La Couronne de Cuivre

Derrière l'étrange bosquet des docks, à côté du port de pêche, se trouve une petite plage de sable fin. Quelques rochers épars où viennent s'agglutiner coquillages et crustacés, quelques barques tirées sur le sable, elle est fréquentée le soir par des amoureux tendrement enlacés, au petit matin par de jeunes pêcheurs de crabes, à toute heure par des rêveurs venus écouter le déferlement des vagues... et par des baigneurs lorsque la chaleur s'abat sur la ville.

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Quête : Chercheurs de sens

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La rôdeuse n'était pas surprise. Ah, ces citadins! De toute évidence, l'endroit était loin d'être aussi dangereux que le pensait la vieille femme, même si c'était gentil de sa part d'avoir voulu la prévenir. Pour autant, un peu de prudence ne faisait pas de mal, et elle n'avait pas prévu de faire quelque chose de stupide - à supposer qu'elle puisse déjà concevoir quelque chose de stupide à faire ici, ce qui n'était pas le cas.

Et de toute manière, elle était là pour voir la mer, et c'était tout ce qui lui occupait l'esprit pour le moment. Elle se retint à grand-peine de courir comme une folle sur la plage en poussant des cris de joie, et se contraignit à marcher calmement. Sa marche était cependant si rapide qu'elle aurait sans doute pu impressionner le célèbre marcheur Io-Anne Dîne-ise lui-même s'il avait pu la voir. Dédaignant les barques et autres installations humaines, elle se dirigea droit vers la grande étendue d'eau, là, en face, au bout de la plage. Rien que de sentir le sable crisser sous ses pieds, la jeune femme était impressionnée, et elle ne se sentait plus elle-même, toute à son impatience de pouvoir enfin voir et toucher de l'eau de mer.

Quête: chercheurs de sens

Le sable formait un tapis à la consistance un peu étrange, ni dure ni vraiment moelleuse ; on n'y progressait pas très vite. Quant à la mer... Eldrina put constater en y trempant la main qu'elle était froide, plus qu'un lac ou une rivière, mais moins que les ruisseaux courant dans les montagnes. A peine avait-elle fait cette constatation qu'une vague un peu plus forte lui mouilla les pieds jusqu'à la cheville. Pourtant elle avait veillé à rester sur le sable sec. La vague suivante sembla monter encore plus loin. L'eau allait-elle envahir toute la plage ?
Un crabe -une chose orangée avec une carapace et des sortes de pinces, ça devait être ça-, frôla ses pieds en se précipitant vers l'eau qui venait de se retirer, et disparut dans la vague suivante. En regardant un peu plus loin, elle aperçut un petit banc de minuscules poissons multicolores, bien plus colorés que tous ceux qu'elle avait déjà vus dans les lacs et rivières.
Une forte odeur de sel et d'iode embaumait l'atmosphère. C'était un monde à part, qui semblait complètement hors de la ville, et pourtant différent de la campagne...

Un grand "plouf" attira son attention : un jeune homme venait visiblement de plonger d'une barque de pêche, non loin. Un second le rejoignit aussitôt - elle aurait juré qu'il lui avait adressé un grand sourire et un salut de la tête avant de plonger. Les deux jeunes gens se mirent à nager côté à côte, et il s'avéra bientôt qu'ils avaient décidé de déterminer qui était le nageur le plus rapide, sous les acclamations d'un tout jeune garçon resté à bord. Le dernier occupant du bateau, un homme plutôt âgé, ignorait ostensiblement les facéties de ses cadets et s'appliquait à surveiller un filet de pêche.

Quête : Chercheurs de sens

Eldrina était aux anges. Tout était si nouveau, si fascinant, si étrange, c'était à la fois beau et impressionnant. La mer lui semblait incroyablement agitée, elle n'aurait jamais imaginé que l'eau pût se montrer aussi monumentale et en même temps aussi rapide. Il lui fallait bien reconnaître que quelque part, au fond d'elle, elle avait tout de même un petit peu peur. Un petit peu. C'était si différent - en un sens, même la ville ne l'était pas autant. Oui, c'était vraiment un monde à part, et même si elle trouvait cela bien plus beau que Luménis ou tous les villages qu'elle avait pu visiter, elle doutait de jamais s'y sentir tout à fait à l'aise. Soudain, elle s'aperçut qu'elle comprenait un peu mieux tous ces citadins qui avaient peur de la forêt. S'ils se sentaient aussi étrangers et aussi petits qu'elle en cet instant, oui, elle comprenait mieux.

Les jeunes nageurs attirèrent aussitôt son attention. Leur compétition était certes amusante, mais c'est surtout le fait de les voir s'élancer avec aisance et sans aucune crainte dans l'eau qui l'intéressait. Elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'apprendre à nager, ni même de voir quelqu'un s'y essayer, et leurs mouvements décidés et somme toute assez gracieux la poussèrent à faire quelque pas sur la plage, se rapprochant un peu de l'endroit où le pêcheur s'était installé, afin de les observer de plus près.

