La Couronne de Cuivre

Description à venir.

Dotha se trouvait comme hypnotisée et tentait maladroitement de regarder avec frénésie partout à la fois comme si ce décor pour le moins déstabilisant risquait de s’envoler comme un mirage. Elle ne s’était certainement pas attendue à cela : la cité était bien plus vaste qu’elle ne l’aurait cru. Et bien plus mystique et féérique à sa façon. Sa formation la poussait à chercher à comprendre les runes qui parsemaient le sommet de la tour mais sa curiosité naturelle avait pris le dessus devant le spectacle que représentait le reste de la cité.

Pour toutes ces raisons, elle mit un instant à comprendre que Théâya venait de lui parler et qu’elle se devait de répondre :

- Oh oui. C’est vraiment très courtois de votre part de m’accorder votre hospitalité.

« Allez, venez. La ville ne va pas s’envoler. Vous aurez tout le temps de la visiter. »

Téâya mena son invitée jusqu’à une porte, déjà ouverte, qui conduisait à un escalier en colimaçon. L’intérieur de la tour était abondamment éclairé et toutes ces lumières étaient d’origine magique. Des flammes éternelles pour la plupart, mais chaque luminaire était d’une couleur différente, conférant à la bâtisse un côté féérique.

« Les étages supérieurs sont réservés à moi-même et à mes fils. N’y mettez pas les pieds sans y avoir été autorisé. »

La maîtresse des illusions était peut-être hospitalière, mais ferme sur les règles. Les appartements privés, c’était privé. Elle descendit de plusieurs étages avant de s’arrêter à une porte encadrée de deux flambeaux opalescents.

« Voici la bibliothèque. Vous pouvez vous y rendre à votre guise. Ne soyez pas surprise d’y trouver des inconnus. À ce même étage se trouve des salles d’études. J’enseigne mon art à plusieurs élèves. Ceux-ci ont déjà acquis un certain niveau. Je ne m’occupe pas des bases. Ornegemme dispose d’une école de magie plus adaptée pour cela. »

Elle continua de descendre et s’arrêta devant une porte encadrée de flambeaux vert émeraude. Celle-ci était ouverte. Un gnome venait d’en sortir. Il semblait assez jeune et portait une robe de mage grise. Il s’inclina à la vue de la Grande Mystificatrice.

« Voici justement un de mes élèves, Gildim. Gildim, voici Dotha. Elle va demeurer avec nous un moment. Il me semble qu’il reste encore une chambre libre.
- Deux, Grande Mystificatrice, il en reste deux.
- Parfait. Tu vas guider Dotha à l’une d’elle et l’aider à s’installer.
- Très bien.
- Je vous laisse, Dotha. J’ai des choses à régler, avec Alchem notamment. Ho, heu, n’essayez pas de l’aborder. Il vous trouvera quand il sera de meilleur humeur. Ça va aller ? »

Gildim mena Dotha à travers un étage, le lieu de vie commune. Cuisine, salle à manger, salle d’eau et bien sûr, chambres. À la dimension des pièces, et à leur fréquentation, on pouvait deviner que le cercle des personnes fréquentant la tour était tout de même restreint. Les élèves de la maîtresse des illusions devaient également, pour la plupart, avoir leur propre maison et ne se rendre à la tour que pour les cours. L’endroit était cependant confortable. L’adepte de Mystra n’allait pas se sentir mal ici.

L’apprenti magicien s’immobilisa dans le corridor des chambres.
« Heu, voilà, on y est. Les deux du fonds sont inoccupées. »
Il n’y avait que quatre portes, deux de chaque côté. Le svirfnebelin ouvrit la dernière de gauche. La pièce, petite, était coquette. Un lit, un buffet, un coffre vide, une table, une chaise, une flamme éternelle juchée sur un bougeoir d’argent. Il faisait frais.
« Je vais aller demander à Badavic de vous fournir des draps. Heu, le repas est pas encore pour tout de suite. Mais il reste peut-être quelque chose en cuisine. Sinon la salle d’eau est libre... »
L’apprenti se tordait les doigts, visiblement nerveux. Cela n’empéchait pas ses yeux noris de briller de curiosité.

