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[DRA] Deux jours, une nuit

Posté : mar. 27 mai 2014, 15:51
par Mornagest
Une fois n'est pas coutume, le chauvinisme a presque failli me surprendre lorsque j'ai constaté que le dernier film des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne était à l'affiche au cinéma près de chez nous. On en a beaucoup entendu parler (ou lu) ces derniers temps puisque le film était en compétition au festival de Cannes.

Et comme je n'avais encore jamais vu de film des Dardenne, on s'est dit "allons-y", d'autant que les critiques sont quasiment unanimes.

L'histoire est simple : Sandra, une jeune mère qui termine un congé maladie pour dépression, apprend, le vendredi avant sa reprise du travail, que ses collègues ont voté pour avoir une prime de mille euros. En échange de quoi, son poste est supprimé. Une de ses collègues parvient à convaincre le patron de refaire voter les salariés dans l'anonymat afin d'éviter les pressions. Sandra part alors, avec son mari, chez ses collègues pour tenter de les convaincre de changer d'avis le lundi qui suit. Deux jours et une nuit à crapahuter, dans l'angoisse d'un refus, dans la honte de quémander...

Une heure trente de film assez brut, et brutal. Réaliste et crédible, sur une situation qui malheureusement est trop fréquente en ces temps de "crise économique". Les frères Dardenne évitent le piège grossier du manichéisme pour lui préférer des personnages très humains, dans tous les sens du terme : la solidarité, l'égoïsme, la nécessité... tant de situations terriblement réelles dans cette fiction.

Je termine en saluant le jeu d'actrice de Marion Cotillard. C'est le premier film dans lequel elle joue que je vois, je l'ai trouvée très crédible en mère angoissée et encore dépressive, quoi qu'elle en dise. Elle a fait pas mal d'efforts également pour prendre l'accent belge (le "vrai", pas celui de Coluche), ce qui n'est pas évident sans passer pas mal de temps "dans la situation". C'est un détail, mais qui montre son degré d'implication, je trouve.

Un grand film, je trouve.

Posté : mer. 28 mai 2014, 09:33
par Althéa
Je trouve aussi :)
J'ai passé une heure trente avec le ventre noué par le parcours de Sandra. Marion Cotillard joue vraiment bien sans exagérer, avec toute la justesse qu'il faut. A des moments, je l'ai trouvé totalement lumineuse, à d'autres très touchante. Les autres acteurs sont très bons aussi, tout en nuances.
J'ai vraiment apprécié.

Posté : dim. 01 juin 2014, 10:24
par Mr Sylvestre
Je voulais pas y aller, mais alors pas y aller du tout. Déjà, film des frères Dardenne, j'en ai vu pas mal, d'accord c'est bien foutu, d'accord c'est bien joué, d'accord, c'est bien tourné, mais c'est aussi léger qu'un éléphant dans une flaque de briques (et inversement).


Le gamin au vélo m'avait beaucoup marqué, ainsi que l'histoire de l'immigrée de l'Est qui veut garder son gamin malgré la mafia... pfiou, c'est peut-être pas d'eux ça ? Vite, filmographie... Ah si, "Le Silence de Lorna", très bon film, intrigue palpitante. Je me souviens que l'histoire était géniale, mais il n'était peut-être pas question de fils. En tout cas, Lorna était silencieuse, ça mettait un suspense terrible.


Et puis... Marion Cotillard dans un film des frères Dardenne. C'est comme si dans votre flaque de briques, en plus de l'éléphant, vous y mettiez une ballerine. Ca commence à faire beaucoup, on ne sait pas si c'était vraiment nécessaire. Et quand on nous dit qu'elle a pris l'accent belge pour le rôle, là, on se dit qu'on frise le ridicule.