Quête : chercheurs de sens

Les deux jeunes gens nageaient vigoureusement sous les encouragements du plus jeune occupant de l'embarcation. Ils atteignirent un point qui aux yeux d'Eldrina semblait simplement perdu au milieu de l'eau, entre la plage et le bateau, et firent demi-tour aussi rapidement qu'ils avaient démarré, rivalisant pour atteindre le premier leur point de départ. Le vainqueur, qui se hissa le premier à bord, était un grand et svelte jeune homme aux cheveux brun. Il se tourna aussitôt en direction de la plage et fit une grande révérence... qui ne pouvait être destinées qu'à Eldrina. Apparemment, il était ravi que la rôdeuse ait assisté à son exploit et semblait parader, exhibant un torse d'athlète. Il aida son challenger à monter à son tour à bord et se tourna à nouveau vers la rôdeuse, souriant de toutes ses dents.
- Vous avez vu, mademoiselle ? Mon frère c'est le plus fort et le plus rapide de tous les nageurs de Luménis !
Ce cri du cœur émanait du jeune garçon.
- Je préférerais ...... talent de pêcheur, ton frère, gronda l'homme assez âgé qui surveillait toujours le filet, à peine assez fort pour que le vent apporte ses paroles aux oreilles de la rôdeuse.
Le jeune homme, lui, ne fit pas mine d'avoir entendu la remontrance. Il fit un spectaculaire plongeon, qui tenait presque du saut périlleux, avant de remonter à nouveau à bord. Puis il s'inclina à nouveau avec un sourire à destination d'Eldrina, guettant sa réaction.

Quête : Chercheurs de sens

Eldrina était vraiment très heureuse. La mer était aussi fascinante que prévu, il faisait beau, personne ne venait lui parler et elle avait même droit à une démonstration de natation. Alors, quand le jeune homme lui sourit à plusieurs reprises, elle était de tellement bonne humeur qu'elle ne s'inquiéta pas et ne sursauta pas. Bien sûr, elle était tout à fait perplexe, mais après mûre réflexion, elle se dit qu'elle était quand même une des rares personnes sur la plage, les autres étant des pêcheurs très occupés, et qu'il ne devait pas être difficile de remarquer qu'elle regardait les nageurs. Alors, le jeune homme devait tout simplement être content d'avoir un spectateur. Ça devait être un tic de citadin, sourire aux gens qui vous regardent.
Et donc, de bonne humeur et voulant se montrer polie, la rôdeuse renvoya au jeune homme un sourire éclatant, sans aucune arrière-pensée, simplement parce qu'elle était contente d'être là.

Quête : chercheurs de sens

Le sourire du jeune homme s'élargit. Elle le vit se tourner un instant vers les autres occupants de l'embarcation, leur annoncer quelque chose, puis lui sourire encore.
Sans crier gare, sans laisser le temps à ses compagnons de lui répondre, il fit un nouveau plongeon spectaculaire et se mit à nager en direction de la plage -et donc de la rôdeuse.

Le pêcheur plus agé - une bonne cinquantaine d'année, se redressa, les sourcils froncés.
- Reviens immédiatement, on a du travail ! Ce n'est pas le moment de jouer les jolis-coeurs !
Elle n'entendit pas ce qu'il leur répondit, ni même s'il leur répondait quelque chose.

Quelques minutes plus tard, il sortait de l'eau, vêtu d'un simple bermuda, et avançait dans sa direction, toujours aussi radieux.

Quête : Chercheurs de sens

Elle avait mis un temps fou à comprendre ce qu'il se passait. Il était réellement en train de nager vers elle? Mais comment? Pourquoi? Et qu'est-ce que... Et que... Mais pour quelle... Que... Eldrina, ma pauvre fille, je crois que tu as encore beaucoup de choses à apprendre... C'était à peu près tout ce qu'elle arrivait à penser qui soit cohérent. Elle n'avait pas enregistré ce qu'elle avait cru entendre dire, là-bas sur la barque, et de toutes façons c'est à peine si elle avait enregistré quoi que ce soit ces dernières secondes. Le temps qu'elle se convainque qu'il nageait vraiment dans sa direction, à elle, et qu'elle se remette à penser de façon sensée, il avait déjà mis le pied sur la plage.

Bon, il fallait qu'elle se mette à réfléchir de façon cohérente. Il n'avait pas l'air méchant; il était de toute évidence avec sa famille, et il l'avait remarquée simplement parce qu'elle regardait sa nage, alors il venait sans doute parler de natation avec elle, ça devait être encore une tradition de citadins et... Elle crut défaillir. Il était arrivé en face d'elle! Elle rougit comme une pivoine, perdit le fil de ses pensées, oublia même de penser, et lui lança un regard de carpe morte, pétrifiée.

Quête : Chercheurs de sens

Le jeune homme avançait, radieux. Il devait avoir à peine une vingtaine d'années. Grand, brun, le yeux bleus, un torse athlétique...il avait certainement tous les atouts pour faire défaillir les coeurs de toutes les jeunes filles de Luménis. Pour l'heure il semblait attendre une réaction, une phrase... et n'en recevant aucune, il sembla un bref instant un peu décontenancé.

Puis, se souvenant sans doute des politesses qu'on lui avait inculquées, il se ressaisit et s'inclina très bas.
- Maël, pour vous servir, gente Dame. Puis-je connaître le nom de la plus exquise fleur qu'on ait jamais vue sur de cette plage ?
Même sa voix était mélodieuse. Et il parlait incroyablement bien pour un simple pêcheur.

Quête : Chercheurs de sens

Eldrina rougit jusqu'aux oreilles. Oh! Alors c'était donc pour ça qu'il... Du moins si elle avait bien interprété... Elle se sentait encore perplexe, et de nombreuses questions se bousculaient dans sa tête; mais avant qu'elles ne parviennent à sa conscience, elle avait jeté un regard sur le jeune homme - et un autre, et encore un. C'est vrai qu'il était charmant... Il dégageait une sorte de charisme fascinant, et elle se sentait rougir encore davantage à le regarder; sans pour autant parvenir à détacher les yeux de lui. Elle se sentait toute chose. A le voir, on avait envie de sourire à tout ce qu'il disait, et d'avoir l'air la plus belle et la plus intelligente possible. Oui, il était vraiment charmant... Elle en oubliait tout à fait pourquoi elle était là, sur cette plage. Un sourire content mais un peu niais lui échappa.
- Hem... Je... Je... Elle se tortilla, regarda ses pieds, leva la tête, croisa le regard du jeune homme, rougit derechef, et baissa à nouveau les yeux. Enchantée, je... Je m'appelle Eldrina.

