Quête : Les caprices de Fortune - à Melandis : coeur de pierre

[Lothringen]

Mornagest, Sylas, Haldir et un mage manostien, en provenance de Cojum
Ce rp se passe pendant la guerre des Plaines Brûlantes


Heurs et malheurs de la téléportation... Durant ce bref mais très désagréable laps de temps où il se sut nulle part et partout, éparpillé bien malgré lui dans l'infini du cosmos en translation, Mornagest sentit qu'il ne s'en tirerait pas, cette fois-ci, avec la nausée légère des deux fois précédentes. Après avoir été ballotté dans le vide et péniblement réincarné, il était incapable de localiser le haut, le bas, la lumière, ses pieds. Son corps rejetait l'intervention magique, et la protestation prit bientôt la forme d'un violent arrachement à soi-même, d'une complète désorientation, et d'une vidange minutieuse quoique sonore de tout son organisme.
Quand il put enfin cesser de se recroqueviller sur ses propres intestins, il rouvrit les yeux, pour voir qu'il gisait sur le sol du tunnel, et que ses camarades étaient aussi mal en point que lui. Il leur fallut plusieurs minutes pour admettre à eux-mêmes qu'ils n'étaient pas plaqués au plafond, tant la désorientation était violente.

"Hem... fit enfin le mage, un filet de bile aux lèvres. Le corps humain tolère mal les téléportations trop fréquentes. Ce sera pire au retour..."

Mornagest leva finalement les yeux. Le mage les avait téléportés, comme convenu, dans un tunnel, derrière une grille aux piques dorées fermée par un cadenas. S'il y avait de la vie alentours, elle n'avait pas immédiatement réagi à leur bruyante intrusion.

[Mornagest]

L'estomac vidé pour commencer leurs pérégrinations dans les cryptes de Melandis, Mornagest reprenait petit à petit ses esprits et tentait de se repérer. Ses bras, ses jambes, son cou... tout y était ? Il n'avait pas perdu son équipement non plus, ni l'usage de ses sens. C'était moins grave que si c'était pire, somme toute... Il finit par distinguer la grille close, et des souvenirs épars lui revinrent en mémoire. La traque du conseiller traître, le culte à une divinité démoniaque... que trouveraient-ils, cette fois ? Peut-être la statue de la sœur de Dorson n'était plus qu'un tas de poussière depuis longtemps déjà.

Il eut enfin la présence d'esprit de dégainer son arme, histoire d'être vaguement prêt au combat si quelqu'un venait à les surprendre. Ses gestes étaient lents et mal assurés. Il ne fallait pas que cela perdurât trop longtemps, car ils pouvaient rencontrer bien des choses ici, vivantes comme mortes...

"Je pense que nous pouvons dire aux autres que tout se passe bien... hormis les traces de vomi", ajouta-t-il, mi-figue, mi-raisin.

[Lothringen]

Sylas hocha la tête, avant d'envoyer à Cojum le message suivant : "Vue dégagée. Accrochez vos tripes."

Pendant ce temps, Haldir et le mage regardaient autour d'eux tout en rassemblant péniblement leurs idées. Moins familiers des lieux que Mornagest, ils se sentaient extrêmement mal à l'aise ici, sentant que leur survie dépendait plus ou moins de leur compagnon mélandien et de sa connaissance de ce dédale. La présence du plafond au-dessus d'eux pesait inconsciemment sur les esprits.

"Où sommes-nous donc ? souffla Haldir, le regard tourné dans la mauvaise direction. Est-ce loin de la surface ? Il faut que nous gagnions les allées du cimetière, non ?"

[Mornagest]

Le guerrier préféra s'assurer que sa mémoire ne lui jouait pas des tours. Si c'était bien la grille d'accès vers l'extérieur qu'il voyait, ils n'étaient pas très loin...

"Nous sommes à quelques pieds sous la surface. Là-bas, c'est la grille qui mène au-dehors. Il y a quelques marches, et nous serons dans le cimetière, non loin de la cabane du fossoyeur. De là, il faudra chercher un mausolée... celui dans lequel Lothringen a autrefois combattu."

