseau. Toutefois, il était dit qu’il y avait un prix à payer.

Lequel ? Benoît n’eut pas le temps de le savoir. Un vent froid lui caressa le visage. Il réalisa tout d’un coup qu’il y avait une fenêtre dans la chambre, une fenêtre ouverte...

Benoit se sentait de plus en plus mal à l'aise à lire se livre. Il s'était d'abord convaincu qu'il poursuivait sa lecture dans le but de trouver de quoi repousser les monstres ailés mais il se rendait maintenant compte qu'il était de plus en plus attentif aux insidieuses sollicitations de celui-ci. Découvrir le nom de l'affreux démon qui le poursuivait de ses assiduités lui redonna un sursaut d'espoir : pouvoir nommer les choses, c'était en partie les contrôler, non ? Sauf qu'il n'avait pas envie de les contrôler, d'avoir affaire à ces odieuses créatures sombres. Même sans prix à payer, il ne voulait pas se souiller par leur contact. Il referma brutalement le livre mais c'était déjà trop tard. Tremblant, il fixa la fenêtre ouverte sans réagir, le livre toujours en main. Puis, dans un geste aussi désuet qu'impulsif, il jeta l'objet en direction de la fenêtre en criant de toutes ses forces :

- NON ! Je ne veux pas que tu sois mon ami.

Puis, sans attendre de réaction, il chercha fébrilement son grimoire. Mais où l'avait-il mis après avoir retiré son costume, songea-t-il fébrilement ?

Le livre passa par la fenêtre mais une brusque bourrasque le renvoya dans la chambre, accompagné par un froid mordant. Voilà qui ne pouvait inciter le garçon qu’à chercher encore plus activement son précieux grimoire. Son sac était là. C’était sans doute dedans qu’il se trouvait. Mais un curieux désordre y régnait, de sorte que Benny eut vite l’impression de batailler avec ses propres affaires. Et dans son dos, il crut entendre un bruit d’aile, puis des pattes d’oiseaux sur le rebord de la fenêtre ouverte.

Où diable était ce maudit grimoire ? Jamais Benoît n’avait trouvé son sac aussi vaste, aussi débordant de recoins. Cela en devenait impossible, à croire que le bagage était dix fois plus spacieux qu’il n’en avait l’air. Et pendant ce temps, dans le dos du garçon, d’autres bruits d’ailes, d’autres sons de pattes. Combien d’oiseaux y avait-il déjà ? Certains avaient pris place sur les rebords des lits. Tous, Benny en était sûr, le fixaient. Il ne pouvait ignorer ces regards, ses yeux mauvais. C’était comme dans la forêt, le même sentiment oppressant. Et Grincevoix était déjà là, forcément. Il était toujours le premier.

Toutefois, pas un croassement, pas un mot. Juste le vent lugubre. Plus le temps passait, plus ils étaient nombreux.

Benoît était au bord de la crise de nerf. Il repoussa son sac avec nervosité et se tourna pour faire face à la nuée, désespéré.

- Allez-vous en ! Je ne veux pas de vous. Je ne suis pas votre ami.

Démuni sans son grimoire, le garçon chercha à s'emparer du seul autre objet disponible : le livre remis par l'affreuse ex-madame Larouge. Il avait peur de s'en saisir à nouveau de crainte que la magie propre à l'ouvrage ne se retourne contre lui mais si c'était le dernier rempart pour repousser les corbeaux, il n'aurait plus le choix.

Les corbeaux n’étaient pas si nombreux que ça, pas encore. Une dizaine tout au plus. Grincevoix, pourtant similaire à ses congénères, était reconnaissable entre tous, comme s’il avait quelque chose en plus, en pire. Il se tenait sur la fenêtre, tout à fait en face du garçon. D’office, il chercha à accrocher son regard.
« Allons, Benny, tu n’imagines pas la chance que tu as. »
L’horrible voix composée de multiples croassement emplit la tête de Benoît. Il était difficile de la supporter.
« Cette aile tendue, c’est ton salut... et qui sait, peut-être aussi celui de tes amis. N’as-tu pas envie de te sauver, de les sauver ? Si je t’ai choisi, c’est que tu es le meilleur ! »

Les mensonges de l'animal étaient séduisants, c'était le moins que l'on pouvait reconnaître à l'oiseau de malheur. Les ignorer alors qu'ils s'appuyaient sur les pires angoisses de Benoît. Mais qu'adviendrait-il si l'enfant y prêtait l'oreille ? Il n'était pas assez naïf pour imaginer que l'aide du corbeau serait gratuite. Le livre qu'il avait lu ainsi que les nombreux autres qu'il avait emprunté chez son oncle avaient suffi à le mettre en garde contre tout marché passé avec les forces de l'ombre. C'est pourquoi Benoît prit son courage à deux mains pour faire face, tremblant et la voix mal assurée :

- Non, je ne crois en aucune de tes promesses. C'est toi qui nous a amené ici en plus !