Quête : chercheurs de sens

Le jeune homme, lui, ne paraissait pas le moins du monde intimidé. Pendant qu'elle rougissait et bafouillait, il s'était encore approché. Presque... trop près ?
- Enchanté de vous connaître, belle dame qui avez daigné poser les yeux sur un simple pêcheur. Enfin, pêcheur la journée, et poète le soir... n'en déplaise à mon oncle.
L'oncle en question lui tournait ostensiblement le dos et manoeuvrait son embarcation, avec l'aide du jeune frère d'Elvis et de l'autre jeune nageur. Il semblait décider à s'éloigner. Mais Elvis n'en avait cure et la dévorait littéralement des yeux.
- Il faut bien admettre que je ne suis pas un vrai poète à vrai dire... pas encore. Mais si vous voulez, ajouta-t-il sur le ton de la confidence, je pourrais vous montrer, un soir, ce que je sais... Je suis sûr que ça vous plairait, un moment de douceur et de poésie au milieu de toute l'agitation de cette ville....

Quête : Les chemins de Luménis

La rôdeuse était en proie à un intense débat intérieur. D'un côté, une partie d'elle avait envie de s'enfuir en courant très loin d'ici, et de tous ces gens qui venaient lui parler, et de celui-là en particulier, qui était tout de même incroyablement gênant. D'un autre côté... Il était incroyablement gênant. Et charmant. Une bonne partie d'elle n'arrivait pas à quitter le jeune homme des yeux - d'autant plus qu'il savait aussi être très charmeur. Pour la jeune femme qui était sensible à toute allusion à la poésie ou la musique, il avait dit exactement ce qu'il fallait pour la convaincre de rester - bien que, se dit une petite voix au fond de sa conscience, elle ne soit pas vraiment un public difficile....

C'est donc d'un ton innocent et plein d'espoir qu'elle lui demanda:
-De... De la poésie? Alors... Sauriez-vous chanter aussi?

Quête : chercheurs de sens

Le jeune homme secoua la tête en signe de dénégation.
- Hélas, non... mais j'ai des amis qui savent, eux... je pourrais vous les présenter... On se voit de temps en temps pour créer des textes, d'ailleurs je devais les retrouver ce soir. Si vous voulez, vous pouvez vous joindre à nous! Je pourrais passer vous prendre chez vous si vous voulez... Ou peut-être... vous n'avez pas l'air d'être d'ici, peut-être logez-vous à la Bienveillance ? Enfin, c'est là que j'irais si j'étais un visiteur de passage... mais donc, accepteriez-vous de me faire l'honneur de votre compagnie ce soir ?
Ses yeux brillants étaient fixés sur elle, guettant sa réponse. Il ne semblait y avoir aucun doute pour lui qu'elle serait positive. Un jeune homme aussi séduisant devait être habitué à tous les succès...

HRP : je vais poster une annonce pour recruter d'autres joueurs pour te tenir compagnie... parce que la quête imaginée par gal va vite se révéler très complexe quand tu entreras dans le vif de l'action... donc mieux vaut que vous soyez plusieurs.
Mais parallèlement, il y aura des joueurs recrutés pour aller faire la guerre sur Dorrandin, contre Mélandis... donc si participer à la guerre te tente plus que résoudre un étrange mystère, tu me dis et je me débrouille pour te transférer à l'autre groupe (tant que tu n'es pas entrée dans le vif du sujet et chargée d'enquêter, c'est faisable!)

Quête : Les chemins de Luménis

La jeune femme était encore partagée. Comme toujours, elle se voyait mal aller rencontrer tout un tas d'inconnus dans la soirée. Elle se sentirait encore extrêmement mal à l'aise, elle ne saurait pas quoi dire, et puis... Et puis, ce n'était pas du tout son genre! Mais en même temps, la promesse de rencontrer des gens qui sachent chanter l'enchantait. Comme toujours, elle était incapable de résister à une belle chanson - a fortiori quand c'était proposé par un jeune homme charismatique qui la laissait toute chose.
Elle réfléchit un moment, espérant qu'elle n'aurait pas l'air trop étrange à se taire aussi longtemps. Finalement, elle eut un sursaut de courage: elle n'allait tout de même pas paniquer à chaque fois qu'elle rencontrerait quelqu'un! Ou sinon, elle n'avait qu'à retourner aussi sec dans la forêt. Elle était venue à Luménis pour vivre de nouvelles aventures, des expériences qu'elle n'aurait pas l'occasion de vivre ailleurs, et elle se mettait à paniquer à chaque nouveauté? Et puis, ça ne serait pas si terrible que ça. Du moins, elle l'espérait...
Finalement, elle sourit donc timidement au jeune homme et lui répondit:
- Eh bien... Oui, en fait, je loge dans une auberge qui s'appelle L'Ombre de l'Arbre... C'est .. euh... Enfin, ce n'est pas loin d'ici. Vous connaissez peut-être?

HRP: Tu veux dire que le beau brun, là, est en train de proposer une enquête? Dis donc, on ne dirait pas :p Plus sérieusement, pas de souci, plus on est de fous plus on rit. Quand à la guerre, ce sera sûrement passionnant, mais je ne vois pas trop comment je pourrais justifier, niveau RP, cette décision à ma pauvre rôdeuse. Et cette quête-ci me va parfaitement, donc je suis partante pour continuer!