Il ne restait plus qu'à attendre les autres et les aider à retrouver leurs sens suite à la téléportation. Jusqu'ici, tout allait plutôt bien... si on considérait la gravité de la situation. Il songea à la précarité de leur survie, à ce à quoi tenait leur recherche de son amant : une statue figée quelque part dans ces cryptes, peut-être disparue ou peut-être impossible à dépétrifier... une nouvelle vague de tristesse l'envahit.

[Lothringen]

Les autres arrivèrent quelques instants plus tard : une violente décharge magique, puis leurs quatre corps se matérialisèrent à trois pas du sol, avant de s'écraser méchamment sur ce dernier, leur arrachant quelques cris dans la chute.

Détail désagréable : leur mage les avait envoyés de l'autre côté de la grille, c'est-à-dire beaucoup plus près de l'issue du tunnel.

[Mornagest]

Mieux valait éviter de se retrouver trop longtemps séparés, même par une simple grille. Grille dont ils ignoraient si elle était fermée de façon hermétique ou non... Mornagest s'avança avec précaution dans le tunnel. Pour autant qu'il pouvait s'en rappeler, il n'y avait pas de fosse ou de piège, mais n'importe qui aurait pu en ajouter depuis leur passage, de longs mois auparavant.

"Allons les aider à reprendre leurs esprits... il ne faut pas qu'ils se mettent à gémir et risquer de se faire entendre du dehors", conseilla le guerrier.

[Lothringen]

HRP : désolée du délai... vdm, POE, tout ça

En marchant sur le sol poussiéreux du tunnel, Mornagest ne remarqua pas de dispositif malveillant. Pourtant, la cachette de Dargor et de ses cultistes avait dû être découverte, depuis le temps, mais il fallait croire qu'on s'était contenté, du moins pour l'accès extérieur, de remettre un cadenas sur la grille. Peut-être en serait-il allé autrement s'il avait cherché à descendre dans les égouts...
Quand ils arrivèrent sur la grille, ils eurent une nouvelle occasion de regretter de ne plus avoir Brus avec eux : le cadenas était de bonne facture, et celui qui voudrait le faire sauter à coups d'épée pouvait aussi bien sonner du cor, pour le raffut qu'il ferait. Le mage grogna qu'il n'avait pas de sort de déblocage. Mornagest se rappela que sire Rowan en avait toujours un en mémoire, mais pour l'instant, sire Rowan était pour le moins indisponible, recroquevillé qu'il était sur le sol, à imiter la position du foetus asphyxié... Le premier choc passé, les quatre hommes commençaient à geindre.

[Mornagest]

Hrp : y a pas de souci je compatis

Ils n'avaient peut-être pas le loisir d'attendre trop longtemps, mais... rompre le cadenas en faisant un bruit à attirer l'attention des démons des Abysses n'était pas une bonne idée. De toute manière, ils devaient quand même attendre que le second groupe se remît de son long voyage instantané...

"Attendons de voir si sire Rowan a gardé un tel sort en mémoire. Il vaut mieux rester discrets tant que personne ne nous a repérés ; n'importe qui peut rôder dans le coin, surtout en ce moment... nous pourrions même rencontrer des espions manostiens sans même imaginer qu'ils sont de notre bord..." Les tirs croisés en temps de guerre était un gâchis d'un cynisme sans fond, mais cela arrivait malheureusement à chaque conflit.

[Lothringen]

Prudent, Mornagest avait préféré attendre et il s'avéra que cette décision était sans doute la plus sage ; bien que les gémissements de leurs quatre renforts résonnent fortement dans le tunnel, ils n'avaient apparemment pas été entendus au dehors et Mornagest et les autres purent assister, impuissants, au trop long retour au réel de leurs compagnons. Vomissures, crampes et tremblements - une bien triste image de ce qu'ils avaient eux-mêmes vécu quelques minutes plus tôt. Enfin il vint un moment ou les estomacs furent vides et les esprits plus clairs.