Le gamin s'était en effet souvenu que c'était les corbeaux qui les avaient aiguillé vers le Domaine des Divorcés.

« Que veux-tu Benny, nous ne sommes pas encore amis. Et si nous ne sommes pas amis, c’est que nous sommes des ennemis. »
Grincevoix alla se percher au pied d’un des lit, se rapprochant ainsi du garçon.
« Des ennemis, n’en as-tu pas assez ? Bientôt, le Voleur d’Ames sera là. Bientôt, pour vous, ce sera la fin ! Sans moi, tu es perdu ! Pense à ta pauvre mère ! Tu as entendu sa voix, elle était si triste... »
Les autres corbeaux ricanèrent, tout du moins ils en donnèrent vraiment l’impression. D’instant en instant, toujours d’avantage d’oiseaux arrivaient.
« ...elle aura le cœur brisée si l’accident de car t’était fatal. C’est ça que tu veux ? Allons, sois raisonnable, tu sais ce qu’il faut faire alors fais-le ! »
Un déclique dans le dos de Benoît attira son attention. Etait-ce le verrou de la porte qui venait de tourner ?

Oui, le corbeau connaissait parfaitement ses pires angoisses : faire de la peine à ses parents figurait tout en haut de la liste. C'était déjà une des raisons qui le poussaient à s'appliquer à l'école pour avoir de bonnes notes, de sorte qu'ils soient fiers de lui. Il avait eu tant de peine à entendre sa maman qui sanglotait au téléphone, il n'osait pas imaginer son état si elle apprenait sa mort. Décidément, le corbeau se livrait à un odieux chantage. Il devait gagner du temps ou il allait céder sous la pression :

- Et c'est qui, ce Voleur d'âmes ? Un copain à toi, sans doute ?

Puis il recula lentement vers la porte avec l'espoir ténu de se jeter dessus quand Grincevoix répondrait et qu'elle s'ouvre enfin pour le libérer des noires créatures.

« Le Voleur d’Ames... c’est le Saigneur des Limbes, le grand patron ! Crois-moi, il vaut mieux le servir que le nourrir. A ton avis... »
Benoît se jeta sur la porte et, à son grand soulagement, elle s’ouvrit. Dans son dos, des croassements furieux fusèrent. Les oiseaux s’agitèrent.
« Où crois-tu pouvoir aller ?! Tu ne peux pas me fuir ! Tu seras mon ami ou tu ne seras plus ! », vociféra Grincevoix.

Voilà Benny dans le couloir-galerie. Il avait un peu changé. En effet, toutes les statues représentaient des corbeaux. D’un côté, si toutefois il n’y avait pas eu plus de changement, il y avait les salles de bain. De l’autre, les escaliers.

Des coups de becs et de serres retentirent contre la porte. La précaution du garçon n’était peut-être pas si futile que ça car ainsi il n’était pas poursuivit. Au pas de course, il se rendit dans la bibliothèque. Il vit, par les fenêtres de celle-ci, fenêtres heureusement closes, des dizaines de corbeaux voler. Il entendait leurs croassements furibonds quelque peu étouffés, une vraie rumeur de plus en plus imposante. Le fameux livre était là, toujours hors d’atteinte au sommet de son étagère. Pour mettre la main dessus, il était peut-être possible d’escalader mais Benoît était loin d’être un as en ce Domène. Chercher une chaise, un escabeau ou quelque chose du genre était plus sûr... mais plus long.

Ce fut un gros fauteuil de lecture que choisit Benny. Il semblait idéal pour ce que voulait faire le garçon. Assez haut, assez léger. Quoi que pour ce dernier point, c’était discutable. L’enfant, fluet, dût déployer des efforts conséquents pour positionner l’objet. Juste avant de grimper, il fut alerté par un bruit étrange, ou plutôt, par l’absence d’un bruit. Les incessants coups de bec contre le verre avaient cessé. Tournant la tête en direction des fenêtres, il vit avec effroi une véritable nuée de corbeaux se rassembler à quelques distances puis fondre sur les vitres. Elles n’allaient pas y résister, c’était sûr.

Dans un instant, la bibliothèque serait noyée sous les corbeaux. Mais le livre était presque à portée. Grimper pour le prendre n’allait demander que quelques secondes, ces mêmes secondes qui fallait pour fuir...

Au moment même où Benoît referma la main sur Les Limbes, il entendit l’une des fenêtres voler en éclats. La nuée passa au travers dans un véritable vacarme de cris stridents. Accompagnée par le vent glacial, elle fondit sur le garçon. Celui-ci amorça sa fuite, voulant sauter au bas du fauteuil. Il fut rattrapé avant même qu’il ne puisse toucher le sol. Propulsé, presque emporté, le voilà jeté bien plus loin. L’atterrissage fut douloureux. Etendu par terre, il avait toutefois conservé le livre.