Quête : chercheurs de sens

Lejeune homme parut hésiter un instant, puis acquiesça.
- Oui, je crois que je vois où c'est... Et si je me trompe, je demanderai à mon cousin, là-bas sur le bateau, il connaît absolument toutes les tavernes ! C'est d'accord, je passerai vous prendre ce soir si vous voulez bien !
Il recula d'un pas, l'air rêveur, et son regard erra un bref instant, semblant glisser le long de la silhouette de la demi-elfe, s'attardant un bref instant sur ses quelques rondeurs féminines. Oh, juste un instant, peut-être même était-ce le fruit de son imagination ?

Il s'inclina à nouveau.
- Je vous dis donc à ce soir, belle Eldrina... Je serai là après le dîner. Pour l'heure, je crains qu'il ne faille mettre fin à cette douce conversation, mon oncle attend son... "apprenti", comme il dit.
Il grimaça un instant à cette idée avant de retrouver son si séduisant sourire.
Puis, sans crier gare, il saisit prestement la main de la rôdeuse et l'approcha de ses lèvres, ses yeux bleus fixés sur les siens, le regard presque envoûtant. Il ne lui laissa pas le temps de réagir et encore moins de s'esquiver. Il déposa un léger baiser au creux de sa paume avant de la lâcher et de s'enfuir en direction de la mer, plongeant dans l'eau glacée sans même se retourner.

Quête : Chercheurs de sens

Eldrina était encore sous le choc. Elle avait totalement cessé de penser à partir du moment où il avait attrapé sa main et l'avait regardée dans les yeux, et elle commençait tout juste à comprendre ce qui venait de se passer. En fait, elle commençait tout juste à comprendre ce qui venait de se passer ces cinq dernières minutes. Il était... Il avait bien dit qu'il viendrait la chercher? Elle? A l'auberge? Elle n'en revenait pas et se sentait comme dans un rêve, sans aucun sentiment de réalité. Oui, tout était complètement irréel, cela lui aurait semblé tellement impossible il y a une heure à peine...

Un petit sourire rêveur flottait sur ses lèvres. Mais en voyant le jeune homme s'éloigner à la nage vers le bateau, elle eut soudain une envie de rire. Pas pour se moquer de lui - il était bien trop envoûtant pour qu'on songe à ce genre de choses - mais simplement parce cela lui semblait tellement incongru dans sa propre vie; hop, il venait la voir, hop, il repartait, sautant fièrement à l'eau... Ce rire la fit un peu redescendre sur terre, et elle reprit ses esprits. Un peu d'auto-dérision ne lui avait jamais fait de mal, et de toute évidence cela fonctionnait toujours.

Toujours un peu incrédule quant à ce qui venait de se passer, elle entreprit de repartir vers le bosquet, non sans avoir jeté un dernier regard à l'océan. Le soleil n'était pas encore au zénith et elle avait un peu de temps pour flâner avant le repas, aussi prit-elle son temps avant de rejoindre le débarcadère.

Quête: chercheurs de sens

Elle était si absorbée dans ses pensées qu'elle ne remarqua pas le petit autel de fortune installé dans une toute petite clairière, en hommage à Mielikki sans doute. Elle ne prêta guère attention au chant des oiseaux ni à l'écureuil qui traversa devant elle. Mais sans qu'elle en ait vraiment conscience, son esprit s'emplissait du calme des lieux, des bruits de la nature, de bien-être...
Elle émergea du bosquet comme on émerge d'un rêve : le fracas du petit marché sur le débarcadère lui sembla un retour au réel presque agressif.
La vieille femme avec qui elle avait échangé quelques mots n'était plus sur le quai, mais sans doute guettait-elle son retour, comme elle l'avait promis, depuis la fenêtre d'une des habitations. Le déchargement des deux immenses navires se poursuivait sous l'oeil attentif des curieux.

HRP : tu peux poster sur le débarcadère... si je me souviens bien ce que j'avais mentionné, il y a deux navires qui se déchargent, + un autre avec plein de passagers qui descendent, mais il y a aussi un petit marché...à toi de voir ce qui attire éventuellement ton perso !

Quête: Chercheurs de sens

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Des accords de luth, quelques paroles chantées d'une voix de basse, un rire un peu gras : les amis de Maël étaient non loin, sur la plage, un peu cachés par deux embarcations de pêcheurs tirées sur la grève. C'était un petit groupe essentiellement masculin, pour la plupart avachis autour d'un feu. L'odeur de la fumée bleue était omniprésente. La seule fille présente s'en alla à leur arrivée, main dans la main avec l'un des jeunes gens.
- Je vous amène une... invité d'honneur, fit simplement Maël. Il se dirigea vers l'un d'eux, le plus âgé. Un homme petit et grassouillet, au visage marqué de cicatrice : l'exacte antithèse de la beauté de Maël...
Occupé à distribuer à chacun quelques rations d'herbes, tout en comptant une petite fortune en pièces d'or, il leva les yeux vers elle, détaillant ostensiblement sa silhouette.
- Pas mal ta copine... Allez, ça vaut bien une triple dose je pense, ajouta-t-il avec un petit rire, tendant une bonne ration d'herbes à Maël. Celui-ci, ayant lâché le bras d'Edrina, s'assit un peu à l'écart, préparant un nouveau cône.
L'homme se leva, les yeux à nouveau fixés sur Eldrina, un petit sourire aux lèvres, dévoilant quelques dents jaunies et branlantes. Debout, il était encore plus laid : légèrement bossu, la démarche boiteuse. Il s'avança vers elle, tendit la main pour lui caresser la joue. Ses yeux, à nouveau, s'abaissèrent ostensiblement vers son corsage.
- Maël a le chic pour nous dégoter les filles les plus belles de Luménis... Et elfique de surcroît. Heureusement qu'il est là, tu imagines bien qu'aucune fille ne viendrait pour moi !
Des rires saluèrent cette remarque. Le joueur de luth avait posé son instrument et tous avaient les yeux fixés sur elle. Des regards qui la détaillaient de façon... plutôt désagréable. Et l'homme était très près d'elle. Trop près. Elle sentait son haleine empestant la fumée.