D'une part, Dotha s'étant lavé le matin même et n'ayant pas souffert du voyage, le passage à la salle d'eau ne semblait pas s'imposer dans l'immédiat. D'autre part, elle préférait amplement prendre ses repas avec les autres occupants de la tour ne serait-ce que par politesse si ce n'est pour faire leur connaissance. Elle remercia donc l'apprenti et lui adressa un sourire avant de demander :

- J'imagine que je serai prévenue de l'heure du repas si je me rends à la bibliothèque ? Je crains de ne pas pouvoir museler ma curiosité à ce sujet bien longtemps !

« Badavic appelle, n’ayez crainte. Vous ne serez pas la première qu’il devra sortir des livres », assura Gildim.

Il fit mine de se retirer, mais hésita. Une question sembla lui brûler les lèvres, seulement il n’osa la poser et fit finalement volte-face. L’instant d’après, il avait déserté le corridor. Dotha perçut deux voix dans une pièce, au même étage. Depuis qu’elle était là, les gnomes s’étaient mis à parler plus bas, soit par méfiance, soit par timidité. Le calme de la tour n’en était que plus saisissant. Un calme relatif toutefois car il y avait pas mal de mouvement du côté de l’escalier. Des gens montaient, d’autres descendaient. Assez rapidement, quelqu’un vint à la chambre de l’étrangère, probablement le dénommé Badavic. C’était en tout cas un vieux svirfnebelin portant des draps. On pouvait deviner son grand âge à ses rides innombrables. Il salua mais ne sembla pas disposé à vouloir discuter plus que cela. Il se mit à préparer le lit sans mot dire.

Le repas s’acheva sans qu’un seul mot ne fut prononcé. Seuls des regards avaient été échangés. Des regards curieux. Des regards anxieux. Dotha n’allait sans doute pas garder un très bon souvenir de ce moment, d’autant plus que le repas, sans être mauvais, n’avait rien de fameux. La cuisine des svirfnebelins n’étaient pas la plus raffinée de Toril, c’était peu de le dire. L’étrangère venait de quitter la salle à manger lorsqu’elle fut abordée par un gnome ressemblant fort à Alchem. Il était cependant un peu plus petit et ne portait pas le grand manteau gris des patrouilleurs. Sa tunique et ses chausses, élégantes, arboraient de discrètes couleurs. La boucle de sa ceinture attirait le regard car elle était ouvragée et sertie d’une petite gemme.
« Salutation. »
Il tendit la main, plutôt cordialement.
« Je suis Bravel. Le frère d’Alchem. Je voulais vous souhaiter la bienvenue à Ornegemme. »

Après le moment très déstabilisant du repas, l'accueil du frère d'Alchem paraissait lumineux et fit chaud au cœur à Dotha. La gnome lui adressa un sourire timide et tendit une main avant de se demander si le geste était déplacé ou non :

- Enchantée, Bravel ! Je pense qu'il est inutile de me présenter...

Les mains se serrèrent. Comme celle d’Alchem, comme celle des svirfnebelins en général, la main de Bravel était rugueuse. Mais elle était aussi ferme et franche.
« C’est inutile, en effet. J’ai terminé mon travail. Peut-être que je pourrais... Hum... vous servir de guide, si vous n’avez rien de prévu pour l’immédiat. Je sais que ma mère pourrait parler arcanes avec vous, mais comme Alchem, la situation nécessitent leurs attentions. »

La gnome était ravie de cette invitation et le fit savoir d'un ton toutefois pondéré :

- Je ne voudrais surtout pas déranger Dame votre mère surtout pendant cette période des plus critiques... Mais même sans cela, votre proposition serait très généreuse et c'est avec plaisir que je l'accepte !

Si elle avait été seule, elle serait probablement retournée dans la bibliothèque aussi était-ce là une occasion parfaite de sortir un peu de sa zone de confort et surtout d'en apprendre beaucoup sur les svirfneblins en général et la maison des Murmure en particulier.