"C'est la téléportation... ce sera pire au retour", avertit le second mage à son tour.
Encore terrassé par le choc, Losha murmura : "Misère... La magie de nos alliés va nous tuer plus sûrement que le fer..."
"C'est tout de même commode de ne pas traverser le désert et la moitié du continent, non ?"

Sire Rowan s'était mis en position assise, et, se tenant la tête, regarda d'un air douloureux vers la grille.

"Hem... Vous attendez un déblocage ? Pas tout de suite, je dois encore ramasser ma cervelle. Vous reconnaissez l'endroit ?" s'enquit-il auprès de Mornagest. "Avez-vous un plan pour la suite ?"

Ici, ils se trouvaient plus que jamais dépendants du seul membre de leur groupe à connaître les lieux.

[Mornagest]

Le temps passa, et le guerrier ressentit malgré lui une pointe d'impatience, non sans se sentir quelque peu honteux de cela. N'avait-il pas, lui-même, ressenti de tels effets, quelques minutes plus tôt seulement ? Néanmoins, l'idée de pouvoir retrouver la trace de Lothringen le rendait nerveux... tout cela n'était basé que sur des souvenirs et des suppositions. Et s'ils se trompaient ? Et s'ils avaient raté un élément essentiel leur démontrant que Lothringen n'était pas du tout là où ils l'attendaient ?

"La cabane des fossoyeurs n'est pas très loin au-dehors. Ensuite, il faudra retrouver le fameux mausolée, qui se trouve à proximité. Si nous avons de la chance, nous le trouverons sans perdre de temps. Il vaut mieux éviter de trop traîner au vu et au su de tout le monde..."

D'autant que d'autres fossoyeurs occupaient peut-être la cabane, désormais. S'ils étaient de la même trempe que l'ancien titulaire du poste, ils auraient à se méfier grandement.

[Lothringen]

Sire Rowan se massa le crâne un bon moment, avant de se redresser pour lancer son sort de déblocage. Ce dernier fit effet sans mauvaise surprise supplémentaire. Le cadenas céda sans faire d'histoires, et les deux groupes purent se rejoindre, à leur grand soulagement.

"Je vais tenter une localisation d'objet : savoir où nous rendre nous éviterait d'avoir à arpenter le cimetière."

Le capitaine lança ce nouveau sortilège, mais fit grise mine devant son résultat.

"C'est un échec, je ne trouve rien. Cela peut vouloir dire que la statue n'est plus, ou qu'elle est hors de portée. Ou encore, que le fait de ne pas l'avoir vue m'en donne une image mentale trop floue..."
"Ou qu'elle n'a jamais existé", commenta encore Losha, qui se défiait toujours de Mornagest. Cela ressemblait de plus en plus à un piège, même si l'absence de mobile valable rendait cette hypothèse un peu absurde aux yeux de son supérieur.

Quoi qu'il en soit, ils allaient devoir faire sans, ce qui supposait de chercher dans tous les mausolées du cimetière. Et discrètement, s'il vous plait...

"Si vous êtes sûr de vous, allons-y."

Comme leurs pieds pataugeaient dans le vomi, l'injonction rencontra un écho des plus favorables.

[Mornagest]

Pas de localisation ? Mornagest ne goûtait pas beaucoup ce genre de mauvaises nouvelles... ils n'avaient plus qu'à espérer que leur quête n'était pas vaine et qu'ils n'y perdraient pas la vie, en sus...

"Il y a de nombreux monuments qui nous permettrons de nous dissimuler... mais il ne faut pas se leurrer, les risques sont grands d'être découverts. Plus tôt nous aurons retrouvé ce mausolée, mieux cela vaudra."

Il sortit et passa la tête par-delà le porche de l'accès aux cryptes. Il espérait bien ne pas déjà faire de mauvaise rencontre dès les premiers pas à l'air libre...