Quête : Chercheurs de sens

La sensation était pour le moins étrange, et elle avait suivi Maël d'un air un peu absent. Le fait de ne plus maîtriser tout à fait ses mouvements était perturbant, et elle regretta un instant d'avoir accepté de consommer l'étrange substance. Un instant seulement, car les effets reposants étaient suffisamment importants pour qu'elle relègue cette pensée en arrière-plan, comme une sorte de bourdonnement auquel elle ne prêtait plus attention.

C'est pourquoi elle ne réagit pas tout de suite en arrivant vers les "amis" de Maël. Elle était surtout concentrée sur son corps, la façon dont celui-ci lui répondait, et les sensations qu'elle ressentait, et ne jeta tout d'abord qu'un regard distrait et un peu ailleurs aux lieux et aux personnes en face d'elle. Le fait que Maël s'éloigne la fit tiquer, mais la sensation de relâchement induite par les herbes la poussa à ne pas s'en offusquer. Après tout... à vrai dire elle ne savait trop ce qu'elle comptait mettre derrière ce "après tout" qui s'immisçait, lancinant, dans ses pensées, mais une chose était sûre: après tout. Et puis c'était tout de même amusant, cette sensation de ne plus vraiment être dans son corps. Intriguant, amusant, étonnant, relaxant, non?

Pourtant elle ressentit une sorte de malaise grandissant à partir du moment où l'homme se mit à parler. Ce n'était vraiment pas ce à quoi elle s'était attendue. Et, tentant de passer outre l'effet euphorisant des herbes, une petite voix au fond de sa conscience commençait à lui dire de se méfier. Que tout cela n'était pas... Pas quoi? C'était tout de même amusant, et puis il fallait qu'elle cesse d'être toujours méfiante comme cela, lui répondait-elle. Néanmoins, l'aspect peu ragoûtant de l'homme qui parlait, le regard de tous ces gens autour, les mots qu'il prononça, et surtout le contact de sa main sur sa joue, firent peu à peu refluer les effets euphorisants de la drogue. Elle se sentait toujours un peu ailleurs, elle aspirait toujours à une sorte de détente paisible, mais désormais elle avait pris conscience de ce malaise qu'elle ressentait. Alors que faire? Elle resta un instant immobile, puis décida de s'asseoir sans rien dire, un peu à l'écart si possible, après avoir lancé un vague sourire de politesse à l'assemblée. De toute façon elle ne tenait pas bien sur ses jambes et ne se sentait pas capable de rester debout pour l'instant; d'autant que cela aurait attiré encore plus l'attention sur elle. Il valait mieux rester assise et attendre que les effets se dissipent - après tout elle n'en avait pas consommé beaucoup, avec un peu de chance elle reprendrait vite le contrôle de son corps. Tout cela, elle le percevait de façon plus ou moins confuse, et sa décision de s'asseoir n'était pas uniquement motivée par ces raisonnements: il était tout de même bien plus confortable d'être assise, et puis, son envie de détente lui susurrait qu'après tout, elle se faisait des idées pour rien, pourquoi ne pas se poser un peu et cesser de se questionner? Néanmoins, elle était désormais sur ses gardes. A l'affût de quoi, elle ne savait pas trop, mais elle essaya d'être la plus réactive possible.

Quête: Chercheurs de sens.

Même si elle avait fumé assez peu de cette étrange herbe, la fumée omniprésente lui embrouillait l'esprit, un peu comme si elle avait trop bu. Elle se sentait étrangement euphorique. Mais pas suffisamment pour éteindre cette petite voix au fond d'elle qui lui criait de se méfier.

Lorsqu'elle voulut s'éloigner pour s'asseoir, l'homme lui emboita le pas, un léger sourire aux lèvres. Ses jambes flageolantes ne pouvaient pas la porter très loin, il semblait le savoir. Lui en revanche était plus leste que son apparence le laissait deviner. Il accompagna son mouvement quand elle voulut s'asseoir, en apparence simplement en lui prenant le bras pour la soutenir... mais elle se retrouva sur ses genoux, sans trop comprendre comment. Il ne lui laissa pas le temps de se dégager : l'enlaçant fermement, il l'embrassa à pleine bouche, tandis qu'elle sentait sa main se glisser sous ses vêtements, avec l'intention évidente de les lui ôter....
Elle avait vaguement conscience que les autres regardaient, elle crut même entendre des encouragements. Même si elle se sentait encore engourdie, cette fois-ci toute euphorie avait disparu de son esprit.

Quête : Chercheurs de sens

Tout s'était déroulé incroyablement vite, et pourtant elle avait eu l'impression de le vivre comme au ralenti, comme si elle observait la scène d'un point de vue extérieur. Son corps qui ne réagissait pas assez vite, ses sens perturbés la firent douter un instant de la réalité de la scène. Puis elle prit violemment conscience de la situation, en une bouffée d'adrénaline qui la dégrisa assez nettement. Se dégager. Il fallait qu'elle se dégage. Sinon... Elle n'avait pas le temps de penser aux implications de ce sinon. Réagir. Vite. De façon presque instinctive, elle comprit qu'il fallait qu'elle le déstabilise pour qu'il la lâche, sans quoi elle ne pourrait pas se dégager d'elle-même. Et son corps qui réagissait aussi lentement*! Ou peut-être n'était-ce qu'une illusion*?