Bravel invita Dotha à le suivre. Il semblait plutôt sociable, sans doute un peu plus qu’Alchem et énormément plus que le commun des svirfnebelins. L’invitée franchit bientôt les portes de la tour de lumière et put admirer cette dernière. La demeure de la Grande Mystificatrice se dressait au milieu de l’immense caverne. Plus large à sa base qu’à son sommet, elle était haute d’environs quinze mètres, une taille vertigineuse pour des gnomes. Sa lueur provenait de lichens phosphorescents bleus ou verts pâles. Elle était donc loin d’éblouir. Sa lumière colorée était subtile, féérique, tout comme ses sculptures ésotériques. L’endroît qu’elle éclérait était une falaise. La tour était bâtit au bord. La rivière souterraine était en contrebas, invisible dans les ténèbres. Dotha se rendit compte que les lumières de la cité était très loin de suffire pour tout éclairer. Or il y avait ici des trous, des gouffres, de quoi susciter la crainte.
« Vous voulez voir quelque chose en particulier ? Nous avons des temples et une école de magie. Nous avons aussi un marcher qui n’est jamais vraiment fermé. Je tiens une boutique vers celui-ci. »

Tout ce qu’avait proposé le svirfneblin intéressait Dotha car elle apprendrait énormément de choses qu’elle se mêle à la population, qu’elle visite la ville ou qu’elle se plonge dans l’école de magie. Mais il fallait bien commencer quelque part et c’est vers cette dernière que son cœur pencha : elle avait grandement envie de voir comment on enseignait la magie aux svirfneblins et s’ils étaient nombreux à se tourner vers la pratique des arcanes.

- Si vous pouvez m’obtenir d’entrer à l’école sans que cela pose de problème, j’irais volontiers y faire un tour !

Serait-ce mal venu alors qu’elle logeait dans la tour de la plus grande praticienne de son peuple ?

***

De son côté, Alchem avait pu recevoir les premiers rapports de patrouille ayant signalé l’alerte. Une veille auparavant, un groupe d’une dizaine de drows avait été aperçu près d’un pont de la zone considérée par les svirfneblin comme étant le territoire d’Ornegemme. La patrouille svirfnebline qui avait rapporté cette rencontre avait été prise dans une embuscade et perdu deux de ses membres avant de pouvoir fuir le danger. Immédiatement, le nouveau chef des patrouilleurs avait mis les gnomes en alerte.

Mais ce n’est que trois jours plus tard qu’un groupe drow avait à nouveau été aperçu à fureter du côté de la ceinture défensive d’Ornegemme. Cette fois, le groupe avait pu être éliminé et on avait découvert un étrange dispositif magique en leur possession. Un dispositif émettant un signal magique pour l’heure à l’étude à l’école de magie.

Enfin, sans qu'aucune présence drow n'y soit confirmée, l’avant-poste de Belroc avait signalé deux disparitions de patrouilles lors de la veille passée. Peut-être cela n’avait-il rien à voir mais peu de svirfneblins croyaient à une coïncidence en la matière.

Bravel assura qu’il n’y aurait aucun problème et il se mit donc en route vers l’école de magie. Dotha dut à plusieurs reprises tenir la main du frère d’Alchem pour franchir des endroits plonger dans le noir. Elle eut tout le loisir de prendre conscience à quel point il valait mieux éviter de tomber dans les gouffres de la cité. Le vide, la pierre, le vent froid... non, vraiment, les profondeurs demeuraient inquiétantes même au cœur d’Ornegemme pour qui n’y était pas habitué.

L’école de magie, à l’instar de la tour de la Grande Mystificatrice, était creusée dans une imposante concrétion. On laissa entrer l’étrangère, mais celle-ci put deviner qu’il en aurait été autrement si elle n’avait pas été accompagnée par un des fils Murmure. L’école était austère, bien moins éclairée que chez Téâya, mais il y régnait une activité certaine. Bien sûr, les effectifs de l’établissement étaient loin de pouvoir concurrencer ceux de l’université de la magie à Lumenis, cependant, compte tenu de la petite population de la ville, il était clair que la magie n’était ici pas négligée. La prêtresse entrevit des élèves très jeunes et des professeurs très sévères. Discipline et exigence étaient les maîtres mots de cet endroit. On se serait presque cru dans une académie militaire. Plus on montait dans les étages, plus on trouvait des classes avancées. Bravel expliqua, à voix basse pour respecter le calme dans les couloirs :
« Je ne vais malheureusement pas pouvoir vous offrir en cet endroit beaucoup d’informations. Je n’ai jamais touché à la magie. Et depuis que les Drow ont été vus, les sections supérieurs ont redoublés d’activité. Je ne pense pas qu’il soit judicieux d’aller les voir.
- Non, en effet », confirma une voix féminine dans le dos des visiteurs.