[Lothringen]

On était en milieu de matinée et le soleil implacable de Melandis demeurait légèrement voilé par une fine épaisseur de nuages d'altitude, mais malgré cela, Mornagest eut l'impression fort désagréable, après la fraîcheur du tunnel, de venir de s'introduire la tête dans un four de potier. Le climat plus tempéré des côtes manostiennes lui aurait presque fait oublier celui de son ancienne patrie... Une fois remis de cette première impression, il regarda attentivement autour de lui. Le cimetière semblait calme. Ce n'était pas l'heure où l'on venait volontiers honorer les morts, et ce n'était non plus l'heure de sortie favorite de ces derniers. Dans l'allée en face, il ne vit personne. Tombes et chapelles s'alignaient à gauche et à droite à des hauteurs variables - il se rappela que la cabane du fossoyeur se trouvait à peut-être cent pas sur sa gauche, mais elle n'était pas visible depuis son point d'observation.

[Mornagest]

Ses souvenirs restaient assez précis. Somme toute, la dernière fois qu'il avait arpenté ces allées en compagnie de son amant ne remontait qu'à quelques mois... le temps avait à peine pu accueillir tous les événements qui s'étaient déroulés depuis lors : son assassinat, le déclenchement de la guerre, sa remontée à la surface et son engagement à Manost. Et voilà qu'il revenait dans la cité qui avait tant voulu sa mort, tant morale que physique. Le destin était cruel, cela, il l'avait appris depuis très longtemps, mais aussi, il se complaisait dans l'humour cynique à répétition...

Il indiqua d'un geste l'emplacement de la cabane. À condition qu'elle existât toujours. Mais cela importait peu ; l'essentiel était de partir de là et de retrouver le mausolée.

"Allons-y prudemment", souffla-t-il. Il se rendit compte qu'il était mal à l'aise et que son cœur s'accélérait. Avait-il perdu l'habitude de l'angoisse de l'aventure ? Non... plutôt, la survie de Lothringen dépendait d'eux, et cela lui pesait. Énormément.

Ils se mirent en chemin, marchant sur les graviers en partie envahis de mauvaises herbes et recouverts de terre et d'autres substances parfois indéfinissables. Les occupants des lieux n'étaient probablement pas plus calmes qu'autrefois. Mornagest songea d'ailleurs que Walar ne devait pas être très loin, en toute logique. Que devenaient le vampire et ses machinations obscures ? Mieux valait l'ignorer et considérer qu'il ne le rencontrerait plus jamais. Non ?

[Lothringen]

Ils marchaient en file indienne, les mages en queue de peloton, et plus d'un serrait nerveusement la main sur son arme. Ils avaient beau faire tout ce qu'ils pouvaient pour ne pas faire crisser les graviers, allant jusqu'à mimer inconsciemment la démarche en pointe de pieds des voleurs, ils savaient qu'il serait assez vain de vouloir éviter le combat s'ils étaient repérés. Trente pas plus loin, la file s'arrêta silencieusement derrière Mornagest ; ce dernier venait d'apercevoir la cabane derrière un coin de bâtiment. Elle était toujours là où la plaçait son souvenir, un peu plus affaissée, un peu plus vermoulue, peut-être. Difficile de dire si elle avait un nouvel occupant. Sire Rowan, qui le talonnait, l'aperçut à son tour. Le manostien s'interrogeait sur la suite des événements.

"Nous pouvons aller là-bas, mais cette cabane a plus de chance d'être occupée que les tombes. Est-ce un point de repère pour vous ?" souffla-t-il.

[Mornagest]

L'endroit paraissait plus délabré qu'auparavant ; cela seyait bien aux lieux et à ses occupants peu ou prou dans le même état de décomposition, d'ailleurs.

"Nous pouvons rechercher le mausolée à partir d'ici. Inutile de trop s'approcher de la cabane, en effet. Mais à mon avis, ce que nous cherchons reste à portée de vue de là... J'espère qu'il n'y a pas quarante mausolées avec des pointes dorées autour de la grille d'entrée." Il ne s'essayait pas vraiment à l'humour, car il sentait bien que ses compagnons étaient bien trop tendus pour y goûter, mais le problème pouvait réellement se poser si... bref, la chance viendrait les aider, il fallait l'espérer.

De leur position, ils pouvaient au moins jeter un coup d'œil circulaire pour s'assurer qu'il n'y en avait pas à proximité.