Les corbeaux, plusieurs centaines, se dispersèrent dans la bibliothèque, l’envahissant littéralement. Ils se posèrent partout où ils pouvait, sur chaque rayonnage, au sommet de chaque meuble... mais il n’y avait qu’un seul oiseau juché sur le dossier du fauteuil : Grincevoix.
« Benny, Benny, Benny, tu me déçois, tu m’irrites. Ma patience a des limites. Faut-il qu’on te crève les yeux, qu’on te déchire la peau pour qu’enfin tu fasses ce qu’il faut ? Je te le demande une dernière fois : veux-tu être mon ami ? »

Le gamin se recroquevilla sur lui-même, comme si ce geste de protection puérile pouvait maintenir la nuée de corbeaux à l'écart. Le gamin réfléchissait à toute vitesse à ses possibilités : tenter de fuir à présent ne lui permettrait que de parcourir un ou deux pas avant que la menace de Grincevoix ne soit mise à exécution. Jamais il ne pourrait atteindre la porte de la bibliothèque avant les avant-coureurs de la nuée. Faire face avec pour seule arme le livre qu'il avait tant eu de peine à obtenir était tout aussi suicidaire. Ne restait que la dernière solution : donner satisfaction à Grincevoix et le rejoindre. Ou en tous cas agir comme tel en attendant qu'une opportunité se présente :

- Mais je suis justement allé chercher ce livre pour mieux connaître ton Maître. comment je pourrais devenir votre ami si je ne vous connais pas ? Je lis très vite !

« Menteur !!! » vociféra le maître oiseau.
Un frémissement menaçant parcourut ses semblables. Puis, il reprit, plus doux, enfin si l’on pouvait dire ainsi car il ne se nommait pas Grincevoix pour rien.
« C’est bien de mentir, mais pas à moi. Il n’y a rien dans ce livre, rien d’utile pour que nous soyons amis. Et puis tu connais déjà le rituel. Trace le symbole, prononce mon nom par trois fois... au travail !"

Benoît s'était senti défaillir quand le corbeau cria, révélant qu'il n'était pas dupe de son mensonge. Le choc le laissait tremblant malgré son front dégoulinant de sueur et la désagréable impression de froid humide au creux de ses reins. Ses genoux semblaient faits de gélatine et ses mollets à l'inverse dur comme de la pierre. Même s'il avait eu envie de fuir, il se serait effondré sur lui-même à coup sûr. Seule la peur qui le tétanisait semblait à même de le maintenir debout. Ce fut donc d'une voix angoissée qui n'empruntait en rien à la comédie qu'il répliqua au corbeau :

- J'arriverai pas à dessiner avec tous tes copains qui me font si peur. S'ils se reculaient juste un peu... Et il me faut ma craie aussi pour tracer les symboles. J'ai du la laisser dans ma chambre, dans mon sac.

En l'occurrence, cette dernière chose était vraie ou du moins y croyait-il lui-même.

Grincevoix resta un instant interdit, mais finalement, il ne put qu’accepter.
« Bien, très bien ! Tu va avoir ta craie. »
Plusieurs corbeaux disparurent par la fenêtre brisée. Il ne fallut pas longtemps avant qu’ils reviennent, une craie entre les serres. Ils survolèrent Benny et la lui firent tomber dessus. Puis, en un même mouvement, la nuée toute entière prit son envole. Une partie alla dans le couloir, rendant toute perspective de fuite impossible. L’autre sortit. Il ne restait que le maître oiseau, toujours perché sur son dossier de fauteuil.
« Nous voilà seuls. Dessine !!! »

Benoît était à peine rassuré par l'éloignement des suivants de Grincevoix. La seule présence de ce dernier suffisait à le terroriser, au point d'obtempérer peut être, acculé comme il était. Alors, l'enfant se rapprocha d'un mur, se pencha et se mit à dessiner devant lui tout en cachant ses premiers traits. Il s'interrompit pour interpeler Grincevoix :

- Ce serait plus facile de t'utiliser comme modèle oh grand Grincevoix si tu te mettais de profil.

Que le corbeau s'exécute ou non, l'enfant avait bien l'intention de dessiner son symbole de protection plutôt que ce que demandait le corbeau. Si toutefois on lui en laissait le temps.

« De la flatterie à présent ? Tout comme le mensonge, c’est une bonne chose mais pas avec moi. Dessine !!! »
Non, Grincevoix ne se mettrait pas de profil. Oui, il allait continuer de surveiller le moindre geste de Benoît. Ce dernier, pour autant, ne changea pas ses plans. Alors, l’inévitable arriva.
« Arrête !!! Ce n’est pas mon symbole !!! » vociféra, terrible, le noir corbeau.
Il prit son envole et fondit sur le garçon. Mais celui-ci, ingénieux, avait su gagner assez de temps pour achever le signe au dernier moment.