Mais, voilà, ma tante, vieille et solitaire, avait vraiment besoin que quelqu'un l'accompagne au cinoche, et, c'était ce film-là qu'elle voulait voir. Pas possible de refuser.
Les premières minutes sont très étranges. La Marion (Sandra) se parle toute seule, avec l'accent belge, je vous raconte pas, les traits tirés, le corps émacié, on sent la performance d'actrice arriver. "Non mais laissez-moi, je fais un film d'art et d'essai avec les Dardenne, laissez moi exprimer mon art, oh que je suis triste, j'ai perdu mon travail il me reste la maison à payer et j'ai deux enfants"

Et puis, c'est comme au théâtre, d'autres personnages arrivent, l'intrigue s'installe, les acteurs comme les spectateurs rentrent dans l'histoire, tout le monde se fait embarquer, hop, en voiture Sandra. On se demande comment avec un scénario pareil, on va aller jusqu'au bout, et comme souvent dans les films des frères Dardenne, ce sont de toutes petites touches d'humanité, des dialogues très simples, des silences, qui rajoutés bouts à bouts font le film. Je sais plus combien de personnes elle va voir, 14 je crois, et ses visites font 80% du film. A chaque fois, on se demande sur qui elle va tomber, quels étaient ses rapports avec lui avant, quelle est sa situation financière, peut-il renoncer à la prime. Souvent, c'est le week-end, elle le trouve en train de faire des petits boulots à côté histoire de mettre du beurre dans les épinards, d'entrainer des gamins au foot, de refaire sa terrasse, de faire un petit tour au bistrot du coin. Ces quelques personnes offrent une micro perspective de la société belge, et on se dit qu'elle n'est pas si éloignée de ce que pourrait être un petit portrait de la société anglaise, française ou allemande en temps de crise.

Il y a juste un truc qui m'a presque fait rire, au milieu du film, mais je ne peux pas donner les détails. Quand on sent que la situation a touché le fond, que ça pourra pas aller plus bas, et bien si. En plein milieu du forage final, j'ai eu l'impression que les frères Dardenne se regardant creuser, ont échangé un coup d'oeil, et se sont dit "non, t'imagines ce que vont dire les critiques, là ? Allez, laisse ta pioche deux minutes, on va lui filer un coup de pouce à la Sandra".
Mais c'est peut-être juste une impression.


En résumé, "Deux jours, une nuit", surement pas le meilleur film des frères Dardenne, mais un film simple, lourd, efficace, constitué de toutes petites touches qui dressent un portrait nuancé d'un conflit social dans une entreprise pas coutumière du fait, qui dressent en finesse un portrait d'une société dure, abîmée par la crise, mais où subsistent des lueurs de générosité et d'espoir, de regrets.

Posté : jeu. 17 juil. 2014, 08:45
par Sanctifer
Bon alors, comment dire...
J'ai enfin vu ce film, hier soir, et puis bon, c'est du Dardenne quoi.
Je ne sais pas qui a dit que c'était bien joué, mais vraiment je ne comprends pas : comme d'hab c'est mal joué, les acteurs sonnent tous super faux, et mention spécial à l'accent de MCotillard
Je ne sais pas d'où elle l'imite, mais c'était tellement fake que ça me mettait mal à l'aise à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche, j'me sentais à la fois désolé pour elle, insulté et moqueur.

Après, j'ai trouvé le propos intéressant, je veux dire que l'idée, le scénario, la réalisation et la narration, tout ça était nickel, c'étaient vraiment les acteurs et leur jeu qui gâchaient tout pour moi
Et, si, j'ai eu des frissons sur la scène du match de foot, j'ai carrément rien compris à la scène du fils qui attaque son père soudainement, et j'ai carrément résisté à un fou rire sur la scène où ils chantent gloria \o/

marion cotillard toute en subtilité :
"tu aimes une fois le rrrock'n'rrrroll?"
nouvelle meilleure amie depuis 5minutes :
"oh oui j'adore"
mari compréhensif mais qui a l'air de toujours rélféchir 10minutes avant de parler :
"ça tombe bien c'est l'heure du rock !"
(ah bin oui ça tombe bien tiens :gign: )
tous ensemble mais en décalé quand même comme ça se fait dans tous les films :
"GLOOOOOORIA"

C'te scène qui arrive comme un cheveu dans la soupe était le summum du faux \o/

(et puis on s'était fait la réflexion que ce film, c'était carrément "Rosetta 2 : 15 ans plus tard", faut croire que Emilie Dequenne était pas dispo)