[Lothringen]

Quarante mausolées, certes non. Mais il y avait bien une dizaine de bâtiments assez grands en surface pour abriter au moins une grande salle susceptible de servir de refuge à un groupe de drows en délicatesse avec la lumière du jour. Quatre d'entre eux étaient visibles depuis le point d'observation de Mornagest, ce qui les plaçait suffisamment proches du cabanon pour pouvoir être celui qu'il cherchait.

Le premier, au sud, assez éloigné, était de plan carré, et coiffé d'une structure en pierre pyramidale dallée de pierre verte. Il appartenait à une puissante famille mélandienne dont le guerrier avait dû connaître le nom même s'il lui échappait à présent. De lourdes portes de bronze celaient l'entrée. Il était visiblement bien entretenu, fréquemment visité aussi.

Le deuxième, au sud-est,, était tout proche, à vingt pas peut-être ; ovoïde, il était orné de colonnades à l'antique ; son dôme de bronze verdi accusait son âge. Deux statues émiettées en gardaient l'entrée : elles représentaient des pleureuses. Les portes semblaient branlantes. Il paraissait à l'abandon.

Le troisième était une tour à trois étages, d'architecture étrange dans le secteur à cause des très nombreuses statues humaines miniatures qui s'enroulaient en spirale jusqu'à son sommet. La pierre semblait calcaire, les statues s’effritaient, le sommet était constitué d'une pique dorée. Cette tour semblait avoir des salles circulaires à tous les étages, alors, peut-être était-ce là que Lothringen avait affronté les drows ? Encore qu'il lui aurait peut-être précisé cette particularité...

Le quatrième mausolée, au nord-ouest, était lui aussi d'aspect étrange. Il avait une forme ogivale, une coupole de nacre dont de nombreuses piques noirâtres ornaient le pourtour. Une gigantesque statue d'Orcus était visible à l'arrière, reconnaissable aux grandes ailes de chauve-souris et à la tête énorme de bélier sanguinaire. Il semblait très ancien.

Ce n'étaient pas les seuls mausolées, mais c'étaient les plus grands, ceux qui attiraient tout de suite l'oeil. Mieux valait sans doute commencer par là.

[Mornagest]

Quatre mausolées, en espérant que celui qu'ils cherchaient se trouvait bien dans le lot. La partie n'était pas gagnée, mais il fallait espérer que les lieux ne seraient pas trop grands et longs à visiter... ou qu'ils ne feraient pas de mauvaises rencontres.

Mornagest souffla : "Le mausolée bien entretenu me semble être la moins bonne option. Si les membres de la famille ont découvert une statue nouvellement érigée... ils ont dû la faire évacuer ou détruire. J'aurais tendance à essayer d'abord dans les mausolées abandonnés, car les mercenaires de Dorson ne se seraient pas risqués à s'exposer à des étrangers à leurs affaires."

Cela leur laissait tout de même trois choix. Pourquoi ne pas commencer par le plus proche, en forme d’œuf ? C'est ce qu'il suggéra à ses compagnons d'aventure. "Et nous n'approchons pas de la cabane, pour commencer..." ajouta-t-il.

La question qui pouvait également venir en tête était de savoir comment repérer la statue de la sœur de Dorson. Mornagest ignorait si les créatures pétrifiées conservait un aspect très réaliste, ou si leurs traits devenaient semblables à ceux d'une statue sculptée. Dans ce dernier cas, il leur faudrait passer du temps à examiner toutes les statues qu'ils seraient à même de trouver dans ces mausolées... une partie de plaisir, finalement.

[Lothringen]

Ils progressèrent sans bruit comme sans encombre jusqu'à ce premier mausolée, au demeurant tout proche. Vues de près, les pleureuses décrépites étaient franchement lugubres, surtout quand ils virent que c'étaient des corps de nouveaux-nés qu'elles tenaient dans leurs mains. Hommage à la mortalité infantile, ou rappel de rites sinistres pratiqués en ces lieux ? Haldir s'approcha de la porte et l'entrouvrit sans difficultés.