Bravel se retourna, Dotha aussi. Dans le couloir se tenait une svirfnebeline en manteau gris. Ses cheveux noirs étaient coiffés en une tresse unique. Dans son dos était suspendue une arbalète. Elle semblait appartenir aux patrouilleurs mais difficile à dire. Les tenues se ressemblaient tant.

« Hum, Dotha, je vous présente Deskata, fit Bravel. C’est une patrouilleuse haut placée. Elle doit être directement sous les ordres d’Alchem, enfin je crois. »

***

Alchem trouva les nouvelles forcément préoccupantes. Plus que tout, le dispositif magique l’inquiétait. Il n’avait cependant pas de décision particulière à prendre. La ville était déjà en état d’alerte. Les patrouilles avaient été renforcées et multipliées. Ornegemme voulait tout voir sur son territoire. Voir, c’était savoir. Savoir, c’était prévoir. Téâya allait pouvoir commencer à entreprendre ses propres recherches par des moyens magiques. Les grands prêtres étaient à l’écoute des dieux, guettant les mises en garde. Les rapports lu, Alchem dût prendre du repos. Il devait se rétablir.

Dotha regarda la nouvelle venue avec... un zeste de jalousie ? Pour autant elle salua l'éclaireuse et tendit une main en guise de salut. Sa présence l'inquiétait un peu : soit on la surveillait - ce qui ne serait guère étonnant - soit les éclaireurs avaient réuni des informations et on venait l'en informer...

***

Le successeur d'Alchem n'avait fait aucune difficulté pour lui rendre son poste et se placer sous ses ordres. Avant son arrivée, il avait ordonné de lancer plusieurs patrouilles d'éclaireurs dans les environs de Belroc pour se lancer à la recherche des disparus et tenter d'apprendre ce qui leur était arrivé.

Deskata serra la main de Dotha mais ne la lâcha pas tout de suite. Elle prit le temps d’examiner la prêtresse avec une expression indéfinissable dans le regard.
« Alors c’est vous, la nouvelle étrangère. Et pas n’importe laquelle des étrangère. Non, l’amante d’Alchem à ce qui paraît. »
Elle eut l’esquisse d’un sourire narquois puis lâcha enfin la main de Dotha.
« Je me demande ce que vous avez de... si particulier pour espérer intéresser quelqu’un comme le dernier des Murmure. M’enfin. Si vous êtes là, c’est que vous devez valoir quelque chose. De mon vivant, je n’ai vu que trois étrangers pénétrer notre cité. Quatre maintenant. »
Elle se tourna vers Bravel.
« Je suis sous-chef des patrouilleurs depuis presque quinze ans. Il serait quand même temps que quelqu’un s’en rende compte. Normalement, après le départ d’Alchem, c’est moi qui aurait dû prendre le commandement. Seulement voilà, il me manque quelque chose entre les jambes pour pouvoir accéder à ce poste. »
Bravel, mal à l’aise, se contenta d’hocher la tête.

Si Dotha n'avait pas bronché sous l'examen prolongé du regard sombre de la svirfnebline, la mention des rumeurs la concernant la fit très nettement changer de couleur et son regard se fit bien plus acéré. Elle se fit la réflexion qu'il n'y avait pas qu'entre les jambes qui manquait quelque-chose à cette Deskata : le poste d'Alchem était également politique et elle manquait du plus grand sens commun en la matière !

- Je me doute que les patrouilleurs doivent garder l'oreille alerte mais il me semblait qu'ils savaient distinguer la réalité des simples rumeurs... Et c'est sur l'invitation de Dame Théäya que je suis présente. Alchem était contre, sachez-le !