Aussitôt, il se mit à briller d’une blanche lumière et le monstre, tout proche, fut repoussé par une force invisible. Il en poussa un croassement d’une rage sans égale et alla s’effondrer sur le sol, perdant quelques plumes au passage. L’instant d’après, il était de nouveau sur ses pattes, assassinant Benny du regard.
« La ruse aussi c’est bien... mais pas avec moi... tu te crois tiré d’affaire ? » dit-il de sa voix la plus froide.

Le petit garçon s'était senti gagné par une euphorie passagère quand Grincevoix fut durement touché mais, l'instant d'après, il réalisa combien sa situation demeurait précaire : il ignorait si le symbole continuait d'être efficace de façon durable et surtout il n'avait pas réfléchi plus loin que là, cherchant avant tout à se protéger. Maintenant que c'était fait, il regrettait amèrement l'absence de son grimoire qui lui aurait certainement fourni une solution pour chasser Grincevoix de façon plus décisive. Malgré sa peur et ses tremblements, il chercha tout de même à faire bonne figure :

- Libère-moi de cet endroit et je n'en dessinerai pas d'autres ! J'ai tout le temps d'en faire un qui sera bien plus efficace maintenant.

Evidemment, il bluffait en partie mais il commencerait à dessiner un nouveau symbole plus grand si le corbeau donnait l'impression d'hésiter.

Le corbeau éclata en un rire aussi haineux que cruel. Son affreuse voix le rendait plus horrible encore.
« Du chantage maintenant ? Benny, tu as tant de qualités ! Quel dommage que tu refuses mon offre. »
D’un battement d’aile, il fut de retour sur le fauteuil.
« Hélas, je te connais si bien... Et toi, tu sais si peu sur moi... Pauvre, pauvre garçon ! »
Par la vitre brisée, un froid glacial s’engouffrait dans la bibliothèque, un froid qu’il devenait très difficile d’ignorer même si ce qui s’était passé l’avait jusqu’à présent laissé au second plan.
« Il est grand temps de... réchauffer nos relations. Qu’en penses-tu ? »
Grincevoix donna un coup de serres au cuir du fauteuil. Contre toute logique, il y eut une étincelle, comme si deux silex venaient de s’entrechoquer. Le monstre réitéra l’action une fois, deux fois... à la troisième, une flamme jaillit.
« Tu sera mon ami, ou tu ne sera plus ! »

« Brûlez, brûlez jolies livres ! Pour Benny, les flammes vont danser ! Il faut le réchauffer ce pauvre petit ! Que sa chair fonde ! Que ses os éclatent ! Mais avant, avant, qu’il hurle, hurle et hurle encore ! »
Macabre chant que celui de Grincevoix. Loin de fuir le feu, il resta sur le fauteuil et bientôt il sembla être un Phénix, un sombre Phénix. Ce fut alors que Benoît brandit vers lui le livre marqué de son symbole. Hélas, ce n’eut aucun effet. Peut-être que le monstre était trop loin, à moins que la magie n’ai pas fonctionné.
« Regarde, idiot, comme sont risibles tes blancs sortilèges ! Et quand bien même tu me ferais sortir d’de cette bibliothèque, je serai toujours dans ton sillage, toujours !!! Je suis ta fin puisque tu l’a voulu ainsi ! Profite de ton bûcher car il n’y a nulle chaleur chez la faucheuse ! Et si tu veux vivre, tu sais ce qu’il faut faire... »
L’incendie commençait à se répandre et le garçon, en plus de le voir, commençait à le sentir.

Pour Benoît :

L’incendie prenait vite, très vite de l’ampleur. Grincevoix, diabolique, implacable, s’était mis à voler en tout sens pour le répandre. Il prenait aussi un malin plaisir à décrire les imminents tourments auxquels Benny était promis.
« Tu va voir, la douleur n’a point de limites ! Tu va mourir comme les sorcières d’en temps, quelle ironie ! Ho, parmi ces dernières, j’avais de bonnes amies, paix à leurs âmes d’années ! Toi, toi, je vais picorer tes restes calcinés ! Parfois les viscères palpitent encore, tu le savais ? C’est un régal ! Et ce sera ma façon de te dire adieux ! »
Voilà le garçon terrorisé cerné par un rideau de feu. Le froid n’était plus qu’un souvenir. Il suffoquait à cause de la chaleur, à cause de la fumée. Une étagère, rongée par le brasier, s’effondra juste à côté de lui. Les flammes ne tardèrent pas à se communiquer aux habits. Cette fois, c’était terminé...

HRP : vers ici.