"L'endroit a déjà dû être profané un bon nombre de fois..." remarqua le guerrier. Ils passèrent à l'intérieur, les uns derrière les autres, prudemment. Un couloir ponctué d'autels votifs entourait une grande salle de même forme que le mausolée. Un tombeau de porphyre trônait en son centre. Eparpillés dans la salle, quelques squelettes trop grands pour être drows.

"Et manifestement, l'endroit sait se défendre contre les profanateurs", commenta sire Rowan. "Ne faites plus un pas."
"Il fait trop sombre pour voir jusqu'au fond de la salle, mais j'aperçois la forme de statues à intervalles réguliers sur le pourtour", intervint l'un des mages.
"Les plus proches représentent des guerriers en armes..."
"Je rappelle que nous cherchons une statue de prêtresse drow figée en pleine action. Elle doit en avoir l'allure, la stature, les traits."

[Mornagest]

Mmh... les os de profanateurs malchanceux ou trop sûrs d'eux jonchaient le sol. Sire Rowan avait raison, mieux valait se méfier. Sans parler de pièges, il pouvait y avoir des créatures hostiles dans les parages. Les statues elles-mêmes pouvaient tout aussi bien être des golems ou quelque autre créature artificielle capables de réagir à une intrusion. Néanmoins, il n'avait pas souvenir de cela dans les récits que Lothringen lui avait fait des lieux et de sa mésaventure. Mais sa mémoire étant ce qu'elle était, il préférait s'abstenir de s'y fier de trop près.

"Il faudrait approcher pour les distinguer davantage, mais il y a peut-être des chausse-trappes. Personne n'a une torche ?" Son équipement n'en comptait pas, et ils en auraient bien besoin pour poursuivre leurs investigations. "Je n'ai pas l'habitude des mécanismes contre les intrus... il va falloir tâter le sol avec un bâton, ou quelque chose du genre..." Cela, au moins, ils pouvaient le trouver au-dehors, quitte à découper une branche de buisson.

[Lothringen]

"Un bâton ? Euh, je peux vous prêter le mien..." concéda l'un des mages sans manifester un enthousiasme excessif. Losha lui confirma par ailleurs qu'il disposait d'une torche qu'il pouvait allumer, même s'il doutait qu'elle éclaire suffisamment loin pour leur éviter d'avoir à pénétrer plus avant à l'intérieur du sanctuaire. En revanche, les volontaires ne se bousculaient pas pour suivre le plan ébauché et s'y aventurer. Les squelettes devaient y être pour quelque chose...

HRP : Ahem... N'oublie pas que tu peux utiliser les compétences de tes compagnons. Je-dis-ça-je-dis-rien.

[Mornagest]

Lui-même n'était pas très enthousiaste à l'idée de risquer sa peau pour tenter de trouver une fosse à pointes ou un lanceur de dards empoisonnés. Mais, alors qu'il allait poser le bout du bâton un peu plus loin devant lui, il se rappela que la magie pourrait sans doute les aider... à condition que Sylas ou le magicien manostien disposassent de tels sortilèges, évidemment.

"Sylas, est-ce que vous avez la possibilité de déceler d'éventuels pièges à l'aide d'un sortilège ?" Mornagest se rappela qu'à Cojum, le prêtre avait attendu qu'on lui demandât directement la direction du temple de Tymora pour se décider à parler ; il avait peut-être pris l'habitude sous les ordres.

hrp : pas de ma faute s'ils sont timides

[Lothringen]

En regardant en direction du clerc, Mornagest remarqua que ce dernier, même directement interpellé, hésitait quelques instants avant de réagir, mal à son aise. Non seulement il devait manquer d'assurance, mais après avoir été plus ou moins l'otage de la Garde Blanche qui le soupçonnait d'être de mèche avec les ravisseurs, il se sentait comme un intrus dans ce groupe.

"Oui, bien sûr. Mais je ne pourrai le faire qu'une fois".
"Je doute que le sort soit gâché cette fois-ci", répliqua sire Rowan, qui dévisageait droit dans les orbites le squelette le plus proche. Ce dernier portait encore une trousse de serrurerie, des vêtements sombres en lambeaux, et une dague au fourreau - l'attirail usuel du cambrioleur averti.