Elle lui mordit violemment la lèvre, essayant de faire le plus mal possible, espérant que sous la surprise il relâcherait un peu son étreinte. Juste après, de son bras libre, elle tenta de lui porter un coup vers l'abdomen – sa marge de manœuvre réduite et son engourdissement ne lui permettraient sans doute pas d'aller plus haut. Si elle parvenait à le déstabiliser ne serait-ce qu'un peu, à le pousser, à lui faire mal, elle pourrait échapper à son étreinte. Rouler à terre. S'éloigner. Ou n'importe quoi. Il fallait à tout prix qu'elle se relève, réalisa-t-elle. Au sol elle était bien plus vulnérable. Pourvu que son corps ne la lâche pas, que ces fichus effets se dissipent...

Quête : Chercheurs de sens

La fumée émoussait ses réflexes, elle avait la sensation d'agir au ralenti. Mais sa force n'en était nullement affectée ; et vu le cri de douleur que poussa son agresseur, elle avait dû mordre terriblement fort. Il la lâcha aussitôt, poussant un juron.
Mais à peine réussissait-elle à se relever qu'un des jeunes gens, à la carrure impressionnante, l'attrapa par un bras qu'il lui tordit derrière le dos. L'attirant contre lui, il lança à la cantonnade :
- J'crois qu'elle préfère les grands costauds dans mon genre...
Des rires le saluèrent. Costaud, il l'était assurément : elle était parfaitement incapable de se dégager de son étreinte. Il lui susurra doucement à l'oreille, tout déchirant lentement son corsage :
- Alors il t'a pas dit, Maël, qu'il partage tout avec ses potes ? Allez, laisse-toi faire, c'est dans ton intérêt... Tu voudrais quand même pas qu'on te fasse mal ?
- Non, attends, laisse-la moi d'abord. Moi j'aime bien les garces qui résistent... Ca m'excite... J'vais vous la mâter...
L'homme qu'elle avait mordu s'était redressé, un rictus cruel aux lèvres, crachant ces quelques mots d'un ton plein de haine. C'était clairement le chef de la bande. Il tenait un mouchoir plaqué contre sa lèvre inférieure et ses yeux luisaient de rage.
- Mais d'abord tu vas m'payer ça !
Il la frappa de toutes ses forces au visage. Elle se serait écroulée si l'autre ne l'avait pas maintenue. Elle sentit du sang dans sa bouche, et il s'en fallut de peu qu'elle ne perde connaissance. Tentant vainement de reprendre ses esprits, elle le vit lever à nouveau la main...

- Gardes ! Au secours ! Ma soeur se faire agresser !
La voix était suffisamment proche pour que tous se dressent instantanément. Une voix plutôt juvénile, qui parut étrangement familière à Eldrina.
- Il bluffe... Attrapez-moi ce type, cracha le meneur.
- Il est trop loin...
- Gardes ? Venez, c'est par ici, faites vite !
La voix se rapprochait.
- On f'rait mieux d'filer...
Déjà, tous déguerpissaient, s'égaillant dans les bois, disparaissant dans l'obscurité de la forêt. Tous, sauf le grand costaud qui la maintenait toujours d'une poigne de fer, et leur chef.
- Toi, tu viens avec nous... A la grotte, personne ne nous dérangera...
La soulevant comme un fétu de paille, son comparse la jeta sur son épaule, l'entraînant en direction des bois.
En quittant la zone envahie par la fumée, elle acheva de retrouver la pleine possession de ses facultés. Mais ils étaient tous deux bien plus forts qu'elle.

Quête: Chercheurs de sens

En provenance du Bosquet

La plage était quasiment déserte, à part un couple d'amoureux enlacés et quelques gosses à la recherche de crustacés au milieu des rochers découverts par la marée.

Enzo parut un moment chercher quelque chose du regard, sur la plage. Puis il les entraîna sur la gauche, en direction des barques et du petit port de pêche qu'ils devinaient plus loin.
- Vous voyez ce gros rocher, là, planté au milieu de la plage, à côté de cette barque ? A marée haute, l'eau arrive juste à côté mais il reste au sec. Ils sont généralement installés juste derrière, cachés de ce côté-ci par le rocher, de l'autre par les barques. Enfin, pour le moment, il n'y a rien puisque les pêcheurs sont encore en mer, mais ils ne devraient pas tarder. Ils mettent toujours une barque ici, une autre ici, une autre ici... ce qui fait qu'ils sont bien cachés, à la fois des pêcheurs et des ouvriers qui travaillent dans les entrepôts de ce côté-ci -il désigna le sud-, des promeneurs qui traversent le bois ici -il désigna l'est et le nord. Enfin, des promeneurs il n'y en a pas trop la nuit, mais il pourrait y avoir des patrouilles de gardes...
Il se tourna à nouveau vers la plage, guettant visiblement quelque chose ou quelqu'un.

Quête: Chercheurs de sens

Streen hocha la tête gravement. Ainsi le groupe cherchait bien à se dissimuler. Il ne pouvait donc s’agir que de forbans ou autres canailles de ce genre. S’il n’avait rien à se reprocher, ils ne se cacheraient pas. C’était là qu’intervenaient Sylveneige et Streen. : essayer de découvrir leurs activités louches. Le problème était qu’ils pouvaient les voir sans être vus. Comment se cacher et les espionner sans se faire voir ?
-Enzo demanda t’il, il me parait improbable de les espionner sans être vus. Connaissez vous une cachette à proximité qui éviterait de nous faire repérer ?
Voyant qu’il n’écoutait pas sa question, il se tourna vers lui pour le voir fixer l’horizon.
-Quelque chose ne va pas ? Avez-vous repéré quelque chose d’inhabituel ?