Deskata, loin de se froisser, parût apprécier la réponse de Dotha.
« Tiens tiens, il y a du caractère sous ce joli minois. Tant mieux parce qu’il va vous en falloir par ici. Enfin bref. Les étages supérieurs de l’école vous sont interdit. Et pas qu’à vous d’ailleurs. Ordre a été donnée de finaliser au plus vite la formation des mages en dernière année pour qu’ils puissent intégrer les rangs de la garde et des patrouilleurs. Ils sont surmenés, rien ne doit interférer. Vous comptez rester ici combien de temps ? Et qu’est-ce que vous comptez faire, exactement ? »

Dotha savait qu’elle avait une décision importante à prendre : soit elle persistait dans son attitude revêche pour se donner une image forte et indépendante. Elle pourrait par exemple répondre que cette affaire ne concernait pas les patrouilleurs. Soit, et c’est la solution qu’elle choisit quasiment spontanément, elle jouait la carte de la conciliation sans pour autant s’écraser devant la svirfnebline :

- Vous auriez fini par le savoir mais je vous sais très occupée alors autant ne pas vous faire perdre votre temps. Je ne faisais qu’un tour à l’école de magie sur l’invitation de Bravel. Quant à ma présence à Ornegemme, je suis là pour étudier les mystères et apprendre la façon dont vous les employez. Dans la limite des secrets qui n’impliquent pas votre sécurité bien entendu et de ce que voudra bien me montrer la Grande Mystificatrice. Quant au temps que cela prendra, je suis incapable de vous répondre pour l’heure : cela ne dépend pas uniquement de moi.

« Vous avez assurément choisi le pire moment pour faire ce genre d’études. Si la guerre éclate, non seulement personne n’aura le temps de montrer quoi que ce soit à une étrangère, mais en plus, la dite étrangère devra se rendre utile sans quoi elle sera perçu comme un poids ou pire, comme une menace. Alors, Miss Dotha, un petit conseil. Soit vous faites vos recherches en quatrième vitesse et vous vous tirez pendant que vous le pouvez encore. Soit vous commencez dès à présent à montrer que vous êtes prête à mettre la main à la pâte quand les Drow viendront pour de bon. »
Deskata était d’une amabilité plus que relative, mais elle semblait dire la vérité. Peut-être même venait-elle de dire à haute voix les silencieuses raisons qui avaient rendu Alchem furieux.

L’avantage pour Dotha avec les svirfneblins était qu’elle ne se sentait pas dominée physiquement et n’avait pas besoin de lever les yeux pour les regarder en face. Et elle ne s’en priva pas au moment de répondre d’un ton tout aussi sec :

- Mes recherches ne cesseront que lorsque je n’aurai plus rien à apprendre ici ou que ma déesse m’appellera ailleurs mais je suis parfaitement capable de les mettre en suspens le temps qu’il faudra. Et je ne doute pas que vous n’aurez rien contre un prêtre de plus si les combats doivent arriver. Je mettrai alors, au service d’Ornegemme, le savoir et les compétences que j’ai accumulés lors de mes années de pratique : Mystra nous enseigne que le partage va dans les deux sens, voyez-vous ?

D’autant plus que si une guerre venait à se déclencher, ce qu’elle ne souhaitait pas, elle en apprendrait bien plus en quelques semaines qu’elle pourrait le faire en bien des années.

Un sourire narquois flotta sur les lèvres de Deskata.

« Vous n’avez pas très bien compris mes propos, Miss Dotha. Je vais donc tâcher d’être plus clair. Si la guerre est déclarée, et ce pourrait être d’ici les prochaines heures, tous les étrangers seront écartés. On va vous virer, ou vous boucler quelque part, pigé ? Parce que les étrangers, peut importe leur profession, ne sont pas de confiance. Alors si j’étais vous, je quitterai sur le champ cette école de magie et je me précipiterai dans un des temples de la ville afin de vous présenter à un grand prêtre et de vous en faire un ami. Les amis peuvent aider lors d’une guerre. Les amis, on peut même leur montrer certains de nos secrets. Sur ce, amusez-vous bien. »

Elle salua Bravel et partit vers les étages supérieurs.

« Je suis désolé, dit le frère d’Alchem, embarrassé. Deskata est toujours très agressive. Mais elle n’est pas méchante. En fait, à sa façon, elle est plus ouverte que beaucoup de gens ici. Pour preuve, elle vous a parlé. »