Sylas s'exécuta en lançant son sort, puis émit un léger raclement de gorge.

"Effectivement... La salle est truffée de pièges. Ils forment un réseau en damier, une dalle sur deux, sauf autour du sarcophage où il y en a sur tout le pourtour et sur le couvercle. Je, hum.. Nous devrions peut-être y aller à deux ? Je sais repousser les mort-vivants, mais si l'une de ces statues décide de se battre en duel, je ne l'emporterai pas..."

[Mornagest]

Mornagest soupira doucement. Des pièges, évidemment. Le sarcophage ne les intéressait pas, à moins qu'un abruti eût décidé d'y dissimuler une statue factice pour tromper les gens qui viendraient peut-être un jour la faire revenir à la vie. En revanche...

"Je vous accompagne. Mais j'aimerais savoir si on peut voir autre chose... nous ne sommes pas là pour explorer les sarcophages..." Il se sentait responsable de tout cela, même si c'était évidemment faux, et il ne voulait pas passer pour un lâche ou un profiteur en laissant un autre aller prendre les risques à sa place.

[Lothringen]

En guise de réponse, Losha lui mit rapidement sa torche allumée entre les mains. La seule façon de savoir était d'aller voir par soi-même, la pièce étant de bonnes dimensions.

Ils y allèrent donc à deux, pendant que le reste du groupe restait derrière, les uns surveillant l'entrée, les autres mémorisant leur trajet et prêts à réagir en cas de catastrophe. Mornagest mit ses pas dans ceux du prêtre, avec toutes les précautions que la vue des squelettes pouvait lui inspirer. Ils progressèrent ainsi, fort peu rassurés, jusqu'au milieu de la pièce, dépassèrent le sarcophage sans y toucher et s'arrêtèrent quand Sylas signala qu'il apercevait le mur d'en face dans les reflets de la torche. Ils regardèrent autour d'eux. Pas de statue hormis celles qu'ils voyaient régulièrement disposées sur le pourtour. Aucune n'avait l'air plus petite, ni féminine, ni hors de son axe. Aucune trace d'un combat - seulement un ou deux squelettes qui s'étaient crus malins de contourner le sarcophage par l'arrière de la salle. A vue de nez, il n'y avait pas non plus de prolongement à ce mausolée, et l'espace disponible se limitait à cette salle.

[Mornagest]

Il suait à grosses gouttes. La tension et le danger proche l'avait envahi depuis belle lurette, et cela se ressentait maintenant. D'autant qu'il tremblait légèrement en tenant sa torche bien haut pour tenter de percer les ténèbres. Mais malgré un examen minutieux de l'ensemble de la salle, ni Sylas ni Mornagest ne vit de statue correspondant à celle d'une elfe magicienne. D'un autre côté, ce n'était que le premier mausolée qu'ils "visitaient"...

"J'ai l'impression que ce n'est pas ici... ou que la statue ne s'y trouve pas, à tout le moins. Rebroussons chemin, ces pièges me hérissent le poil."

Il s'arrangea pour laisser à nouveau le prêtre passer en tête pour retourner vers l'entrée du mausolée. Le moindre faux pas pouvait les anéantir, et il ne voulait pas miser leur survie sur sa capacité à se remémorer où les pièges se situaient au sol.

[Lothringen]

Sylas avait les yeux rivés sur ses pieds et Mornagest sur les semelles du prêtre, ce qui rendit le trajet fort long et lui permit de découvrir que le tymoran portait des bottines de cuir épais et luisant qui avaient dû mener déjà deux ou trois campagnes, et où s'accrochaient encore quelques mottes de boue séchées amassées dans le pré près duquel il avait passé une nuit entière à se casser la voix. Légères et sûres, elles ne faisaient presque aucun bruit en se posant sur le marbre froid... Le hasard ou les dés furent cléments pour cette fois, et ils purent rebrousser chemin sans accident, sinon sans sueurs froides. Une charge de damné leur tomba des épaules quand ils atteignirent leur point de départ, à l'orée de la salle. Les manostiens les accueillirent avec un demi-sourire froid : ils ne purent s'empêcher de se demander à quel point on les aurait regrettés, en cas de mort subite...