Sylveneige avait tout d'abord beaucoup apprécié l'effort de Streen pour se hisser à un niveau d'agacement correct. Y'a pas, c'était un type bien !

Par contre, sa question idiote sur les possibilités de cachette était vraiment incongrue. Les cachettes ne manquaient pas ! elle en avait déjà recensé pas mal :

- dans une des barques, tout au fond ; il faudrait juste percer un petit trou à hauteur des yeux. Bien sûr, le propriétaire de la barque aurait une mauvaise surprise en reprenant son bateau, mais on ne faisait pas d'omelette sans casser des oeufs.
- dans le sable ; il suffisait de creuser une galerie et de laisser dépasser une paille ou deux pour respirer.
- dans la mer : idem, une paille permettait de respirer... Oui, bon, on risquait d'y prendre froid, mais bon...
- déguisés en gamins de rues, à jouer à proximité. Hum. Dommage que Streen soit un peu grand.
- le rocher faisait lui-même une parfaite cachette.

L'elfe ruminait toutes ces idées, les trouvant tantôt hallucinantes tantôt géniales.

Quête: Chercheurs de sens

L'adolescent rougi, comme pris en faute.
- Heu, non... rien d'inhabituel. Je...je cherche quelqu'un, en fait. J'ai une amie qui devait me rejoindre sur la plage...
Sa gêne laissait songer que l'amie en question avait une place toute particulière dans sa vie. Ou peut-être trahissait-elle autre chose ?

Il sembla se ressaisir et se souvenir de la question du demi-elfe.
- Pour ce qui est des cachettes... Je n'ai pas vraiment d'idée. Je n'y ai pas réfléchi, d'ailleurs je ne savais pas si vous comptiez vous cacher ou aller les interroger. Mais sinon... Vous pourriez vous installer près des entrepôts, là-bas, mais vous risquez de ne pas voir et entendre grand-chose. Il y a aussi des barques renversées, là-bas, vous serez assez prêts pour entendre, mais ça risque d'être long de rester si longtemps immobile et silencieux. Je... Je ne sais pas trop en fait. La plupart d'entre eux arrivent par les bois, donc vous pouvez aussi tout simplement vous y cacher, et je vais vous décrire Carpe pour que vous le reconnaissiez s'il est là. Mais il y en a parfois un ou deux qui arrivent des entrepôts, aussi.

A nouveau, il se tourna vers la plage, scrutant l'horizon. Il laissa échapper un soupir de déception.
- Je reviendrai peut-être ici dans un moment, quand j'aurai montré à Eldrina qui est Renard... Enfin, sauf si elles ont besoin de moi là-bas...

Streen sourit à l’idée que le jeune Enzo puisse avoir une aventure aussi futile ou au contraire sérieuse soit elle. Mais ce n’était pas ce qui l’intéressait le plus. Il fut déçu par l’emplacement des cachettes décrites par Enzo. Il promit de revenir avant d’aller voir son « amie » probablement. Du moins, c’est ce que pensait Streen. Il continua de fixer la plage dans l’espoir de trouver une solution. Il dit alors :
-Ce groupe ne m’inspire pas confiance, je préfèrerais les espionner plutôt que les interroger. S’il s’agir vraiment de forbans, nous n’allons pas obtenir grand-chose d’eux surtout s’ils sont plusieurs et qu’ils se montrent menaçants.
Streen s’imagina un instant des pirates avec une jambe en bois et un perroquet sur l’épaule…un peu comme Sylveneige avec son harfang. Il se tapa la main contre son front. Qu’est ce qu’il comparait Sylveneige à une pirate et Lumi un perroquet ? ce dernier était bien trop gros d’ailleurs. N’empêche, entrevoir Sylveneige avec un œil borgne et une longue-vue crier à l’abordage, ce n’était plus tentant.
-Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous Sylveneige mais je ne suis pas trop pour les aborder dans les bois. On risque d’y croiser le loup.
Il souvint d’un jeu auquel des marins avaient joué alors qu’il était sur un bateau à Luménis. Le jeu se nommait « le loup de Tiercelieu ». C’était très simple, l suffisait de donner un rôle à tous les participants et le but de ceux qui jouaient les villageois était de démasquer le loup tandis que le loup devait tuer tous les villageois avant d’être démasqué. Et tout cela dans la bonne humeur et en argumentant pour se défendre de ne pas être le loup.
-Les entrepôts ? Ca ne me parait pas une bonne idée non plus. Surtout si on ne peut ni les voir ni les entendre. En plus il devrait faire sombre et si on se cogne contre un tonneau, on peut se faire très mal et avoir une entorse.
Il tenta de détendre l’atmosphère avec sa blague qui devait probablement tomber à plat.
-Oh et puis rester sous une barque renversée, on n’y songe pas. Il n’était pas sérieux hein ? Vous savez nager ? Cela serait dommage de couler à moins qu’on ne le fasse en douceur et qu’on se la coule douce.
Voyant que sa compagne ne répondait rien, il se retourna.
-Sylveneige ? Heu avez-vous une idée ? Vous me paraissez bien songeuse.

Evidemment, planquer avec un beau gars, c'était diablement tentant. Mais visiblement ses cachettes ne seraient pas du goût de Streen.

Mais boudiou, cette barque retournée, c'était absolument idéal ! le plus difficile, c'était de se glisser dessous sans se faire remarquer. Sinon, ce gros rocher pouvait faire l'affaire - à la condition expresse que personne n'ait l'idée d'en faire le tour...