"Pour la suite, nous avons le choix entre la tour blanche décorée de statues en spirale et le mausolée à l'Orcus. Hadlis, la voie est-elle dégagée ?"
"Personne dans l'allée, mais je vois des gens déambuler plus loin, il va falloir faire attention."

[Mornagest]

Orcus ne lui disait rien qui valait, mais c'était peut-être là que se trouvait la statue de la sœur de Dorson. De toute manière, la loi de la vexation universelle imposait qu'ils trouveraient ladite statue au dernier endroit où ils chercheraient. Non ?

"Essayons le mausolée avec les statues en spirale..." fit Mornagest, un brin désabusé. Tant de frayeur pour rien, c'était un peu décourageant, mais il serait temps de se plaindre réellement s'ils ne trouvaient... rien.

"Avec un peu de chance, ces gens sont des visiteurs. À cette heure, ce ne sont pas des chasseurs de morts-vivants, ni des adeptes de cultes d'outretombe. Normalement, en tout cas."

Il invita du geste ses compagnons à se mettre en route vers ledit mausolée, qui ne se trouvait guère loin. En revanche, la question risquait à nouveau de se poser quant aux pièges qu'ils pourraient trouver là-bas. Ou ne découvrir que lorsqu'il serait trop tard... fallait-il envisager de laisser Sylas se reposer et prier sa déesse de lui accorder ses pouvoirs ?

[Lothringen]

Ils se remirent prudemment en route, non sans surveiller les allées et venues dans les voies parallèles. Un cortège funéraire assez nourri, au nord, prenait heureusement une direction qui l'éloignait d'eux, mais un homme âgé les retarda grandement. Il fallut attendre dix bonnes minutes, cachés derrière une chapelle noirâtre, que l'individu ait fini sa complainte marmonnée à une pierre tombale toute neuve. Au terme de celle-ci, il reprit lentement le chemin de la sortie, ayant laissé sur la tombe un objet qu'Haldir ne put s'empêcher de lorgner avec curiosité quand ils passèrent devant.

"Non mais sans blague ! c'est un panier de linge sale !"
"Un veuf éploré, sans doute" commenta Losha en se retenant de rire.

Ils parvinrent assez rapidement à la tour blanche et entrèrent au rez-de-chaussée sans se poser trop de questions, désireux de ne plus être visibles de l'extérieur. Les portes étaient simplement poussées et la salle, à moitié couverte de feuilles mortes, entièrement vide. Ils se sentaient un peu à l'étroit à eux huit dans cette salle circulaire exiguë. Un peu de jour filtrait d'une meurtrière.

"Ce n'est pas l'endroit que j'aurais choisi pour un combat", remarqua l'un des mages. "On se marche dessus entre alliés... enfin, examinons quand même les étages. De l'extérieur, j'en ai compté trois."
"Je ne remarque aucun piège, ce qui ne veut rien dire", ajouta son collègue. "En revanche je peux invoquer une petite créature animale qui se chargera de les déclencher pour nous..."

[Mornagest]

Effectivement, le côté exigu de ce mausolée ne laissait pas présager que Lothringen eût affronté les drows ici, en compagnie de Seina. Combien étaient-ils, en tout ? Six ou sept belligérants, soit à peine moins qu'eux, maintenant. Hum... encore un mauvais choix. Tymora devait s'être endormie depuis longtemps.

Mornagest n'était pas très à l'aise avec l'idée d'envoyer une malheureuse créature se faire écrabouiller par d'ignobles pièges disposés dans le mausolée, mais il devait bien admettre qu'il préférait que ce fût elle plutôt que lui... Il ne protesta donc que mollement lorsque le mage évoqua son idée. De toute manière, ils n'avaient pas d'autre choix s'ils voulaient explorer ce mausolée aujourd'hui. D'autant qu'ils devaient faire vite pour éviter de se faire repérer : ils avaient déjà eu suffisamment de chance comme ça. Là, Tymora montrait qu'elle ne dormait peut-être que d'un œil... ou qu'elle avait de l'humour assez caustique.