Le bois était parfait, mais le souci était qu'on ne pouvait pas espionner le groupe, juste voir arriver les individus les uns après les autres.

La solution serait peut-être alors de s'infiltrer dans le groupe. Mais Sylveneige ne se sentait pas tenter cette aventure-là, sauf si Streen lui promettait de ne pas la lâcher une seconde.

Elle commença, avec son efficacité habituelle, à dévider le fil de ses pensées à Streen :

- Bon, alors nous avons une cachette géniale : sous une barque. Avantage : nous pouvons voir et entendre sans être vus ni entendus. Inconvénient : risque de crampes.

Ensuite, nous pouvons planquer derrière le rocher. Avantage : confort, nous pouvons nous asseoir, rester debout, étendre nos membres... Inconvénient : si l'un des zonards fait le tour du rocher, nous sommes cuits.

Le bois : là c'est mon élément. Nous serions parfaitement cachés, et de la manière la plus confortable qui soit. Avantage : c'est le mieux. Inconvénient : impossible d'entendre de là les conversations.

L'entrepôt : avantage, néant et inconvénients, tous.

Infiltrer le groupe : franchement Streen, uniquement si vous insistez. Et là, je ne vous lâche pas. Jamais. Nous sommes frère et soeur siamois. Ces types ne me disent rien qui vaille, si l'une de vos amies était si réticente à revenir sur la plage, d'avance j'ai peu... Je ne suis pas tranquille.

Quant à toi, Enzo, surtout sois prudent.

Sylveneige leva les yeux vers un Streen parfaitement attentif.

Quête: Chercheurs de sens

Pour être attentif, on ne pouvait l’être davantage. Il réfléchit aux opportunités si nombreuses et si exaltantes (heu bon d’accord exaltantes était un brin emphatique). Il dit à sa compagne avec un sourire :
-Mais oui, vous êtes géniale ; j’aurais du y penser. En nous glissant sous une barque retournée, nous pourrons écouter sans nous faire repérer. Bon après, rien ne nous garantit que nous ne croiserons pas un créature maligne dans l’eau. Ca me rappelle d’ailleurs les anguilles, vous savez, ces poissons qui possèdent une ventouse et qui grâce à celle-ci se fixe sur les peaux des personnes pour leur pomper du sang. Il y a aussi des piranhas, des poissons aux terribles dents aussi tranchantes que des couteaux. Et puis si on en attrape un, avec un peu d’habileté, on pourrait le faire coure et le manger pour ce soir.
Voyant l’expression inquiète de Sylveneige, il ajouta :
-Hé hé, je plaisantais hein…ca m’étonnerait que l’on rencontre ce genre de bêtes…enfin j’espère pas. Mais à part ca, ca serait une très bonne idée.
Il désigna le rocher.
-Nous pourrions nous cacher également derrière le rocher. On entendrait davantage mais ca pourrait être risqué. Cela dit, si on élabore une possible échappatoire, je suis partant.
Puis en envisageant les autres possibilités :
-Eldrina m’a semblé très réticente à rencontrer ce groupe. Il ne m’inspire pas confiance non plus. Si vous choisissez de les aborder, vous resterez à mes côtés.
Il conclut :
-Je vous propose de nous cacher sous une barque ou bien derrière le rocher en élaborant une échappatoire. Personnellement je préfèrerais le rocher mais j’accepte également la barque renversée. A vous de choisir.

Sylveneige eut un haut-le-corps. Décidément, ou Streen était complètement fou, ou il avait un humour assez particulier. Qu'elle n'était pas sûre d'apprécier pleinement.

Avant de s'énerver encore une fois, elle décida de se montrer pédagogue.

- Streen, mon cher, vous semblez ignorer plusieurs choses, qu'un aventurier bien né comme vous devrait savoir.

Tout d'abord : les anguilles ne sont pas des sangsues.
Ensuite : les piranhas ne rôdent pas sous nos latitudes.
Pour finir : les barques retournées sur le sable ne contiennent pas d'eau stagnante.

Mais j'en conclus que vous n'avez nulle envie de vous cacher sous une barque, aussi sèche et propre soit-elle.

Reste le rocher. Effectivement, il est bien ce rocher ! grand et large, il nous cachera sans problème. Comme échappatoire dans le cas où un petit malin contourne le rocher (pour y faire ses besoins ou toute autre chose inavouable), j'ai bien une idée. Mais elle risque de ne pas vous plaire.

Je reconnais que le rocher présente un avantage, c'est celui de nous permettre de quitter le lieu facilement. Il nous suffira de partir à l'opposé du groupe, avec la discrétion voulue, et nous pourrons rejoindre nos amis.

Elle regarda Streen droit dans les yeux.

- En tous cas, je suis heureuse que vous n'ayez pas choisi de les aborder. Merci, Streen.

Quête: chercheurs de sens

Enzo avait écouté d'un air distrait, son regard fixé sur la plage. Mais il avait tout de même compris l'essentiel puisqu'il leur fit remarquer :
- Si vous voulez vous cacher derrière le rocher, il va falloir attendre qu'ils soient tous là, sinon ils vous verront en arrivant... Mais vous pouvez toujours patienter tranquillement sur la plage, en grignotant quelque chose, comme le font beaucoup de jeunes gens de la ville. Ils vous prendront pour un jeune couple d'amoureux...
Il jeta un nouveau coup d'oeil sur la plage avant d'ajouter.
- je dois aller rejoindre Eldrina et Florin à la taverne... mais auparavant, est-ce... est-ce que je pourrais vous demander un service ? S'il vous plaît...
Son ton altéré indiquait que ce devait être un service extrêmement important à ses yeux.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La petite plage derrière le bosquet

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